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Full text of "Archives du Mus©um d'histoire naturelle de Lyon"

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HARVARD     UNIVERSITY. 


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MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY. 


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DU 


MUSEUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 


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DU 


MUSÉUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 

DE    LYON 


TOME     HUITIEME 


ARCHIVES 


DU 


MUSEUM  D'HISTOIRE  NATURELLE 


DE  LYON 


TOME    HUITIÈME 


^  LYON 

HENRI    GEORG,    ÉDITEUR 

LIBRAIRE   DE   LA    FACULTÉ   DE   MEDECINE   ET   DE    LA    FACULTÉ    DE    DROIT 

36-38,     PASSAGE     DE    l' U  ÔT  EL- DI  EtI .     36-38 

MAISONS     A     OENEVE     ET     A     BALE 
1  U  0  3 


A  LA  MÉMOIRE 

DU 

D"  Gilbert  TIRANT 

RÉSIDENT    DE    FRANCE     EN    INDO-CHINE    DE    1879    A    1899 


TABLE  DES  MATIÈRES 


DU    HUITIEME   VOLUME 


MÉMOIRE  n"  I.  —  Recherches  anatomiques  sur  les  Camp/?rfés(A.natomie  du  Chameau  à  deux  bosses  ; 
Différences  entre  les  deux  espèces  de  Chameaux;  différences  entre  les  Chameaux  et  les  Lamas) 
par  M.  le  Professseur  Lesbre 1  à   196 

MÉMOIRE  n"  II.    --    La    Faune   momifiée  de  l'Ancienne  Egypte,     par  le    D'"    Lortet  et    M.    G. 

Gaillard là  VIII  et  1   à  206 


KE(:iïERClIi:S    Ai\ ATOMIQUES 


SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


M.  F.-X.   LESBRE 

Prol'esseui    d'Aiiatomie  a  l'Ecole  vétérinaire  de  Lvoii. 


lUL 


2     1W3 


UECllLKCHES  AA ATOMIOU ES 

SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

ANATOMIE  DU  CHAMEAU  A  DEUX   BOSSES 

DIFFÉRENCES    ENTRE    LES    DEUX    ESPÈCES    DE    CHAMEAUX 

DIFFÉRENCES  ENTRE  LES  CHAMEAUX  ET  LES  LAMAS 


Quand  on  se  livre  à  des  études  d'anatoraie  comparée,  on  est  frappé  de  la  pénurie  de 
documents  sur  un  grand  nombre  d'espèces,  même  parmi  les  mammifères. Les  auteurs  se  bornent 
souvent  à  une  description  plus  ou  moins  détaillée  du  squelette  et  des  viscères,  et  passent 
sous  silence  les  muscles, les  vaisseaux, les  nerfs, etc.,  comme  s'ils  n'avaient  d'autre  but  que  de 
faire  connaître  les  grands  traits  de  structure  qui  caractérisent  tel  ou  tel  groupe  taxonomique. 
Rares  sont  les  mammifères  qui  ont  été  l'olijet  d'une  monographie  anatomique  complète. 

Assurément,  les  ditterences  sont  souvent  légères,  difficiles  à  constater,  entre  animaux 
voisins;  mais  ce  n'est  pas  une  raison  d"en  négliger  l'étude.  Les  espèces  les  plus  affines 
se  distinguent  toujours  par  quelques  particularités  anatomiques  ;  témoin  :  le  cheval  et 
l'àne,  le  mouton  et  la  chèvre,  le  lapin  et  le  lièvre.  Ces  particularités,  en  s'accentuant  d'une 
espèce  à  l'autre,  conduisent  insensiblement  aux  plus  grandes  différences,  et  on  ne  comprend 
bien  celles-ci  que  par  celles-là.  C'est  pourquoi  l'anatomie  comparée  d'un  groupe  d'espèces  ne 
peut  être  convenablement  faite  qu'autant  que  l'on  connaît  bien  l'anatomie  spéciale  de  chacune 
d'elles.  En  bonne  logique,  l'analyse  ne  doit-elle  pas  précéder  la  S3'nthèse  ? 

Pénétré  de  cette  idée,  je  me  suis  attaché,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  à  faire 
l'étude  particulière,  aussi  complète  que  possible,  de  tous  les  mammifères  importants  que  j'ai 
pu  me  procurer.  Ainsi,  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  disséquer  trois  chameaux  de  Bactriane  : 
deux  m'ont  été  envoyés  à  l'état  de  cadavres  par  M.  F.  Mangini,  un  des  membres  de  la  mission 
Ghalfanjon,  qui  avait  ramené  quelques-uns  de  ces  animaux  dans  sa  propriété  de  Sainte-Foy- 
l'Argentière  ;  le  troisième  m'a  été  donné  vivant  par  un  directeur  de  ménagerie,  M.  Bidel.Peude 
temps  après,  mouraient  au  Parc  de  la  Tète-d'Or  de  Lyon  deux  dromadaires  qui  me  furent 
cédés  très  gracieusement  par  MM.  Lortet  et  Chantre,  directeur  et  sous-directeur  du  Muséum 
d'histoire  naturelle  de  cette  ville.  Que  ces  généreux  donateurs  soient  ici  remerciés  pour  leur 
zèle  scientifique  et  pour  la  confiance  dont  ils  m'ont  honoré. 

Avec  ces  cinq  sujets,  il  s'agissait  de  faire  l'anatomie  complète  du  genre  chameau;  j'y 

Arch.  Mus.  —  t.  VIII  1 


2  RECHERCHES  AXATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉUDÉS 

suis  à  peu  près  parvenu,  grâce  au  concours  dévoué  de  quelques-uns  de  mes  élèves.  Et,  tout  en 
disséquant,  j'ai  pu  prendre  les  nombreux  croquis  qui  ont  servi  à  l'illustration  du  présent 
mémoire. 

Cette  étude  a  révélé,  comme  on  va  le  voir,  de  nombreux  faits  inédits  ;  elle  a  permis  on 
outre  de  juger  diverses  questions  discutées,  de  redresser  plusieurs  erreurs  et  de  dégager  les 
caractères  anatomiques  différentiels  des  deux  espèces  de  chameaux,  à  peu  près  inconnus 
jusqu'à  ce  jour.  J'ai  été  surpris  de  trouver  si  peu  avancée  l'anatomie  d'animaux  domestiques 
aussi  importants  et  aussi  répandus  que  le  sont  les  chameaux.  Ce  n'est  pas  que  les  travaux 
fassent  absolument  défaut  sur  ce  sujet  :  mais  ils  n'envisagent  guère  que  le  squelette  et  les 
organes  splanchniques,  l'estomac  principalement;  encore  sont-ils  presque  tous  relatifs  au  dro- 
madaire. Quant  au  chameau  à  deux  bosses,  on  pourrait  presque  répéter  aujourd'hui  ce  que 
disait  de  Blainville  en  1850,  que  «  rien  n'a  été  écrit  nulle  part  sur  les  parties  de  son  organi- 
sation autres  que  le  squelette  ». 

Voici,  à  ma  connaissance,  les  principaux  travaux  sur  l'anatomie  des  Caméliens  : 

Description  anatomique  de  deux  cliameaux  par  Cl.  Pkrrault  (Mémoires  de  l' Académie  des  sciences, 

Paris,  1066-1099). 
Les  chapitres  de  Buffon  et  de  Daubenton  sur  le  dromadaire,  dans  Y  Histoire  naturelle  de  Buffon. 
Les  Leçons  d'anatomie  comparée  ei  les  Recherches  sur  les  ossements  fossiles  de  G.  Cuvier. 
Les  observations  de  sir  Everard  Home  sur  l'estomac  des  chameaux  dans  Philos,  iransact.,    1800, 

ou  encore  dans  Lectures  ofcompar.  anatoiny. 
Le  Traité  d'ostéographie  de  de  Blainville. 

Les  Traités  d'anatomie  comparée d'OwKv,  GEGENB.iUR,  Milne-Edwards. 
Le  mémoire   de   Brandt  sur  l'anatomie  de    l'estomac  du  lama    (1844,  Académie  impériale   de 

Saint  -Pétersbourg) . 
L'atlas  de  Walton  intitulé  :  The  Camel,   its  anatomij,  p)roportions   and  poils,  London,   1805. 
L'ouvrage   de    Vallon  sur    «  l'histoire  naturelle  du    dromadaire    ».     {Recueil    des  mémoires   et 

observations  sur  Vhygiène  et  la  médecine  vétéinnaires  militaires,  t.  W\). 
Le  travail  de  W.  Adam,    Osteolog.  symmetry  of  the  Camel,  London,  1833. 
Pander  et  d'Alton,  die  Skelette  der  Viederhauer. 
Boas,     Zur   Morphol.  des   Magens    der    Gameliden    uiid   traguliden  und  ùber   die  sjstematische 

Stellung letzterer  Abtbeilung  (MorpJiolog.  Julirh.,   3'' Ileft,  1891). 
PiLLiET,  Structure  des  alvéoles    de  la  portion  gaufrée    de  l'estomac  du  chameau   (Bulletin  de  la 

Société  :;oologique  de  France,  10°  année). 
Gordier,  l'Estomac  des  ruminants  {Annales  des  sciences  naturelles,  zoologie,  i.  XVI,  1894). 
Divers  travaux  deCoPE,  Marsh,  Leidy,  Thomas,  Pomel,Stefanescu,  etc.,  sur  les  Camélidés  fossiles. 
Le  Traité  d'anatomie    comparée   des   animaux    domestiques    de  MM.   Chauveau  et   Arloing 

(4°  édition),  où  nous  avons  trouvé  les  renseignements  les  plus  nombreux. 

Le  travail  que  nous  publions  aujourd'hui  est  une  monographie  anatomique  méthodique 
du  chameau  de  Bactriane;  il  se  termine  par  un  chapitre  sur  les  différences  entre  les  deux 
espèces  de  chameaux.  Peut-être  n'est-il  pas  dépourvu  d'importance  pratique,  à  une  époque oîi 
les  nations  de  l'Europe  étendent  et  multiplient  leurs  colonies  dans  les  pays  habités  par  ces 
animaux  essentiellement  domestiques. 

Relisons,  pour  nous  en  convaincre,  cette  belle  page  de  Buffon  : 

«  L'or  et  la  soie  ne  sont  pas  les  vraies  richesses  de  l'Orient,  c'est  le  chameau  qui  est  le 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS  3 

trésor  de  l'Asie.  Les  Arabes  regardent  cet  animal  comme  un  présent  du  ciel,  un  animal  sacré. 
Avec  leurs  chameaux,  non  seulement  ils  ne  manquent  de  rien,  mais  même  ils  ne  craignent 
rien;  ils  peuvent  mettre  en  un  seul  jour  cinquante  lieues  de  désert  entre  eux  et  leurs  ennemis; 
toutes  les  armées  du  monde  périraient  à  la  suite  d'une  troupe  d'Arabes;  aussi  ne  sont-ils 
soumis  qu'autant  qu'il  leur  plait.  Qu'on  se  figure  un  pays  sans  verdure  et  sans  eau,  un  soleil 
brûlant,  un  ciel  toujours  sec,  des  plaines  sablonneuses,  des  montagnes  encore  plus  arides,  sur 
lesquelles  l'œil  s'étend  et  le  regard  se  perd  sans  pouvoir  s'arrêter  sur  aucun  objet  vivant,  une 
terre  morte  et  pour  ainsi  dire  écorchée  par  les  vents,  laquelle  ne  présente  que  des  ossements, 
des  cailloux  jijnchés,  des  rochers  debout  ou  renversés,  un  désert  entièrement  découvert,  où  le 
voyageur  n'a  jamais  respiré  sous  l'ombrage,  où  rien  ne  l'accompagne,  rien  ne  lui  rappelle  la 
nature  vivante  :  solitude  absolue  mille  fois  plus  affreuse  que  celle  des  forêts, car  les  arbres  sont 
encore  des  êtres  pour  l'homme  qui  se  voit  seul;  plus  isolé,  plus  dénué,  plus  perdu  dans  ces  lieux 
arides  et  sans  bornes,  il  voit  partout  l'espace  comme  son  tombeau;  la  lumière  du  jour,  plus 
triste  que  l'ombre  de  la  nuit,  ne  renaît  que  pour  éclairer  la  nudité,  son  impuissance,  et  pour  lui 
présenter  l'horreur  de  sa  situation,  en  reculant  à  ses  yeux  les  barrières  du  vuide,  en  étendant 
autour  de  lui  l'abîme  de  l'immensité  qui  le  sépare  de  la  terre  habitée,  immensité  qu'il  tenterait 
en  vain  de  parcourir;  car  la  faim,  la  soif  et  la  chaleur  brûlante  prennent  tous  les  instants  qui 
lui  restent  entre  le  désespoir  et  la  mort.  » 

Voilà  les  pays  que  seuls  les  chameaux  peuvent  permetti'e  de  traverser;  ces  animaux  ont 
été  qualifiés  justement  àe.  navires  du  désert. 

Le  présent  mémoire  était  en  cours  d'impression  quand  la  Direction  du  Muséum  de  Lyon, 
que  je  ne  saurais  trop  remercier,  me  fit  tenir  le  cadavre  d'un  lama  qui  venait  de  mourir  au 
Parc  de  la  Téte-d'Or.  Cela  m'a  permis  d'y  ajouter  un  chapitre  sur  l'anatomie  comparative 
des  deux  genres  auchenia  et  camelus  et  d'embrasser  ainsi  tout  le  groupe  des  Camélidés. 


PREMIÈRE  PARTIE 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


1.  -  EXTÉRIEUR 


Les  naturalistes  et  les  voyageurs  ont  assez  souvent  décrit  et  figuré  les  formes  et  les  atti- 
tudes du  chameau  à  deux  bosses  pour  me  dispenser  d'entrer  dans  de  longs  détails  ;  d'ailleurs 


.^o .  CJo  uj  c  Sr_ 


FiG.   l.  —  Chameau  de  Bactbiane. 


le  dessin  ci-dessus,  décalque  d'une  photographie,  est  plus  démonstratif  que  la  plus  longue 
description.  Je  me  bornerai  donc  à  quelques  considérations  sur  les  proportions  métriques,  sur 
les  bosses,  sur  les  callosités,  sur  la  peau  et  les  poils,  et  enfin  sur  les  pieds. 


6  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

Proportions.  —  Les  tableaux  suivants  donnent  les  dimensions  de  quelques  chameaux 
à  deux  bosses  mesurés  par  Daubenton.  par  Walton  ou  par  moi-même. 

DAUBENTON 

m- 

Loni^ueur  du  corps  du  bout  des  lèvres  à  l'anus 3,400 

Hauteur  du  train  de  devant 1,970 

Hauteur  du  train  de  derrière 1.647 

Lonjiueur  de  la  tête 0,688 

D'un  anjile  à  l'autre  de  la  mandibule 0,155 

De  l'œil  au  bout  des  lèvres 0,a50 

De  l'œil  à  l'oreille 0.189 

Entre  les  angles  internes  des  yeux 0,243 

Longueur  des  oreilles 0.155 

Entre  les  oreilles  à  la  base O.l'.tU 

Longueur  du  eau ; ...  1.030 

Circonférence  du  cou  près  de  la  tète 0,756 

—  —        près  des  épaules 1,100 

Circonférence  de  la  poitrine  passant  au-devant  de  la  bosse  du  garrot  et  sur  la  callosité 

sternale 2,457 

Circonférence  du  corps  entre  les  deux  bosses 1,863 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue 0.540 

Circonférence  de  la  queue  à  la  base 0,256 

Du  coude  au  genou 0,604 

Circonférence  maximum  de  l'avant-bras (1,72! > 

Canon  antérieur 0,370 

Paturon  de  devant 0,088 

Circonférence  du  pied  antérieur 0,675 

Longueur  de  l'ongle 0,140 

—  du  pied 0,236 

Largeur  du  pied 0.221 

Du  grasset  à  la  pointe  du  jarret 0,675 

Canon  de  derrière 0,370 

Paturon  de  derrière 0,081 

Circonférence  du  pied  de  derrière 0,600 

Nota.  —  Le  chameau  dont  Daubenton  donne  les  mesures  pesait  1300  livres. 

WALTON 

N    1  N»  2  N"  3 

m.  m.  m. 

Longueur  de  la  tête 0,554  0,608  0,708 

Largeur  de  la  tête 0,354  »  » 

De  l'angle  de  l'épaule  à  la  naissance  de  la    queue     .     .     1,645  1,595  1,849 

Hauteur  du  sommet  de  l'une  et  de  l'autre  bosse.       .     .     2,128  2,128  2,253 

Longueur  de  la  partie  libre  des  membres,  à  partir  du 

profil  inférieur  du  cou  et  du  ventre 1.216  1,216  0.962 

Nota.  —  La  partie  lilire  du  membre  antérieur  telle  que  la  mesure  Wallon,  c'est-à-dire  à 
partir  de  l'intersection  du  profil  inférieur  du  cou,  se  trouve  divisée  en  deux  parties  égales 
par  la  jointure  du  genou, 

LESBRE 

Sujet  N»  1  (de  petite  taille). 

Longueur  de  la  tête 0,530 

Largeur  de  la  tète  entre  les  arcades  zjgomatiques 0,250 

Epaisseur  de  la  tête,  de  la  ganache  au  front 0.275 

Ecartement  maximum  des  ganaches 0,175 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 

Hauteur  du  frout,  de  la  piotubéraiice  occipitale  externe  à  une  ligne  qui   réunirait         ,„. 

les  angles  internes  des  patipières 0,250 

Longueur  du  cou  en  suivant  son  bord  supérieur, jusqu'à  la  première  bosse  ....  1,050 

—  —      de  la  pointe  du  sternum  à  Tanii'le  de  la  mâchoire 0.050 

Largeur  du  cou  en  avant  de  l'épaule 0,370 

—  —      au  niveau  de  la  gorge 0,220 

Hauteur  verticale  du  garrot,  bosse  non  comprise • l.,580 

—  —  —  bosse  comprise 1,700 

Distance  verticale  de  la  callosité  sternale  au  sol 0,840 

Longueur  du  corps,  de  l'angle  de  l'épaule  à  la  pointe  de  la  fesse 1.450 

—  —           de  la  partie  antérieure  de  la  première  bosse  à  la  naissance  de  la 
queue 1,220 

Distance  comprise  entre  les  axes  verticaux  des  deux  bosses 0,500 

Diamètre  vertical  de  la  poitrine  pris  entre  les  deux  bosses 0,750 

De  l'angle  dorsal  du  scapulum  à  l'angle  externe  de  l'iliurn 0,770 

Longueur  de  la  queue 0,-470 

—  de  l'épaule,  de  sa  pointe  à  la  base  de  la  bosse  antérieure 0,500 

De  l'angle  de  l'épaule  à  la  pointe  du  coude 0,410 

De  la  pointe  du  coude  au   pli  du   genou 0,480 

Du  pli  du  genou  au  centre  du  boulet 0,3-'0 

Du  pli  du  genou  au  sol 0,420 

Longueur  de  la   croupe 0.420 

Distance  de  la  rotule  à  l'antile  externe  de  l'iliurn 0,560 

—  —  à  la  pointe  de  la  fesse 0,500 

—  —  au   centre  du  jarret 0,.560 

Distance  verticale  du  centre  du  jarret  au  sol 0,560 

De  la  pointe  du  jarret  au  centre  du  boulet 0,450 

Sujet  i>o  2.  —  Dimensions  du  Squelette. 

ni. 

Longueur  de  la  tête,  de  la  protubérance  occipitale  à  l'extrémité  de  l'os  incisif.     .     .  0,520 

(L'entrée  de  l'orbite  est  assez  exactement  à  mi-longueur  de  la  tête.) 

Largeur  maximum  de  la  tête  au  niveau  des  arcades  zj'gomatiques 0,25,5 

—  de  la  boite  crânienne 0,117 

Longueur  totale  des  vertèbres  cervicales 1,080 

—  des  vertèbres  dorsales. 0,920 

—  des  vertèbres  lombaires 0,530 

—  du  sacrum 0.230 

—  du  coccyx 0,540 

Longueur  totale  de  la  colonne  vertébi aie 3,300 

—  du  sternum,  y  compris  ses  extrémités  cartilagineuses 0,520 

—  en  ligne  droite,  de  la  tête  au  point  de  jonction  du  \   ,,, o'-in 

cartilage  de  prolontrement   des   : I   i.^^     .^       ....       •' ;; 

—  '  '-  '12'=  cote     .     .     .     .  0,4/0 

Diamètre  vertical  intérieur  de  la  poitrine  au   niveau  de  la  dernière  sternèbre.     .     .  0,580 

Largeur  maximum  de  la  poitrine  entre  les  deux  dernières  côtes 0,5'30 

Longueur  du  scapulum,  cartilage  non  compris.     .     .  0,420 

Largeur  maximum  du  scapulum.     ...  0,270 

Longueur  de  l'humérus,  de  la  tète  à  la  trochlée 0,390 

—  du  radius  mesurée  du  côté  interne,  d'une  surface  articulaire  à  l'autre.     .  0,500 

—  du  cubitus 0,.560 

Hauteur  du  carpe 0,060 

Longueur  du  métacarpe 0,330 

—  des  premières  phalanges  de  la  main 0,097 

—  des  deuxièmes  [ihalanges  de  la  main 0,063 

—  des  troisièmes  phalanges  de  la  main 0,020 

—  du  coxal,  de  l'angle  interne  de  l'iliurn  à  la  tubérosité  ischiale 0,425 

—  de  l'iliuui,  du  fond  de  l'acétabuluui  à  son  angle  interne 0,300 

—  de  l'isohium,  du  fond  de  l'acétabulum  à  la  tubérosité  ischiale 0,104 

Distance  entre  les  angles  externes  des  iliums  (écartement  des  hanches) 0,440 

Longueur  du  fémur,  de  la  tète  au  condyle  interne 0.510 

—  du  tibia,  l'épine  de  son  extrémité  supérieure  non  comprise 0,435 

Hauteur  du  tarse  mesurée  du  fond  de  la  gorge  tibiale  de  l'astragale   à   la  face  infé- 
rieure du  grand  cunéiforme O,lO0 


8  RECHERCHES  AXAToMIQUHS  SIU  LES  CAMÉLIDÉS 

Longueur  du   métatarse 0,342 

—  des  iireinières  phalanges  du  pied 0,086 

—  des  deuxièmes  phalanges  du  pied 0,().")0 

—  des  troisièmes  phalanges  du  pied 0,025 

Gommentaires.  —  En  méditant  sur  ces  mensurations,  on  voit  : 
1°  Que  la  longueur  de  la  tète  est  contenue  approximativement  deux  fois  dans  la  longueur 
du  cou  déployé,  et  celui-ci  trois  fois  dans  la  longueur  totale  du  rachis  ; 

2"  Que  la  longueur  scapulo-ischiale  équivaut  à  environ  trois  tètes,  c'est-à-dire  à  la  tête 
et  au  cou  déployés  et  étendus  ; 

3"  Que  cette  longueur  est  toujours  inférieure  à  la  taille,  laquelle  est  d'environ  trois  tètes 
et  demie.  Quand  même  on  ne  comprendrait  pas  la  bosse  dans  la  taille  au  garrot,  celle-ci  serait 
encore  supérieure  à  la  longueur  du  corps.  Cette  disproportion  ne  tient  pas  tant  ;\  la  brièveté 
du  tronc  qu'à  l'allongement  des  membres;  elle  explique  pourquoi  les  chameaux,  ainsi  que  les 
girafes,  prennent  l'amble  pour  aller  vite,  attendu  que,  dans  une  allure  diagonale  comme  le 
trot,  les  membres  de  chaque  bipède  latéral  n'auraient  pas  suffisamment  d'espace  pour  se 
déployer  sans  s'entre-choquer; 

A"  Que  la  croupe  est  courte,  étroite,  avalée,  les  pointes  des  fesses  peu  saillantes,  la  cuisse 
verticale,  l'angle  coxo-fémoral  extrêmement  ouvert  :  tous  caractères  indiquant  peu  d'aptitude 
à  la  traction  et  au  cabrer.  Il  est  manifeste  que  les  membres  des  chameaux  sont  surtout 
disposés  pour  supporter  et  pour  osciller  amplement  sous  le  corps.  Si  l'on  considère  en  outre 
que  la  colonne  dorso-lombaire  fait  voûte  d'un  bipède  à  l'autre  et  que  les  apophyses  épineuses 
sont  extrêmement  fortes  et  développées,  on  s'explique  que  les  chameaux  soient  essentielle- 
ment aptes  au  service  du  bât.  Remarquons  encore  que  l'absence  de  pli  du  grasset,  c'est- 
à-dire  de  ce  pli  de  peau  qui  réunit  la  cuisse  au  flanc  dans  la  plupart  des  grands  quadrupèdes, 
libère  complètement  le  membre  postérieur  et  ajoute  à  sa  mobilité  ; 

5°  Que  le  centre  articulaire  du  jarret  est  à  égale  distance  du  centre  articulaire  fémoro- 
tibial  et  du  centre  métatarso-phalangien,  ce  qui  revient  à  dire  que  la  longueur  du  rayon  tarso- 
métatarsien  équivaut  à  celle  du  tibia  :  fait  que  j'ai  constaté  aussi  chez  les  solipèdes; 

6"  Que  le  centre  articulaire  du  genou  est  équidistant  du  centre  huméro-radial  et  du  sol 
sur  lequel  le  membre  ap])uie,  ce  qui  implique  une  très  grande  longueur  du  radius,  qui 
atteint  ou  à  peu  près  celle  du  fémur; 

7°  Que  la  hauteur  verticale  du  sternum  prise  au  niveau  de  sa  callosité  est  à  peu  près  la 
moitié  de  la  taille  prise  au  sommet  de  la  bosse  du  garrot  ; 

8°  Que  la  longueur  de  l'épaule  l'emporte  de  beaucoup  sur  celle  de  la  croupe,  vu  que  le 
scapulum  sans  son  cartilage  de  prolongement  est  aussi  long  que  le  coxal.  Cette  région  se  fait 
en  outre  remarquer  par  l'amplitude  de  ses  oscillations  lorsque  l'animal  est  en  marche; 

9°  Que  la  largeur  ainsi  que  l'épaisseur  de  la  tête  équivalent  sensiblement  à  la  moitié  de 
sa  longueur;  tandis  que  l'écartement  des  ganaches  en  est  le  tiers  environ  et  la  longueur  de 
l'oreille  le  quart; 

10°  Que  l'œil  est  à  peu  près  également  distant  de  la  nuque  et  du  bout  des  lèvres. 

Bosses.  Système  adipeux.  —  Ainsi  qu'on  le  sait,  le  chameau  de  Bactriane  se 
distingue  essentiellement  du  dromadaire  par  deux  bosses  dorsales  au  lieu  d'une.  La  première 


CHAMEAU  A  DFXX  BOSSKS  9 

surmonte  les  épaules  et  coiffe  le  garrot,  la  seconde  est  superposée  aux  lombes  et  domine  la 
croupe;  entre  les  doux  se  trouve  une  [trofonde  dépression  en  forme  de  selle.  Ces  bosses  sont 
quelque  peu  mobiles  et  plus  ou  moins  ballottantes  comme  d'énormes  loupes  graisseuses  ;  la 
colonne  vertébrale  ne  prend  aucune  part  à  leur  constitution  ;  aussi  sont-elles  susceptibles  de 
varier  de  volume  et  de  poids  suivant  l'état  d'embonpoint  du  sujet;  elles  se  flétrissent  et  se 
ratatinent  chez  les  animaux  très  maigres  et  l'essemblent  alors,  comme  le  dit  Buff'on,  à 
d'énormes  tétines  vides  et  flasques,  tandis  qu'elles  se  remplissent  et  s'érigent  pour  ainsi  dire 
cliez  les  individus  en  bon  état  de  chair.  Nous  avons  nous-mème  constaté  ces  diff'érences,  et 
nous  sommes  surpris  qu'un  observateur  aussi  sagace  que  A^allon  ait  pu  les  nier.  L'un  des 
chameaux  que  nous  avons  disséqués,  remarquable  par  son  extrême  embonpoint,  avait  des 
bosses  énormes  :  l'antérieure,  en  forme  de  cône  aigu,  mesurait  0"'.37  à  la  base,  O^SS  de  hauteur, 
et  pesait  S'^'ôGO;  la  postérieure,  en  forme  de  cône  surbaissé,  était  longue  de  0"68,  haute 
de  0"35  et  pesait  16  kilogrammes.  Un  autre,  au  contraire,  était  maigre  :  ses  bosses  pesaient 
trois  à  quatre  fois  moins  que  les  précédentes. 

Les  bosses  dorsales  des  chameaux,  comme  la  loupe  cautiale  de  certains  moutons,  se 
rattachent  donc  au  système  adipeux  et  en  suivent  les  fluctuations  :  ce  sont  pour  ainsi  dire 
des  parties  hypertrophiées  du  pannicule  graisseux  sous-cutané,  ou  encore  de  gigantesques 
maniements  rappelant  ceux  qui  se  forment  en  maints  endroits  dans  les  bœufs  fin-gras.  Buff'on 
a  pleinement  raison  de  les  considérer  comme  des  réservoirs  alimentaires  oh  l'animal  puise  en 
cas  de  disette.  Mais  nous  ne  pouvons  admettre  l'explication  qu'il  donne  de  leur  origine  :  ce 
seraient,  d'après  lui,  des  sortes  de  loupes  accidentelles  développées  sous  la  pression  des  fardeaux 
dont  on  charge  le  dos  de  ces  animaux,  qui  sont  «  plus  anciennement,  plus  complètement  et 
plus  laljorieusement  esclaves  qu'aucun  des  autres  animaux  domestiques  »,  loupes  devenues 
héréditaires  dans  la  suite  des  générations,  tout  comme  les  callosités  qu'on  observe  en  différents 
points  du  corps  des  mêmes  animaux.  —  Les  transformistes  les  plus  convaincus  hésiteraient 
devant  une  hypothèse  aussi  hardie.  Bornons-nous  donc  à  constater  que  les  chameaux 
ont  des  bosses  adipeuses  sur  le  dos  et  que  cela  est  un  caractère  normal  do  leur  organi- 
sation. 

S'il  fallait  en  croire  A^allon,  les  dromadaires  auraient  très  peu  de  graisse  en  dehors  de 
leurs  bosses.  «  Ceux  que  nous  avons  sacriflés  pour  nos  études  anatomiques,  dit-il,  quoique 
eu  très  bon  état,  n'en  avaient  pas  dans  l'abdomen  et  n'en  avaient  que  très  peu  autour  des 
muscles;  les  reins  eux-mêmes  n'avaient  pas  de  capsule  adipeuse.  C'est  là  une  nouvelle  diffé- 
rence entre  cet  animal  et  les  autres  ruminants.   » 

La  dissection  que  nous  avons  laite  de  deux  dromadaires,  l'un  mâle,  l'autre  femelle, 
morts  après  quinze  jours  de  maladie  au  parc  de  la  Téte-d'Or  de  Lyon,  nous  oblige  à 
nous  inscrire  en  faux  contre  l'assertion  de  Vallon  :  le  tissu  adipeux  était  en  effet  très 
répandu  et  particulièrement  abondant  dans  l'abdomen.  Le  chameau  de  Bactriane  n'est  pas 
moins  prédisposé  à  l'engraissement;  deux  des  trois  sujets  que  nous  avons  étudiés  étaient  très 
gras,  presque polysarques  :  l'intestin,  l'estomac,  les  reins,  le  cœur  étaient  couverts  de  graisse; 
il  y  en  avait  une  épaisse  couche  sous  le  péritoine  et  dans  l'épaisseur  de  tous  ses  replis,  une 
doublure  sous  la  peau,  et  enfin  une  grande  quantité  répandue  entre  les  muscles  et  jusqu'à  leur 
intérieur.  Il  finit  dire  toutefois  que,  dans  les  chameaux,  le  pannicule  charnu  faisant  défaut, 
le  tissu  conjonctif  sous-cutané  est  généralement  très  serré  et  établit  une  forte    adhérence 

Arch.  Mus.  —  t.  Vlll  - 


10  RKCIIERCHES  ANATOMIQUES  SI' H  LES  CAMELIDES 

avec  les  parties  sous-jacentes;  d'où  il  suit  que  le  tissu  adipeux  s'}'  accumule   beaucoup  moins 
facilement  et  abondamment  que  chez  d'autres  animaux. 

La  graisse  du  chameau,  comme  celle  du  dromadaire,  est  d'une  grande  blancheur  et  se  fige 
par  le  refroidissement;  le  suif  qui  en  résulte  est  moins  solide,  plus  onctueux  que  celui  des 
autres  ruminants.  Vallon  raconte  que  la  graisse  du  dromadaire  est  très  employée  en  médecine 
par  les  Arabes,  contre  les  maladies  cutanées  de  l'espèce  humaine  et  surtout  contre  celles  du 
cuir  chevelu.  Cette  graisse  répand  une  odeur  particulière,  forte  et  peu  agréable. 

Callosités.  —  Les  callosités  se  remarquent  sur  tous  les  points  du  corps  qui  portent 
l'animal  dans  l'attitude  couchée  ou  accroupie,  c'est-à-dire  sur  le  sternum,  les  genoux,  les 
coudes,  lesgrassets,  et  le  bord  postérieur  des  jarrets  ;  cela  fait  en  tout  neuf  callosités.  La  jjIus 
volumineuse  est  celle  du  sternum;  elle  correspond  principalement  àl'avant-dernièresternèbre, 
qui  s'épaissit  et  s'élargit  beaucoup  pour  lui  donner  appui;  sa  forme  est  celle  d'un  cœur  de 
carte  à  jouer  de  20  à  25  centimètres  de  long  sur  1.")  à  18  de  large;  elle  n'est  pas  seulement 
constituée  par  un  épaississement  du  corps  papillaire  et  de  l'épiderme  corné,  elle  comprend  en 
outre  un  substratum  fibro-adipeux  :  structure  qui  rappelle  celle  d'un  coussinet  plantaire.  Les 
callosités  des  genoux  et  des  grassets  n'intéressent  guère  que  la  peau;  toutefois,  à  leur  niveau, 
le  tissu  conjonctif  sous-cutané  est  notablement  épaissi,  souvent  creusé  de  petites  bourses 
séreuses.  Quant  aux  callosités  des  coudes  et  des  jarrets,  elles  sont  les  moins  développées  et 
elles  se  forment  en  dernier  lieu.  La  callosité  sternale  est  héréditaire  :  elle  existe  déjà  à  la 
naissance.  Les  autres  sont  adventices.  Toutes  grandissent  avec  l'âge  jusqu'à  la  vieillesse. 
Buffon  signale  l'hérédité  des  callosités  des  chameaux,  qu'il  considère  comme  les  empreintes 
de  la  servitude  et  les  stigmaies  de  la  douleur.  «  Les  callosités,  dit- il,  se  perpétuent  aussi 
bien  que  les  bosses  par  la  génération;  et  comme  il  est  évident  que  cette  première  difformité 
ne  provient  que  do  l'habitude  à  laquelle  on  contraint  ces  animaux,  en  les  forçant,  dès  leur  pre- 
mier âge,  à  se  coucher  sur  l'estomac,  les  jambes  pliées  sous  le  corps,  et  à  porter  dans  cette 
situation  le  poids  de  leur  corps  et  les  fardeaux  dont  on  les  charge,  on  doit  présumer  aussi  que 
la  bosse  ou  les  bosses  du  dos  n'ont  eu  d'autre  origine  que  la  compression  de  ces  mêmes  far- 
deaux, qui.  portant  inégalement  sur  certains  endroits,  auront  fait  élever  la  chair  et  bour- 
soufler la  graisse  et  la  peau,  car  ces  bosses  ne  sont  point  osseuses,  elles  sont  seulement 
composées  d'une  substance  grasse  et  charnue  de  la  même  consistance  à  peu  près  que  celle 
des  tétines  des  vaches.  Bosses  et  callosités  sont  des  difformités  produites  par  la  continuité 
du  travail  et  de  la  contrainte  du  corps,  et  ces  difformités  sont  devenues  générales  et  per- 
manentes dans  l'espèce  entière.   » 

Nous  avons  déjà  fait  des  réserves  sur  l'interprétation  de  Buffon  en  ce  qui  concerne  les 
bosses.  Quant  aux  callosités,  la  pectoi'ale  seule  se  transmet  par  génération,  les  autres  parais- 
sent être  accidentelles;  celle-là,  qui  a  amorcé  une  modification  corrélative  du  sternum,  fait 
d'ores  et  déjà  partie  de  l'organisation;  mais  il  est  fort  possible  que,  dans  le  principe,  elle  ait 
été  accidentelle  comme  les  autres. 

Peau  et  poils.  —  La  peau  des  chameaux  est  plus  épaisse,  plus  consistante  que 
celle  du  bœuf;  son  derme,  très  dense,  donne  par  le  tannage  un  cuir  extrêmement  résistant,  très 
employé  dans  l'intérieur  de  l'Afrique:  «  Les  chaussures  qu'on  en  fait  sont  si  bonnes,  dit 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  11 

Vallon,  que  le  voj'ageur  peut  impunément  marchei'  sur  la  vipère  et  braver  l'action  du  sable 
brûlant.  »  Le  pannicule  charnu  faisant  défaut,  ce  tégument  est  adhérent  et  incapable  des 
trémoussements  qu'il  éprouve  chez  le  bœuf  dans  le  but  d'éloigner  les  insectes  qui  se  posent  à 
sa  surface;  aussi  les  chameaux  sont-ils  horriblement  tourmentés  par  les  mouches,  notam- 
ment par  les  taons. 

Le  pelage  du  chameau  est  ordinairement  de  nuance  brune  plus  ou  moins  foncée,  avec 
du  lavé  au  bout  de  la  tête  et  des  membres.  On  observe  exceptionnellement  des  balzanes.  Les 
poils  sont  courts  et  ras  à  la  partie  inférieure  de  la  tète  et  des  membres,  à  la  face  interne  des 
cuisses,  à  l'inter-ars  et  dans  la  région  inguino-génitale,  tandis  qu'ils  forment  ailleurs  une 
véritable  toison  que  les  indigènes  tondent  chaque  année  et  qu'ils  utilisent  pour  fabriquer  des 
tissus  et  des  cordes,  toison  qui,  d'après  A^allon,  pèse  3  à  4  kilogrammes  suivant  l'âge  et  la 
taille  chez  le  dromadaire,  et  qui  comprend  beaucoup  de  longs  poils  grossiers  entremêlés  aux 
mèches  de  laine.  Les  ])osses  sont  en  général  surmontées  chacune  d'une  véritable  toutfe  pileuse. 
Le  panache  de  la  queue  est  assez  faible;  celle-ci  étant  en  outre  relativement  brève,  n'est  pour 
l'animal  qu'un  moyen  de  défense  bien  insuffisant  contre  les  insectes;  il  est  fort  heureux  que 
la  mobilité  extrême  de  la  tête  et  des  membres  postérieurs  permette  d'y  suppléer. 

Lorsqu'on  ne  la  tond  pas,  la  toison  des  chameaux  tombe  naturellement  chaque  printemps, 
si  entièrement,  au  dire  de  Butfon,  que  «  l'animal  paraît  tel  qu'un  cochon  échaudé.  Alors  on  le 
poisse  partout  pour  le  défendre  de  la  piqm-e  des  mouches.   » 

Examinés  et  mesurés  au  microscope,  les  brins  de  cette  toison  ont  à  peine  un  centième  de 
millimètre  de  diamètre;  ils  sont  dépourvus  de  substance  médullaire,  comme  les  brins  de  la 
laine  du  mouton.  Les  poils  de  jarre  qui  leur  sont  entremêlés  sont  généralement  très  pigmen- 
tés; ils  mesurent  de  4  à  6  1/2  centièmes  de  millimètre  de  calibre  et  montrent  dans  leur  centre 
une  épaisse  colonne  médullaire. 

Tous  les  auteurs  s'accordent  à  dire  que,  au  moment  du  rut,  la  région  de  la  nuque  devient 
le  siège  d'une  sécrétion  noirâtre,  d'odeur  forte  et  nauséabonde,  plus  abondante  dans  le  mâle 
que  dans  la  femelle.  Vallon  déclare  avoir  cherché  en  vain  l'appareil  glanduleux  qui  préside  à 
cette  sécrétion.  Par  contre.  Cari  Vogt  mentionne  deux  glandes  cutanées  situées  derrière  l'oc- 
ciput. La  vérité  est  qu'il  existe,  dans  cette  région,  sur  une  aire  large  comme  la  paume  de  la 
main,  non  pas  deux,  mais  un  grand  nombre  de  petites  glandes  situées  dans  l'épaisseur  du 
derme  ou  immédiatement  en  dessous,  glandes  qui  ne  prennent  tout  leur  développement  qu'au 
moment  du  rut.  Alors  elles  apparaissent,  sur  les  sections  de  la  peau,  comme  des  lobes  rou- 
geâtres,  fermes  au  toucher,  dont  les  plus  gros  atteignent  à  peu  près  le  volume  d'un  pois.  En 
dehors  de  ce  temps,  elles  s'atrophient  et  peuvent  facilement  passer  inaperçues  ainsi  qu'en 
témoigne  l'assertion  de  Vallon.  L'un  de  mes  sujets  d'étude  était  un  dromadaire  mâle,  mort 
en  plein  rut;  j'ai  donc  pu  étudier,  dans  les  meilleures  conditions,  les  glandes  dont  il  s'agit. 
Le  microscope  a  montré  qu'elles  appartiennent  à  la  variété  racémeuse. 

Pieds  (voy.  flg.  2).  —  Les  pieds  des  chameaux  constituent  l'un  des  traits  les  plus 
curieux  de  leur  conformation  extérieure,  en  même  temps  qu'une  admirable  adaptation  à  la 
marche  sur  un  sol  sablonneux  et  mouvant.  En  effet,  les  deux  doigts  de  chaque  extrémité  sont 
empêtrés  dans  la  peau  jusqu'aux  ongles  et  portent  sur  leur  face  inférieure,  depuis  l'extrémité 
de  la  première  phalange  jusqu'au  bout  des  ongles,  un  vaste  coussinet  plantaire  qui  les  réunit 


12 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  Slli  Li:S  GAMÉLn)ÉS 


et  les  déborde,  et  qui  leur  sert  de  surface  d'appui.  Quant  aux  ongles,  ce  sont  des  espèces  de 
griffes  courtes,  à  pointe  recourbée  en  bas.  dont  l'animal  peut  se  servir  pour  gratter,  mais  non 
pour  s'appuyer  ou  marcher.  Ces  animaux  sont  donc  digitigrades  au  lieu  d'être  onguligrades, 
onguiculés  au  lieu  d'être  ongulés  :  différences  importantes  relativement  aux  autres  ruminants 
et  qu'on  n'a  peut-être  pas  suffisamment  fait  valoir. 

Le  pied  des  chameaux  nous  offre  à  étudier,  au  point  de  vue  de  l'extérieur,  une  face 
supérieure,  une  face  inférieure  et  deux  griffes  terminales. 

La  face  supérieure  est  recouverte  d'une  peau  épaisse  et  adhérente  qui  fait  suite  insensible- 
ment à  celle  du  paturon;  elle  présente  un  sillon  médian  interdigité. 

La  flice  inférieure  ou  plantaire  est  légèrement  convexe,  limitée  par  un  bord  presque 
circulaire,  échancrée  en  avant  entre  les  deux  ongles,  divisée  postérieurement  en  deux  lobes 

proéminents  formant  talons,  parcourue  sur  la  ligne 
médiane  par  un  très  léger  sillon.  Cette  face  est 
occupée  par  une  semelle  cornée,  noirâtre,  finement 
crevassée,  épaisse  de  2  à4  millimètres  et  relativement 
souple,  semelle  qui  s'amincit  à  la  périphérie  et  passe 
insensiblement  à  l'état  d'épiderme ordinaire.  La  corne 
en  question  participe  des  caractères  de  celle  de  la 
fourchette  des  solipèdes,  et,  si  l'on  considère  qu'elle 
se  développe,  comme  cette  dernière,  sur  un  coussinet 
plantaire,  on  peut  l'assimiler  à  une  fourchette  extrê- 
mement étalée  et  amincie,  ou  mieux  à  une  callosité 
plantaire.  Lorsque  le  pied  est  à  l'appui,  il  s'épanouit 
manifestement  en  s'aplatissant  contre  le  sol.  Nous 
étudierons  plus  loin  la  disposition  des  coussinets 
élastico-adipeux  qui  lui  servent  de  base. 

Quant  aux  ongles,  ils  sont  relativement  petits, 
aplatis  et  incurvés  sur  leur  face  concentrique,  très 
recourbés  en  dessous,  oii  ils  forment  une  pointe  crochue  au-devant  de  la  semelle  plantaire 
comme  le  montre  la  figure  2.  Ils  sont  constitués  par  une  corne  dure  et  fibreuse,  plus  épaisse 
en  dehors  qu'en  dedans,  sertie  à  l'origine  dans  une  i-ainure  nnguéale  profonde  et  cou- 
verte d'un  périople  très  développé  qui  fait  suite  à  la  callosité  plantaire.  Ce  sont  là  de  véritables 
griffes,  tenues  relevées  par  l'action  d'un  ligament  élastique  et  échappant  ainsi  à  l'appui. 

Les  pieds  antérieurs  sont,  comme  le  dit  Vallon,  plus  grands,  plus  évasés  et  plus  combles 
que  ceux  de  derrière;  leur  forme  se  rapproche  beaucoup  de  la  forme  ronde;  leur  semelle  cornée 
est  plus  épaisse  et  plus  crevassée  que  celle  des  pieds  postérieurs.  Dans  les  races  communes, 
le  pied  est  plus  grand  et  plus  comble  que  dans  les  races  sveltes,  dites  nobles;  par  exemple,  le 
mahari  a  le  pied  beaucoup  moins  grand  que  le  dromadaire  de  bat. 

En  résumé,  il  est  manifeste  que  les  pieds  des  chameaux,  avec  leur  plante  souple  et  élastique, 
et  la  mince  couche  de  corne  qui  la  revêt,  ne  peuvent  suffire  longtemps  à  la  locomotion  sur 
un  terrain  dur,  rocailleux  ou  irrêgulier;  ils  ne  conviennent  pas  non  plus  aux  terrains  humides 
et  glissants.  Aussi,  lorsqu'on  sort  ces  animaux  des  pays  sablonneux  et  désertiques  pour 
lesquels  il  semblent  avoir  été  faits,  sont-ils  très  exposés  aux  claudications.  Et  l'art  de  la  ferrure 


FiG.    2.    —  FlED. 

Face  supérieure  et  kace  plantaire. 

1,  boulet;  2,  paturon:  3,  talons;  4,  semelle  plantaire; 
.">,  ongles. 


CIIAMl'LVr  A  DEUX  BOSSES  13 

ne  saurait  trouver  ici  d'application  tauto  de  points  d'implantation  pour  le  ter;  mais  il  y  aurait 
lieu,  comme  le  dit  Vallon,  d'essayer  l'usage  do  sandales  de  cuir  que  l'on  appliquerait  sous  le 
pied  et  que  l'on  fixerait  au  pli  du  paturon  par  des  coun^oies  et  boucles  ad  hoc. 

Je  ne  quitterai  pas  ce  sujet  sans  faire  remarquer  que  les  chameaux  sont  totalement 
dépourvus  d'ergot  à  la  face  postérieure  des  boulets;  il  n'y  a  pas  ici  trace  de  production 
cornée,  et  cela  coïncide  avec  l'absence  des  pièces  squelettiques  des  doigts  latéraux  (2®  et  5°). 
Cependant,  dans  les  lamas,  on  voit  une  sorte  de  châtaigne  sur  chacune  des  faces  laté- 
l'ales  du  canon,  au  mem])re  postéi'ieur,  châtaignes  que  je  considère  comme  des  ergots  remontés, 
c'est-à-dire  comme  des  vestiges  ongulés  du  deuxième  et  du  cinquième  doigts.  De  même,  les 
châtaignes  qu'on  observe  chez  le  cheval  à  la  face  interne  de  l'avant-bras  ou  du  jarret  repré- 
sentent 1res  vraisemblablement  un  vestige  ongulé  du  pouce  de  la  main  ou  du  pied. 


TT.  —  AXATOMIE 


APPAREIL     LOCOMOTEUR 


OS 

TÈTE 


Nous  envisagerons  la  tète  osseuse  :  ["  dans  le  détail  de  ses  diverses  pièces  consti- 
tuantes; 2°  dans  l'ensemble  (voy.  fig.  3  à  7). 

Occipital.  —  L'occipital  est  doublement  coudé  sur  lui-même  de  manière  à  se  diviser 
extérieurement  en  une  partie  frontale,  une  partie  nuchale  et  une  partie  basilaire. 

La  protubérance  occipitale  est  large  et  très  saillante,  relevée  antérieurement  d'une  forte 
crête  sagittale,  continuée  latéralement  par  une  crête  tranchante  qui  représente  la  ligne  courbe 
supérieure  unie  avec  la  racine  supérieure  de  l'apophyse  zygomatique.  Cette  dernière  crête 
flgure  une  sorte  d'expansion  qui  se  renverse  légèrement  sur  la  face  nuchale  et  forme  avec 
elle  une  profonde  dépression  oîi  s'insère  le  muscle  petit  oblique  et  où  s'ouvre  le  trou 
mastoïdien. 

Les  fosses  condyliennes  sont  très  profondes,  les  trous  condyliens  généralement  doubles 
mais  petits.  Les  apophyses  jugulaires  ou  paramastoïdes  sont  très  aplaties  latéralement,  beau- 
coup moins  saillantes  que  les  bulles  tympaniques.  —  Les  condyles  se  prolongent  sur  l'apo- 
physe basilaire  sur  une  longueur  d'au  moins  2  centimètres,  et  là  se  joignent  l'un  à  l'autre  ou 
plutôt  ne  sont  séparés  que  par  une  scissure  de  1  (ni  2  millimètres  de  largeur.  Chez  le  bœuf, 
ces  condyles  s'étendent  beaucoup  moins  sur  le  basi-occipital  et  restent  largement  séparés.  On 
pourrait  décrire  au  chameau  trois  cond3-les  :  deux  latéraux  et  un  basilaire,  ce  dernier 
échancré  sur  la  ligne  médiane,  terminé  par  un  rebord  saillant,  et  légèrement  concave  d'avant 
en  ai'rière,  en  forme  de  selle. 

L'apophyse  basilaire  est  plus  large  encore  que  dans  le  bœuf;  elle  se  joint  à  la  portion 
auriculaire  du  temporal  en  laissant  :  i"  un  trou  déchiré  postérieur,  plus  ou  moins  nettement 
divisé  stu'  le  squelette  en  trois  orifices  secondaires  dont  le  plus  antérieur  donne  accès  à  la  caro- 


cil  AME  Al'  A  DEUX  150SSES 


15 


tide  interne;  2"  un  trou  déchiré  antérieur,  simple,  plus  large  que  dans  le  bœuf  et  précédé  sur 
le  sphénoïde  d'une  scissure  vidienne  très  prononcée;  c'est  à  côté  de  ce  trou,  en  dehors,  que 
l'on  voit  l'orifice  de  la  trompe  d'Eustache. 


F.G.  3. 


%^%Ly 


Face  antérieure  de  i.a  tète. 


Fie 


Face  postérieure  de  la  tète. 


Fio.  3. —  1,  protubérance  oocipitale  ;  2,  piiriétal;  3,  écaille  du  temporal;  'i,  fnmtal  ;  5,  nasal;  G,  sus-maxillaire; 
7.     intermaxillaire  ;     .S,  vomer. 

FiG.  4.  —  1,  protubérance  occipitale;  2,  conilyles  occipitaux;  3,  apophyse  basilaire;  4,  sphénoïde;  T>.  vomer;  6,  palatin); 
7.  apopliyseptérygo-palatine;  8,  sus-maxillaire;  8',  apophyses  palatines  des  sus-maxillaires;  9,  intermaxillaires:  10, 
lif^ne  courbe  supérieure;  11,  apophyse  mastoTde;  12,  tube  auditif;  13,  apophyse  jugulaire;  14,  cavité  glénoide;  15, 
arcade  zygomatique;  11),  os  jugal;  17,  orbite;  18,  fosse  sous-condylienne  :  19,  trou  déchiré  postérieur;  2(3,  gaine  de 
l'arthro-hyal :  21,  orifice  du  conduit  temporal;  22,  trou  déchire  antérieur;  23,  ti'{)u  ovale;  24.  orifice  du  conduit 
palatin;  20.   fentes    incisives;    P,    crochet    incisif;  C.  canine;    p»i'  crochet  prémolaire;  ajii'  ]n-emiére  arriére-molaire. 

A  l'union  de  l'apoiihyse  basilaire  et  du  sphénoïde,  les  tubercules  d'insertion  des  droits 
antérieurs  de  la  tête  sont  très  peu  accusés,  presque  effacés. 

S 117-  la  face  endocranienne  (tig.  G),  on  remarque  que  la  protubérance  occipitale 
interne  (endinion)  est  à  peine  marquée,  limitée  en  arrière  par  une  incisure  qui  fait  démar- 
cation entre  l'occipital  proprement  dit  et  l'interpariétal.  On  voit  en  outre  un   large  orifice 


16  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELH^ES 

situé  entre  le  rocher  et  la  crête  du  pariétal  qui  descend  de  l'endinion  :  c'est  l'orifice  interne 
du  conduit  temporal  (pariéto-tempoi'al  des  vétérinaires  français).  Au  même  niveau,  à  2  centi- 
mètres en  arrière,  c'est-à-dire  au-dessus  et  en  arrière  du  rocher,  débouche  le  trou  mastoïdien 
divisé  en  deux  orifices  secondaires  par  une  petite  travée  osseuse  ;  ce  trou  mastoïdien  est  en 
communication  avec  un  conduit  creusé  dans  l'épaisseur  de  l'occipital,  lequel  s'ouvre  d'autre 
part  en  dedans  du  condyle  à  1  centimètre  au-dessus  du  trou  eondylien.  —  A  la  base  du  crâne, 
sur  le  côlé  de  l'apoph^-se  basilaire,  on  voit  s'ouvrir  les  deux  trous  déchirés,  antérieur  et  pos- 
térieur, entre  lesquels  existe  une  profonde  scissure,  comprise  entre  le  rocher  et  ladite  apo- 
physe, la  scissure  carotidienne,  qui,  dans  les  carnivores  et  dans  l'homme,  est  convertie  en 
un  canal  complet. 

Interpariétal.  —  Je  n'ai  pas  trouvé  d'interpariétal  distinct,  même  sur  le  crâne  d'un 
jeune  dromadaire  de  quelques  mois  qu'il  m'a  été  donné  d'étudier.  Mais,  par  analogie  avec  ce 
qui  se  passe  chez  les  autres  ruminants,  notamment  les  lamas,  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  existe 
chez  le  fœtus  et  qu'il  se  soude  très  rapidement  après  la  naissance  avec  les  os  voisins,  surtout 
avec  les  pariétaux.  C'est  à  lui  qu'appartient,  comnie  toujours,  la  protubérance  dite  impro- 
prement occipitale  interne. 

Pariétal.  —  Le  pariétal  forme,  comme  chez  l'homme,  les  solipèdes,  les  carnivores, 
la  plus  grande  partie  de  la  voiîte  du  crâne  ;  mais,  extérieurement,  il  est  relativement  étroit, 
car  l'écaillé  du  temporal  le  couvre  en  partie.  Il  présente  sur  la  ligne  médiane  une  crête 
sagittale  susceptible  d'un  très  fort  développement  chez  les  individus  âgés,  principalement 
dans  l'espèce  du  dromadaii'e,  crête  s'élevant jusqu'au  sommet  delà  protubérance  occipitale, 
et  se  bifurquant  en  avant  pour  venir  se  perdre  à  la  naissance  des  apophyses  sus-orbitaires 
du  frontal. 

En  avant  et  de  chaque  côté,  le  pariétal  se  prolonge  par  une  pointe  qui  s'enclave  entre 
l'écaillé  du  temporal  et  l'aile  orbitaire  du  sphénoïde,  jusqu'en  bas  de  la  fosse  temporale. 

A  sa  surface  extéi^ieure,  on  voit  ordinairement  de  chaque  côté  un  ou  deux  petits  orifices 
veineux. 

Du  côté  de  l'intérieur  du  crâne,  on  remarque  une  gouttière  sagittale,  ainsi  que  les 
empreintes  très  accusées  des  circonvolutions  cérébrales  et  de  quelques  vaisseaux.  Nous  avons 
déjà  dit  que,  en  arrière,  le  pariétal  s'adosse  au  rocher  et  forme  une  crête  descendant  de  l'endi- 
nion,  où  s'attache  la  tente  du  cervelet. 

Frontal.  —  Le  frontal  des  chameaux  contraste  avec  celui  du  bœuf;  sa  largeur, 
mesurée  au  niveau  des  arcades  orbitaires,  est  à  peu  près  donlde  de  sa  hauteur  mesurée  de  la 
suture  pariétale  à  la  suture  nasale.  Il  est  légèrement  déprimé  dans  son  milieu,  la  tête  étant 
toujours  camuse;  tandis  qu'il  proémine  latéralement  au-dessus  des  orbites.  Les  apophyses 
sus-orbitaires  sont  longues  et  fortes  comme  dans  les  solipèdes.  soudées  par  leur  extrémité  avec 
la  branche  orbitaire  du  zygomatique.  L'échancrure  sourcilière  est  étroite,  très  prof  aide. 
garnie  d'aspérités,  et  souvent  convertie  en  un  ou  plusieurs  trous.  Quant  au  comluit  sourcilier, 
il  s'ouvre,  d'une  part,  dans  l'orbite  à  la  base  de  l'apophyse  sus-orbitaire.  par  deux  ou  trois 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


17 


orifices,  d'autre  part,  à  1  centimètre  environ  de  la  suture  mêdio-frontale,  par  un  orifice  assez 
large  mais  non  suivi  de  sillon. 

La  partie  de  l'os  coudée  latéralement  entre  dans  la  constitution  de  l'orbite  et  de  la  fosse 
temporale,  dont  la  démarcation  est  établie  par  une  crête  assez  prononcée;  la  région  orbitaire 
est  déprimée,  parcourue  par  un  léger  sillon  qui  marque  la  place  du  grand  oblique  de  l'œil  et 
s'arrête  à  la  base  de  Tapophyse  orbitaire  au  point  d'intiexion  de  ce  muscle;  elle  est  séparée  de 
la  protubérance  maxillaire  par  une  profonde  gouttière  au  fond  de  laquelle  le  palatin  se  réflé- 
chit, gouttière  donnant  accès  au  conduit  dentaire  supérieur  et  logeant  l'artère  maxillaire 
interne  avec  le  nerf  maxillaire  supérieur. 


"     ",     -fa" 


1,  occ 


FiG.   5. 

squamosal  ;  9.  apophyse  zygoma- 
condiiit  temporal  ; 
qui  limite  en 
„  gouttière  (le  l'art,  maxillaire  interne;  iy,  apophyse  pterygoiae;  ïu,  païaiin;  xi,  irou  optique;  ^^,  u-ou  sphéno-palatin ; 
23  profonde  gouttière  aboutissant  au  conduit  dentaire  supérieur;  24,  25,  orifices  lacrymaux;  26,  aile  interne  de  1  apophyse 
ptérysoide-  27,  trou  vidien,  28,  corps  du  sphénoïde;  29,  trou  ovale;  30,  orifice  du  conduit  temporal;  31,  trou  sous-orbilaire  ; 
32,  trou  mastoïdien;  33,  oriHce  du  conduit  temporal;  34,  échancrure  sourciliere.  P,  crochet  incisit;  G.  canine;  jam',  crochet  pré- 
molaire; am',  première  arrière-molaire. 


Quand  on  examine  une  coupe  longitudinale  de  la  tête  (voy.  fig.  <>),  on  constate  que  le 
frontal  des  chameaux,  comme  celui  des  solipèdes,  est  à  cheval  sur  le  crâne  et  la  face,  et  que 
les  deux  lames  compactes  s'écartent  antérieurement  pour  donner  place  aux  sinus  frontaux; 
ceux-ci  sont  séparés  par  une  lame  médiane  tourmentée  mais  imperforée;  ils  ne  dépassent  pas 
en  arrière  la  suture  avec  le  pariétal,  tandis  que  par  côté  ils  s'étendent  dans  la  bosse  frontale 
jusqu'au  sein  de  l'apophyse  sus-orbitaire;  ils  s'ouvrent  chacun  dans  le  méat  supérieur  de  la 
fosse  nasale  correspondante. 


Temporal.  —  A.  Écaille  —  L'écaillé  du  temporal,  dite  aussi  squamosal,  est  au  moins 
aussi  développée  que  dans  les  solipèdes,  avec  une  apophyse  zygomatique  étroite  et  très  écartée 
et  une  fosse  temporale  aussi  spacieuse  que  celle  d'un  Carnivore.  Cette  écaille  est  soudée  à  la 
portion  tympanique  ;  néanmoins  il  est  manifeste  que  l'apophyse  mastoïde  lui  appartient  en 
propre,  apophyse  peu  saillante  juxtaposée  au  tube  auditif. 

Nous  avons  dit  déjà  que  la  racine  supérieure  de  l'apophyse  zygomatique  s'unit  avec  la 

Arch.  Mus.  —  t.  VIll.  ^ 


18  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

ligne  courbe  supérieure  en  une  crête  aliforme,  légèrement  renversée  sur  la  face  nuchale  de 
l'occipital. 

Quant  à  la  racine  transverse  de  cette  même  apophyse,  elle  porte  la  surface  articulaire 
destinée  à  répondre  à  la  mandibule  (cavité  glénoïde),  surface  concave  en  tous  sens,  bornée 
en  arrière  par  une  large  et  forte  apophyse  post-glénoïde  de  2  i/2  à  3  centimètres  de  hauteur. 
Cette  cavité  articulaire,  constituée  à  la  manière  de  celle  d'un  Carnivore,  est  plus  spacieuse 
qu'il  ne  faudrait  pour  loger  le  condyle  de  la  mandibule  ;  c'est  ce  qui  permet  à  celle-ci  ses 
mouvements  étendus  dans  le  sens  horizontal  et  dans  le  sens  latéral. 

En  dedans  de  l'espèce  d'angle  dièdre  formé  par  la  cavité  glénoïde  et  l'apophyse  post- 
glénoïde,  contre  le  tympanique,  on  voit  un  vaste  orifice  donnant  accès  dans  le  conduit 
temporal  ;  un  autre  orifice  plus  petit,  souvent  double  ou  même  triple,  situé  en  arrière  de 
l'apophyse  précitée,  s'ouvre  également  dans  le  même  conduit. 

Le  canal  temporal  aboutit,  comme  nous  l'avons  vu,  dans  le  crâne,  en  bas  de  l'endmion. 
Il  s'ouvre,  sur  son  trajet,  dans  la  fosse  temporale,  par  deux  ou  trois  trous  plus  ou  moins  grands, 
dont  un  constant  situé  au-dessus  de  l'articulation  de  la  tempe. 

Nous  verrons,  à  propos  de  l'os  jugal,  comment  l'extrémité  de  l'apophyse  zygomatique 
s'enclave  dans  une  mortaise  de  ce  dernier. 

B.  Tympanique.  —  Le  tympanique  forme  :  1"  un  tube  auditif  à  peine  saillant,  moins 
ouvert  que  dans  le  bœuf  et  aplati  d'avant  en  arrière  ;  2°  une  bulle  tympanique  très  développée 
mais  fortement  aplatie  ;  3°  une  courte  apophyse  pour  l'attache  des  muscles  péristaphylins, 
à  la  base  de  laquelle  ou  voit  l'ouverture  d'origine  de  la  trompe  d'Eustache  ;  4"  une  gaine 
profonde  qui  enveloppe  rarthro-h3-al. 

Le  tympanique  se  soude  au  squamosal,  au  rocher,  au  sphénoïde,  à  l'apophyse  basilaire, 
et  à  l'apophyse  jugulaire;  mais  en  certains  points  cette  soudure  tarde  longtemps  à  s'effectuer. 
C'est  dans  l'angle  d'union  du  tympanique  avec  l'apophyse  jugulaire,  sous  l'apophyse 
mastoïde,  que  débouche  l'aqueduc  de  Fallope  donnant  issue  au  nerf  de  la  VIP  paire. 

C.  Rocher.  —  Le  rocher  ou  portion  pétrée  se  montre  à  l'intérieur  du  crâne,  sur  la 
paroi  latérale  de  la  cavité  cérébelleuse;  il  ne  forme  pas,  comme  dans  le  bœuf,  un  coin  enclavé 
entre  le  cerveau  et  le  cervelet,  il  est  presque  plan;  en  outre,  il  présente  deux  orifices 
distants  de  1  centimètre  environ;  l'inférieur,  double  à  son  fond,  sert  d'entrée  au  nerf 
de  la  VHP  paille  ;  le  supérieur  appartient  à  l'aqueduc  de  Fallope,  qui  est  ainsi  séparé  de 
l'hiatus  auditif  interne. 

Sphénoïde.  —  Le  corps  du  sphénoïde  est  beaucoup  plus  large  que  dans  le  bœuf;  il 
continue  en  ligne  droite  la  direction  de  l'apophyse  basilaire.  Le  trou  ovale  est  indépendant 
du  trou  déchiré  antérieur;  il  est  percé  à  1  centimètre  en  avant,  en  dedans  de  la  cavité 
glénoïde  du  temporal,  et  relativement  petit.  Il  n'existe  pas  de  trou  petit  rond.  La  scissure 
vidienne  est  très  prononcée  ;  on  la  voit  longer  le  corps  du  sphénoïde  par  côté,  depuis  le 
trou  déchiré  antérieur  jusqu'à  un  trou  qui  traverse  l'apophyse  ptérygo-palatine  à  sa  base. 

Les  apophyses  ptérygoïdes  n'ont  pas  plus  de  2  centimètres  de  largeur,  mais,  soudées  avec 
les  apophyses  des  palatins,  elles  forment  les  deux  grandes  lames  qui  bordent  l'orifice  guttural 
par  côté,  lames  beaucoup  plus  écartées  et  divergentes  que  dans  le  bœuf.  J'ai  mesuré,  entre  leurs 
ailes  internes,  48  millimètres  chez  un  chameau,  32  millimètres  chez  un  bœuf.  En  outre,  ces 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


19 


apophyses  sont  bifurquées  à  l'extrémité  (aile  externe,  aile  interne),  tandis  que,  dans  le  bœuf, 
elles  n'ont  qa'une  seule  pointe  terminale,  appartenant  au  ptérygoïdien. 

La  fente  sphénoïdale  et  le  trou  grand  rond  sont  confondus  en  un  orifice  plus  dilaté  que 
chez  le  boeuf,  mais  non  i-ecouvert  extérieurement,  comme  dans  ce  dernier,  d'une  lame  osseuse 
tranchante.  Toutefois,  immédiatement  en  arrière  de  cet  orifice,  on  remarque 'une  apophyse 
conique  qui  délimite,  avec  la  base  de  l'apophyse  ptérygoïde,  une  gouttière  où  passe  l'artère 
maxillaire  interne,  gouttière  tenant  lieu  du  conduit  sous-sphénoïdal  des  solipèdes. 

Le  conduit  optique  débouche  à  1  ou  2  centimètres  en  avant  du  trou  grand  rond,  et  se 
prolonge  par  une  scissure  dont  le  bord  supérieur  se  termine  en  aiguille  osseuse. 

L'aile  du  sphénoïde  n'est  pas  bifurquée,  comme  dans  le  boeuf,  en  une  partie  orbitaire  et 
une  partie  temporale;  elle  est  exclusivement  orbitaire,  et  allongée  suivant  l'axe  de  l'orbite,  qui 


Fis.  6. 

1,  cornet  supérieur;  ?.  coruet  moyen;  3,  coruet  inlërieur  avec  ses  deux  branches  a  et  b;  4,  volutes  de  l'ethmoïde  ;  ô,  sinus 
frontal;  6,  sinus  spliénoidal;  7,  palalin;  8,  apopliyse  ptérygoïde  du  sphénoïde;  9.  ptérygoïdien;  10,  trou  sphéno-palatin; 
li,  fosse  ethmoidale;  12,  trou  optit|ue;  13.  Irou  grand  rond  et  grande  fente  sphénoïdale  confondus;  14,  selle  lurcique; 
15,  trou  ovale;  16,  aqueduc  de  Fdllope  et  hiatus  audftrf  superposés;  17,  orifire  interne  du  conduit  temporal;  18,  trou  mastoï- 
dien; 18',  orifice  conimuniquant  avec  le  précédent;  l9,  trou  condylien  ;  20,  apophyse  jugulaire;  21,  bulle  tjinpanique;  22, 
orifice  antérieur  du  conduit  palatin. 


est  beaucoup  plus  profonde  que  dans  le  bœuf.  Le  trou  ethmoïdal  ou  orbitaire  est  percé  à 
l'extrémité  de  cette  aile,  contre  le  frontal,  parfois  même  à  travers  ce  dernier. 

Le  trou  nasal  ou  sphéno-palatin  est  très  grand,  de  contour  ovalaire,  situé  au  fond  d'une 
fosse  comprise  entre  la  protubérance  maxillaire  et  l'apophyse  palatine,  fosse  beaucoup  moins 
profonde  mais  plus  large  que  dans  le  bœuf. 

A  r intérieur  du  crâne,   le  sphénoïde  des  chameaux  offre  les  particularités  suivantes  : 

La  selle  turcique,  qui  est  si  profonde  dans  le  bœuf,  l'est  très  peu  dans  le  chameau  ;  elle  est 
séparée  de  la  gouttière  basilaire  par  un  petit  tubercule. 

En  dehors,  on  voit  une  large  gouttière  divisée  en  2  gouttières  secondaires  à  peine 
distinctes,  qui  aboutissent  antérieurement  au  trou  grand  rond,  trou  surmonté  d'une  lame 
osseuse  tranchante  de  1  centimètre  à  1  cm.  1/2  de  surplomb.  Le  trou  ovale  se  trouve 
percé  en  arrière  de  ladite  gouttière  à  quelques  millimètres  du  trou  déchiré  antérieur;  il  est 
continué  par  un  sillon  jusqu'au  bord  du  rocher. 

Plus  en  dehors  encore,  existent  une  faible  dépression  marquant  la  place  du  lobule 
piriforme  ou  mastoïde  du  cerveau,  enfin  des  empi-eintes  vasculaires  et  circonvolutionnaires. 

La  fossette  optique  ne  présente  rien  de  particulier. 

Sur  une  section  longitudinale  et  médiane,  on  constate  : 


20  RECIIEUCIIES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

1°  Que  les  deux  sphénoïdes,  antérieur  et  postérieur  ne  se  soudent  pas  ou  du  moins  se 
soudent  très  tard,  longtemps  après  que  s'est  faite  la  synostose  basilo-sphénoïdale  ; 

2°  Que  le  sphénoïde  antérieur  est  creusé  de  deux  sinus  latéraux  séparés  par  une  lame 
médiane  imperforée,  et  ouverts  dans  l'arrière-fond  des  cavités  nasales. 

Ptérygoïdien.  —  Le  ptérygoidien  forme  l'aile  interne  de  l'apophyse  ptérygoïde  ;  il  se 
soude  tardivement;  il  ne  s'étend  pas,  comme  dans  le  bœuf,  jusqu'à  la  base  de  l'apophyse 
ptérygoïde,  ou  du  moins  il  n'y  arrive  que  par  une  pointe  effilée  ;  par  conséquent  il  ne  couvre 
pas  la  scissure  vidienne. 

Vomer.  —  Le  vomer  est  tranchant  et  lamelleux  comme  dans  les  autres  ruminants;  sa 
rainure  pour  la  cloison  médiane  du  nez  est  très  profonde.  Il  est  à  peu  près  dans  le  prolonge- 
ment delà  ligne  basilo-sphénoïdale,  et  il  joint  la  voiïte  du  palais  à  2  ou  3  centimètres  seule- 
ment de  l'orifice  guttural;  tandis  que  dans  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre,  le  vomer  forme  un 
angle  très  marqué  avec  la  ligne  basilaire,  par  suite  d'une  sorte  de  ploiement  du  crâne  sur  la 
face,  et  ne  rejoint  la  voûte  palatine  que  loin  de  l'orifice  guttural. 

Ethmoïde.  —  La  lame  perpendiculaire  de  l'ethraoïde  et  la  cloison  cartilagineuse  qui  la 
continue  n'offrent  rien  de  particulier  chez  les  chameaux,  si  ce  n'est  que  l'apophyse  crista-galli 
est  très  épaisse.  Les  fosses  olfactives  nous  ont  paru  moins  étendues  et  moins  profondes  que 
dans  le  bœuf,  et  la  lame  criblée  à  trous  plus  fins. 

Quant  aux  volutes  et  à  la  lame  papyracée  qui  les  enveloppe  en  dehors,  elles  ressemblent 
à  celles  du  bœuf,  sauf  que  les  deux  volutes  supérieures  ont  pris  un  extrême  développement  et 
forment  un  troisième  et  un  quatrième  cornets  enclavés  entre  les  deux  autres,  ainsi  qu'on  va 
le  voir. 

Cornets.  —  Le  cornet  supérieur  est  relativement  peu  développé,  il  est  renflé  en  son 
milieu,  atténué  à  ses  deux  extrémités,  il  s'insère  comme  d'ordinaire  à  la  face  interne  de  l'os 
du  nez  et  s'étend  en  arrière  jusqu'à  la  lame  criblée. 

L'inférieur  a  été  comme  refoulé  et  infléchi  par  le  cornet  moyen  ;  il  se  dédouble 
antérieurement  ;  la  lame  papyracée  qui  le  constitue  s'insère  à  la  face  interne  du  maxillaire 
supérieur,  se  contourne  en  haut  et  en  bas  d'une  manière  inextricable,  et  forme  en  arrière  une 
sorte  de  cul-de-sac  logé  dans  une  fosse  ad  hoc  du  maxillaire. 

Le  cornet  moyen  part  de  la  lame  criblée,  comme  une  énorme  volute,  et  se  loge  dans  une 
profonde  dépression  de  l'inférieur;  quand  on  l'enlève,  on  découvre  un  quatrième  cornet  qu'on 
pourrait  appeler  cornet  moyen  profond,  et  qui  remplit  avec  le  supérieur  l'espace  résultant 
de  l'élargissement  de  la  tête  vers  l'orbite  ;  ce  cornet  moyen  profond  est  assimilable  aussi  à 
une  volute  dilatée  de  l'ethmoïde. 

Ce  développement  énorme  des  cornets  coïncide  avec  l'absence  complète  de  sinus  maxil- 
laires. 

Il  est  à  peine  besoin  de  dire  que  les  méats,  c'est-à-dire  les  intervalles  des  cornets,  sont 
com[)lexes,  extrêmement  profonds  et  diverticulés. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  21 

Palatin.  —  Le  palatin  s'étend  beaucoup  sur  le  palais,  comme  dans  le  b<euf;  mais  tandis 
que  dans  celui-ci  la  suture  d'union  avec  les  apophyses  palatines  des  maxillaires  supérieurs 
est  à  peu  près  transversale,  elle  décrit  un  demi-cercle  dans  les  chameaux. 

L'orifice  supérieur  du  conduit  palatin  se  trouve  à  1  cm.  50  au-dessous  du  trou  nasal, 
contre  la  suture  du  maxillaire;  ce  conduit  débouche  d'autre  part  sur  le  palais  en  dedans  de 
la  dernière  pré-molaire,  par  un  orifice  terminal,  et,  sur  différents  points  de  son  trajet,  par 
deux,  trois  ou  quatre  orifices  plus  petits  ;  il  est  moins  dilaté  que  dans  le  bœui",  et,  comme  dans 
ce  dernier,  n'est  pas  prolongé  par  un  sillon. 

A  remarquer  aussi  une  petite  épine  médiane  sur  le  contour  de  l'orifice  guttural,  et,  de 
chaque  côté  de  celui-ci,  une  forte  empreinte  rugueuse. 

Maxillaire  supérieur.  —  Le  maxillaire  supérieur  est  plus  étendu  que  dans  la  géné- 
ralité des  ruminants,  car  il  s'élève  jusque  vers  l'orbite  et  se  joint  au  l'rontal.  Il  ne  présente  pas 
d'épine. 

Le  trou  sous-orbitaire  est  spacieux,  situé  au-dessus  de  la  dernière  pré-molaire.  Au- 
devant  de  ce  trou  existe  une  très  forte  dépression,  qui  donne  au  chanfrein  une  forme  aplatie 
toute  particulière.  Le  maxillaire  supérieur  du  chameau  s'unit  au  sus-nasal  dans  toute  sa 
longueur,  et  finit  même  par  se  souder  avec  lui;  tandis  que,  dans  la  généralité  des  autres 
ruminants,  ces  os  n'ont  qu'un  contact  restreint  et  ne  se  soudent  que  très  rarement,  l'interpo- 
sition du  lacrymal  diminuant  l'étendue  de  ce  contact  et  séparant  le  maxillaire  du  frontal.  — 
Dans  les  chameaux,  la  protubérance  maxillaire  ne  forme  saillie  à  l'arrière  des  dents  qu'au- 
tant que  les  molaires  n'ont  pas  toutes  fait  éruption;  plus  tard,  elle  se  termine  à  peu  près 
au  ras  de  la  dernière  molaire,  sauf  une  petite  tubérosité  dite  alvéolaire  pour  l'attache  du 
buccinateur;  par  contre,  elle  proémine  plus  ou  moins  sur  le  planchei-  do  l'orbite,  en  dehors 
d'une  profonde  gouttière  qui  donne  accès  au  canal  dentaire  supérieur;  là,  le  maxillaire  s'unit 
au  palatin,  au  frontal,  au  lacrymal  et  au  zygomatique.  —  Les  apophyses  palatines  sont 
beaucoup  plus  étroites  que  dans  le  bœuf,  dont  le  palais  s'élargit  en  avant,  tandis  que  le  palais 
des  chameaux  est  extrêmement  rétréci  entre  les  deux  premières  molaires  (dont  l'écartement 
ne  dépasse  pas  4  centimètres  à  4  cm.  .50,  les  arcades  molaires  étant  très  convergentes 
antérieurement). 

Nous  avons  dit  plus  haut  (voir  palatin)  que  le  conduit  palatin  s'ouvre  très  avant  sur  le 
palais;  tandis  que  dans  le  bœuf  et  le  plus  grand  nombre  des  ruminants,  il  débouche  sur  le 
palatin  même  ou  à  la  jonction  de  cet  os  avec  les  apo[diyses  palatines  des  maxillaires  supé- 
rieures. 

11  n'existe  pas  de  sinus  palatins  dans  les  chameaux  comme  il  y  en  a  dans  les  bovidés  ; 
la  voûte  osseuse  du  palais  est  d'ailleurs  beaucoup  moins  épaisse. 

Intermaxillaire  ou  prémaxillaire,  os  incisif.  —  Contrairement  à  ce  que  l'on 
remarque  dans  beaucoup  de  ruminants,  l'intermaxillaire  arrive  à  se  souder  avec  le  maxillaire 
supérieur;  par  contre,  il  ne  se  soude  que  rarement  avec  son  congénère  de  l'autre  côté. 

Ensemble  ils  forment  une  sorte  d'ogive  étroite  et  aiguë,  dont  les  bords  rugueux  sont 
creusés  d'un  alvéole  pour  recevoir  une  incisive  en  forme  de  crochet  (i^),  et,  presque  toujours, 
aussi,  d'un  petit  follicule   contenant  un  rudiment  de  mitoyenne  (i*),  parfois  même  d'un 


82  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMKIJDES 

follicule  encore  plus  petit  ébaucliant  une  pince  (i').  Les  apophyses  montantes  n'atteignent 
pas  l'os  du  nez.  Elles  présentent  un  Lord  mince  et  presque  tranchant,  pour  circonscrire  l'entrée 
des  fosses  nasales.  Les  apophyses  palatines  sont  très  courtes,  les  fentes  palatines  peu  dévelop- 
pées. Le  corps  de  l'os  n'est  pas,  comme  dans  les  ruminants  dépourvus  d'incisives  supé- 
rieures, réduit  à  une  mince  arcade  transverse  joignant  les  apopliyses  de  chaque  côté;  il 
présente  quelque  longueur  et  vme  certaine  épaisseur;  il  est  creusé  supérieurement  d'une 
rainure  prolongeant  celle  du  vomer  et  aboutissant  à  une  échancrure  terminale. 

Os  du  nez.  —  Les  os  nasaux  ou  sus-nasaux  finissent  par  se  souder  entre  eux  ainsi 
qu'avec  les  maxillaires  supérieurs  et  le  frontal,  ce  qui  ne  se  produit  pas  dans  la  généralité 
des  ruminants.  Ces  os  ne  se  prolongent  pas  au-dessus  de  l'entrée  des  fosses  nasales;  ils  sont 
au  contraire  échancrés  à  l'extrémité  :  disposition  qui  rappelle  celle  des  carnivores. 

Au  point  de  jonction  du  sus-nasal,  du  frontal  et  du  maxillaire  supérieur,  on  remarque 
une  solution  de  continuité,  sorte  de  fontanelle  plus  ou  moins  développée. 

Zygomatique.  —  Le  zygomatique  ou  jugal  présente  une  portion  infra-orbitairo  beau- 
coup moins  développée  que  dans  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre,  etc.,  de  telle  sorte  que  le 
maxillaire  supérieur  arrive  à  une  très  petite  distance  du  sourcil  de  l'orbite.  La  crête  niassé- 
térique  est  beaucoup  moins  prolongée  et  moins  saillante  que  dans  les  espèces  précitées;  ainsi, 
elle  se  termine  au-dessus  de  la  première  arrière-molaire  chez  le  bœuf,  au-dessus  de  la 
deuxième  chez  les  chameaux.  D'autre  part,  cette  crête  est  beaucoup  moins  distante  des 
processus  alvéolaires  dans  ceux-ci  que  dans  celui-là  (7  à  8  centimètres,  bœuf;  3  à  5  centimè- 
tres, chameau). 

A  l'intérieur  de  l'orbite,  le  zygomatique  se  soude  avec  la  protubérance  maxillaire,  tandis 
que,  chez  le  bœuf,  il  en  est  séparé  par  la  bulle  lacrymale.  Son  sommet  est  bifurqué  comme 
dans  les  autres  ruminants;  la  branche  verticale  se  soude  de  bonne  heure  avec  l'apophyse  sus- 
orbitaire,  la  branche  horizontale  est  taillée  en  un  long  biseau  appliqué  sous  l'apophyse  zygo- 
matique, mais  ne  se  soude  que  fort  tard  avec  elle;  elle  présente  en  outre  une  profonde 
entaille  pour  recevoir  l'extrémité  de  celle-ci. 

Lacrymal.  —  Le  lacrymal  contraste  par  sa  petitesse  avec  l'extrême  développement 
qu'il  présente  chez  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre  et  le  plus  grand  nombre  des  ruminants;  le 
nom  d'os  unguis  qu'on  lui  donne  chez  l'homme  pourrait  ici  lui  convenir.  En  effet,  sa  portion 
extra-orbitraire  atteint  à  peine  i  centimètre  à  1  cm.  1/2  de  largeur,  en  sorte  que  le  frontal 
se  met  largement  en  contact  avec  le  maxillaire  supérieur,  tandis  que  ces  deux  os  sont 
séparés  par  le  lacrymal  dans  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre,  le  porc,  les  solipèdes,  etc. 

Le  bord  du  lacrymal  qui  fait  sourcil  à  l'orbite  est,  comme  dans  le  bœuf,  garni  d'aspérités. 

Quant  à  la  portion  intra-orbitraire  de  cet  os,  elle  est  peu  développée  aussi;  elle  ne  forme 
pas  cette  énorme  bulle  qu'on  observe  dans  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre  etc.,  et  qui  sépare  le 
frontal  du  maxillaire  supérieur,  os  qui,  dans  les  chameaux,  prennent  contact  entre  le  lacrymal 
et  le  palatin. 

C'est  à  la  jonction  du  lacrymal,  du  frontal  et  du  maxillaire  que  l'on  voit  l'enti'ée  du 
canal  dentaire  supérieur,  entrée  suivie,  comme  nous  l'avons  dit  déjà,  d'une  profonde  goût- 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  23 

tière.  —  La  portion  intraorbitaire  du  lacrymal  porte  une  fossette  lacrymale  au  fond  de 
laquelle  débouche  un  conduit  lacrymal.  Un  deuxième  conduit  lacrymal  s'ouvre  à  quelques 
millimètres  du  sourcil  orbitaire.  L'un  et  l'autre  aboutissent  indépendamment  dans  la  fosse 
nasale  ;  le  dernier  se  continue  jusqu'à  l'entrée  de  cette  fosse  par  un  sillon  que  l'on  voit 
à  la  face  interne  du  maxillaire  supérieur. 

Maxillaire  inférieur.  —  Par  exception  à  ce  que  l'on  remarque  généralement  dans 
les  ruminants,  les  deux  parties  de  la  mandibule  se  soudent  hâtivement. 

Chacune  d'elles  comprend  :  une  branche  horizontale  très  longue  et  très  épaisse,  mais 
étroite,  à  bords  à  peu  près  rectilignes  ;  une  branche  montante  limitée  en  arrière  par  un  bord 
mince  et  rugueux,  déjeté  en  dehors,  qui  décrit  un  quart  de  cercle  et  se  termine  en  une  apo- 
physe pointue,  en  bas  d'une  profonde  échancrure  sous-condylienne  :  disposition  que  l'on 
retrouve  dans  beaucoup  de  carnivores.  Le  condyle  rappelle  celui  du  porc,  sauf  qu'il  est  plus 
large;  il  est  triangulaire,  acuminé  en  dedans,  convexe  en  tous  sens  mais  principalement 
d'avant  en  arrière.  L'apophyse  coronoïde  est  très  épaisse,  très  élevée,  divergente  avec  le  con- 
dyle et  plus  ou  moins  recourbée  en  arrière  à  l'extrémité. 

L'orifice  supérieur  du  canal  dentaire  est  très  large,  continué  à  la  surface  de  l'os  par  une 
scissure  myléenne  manifeste,  couverte,  à  l'origine,  d'une  épine  de  Spix.  Ce  canal  débouche 
d'autre  part  extérieurement  :  1°  par  un  trou  mentonnier  situé  au-dessous  du  crochet  pré- 
molaire; 2°  par  un  autre  trou  plus  petit,  sous  la  dernière  prémolaire. 

Le  corps  ou  partie  indivise  du  maxillaire  inférieur  est  très  long  (10  à  12  centimètres) 
mais  étroit;  il  est  excavé  en  une  profonde  gouttière  sur  sa  face  supérieure,  et  creusé  d'al- 
véoles sur  son  bord  pour  recevoir  six  incisives,  deux  canines,  et  souvent  aussi  deux 
crochets  prémolaires. 


TÈTE  EN  GÉNÉRAL,  MOINS  LA  MANDIBULE 

Un  coup  d'œil  jeté  sur  les  figures  précédentes  nous  dispensera  d'une  longue  description. 

Vue  par  sa  face  frontale,  la  tête  des  chameaux  ressemblerait  assez  bien  à  une  tête  de 
Carnivore,  n'était  l'entrée  de  l'orbite  qui  est  complètement  fermée  au  lieu  d'être  interrompue. 

La  longueur,  mesurée  de  la  protubérance  occipitale  à  l'extrémité  des  os  incisifs,  est 
en  moyenne  de  50  à  55  centimètres,  dont  20  centimètres  environ  pour  le  crâne.  (Une  ligne 
transversale  joignant  les  extrémités  des  apophyses  sus-orbiti'aires  à  leur  contact  de  l'arcade 
zygomatique  donne  assez  exactement  la  limite  antérieure  de  la  cavité  crânienne.) 

La  largeur  maximum  prise  au  niveau  des  arcades  zygomatiques  atteint  presque  la  moitié 
delà  longueur.  La  larcjeur  maximum  de  la  boîte  crânienne  est  de  11  à  12  centimètres.  La 
largeur  minimum  du  chanfrein  est  d'environ  6  centimètres. 

L'entrée  de  l'orbite  est  assez  exactement  à  mi-longueur  de  la  tête. 

A  l'examen  d'une  coupe  longitudinale,  deux  choses  frappent  immédiatement  l'attention  : 

1°  L'exact  alignement  du  crâne  et  de  la  face  :  le  vomer  continue  en  ligne  droite  la  direc- 
tion du  centrum  basilo-sphénoïdal,  et  la  voûte  palatine  est  sensiblement  parallèle  à  ce  même 
centrum;  tandis  que,  dans  le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre  et  le  plus  grand  nombre  des  rumi- 


24  REGHERGIIES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

nants,  le  crâne  est  ployé  sur  la  face,  de  telle  sorte  que  la  ligne  basilo-sphënoïdale  et  la  ligne  du 
vomer  forment  un  angle  de  110  à  130  degrés; 

2°  Le  grand  développement  de  la  cavité  crânienne  relativement  aux  ruminants  domes- 
tiques de  nos  pays.  J'ai  mesuré  chez  un  chameau  et  chez  un  boeuf  approximativement  de 
même  poids  : 

De  l'apophyse  crista-galli  au  bord  supérieur  du  trou  occipital  :  106  millimètres  chameau; 
139  millimètres  bœuf;  du  trou  optique  au  milieu  de  la  voûte  cérébrale  :  88  millimètres  chameau  ; 
77  millimètres  bœuf. 

La  capacité  crânienne  du  même  chameau  a  été  de  800  centimètres  cubes,  tandis  que 
celle  du  bœuf  mis  en  parallèle  a  été  de  650  centimètres  cubes  seulement. 

^Modifications  apportées  pae  l'âge.  —  Dans  le  jeune  âge,  le  crâne  se  fait  remarquer 
par  sa  forme  arrondie  et  proéminente;  la  protubérance  occipitale  et  les  lignes  courbes  supé- 
rieures sont  très  peu  saillantes;  la  crête  sagittale  est  nulle;  le  frontal  est  fortement  déprimé 
sur  la  ligne  médiane;  les  sus-nasaux  sont  très  courts,  et  cette  brièveté  se  remarque  en  général 
dans  tous  les  os  de  la  face;  la  bulle  tympanique  est  beaucoup  moins  aplatie  qu'elle  ne  le  sera 
plus  tard  ;  la  protubérance  maxillaire  est  très  forte,  car  c'est  à  son  intérieur  que  se  dévelop- 
peront successivement  les  trois  arrière-molaires;  le  bord  inférieur  des  branches  mandibulaires 
est  fortement  convexe  depuis  l'apophyse  sous-condylienne  jusqu'à  la  symphyse;  il  n'y  a  pas 
encore  de  portion  horizontale  et  de  portion  montante  ].)ien  distinctes. 

C'est  avec  le  temps  que  la  tète  prend  peu  à  peu  les  caractères  que  nous  avons  fait 
connaître,  que,  notamment,  le  crâne  se  relève  d'une  crête  sagittale,  que  la  protubérance  occi- 
pitale et  les  lignes  courbes  supérieures  s'accentuent  de  plus  en  plus,  que  les  fosses  temporales 
s'excavent  et  prennent  la  grande  étendue  de  l'âge  adulte,  que  les  os  du  nez  et  tous  les  os 
de  la  face  s'allongent,  que  les  angles  de  la  mâchoire  inférieure  se  forment  etc.,  etc. 

La  plupart  des  sutures  finissent  par  s'effacer,  aussi  bien  celles  de  la  face  que  celles  du 
crâne,  et  cette  synostose,  complète  ou  presque  complète  et  relativement  précoce,  est  un  des 
traits  distinctifs  de  la  tête  des  chameaux. 

DEMS  ET  1)EMITR).N 

Bien  que  les  dents  appartiennent  à  l'appareil  digestif  et  que  leur  mode  de  développement 
les  sépare  nettement  des  os,  nous  rattacherons  leur  description  au  squelette  pour  ne  pas  les 
séparer  des  mâchoires  avec  lesquelles  elles  évoluent  solidairement. 

La  formule  de  la  dentition  d'adulte  des  chameaux  est  '  : 

0.    0,   3"  1  1-^  —   3^  4<-  i\  2%  3« 

me.  — i — H — FT-  ;  can.  -r-;  pm.    t- — r—  ;  am.  -; — .^„  ..     . 

1%  2%  3"  1  ^         1*^  —  0,  4'^  1%  2",  3" 

Les  Camélidés  se  distinguent  donc  essentiellement  des  autres  ruminants  par  l'existence 
d'incisives  à  la  mâchoire  supérieure  et  de  canines  aux  deux  mâchoires,  ainsi  que  par  leur  pre- 
mière prémolaire  (pm.  ')  qui  s'isole  de  ses  congénères  et  simule  une  autre  canine  en  arrière  de 
la  véritable. 

3       14  3 

'Cette  formule  est  rapportée  à  l'archétype  d'Oweii  i— ,c     ,  pm.    -,  am.  _  .  Chaque  dent  j' est  numérotée  à 

son  rans  d'avant  en  ari'ière. 


CHAMEAU  A  DEUX~BOSSKS 


25 


Incisives.  —  Dans  l'animal  adulte,  les  incisives  sont  au  nombre  de  six  à  la  mâchoire 
inférieure,  de  deux  à  la  supérieure.  Celles-ci  sont  placées  de  chaque  côté  et  représentent  les 
coins  (i^);  les  pinces  (i')  et  les  mitoyennes  supérieures  (i'),  ne  se  développent  pas  dans  la 


FiG.  7. 

i    2,  3,4.  5,  prémolaires  sériées  et  arriére-molaires.    I.    incisives  inférieures;  i.    crochet  incisif  de  la  mâchoire    supérieure; 
''    'c' canines;  j)m,  crochets  prémolaires;  m,  trou  mentoimier;  m',  autre  oririce  du  conduit  .ientaire  inférieur;  c,  condyle 
oc'cipit.;  J,' apophyse  jugul  lire;  t,  balle  tyiiipaïuque;  <ip,  apophyse  sons-condylienne  du  maxillaire  inférieur. 


deuxième  dentition  ou  plutôt  elles  avortent  dans  leurs  follicules.  Les  coins  supérieurs  ont  la 
forme  de  crochets  incurvés  en  arrière  ;  n'était  leur  implantation  dans  l'os  incisif,  on  les 
prendrait  pour  de  petites  canines;  elles  se  placent,  lorsque  la  bouche  est  fermée,  entre  les 
canines  et  les  coins  inférieurs.  .       ^   • 

Les  incisives  inférieures  se  relèvent  contre  la  mâ- 
choire opposée  comme  celles  du  mouton  et  de  la  chèvre  ; 
elles  sont  solidement  enchâssées  et  chevauchent  l'une 
sur  l'autre  dans  l'arcade  étroite  qu'elles  constituent, 
comme  le  montre  la  figure  S. 

Les  incisives  de  la  première  dentition  sont  très 
différentes  de  celles  de  la  deuxième  (fig.  10  et  11). 
A  la  mâchoire  supérieure,  on  trouve  des  mitoyennes  et 
des  coins  extrêmement  rudimentaires,  très  faciles  à 
arracher;  les  pinces  avortent  dans  leurs  follicules  où 
on  les  trouve  à  l'état  de  granules  éburnés.  A  la  mâ- 
choire inférieure,  existent  huit  incisives  de  lait  au  lieu 
de  six,  par  suite  de  la  transformation  des  canines  qui  se 
sont  jointes  aux  six  incisives  véritables  et  en  ont  pris  exactement  la  forme;  il  s'ensuit 
que  les  vrais  coins  sont  passés  à  l'état  de  deuxièmes  mitoyennes.  Toutefois  on  observe 
assez  souvent  un  intervalle  entre  la  dernière  incisive  et  la  canine  incisiforme. 

Aroii.  Mus.  —  t    VIII. 


Fig.  8.  —  Extrémité  de    la  MACHome 

INFÉRIEURE. 

1,  pince;  2,  mitoyenne;  3,  coin;  4.  canine. 


26 


RECHERCHES  ANATOMIOUES  SUR  LES  CAMELIDES 


Canines.  —  Les  canines  forment  chez  l'adulte  quatre  crocs  volumineux  comparables 
à  ceux  d'un  Carnivore;  leur  partie  libre  atteint  3  centimètres  à  3  cm.  1/2  de  longueur.  Dans 
l'état  d'occlusion  de  la  bouche,  les  supérieures  se  placent  en  arrière  des  inférieures  sans  user 
contre  elles.  —  Les  canines  des  femelles  sont  un  peu  moins  développées  en  général  que  celles 
des  mâles;  mais  la  différence  n'est  pas  toujours  très  accusée. 

Quant  aux  canines  de  lait,  nous  avons  déjà  parlé  des  inférieures  comme  constituant  les 
coins  de  l'arcade  incisive;  les  supérieures  existent  aussi,  mais  peu  volumineuses  et  sous  la 
forme  conoïde,  il  est  exceptionnel  de  leur  voir  prendre  la  forme  d'une  incisive.  Le  dimor- 
phisrae  des  canines  de  première  et  de  deuxième  dentition  est  très  remarquable  ;  il  démontre 
bien  que  les  coins  des  ruminants  à  huit  incisives  ne  sont  que. des  canines  transformées. 


>] 


I . 


a 


m 


I 


c 


Molaires.  —  Les  molaires  d'adulte  sont  au  nombre  de  six  de  chaque  côté,  à  la  mâchoire 
supérieure,  de  5  seulement  à  l'inférieure.  La  première  s'isole  sur  la  barre  et  vient  se  placer 

à  1  centimètre  ou  2  de  la  canine,  dont  elle  prend  la 
forme.  Parmi  les  autres  restant  en  série,  on  compte  : 
trois  arrière-molaires  ou  molaires  permanentes  à  l'une 
et  à  l'autre  mâchoire,  deux  prémolaires  à  la  supérieure, 
une  seule  à  l'inférieure. 

Les  arcades  molaires  sont  très  convergentes  anté- 
rieurement, aux  deux  mâchoires. 

Les  arrière-molaires  se  font  remarquer  par  leur 
énorme  volume  et  la  place  tout  à  fait  prépondérante 
qu'elles  tiennent  dans  chaque  arcade;  les  supérieures  ont 
quatre  racines,  les  inférieures  deux  seulement.  Par  leur 
forme  elles  se  rapprochent  beaucoup  de  celles  du  mou- 
ton et  de  la  chèvre,  vu  l'absence  de  colonnette  interlo- 
baire  et  l'aplatissement  de  leur  muraille  (voy.  tig.  9). 
Quant  aux  prémolaires  en  série,  l'unique  de  la 
mâchoire  inférieure  ressemble  à  la  deuxième  prémo- 
laire inférieure  des  autres  ruminants;  tandis  que  les 
deux  de  la  mâchoire  supérieure  rappellent  assez  exac- 
tement les  deux  premières  prémolaires  supérieures  des 
autres  ruminants. 

Restent  les  prémolaires  caniniformes.  En  haut, 
elles  constituent  une  troisième  paire  de  crochets,  sensi- 
blement plus  développés  chez  les  mâles  que  chez  les 
femelles  et  beaucoup  moins  inconstants  qu'on  l'a  prétendu,  car  sur  vingt-cinq  têtes  examinées, 
je  l'ai  trouvée  vingt-deux  fois.  Leur  saillie  dans  la  bouche  est  de  1  à  2  centimètres.  —  En 
bas,  ces  dents  forment  une  deuxième  paire  de  crochets,  situés  en  regard  de  leurs  homologues 
supérieurs  mais  n'arrivant  jamais  à  leur  contact;  leur  développement  est  très  variable  dans 
l'un  et  dans  l'autre  sexe  :  tantôt  elles  sont  à  peine  apparentes,  tantôt  elles  font  une  saillie  de 
12  à  15  millimètres,  tantôt  enfin  elles  paraissent  manquer.  Sur  vingt-sept  mâchoires  infé- 
rieures examinées,  treize  étaient  pourvues  de  la  prémolaire  caniniforme  des  deux  côtés,  cinq 


FiG.  9.  —  Arcade  molaire  supérieure   gau- 
che   ET   arcade    molaire    INFÉRIEURE    GAUCHE 

d'adulte. 

(iïH'.  am'~.  am^,  arriéiv-raolaires; 
pin,  prê-inolaire. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


27 


ne  l'avaient  que  d'un  côté,  enfin  neuf  ne  la  montraient  ni  d'un  côté  ni  de  l'autre.  Mais,  chose 
curieuse,  la  place  de  la  dent  non  apparente  est  marquée  sur  le  bord  maxillaire  par  un  léger 
gonflement  percé  d'un  iter  dentis;  en  creusant,  je  l'ai  toujours  trouvée  incluse  dans  l'os  et 
assez  bien  formée.  Cette  incarcération  est  souvent  la  conséquence  de  déviations  qui  lui  ont 
fait  perdre  son  iter  dentis;  il  n'est  pas  rare  de  la  trouver  la  pointe  en  bas,  sous  la  racine 
de  la  canine.  Certain  auteur,  croyant  à  l'absence  complète  de  la  dent  non  apparente,  avait 


FiQ.  10.  —  Première  dentition,  mâchoire  supérieure. 

t'ï,  follicule  de  la  pince;  f-.  mitoyenne;  i^,  coin;  ra,  canine;  pm^. 
place  du  futur  crochet  prémolaire;  1.2.  3.  molaires  de  lait;  ani^. 
follicule  de  la  première  arrière-molaire.  V,  vomei*;  p,  palatins; 
p',  apophyses  palatines  des  sus-maxillaires;  0,  orbites. 


FiG.  11. 


Première  dentition,  mâchoire  inférieure. 


i',  pince;  i-,  mitoyenne;  i',  coin;  ca,  canine;  pmK  place 
du  futur  crochet  '  prémolaire  ;  1,  2,  molaires  de  lait;  am'^, 
follicule  de  la  première  arriére-mol.iire. 


VU  là  une  différence  sexuelle;  il  n'en  est  rien;  l'inclusion  peut  s'observer  dans  les  mâles 
comme  dans  les  femelles. 

A  l'une  et  à  l'autre  mâchoire,  les  prémolaires  caniniformes  sont  monophysaires;  elles 
n'existent  pas  dans  la  première  dentition. 

Les  molaires  de  lait  sont  au  nombre  de  trois  de  chaque  côté  à  la  mâchoire  supérieure,  de 
deux  à  l'inférieure  ;  elles  représentent  en  raccourci  l'ensemble  des  molaires  de  deuxième 
dentition  et  non  pas  seulement  les  molaires  remplaçantes.  Les  supérieures  ressemblent  beau- 
coup, comme  forme,  â  celles  du  mouton  et  de  la  chèvre,  à  l'exception  de  la  première  qui  n'a 
point  de  cavité  à  l'extrémité  libre  et  est  à  l'état  de  dent  tranchante.  La  deuxième  inférieure 
rappelle  exactement  la  troisième  de  l'agneau  ou  du  chevreau,  avec  ses  trois  lolîes  et  ses  trois 
cavités  qui  vont  en  augmentant  d'avant  en  arrière.  Quant  à  la  première  inférieure,  elle  n'est 


28 


REGIIEUCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


comparable  ni  à  la  première  ni  à  la  deuxième  des  autres  ruminants;  elle  participe  de  l'une 
et  de  l'autre  par  sa  forme  et  son  volume;  elle  est  très  aplatie  et  tranchante. 

La  première  molaire  de  lait  à  chaque  mâchoire  n'est  pas  remplacée,  et  c'est  ainsi  qu'il  n'y 
a  pas  parité  de  nombre  entre  les  molaires  de  première  dentition  et  les  molaires  reniplaçantes. 
Il  n'est  pas  rare  qu'elle  persiste  plus  ou  moins  longtemps  après  le  remplacement  des  suivan- 
tes, et  alors  on  pourrait  croire,  après  un  examen  superficiel,  que  la  dentition  de  l'adulte  com- 
prend trois  pré-molaires  sériées  en  haut  et  deux  en  bas'. 


Dates  d'éruption.  —  La  chronologie  dentaire  n'est  un  peu  connue  que  dans  l'espèce 
du  dromadaire;  mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu'elle  n'est  pas  différente  dans  le  chameau  de 
Bactriane. 

La  science  est  redevable  de  ce  que  l'on  sait  sur  ce  sujet  à  des  vétérinaires  militaires 
qui  ont  séjourné  dans  nos  colonies  d'Afrique  et  l'ont  recueilli  eux-mêmes  des  Arabes  chame- 
liers (Vallon,  Monod,  Boisse);  nous-mème  avons  pu  déduire  quelques  données  intéressantes 
de  l'examen  d'une  trentaine  de  paires  de  mâchoires  que  possèdent  les  collections  d'anatomie 
de  l'école  vétérinaire  de  Lyon  ainsi  que  de  l'étude  de  la  dentition  de  deux  dromadaires  d'âge 
connu,  morts  au  Parc  de  la  Tète-d'Or.  Tout  cela  est  exposé  dans  le  tableau  synoptique 
suivant. 

Dates  d'éruption  des  dents  des  chameaux. 


Cad. 


1  mois 


Rempl. 


MITOYENNES 


Cad. 


Rempl. 


Cad. 


6  mois 


Rempi. 


bans. 


Cad. 


iOmois 


Rempl. 


6  ans  1/2 


PHi; 

MOLAIRES 
CANINI- 
FOBMES 


6  à  7  ans 


MOLAIRES 
CADUQUES 


3  à  6  mois.  La 
Ijremièie 
toujours 
retard. 


du 


MOLAIRES 
REMPLA- 
ÇANTES 


2  à  3  ans  3  à  4  ans 


5à6ans 


Nota.  —  Nous  ne  donnons  ces  dates  que  comme  approximativement  exactes,  certaines  auraient  besoin  de  confirmation. 


Anomalies.  — •  Les  anomalies  dentaires  sont  communes  dans  les  chameaux.  —  Nous 
avons  signalé  plus  haut  l'inclusion  fréquente  du  crochet  prémolaire  inférieur,  et  l'absence 
beaucoup  plus  rare  du  crochet  prémolaire  supérieur.  Par  contre,  les  crochets  incisifs  de  la 
mâchoire  supérieure  existaient  chez  tous  les  sujets  que  nous  avons  examinés,  mâles  ou 
femelles;  c'est  donc  une  erreur  de  dire,  comme  M.  Monod,  que  ces  dents  manquent  générale- 
ment aux  femelles. 


'  Si  l'on  voulait  exprimer  dans  la  formule  dentaire  la  persistance  de  la  première  molaire  de  lait  dans  la 
deuxième  dentition,  il  faudrait  employer  la  méthode  de  Rietsch  consistant  à  numéroter  les  dents  de  lait  par  des 
chiffres  arabes,  et  les  dents  d'adulte  par  des  chiffres  romains  ;  on  aurait  ainsi  : 

0,   0.   III'  I  P— 2.  IIP.  IV"  IMIMII» 


pm. 


;  j  «"m. 


IMP,  III'--   '        •    1   '   ^    '    1«— 0,   .r,    IV»'  1»,  IIMIl" 

Beaucoup  d'auteurs  attribuent  aux  chameaux  actuels  adultes  deux  pré-molaires  sériées  à  la  mâchoire  inférieure 
comme  à  la  supérieure,  en  ajoutant  toutefois  que  la  première  est  une  dent  fruste  et  précocement  caduque.  En  réalité, 
il  ne  s'agit  le  plus  souvent  que  de  la  première  molaire  de  lait  qui,  n'étant  pas  remplacée,  persiste  plus  ou  moins  long- 
temps dans  la  deuxième  dentition.  Gela  peut  d'ailleurs  se  produire  aussi  à  la  mâchoire  supérieure,  et  donner  l'illusion 
de  trois  pré -molaires  en  série. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


29 


Une  autre  anomalie  assez  fréquente  consiste  dans  l'atrophie  plus  ou  moins  considéra- 
ble de  la  première  pré-molaire  sériée,  surtout  à  la  mâchoire  supérieure. 

Des  déviations  peuvent  aussi  se  rencontrer  :  par  exemple  nous  avons  vu  chez  un  droma- 
daire la  dernière  pré-molaire  supérieure  droite  placée  de  travers  de  telle  sorte  que  sa  face 
externe  était  devenue  postérieure 
et  sa  face  postérieure,  interne. 

Enfin  nous  avons  constaté 
quatre  cas  de  duplication  de  cer- 
taines dents  d'adulte  :  1"  Une 
mâchoire  inférieure  avait,  du  côté 
droit,  deux  coins  accouplés,  l'un 
en  dedans  de  l'autre,  égaux  et 
ployés  à  l'extrémité,  coins  qui 
avaient  évidemment  évolué  de 
concert;  2"  une  autre  mâchoire 
inférieure    possédait,    encore    à 

droite,  deux  canines  arc-boutées  l'une  derrière  l'autre  et  au  même  degré  de  développement; 
3°  une  troisième  et  une  quatrième  mâchoire  inférieures  montraient  deux  crochets  prémolaires 
adroite,  l'un  à  quelques  millimètres  au-devant  de  l'autre  (vov.  fig.  12). 


FiG.  l'J.  —  Mâchoire  inférieure  présentant  deux  crochets 

PRÉMOLAUIES  DU  COTÉ  DROIT. 

ï',  1-,  P,  pince,  mitoyenne,  cuiii;  c,  canine;  pwx  *,  crocliets  prémolaires. 


Considérations  phylog-éniques  sur  la  dentition  des  Camélidés.  —  Les 
travaux  de  Cupe  démontrent  que  les  ancêtres  géologiques  des  Camélidés  possédaient  six  inci- 
sives bien  développées  à  la  mâchoire  supérieure  comme  à  l'inférieure,  et  quatre  prémolaires 
de  chaque  côté  à  cliaque  mâchoire,  une  isolée  en  forme  de  crochet,  les  trois  autres  en  série. 
Les  incisives  supérieures  et  les  prémolaires  sériées  se  sont  progressivement  atrophiées  et 
réduites  en  nombre  dans  le  cours  des  âges.  Ainsi,  le  j^ichrotherium  du  miocène  inférieur 

avait  : 

.       3  14  3 

inc.  -;  can.  -;  pm.  -;  ani.  -. 
3  i     ^       Jt  3 

Le  pi'otolabis  du  miocène  supérieur  avait  encore  la  même  formule  dentaire,  mais  les 

incisives  centrales  supérieures  étaient  atrophiées  et  très  caduques. 

Ces  dents  ont  disparu  dans  le  procamelus  du  miocène  supérieur  qui  avait  : 

1  1  4 


inc.  -;  can.  y,   pm.  . , 

•3  1  4 


;  pm.  j\  am.  ^. 


Le  pliauchena   du  pliocène  a  perdu  en  outre  la  première  prémolaire  en  série  de  la 
mâchoire  inférieure,  sa  formule  dentaire  est  : 

114  3 

me.  ;j;  can.  j\   pm.  -;  am.  -. 

Les  chameaux  actuels  n'ont  plus  que  : 

113  3 

me.  ^;  can.  -;  pm.  -;  am.  -. 

Si  l'on  décompose  cette  formule  en  numérotant  chaque  dent  et  qu'on  la  mette  en  regard 
do  la  formule  primordiale,  on  juge  d'un  coup  d'œil  des  réductions  qui  se  sont  opérées  : 


30 


RECHERCHES  AN  ATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 


je    Oe    go  ^  j^a £«    3'    4'  1°    '5®    3" 

Formule  primitive  :  inc.  jr^s^,;  can.  j.   pm.  JTZ Ig^T^e?  ani-  je'oe's'- 

,        ^    ...       0,  0,  3"  1  1«— 0.  3%  4'  l%2e,3'' 

Formule  actuelle  :  me.  p-^r^»;  can.  ^;  pm.  ^,_q    q    ^e>  ^i^-  F~2«^' 

Dans  le  genre  atccheniu,  la  simplification  est  encore  plus  grande,  car  le  crochet  prémo- 
laire ne  se  développe  généralement  pas  ;  la  formule  dentaire  est  : 

.       0,  0.  3«  1  0—0, 3%  4^  1%2',  3' 

'"''•  I%2%¥-  ^^"-  î'  1^"^-  0-0,0,4-'  '"^-  ï%2%3- 

On  voit,  par  ces  quelques  données  phviétiques,  que  les  prémolaires  ont  une  tendance 
marquée  à  l'atrophie  et  à  l'agenèse;  peut-être  sont-elles  appelées  à  disparaître  complètement 
comme  cela  s'est  fait  chez  beaucoup  de  rongeurs. 

La  poussée  que  les  arrière-molaires,  très  volumineuses,  exercent  d'arrière  en  avant 
pour  trouver  place  successivement  n'est  peut-être  pas  étrangère  à  ce  phénomène  :  on  sait 
en  effet  que  chacune  de  ces  dents  se  développe  à  l'arrière  de  l'arcade  dentaire  et  s'en  éloigne 
ensuite,  au  fur  et  à  mesure  que  les  dents  suivantes  se  montrent,  par  un  mouvement  de  trans- 
fert véritable,  vu  que  l'accroissement  de  la  partie  postérieure  des  maxillaires  est  insuffisante 
pour  donner  place  aux  dents  successivement  formées. 

Quant  à  l'atrophie  des  follicules  des  quatre  incisives  centrales  de  la  mâchoire  supérieure, 
atrophie  beaucoup  plus  complète  dans  la  deuxième  dentition  que  dans  la  première,  il  est  bien 
difficile  d'en  expliquer  le  déterminisme. 


hyoïde 

L'hyoïde  des  chameaux  se  fait  remarquer  (voy.  fig.  13)  :  1°  par  la  gracilité  de  ses 
différentes  pièces;  2"  par  l'élongation  toute  particuUère  du  cérato- 
hyal  et  de  l'uro-hyal  ;  3°  par  l'absence  complète  de  prolongement 
lingual  (entoglosse)  au  basi-hyal. 

Nous  avons  trouvé  sur  un  hyoïde,  comme  longueurs  maxima, 
sans  comprendre  les  cartilages  : 

Stylo-hyal  84  millimètres;  cérato-hyal  69  millimètres;  apo- 
hyal  30  millimètres  ;  uro-hyal  65  millimètres. 

Le  corps  ou  basi-hyal  est  à  l'état  de  plaque  cartilagineuse  de 
forme  quadrilatère,  intercalée  entre  les  pièces  apo-hyales  et  les  uro- 
hyales;  ce  n'est  que  tardivement  qu'un  petit  nodule  osseux  apparaît 
dans  son  centre  et  l'envahit.  Les  cornes  thyroïdiennes,  pièces  uro- 
hyales,  grandes  coi^nes  des  anthropotomistes,  sont  légèrement  arquées 
et  très  divergentes;  elles  se  terminent  par  un  petit  cartilage. 

Les  petites  branches,  pièces  apo-hyales,  petites  cornes  des 
anthropotomistes,  s'articulent  avec  le  corps  par  une  arthrodie  assez 
mobile,  et  avec  les  branches  moyennes  par  synchondrose ;  elles  sont 
relativement  épaisses  à  la  base,  très  atténuées  supérieurement. 

Les  branches  moyennes,  ou  pièces  cérato-hyales,  sont,  au  con- 
traire, atténuées  de  haut  en  bas  ;  elles  s'unissent  par  un  épais  cartilage  avec  les  grandes  branches. 


Fig.  13.  —  Hyoïde. 

1,     arihro-hyal  ;     2,    stylo-hjal  ! 

3,  cartilage    de   synchondrose; 

4,  cérato-hyal;  5,  cartilage  de 
synchondrose  ;  6,  apo-hyal  ;  7, 
basi-hyal  8,  uro-hyal  et  9  sou 
cartilage  terminal. 


32 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SFR  LES  CAMÉLIDÉS 


Celles-ci,  pièces  stjlo-hyales,  sont  très  aplaties  latéralement  comme  une  lame,  très 
élargies  à  la  partie  supérieure;  elles  se  joignent  au  rocher  par  syncliondrose,  et  le  cartilage 
intermédiaire  ou  arthro-hyal  est  engainé  par  le  tympanique. 

COLONNE    VEUTÉBUALE 

La  formule  ordinaire  est  : 

7  cervicales,  12  dorsales,  7  lombaires,  5  sacrées,  17  coccygiennes. 

1°  Vertèbres  cervicales.  —  Ensemble  elles  forment  une  région  plus  longue  que 
celle  constituée  par  les  vertèbres  dorsales,  région  équivalant  au  tiers  de  la  longueur  totale  du 
rachis  (soit  environ  1  mètre). 

Atlas  (fig.  15  et  16). —  Sa  hauteur  maximum  estd'environ  10  centimètres,  sa  largeur 
prise  en  bas  des  ailes,  de  13  centimètres.  L'arc  postérieur  est  mince,  très  soulevé,  et  porte  une 


?'iG.  15.  —  Atlas,  face  dorsale. 

1,  légère  crête  épineuse,  2,  trou  de  conjugaison; 
3,  trou  transversaire. 


FiG.  16. 


Atlas,  kace  ventrale. 


1,  cavités  des  condyles  occipitales i  ?.  rebord  de  ces  ca- 
vités pour  ia  partie  basilaire  de^dits  condyles;  3,  trou 
de  conjugaison;  4,  trou  de  dégagement  des  sinus  vei- 
neux atluïdiens;  5,  trou  transversaire.  A,  fosse  où 
ilébouchent  ces  trois  orifices;  d.  double  tubercule  pour 
l'insertion  du  muscle  long  du  cou. 


légère  crête  médiane  en  guise  d'apophyse  épineuse.  L'arc  antérieur  présente  en  arrière  deux 
tubercules  pour  l'attache  du  muscle  long  du  cou,  Los  ailes  ne  sont  pas  très  larges,  mais  elles 
sont  fortement  rabattues  en  avant  ;  on  y  voit  :  1°  à  la  partie  inférieure,  un  trou  qui  les  traverse 
de  part  en  part  et  s'ouvre  dans  une  dépression  de  leur  face  antérieure  :  c'est  le  trou  trachélien 
ou  transversaire  ;  2°  à  la  partie  supéro-interne.  un  autre  orifice  plus  grand  s'ouvrant,  d'une 
part  au  fond  de  la  même  dépression  susdite,  d'autre  part  dans  le  canal  vertébral  :  c'est  le 
trou  de  conjugaison;  il  est  prolongé  en  haut  et  en  dehors  par  une  petite  scissure  qui  est 
elle-même  susceptible  de  se  convertir  en  trou.  Enfin,  un  dernier  pertuis  qui  sert  de  voie  de 
dégagement  aux  sinus  veineux  atloïdiens  traverse  la  lame  vertébrale  et  débouche  dans  la 
même  excavation  que  les  deux  autres. 

Les  cavités  articulaires  supérieures  se  joignent  antérieurement,  en  formant  une  sorte  de 
rebord  pour  répondre  à  la  partie  basilaire  des  condyles  de  l'occipital,  de  telle  sorte  qu'il  y  a 
là  deux  cavités  latérales  et  une  large  échancrure  intermédinire. 


chami-:au  a  Diax  bosses 


33 


FiG.  17. 


Axis. 


i,  apophyse  odoiiloïde;  2,  surface  articulaire  qui  flanque  ladite 
apophyse;  .3,  apophyse  épineuse;  4.  (rou  tle  onujugaisoii  ;  5,  trou 
transveisaire;  tj,  a[)ophy-e  transverse;  7,  apopliyses  articulaires; 
8,  canal  \vclel>ral;  9,  luljercule  leriuiual  de  ia  crête  intérieure 
du  curjis;  lU,  disque  intei-vertebral. 


Les  surfaces  ai'ticulairos  latérales  qui  tlanquenl  de  chaque  cùtë  la  goultière  de  réception 
de  l'odontoïde  sont  légèrement  déprimées,  circonscrites  extérieurement  par  un  bord  saillant. 
Enfin,  on  remarque  dans  l'anneau  de  cette  vertèbre  une  crête  très  prononcée  pour  l'attache  du 
ligament  odontoïdien. 

Axis  (iîg.  17).  —  La  2"  vertèbre  est  la  plus  longue  de  toutes  ;  du  sommet  de  son  odon- 
toïde  aux  apophyses  articulaires  postérieures,  elle  ne  mesure  pas  moins  de  20  centimètres. 
Elle  présente  en  outre  un  étranglement  très  marqué,  une  sorte  de  col  au-dessous  de  la  surface 
articulaire  supérieure.  L'apophyse  épineuse  est  tranchante,  terminée  en  arrière  par  un  tuber- 
cule bilobé.  L'apophyse  odontoïde  est  hémi- 
cylindrique, excavée  en  gouttière  comme 
dans  les  bovidés;  la  surface  articulaire  qui 
l'entoure  est  légèrement  convexe,  plus  obli- 
que relativement  à  l'axe  de  l'os  que  dans  le 
boeuf.  L'apophyse  transverse  est  unicuspide, 
dirigée    postérieurement.    Les    apophyses 
articulaires  et  la  cavité  cotyloïde  ne  pré- 
sentent rien  de  paiiiculier,  non  plus  que  la 
crête  médiane  du  corps.  Le  trou  de  conju- 
gaison supérieur  est  percé  à  travers  la  lame 
vertébrale  à    l''"'l/2  de  son    bord  ;   il  se 
continue,  par  l'intermédiaire  d'une  gout- 
tière, avec  le  trou  trachélien  qui  s'ouvre  d'autre  part  dans  le  canal  vertébral.  Remarquons 
enfin  que  l'atlas  et  l'axis  laissent  entre  eux  un  large  intervalle,  au  niveau  duquel  le  canal  verté- 
bral est  ouvert. 

Autres  vertèbres  cervicales  (tig.  14).  —  A  partir  de  l'axis,  les  vertèbres  cer- 
vicales diminuent  de  longueur  et  augmentent  de  largeur  progressivement.  Les  apophyses 
épineuses,  en  général  rudimentaires,  augmentent  de  volume  et  de  saillie,  de  telle  sorte 
que  celle  de  la  7"  n'a  pas  moins  de  5  à  6  centimètres  de  hauteur  ;  toutes  ces  apo- 
physes sont  très  rugueuses  h  leur  sommet,  pour  donner  attache  au  ligament  cervical. 
Les  apophyses  transverses  sont  bicuspides  dans  les  3",  4^  et  5%  tricuspides  dans  la  6% 
unicuspides  dans  la  7'.  A  l'état  lùcuspide,  elles  présentent  :  un  prolongement  postérieur, 
terminé  par  un  tubercule,  un  antérieur  ou  costellaire,  progressivement  développé  de  la 
3^  à  la  5**  vei'tèbre,  dirigé  du  côté  ventral  et  épiphysé  à  l'extrémité  dans  le  jeune  âge. 
L'apophyse  transverse  de  la  G^  offre  un  troisième  prolongement,  qui  se  joint  au  pro- 
longement costellaire  en  Ibrmant  une  lame  très  développée,  qui  convertit  la  face  ventrale 
de  la  vertèbre  en  une  profonde  excavation.  Quant  à  l'apophyse  transverse  de  la  1".  bien 
qu'elle  soit  nettement  bilobée,  elle  manque  de  prolongement  costellaire;  c'est  pourquoi  nous 
la  considérons  comme  uniscu[iiile. 

Les  trous  trachéliens  ne  font  défaut  que  dans  la  7"  ;  dans  les  vertèbres  qui  pré- 
cèdent, ils  débouchent  d'une  part  au  fond  de  l'échancrure  antérieure  de  la  vertèbre, 
c'est-à-dire  à  la  base  des  apophyses  articulaires  antérieures,  d'autre  part  dans  le  canal 
vertébral;  ils  n'ont  donc  aucun  ra[iport  avec  les  apophyses  transverses,  et  ne  peuvent 
être  assimilés,  dès  lors,  aux  intervalles  compris  entre  la  tête  et   la  tubérosité   des    pré- 

Arcu.  Mis.  —  t.  VIU.  5 


34  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

tendues  côtes  cervicales  soudées*.  Ces  trous  diminuent  progressivement,  de  la  6'  verti'bre 
à  la  l'«. 

Les  apophyses  articulaires  sont  très  détachées;  leurs  surfaces  articulaires  sont  allongées 
et  légèrement  convexes  dans  la  longueur;  celles  des  apophyses  postérieures  sont  beaucoup 
moins  étendues,  de  manière  à  pouvoir  jouer  sur  leurs  opposées  dans  une  large  mesure;  en 
outre  elles  sont  concaves  dans  le  sens  latéral,  tandis  que  les  opposées  sont  convexes  en  tous 
sens.  Entre  les  apophyses  articulaires  chevauchantes  de  l'un  et  de  l'autre  coté,  le  canal  verté- 
bral est  largement  ouvert.  Les  trous  de  conjugaison,  situés  à  leur  base,  n'ont  pas  moins  de 
7  à  8  centimètres  de  longueur. 

La  face  inférieure  ou  antérieure  des  corps  vertébraux  est  convertie  en  une  profonde 
gouttière  par  les  prolongements  costellaires  des  apophyses  transverses,  gouttière  occupée  par 
les  muscles  longs  du  cou.  On  y  voit,  sur  chaque  vertèbre,  une  crête  médiane  plus  ou  moins 
accentuée,  terminée  inférieurement  par  un  tubercule,  crête  et  tubercule  très  prononcés  dans 
les  2",  3"  et  4",  beaucoup  moins  marqués  dans  la  5",  presque  effacés  dans  la  6%  réapparais- 
sant dans  la  7'. 

Les  disques  intervertébraux  du  cou  ont  une  épaisseur  insolite,  atteignant  3  à 
4  centimètres. 

2°  Vertèbres  dorsales.  —  Les  vertèbres  dorsales  sont  au  nombre  de  douze,  dont 
la  longueur  totale  est  de  15  centimètres  environ  inférieure  à  celle  des  vertèbres  cervicales.  — 
D'une  manière  générale,  elles  sont  remarquables  à  l'aplatissement  latéral  de  leur  corps  et  à 
une  sorte  d'étranglement  qu'il  présente  dans  le  milieu  de  sa  longueur,  étranglement  déter- 
minant une  forte  dépression  à  la  base  des  apophyses  transverses. 

Le  corps  de  la  1'°  est  à  la  fois  le  plus  long  et  le  plus  large  (93  millimètres  sur  05). 
A  partir  de  la  2°,  la  largeur  augmente  jusqu'à  la  dernière.  Les  surfaces  articulaires  tendent 
à  l'aplanissement  ;  dans  les  dernières  surtout,  tète  et  cavité  cotyloïde  sont  à  peine  accusées. 
Les  disques  intervertébraux  sont  relativement  minces  (1/2  centimètre  environ).  Les  apophy- 
ses épineuses  augmentent  de  longueur  de  la  1"  à  la  3%  conservent  sensiblement  la  même  lon- 
gueur (25  à  30  centimètres)  dans  les  4%  5^  et  6%  et  diminuent  ensuite  jusqu'à  la  dernière. 
A  cause  de  la  voûte  que  forment  les  corps  vertébraux,  le  garrot  est  au  maximum  d'élévation 
en  regard  des  5°  et  (3°  apophyses  épineuses. 

Les  apophyses  épineuses  sont  en  outre  remarquables  par  leur  largeur  à  la  base  et  par 
l'épaisseur  de  leur  b'ord  postérieur,  qui  est  creusé  d'une  rainure  inférieurement  dans  les  sept 
uu  huit  premières;  la  largeur  atteint  son  maximum  (6  1/2  à  7  centimètres)  dans  les  5"  et  6'. 
Ces  apophyses  sont  en  général  inclinées  en  arrière;  mais  les  quatre  ou  cinq  dernières  se 
redressent  progressivement,  de  telle  sorte  que  les  deux  dernières  sont  à  peu  près  perpendi- 
culaires à  l'axe  des  corps  vertél.iraux. 

Le  sommet  de  toutes  les  apophyses  épineuses  est  renflé  et  tubéreux,  à  l'état  d'épiphyse 
qui  tarde  beaucoup  à  se  souder;  il  peut  même  arriver  que,  au  niveau  du  garrot,  ces  épiphyses 
restent  cartilagineuses.  Dans  cette  même    région,  les  apophyses  épineuses  les  plus  larges 

'    Voir  à  ce  sujet  :  Lesbre,  Contribution  à  l'étude  de  l'ossification  du  squelette  des  mammifères  (Annales  de  la 
Société  d'agriculture,  sciences  et  industrie  de  Lyon,  1S97). 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  35 

arrivent  facilement  au  contact  les  unes  des  autres,  de  manière  à  se  prêter  un  mutuel  appui 
lorsque  le  dos  est  fortement  chargé. 

Les  apophyses  transverses  diminuent  de  volume  de  la  l^à  la  dernière,  en  même  temps 
que  leur  face  articulaire  costale  diminue  d'étendue;  la  dernière  est  réduite  à  une  mince  lame 
qui  ne  se  joint  pas  à  la  côte.  Ces  surfaces  articulaires  sont  d'abord  concaves  et  regardent  en 
avant  et  en  bas  ;  elles  s'aplanissent  peu  à  peu  et  tendent  à  regarder  en  dehors.  Quant  aux  cupules 
intervertébrales  destinées  à  la  tète  des  côtes,  elles  diminuent  d'avant  en  arrière  suivant  la 
règle  générale.  Les  trous  de  conjugaison  qui  les  surmontent  sont  généralement  spacieux  ;  ils 
diminuent  toutefois  d'avant  en  arrière;  les  échancrures  postérieures  ne  sont  pas  ici  con- 
verties en  trous  comme  cela  se  remarque  dans  les  bovidés. 

Les  apophyses  articulaires  sont  très  développées  dans  la  1",  qui  i)articipe  ainsi  des 
caractères  des  vertèbres  du  cou  ;  elles  s'effacent  ou  à  peu  près  dans  la  2%  en  se  rapprochant 
beaucou[i  l'une  de  l'autre  dans  le  sens  latéral.  Dans  les  suivantes,  on  no  trouve  plus  que  des 
surfaces  articulaires  contiguës  ou  mènie  confondues,  taillées  à  la  base  de  l'apophyse  épineuse, 
soit  en  avant,  soit  en  arrière;  ce  n'est  que  dans  les  deux  ou  trois  dernières  que  les  apophyses 
réapparaissent,  par  suite  d'une  sorte  de  démembrement  des  apophyses  transverses,  dont  le 
cuspide  supérieur  s'est  en  quelque  sorte  dissocié  pour  se  porter  sur  le  flanc  des  surfaces 
articulaires,  lesquelles  ne  sont  pas  seulement  superposées  mais  véritablement  emboîtées.  Il 
n'est  pas  rare  de  constater  l'ankylose  de  cette  articulation,  entre  les  deux  dernières  dorsales. 

3°  Vertèbres  lombaires.  —  Les  vertèbres  lombaires  sont  au  nombre  de  7;  leur  lon- 
gueur totale,  mesurée  le  long  des  corps  vertébraux,  est  de  0™50  à  0'"55.  L'aplatissement 
latéral  et  l'évidement  des  corps  vertébraux  vont  en  diminuant  de  la  première  à  la  der- 
nière, en  même  temps  que  la  largeur  s'accroît;  le  dernier  est  particulièrement  large  et 
court,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  })ar  les  chiffres  suivants  ; 

Longueur  du  corps.  Largeur  du  corps. 

Première 75  millimètres.  50  millimètres. 

Dernière 55  —  65  — 

Les  surfaces  articulaires  des  corps  vertébraux  sont  planiformes  :  il  arrive  même  que  les 
surfaces  postérieures  soient  légèrement  convexes  au  lieu  d'être  concaves. 

Les  apophyses  épineuses  diminuent  insensiblement  de  hauteur  de  la  première  à  la 
dei^nière;  elles  ont  à  peu  près  la  même  largeur  dans  les  cinq  premièi-es;  la  dernière  se  fait 
remarquer  par  son  étroitesse.  Toutes  sont  à  peu  près  perpendiculaii^es  à  l'axe  vertébral,  et  se 
terminent  par  un  rondement  épiphysaire  qui  diminue  d'épaisseur  transversale  de  la  i'''  à 
la  7"  ;  les  intervalles  interépineux  sont  de  3  à  5  centimètres. 

Les  apophyses  transverses  augmentent  progressivement  de  longueur  jusqu'aux  4°  et  .5* 
qui  atteignent  18  à  19  centimètres;  elles  décroissent  dans  les  deux  dernières.  Leur  largeur 
augmente  et  décroît  comme  la  longueur  :  la  5%  la  plus  large,  atteint  4""  1/2  ;  la  dernière, 
particulièrement  étroite,  a  2  centimètres  à  peine.  Les  trois  premières  sont  élargies  à 
l'extrémité  et  légèrement  échancrées  en  forme  de  queue  de  poisson.  Ces  apophyses 
s'épaississent  progressivement  de  la  1'"  à  la  7'.  Elles  sont  toutes  inclinées  en  avant  et  en 
bas,  et  ces  deux  inclinaisons  vont  en  augmentant  de  la  première  à  la  dernière  vertèbre. 


36  REGHEUCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

Les  apophyses  articulaires  sont  de  plus  en  plus  renflées  et  écartées  d'un  c(")lé  à  l'autre, 
de  la  première  à  la  dernière;  les  lames  vertébrales  ne  se  rejoignent  pas  dans  leurs  inter- 
valles et  laissent  des  ouvertures  donnant  accès  dans  le  canal  rachidien,  ouvertures  à  peu  près 
nulles  entre  les  premières,  mais  considérables  entre  les  trois  ou  quatre  dernières. 

Les  trous  de  conjugaison  sont  spacieux,  de  forme  triangulaire. 

4°  Sacrum.  —  Les  auteurs  attribuent  généralement  quatre  vertèbres  sacrées  aux 
chameaux;  nous  en  avons  cependant  trouvé  toujours  cinq,  mais  la  dernière  ne  se  soude  en 
général  à  la  précédente  que  par  son  corps,  elle  est  libre  de  ses  apophyses  trans verses,  d'où  il 
suit  qu'il  n'y  a  que  trois  trous  sus-sacrés  et  autant  de  sous-sacrés.  Cependant  cette  5"  ver- 
tèbre appartient  bien  au  sacrum,  car  elle  a  le  développement  et  la  forme  des  [)récédentes  ; 
tandis  que  la  l"'  coccygienne,  qui  vient  ensuite,  tranche  nettement  par  sa  petitesse  et  par  la 
gracilité  de  ses  apophyses  transverses. 

Ce  sacrum  diffère  de  celui  du  bœuf  en  ce  qu'il  est  plus  large,  que  ses  apophyses  épineuses 
sont  très  basses,  écartées  l'une  de  l'autre,  et  montrent  dans  leurs  intervalles  des  ouvertures 
donnant  accès  dans  le  canal  sacré.  Les  deux  premières  de  ces  apophyses  sont  beaucoup  moins 
épaisses  et  renflées  au  sommet  que  les  suivantes.  Les  bords  latéraux,  ou  lèvres  du  sacrum, 
sont  épais,  surtout  au  niveau  de  la  1  '"  sacrée,  qui  porte  la  surface  articulaire  destinée  à  répondre 
à  l'ilium,  surface  taillée  très  obliquement:  ils  présentent  des  tubérosités  flanquant  en  dehors 
et  en  arrière  les  trous  sus-sacrés,  et  correspondant  évidemment  aux  apophyses  articulaires. 
Seules,  les  apophyses  articulaires  antérieures  de  la  f"  vertèbre  sont  libres  et  bien  dévelop- 
pées. La  face  inférieure  du  sacrum  se  fait  remarquer  par  la  convexité  d'un  côté  à  l'autre  des 
corps  vertébraux,  marquant  encore  une  tendance  à  l'aplatissement  latéral,  et  par  le  grand 
développement  des  trous  sous-sacrés. 

Longueur  du  sacrum  d'un  chameau  mesurée  sur  la  ligne  médiane  =  23  centimètres. 

Largeur  maximum  |)rise  entre  les  deux  angles  antérieurs  =  22  centimètres. 


'&"■ 


5°  Vertèbres  coccyg-iennes.  —  Le  coccyx  du  chameau  est  long  de  50  à 
55  centimètres;  il  comprend  en  général  1(3  ou  17  vertèbres.  La  l'''  se  distingue  nettement  de 
la  dernière  sacrée  par  des  apophyses  transverses  rudimentaires  ;  ces  apophyses  s'atrophient 
peu  à  peu,  de  manière  à  s'eff'acer  dans  la  S^ou  6";  les  lames  vertébrales  se  réduisent  de  même  : 
elles  ne  se  joignent  déjà  plus  à  partir  de  la  6";  elles  disparaissent  comjtlètement  à  partir  de  la 
8"  ou  9°.  Au  delà,  les  vertèbres  ne  sont  plus  que  de  petits  cylindres  é vidés  dans  le  milieu  qui 
décroissent  rapidement  dans  toutes  leurs  dimensions.  Quant  aux  apophyses  articulaires,  on 
n'en  trouve  la  trace,  des  antérieures  seulement,  que  dans  les  cinq  ou  six  premières  vertèbres. 

DU  RACHIS   EN  GÉiXEKAL 

Nous  envisagerons,  sous  ce  titre,  les  longueurs  relatives  de  ses  diverses  régions,  sa 
direction,  ses  anomalies. 

A.  Dimensions  relatives.  —  Le  tableau  ci-dessous  montre  bien  ce  que  les  chameaux 
présentent  de  particulier  à  ce  point  de  vue. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


37 


Longueurs  des  régions  du  rachis  dans  les  chameaux  et  quelques  autres  animaus:. 


LONGUEUR 

delà 
Tête  osseuse 

LONGUEUR 
des 

Vert,  cervicales 

LONGUEUR 

des 

Vert,   dorsales 

LONGUEUR 

des 

Vert.  lombaires 

LONGUEUR 
.lu 

Sacrum 

LONGUEUR 
du 

Coccyx 

Chameau 

Bœuf 

Mouton 

Chèvre 

Cerf  (Cuvier) 

Girafe  (Cuvier)    .... 

Porc 

Cheval 

Chien 

mèlres 

0,50  à  0,55 
0,50  à  0,55 

0,26 

0,25 
0,45  à  0,50 

0,50 

0,44 

0,63 

0,24 

m-Hres 

1,00  à  1,10 
0,45  à  0,50 

0,24 

0,29 

0,48 

1,68' 

0,24 

0,63 

0,22 

mètres 

0,85  à  0,95 
0,80  à  0,90 

0,37 

0,36 

0,5;; 

0,95 
0,55 
0,85 
0,.30 

niotrea 

0,50  à  0,55 
0,40  à  0,'t5 

0,25 

0,25 

0,24 

0,33 

0,35 

0,32 

0,24 

mètres 

0,22  à  0,25 
0,25  à  0,2f< 

0,12 

0,14 

0,16 

0,22 

0,15 

0,20 

0,05 

mètres 

0,.50  à  0,55 
0,80  à  0,90 
0,30  à  0,35 
0,20  à  0.25 

0,31 

0,95 

0,60 
0,60  à  0,70 

0,50 

.Nota.  —  Les  chiffres  de  ce  tableau  sont  des  chiffres  moyens  susceptibles  de  grandes  variations  en  moins  ou  en  plu?, 
suivant  les  races  et  les  individus. 

1  Cette  longueur  du  cou  de  la  girafe  nous  semble  quelque  peu  exagérée. 

B.  DiRECTiox.  — Un  coup  tl'œil  jeté  sur  la  figure  1 1  renseignera  immédiatement  sur  ce 
point.  On  voit  que  le  cou  décrit  une  très  forte  inflexion  à  concavité  supérieure;  que  la  région 
dorso-lombaire  forme  une  sorte  de  voûte  entre  les  deux  bipèdes,  ce  qui  lui  donne  une  très 
grande  force  pour  porter,  que  le  sacrum  est  oblique  et  incurvé  de  baut  en  bas  et  d'avant  en 
arrière,  et  que  le  coccyx  est  plus  ou  moins  tombant. 

G.  Anomalies.  —  Nous  avons  vu  que  la  formule  vertébrale  ordinaire  des  chameaux 

est  : 

7  cervicales,  12  dorsales,  7  lombaires,  5  sacrées,  17  coccygiennes. 

Mais  cette  formule  n'est  pas  plus  fixe  que  dans  les  autres  espèces  '.  Sur  les  quelques 
squelettes  qu'il  nous  été  donné  d'étudier,  nous  avons  trouvé  : 

1^    11    vertèbres   dorsales  et  11    jiaires  de  côtes,  les  autres   régions  n'ayant   point 
changé  ; 

2°  7  cervicales,  13  dorsales,  6 lombaires,  5  sacrées.  (La  13^  côte,  surnuméraire,  se  faisait 
reniai'quer  par  sa  petitesse.) 

3°  7  cervicales,  13  dorsales,  7  lombaires,  5  sacrées,  17  coccygiennes.  (La  13^  côte  avait 
la  forme  d'une  apophyse  transverse  lombaire  articulée.) 

COTES 

Les  chameaux  ont  normalement  12  paires  de  côtes  dont  7  paires  de  sternales.  —  Ces 
côtes  sont  remarquables  en  général  à  leur  grande  largeur,  à  leur  tubérosité  volumineuse, 
quoique  peu  détachée,  et  à  leur  tète  articulaire  forte,  supportée  par  un  col  long  et  infléchi. 
Elles  augmentent  de  longueur  de  la  V  k  la  7%  conservent  sensiblement  la  même  longueur 
dans  les  deux  suivantes  et  décroissent  à  partir  de  la  10°  jusqu'à  la  dernière. 


'  Consulter  à  ce  .sujet    Corneviu  et  Le.sbre  :  Mtémoire  sur  les  variations  numéiiques   île  la  colonne  vertébrale  et 
des  côtes  chez  les  mammifères  domestique.s  (Bulletin  de  la  Société  centrale  de  médecine  vétérinaire,  1897), 


38 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELH3ES 


Longueurs  mesurées  en  suivant  la  courbure,  depuis  la  tubérosité  jusqu'au  cartilage  de 
prolongement  exclusivement  : 

i-'«  côte  0'"22;  6'  côte  0™53;  7°  côte  0"'57;  12"  côte  0™51. 

La  côte  la  plus  large  est  la  5",  qui  atteint  5  centimètres  à  sa  partie  intérieure;  il  y  a 
décroissance  progressive  dans  les  deux  sens,  mais  c'est  la  1"  qui  est  la  plus  étroite,  elle  ne 
dépasse  pas  au  maximum  3  centimètres. 

La  scissure  vasculo-nerveuse  de  la  plu[)art  des  côtes  est  extrêmement  accusée  à  leur 
partie  supérieure  tandis  qu'elle  disparaît  inférieurement. 

Les  cartilages  de  prolongement  des  côtes  sternales  sont  courts  et  très  forts  ;  la  f''  en  est 
dépourvue;  celui  de  la  2"  n'a  pas  plus  de  1  à  2  centimètres;  il  y  a  augmentation  progressive 
jusqu'à  la  7',  dont  le  cartilage  atteint  15  centimètres.  Tous  ces  cartilages  s'articulent  par 
diarthrose  avec  les  côtes  qu'ils  prolongent;  par  contre,  ils  s'unissent  par  synchondrose  avec  le 
sternum:  il  n'existe  qu'une  seule  diarthrose  sterno-costale,  c'est  pour  la  1"  côte.  Les  cartilages 
asternaux  ne  présentent  de  particulier  que  leur  intime  union  donnant  une 
^  très  grande  solidité  à  l'hypochondre.  Chez  les  chameaux  comme  chez  les 

c  CUJ  bovidés,  les  cartilages  de  prolongement  des  côtes  finissent  toujours  par 

s'ossifier  au  moins  dans  le  centre. 

STERNUM 

Le  sternum  est  extrêmement  massif  et  pesant,  très  fortement  oblique 
de  haut  en  bas  et  il'avant  en  arrière.  Il  comprend,  comme  le  montre  la 
figure  18,sixsternèbres;  la  l''' est  prolongée  au-devant  delà  l'"  articulation 
costale  par  un  appendice  cartilagineux  de  3  ou  4  centimètres,  que  les 
vétérinaires  appellent  appendice  trachélien;  la  dernière  se  termine  par 
un  cartilage  aplati  dit  appendice  xiphoïde.  —  La  longueur  du  sternum 
osseux  était,  chez  un  individu,  de  0"'45,  de  0'"52  en  comprenant  les 
extrémités  cartilagineuses.  La  largeur  va  en  croissant  du  premier  article 
aux  deux  derniers;  le  .5"  atteint  11  centimètres.  L'épaisseur  augmente 
du  1"  aux  4"  et  o".  qui  n'ont  pas  moins  de  6  i/2  à  7  centimètres. 
Le  5"  correspond  à  la  callosité  stornale;  il  est  divisé  sur  sa  face  inférieure 
en  deux  lobes  latéraux  par  un  profond  sillon  médian.  Le  renforcement 
que  présente  l'os  à  ce  niveau  était  nécessaire  pour  fournir  un  appui  solide 
au  corps  dans  l'attitude  décubitale.  La  dernière  sternèbreest  relativement 
mince,  concave  par-dessous.  La  face  supérieure  ou  endothoracique  du 
sternum  est  presque  plane.  Le  profil  de  la  face  inférieure  est  concave  en  avant,  convexe  en 
arrière  ;  cette  face  est  aplatie  au  niveau  des  deux  premiers  segments  ;  elle  se  relève  en  une  forte 
crête  médiane,  au  niveau  du  4%  qui  est  aplati  d'uu  côté  à  l'autre  au  lieu  de  l'être  de  dessus 
en  dessous;  elle  se  bilobe,  comme  il  a  été  dit  [dus  haut,  au  niveau  du  5";  enfin  elle  se 
déprime  sous  le  6°. 

Dans  le  jeune  âge  on  constate  que  la  5"  sternèbre  et  mè:ne  la  4"  sont  formées  de  deux 
noyaux  d'ossification  latéraux. 


KiG.  18.  —  Sternum, 

PAGE  ENDOTHORACIQUE. 

1,  ?,  3,  4,  b.  B,  steriie- 
bres;  a,  appendice  tra- 
chélien; b,  cartilage 
xiplioide  ;  c,  cotes  ster- 
nales et  synchondroses 
sterno-costales. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  39 

La  soudure  du  sternuui  est  plus  tardive  ipie  dans  les  autres  ruminants  ;  elle  procède 
d'arrière  en  avant,  de  telle  sorte  que  les  deux  dLU-niers  articles  sont  les  premiers  à  sesynostoser, 
tandis  que  les  premiers  restent  toujours  indépendants,  du  moins  nous  les  avons  trouvés  tels 
chez  tous  les  sujets  que  nous  avons  examinés. 

MEMBRE  ÏHORACIQUE 

Os  de  l'épaule.  —  Il  n'y  en  a  qu'un,  ainsi  que  dans  tous  les  grands  quadrupèdes 
domestiques  ;  la  clavicule  est  réduite  à  l'état  d'intersection  fibreuse  au  sein  du  muscle 
mastoïdo-huméral . 

Le  scaptdiimmesnrmt,  chez  l'un  de  nosanimaux,  0™42  de  longueur,  cartilage  de  prolonge- 
ment non  compris,  et  0^27  de  largeur,  d'un  angle  supérieur  à  l'autre.  Comparé  à  celui  du  boeuf, 
ce  scapulum  se  distingue  parla  situation  moins  antérieure  de  son  épine  acromienne,  les  fosses 
sus-épineuse  et  sous-épineuse  étant  à  peu  prés  dans  le  même  rapport  de  largeur  que  chez  les 
Solipèdes,  c'est-à-dire  de  i  :  2  au  lieu  de  1  :  3  comme  dans  le  bœuf,  le  mouton  et  la  chèvre. 
Cette  épine  est  un  peu  renversée  sur  la  fosse  sous-épineuse;  elle  se  termine  par  un  acromion 
de  5  ou  6  centimètres  de  long,  légèrement  dévié  en  avant  et  en  dehors.  La  fosse  sous- 
scapulaire  est  presque  effacée.  Latubérosité  d'attache  du  biceps  est  extrêmement  développée, 
plus  étendue  même  que  dans  les  Solipèdes;  par  contre  l'apophyse  coracoïde  est  très  obtuse. 

Os  du  bras.  —  Toutes  proportions  observées,  l'humérus  est  plus  long  que  chez  les 
bovidés  et  les  solipèdes  ;  il  est  en  outre  très  massif,  manifestement  aplati  d'avant  en  arrière  au 
lieu  de  l'être  d'un  côté  à  l'autre.  C'est  le  plus  pesant  de  tous  les  os. 

Longueur  mesurée  de  la  tête  à  la  lèvre  interne  de  la  troclilée 396  millimètres. 

Largeur  mesurée  du  trochiter  au  trochin 130         — 

—  —       transversalement  au  niveau  de  l'apopliyse  deltoïdienne.     .     .  100         — 

Epaisseur  antéro-postérieure  prise  au  milieu  de  l'os 5IJ         — 

La  tète  articulaire  tend  à  se  mettre  dans  l'axe  de  l'os,  par  suite  de  la  faible  obliquité  de 
celui-ci  ;  elle  est  entourée  on  avant  et  en  dehors  [)ar  une  marge  de  3  à  4  centimètres.  Le 
trochiter  est  beaucoup  moins  développé  que  dans  les  bovidés;  c'est  le  sommet  du  trochin  ou, 
pour  mieux  dire,  la  lèvre  interne  de  la  coulisse  bicipitale  qui  est  la  partie  culminante  de 
l'extrémité  supérieure  de  l'os.  La  coulisse  bicipitale  est  divisée,  comme  dans  les  Solipèdes,  en 
deux  gorges  par  un  relief  intermédiaire  :  l'inteime  plus  large  mais  moins  pi^ofonde  que  l'ex- 
terne; cette  coulisse  présente  un  rebord  inférieur  qui  surplombe  la  face  antérieure  de  l'os 
surtout  du  coté  interne.  La  tubérosité  deltoïdienne  est  beaucoup  plus  développée  que  dans  le 
bœuf  quoique  moins  détachée  que  dans  les  Solipèdes.  Le  trou  nourricier  est  situé  sur  la  face 
antérieure,  vers  le  tiers  inférieur.  La  gouttière  de  torsion  est  peu  profonde  et  ses  crêtes 
limitantes  presque  effacées.  —  La  surface  articulaire  inférieure  est  remarquable  à  sa  large  et 
profonde  trochlée,  beaucou[)  moins  oblique  que  dans  le  bœuf  par  rapport  à  l'axe  de  l'os,  et  à 
son  condyle  presque  confondu  avec  la  lèvre  externe  de  la  trochlée,  tandis  que  dans  la  géné- 
l'alité  des  ruminants,  ce  condyle  est  en  dénivellement  très  prononcé.  Lorsqu'on  tient  l'humérus 
sur  un   plan  horizontal,   appuyant  par  la  surface  articulaire   inférieure,  on   constate  qu'il 


40  RECHERCHES  ANATOMIQTT.S  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

incline  fortement  du  côté  interne,  tandis  que  dans  les  mêmes  conditions  l'humérus  du  bœuf 
est  sensiblement  perpendiculaire.  La  fosse  olécranienne  est  peu  étendue  en  hauteur  et  séparée 
de  la  coronoïdiennc  [tar  une  lame  osseuse  épaisse  ;  son  contour  dessine  une  ogive  dont  la 
flèche  est  à  peu  près  dans  l'axe  de  l'os.  L'épitrochlée  n'est  pas  renversée  sur  la  fosse  olé- 
cranienne comme  dans  le  bœuf;  elle  est  à  peine  plus  saillante  que  l'épicondyle  et  beaucoup 
moins  épaisse.  Ces  éminences  sont  au  contraire  très  inégales  dans  les  Solipèdes  et  les  Bovidés. 

Avant-bras.  —  A.  Radius.  —  Le  radius  est  très  allongé  et  doublement  courbé  dans  sa 
longueur,  sur  plat  et  sur  champ,  de  telle  sorte  qu'il  est  concave  à  son  profil  postérieur  et  à 
son  bord  externe.  La  partie  externe  de  sa  face  antérieure  se  fait  en  outre  remarquer  par  un 
certain  aplatissement.  La  tubérosité  bicipitale  est  très  étendue;  elle  occupe  les  deux  tiers 
environ  du  diamètre  transverse  de  l'extrémité  supérieure.  Celle-ci  se  fait  en  outre  remarquer 
par  une  apophyse  coronoïde  beaucoup  plus  prononcée  que  dans  les  autres  ruminants,  avec 
une  forte  dépression  à  sa  base,  par  une  surface  articulaire  présentant  un  temm  médian  dont 
le  développement  est  proportionnel  à  la  profondeur  de  la  trochlée  humérale,  surface  articulaire 
creusée  d'une  très  large  fossette  synoviale  qui  s'étend  sur  l'échancrure  sigmoïde  du  cubitus. 

L'extrémité  inférieure  offre  une  surface  articulaire  qui  tient  le  milieu  entre  celle  du  bœuf 
et  celle  du  cheval  mais  qui  est  plus  près  cependant  de  cette  dernièi-e  :  elle  est  taillée  beaucoup 
moins  obliquement  que  chez  le  bœuf  relativement  à  l'axe  de  l'os:  on  y  voit  :  un  condyle 
interne  volumineux,  de  4'^'"  1/2  à  5  centimètres  de  largeur,  légèrement  déprimé  en  trochlée;  un 
condyle  externe  pour  répondre  au  pyramidal  (appartenant  au  cubitus);  un  condyle  intermé- 
diaire, le  plus  petit  des  trois,  qui  est  en  saillie  sur  l'externe  et  en  dépression  relativement  à 
l'interne;  en  avant  de  chacun  de  ces  condyles  existent  de  petites  cavités  glénoïdales.  —  La 
crête  transverse  qui  surmonte  postérieurement  cette  surface  articulaire  est  peu  saillante  et  les 
excavations  sous-jacentes  sont  peu  profondes. 

Longueur  du  radius  mesurée  d'une  surface  articulaire  à  l'autre,  du  côté  interne.     .^OÛ  niillirnètres. 

Largeur  du  radius  prise  au  milieu  (minimum) 57         — 

Epaisseur  du  radius  prise  au  milieu 38         — 

B.  Cubitus.  —  Le  cubitus  est  le  plus  long  de  tous  les  os  des  membres  (0^56  dont  Sou 
S)  centimètres  pour  l'olécrâne);  il  est  soudé  dans  toute  sa  longueur  nu  radius  avec  lequel  il  ne 
fait  qu'un.  La  double  arthrodie  supérieure  que  l'on  observe  dans  les  autres  ruminants  et  dans 
les  solipèdes,  et  qui  représente,  comme  on  sait,  la  petite  échancrure  sigmoïde  des  espèces  qui 
ont  ces  os  mobiles,  cette  articulation  même  a  disparu  par  suite  de  l'ankylose  physiologique 
dont  nous  parlons. 

Sur  la  ligne  d'union  de  ces  deux  os,  en  dehors,  on  ne  voit  pas  de  sillon  vasculaire.  D'ail- 
leurs, la  partie  moyenne  du  cubitus  est  extrêmement  atrophiée;  elle  forme  une  simple  arête 
sur  le  coté  externe  du  radius.  Il  existe  trois  arcades  radio-cubitales,  c'est-à-dire  trois  points  où 
les  deux  os  ne  se  joignent  pas  :  l'arcade  radio-cubitale  supérieure  est  représentée  par  un  canal 
de  quelques  millimètres  de  calibre,  plus  étroit  encore  à  son  orifice  externe  qu'a  l'interne, 
canal  dans  lequel  s'ouvrent  les  trous  nourriciers  des  deux  os;  les  deux  autres  arcades  sont 
inférieures  :  l'une  au-dessus,  l'autre  au-dessous  du  point  d'union  de  la  diaphyse  et  de 
l'épiphyse  inférieure  du  cubitus.  L'olécrâne  est  moins  long  que  dans  le  bœuf  mais  plus  large  : 


CIIAMEAr  A  DEUX  lîOSSES 


41 


Chameau. 

Bœuf. 

Du  bec  au  sommet 

00  millimètres 

104  millimètres, 

Du  bec  au  liord  postérieur     .     . 

.       88        — 

72         — 

Disons  enfin,  que  l'extrémité  inférieure  du  cubitus  des  clianieaux  ne  se  détache  pas  en 
pointe,  comme  dans  les  Bovidés  et  les  Ovidés. 


Main.   —  A.  Carpe  (fig.  10).  —  Le  carpe  des  Caméliens   comprend  sept    os  :  pisi- 
forme,  pyramidal,  semi-lunaire,  scaphoïde,  unciforme,  capitatum,  trapézoïde  ;  tandis  que,  en 
général,  dans  les  Ruminants,  il  n'en  comprend  que  six  par  suite  de  la  fusion  du  trapézoïde 
avec  le  grand  os,  fusion  qui  se  fait  de  très  bonne  heure,  dans  le  cours 
<]e  la  première  moitié  de  la  gestation,  alors  que  toutes  les  pièces  du 
carpe  sont  encore  cartilagineuses  ;  cette  coalescence  est  si  complète 
que  la  pièce  en  résultant  ne  s'ossifie  jamais  que  par  un  seul  noyau, 
comme  si  elle  était  simple. 

Le  pisiforme  des  chameaux  est  aplati  et  discoïde  comme  chez 
les  Solipèdes,  mais  plus  épais  et  irrégulièrement  triangulaire;  il 
s'articule  par  deux  facettes  concaves,  superposées  etcontiguës,  soit 
avec  le  pyramidal  soit  avec  le  condyle  terminal  du  cubitus;  de  ces 
deux  facettes  c'est  la  supérieure  qui  est  la  plus  étendue. 

Le  pyramidal  est  jtresque  aussi  volumineux  que  le  scaphoïde; 
il  s'articule  en  haut  avec  le  radius,  le  cubitus  et  le  pisiforme,  en  bas 
avec  l'unciforme. 

Le  semi-lunaire  est  remarquablement  étroit,  mais  il  ne  pré- 
sente d'autre  part  rien  de  particulier. 

Le  scaphoïde  est  le  plus  volumineux  de  tous  les  os  carpiens; 
on  le  distingue  facilement  du  pyramidal  par  l'absence  du  petit 
condyle  que  celui-ci  porte  en  arrière  pour  répondre  au  pisiforme  ;  en 
outre,  il  est  plus  épais  dans  le  sens  antéro-postérieur. 

L'os  crochu,  porte  en  arrière  un  prolongement  très  développé,  légèrement  recourbé  en 
bas;  il  se  superpose  au  métacarpien  IV  dans  toute  son  étendue  et  arrive  même  au  contact 
du  métacarpien  III  (flg.  19). 

Le  grand  os  est  beaucoup  moins  gros  que  le  précédent  ;  il  ne  dépasse  guère  le  volume 
du  semi-lunaire. 

Le  trapézoïde  ressemble  à  celui  des  Solipèdes  ;  il  s'eftace  derrière  le  grand  os  et  ne  se 
voit  pas  quand  on  regarde  le  carpe  en  avant;  c'est  pour  les  besoins  de  la  démonstration 
que  nous  l'avons  représenté  figure  19. 

B.  Métacarpe.  —  Le  métacarpe  est  formé  d'un  os  canon  mesurant  O^oo  de  lon- 
gueur, 0"'04  de  largeur  dans  son  milieu  et  0'"036  d'épaisseur  antéro-postérieure.  11  est 
a  peu  près  équarri  dans  les  2/3  supérieurs,  fortement  aplati  d'avant  en  arrière  dans  le 
restant  de  son  étendue.  Sa  face  postérieure  est  excavée  en  gouttière  et  bordée  latéralement, 
dans  ses  2/3  supérieurs,  de  deux  reliefs  rugueux  qui  représentent  des  métacarpiens  rudi- 
mentaires  soudés  (11°  et  V*);  cette  face  montre,  un  peu    au-dessus  de  son  milieu,  les  deux 


KiG.  19.  —  Face  dorsale 

DU   CARPE 

1,  cubitus;  1'  son  condyle  ter- 
minal; 2.radius;  5  pisitbrme  ; 
6,  pyramidal;  7.  semi-lunaire; 
8.  scaplioiile;  0,  unciforme  ; 
10,  grand  *;is;  11,  trapézoïde; 
12  et  1,'î  melHciirpiens  soudés 
eu  os  canon. 


Abch.  Mus. 


T.  VIU. 


42 


RECHERCHES  AXATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


ti'ous  nourriciers  situés  à  côté  l'un  de  l'autre.  Les  sillons  de  coalescence  des  deux  grands 
métacarpiens  de  l'os  canon  (IIP  et  IV'')  sont  beaucoup  moins  manifestes  que  chez  les  bovidés, 
presque  effacés.  Le  canal  interosseux  de  l'extrémité  supérieure  n'est  marqué  que  par  un  seul 
orifice,  du  côté  antérieur;  l'inférieur  manque,  ou  plutôt  l'échancrure  interarticulaire  s'est 
étendue  jusqu'à  lui;  cette  échancrure  a,  en  effet,  3  1/2  à  4  centimètres  de  profondeur;  les 
deux  métacarpiens  de  l'os  canon  s'écartent  à  ce  niveau  et  divergent  manifestement. 

A  l'extrémité  supérieure,  on  remarque  que  la  surface  articulaire  de  l'uncifornie  est 
beaucoup  plus  étendue  que  dans  les  bovidés;  elle  équivaut  à  peu  près  à  la  moitié  de  la  surface 
articulaire  totale;  le  restant  est  subdivisé  en  deux  facettes,  pour  répondre  au  grand  os  et  au 
trapézoïde.  Il  est  donc  facile  de  distinguer  le  côté  interne  et  le  côté  externe,  d'autant  plus 
que  l'on  est  encore  aidé  par  la  présence  de  la  tubérosité  d'attache  de  l'extenseur  antérieur 
du  métacarpe,  qui  appartient  toujours  à  la  pièce  interne  de  l'os  canon  (métacarpien  III). 


FiG.  20.  —  Extrémité  digitée.  Face  dorsale 

1,  us  du  canon;  2,   premières  phalani^es;  3,  deuxièmes 
plialanges;  i,  phalanges  ungueales. 


FiG.  —  21 


Extrémité  digitée,  Face  palmaire 


1,  os  canon  ;  2,  premières  piialanges;  3  deuxièmes  [iha- 
langes;  4,  plialanges  ungueales;  5,  sésamoides. 


L'extrémité  inférieure  est  divisée,  comme  nous  l'avons  dit,  en  deux  parties  par  une 
profonde  échancrure;  chacune  d'elles  présente,  pour  répondre  à  la  première  phalange  corres- 
pondante, un  condyle,  simple  en  avant,  relevé  d'une  arête  médiane  en  arrière  ;  on  j  voit,  en 
outre,  aux  deux  extrémités  du  diamètre  transverse,  une  profonde  impression  ligamenteuse. 

G.  Phalanges  (fig.  20  et  21).  —  Vu  l'écartement  des  deux  doigts,  les  phalanges  ne 
présentent  point  d'aplatissement  du  côté  concentrique,  et  ainsi  sont  plus  l'essemblantes,  les  deux 
premières  au  moins,  à  des  phalanges  de  cheval  qu'à  des  phalanges  de  bœuf. 

La  première  est  longue  de  97  millimètres,  large  dans  son  milieu  de  26  millimètres;  elle 
est  fortement   étranglée  dans   la   partie  moyenne   et  élargie    aux  extrémités.   La   surface 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  43 

articulaire  supérieure  est  légèrement  déprimée  et  échancrée  postérieurement.  L'inférieure 
est  condyloïde  en  avant,  trochléenne  en  arrière;  des  deux  condyles  qui  bordent  la  trochlée, 
l'excentrique  monte  le  plus  haut,  ce  qui  permet  aisément  de  reconnaître  si  une  première  pha- 
lange donnée  est  externe  ou  interne;  on  peut  aussi  s'aider,  pour  cette  distinction,  de  la  situa- 
tion du  trou  nourricier,  qui  est  sur  la  face  concentrique  de  la  phalange.  De  chaque  côté  de 
Textrémité  inférieure,  on  remarque  une  impression  digitale  assez  profonde. 

La  deuxième  pJiakou/e  se  fait  remarquer  par  ses  bords  latéraux  détachés  en  arêtes 
rugueuses,  ce  qui  l'élargit  notablement  (longueur,  63  millimètres;  largeur,  32  millimètres). 
La  surface  articulaire  supérieure  est  concave  d'avant  en  arrière  avec  une  trace  de  relief 
médian;  la  ligne  de  jonction  de  l'épiphyse  est  marquée  par  une  légère  crête  rugueuse.  La 
surface  articulaire  inférieure  ressemble  à  la  surface  homologue  de  la  première  phalange  ;  les 
condyles  latéro-postérieurs  s'élèvent  presque  jusqu'à  la  moitié  de  la  longueur  de  l'os  en 
divergeant  fortement;  l'excentrique  monte  plus  haut  que  l'autre;  en  avant  de  ces  condyles 
on  remarque  deux  impressions  ligamenteuses  profondes. 

La  troisième  phalange  est  remarquable  à  sa  petitesse  et  à  l'absence  de  sésamoïde  com- 
plémentaire ;  elle  a  la  forme  d'une  courte  pyramide  trifaciée,  articulée  avec  la  deuxième 
phalange  au  moyen  d'une  surface  légèrement  concave  d'avant  en  arrière  avec  une  trace  de 
relief  médian.  Une  forte  rugosité  tient  lieu  d'éminence  pyramidale.  Les  deux  faces  latérales 
se  réunissent  sur  un  bord  supérieur  épais.  L'inférieui-e  est  à  peu  pi'ès  plane  ou  faiblement 
convexe;  les  bords  latéraux  qui  l'encadrent  sont  épais  et  très  rugueux;  on  j  voit  quatre  trous 
qui  pénètrent  dans  l'os:  deux  postérieurs,  deux  antérieurs,  ces  derniers  plus  petits  et  suscep- 
tibles de  se  dédoubler,  parfois  de  s'oblitérer. 

Quant  aux  sèsamoides ,  il  n'y  en  a  que  deux  pour  chaque  doigt,  annexés  à  chaque  arti- 
culation métacarpo-phalangienne.  Au  volume  près,  qui  est  beaucoup  moindre,  ils  ressemblent 
assez  exactement  à  ceux  du  cheval;  dans  chaque  paire,  l'excentrique  est  à  peine  plus  déve- 
loppé que  l'autre,  tandis  que  dans  les  ruminants  ordinaires,  ill'emporte  considérablement. 


M  EMBUE    AUDUMliNAL 

Hanche.  —  Goxal.  —  La  longueiu-  maximum  du  coxal  équivaut  assez  exactement 
aux  4/5  de  la  longueur  de  la  tête,  comme  dans  les  Solipèdes.  La  tête  des  chameaux  étant 
courte,  leur  croupe  l'est  aussi.  .T'ai  mesuré  : 

De  l'angle  interne  de  l'ilium  (épine  iliaque  postérieure  et  supérieure)  à  la  tubérosité 
ischiale  0'"425;  de  l'angle  interne  de  l'ilium  au  fond  de  l'acétabulum  0'"30;  du  fond  de  l'acé- 
tabulum  à  la  tubérosité  ischiale  0'"i64. 

Ce  coxal  se  fait  en  outre  remarquer  par  sa  très  forte  obliquité,  la  croupe  étant  avalée, 

IJiliiun  est  extrêmement  élargi:  de  l'angle  interne  à  l'angle  externe,  nous  avons 
mesuré  0'"30;  il  est  en  outre  fortement  rabattu  de  haut  en  bas,  de  telle  sorte  que  sou  angle 
externe  serait  bien  mieux  nommé  angle  inférieur  ;  il  s'ensuit  que  la  croupe  n'est  pas  seule- 
ment oblique  d'avant  en  arrière,  elle  l'est  encore  plus  sur  ses  côtés  (croupe  de  mulet). 

Sur  le  sujet  que  nous  avons  mesuré,  la  distance  entre  les  angles  externes  des  deux  iliums 
était  de  0™44;  celle  comprise  entre  les  angles  internes  était  de  O^ll .  Ceux-ci  sont  arrondis  et 


44  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

proéminents  sur  le  sacrum;  ceux-là  sont  dépourvus  de  tout  renflement  mais  au  contraire  atté- 
nués en  pointe.  La  crête  iliaque  qui  les  réunit  l'un  à  l'autre  est  convexe  etfoi-nieune  lèvre  épi- 
physaire  diminuant  d'épaisseur  de  haut  en  bas. — Le  bord  externe  de  l'iliumest  très  concave, 
mince  et  tranchant  à  sa  partie  supérieure,  tubéreux  intérieurement.  Le  col  est  aplati  latérale 
ment;  il  présente  du  côté  externe  une  dépression  rugueuse,  du  côté  interne  une  crête  iléo- 
pectinée  presque  eft'acée  avec  une  rugosité  marquant  l'attache  du  petit  psoas.  Le  trou  nourricier 
se  remarque  en  dedans  de  l'ilium,  à  la  suite  d'une  longue  scissure.  La  cavité  cotyloïde  est  peu 
pi'ofonde,  de  contour  régulier;  elle  offre  un  très  vaste  arrière-fond,  qui  s'ouvre  en  dedans  sur 
le  trou  ovalaire  par  une  échancrure  de  l'='"l/2  à  2  centimètres  de  largeur.  La  crête  sus-coty- 
loïdienne  est  beaucoup  moins  proéminente  mais  plus  épaisse  que  chez  les  bovidés;  elle  se 
termine  brusquement  par  une  forte  épine  sciatique,  derrière  laquelle  on  trouve  la  poulie  de 
renvoi  du  muscle  obturateur  interne. 

Uischium  est  relativement  court;  la  tubérosité  qui  le  termine  est  dirigée  transversale- 
ment et  présente  trois  cuspides  :  un  interne,  un  supérieur,  un  externe;  le  supérieur  est  peu 
proéminent  et  se  distingue  à  peine  de  l'externe  qui  est  le  plus  fort.  Cette  tubérosité  fait,  dans 
le  jeune  âge,  une  épiphyse  qui  se  prolonge  sur  le  bord  postérieur  de  l'os  ainsi  que  sur  la 
s^'mphyse  ischio-pubienne,  comme  dans  les  bovins.  Le  bord  externe  de  l'ischium,  à  partir  de 
l'épine  sciatique,  est  très  court  et  très  épais.  Le  trou  ovalaire  justifie  son  nom,  son  petit  pôle 
correspond  avec  l'arrière-fond  de  l'acétabulum  ;  il  esta  peu  près  aussi  large  que  long,  La 
laro-eur  du  bassin  au  niveau  des  tubérosités  ischiales  a  été  de  0'"333. 

LejJicbis  est  relativement  épais,  très  large  vers  la  symphyse;  l'épiphyse  symphysaire- 
dont  il  a  été  parlé  plus  haut  se  termine  là  par  un  élargissement  qui  fait  une  forte  saillie  anté- 
rieure pour  l'attache  du  tendon  commun  des  muscles  abdominaux.  Le  bord  antérieur  des 
pubis  est  creusé,  en  dehors,  d'un  sillon  qui  marque  la  place  de  l'artère  fémorale  profonde. 

CAvrrK  piiLviENNE.  — -  Le  détroit  antérieur  de  cette  cavité  est  elliptique,  à  grand  axe 
vertical  (diamètre  sacro-pubien,  0™264;  diamètre  bis-iliaque,  0"'194). 

Vu  l'effacement  des  crêtes  iléo-pectinées  à  la  partie  supérieure,  vu  l'obliquité  latérale 
des  iliums,  toute  la  face  interne  de  ceux-ci  fait  évasement  au  détroit  antérieur  et  constitue 
une  sorte  de  grand  bassin.  La  cavité  pelvienne  se  rétrécit  sensiblement  en  arrière;  nous 
avons  trouvé  entre  les  éi)ines  sciatiques  un  écartement  de  0"'i63  seulement.  Le  plancher  de 
cette  cavité  est  moins  allongé  et  moins  profond  que  dans  le  bœuf;  il  est  aussi  beaucoup  moins 
concave  d'avant  en  arrière  et  sa  concavité  est  localisée  entre  les  trous  ovalaires;  tandis  qu'il 
y  a,  au  contraire,  convexité  en  avant  et  en  arrière. 

Disons  enfin,  pour  terminer,  que,  avec  l'âge,  les  coxaux  arrivent  à  soudure  comjilète. 

Cuisse.  —  Fémur.  —  Le  fémur,  mesuré  de  la  tète  articulaire  au  eondyle  interne,  est  à 
peine  plus  long  que  le  radius  (O^Sl).  Sa  lai'geur  au  milieu  était  de  0"'05;  son  épaisseur  au 
même  endroit,  de  U"'043. 

Ainsi  que  le  font  remarquer  MM.  Ghauveau  et  Arloing,  le  fémur  des  chameaux  est  celui 
de  tous  les  mammifères  domestiques  qui  rappelle  le  plus  le  fémur  de  l'homme.  L'extrémité 
supérieure  est  large  et  très  aplatie  d'avant  en  arrière  ;  la  tête  articulaire  est  bien  détachée,. 
supportée  par  un  col  manifeste,  et  proéminente  sur  le  trochanter  ;  la  fossette  dont  elle  est 
creusée  pour  l'insertion  du  ligament  rond  est  plus  étendue  que  dans  le  bœuf,  sans  être  aussi 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  Â5 

profonde  que  dans  le  cheval.  Le  trochanter  est  en  contre-bas  de  la  tète  d'au  moins  1  centimètre, 
et  relativement  étroit  (0™OdC);  tandis  que  celui  du  Ijoeuf  dépasse  la  tête  de  2  centimètres 
environ  et  atteint  7  à  S  centimètres  de  largeur.  Le  trochantin  est  faible,  à  l'état  de  tubercule 
aplati  se  détachant  sur  le  bord  interne  de  l'os  ;  il  n'est  pas  réuni  au  trochanter  par  une  lèvre 
saillante  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  généralité  des  Ruminants;  en  conséquence  la  fosse  sous- 
troehantérienne  est  moins  étendue  que  chez  ceux-ci.  La  ligne  âpre  forme  sur  le  corps  de  l'os 
un  pilastre  rugueux  au  milieu  duquel  s'ouvre  le  trou  nourricier  ;  elle  se  Ijifurque  à  ses  deux 
extrémités  ;  des  deux  branches  supérieures,  l'interne  très  rugueuse  rejoint  le  trochantin, 
l'externe  peu  marquée  se  porte  à  la  base  du  trochanter;  les  deux  branches  de  la  bifurcation 
inférieure  se  terminent  aux  tubérosités  excentriques  des  condyleset  limitent  une  vaste  surface 
triangulaire  déprimée  ;  l'interne  forme  une  crête  saillante.  Au  lieu  d'une  fosse  sus- 
condylienne,  comme  il  en  existe  dans  les  Ruminants  communs  et  principalement  dans  les 
Solipèdes,on  voit,  au-dessus  du  tiers  inférieur  de  l'os,  une  large  empreinte  relevée  en  dedans 
d'une  forte  tubérosité;  c'est  le  lieu  d'attache  du  perforé  et  des  fibres  supérieures  du  jumeau 
externe  de  la  jambe. 

La  diaphyse  du  fémur  du  chameau,  vers  sa  jonction  avec  l'épiphyse  inférieure,  est 
manifestement  quadrangulaire,  comme  équarrie. 

La  trochlée  est  étroite  et  peu  profonde,  à  lèvres  minces  et  égales;  tandis  que  dans  le 
bœuf  la  lèvre  interne  est  beaucoup  plus  épaisse  et  proéminente  que  l'externe.  Les  condyles 
sont  bien  plus  écartés  que  dans  ce  dernier  animal,  ce  qui  élargit  considérablement  l'extrémité 
inférieure  de  l'os;  l'échancrure  intercondylienne  est  large,  chez  le  chameau,  de  28  à 
30  millimètres,  de  13  à  15  millimètres  chez  le  boeuf.  En  outre,  ces  condyles  sont  plus  arrondis, 
moins  allongés  dans  le  sens  vertical,  et  rinteriie  est  beaucoup  plus  petit  que  Vexterne. 

Rotule.  —  La  rotule  est  très  allongée  et  relativement  étroite  ;  elle  est  plus  large  mais 
moins  épaisse  en  haut  qu'en  bas,  plus  épaisse  en  dedans  qu'en  dehors.  La  surface  articulaire 
est  concave  de  haut  en  bas,  convexe  d'un  côté  à  l'autre,  circonscrite  par  une  rainure  plus  ou 
moins  manifeste. 

Longueur  de  la  rotule  =  92  millimètres;  largeur  47  millimètres;  éj)aisseur  12  milli- 
mètres. 

Jambe.  —  Le  péroné  est  réduit,  comme  dans  la  généralité  des  Ruminants,  à  l'os 
malléolaire,  os  beaucoup  plus  épais  que  dans  les  Bovidés,  complélant  la  gorge  externe  du  tibia 
et  s'articulant  inférieurement  avec  le  calcanéum  au  moyen  d'une  ;, 

cavité  beaucoup   plus  spacieuse  que  dans  ces  derniers  (tig.  22). 

Le  TIBIA  est  de  3  à  4  centimètres  plus  long  que  l'humérus,  et  '4«^',     R  I' 

de  6  à  8  centimètres  moins  long  que  le  fémur  et  le  radius.  Mesuré 
du  côté  interne,  sans  comprendre  l'épine  de  l'extrémité  supérieure, 
il  avait  (r43;  sa  largeur  dans   le  milieu  était  de  0™053,   son         FiG.2^>.-suRi.ACEAi.Tian.AiBE 

'  '  •  '  DISTAI.E  DEi3  OS  DE  I,A  JAMBE 

épaisseur  au  même  endroit  de  0"'037.  D'une  façon  générale,  le         y^,  p,,„,„  ^  ^.^,^^  ^-os  maiieu- 

■  •1  •        1  1  .1  1    1-     M  i  •«  ^  1    •  liiire;  u.  ïj,  tibia  {côte  antérieur 

tibia  du  chameau  est  plus  aplati  d  avant  en  arrière,  plus  courbe  et  lùté postérieur). 

en  dehors  supérieurement  que  celui  du  bœuf.  La  dimension  trans- 
versale de  l'extrémité  supérieure  l'emporte  beaucoup  sur  l'antéro-postérieure,  tandis  (jue 
ces  deux  dimensions  sont  approximativement  égales    dans  le   boeuf.    En   outre    l'épine  est 


46 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SIH  LES  CAMÉLIDÉS 


moins  saillante,  le  plateau  articulaire  plus  plat,  la  coulisse  antérieure  plus  étroite  que  chez  ce 
dernier. 


Chameau. 

Dimension   transversale   maximum 

de  l'extrémité  supérieure    .     .     123  millimètres. 

Dimension  antéro-postérieure  maxi- 
mum de  l'extrémité  supérieure.     103         — 


Bœuf. 

iC5  millimètres. 
103         — 


Le  bord  externe  du  tibia  des  Gainéliens  est  très  mince  à  la  partie  supérieure,  presque 
tranchant.  La  face  postérieure  est  remarquablement  plane  et  lisse;  seule  la  ligne  du  poplité  s'y 

dessine,  encore  avec  peu  de  vigueur.  Le  trou  nourricier,  situé  à 
l'endroit  ordinaire,  est  précédé  d'une  large  gouttière.  L'e.xtrémité 
inférieure  est  surmontée  en  avant  d'une  dépression  qu'on  n'observe 
pas  chez  les  Bovidés;  elle  porte  une  surface  articulaire  semblable 
à  celle  du  bœuf  mais  plus  large,  surtout  dans  la  partie  qui  répond 
à  l'os  malléolaire.  La  tubérosité  antérieure  de  l'extrémité  supé- 
2f\  lieure  est  remarquablement  comprimée  dans  le  sens  latéral  et 

excavée  en  dedans  comme  en  dehors. 


Pied.  —  A.  Tarse  (flg.  23).  —  Contrairement  à  ce  que 
l'on  observe  dans  la  généralité  des  Ruminants,  le  tarse  des  Camé- 
liens  ne  présente  pas  de  soudure  entre  le  cuboïde  et  le  scaphoïde  ; 
on  trouve  donc  : 


1  Calcanéum.    2  astragale. 

4  scaphoide. 

5  ffrand  cunéiforme,  6 


3  Cuboïde. 


letit  cunéiforme. 


FiG.  'Z3.  —  Face  dorsale 

DU  TARSE 

.  colcanéum  ;  2.  surface  articu- 
laire répondant  à  Tos  malléo- 
iaire  ;  3,  astragale  ;  4,  fosse 
sous-trochlèenne;  5, surface  arli- 
culaire  inféiieure;  li,  apophyse 
latérale;  7,  cnltoïde;  8.  sca- 
phoide; 9,  grand  cunéiforme; 
10.  petit  cunéiforme;  11, 12  mé- 
taiarsieiis  soutlés  en  os  canon. 


Le  calcanéum  du  chameau  ressemble  beaucoup  à  celui  du 
bœuf;  mais  il  est  plus  épais;  il  présente  une  forte  tubérosité  en 
bas  de  son  bord  postérieur  et  son  condyle  externe,  pour  répondre 
à  l'os  malléolaire,  est  au  moins  deux  fois  plus  volumineux  ainsi 
que  la  partie  sous-jacente.  Cet  os  n'est  pas  apointi  à  l'extrémité 
inférieure  comme  il  l'est  chez  le  bœuf. 


Longueur  totale i47  millimètres. 

Longueur  au-dessus  de  l'astragale,  c'est-à-dire  du  bec  au  sommet 95         — 

U  astragale  se  distingue  :  par  une  pointe  de  saface  externe  qui  surmonte  le  conduit  calcanéo- 
astragalien,  par  la  lèvre  externe  de  sa  trochlée  inférieure  qui  se  déprime  légèrement  et 
ébauche  une  deuxième  trochlée,  par  l'excavation  profonde  que  présente  à  sa  base  la  poulie 
du  tibia. 

Le  cuhoïde  est  libre  et  très  développé,  avec  un  prolongement  tubéreux  qui  proémine  en 
arrière  du  tarse.  L'épaisseur  maximum  de  cet  os  est  de  35  à  40  millimètres  dans  le  chameau, 
de  20  à  25  millimètres  seulement  dans  le  bœuf. 

Le  scaphoïde  est  relativement  peu  développé  dans  le  sens  transversal  ;  sa  pointe  posté- 
rieure est  beaucoup  moins  saillante  que  dans  le  bœuf. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  47 

Le  grand  cunéiforme  ou  cunéiforme  externe  n'offre  rien  de  particulier. 
he  j^^m  cunéiforme  est  assez  volumineux. 

B.  Métatarse.  —  Le  métatarse  ne  dépasse  pas  le  métacarpe,  en  longueui",  de  plus  de 
1  centimètre  à  l*""  1/2;  mais  il  est  notablement  plus  étroit;  nous  avons  trouvé  : 

Longueur  0"3i2;  largeur  au  milieu,  dans  le  sens  transversal  0™033;  épaisseur,  dans  le 
sens  antéro-postérieur,  à  la  partie  moyenne  O^OSG. 

La  face  postérieure  est  moins  concave  ;  les  reliefs  rugueux  qui  la  bordent  descendent  plus 
bas  et  ne  sont  pas  sur  le  même  plan,  l'externe  étant  plus  proéminent  que  l'interne.  La 
surface  articulaire  supérieure  est  surmontée  en  arrière  d'une  pointe  plus  saillante  que  dans  le 
bœuf  mais  non  perforée  à  la  base;  elle  est  divisée,  par  une  vaste  fossette  d'insertion,  en  deux 
parties  qui  sont  à  peu  près  de  niveau;  l'une  i-épondant  au  cuboïde,  l'autre  aux  deux 
cunéiformes.  L'échancrure  interarticulaire  inférieure  est  beaucoup  plus  étroite  qu'au  méta- 
carpe ;  souvent  son  fond  s'isole  en  un  conduit  perforant  comme  il  en  existe  chez  les  autres  Rumi- 
nants; les  surfaces  articulaires  qu'elle  sépare  sont  elles-mêmes  moins  larges  qu'au  membre 
antérieur  (42  :  48  millimètres)  ;  en  outre  ces  surfaces  ne  sont  pas  exactement  en  ligne  : 
l'externe  dépasse  l'autre  en  avant  ;  les  deux  grands  métatarsiens,  soudés  en  os  canon,  semblent 
avoir  éprouvé  une  sorte  de  distorsion  qu'on  n'observe  pas  au  métacarpe.  Ajoutons  que  les 
trous  nourriciers  sont  situés  sur  la  face  postérieure  comme  au  métacarpe,  mais  placés  l'un  au- 
dessus  de  l'autre  au  lieu  d'être  l'un  à  côté  de  l'autre;  il  est  bon  de  remarquer  enfin  que  le  sillon 
médian  vasculaire  de  la  face  antérieure,  sillon  si  marqué  chez  le  bœuf,  est  à  peu  près  effacé. 

C.  Phalanges.  —  Les  phalanges  du  pied,  au  moins  les  deux  premières,  se  distinguent 
de  celles  de  la  main  par  leurs  moindres  dimensions,  ainsi  qu'en  témoignent  les  mensurations 
suivantes  : 

Premières  phalanges.  Deuxièmes  phalanges. 


Longueur. 

'" 

Largeur. 

Longueur. 

Largeur. 

Main. 

97  millimètres. 

26    millimètres. 

63  millimètres. 

32  millimètres 

Pied. 

86        — 

24,5         — 

59        — 

28          — 

Quanta  la  forme,  elle  est  sensiblement  la  même. 

La  même  observation  est  à  faire  en  ce  qui  concerne  les  sésamoïdes. 

ARTICULATIONS 

Nous  allons  passer  les  articulations  en  revue  et  signaler  les  principales  diffé- 
rences qu'elles  présentent,  comparativement  à  celles  du  bœuf,  au  point  de  vue  sjndes- 
mologique. 

ARTICULATIONS  DU   UACIIIS 

Le  ligament  surépineux  est  à  signaler  tout  particulièrement;  il  est  formé  de  tissu  jaune 
élastique  dans  la  plus  grande  partie  de  sa  longueur  ;  de  telle  sorte  que  la  portion  dite  cervicale 
s'étend  depuis  la  tête  jusqu'aux  lombes.  Ce  ligament  cervical  offre  un  énorme  développement 
et  l'emporte  de  beaucoup  sur  celui  du  bœuf  ou  du  cheval  (fig.  24);   il  est  composé  de  deux 


AS 


UKCHERGHES  ANATOMIQUES  SUli   I.l'S  CAMÉLIDÉS 


moitiés  latérales  qui  se  confondent  postérieurement  on  un  ligament  surépineux  lombaire 
simple  et  progressivement  inextensible.  Au  niveau  du  garrot,  ces  deux  moitiés  se  rabattent 
de  part  et  d'autre  du  sommet  des  apophyses  épineuses  et  recouvrent  complètement  les 
muscles  longs  épineux  ;  elles  s'étendent  même  à  l'état  d'une  mince  lame  par-dessus  le  trans- 
versaire  du  cou,  le  long  dorsal  et  l'intercostal  commun,  jusqu'à  la  surface  des  muscles  inter- 
costaux externes.  Dans  la  région  du  cou,  elles  sont  directement  adossées,  et  accolées  par  du 
tissu   conjonctif;  elles  forment  :    1°  un  funicule  gros  comme  le  bras  qui  suit  le  bord  supé- 


FiG.  :i4.  —  Ligament  cervical  et  muscles  profonds  du  cou. 

1,  ligament  cervical:  2.  iiieniln'aue  élastique  médiane  auxiliaire  du  ligament  cervical;  3,  niullifide  du  racliis;  4.  intertraus- 
Tersaires  du  cou:  5.  scalene  infeiieur;  L',  scalene  supérieur;  û",  scalène  supracuslal  (inconstant);  (i,  trachelo-alloidien; 
7,  grand  droit  antérieur  de  la  tête;  !<,  insertion  du  petit  coniplexus  de  l'atlas;  9,  grand  oblique  de  la  tète;  10.  grand 
droit  postérieur  de  la  tète;  U,  petit  oblique  de  la  tête;  12,  insertion  du  grand  complexus;  13,  sus-coslaux  ;  14,  trans- 
versal des  côtes;  15,  intercostaux  externes;  16,  artère  axillaire:  17,  veine  axillaire:  18,  plexus  brachial. 


rieur  du  cou  (corde  du  ligament  cervical)  et  vient  s'insérer  derrière  la  protubérance 
occipitale  externe;  2"  une  lame  qui  s'enclave  entre  les  muscles  cervicaux  supérieurs  de  l'un 
et  de  l'autre  côté  et  se  termine  par  autant  de  languettes  sur  les  apophyses  épineuses  des  2% 
3%  4%  5>-'  et  &  vertèbres. 

En  bas  du  cou,  l'espace  laissé  libre  entre  le  dernier  feston  et  les  deux  premières  apophyses 
épineuses  dorsales  est  occupé  par  une  autre  lame  élastique  très  forte,  se  distinguant  nettement 
(le  celle  du  ligament  cervical  en  ce  qu'elle  est  tout  à  fait  médiane  et  non  dédoublée;  elle 
s'insère  d'une  part'  sur  les  apophyses  spineuses  dorsales  précitées,  d'autre  pai't  sur  les  deux 
dernières  apophyses  épineuses  cervicales  ;  elle  s'engage  dans  une  certaine  étendue  entre  les 
lieux  moitiés  du  ligament  cervical.  Cette  production  élastique  auxiliaire  du  ligament  cervical 
fait  défaut  dans  les  Solipèdes,  mais  on  la  trouve  à  des  degrés  divers  de  développement  dans 
la  plupart  des  ruminants,  sinon  dans  tous. 

Les  disques  intervertébraux  du  cou  atteignent  une  épaisseur  de  3  à  4  centimètres  et 
contribuent  à  l'extrême  mobilité  de  cette  région  ;  tandis  que  ceux  du  dos  et  des  lombes  ne 
dépassent  pas  en  mo^'enne    1/2  centimètre;   comme,  d'autre  part,  les  surfaces  articulaires 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


49 


qu'ils  réunissent  sont  plus  ou  moins  planiformes,  il  s'ensuit  une  très  grande  solidité  mais  très 
peu  de  mobilité  et  de  souplesse. 

C'est  tout  ce  que  nous  avons  à  dire  des  articulations  du  rachis;  pour  le  reste,  elles 
ressemblent  exactement  à  celles  du  bœuf. 


ARTICULATIOJNS  DE   LA   TETE 

Grâce  à  la  disposition  des  surfaces  articulaires,  que  nous  avons  déjà  fait  connaître,  l'arti- 
culation occipito-atloïdienne  permet  des  mouvements  plus  libres,  plus  étendus,  plus  variés 
que  dans  tout  autre  ruminant. 

L'articulation  temporo-raaxillaire  est  elle-même  très  mobile,  soit  en  raison  de  la  laxité 
de  sa  capsule,  soit  en  raison  du  jeu  des  surfaces  emboîtées. 

Pour  ce  qui  est  des  satures  de  la  tète  et  des  articulations  de  l'hyoïde,  nous  renvoyons 
à  ce  que  nous  en  avons  dit  en  ostéologie. 


ARTICULATIONS   DU   MEMBRE   THORACIQUE 

Articulation  de  l'épaule.  —  L'articulation  de  l'épaule  se  fait  remarquer  par  l'em- 
boîtement très  peu  profond  des  surfaces  articulaires  et  par  l'extrême 
laxité  de  la  capsule  qui  les  unit  ;  le  tendon  volumineux  du  biceps 
glissant  dans  la  coulisse  bicipitale  est  son  principal  moyen  d'assujet- 
tissement. L'angle  scapulo-huméral  est  très  ouvert  ;  la  tète  humé- 
raie  tend  à   se  mettre  dans  l'axe  de  l'os. 

Articulation  du  coude.  —  L'articulation  du  coude  se  distingue 
l>ar  la  profondeur  delà  trochlée  humérale  et  par  l'ankylose  complète 
des  deux  pièces  formant  la  surface  antibrachiale.  Le  ligament  latéral 
externe  est  court,  fort,  élargi  inférieurement;  il  lance  des  fibres 
arciformes  sur  le  cubitus,  lesquelles  forment  une  coulisse  pour  le 
passage  du  muscle  cubital  externe.  Le  ligament  latéral  interne  est 
mince,  triangulaire,  inséré  par  son  sommet  sur  l'humérus,  épanoui 
inférieurement  sur  le  radius  et  jusque  sur  le  cubitus  grâce  à  ses 
fibres  arciformes  postérieures;  il  ne  lance  pas  de  faisceau  par-dessus 
le  tendon  du  brachial  antérieur,  comme  on  l'observe  chez  les  autres 
ruminants  et  les  solipèdes  (faisceau  plus  ou  moins  incrusté  de  fibres 
musculaires  et  représentant  un  rond  pronateur  dégénéré).  Ces  deux 
ligaments  latéraux  sont  réunis  par  un  ligament  membraneux  fermant 
l'articulation  antérieurement;  leui's  fibres  arciformes  qui  se  portent 
au  cubitus  figurent  évidemment  un  vestige  du  ligament  annulaire  que 
l'on  observe  dans  les  espèces  pourvues  d'une  trochoïde  radio-cubitale. 

Articulations  carpiexnes.  —  Les  articulations  carpiennes,  dites  articulations  du  genou 
chez  les  quadrupèdes,  sont  remarquables  à  la  laxité  de  leurs  ligaments,  permettant  des  mouve- 
ments de  côté  plus  étendus  que  dans  les  autres  ruminants.  Les  ligaments  latéraux  communs 

Abcii.  Mus.  —  t.  VIII.  7 


FiG.  25.  —  Articulation 

DU    CARPE,    FACE    PALMAIRE. 

),  radius;  2,  cubitus;  3,  atta- 
che du  cubital  externe  sur 
le  pisiforme;  4.  ligament 
cubito-sus-car[iien;  5,  liga- 
ment metacarpo-sus-carpien: 
6,  ligament  collatéral  inter- 
ne ;  7,  suspenseur  ilu  boulet  ; 
8,  8,  insertions  de  trajet  du 
perfore  ;.  9,  \K  section  de 
l'arcade  carpienne  soudée  au 
perforé. 


50  RECnEUCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

sont  très  forts,  l'interne  plus  mince  et  plus  large  que  l'externe.  Le  ligament  commun  posté- 
rieur est  peu  épais,  non  prolongé  par  une  bride  carpienne;  celle-ci  fait  complètement  défaut. 
Lorsqu'on  enlève  le  ligament  commun  postérieur,  on  découvre  l'origine  du  suspenseur  du 
boulet  qui  ne  se  fait  pas  seulement  sur  l'os  canon  et  sur  les  os  de  la  deuxième  rangée  car- 
pienne, mais,  en  outre  sur  le  pisiforrae  et  sur  le  radius,  comme  le  montre  la  figure  25 . 
Remarquons  encore  le  volumineux  ligament  qui,  du  pisiforme,  se  porte  à  l'os  externe  de  la 
deuxième  rangée  et  au  métacarpe,  ainsi  que  le  court  funicule  qui  réunit  le  pisiforme  à  l'extré- 
mité inférieure  du  cubitus,  au-dessus  d'un  cul-de-sac  externe  de  la  synoviale  radio-carpienne. 
Le  ligament  membraneux  antérieur,  ainsi  que  les  divers  ligaments  intrinsèques,  n'offrent 
rien  de  particulier,  non  plus  que  la  manière  dont  s'accomplissent  les  mouvements;  par  consé- 
quent, il  est  à  peine  utile  de  dire  que,  dans  la  flexion,  ce  sont  les  interlignes  radio-carpien  et 
carpo-carpien  qui  s'entr'ouvrent,  tandis  que  la  deuxième  rangée  du  carpe  reste  à  peu  près 
fixe  sur  le  métacarpe. 

Articulations  métacarpo-phalangiennes.  —  Les  articulations  métacarpo-phalan- 
giennes  ou  du  boulet  présentent,  quant  aux  surfaces  articulaires,  des  particularités  que  nous 
avons  déjà  fait  connaître.  Sauf  le  ligament  suspenseur  du  boulet,  tous  les  ligaments  sont  en 
double,  et  il  y  a  vraiment  ici  deux  articulations  juxtaposées  côte  à  côte  mais  non  confondues; 
on  compte  pour  chacune  :  un  ligament  intersésamoïdien,  deux  ligaments  sésamoïdiens  laté- 
raux, trois  couches  de  ligaments  sésamoïdiens  inférieurs,  une  capsule  antérieure,  deux 
ligaments  latéraux,  enfin  l'une  des  branches  de  la  bifurcation  terminale  du  suspenseur. 

Le  ligament  intersésamoïdien  unit  les  sésamoïdes  de  chaque  paire,  et  les  encroûte  d'une 
couche  flbro-cartilagineuse  qui  fait  coulisse  pour  les  tendons  fléchisseurs;  il  fait  continuité 
insensible  au  suspenseur  du  boulet. 

Les  ligaments  sésamoïdiens  latéraux  se  portent,  de  chaque  coté,  de  la  paire  sésamoïdienne 
envisagée  aux  extrémités  de  la  première  phalange  correspondante  (fig.  26.7). 

■  Les  ligaments  sésamoïdiens  inférieurs,  bien  que  relégués  à  la  partie  supérieure  de  la 
première  phalange,  n'en  forment  pas  moins  trois  couches  distinctes  :  en  couche  superficielle, 
on  voit  deux  gros  funicules  réunis  inférieurement  en  forme  de  V(fig.  26, (J);  en  couche  moyen- 
ne, quatre  bandelettes  se  joignant  en  M  (flg.27,3);  enfin,  en  couche  profonde,  deux  autres 
bandelettes  très  faibles,  croisées  en  X  et  rappelant  exactement  le  ligament  sésamoïdien 
inférieur  profond  des  solipèdes  (fig.  27,4). 

La  capsule  antérieure  n'offre  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  qu'elle  est  plus  ou  moins 
confondue  avec  le  tendon  de  l'extenseur  propre  du  doigt  correspondant  (fig.  28). 

Les  ligaments  latéraux  sont  l'un  excentrique,  le  plus  fort,  l'autre  concentrique,  situé 
au  fond  de  l'interstice  digité. 

Quant  au  ligament  suspenseur,  il  résulte,  comme  on  sait,  de  la  transformation  fibreuse 
des  deux  muscles  interosseux  des  métacarpiens  III  et  IV.  qui  ont  fait  coalescence  comme  ces 
derniers,  et  cette  transformation  est  plus  complète  que  dans  aucun  autre  ruminant,  car  il 
nous  a  été  impossible  de  trouver  la  moindre  trace  de  fibres  musculaires  dans  la  constitution 
de  cet  organe.  C'est  une  corde  aplatie,  extrêmement  forte  et  résistante,  appliquée  sur  la  face 
postérieure  de  l'os  canon,  couverte  par  les  tendons  fléchisseurs  des  phalanges,  excavée  en 
gouttière  sur  sa  face  postérieure,  prenant  naissance,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  sur  l'extré- 
mité supérieure  de  l'os  du  canon,  sur  les  os  de  la  deuxième  rangée  carpienne.  sur  le  pisiforme 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


51 


et  jusque  sur  le  radius,  se  divisant  inférieurement  en  deux  branches  qui  s'insèrent  sur  les 

deux  paires  de  sésamoides  en  se  confondant  avec  les 
ligaments  intersésamoïdiens  ;  deux  faisceaux  se 
détachent  de  ces  branches  terminales,  du  côté  excen- 
trique, et  se  portent  obliquement  en  avant  pour  se 
réunir  aux  tendons  extenseurs  propres  des  doigts. 
Le  suspenseur  du  boulet  au  membre  antérieur 
est  au  moins  trois  fois  plus  volumineux  que  les 
tendons  réunis  du  perforant  et  du  perforé. 


FiG.  26.  —  Articulations  digitées,  face  palmaire. 

i,  suspenseur  du  boulet;  2,  tendou  perforant,  renfle  en 
fuseau  dans  la  coulisse  sésamoidienne  ;  3,  nodule  pré- 
terminal  du  même  tendon;  4,  terminaison  du  même 
tendon  ;  5,  tendon  perforé  ;  5',  nodule  préterrainal  de 
ce  tendon  :  6,  ligaments  sésamoïdiens  inférieurs  su- 
perficiels; 7,  ligaments  sésamoïdiens  latéraux. 


FiG.  27.  —  Face  postérieure  d'une  articulation 

MÉTACARPO-PHALANGIENNE  APRÈS  ABLATION  DES  LI- 
GAMENTS sésamoïdiens  inférieurs  superficiels. 

1,  suspenseur  du  boulet  (l'une  de  ses  deux  branches); 
2,  ligaments  sésamoïdiens  latéraux  :  3,  3,  3,  ligaments 
sésamoïdiens  inférieurs     moyens;  4,  ligaments  sésa 
moîdieiiS  inférieurs  profonds. 


FiG.  28.  —  Articulation  et  tendons  uigites, 
FACE  dorsale. 

1,  tendon  de  l'extenseur  commun  des  doigts;  2,  branche 
çhalangettienne;  o.  branche  phalangiiiienne,  ren- 
torcée  par  le  ligament  4  ;  5,  extenseur  propre  du  doigt 
interne  ;  6,  son  expansion  articulaire;  7,  la  suile 
du  même  tendon  renforcée  par  le  ligament  8  ;  V 
ligament  rétractile  de  la  3'  phalange  ;  10,  ligaments 
latéraux  de  l'articulation  des  deux  dernières  pha- 
langes. 


FiG.  29.  —  Articulations  et  tendons  digités, 
vue  latérale. 

1,  exienseur  commun  des  doigts;  2.  extenseur  propre  d'un 
doigt;  3,  sa  bride  de  renforcement;  4,  li^'ament  col- 
latéral du  boulet  ;  ô,  6,  brides  d'attache  latérales  de 
l'arcade  sésamoidienne;  7.  arcade  sésanioîdienne  ; 
8,  suspenseur  du  boulet;  9,  tendons  fléchisseurs; 
10.  terminaison  du  perforé;  li,  perforant;  12,  liga- 
ment latéral  delà  !■■■:  articulation  mterphalangienne; 
13,  ligament  latéral  de  la  2»  articulation  interpha- 
laugieuoe. 


Articulations  interpiialangiennes  (fig.  26  à  29).    —  Les   premières   ai'ticulations 


52  RECHEUCII1':S  ANAÏOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

interphalangiennes  présentent  chacune  deux  ligaments  latéraux,  procédant  de  fossettes 
qu'on  observe  de  part  et  d'autre  de  l'extrémité  inférieure  de  la  première  phalange,  s'élargis- 
sant  inférieurement  et  se  terminant  sur  la  deuxième  phalange,  en  se  réunissant  à  l'insertion 
du  perforé.  Cette  articulation  est  en  outre  puissamment  consolidée  par  les  tendons  exten- 
seurs ou  fléchisseurs  qui  s'attachent  à  la  deuxième  phalange. 

La  deuxième  articulation  interphalangienne  ressemble  beaucoup  à  la  première  ;  on  y 
voit  deux  ligaments  latéraux  insérés  d'une  part  dans  les  fossettes  inférieures  de  la  deuxième 
phalange,  d'autre  part  sur  la  phalangette,  ligaments  se  réunissant  l'un  à  l'autre  en  formant 
une  expansion  qui  coiffe  les  condyles  postéro-latéraux  de  la  deuxième  phalange.  On  ne  trouve 
pas  ici  de  petit  sésamoïde.  Signalons  en  outre  un  ligament  antérieur  élastique  qui  commu- 
nique à  l'ongle  sa  rétractitilité,  ligament  s'insérant  d'une  pari  sur  la  face  antérieure  de  la 
deuxième  phalange  du  côté  interne,  de  l'autre  sur  l'éminence  pyramidale  de  la  troisième. 


ARTlCULÂTlOiNS  DU  MEMBRE  ABDOMINAL 

Articulations  du  bassin,  —  L'articulation  coxo-fémorale  se  distingue  par  son  extrême 
mobilité,  mais  elle  est  disposée  essentiellement  comme  celle  du  bœuf,  de  même  que  l'articu- 
lation sacro- iliaque. 

Articulation  fémoro-tibio-rotulienne.  —  L'articulation  fémoro-tibio-rotulienne 
permet  des  mouvements  latéraux  très  marqués.  Le  ligament  latéral  externe  fait  défaut; 
l'interne  est  petit.  Le  ligament  rotulien  est  très  fort  mais  simple.  Le  ménisque  externe  se 
termine  en  arrière  par  deux  cordons  ligamenteux,  dont  l'un  remonte  au  fémur  et  s'insère  en 
haut  de  l'échancrure  intercondylienne.  tandis  que  l'autre  se  jette  sur  le  ménisque  interne  en 
formant  un  pont  sous  lequel  passe  le  ligament  croisé  postérieur.  Quant  aux  autres  ligaments 
et  aux  synoviales  ils  n'offrent  rien  de  particulier. 

Articulations  tarsiennes  ou  du  jarret  (flg.  30  à  32).  —  Les  articulations  tarsiennes 
ou  du  jarret  nous  ont  offert  à  leur  périphérie  les  ligaments  suivants  : 

a)  Un  ligament  membraneux  antérieur  et  un  ligament  membraneux  postérieur  n'ayant 
rien  de  particulier. 

b)  Un  ligament  tarso-métatarsien  postérieur  très  faible,  prolongé  par  une  bride  qui  se 
dégage  de  dessous  le  tendon  fléchisseur  perforant,  pour  se  jeter  sur  le  tendon  perforé,  du  côté 

interne. 

c)  Deux  ligaments  latéraux  externes,  l'un  superficiel,  étendu  de  la  malléole  externe  au 
métatarse  en  prenant  insertion  chemin  faisant  sur  le  calcanéum  et  le  cuboïde,  l'autre  profond, 
obliquement  dirigé  de  la  malléole  externe  au  calcanéum  et  couvrant  l'os  malléolaire. 

6Z;  Deux  ligaments  latéraux  internes  qui  répètent  à  peu  près  exactement  les  précédents, 
l'un  superficiel  couvrant  la  face  interne  du  tarse  depuis  la  malléole  interne  jusqu'au  métatarse, 
l'autre  profond  terminé  sur  l'astragale. 

ej  Un  ligament  astragalo-scaphoidien.  inséré  d'une  part  sur  l'astragale  en  dessous  de  sa 
poulie  tibiale,  d'autre  part  sur  le  scaphoide  et  le  cuboïde. 

fj  Un  ligament  cuboido-scaphoïdo-métatarsien,  unissant  le  métatarse  aux  os  de  la 
deuxième  rangée  tarsienne. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


53 


g)  Un  ligament  ealcanéo-metatarsien,  extrêmement  fort  et  divisé  en  deux  couches  super- 
posées; la  portion  superficielle  n'a  pas  moins  de  1  centimètre  d'épaisseur  sur  2  de  largeur; 
elle  se  termine  par  deux  branches  entre  lesquelles  passe  le  tendon  perforant,  l'externe  s'insère 
sur  la  saillie  postérieure  du  cuboïde  en  se  confondant  avec  le  suspenseur  du  boulet;  l'interne 
s'attache  longuement  sur  le  côté  correspondant  du  métatarse  (voy.  fig.  50).  Quant  à  la  portion 
profonde  dudit  ligament  ealcanéo-metatarsien,  elle  est  relativement  mince  et  s'insère  tout 
le  long  du  bord  postérieur  du  calcanéum  d'une  part,  sur  le  prolongement  postérieur  du 
cuboïde  d'autre  part. 

h)  Lorsqu'on  a  enlevé  le  ligament  tarso-niétatarsien  postérieur  et  la  bride  tarsienne,  on 


Fis.  30.  —  Auticllations  du  tarse, 
face  antérieure,  i.a  capsule  en- 
LEVÉE. 

i,  tibia;  2,  astragale;  3,  os  malléolaire  ; 
4,  calcanéum  ;  5,  cuboïde  ;  6,  scaplioide  ; 
7,  ligament  collatéral  externe  super- 
ficiel ;  7,  ligament  collatéral  ext.  pro- 
fond; 8.  ligament  collatéral  interne  su- 
perficiel; 8',  ligament  collatéral  interne 
profond;  9,  ligament  astragalo-  sca- 
phoidien;  10,  ligament  scapluiido-méla- 
tarsien  ;  U.  insertion  du  muscle  fléchis- 
seur du  pied;   12,  os  canon. 


FiG.  31. 


-  Articulations  du  tarse, 

FACE   externe. 


1,  tibia;  2,  calcanéum;  3,  métatarse; 
4,  long  peronier;  5,  court  peronier  ou 
exienseur  propre  du  doigt  externe  ; 
Ij,  bride  d'assujettissement  des  tendons 
précédents;  7,  ligament  collatéral  ex- 
terne superficiel;  8,  ligament  collaté- 
ral externe  profond  ;  9.  capsule  anté- 
rieure; 10,  ligament  ealcanéo-metatar- 
sien; II.  suspenseur  du  boulet. 


FiG.  32.  —  Articulations  du  tarse, 
FACE  interne. 

1,  tibia;  2.  calcanéum;  3,  tendon  du 
long  fléchisseur  interne  des  phalanges  ; 
4,  tendon  du  long  fléchisseur  externe 
des  phalanges;  5,  bride  d'assujettisse- 
ment; 6,  ligament  collatéral  interne 
superficiel;  7,  suspenseur  du  boulet; 
8,  os  canon. 


découvre  très  nettement  l'origine  du  suspenseur  du  boulet,  qui  se  fait  par  trois  branches  :  une 
externe  faisant  suite  au  ligament  ealcanéo-metatarsien,  une  moyenne  se  détachant  du  sca- 
phoïde,  une  interne  procédant  du  métatarse  et  du  petit  cunéiforme.  A  sa  partie  supérieure,  le 
suspenseur  du  boulet  est  obliquement  placé,  de  telle  sorte  que  son  bord  externe  est  beau-- 
coup  plus  saillant  que  l'interne;  il  est  en  outre  excavé  en  gouttière  ainsi  qu'au  membre  de 
devant. 

i)  On  voit  enfin,  sous  le  ligament  tarso-métatarsien  postérieur,  un  petitligament  transverse 
jeté  de  l'extrémité  inférieure  du  calcanéum  au  scaphoïde. 

Articulations  digitées  du  membre  postérieur.  —  Quant  aux  articulations  digitées  du 
membre  postérieur,  elles  répètent  exactement  celles  du  membre  antérieur. 


Si  l'on  jette  un  coup  d'oeil  d'ensemble  sur  les  articulations  îles  chameaux,  un  constate 


54  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

qu'en  général  les  surfaces  articulaires  tendent  à  l'aplanissement  et  que  les  ligaments  sont  plus 
ou  moins  relâchés  ou  élastiques.  Exception  faite  pour  les  articulations  des  vertèbres  dorsales 
et  lombaires,  on  peut  dire  que  la  plupart  des  autres  jointures  ont  une  mobilité  extrême  et 
pour  ainsi  dire  insolite. 

De  tous  les  grands  quadrupèdes,  ces  animaux  sont  certainement  les  plus  souples  des 
membres,  de  la  tète  et  du  cou;  il  n'en  est  pas  dont  le  balancier  cervico-céphalique  soit  plus 
puissant. 

MUSCLES 

Dans  ce  chapitre,  nous  n'envisagerons  que  les  muscles  peaussiers  et  les  muscles  du 
squelette,  renvoyant,  pour  ce  qui  concerne  les  autres,  aux  chapitres  traitant  des  appareils 
divers  dont  ils  font  partie. 

MUSCLES  PEAUSSIERS 

Nous  distinguerons  les  peaussiers  du  tronc,  du  cou  et  de  la  tête. 

Peaussier  du  tronc  ou  pannicule  charnu.  —  Vallon  écrit  que  les  muscles 
sous-cutanés  sont  beaucoup  moins  développés  chez  le  dromadaire  que  chez  le  cheval  et  sur- 
tout que  chez  le  bœuf,  de  telle  sorte  que  la  peau  adhère  fortement  aux  parties  sous-jacentes 
à  l'aide  d'un  tissu  cellulaire  court,  dense,  serré  qui  rend  très  difficile  sa  séparation,  même  par 
l'insutïlation,  après  la  mort.  Les  deux  dromadaires  et  les  trois  chameaux  de  Bactriane  que 
nous  avons  disséqués  ne  présentaient  pas  trace  de  pannicule  charnu  ;  l'absence  de  ce  muscle 
n'est  donc  pas  l'apanage  de  l'homme  parmi  les  mammifères. 

Peaussier  du  cou  ou  platysma.  —  Le  peaussier  du  cou  part  de  l'extrémité 
supérieure  du  sternum.  Deux  faisceaux  divergents  montent  au  devant  de  l'angle  de  l'épaule 
et  se  perdent  sur  le  mastoïdo-huméral  ;  le  restant  du  muscle  forme  au  devant  de  la  trachée 
une  expansion  épaisse  qui  réunit  les  deux  sterno-mastoïdiens  et  vient  se  perdre  dans  la  région 
de  l'auge.  L'organe  réapparaît  sur  les  joues  et  se  poursuit  jusqu'aux  commissures  des  lèvres 
où  il  forme  des  risorius  de  Santorini  relativement  forts. 

Peaussiers  de  la  tête.  —  H  y  a  lieu  de  distinguer  :  les  peaussiers  de  la  conque  ou 
muscles  de  l'oreille  externe,  les  peaussiers  de  la  région  oculaire  agissant  sur  les  paupières  et 
le  sourcil,  enfin  les  peaussiers  de  la  région  du  chanfrein  agissant  sur  les  narines,  les  lèvres 
et  les  joues. 

Les  cartilages  de  l'oreille  externe  (conchinien,  scutiforme  et  annulaire)  sont  disposés 
essentiellement  comme  chez  les  Solipèdes  ou  les  Carnivores;  le  scutiforme  se  fait  remar- 
quer toutefois  par  sa  grande  largeur.  Quant  aux  muscles,  on  trouve  en  premier  plan  : 

Un  cervico-auricidaire  superficiel  procédant  à  la  fois  du  ligament  cervical  et  de  la 
protubérance  occipitale  et  se  terminant  sur  le  bord  postérieur  de  la  conque  ; 

Un  temporo-auriculaire  externe  îormé  de  trois  portions  qui,  du  cartilage  scutiforme, 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


55 


rayonnent  l'une  vers  l'apophyse  zygomatique,  l'autre  vers  l'apophyse  sus-orbitaire,  la  dernière 
enfin  vers  la  crête  sagittale  ; 

Un  zygomato 'auriculaire  allant  de  l'apophyse  zygomatique  du  temporal  au  côté  externe 
de  la  conque,  en  dessous  de  son  entrée  ; 

Un  parofido-auricuiaire  disposé  comme  d'ordinaire  mais  petit. 

En  deuxième  plan  on  trouve  : 

a)  Deux  muscles  placés  l'un  au  devant  de  l'autre,  étendus  de  la  crête  sagittale  à  la 
conque,  dont  l'un  s'insère  sur  le  bord  postérieur  de  celle-ci,  tandis  que  l'autre  croise  en  dessous 


FiG.  33. 


EcORCHÉ  DE  l.A  TÈTE  ET  DE  LA  PARTIE  SLPÉRIEUUE  DU  COU. 


1,  labial;  2,  releveur  commun  de  l'aile  du  nez  et  de  la  lèvre  supérieure;  ?.  et  4,  canin  et  releveur  propre  de  la  lèvre  supé- 
rieure réunis;  5,  lacrymal;*),  bucciiiateur;  7,  zygomatique;  S,  masséter;  8',  sa  couche  profonde;  9,  temporal:  10,  débris 
du  temporo-auriculaire  externe  ;  11.  orbiculaire  des  paupières;  12,  risorius  de  Santorini  ;  12',  carré  du  menton; 
13,  glandes  molaires  inférieures;  14,  parotide;  15,  sous-maxillaire;  16,  ligament  cervical  ;  17,  grand  complexus; 
18,  oblique  supérieur  de  la  tête;  19,  oblique  inférieur;  20,  petit  complexus  de  la  tête;  21,  petit  complexus  de  l'atlas  ; 
22,  Irachélo-atloïdien;  23,  omo-liyoidien;  2-i,  sterno-mastoidien  ;  25,  peaussier  du  cou  (c'est  par  erreur  qu'il  a  élé  re- 
présenté comme  s'engageant  sous  romo-hyoidien,  en  réalité  il  se  perd  à  sa  surface);  26,  sterno-thyroidien; /,  jugulaire 
superficielle  ;  /',  veine  faciale  ;  c,  carotide. 


son  congénère  et  contourne  le  bord  postérieur  de  la  conque  avant  de  s'insérer.  De  ces  deux 
muscles,  le  premier  paraît  équivaloir  au  teniporo-auricidaire  interne  de  M.  Ghauveau,  le 
second  au  cervico-auriculaire  moyen  du  même  auteur  ; 

h)  Un  scuto-auricidaire  interne  étendu  comme  d'ordinaire  de  la  face  interne  du  scutum 
à  la  conque,  mais  simple.  Je  ne  trouve  aucune  mention,  dans  mes  notes  de  dissection,  du 
cervico-auriculaire  profond  ni  du  tympano-auriculaire. 

Dans  la  région  oculaire  on  observe  : 

Un  orbiculaire  des  paupières  n'oftrant  rien  de  particulier  ; 

Un  lacrymal  plus  développé  encore  que  dans  le  bœuf,  et  venant  se  perdre  sur  le  bucci- 
nateur  en  passant  en  dessous  du  grand  zygomatique  ; 


56  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

Enfin  un  frontal  très  large,  à  gros  faisceaux  dissociés,  qui  donne  à  la  peau  du  sourcil 
une  très  grande  mobilité. 

Dans  la  région  du  chanfrein,  on  remarque  que: 

Le  releceur  commun  de  l'aile  dit  tiez  et  de  la  lèvre  supérieure  ou  sus-naso-labial  forme 
une  mince  et  vaste  expansion  qui  s'unit  au  lacrymal  et  couvre  complètement  le  canin,  sans 
être  perforé  par  lui. 

Le  canin  et  le  releceur  propre  de  la  lècre  supérieure  sont  confondus,  mais  il  est 
manifeste  que  les  fibres  qui  contournent  la  partie  supérieure  de  la  narine  pour  s'unir  sur  le 
bout  du  nez  à  celles  du  côté  opposé  correspondent  au  releveur  propre  de  la  lèvre  supérieure. 
D'ailleurs,  il  s'agit  là  de  deux  muscles  qui,  dans  les  ruminants,  les  carnivores,  les  porcins,  sont 
toujours  plus  ou  moins  confondus. 

Le  grand  zi/f/omatique,  ou  simplement  le  zygomatique,  puisqu'il  n'en  existe  qu'un,  est 
assez  développé;  il  s'avance  sur  le  masséter  jusqu'au  milieu  de  sa  largeur,  et  se  perd  d'autre 
part  sur  le  buccinateur  à  une  dizaine  de  centimètres  de  la  commissure  des  lèvres. 

Le  buccinateur  on  alvéolo-labial  forme  une  joue  très  ample  et  flasque  pour  permettre  à  la 
bouche  de  s'ouvrir  très  largement;  par  contre  il  s'étend  très  peu  sous  le  masséter.  Il  est 
recouvert  le  long  de  son  bord  inférieur  par  des  glandes  molaires  extrêmement  développées  ; 
mais  il  ne  fournit  pas  de  muscle  abaisseur  à  la  lèvre  inférieure;  ce  dernier  ou  maxillo-labial 
fait  complètement  défaut.  Le  buccinateur  présente  ses  deux  couches  ordinaires  :  la  super- 
ficielle est  particulièrement  développée  et  s'élève  en  dessous  du  canin  jusque  vers  les  os 
du  nez. 

Le  lahial  ou  orbiculaire  des  lèvres  est  relativement  épais;  par  contre  la  houppe  du 
menton  est  très  peu  saillante  et  ses  muscles  rudimentaires. 

En  arrière  de  cette  houppe  charnue,  on  voit  un  petit  muscle  confondu  d'autre  part  avec 
le  risorius  de  Santorini,  muscle  dont  les  fibres  arciformes  s'élèvent  de  la  mandibule  à  la 
commissure  des  lèvres  :  nous  ne  saurions  dire  si  c'est  le  carré  du  menton  ou  le  triangulaire 
des  lèvres. 

Le  dilatateur  des  narines  ou  transverse  du  bout  du  nez  nous  a  paru  manquer. 

Quant  au  myrtiforme  et  au  transverse  du  nez,  nous  ne  trouvons  rien  dans  nos  notes  à 
leur  sujet.  Peut-être  font-ils  défaut  comme  dans  les  autres  ruminants. 


MUSCLES  DES  MACHOIRES 

Ces  muscles  ont  la  puissance  qu'ils  offrent  chez  les  Carnivores. 

Le  cro<a/3^2te  notamment  est  extrêmement  développé,  comme  la  fosse  temporale  qui  le 
loge  ;  toutefois  la  partie  antérieure  de  celle-ci  est  occupée  par  un  volumineux  coussinet  adipeux 
correspondant  à  la  salière. 

Le  »îa5.se/«"  ne  s'avance  pas  beaucoup  sur  la  branche  horizontale  du  maxillaire  inférieur; 
il  couvre  à  peine  la  dernière  molaire  et  laisse  le  buccinateur  presque  complètement  à  découvert. 
Les  fibres  de  la  couche  superficielle  sont  fortement  obliques  de  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière, 
de  manière  à  former  une  angle  de  35  à  40  degrés  avec  le  grand  axe  de  la  tête  et  à  produire  par 
leur  contraction  la  prop'.ilsion  de  la  mâchoire  autant  que  son  rapprochement.  Les  fibres  de  la 


CHAMEAU  A  Dl-UX  BOSSES 


57 


couche  profonde,  que  l'on  voit  à  découvert  sous  l'articulation  de  la  tempe,  ne  présentent  pas 
cette  obliquité. 

Le  muscle ptèrygoïdieii  est  unique,  car  l'externe  n'est  pas  distinct  :  c'est  un  masséter 
interne  très  développé  dont  l'insertion  fixe  est  très  rapprochée  de  la  ligne  médiane,  de  telle 
sorte  que  ses  fibres  sont  fortement  obliques  de  haut  en  bas  et  de  dedans  en  dehors;  elles  le 
sont  aussi  de  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière  et  d'autant  plus  qu'elles  sont  plus  postérieures. 
C'est  ainsi  que  ce  muscle  peut  combiner  la  diduetion  et  la  propulsion  de  la  mandibule  avec 
son  rapprochement. 

IjQ  digastrique  ï\Q  (ïiSère  pas  essentiellement  de  celui  des  autres  ruminants;  ses  deux 
ventres  sont  séparés  par  un  éti-anglement  mi-charnu,  mi-tendineux,  absolument  libre  par 
rapport  au  stylo-hj'oïdien;  le  supérieur  s'insère  sur  l'apophyse  jugulaire  ou  paraniastoïde  de 
l'occipital;  l'inférieur  se  termine  à  la  face  interne  de  la  branche  maxillaire  à  partir  de  l'angle 
de  la  mâchoire  jusqu'au  voisinage  de  la  symphyse.  Sur  un  dromadaire,  nous  avons  constaté 
l'absence  de  tout  étranglement  sur  son  trajet  et,  conséquemment,  de  la  forme  qui  lui  a  valu 
son  nom. 

MUSCLES  DE  L.V  RÉGIOA  IlYOÏDIENiNE 


Nous  distrairons  de  cette  région   les  muscles  sous-hyoïdiens  qui  seront  décrits  dans  la 
région  du  cou  et  ceux  qui  appartiennent  à  la  langue  ou  au  pharynx,  de  telle  sorte  qu'il  nous 
reste  à  envisager   ici  :  le  mylo -hyoïdien,  le  génio-hyoïdien,   le  stylo- 
hyoïdien,    le   kérato-hyoïdien,    l'occipito-hj'oïdien  et   le  transversal  de 
l'hyoïde.  (A^oy.  fig.  34  et  50.) 

Les  mylo-lnjoïdiens  sont  très  minces  et  leur  raphé  d'union  imper- 
ceptible. 


Fig.  34. 


Muscles  de  la  langue  et  de  l'hyoïde. 


1,  apophyse  lU^'uLiire  ;  2,  stylo-hyal  :  3,  céi-ato-hyal  :  k,  apo-liyal  ;  5,  hasi-lival  ;  6,  uro-hyal  ;  7,  corps  Ju  maxillaire  inférieur  ; 
di,  digastrique  ;  sA,  stylo-hyoïdien  :  mh,  mylo"-liyoïJien  ;  gh,  génio-hyoïdien  ;  gg,  génio-glosse  ;  bg,  basio-glosse  ;  «<?,  stylo- 
glosse;  mi,  couche  des  muscles  intrinsèques;  iniu  muqueuse  linguale  ;  o/i,  occipito-livoïdien. 


Les  génio-hi/oïdi.eiis  sont  an  contraire  très  développés,  confondus  l'un  avec  l'autre;  à 
défaut  du  prolongement  lingual,  ils  étendent  leur  insertion  postérieure  sur  presque  toute 
l'étendue  de  la  corne  thyroïdienne. 

Le  stylo-hyoïdien  s'insère  en  haut  à  l'extrémité  du  stylo-hyal,  croise  en  dedans  le  ventre 
supérieur  du  digastrique,  sans  contracter  le  rapport  de  perforation  que  l'on  constate  dans  les 

Arch.  Mus.  —  t.  VIII.  8 


58 


HECIIERCIIES  ANATOMIQUES  STli  LES  CAMÉLIDÉS 


M 


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'S^i^ 


,«^ï;v 


Primates  et  les  Solipèdes,  et  se  termine  à  l'extrémité  de  la  grande  corne  de  l'hyoïde  ou  corne 
thyroïdienne. 

Le  kèrato-liyoïdien  est  un  petit  muscle  triangulaire  qui  occupe 
l'angle  compris  entre  la  grande  et  la  petite  corne  de  l'hyoïde  et  qui  est 
chargé  de  rapprocher  celle-ci  de  celle-là.  Il  est  complètement  recou- 
vert par  le  basio-glosse. 

U occipito-hyoïdien  s'étend  de  l'apophyse  jugulaire  de  l'occipital  à 
l'extrémité  supérieure  du  stylo-hyal;  il  est  très  épais  et  s'unit  intime- 
ment avec  l'insertion  fixe  du  digastrique. 

Le  transversal  de  V hyoïde  est  une  petite  haudolette  impaire  qui  joint 
l'extrémité  des  petites  cornes  et  qui  a  pour  fonction  de  les  rapprocher 
l'une  de  l'autre  quand  elles  sont  mobiles  ;  nous  n'en  parlons  ici  que  pour 
mémoire  car  nous  ne  trouvons  rien  dans  nos  notes  au  sujet  de  ce  muscle. 

Ajoutons,  on  terminant,  que  le  transversal  de  l'hyoïde,  l'occipito- 
h^'oidien  et  le  kérato-hyoïJicn  font  défaut  dans  l'homme. 


MUSCLES  DU  COU 

Nous  distinguerons  les  muscles  de  la  région  trachélienne  ou  cer- 
vicale antérieure,  ceux  de  la  région  spinale  ou  cervicale  postérieure, 
et  enfin  les  muscles  juxta-vertébraux  enveloppant  immédiatement  les 
vertèbres  cervicales  de  tous  côtés. 


M 


jii-fj 


fl 


*i 


Muscles  de  la  rég-ion  trachélienne (flg.  35).  —  Ce  sont: 
le  sterno-thyroïdien,  l'omo -hyoïdien,  le  sterno-mastoïdien  et  le  mas- 
toïdo-huméral,  ce  dernier  croisant  diagonalement  l'axe  du  cou  et 
appartenant  autant  sinon  plus  à  la  région  cervicale  supérieure  qu'à 
l'inférieure. 

he?,  sterno-hyoïdiens  manquent  aux  chameaux,  ainsi  que  le  disent 
Cuvier  et  Meckel  ;  mais,  au  premier  abord,  on  est  tenté  de  prendre 
pour  tels  la  portion  du  platysma  qui  réunit  les  sterno- mastoïdiens  au 
devant  de  la  trachée. 

Les  sfenw-thyroïdiens  sont  énormes,  accolés  l'un  à  l'autre  dans 
la  plus  grande  partie  de  leur  longueur  et  divisés  en  deux  ventres  par 
un  tendon  médian  de  10  à  1.5  centimètres;  ils  se  terminent  comme 
d'ordinaire  à  l'angle  inférieur  des   ailes  du  cartilage  thyroïde. 

Les  omo-hyoïdiens  sont,  comme  dans  les  autres  ruminants,  réduits 
au  ventre  supérieur,  c'est-à-dire  que  ces  muscles  sont  localisés  à  la 
partie  supérieure  du  cou,  s'insérant  sur  les  apophyses  transverses 
de  la  2™*  et  de  la  S"""  cervicale,  se  joignant  l'un  à  l'autre  sous  le  larynx 
et  se  terminant  ensemble  au  corps  de  l'hyoïde.  En  croisant  les  sterno- 
mastoïdiens,  ils  contractent  avec  eux  une  intime  adhérence.  Ces  muscles  sont  beaucoup  plus- 
épais  et  plus  larges  que  dans  les  autres  ruminants. 


FiG.  35.  —  Muscles  de 

LA     RÉGION      ANTÉRIEURE 
DU  COU. 

1, 1, 1,  apophyses  traiisversf  s 
des  vertèbres  cervicales . 
2,  muscles  interlransver- 
saires  ;  3,  scaleiies:  4,&ter- 
uo-mastoïdien  ;  5,  peaus- 
sier du  cou  que,  par  suite 
d'erreurs  de  dessin,  on 
prendrait  plus  volontiers 
pour  les  sterno-liy-idiens  ; 

6,  omo-liyoidiens;  7,  mylo- 
liyoïdien;  8,  ganaches; 
9,  jugulaire  externe. 


CHAMKAU  A  DI-:n.\  BOSSES 


59 


Les  sterno-mastoïdiens  ou  sterno-maxillaires  sont  deux  très  longs  muscles  cylindriques 
légèrement  aplatis,  procédant  de  l'extrémité  sternale  en  commun  avec  les  sterno-thyroï- 
diens  et  le  peaussier  du  cou,  montant  de  chaque  côté  de  la  trachée,  daiis  l'espèce  de 
gouttière  profonde  formée  par  les  prolongements  ventraux  des  apophyses  transverses 
cervicales  et  les  énormes  muscles  intertransversaires  qui  les  unissent,  se  terminant  par  un 
tendon  qui  s'épanouit  sous  la  parotide  et  s'insère  soit  à  la  portion  refoulée  du  bord  de  la 
mandibule,  soit  à  l'apophyse  mastoïde.  Contrairement  à  ce  que  l'on  observe  dans  les  bœufs, 


Fid.  36.  —  ECORCHÉ  DE  l'épaule  et  de  la   partie  INFÉIIIEURE  DD  COLT. 

1,  trapèze;  2,  ?,  iiiasloido-liunieral  ;  ■!,  omo-lrachélieu  :  i.  scaléiie  ;  5.  5,  inlei'transversaires  du  cou;  (5,  sterno-inasloïdien  ; 
7,  intersection  tibreiise,  vestij^e  de  clavicule:  S,  aiionevrose  remplaçant  le  splénius  ;  9^  lij^ament  cervical;  10,  i:raiui 
complesus;  11,  |ielit  complexns  de  la  léle;  12,  petit  coni plexus  de  l'atlas;  13,  trachélo-atloidien  ;  14,  trochiter  et  ter- 
rainaisou  du  sus-epineux  ;  15,  sous-épineux;  Uy  les  deux  portions  du  (.leitoïde  scapulaire:  17,  brachial  ant.  ;  18  vaste 
externe  du  triceps  brachial;  19.  longue  portion  du  triceps  brachial;  ïO,  grand  dorsal  ;  21,  pectoral  ascendant  ;  22,  «ten- 
seur antérieur  du  métacarpe;  23,  extenseur  aniérieur  des  phalanges;  24,  exienseur  latéral  des  phalanges  ;  2ô,  cubital 
externe;  2Q^  ligament  collatéral  exlerne  tlu  coude. 


les  moutons,  les  chèvres,  les  mouflons,  etc.,  ces  muscles  sont  libres  par  rapport  aux  grands 
droits  antérieurs  de  la  tète  et  ne  prennent  point  d'attache  sur  l'apophyse  basilaire. 

heniastoïtlo-hidnèval  des  ruminants  est  constitué,  en  principe,  par  l'union  bout  à  bout  du 
cléido-mastoidien  et  de  la  portion  claviculaire  du  trapèze  d'une  part,  avec  la  portion  clavicu- 
laire  du  deltoïde  d'autre  part;  l'endroit  de  cette  union  est  marqué  par  une  intersection  fibreuse 
que  l'on  suit  plus  ou  moins  facilement  soit  vers  l'angle  de  l'épaule,  soit  vers  l'extrémité  anté- 
rieure du  sternum,  intersection  qui  n'est  autre  chose  qu'un  vestige  de  clavicule'.  Le  mastoïdo- 
huméral  des  chameaux  (fig.  3())  se  distingue  par  l'absence  complète  de  portion  cléido- mastoï- 
dienne; il  est  constitué  purement  et  simplement  par  la  portion  claviculaire  du  trapèze  et  la  por- 
tion claviculaire  du  deltoïde,  réunies  au  moyen  d'une  intersection  fibreuse  transversale.  Il  croise 

'  F.  X.  Lesbre,  Essai  de  myologie  comparée  de  l'homme  et  des  mammifères  domestiques,  Lvun,  iSU7. 


60  UKCIIKKCIIKS  AXATO.MIOUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

très  obliquement  la  direction  du  cou,  monte  au-devant-  de  l'épaule  en  s'élargissant,  se  réunit 
au  trapèze  scapulaire,  et  vient  se  perdre  à  quelque  distance  du  bord  supérieur  du  cou.ens'épa- 
nouissant  sur  une  aponévrose  élastique.  II  s'insère  d'autre  part,  en  bas  de  la  crête  humérale, 
avec  le  sterno-huméral  ou  pectoral  descendant. 

Ce  muscle  est  donc  cantonné  au-devant  de  l'épaule  et  du  bras,  bien  loin  d'atteindre  la 
tête  :  disposition  déjà  signalée  chez  la  girafe  par  MM,  Joly  et  Lavocat.  Il  serait  évidemment 
préférable  de  l'appeler  déro-brachial  ou  cervico-brachial. 

Muscles  de  la  rég-ion  spinale  du  cou.  —  Il  y  a  :  le  trapèze  scapulaire,  l'omo- 
trachélien,  le  rhomboïde,  l'angulaire  de  l'omoplate,  pas  de  splénius,  le  grand  complexus,  le 
petit  complexus,  le  transversaire  du  cou. 

Sous  le  nom  de  trapèze,  on  ne  désigne,  chez  les  quadrupèdes,  que  le  trapèze  scapulaire, 
vu  que  le  trapèze  claviculaire  entre  dans  la  constitution  du  niastoïdo-huméral,  quand  il  ne 
s'atrophie  pas  complètement.  Ainsi  compris,  le  trapèze  des  chameaux  présente  une  portion 
postérieure  ou  dorsale  remarquablement  développée  et  une  portion  antérieure  ou  cervicale 
beaucoup  plus  mince,  réunie  au  mastoïde  humerai  ;  il  étend  son  insertion  mobile  sur  presque 
toute  la  longueur  de  l'épine  acromienne.  Ce  muscle  est  doublé  d'une  lame  élastique  sur  sa 
face  interne. 

\Jomo-trachèlie)i.  ou  transrerse  de  l'épaule  est  petit,  en  forme  de  long  triangle  croisant 
la  face  interne  du  mastoïdo-huméral,  et  s'insérant,  d'une  part,  sur  l'apophyse  transverse  de  la 
i'f  cervicale  par  une  pointe  tendineuse,  d'autre  part,  sur  l'acromion;  il  traverse,  suivant 
la  règle,  l'angle  de  disjonction  du  trapèze  scapulaire  et  du  trapèze  claviculaire. 

IjQ  rhomboïde  s&  confond  sous  l'épaule  avec  l'angulaire  de  l'omoplate  ;  il  est  appliqué 
sur  le  ligament  cervical,  très  large  à  ce  niveau  et  rabattu  sur  le  muscle  long  épineux  ainsi  que 
nous  l'avons  déjà  dit.  Sa  portion  cervicale  forme  une  pointe  assez  courte  ;  il  est  à  peu  près 
cantonné  à  la  partie  supérieure  de  l'épaule.  La  particularité  la  plus  remarquable  de  ce  muscle 
consiste  en  un  clivage  de  sa  partie  postérieure,  d'où  résulte  un  nouveau  muscle  qui  passe 
par-dessus  le  cartilage  du  scapulum,  pour  venir  s'attacher  à  la  face  externe  vers  l'angle  dorsal 
de  l'os,  et  que  nous  avons  proposé  d'appeler  rhomboïde  supra-scapulaire  (voy.  tig.  39). 

\J angulaire  de  l'omoplate  est  étroit,  mais  très  épais  à  son  insertion  scapulaire;  il  s'unit 
au  grand  dentelé  et  semble  ne  former  qu'un  avec  lui.  Ils  s'insèrent  ensemble  à  la  face  interne 
du  scapulum  et  même  de  son  cartilage  de  prolongement  en  se  confondant  avec  le  rhomboïde. 
L'angulaire  se  termine  par  deux  languettes  aponévrotiques  sur  les  deux  dernières  apophyses 
transverses  cervicales. 

«  Si  le  splénius  existe  dans  le  chameau,  dit  Cuvier,  il  est  si  faible  qu'il  échappe  souvent 
à  la  dissection.  »  D'après  Meckel,  il  n'y  aurait  que  le  spjlénius  du  cou  qui  ferait  défaut,  celui  de 
la  tête  existerait  à  l'état  d'une  bande  charnue,  mince  et  grêle,  confondue  en  bas  avec  le 
grand  complexus.  La  vérité  est  que  le  splénius  manque  absolument  chez  les  deux  espèces 
de  chameaux;  à  sa  place,  on  voit  une  aponévrose  étendue  sur  le  transversaire  du  cou  et  les 
complexus,  depuis  le  bord  supérieur  du  cou  jusqu'aux  apophyses  transverses,  aponévose 
qui  s'insinue  d'une  part  suus  le  rhomboïde  et  le  ligament  cervical,  pour  se  confondre  avec  celle 
du  long  dorsal,  et  qui  d'autre  part  s'amincit  progressivement  du  côté  de  la  tèle. 

Le  grand  complexus  est  très  développé,  mais  indivis;  toutefois  son  bord  supérieur,  très 


cil  AMI' AU  A  DEUX  BOSSES  61 

épais,  forme  une  sorte  de  renflement  qui  l'eprésente  certainement  le  digastrique  du  cou  do 
riiomme.  Ce  renflement  présentait  sur  l'un  de  nos  sujets  (un  dromadaire)  trois  intersections 
tendineuses,  tandis  que  sur  les  autres  nous  n'avons  pas  noté  trace  de  métamérisation.  Le 
restant  du  muscle  s'amincit  progressivement  jusqu'aux  insertions  vertébrales,  et  est  formé  de 
faisceaux  obliquement  ascendants  qui  viennent  se  joindre  aux  faisceaux  longitudinaux  du  bord 
supérieur.  Le  grand  complexus  s'introduit  en  arrière  dans  l'angle  du  long  dorsal  et  du  long 
épineux  où  il  s'insère  sur  les  4  ou  5  premières  apophyses  transverses  dorsales;  il  s'insère 
aussi  sur  la  série  des  apophyses  articulaires  des  vertèbres  cervicales;  il  se  termine  comme 
d'ordinaire  derrière  la  protubérance  occipitale  externe  qui  lui  forme  un  bras  de  levier  puis- 
sant. 

Le  'petil.  complexus  est  double  comme  dans  la  plupart  des  mammifères,  les  ruminants  et 
les  solipèdes  notamment,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  un  petit  complexus  mastoïdien  et  un  petit 
complexus  atloïdien  plus  ou  moins  accolés  l'un  à  l'autre,  s'insérant  sur  la  série  des  apophyses 
articulaires  cervicales  et  se  terminantl'un  sur  l'apophyse  mastoïde,  l'autre  sur  l'aile  de  l'atlas, 
chacun  par  un  tendon.  Ces  deux  muscles  s'atténuent  en  p(jinte  en  bas  du  cou  :  celui  de  l'atlas 
s'étire  jusqu'à  la  7"  vertèl)re, l'autre  s'arrête  à  la  5'  ou  à  la  0". 

IjC  traiisversaire  du  cou  est  constitué  comme  d'ordinaire  par  des  faisceaux  chevauchants 
se  portant  d'une  apophyse  transverse  à  une  autre  en  sautant  plusieurs  vertèbres,  faisceaux 
tendineux  à  leur  bord  supérieur  et  à  leur  extrémité  antérieure.  Il  s'insère  postérieurement 
sur  les  trois  ou  quatre  premières  apophyses  transverses  dorsales  en  s'insinuant  avec  le  grand 
complexus  dans  l'angle  de  séparation  du  long  épineux  et  du  long  dort;al;  d'autre  pai't,  il  se 
termine  sur  les  apophyses   transverses  des  quatre  ou  cinq  dernières  cervicales. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  transversaire  du  cou  avec  le  cervical  ascendant  ou  transver- 
saire  grêle  de  Winslow  ;  ce  dernier,  qui  fait  prolongement  au  sacro-lombaire,  fait  défliut  dans 
les  caméliens,  tandis  qu'on  le  trouve  dans  tous  les  autres  mammifères  domestiques. 

Muscles  juxta-vertébraux  du  cou.  —  Ce  sont  les  interépineux,  les  droits  posté- 
rieurs de  la  tête,  le  multifide,  les  intertransversaires,  les  scalènes,  le  long  du  cou,  le  grand 
droit  antérieur  de  la  tête,  le  petit  droit  antérieur  de  la  tète,  le  grand  oblique  et  le  petit 
oblique  de  la  tête,  sans  compter  le  long  épineux  qui  s'avance  sous  le  grand  complexus  jusqu'à 
la  5°  apophyse  épineuse  cervicale,  mais  que  nous  étudierons  dans  la  région  spinale  du  dos  et 
des  lombes. 

Les  interèpineux  du  cou  ne  sont  pas  distincts  ;  ils  sont  confondus  soit  avec  l'extré- 
mité du  long  épineux,  soit  avec  le  multifide. 

Le  grand  droit  postérieur  et  le  petit  droit  p)ostèrleur,  sortes  de  muscles  interépineux 
qui  vont  de  l'occipital  à  l'axis  ou  de  l'occipital  à  l'atlas,  n'ofl"rent  rien  de  particulier  relative- 
ment aux  autres  ruminants;  c'est  dire  que  le  grand  droit  est  indivis. 

Le  multifide  ou  transversaire  épineux  du  cou  est  formé  de  quatre  faisceaux  chevau- 
chants, volumineux,  qui  vont  chacun  d'une  apophyse  épineuse  aux  apophyses  articulaires 
des  deux  vertèbres  suivantes,  le  premier  partant  de  l'axis,  le  dernier  se  prolongeant  sur  les 
deux  premières  apophyses  trans verses  dorsales. 

Les  iniertransoersaires  sont  certainement  les  plus  puissants  des  muscles  du  cou  ;  d'ail- 
leurs, leur  développement  est  proportionnel  à  celui  des  apophyses  dont  ils  comblent  les  inter- 


62 


Rl-X'-HERCIIKS  AXATOMIQUKS  Sl'H  LKS  CAMÉLIDÉS 


valles;  ils  apparaissent  à  découvert  dès  qu'on  a  enlevé  la  peau.  On  décrit  chez  l'homme  deux 
intertransversaires  par  espace  intervertébral,  entre  lesquels  sortent  les  nerfs  cervicaux: 
l'un  dorsal,  l'autre  ventral.  Dans  les  chameaux,  on  distingue  en  outre  des  intertransversaires 
obliques. 

Les  intertransversaires  ventraux  ou  .-intérieurs  vont  d'un  prolongement  costellaire  à 
l'autre,  en  formant  un  bourrelet  de  cinq  ou  six  centimètres  d'épaisseur  qui  encadre  lalérale- 
ment  la  gouttière  où  se  trouvent  logés  la  trachée,  l'œsophage  et  leurs  muscles  satellites. 

Les  intertransversaires  dorsaux  ou  postérieurs  réunissent  les  cuspides  dorsaux  des 
apophyses  transverses  en  laissant  avec  les  précédents  l'interstice  de  sortie  des  nerfs  cervicaux. 


FiG.  37.  —  Ligament  cervical  et  muscles  profonds  du  cou. 

1,  ligament  cervical;  2.  membrane  élastique  médiane,  auxiliaire  du  ligament  cervical;  3.  multifide  du  rachis;4,  intertrans- 
versaires du  cou;  5,  scalene  inférieur;  5',  sralene  supérieur;  5".  scaléiie  supracostnl  (inconstant);  6,  trachélo-ailoïdien; 
7,  grand  droit  antérieur  de  la  télé;  8,  insertion  du  |ietil  complexus  de  l'atlas;  '.1,  grand  oblique  de  la  tète;  10,  srand 
droit  postérieur  de  la  léte;  11,  petit  oblique  de  la  tète;  12.  insertion  du  grand  compleius;  IS,  sus-costaux;  14,  trans- 
versal des  cotes;  15,  inteicoslaux  externes;  16,  artère  axillaire;  17,  veine  axillaire;  IS,  plexus  brachial. 

Quant  aux  intertransversaires  obliques,  ils  vont  chacun  d'un  prolongement  costellaire 
au  euspide  dorsal  de  la  deuxième  vertèbre  précédente,  en  prenant  des  attaches  profondes  sur 
l'apophyse  transverse  qu'ils  sautent.  Ce  sont  donc  des  longs  intertransversaires. 

Signalons  enfin  l'existence  d'une  bride  aponévrotique  tendue,  qui  va  d'un  euspide  à  l'autre 
de  chaque  apophyse  transverse. 

Les  scalcnes  sont  au  nombre  de  deux,  de  chaque  côté,  l'un  s'arrètant  à  la  première  côte 
et  ressemblant  d'une  manière  frappante  à  un  intertransversaire,  l'autre,  tout  petit  et  incon- 
stant, franchissant  la  i"  côteets'étendant  jusqu'à  la  2^  Nous  avons  proposé  de  les  dénommer 
respectivement  scalène  primocostal,  scalêne  swpracostal^ .  Le  sealène  primocostal  se  com- 
pose, à  l'instar  d'un  intertransversaire  du  cou  :  d'une  portion  dorsale  qui  va  de  l'extrémité 
proximale  de  la  l'"*côte  aux  apophyses  transverses  de  la  7^  et  de  la  6°  cervicale:  d'une  por- 


Arloing  et  Lesbro,  Projet  de  réforme  de  la  nomenclature  myologique  vétérinaire,  Lyon,  1899. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  63 

tion  ventrale  séparée  de  la  précédente  par  l'interstice  du  plexus  brachial  et  allant  de  la 
l"  côte  au  prolongement  costellaire  de  la  O"  cervicale  ;  entin  d'une  portion  obliquement  ascen- 
dante qui  s'étend  de  la  l"côte  au  cuspide  dorsal  de  l'apophyse  transverse  de  la  5*  cervicale 
en  prenant  insertion,  chemin  faisant,  sur  celui  de  la  (')'.  Le  scalène  supracostal  est  un  petit 
muscle  rudimentaire  qui  nous  a  paru  manquer  souvent  ;  il  prend  naissance  par  une  pointe 
tendineuse  sur  l'apophyse  transverse  de  la  7°  vertèbre,  croise  le  plexus  brachial  par-dessus, 
c'est-à-dire  du  côté  dorsal,  et  s'étend,  comme  nous  l'avons  dit  déjà,  jusqu'au  bord  antérieur 
de  la  2''  côte. 

Les  deux  muscles  longs  du  cou  sont  en  contact  intime  l'un  avec  l'autre,  la  crête  médiane 
des  corps  vertébraux  étant  nulle  ou  très  peu  prononcée  ;  ils  se  prolongent  sous  les  trois  ou 
quatre  premières  vertèbres  dorsales.  Ils  sont  très  épais,  très  puissants,  mais  ne  présentent  rien 
de  particulier  dans  leur  constitution  et  leur  mode  d'insertion. 

IjQ  grand  droit  antérieur  de  la  /c'te  est  relativement  faible  ;  il  procède  des  prolongements 
costellaires  des  3*  et  4'  apophyses  transverses,  et  se  termine  à  la  base  du  crâne  à  l'endroit 
ordinaire;  nous  avons  trouvé  une  fois  une  intersection  fibreuse  vers  le  milieu  de  sa  longueur. 

M.  Chauveau  a  rattaché  à  cet  organe,  sous  le  nom  de  trachèlo-atloïdiea,  un  muscle  qui 
s'insère  avec  lui  sur  les  apophyses  costellaires  de  quelques  vertèbres  cervicales  à  partir  de 
la  3",  et  se  termine  d'autre  part  à  l'aile  de  l'atlas  en  commun  avec  le  petit  complexus  de 
cette  vertèbre,  muscle  qui  fait  défaut  dans  les  Solipèdes,  mais  que  l'on  trouve  dans  tous  les 
ruminants  ainsi  que  dans  le  porc,  les  carnivores.  Il  s'agit  là  évidemment  d'un  muscle  long 
intertransversaire,  mais  comme  il  affecte  un  développement  tout  particulier,  il  n'est  pas 
inutile  de  le  décrire  à  part  et  sous  un  nom  spécial.  Dans  les  chameaux,  il  ne  dépasse  pas  la 
3'  apophyse  transverse  cervicale;  tandis  que  dans  d'autres  espèces  il  s'étend  jusqu'à  la  5°  ou 
même  la  6''. 

Le  j)etit  droit  antérieur  de  la  tête  est  très  fort. 

he petit  droit  latéral  n'offre  rien  de  particulier. 

Les  obliques  de  la  tête  sont  très  allongés,  surtout  l'inférieur. 

REGION  SPINALE  DU   DOS  ET  DES   LOMBES 

Nous  mentionnerons  ici  :  le  grand  dorsal,  les  petits  dentelés,  le  long  dorsal,  le  long 
épineux,  le  long  intercostal  ou  sacro-lombaire,  le  multifîde,  les  interépineux,  les  intertrans- 
versaires  et  les  sus-costaux. 

Le  grand  dorsal  présente  un  extrême  développement,  il  se  joint  inférieurement  au 
pectoral  ascendant,  et  monte,  d'autre  part,  jusqu'au  garrot,  en  s'insinuant  sous  le  trapèze 
dorsal  et  en  couvrant  la  partie  supéro-postérieure  de  l'épaule. 

Son  aponévrose  se  détache  suivant  une  ligne  qui  irait  de  la  partie  supérieure  de  la 
il"  côte  à  la  partie  inférieure  delà  1)\  Entre  ce  muscle  et  l'aponévrose  qui  revêt  le  long  dorsal, 
on  remarque  une  très  vaste  bourse  séreuse,  située  à  quelque  distance  en  arrière  de  l'angle 
dorsal  du  scapulum.  En  outre,  j'ai  noté  sur  un  sujet  l'existence  d'un  faisceau  pâle,  se  détachant 
de  la  partie  inférieure  du  grand  dorsal  et  se  jetant  sur  le  bord  postérieur  de  la  longue  portion 
du  triceps  brachial,  où  il  se  perdait  avant  d'atteindre  l'olécrâne.  Ce  faisceau  me  paraît  équiva- 


64 


UKCIIKUCIIKS  ANATU.MKiLKS  SUR  LES  CAMÉLIDKS 


lent  du  dorso-épitrochléen  de  l'homme  ou  de  l'annexe  du  grand  dorsal  de  MM.  Ghauveau 
et  Arloing. 

Le  petit  dentelé  antérieur  ou  petit  dentelé  inspirateur  (dentelé  postérieur  et  supérieur 
chez  l'homme)  fait  complètement  défaut  dans  le  chameau.  Il  est  d'ailleurs  à  l'état  rudimen- 
taire  dans  les  autres  ruminants  :  hœufs,  moutons,  chèvres,  mouflons. 

Le  petit  dentelé  postérieur  ou  expirateur  (dentelé  postérieur  inférieur  de  l'homme) 
s'attache  sur  les  quatre  dernières  côtes  par  autant  de  dentelures  entrecoupées  de  lames  tendi- 
neuses ;  la  première  et  même  les  deux  premières  sont  susceptibles  de  manquer. 

Le  lonfj  dorsal  est  fortement  tendineux  surtout  au  niveau  de  la  masse  commune;  il 
procède  de  la  face  interne  de  l'ilium  vers  son  angle  interne,  du  ligament  sacro-iliaque  et  de  la 
série  des  apophyses  épineuses  lombaires.  De  ces  divers  points,  ses  fibres  se  portent  oblique- 


FiG.  33.  —  Muscles  profonds  du  garrot  lt  de  i.a  base  du  cou. 

1,  intercostal  commun;  2.  lon^  dorsal;  3,  3',  long  épineux  du  dos;  4,  long  épineux  du  cou  ;  5,  grana  complesus;6,  petit 
complexus;  7,  transversaire  du  cou;  8,  scalene  inférieur;  'J,  scaleiie  supérieur;  10.  interstice  du  plexus  hracliiiil  ; 
U.  scalene  supracostal  {incunsiaut)  ;  12,  intet-transversaire  du  cou;  13,  ligament  cervical  soulevé  au  niveau  du  garrot. 


ment  en  avant  et  en  dehors,  pour  se  terminer  comme  d'habitude  sur  les  apophyses  articulaires 
et  trans verses  des  vertèbres  lombaires,  sur  les  apophyses  trans verses  dorsales  et  sur  la  partie 
supérieure  des  côtes.  Ce  muscle  s'épuise  ainsi  successivement  et  se  termine  par  une  pointe 
effilée  qui  atteint  avec  peine  la  première  apophyse  transverse  dorsale,  en  sorte  qu'il  ne  donne 
rien  aux  premières  côtes. 

Le  lonfi  épineu.r,  épineux  ou  épi-épineux,  est  très  développé,  mais  il  ne  se  sépare  du 
long  dorsal  que  vers  le  milieu  du  dos.  Il  se  divise  très  nettement  en  un  long  épineux  du  dos 
et  un  long  épineux  du  cou.  Le  premier  s'étend  des  dernières  apophyses  épineuses  et  trans- 
verses dorsales  et  des  premières  apophyses  épineuses  et  articulaires  lombaires  au  sommet  des 
longues  apophyses  épineuses  du  garrot,  couvert  en  grande  partie  parle  ligament  cervical  qui 
se  rabat  sur  lui.  Le  second  prend  naissance  sur  les  apoplyses  épineuses  du  garrot,  en  passant 
sous  la  terminaison  du  précédent,  et  va  se  terminer  aux  apophyses  épineuses  et  articulaires  des 
trois  dernières  cervicales. 

IJ intercostal  commun,  long  intercostal,  sacro-lombaire  de  l'homme,  ne  sort  pas  de  la 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  65 

masse  commune;  son  faisceau  le  plus  postérieur  se  détache  de  l'extrémité  de  la  l'"  ou  de  la 
2''  apophyse  transverse  lombaire.  De  même,  il  ne  se  prolonge  pas  sur  le  cou  par  un  cervical 
ascendant  ;  le  faisceau  le  plus  antérieur  s'arrête  à  l'apophyse  transverse  de  la  dernière 
cervicale.  Les  divers  faisceaux  successifs  et  chevauchants  de  ce  muscle  sont  longs,  volumineux 
et  fortement  tendineux  comme  dans  le  bœuf. 

Les  demi-èpineux  du  dos  et  du  cou  n'étant  pas  distincts,  non  plus  que  dans  les  autres 
mammifères  domestiques,  le  transi- ersaire  épineux  du  dos  et  des  lombes  se  trouve  réduit  à 
l'état  de  multifide,  ainsi  que  le  transversaire  épineux  du  cou. 

Le  inidtifide  du  dos  et  des  lombes  est  relativement  peu  développé;  il  ne  couvre  com- 
plètement que  les  apophj-ses  épineuses  lombaires,  tandis  qu'il  laisse  les  apophyses  épineuses 
dorsales  en  grande  partie  à  découvert.  Aux  lombes  il  est  revêtu  d'une  forte  aponévrose. 

Dans  la  région  dorso-lombaire  du  chameau,  on  remarque  des  interèpineux  bien 
développés  comme  chez  le  bœuf. 

Quant  aux  intertransversaires  de  cette  région,  nous  n'en  avons  pas  noté  d'autres  que 
ceux  qui  remplissent  les  intervalles  que  les  apophyses  costiformes  lombaires  forment  entre 
elles  ou  avec  la  dernière  côte  ou  encore  avec  les  masses  latérales  du  sacrum. 

Les  SHS-costaitx  ne  présentent  rien  de  particulier. 

MUSCLES  DE  LA  QUEUE 

Je  relève  dans  mes  notes  que  la  queue  du  chameau  ne  présente  distinctement  que 
quatre  muscles  sacro-coccygiens  :  deux  supérieurs  et  deux  inférieurs,  ceux-ci  beaucoup 
moins  volumineux  que  ceux-là.  Chacun  des  sacro-coccygiens  supérieurs  équivaut  évidem- 
ment à  un  sacro-coce^'gien  supérieur  et  à  un  sacro-coccygien  latéral  réunis.  L'extrême  abais- 
sement de  l'épine  sacrée  a  entraîné  cette  réunion. 

Le  muscle  coccygien  ou  ischio-coccygien  n'offre  rien  de  particulier. 

Les  interèprneux  et  les  intertransversaires  du  coccyx  sont  confondus  avec  les  sacro- 
coccygiens. 

MUSCLES  i)i:  LA  UÉGIOA  COSTALE 

Ce  sont  :  le  grand  dentelé,  les  intercostaux  externes  et  internes,  le  triangulaire  du 
sternum  et  le  transversal  des  côtes. 

Le  grand  dentelé  des  chameaux  est  extrêmement  étendu  en  surface,  mais  relativement 
mince,  dans  sa  pai"tie  centrale  surtout.  Il  ne  forme  qu'un  seul  et  même  muscle  avec  l'angu- 
laire de  l'omoplate,  muscle  flabelliforme  comprenant  dix  ou  onze  dentelures;  les  deux  pre- 
mières, insérées  sur  les  apophyses  transverses  des  6"  et  7* cervicales,  dépendent  de  l'angulaire; 
les  autres  insérées  sur  les  huit  ou  neuf  premières  côtes  appartiennent  en  propre  au  grand 
dentelé.  Ce  muscle  s'insère  au  scapulum  par  une  aponévrose  très  épaisse,  qui  s'étend  à  sa 
surface,  en  s'amincissant.  et  la  couvre  entièrement.  Il  ne  prend  contact  du  grand  oblique  de 
l'abdomen  que  par  deux  de  ses  dentelures  médianes;  les  postérieures  s'en  séparent  de  plus  en 
plus  en  s'élevant  sur  les  côtes. 

Les  intercostaux  sont  très  développés,  ainsi  que  dans  le  bœuf;  les  externes  couvrent  plus 
ou  moins  les  côtes  et  tendent  à  se  joindre  l'un  à  l'autre. 

Arch.  Mus.  —  t.  VUI.  9 


66 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


Je  ne  trouve  rien,  clans  mes  notes,  concernant  le  tria7ic/ulai7~e  du  stermwi  ;  d'ailleurs  ce 
muscle  est  assez  uniforme  dans  toute  la  série  des  mammifères  domestiques. 

Le  transversal  des  cotes,  sterno-costal  de  Cuvier,  supra-costal  de  divers  auteurs,  occupe 
la  position  accoutumée  à  la  surface  des  premières  cotes,  partie  distale;  il  s'étend  du  bord 
postérieur  de  la  1'"  au  bord  antérieur  de  la  4%  entre  les  premiers  festons  du  grand  dentelé  et 
le  sternum,  et,  chose  à  remarquer,  il  est  parfaitement  indépendant  du  droit  de  l'abdomen,  dont 
il  est  séparé  par  l'insertion  costale  du  pectoral  ascendant  ou  sterno-trochinien.  (le  serait  peut- 
être  une  raison  de  plus  de  lui  restituer  l'autonomie  et  de  cesser  de  le  rattacher  au  droit  de 
l'abdomen  ainsi  que  le  font  ^IM.  Ghauveau  et  Arloing. 


FiG.  39.  —  Muscles  de  l\  gouttière  vertébrale,  de  la  paroi  thoraco-abdominale 
ET  de  la  région  cruro-fessière. 

1,  angulaire  de  romoplate;  2,  grand  dentelé;  3,  rhomboïde;  4,  rhomlioïde  supra-scapulaire  ;  5,  aponévrose  remplaçant 
le  splénius  ;  6,  scaleiie  ;  7,  transversal  des  côtes;  8,  grand  oblique  de  l'abiomen  ;  9,  grand  droit  de  l'abdotneu  ; 
10,  petit  denlelé  expirateur;  11,  aponévrose  de  revèlement  du  long  dorsal  ;  12,  intercostal  commun  ;  13,  muscle  du  fascia 
lata  ;  14,  vestige  du  fessier  superficiel  confondu  avec  le  muscle  du  fascia  lata  ;  15,  fessier  moyen  ;  16,  paraméral  ;  17,  biceps 
crural  divisé  en  deux  portions  o  et  6  par  une  intersection  fibreuse;  18,  demi-tendineux;  l'.l,  demi-membraneux  ; 
20,  gastro-crémiens  ;  a  et  b,  bosses  dorsales  adipeuses;  coi,  callosdé  sternale. 


MUSCLE  DE  LA  REGION  DIAPIIRVGMATIOUE 


Le  diaphragme  des  chameaux  se  fait  remarquer  par  l'extrême  développement  de  ses 
piliers,  qui  l'emportent  même  sur  ceux  du  bœuf  et  forment  un  sphincter  puissant  autour  de 
la  terminaison  de  l'œsophage;  on  distingue  plus  ou  moins  nettement  cinq  faisceaux  charnus 
rayonnant  en  éventail  a  partir  d'un  unique  tendon  sous-lombaire  :  deux  latéraux  relativement 
petits  et  trois  intermédiaires  longs  et  forts;  l'œsophage  passe  entre  le  pilier  intermédiaire  droit 
et  le  pilier  intermédiaire  médian  ;  l'aorte  entre  le  pilier  latéral  gauche  et  le  pilier  intermé- 
diaire gauche. 

Ainsi  que  dans  le  bœuf,  l'attache  périphérique  du  diaphragme  ne  suit  pas  exactement  la 
dernière  côte  et  le  cercle  de  l'hypocondre;  mais  le  transfert  antérieur  de  cette  insertion  est 
beaucoup  moindre  que  chez  cet  animal. 

Une  autre  particularité  propre  au  diaphragme  des  chameaux,  signalée  pour  la  première 
fois  par  Jâger,  dans  les  archives  de  physiologie  de  Meckel  1819,  consiste  dans  la  présence 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


67 


d'un  osselet  au  centre  de  ce  muscle,  contre  l'orifice  de  la  veine  cave,  osselet  aplati,  irrégu- 
lièrement circulaire,  mesurant  chez  un  de  mes  sujets  22  millimètres  on  longueur,  21 
millimètres  en  largeur,  et  assimilable  à  un 
sésamoide  développé  dans  le  centre  phréni- 
qae  comme  pour  soutenir  l'orifice  cave  et  as- 
surer sa  béance.  Meckel  affirme  que  cet  os 
est  précédé  par  un  cartilage  chez  les  jeunes 
sujets. 


MUSCLES  DE  LA  RÉGION  SOUS-LOMBAIRE 

On  y  trouve  :  l'iliaque  ou  sous-iliaque, 
le  grand  psoas,  le  petit  psoas  et  le  carré 
des  lombes. 

L'iliaque  est  creusé  comme  d'habitude 
d'une  profonde  gouttière  pour  recevoir  le 
cône  musculo-tendineux  du  grand  psoas, 
et  divisé  ainsi  en  deux  portions.  La  portion 
interne  présente  ceci  de  particulier:  qu'elle 
s'étend  au  delà  de  l'iliuni  pour  prendre 
insertion  sur  le  côté  des  trois  dernières 
vertèbres  lombaires  ainsi  que  sur  la  face 
inférieure  du  sacrum. 

Le  grand  psoas  est  beaucoup  moins 
épais  que  dans  le  bœuf  et  plus  fortement 
tendineux;  il  laisse  le  carre  des  lombes  en 
grande  partie  à  découvert  ;  il  va,  en  s'atté- 
nuant.  jusqu'à  la  face  interne  des  deux 
dernières  côtes.  Sa  terminaison  commune 
avec  l'iliaque  n'offre   rien  de  particulier. 

Le  petit  psoas  ne  dépasse  pas  la  région 
lombaire  ;  c'est  la  seule  différence  relati- 
vement aux  autres  Ruminants  domestiques 
ou  aux  Solipèdes. 

Le  carré  des  lombes  est  relativement 
très  développé,  très  incomplètement  couvert 
par  le  grand  psoas  ;  il  est  forme  :  1"  de 
faisceaux  verticaux  étendus  de  la  face 
interne  de  l'ilium  à  l'extrémité  des  quatre  ou 

cinq  dernières  apophyses  transverses  lombaires  ;  2°  de  faisceaux  obliques  ascendants,  échelonnés 
sous  les  apophyses  transverses  et  les  couvrant  d'une  couche  assez  épaisse  ;  les  plus  élevés 
s  étendent  sous  les  deux  dernières  côtes,  ou  ils  se  contondent  plus  ou  moins  avec  le  grand  psoas. 


FiG     40.    —    RÉGIONS   sous- LOMBAIRE   ET   CRURALE   INTERNE. 

P,p,  piliers  du  diaphragme;  Gp,  grand  psoas;  Pp,  petit  psoas 
G^,  carré  des  lombes;  I^  portion  externe  du  muscle  iliaque 
1-,  portion  niterne  du  muscle  iliarpie  .  fl.  muscle  tlu  lascia  lata 
r,  couturier;  p,  pectine  ;  di^  droit  interne;  Da,  droit  antérieur 
Vï,  vaste  interne;  dm,  demi-membraneux;  dt,  demi-tendineux 
co.  dernière  cote;  Ra,  rate;  R.9,  rein  gauche  ;  R(^,  rein  droit 
ac,  aoétabuliira  ;  «o,  aorte;  1,  tronc  cœliaque  ;  2,  grande  mé- 
senterique  ;  3,  ;•),  artères  rénales;  A,  5,  rameaux  spleniques   de 

'  l'artère  rénale  gauche;  6,  artère  splénique  ;  7,  7,  iliaques  exter- 
nes; 8,  petite  mésentérique  (les  artères  utéro-ovariennes  nais- 
sent beaucoup  plus  haut)  ;  9,  9,  circonflexes  iliaques  ;  10,  iliaques 
internes;  11,  ombilicale  ;  1:^,  tronc  commun  de  l'utérine  et  de  la 
vaginale  ;  13,  iliaco-musculaire  ;  14,  suite  de  l'iliaque  interne  ; 
15,  obturatrice  (elle  est  figurée  beaucoup  trop  grosse)  ;  1(3,  sacrée 
moyenne;  17,  saphène  ;  IS,  pré-pubienne. 


68  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

Quant  au  fascia  iliaca  ou  aponévrose  sous-lombaire,  nous  n'avons  rien  noté  de  particulier 
à  son  sujet. 

MUSCLES  DE  LA  RÉGION  ABDOMLNALE 

Les  muscles  de  cette  région  sont  :  l'oblique  externe,  l'oblique  interne,  le  droit  et  le 
transverse. 

Uohiiqiie  externe  ou  grand  oblique  de  l'abdomen  est  très  épais,  très  développé,  étendu 
delà  cinquième  cùte  à  la  lianche,  en  s'élargissant  progressivement.  Seule  sa  première  dente- 
lure s'engrène  avec  le  grand  dentelé;  les  deux  muscles  s'écartent  ensuite.  La  portion  charnue 
du  grand  oblique  ne  déborde  en  dedans  sur  l'hypocondre  que  tout  à  fait  en  arrière  ;  elle  s'en 
éloigne  antérieurement  pour  donner  place  au  grand  droit.  Dans  la  région  du  flanc,  elle  s'insère 
sur  le  bord  de  la  masse  commune  et.  par  l'intermédiaire  d'une  aponévrose,  sur  l'extrémité 
des  premières  apophyses  transverses  lombaires  et  le  bord  postérieur  de  la  dernière  côte.  Sur 
la  paroi  (lu  thorax,  une  autre  aponévrose  la  prolonge  supérieurement  pour  venir  se  confondre 
avec  celle  du  grand  dorsal. 

Quant  à  l'aponévrose  abdominale  du  grand  oblique,  à  l'arcade  crurale,  au  canal  inguinal, 
ils  ne  nous  ont  montré  rien  de  particulier. 

Par  contre,  la  tunique  abdominale  su  fait  remarquer  par  sa  grande  épaisseur  et  son 
extrême  étendue,  elle  s'élève  beaucoup  sur  la  paroi  thoracique,  en  dessous  du  grand  dorsal,  et 
dépasse  la  portion  charnue  du  grand  ubUque,  à  laquelle  elle  n'adhère  pas  très  fort;  elle  s'étend 
aussi  à  la  face  interne  des  cuisses. 

Uoblique  interne  ou  petit  oblique  de  l'abdomen  est  également  très  développé,  très  épais 
au  voisinage  de  la  hanche  ;  aussi  n'est-ce  pas  sans  surprise  que  nous  avons  lu  dans  Vallon 
«  que  les  quatre  muscles  abdominaux  du  dromadaire  sont  moins  charnus  que  dans  le  cheval 
et  que  la  paroi  abdominale  est  moins  forte  et  moins  épaisse  » .  C'est  tout  le  contraire  que  nous 
avons  constaté.  —  Le  petit  oblique  étend  beaucoup  son  insertion  fixe  à  partu'  de  la  hanche,  soit 
sur  l'arcade  crurale,  soit  le  long  des  lombes  à  l'extrémité  des  apophyses  costiformes,  ou  il 
s'insère  à  l'aide  d'une  mince  aponévrose.  La  partie  qui  s'insère  sur  les  premières  apophyses 
lombaires,  partie  plus  ou  moins  couverte  par  la  dernière  dentelure  du  petit  dentelé  postérieur, 
se  sépare  assez  facilement  du  reste  :  c'est  le  retractor  costae  des  Allemands. 

Les  fibres  charnues  du  petit  oblique  se  terminent,  soit  à  la  dernière  côte  directement,  soit 
par  une  aponévi'ose;  celle-ci  ne  tarde  pas  à  se  confondre  avec  celle  du  grand  oblique;  au 
lieu  de  s'insérer  par  des  languettes  successives  en  dedans  du  cercle  cartilagineux  des  fausses 
côtes,  elle  passe  par-dessus  et  s'étend  sur  la  partie  antérieure  du  grand  droit  de  l'abdomen. 

Le  droit  ou  grand  droit  de  Vabdomen  est  extrêmement  fort  en  avant,  oîi  son  épaisseur 
atteint  3  à  4  centimètres  ;  il  passe  sur  les  côtes  à  partir  de  l'antépénultième  et  les  couvre  sur 
une  hauteur  de  6  à  8  centimètres;  mais  il  ne  s'étend  pas  en  avant  au  delà  de  la  dernière  ster- 
nèbre  et  des  dernières  côtes  sternales;  aussi  le  transversal  des  côtes,  quoique  appartenant  à  la 
même  couche,  en  est-il  largement  séparé.  Le  grand  droit  est  traversé  de  cinq  intersections. 

Le  transverse  de  Vabdomen  est  remarquable  à  la  grande  épaisseur  de  sa  portion  charnue, 
dont  la  largeur,  par  contre,  ne  dépasse  pas  6  à  S  centimètres.  Cette  portion  charnue  s'insère 
tout  près  du  bord  de   l'hypocondre,   directement,  et  sur  l'extrémité  des  apophyses  costi- 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


69 


formes  lombaires  par  l'intermédiaire  d'un  mince  feuillet  fibreux.  Quant  à  l'aponévrose,  elle  ne 
présente  rien  de  particulier. 

MUSCLES  DE  LA  UÉGIOi>  PECTOUALE  ' 

Elle  comprend  quatre  muscles  disposés  en  deux  couches  :  un  pectoral  descendant  et  un 
pectoral  transverse  en  plan  superficiel,  un  pectoral  ascendant  et  un  pectoral  scapulaiie  en 
plan  profond. 

Le  pectoral  descendcoit,  sterno-iiuuiéral  de  Girard,  portion  claviculairedu  grand  pectoral 
de  l'homme,  se  distingue  à  peine  du  pectoral  transverse;  il  s'étend,  comme  dans  les  autres 


FlG.     il. 


Muscles  pectoraux 


ï,  2,  insertion  steruale  des  sterno-mastoidiens  et  du  peaussier  du  cou;  3,  raastoïdo-liuméral  avec  son  intersection  clavicu- 
laire  cl;  4,  pectoral  descendant;  5,  pectoral  transverse;  fi,  pectoral  ascendant;  7,  pectoral  scapulaire  ou  sous-clavier; 
8,  l^iceps  brachial  ;  9.  i'ascia  de  la  face  interne  du  bras  ;  10,  11,  artère  et  veine  axillaires  :  12,  grand  dorsal  ;  13,  faisceau 
inconstant  lancé  par  le  grand  dorsal  sur  la  longue  portion  du  triceps  brachial  ;  14,  grand  dentelé  ;  15,  grand  oblique  ; 
16,  grand  droit;  17,  avant-bras;    18,  pomle  du  coude. 

ruminants,  de  la  première  sternèbre  à  la  crête  humérale,  et  s'unit  à  la  terminaison  du 
mastoïdo-huméral . 

Le  pectoral  transverse,  sterno-aponévrotique  de  Girard  (muscle  absent  chez  l'homme), 
s'insère  sur  la  plus  gi'ande  longueur  du  sternum  et  le  côté  de  la  callosité  sternale,  et  se  ter- 
mine soit  à  la  crête  humérale  en  se  confondant  avec  le  pectoral  descendant,  soit  sur  le  fascia 
de  l'avant-bras  et  du  bras. 

Le  pectoral  ascendant^  sterno-trochinien  de  Girard,    portion  sterno-costale  du  grand 


'   Voir  F.-X.  Lesbre  :  «  Des  muscles  pectoraux   dans  la  série  des  mammifères  domestiques  »  (Bulletin  de  la 
Société  d'anthropologie  de  Lyon,  1892). 


70 


RECHERCHES  ANAT0MIQUE3  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


pectoral  de  l'homme,  est  extrêmement  large  sous  l'épaule,  mais  il  ne  dopasse  pas,  en  arrière, 
le  niveau  de  la  callosité  sternale  et  ne  couvre  ni  l'oblique  externe  ni  le  droit  de  l'abdomen.  Il 
procède  du  sternum,  à  partir  de  son  deuxième  segment,  et  de  l'extrémité  cartilagineuse  des 
côtes  correspondantes.  Il  se  termine  :  sur  le  trochiter  en  embrassant  le  biceps  sous  la  coulisse 
bicipitale,  sur  le  trochin,  sur  le  tendon  d'origine  du  coraco-brachial  et  sur  une  arcade  aponé- 
vrotique  qui  embrasse  les  vaisseaux  huméraux  et  s'unit  au  fascia  du  bras  et  au  bord  infé- 
rieur du  grand  dorsal. 

Le  pectoral  scapiilaire  ou  sous-clavier,  sterno-pré-scapulaire  de  Girard,  est  beau- 
coup plus  développé  que  dans  les  autres  ruminants.  Parti  de  la  première  articulation 
sterno-costale,  il  se  réfléchit  sous  l'intersection  claviculaire  du  mastoïdo-huméral  et  monte 
au-devant  du  sus-épineux  sur  une  hauteur  de  10  centimètres  environ. 

MUSCLES  DU  MEMBRE  ÏHORACIQUE 


Région  scapulaire.  —  Nous  avons  à  mentionner  dans  cette  région  :  le  deltoïde,  le 
sus-épineux,  le  sous-épineux,  le  petit  rond,  le  grand  rond,  le  sous-scapulaire,  le  coraco- 
brachial  et  le  capsulaire  de  l'épaule. 

Le  deltoïde  de  nos  animaux  domestiques  correspond  seulement  à  la  portion  scapulaire 
du  deltoïde  humain,  car  la  portion  claviculaire  entre  dans  la  constitution  du  mastoïdo-huméral 
comme  nous  l'avons  déjà  dit  :  c'est  le  long  abducteur  du  bras  des  anatomistes  vétérinaires. 

Chez  les  chameaux,  il  ressemblée  celui  du  bœuf, 
sauf  qu'il  est  plus  développé  et  terminé  sur  une 
apophyse  humérale  beaucoup  plus  saillante  ; 
c'est  dire  qu'il  prend  origine  par  deux  chefs  : 
par  l'antérieur  sur  l'acromion,  par  le  postérieur 
sur  l'aponévrose  scapulaire,  tout  le  long  du 
sous-épineux  jusqu'à  l'angle  dorsal  de  l'omo- 
plate. 

Le  siis-èpineiix  est  plus  développé  que  dans 
les  autres  Ruminants,  comme  la  fosse  sus- 
épineuse  elle-même  ;  il  déborde  largement  cette 
fosse  et  embrasse  le  tendon  supérieur  du  biceps 
brachial,  pour  s'insérer  départ  et  d'autre  sur  le 
trochiter  et  le  trochin. 
Le  sous-èpineuxxCo'SxQ  rien  de  particulier,  non  plus  queleyje///  rond  et  le  i/rand  rond  ; 
ce  dernier  s'unit,  suivant  la  règle,  au  grand  dorsal. 

Le  coraco-brachial  est  très  développé  ;  il  s'insinue  sous  le  biceps  et  descend  très  bas 
sur  l'humérus. 

Le  sous-scaiJulaire  ne  présente  pas  la  dissociation  que  l'on  observe  chez  le  bœuf  et  le 
mouton. 

Quant  au  capsulaire  de  Vépmde  ou  scapulo -humerai  grêle,  que  l'on  croyait  propre  aux 
Solipèdes  parmi  les  Mammifères  domestiques,  nous  l'avons  trouvé  chez  les  chameaux  avec 
un  développement  qu'il  est  loin  d'offrir  chez  les  Solipèdes  (fig.  42). 


FiG.  4'i.  —  Musci.es  situés  en  dedans  de 
l'articulation  de  l'épaule. 

S^,  sus-épineux;  Ss,  sous-scapulaire;  Bi\  biceps  brachial 
.r,  coraco-brachial  ;  ri',  insertion  du  vaste  interne 
br,  brachial  antérieur;  cap,  capsulaire  de  l'épaule 
c/,  longue  portion  du  (juadriceps  brachial. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


71 


MM.  Chauveau  et  Aiioing  signalent,  chez  le  dromadaire,  l'existence  d'une  lame  élastique 
descendant  du  ligament  cervical  à  la  surface  externe  de  l'épaule  et  du  bras,  et  se  prolongeant 
ensuite  sur  l'avant -bras  jusqu'à  la  région  métacarpienne. 
N'ayant  point  remarqué  cette  lame  au-dessus  de  la  région 
antibrachiale,  nous  la  décrirons  plus  loin. 


Région  brachiale.  —  Elle  comprend  :  le 
biceps  brachial,  le  brachial  antérieur  et  le  quadriceps 
brachial.  —  L'accessoire  du  grand  dorsal,  muscle  tenseur 
de  l'aponévrose  antibrachiale,  désigné  autrefois  sous  le 
nom  de  long  extenseur  de  l'avant-bras,  manque  aux 
chameaux  ou  du  moins  on  n'en  trouve  un  rudiment  que 
chez  quelques  sujets. 

Le  biceps  se  décompose,  comme  le  montre  la  figure 
44,  en  deux  portions  qui  se  réunissent  aux  extrémités  de 
l'organe,  portions  situées  l'une  au-devant  et  en  dehors 
de  l'autre,  l'antérieure  très  entrecoupée  de  lames  fi- 
breuses, la  postérieure  plus  volumineuse,  essentiellement 
charnue.  Cette  constitution  singulière  a  été  signalée  déjà 
chez  le  dromadaire  par  ]\IM.  Chauveau  et  Arloing;  il 
serait  très  intéressant  d'en  connaître  la  signification 
physiologique.  Le  biceps  brachial  s'insère  en  haut 
sur  une  volumineuse  tubérosité  sus-glénoïdienne  par  un 
énorme  tendon  fibro-cartilagineux,  infléchi  et  moulé  sur 
une  double  coulisse  bicipitale;  il  se  termine  d'autre  part, 
par  un  très  fort  tendon,  sur  la  tubérosité  bicipitale  qui 
occupe  presque  toute  la  largeur  du  radius  sous  l'arti- 
culation du  coude,  et  il  lance  d'autre  part,  comme  à 
l'ordinaire,  une  expansion  fibreuse  sur  le  muscle  exten- 
seur radial  du  métacarpe;  c'est  à  tort  que  Vallon  nie 
l'existence  de  cette  expansion. 

Le  brachial  antérieur  est  très  fort  ;  il  part  de  la 
base  de  la  tète  articulaire  de  l'humérus,  contourne  la 
gouttière  de  torsion,  passe  sous  l'expansion  du  biceps  et 
se  termine  à  l'aide  d'un  tendon  au  bord  interne  du  radius, 
sous  la  tubérosité  bicipitale,  en  s'insinuant  un  peu  sous 
le  chef  radial  du  perforant. 


FiG 


43.    —  MUSCLIS  EXTERNES   DE  l'ÉPAUI  E, 
DU  BRAS  ET  DE  I.'aVANT-BRAS. 


1,  sus-épineux;  2,  sous-épineux  ;  3,  deltoïde 
scapulaii-e  ;  4,  vaste  externe  ilu  quadriceps; 
5,  lon;^ue  portlcn  du  quadriceps  ;  ti,  brachial 
antérieur;  7.  Inceps  liracliial  ;  8,  extenseur 
radial  du  métacarpe  ;  9,  extenseur  jirincipal 
des  phalanges;  o,  propre  du  doigt  interne; 
b,  commun  des  doigts;  10,  exienseur  latéral 
des  phalanges  ou  extenseur  propre  du  doigt 
externe;  11,  cubital  exierue  ;  12,  fléchisseur 
perlurant  ;  13,  exienseur  du  pouce  et  de  l'index  ; 
14,  extenseur  ohIi({ue  du  métacarpe. 


Le  quadriceps  brachial  est  formé  :  1°  d'une  longue 
portion  ou  gros  extenseur  de  l'avant-bras,  qui  est  vraiment  énorme  et  étend  son  insertion  fixe 
sur  toute  la  longueur  du  bord  postérieur  du  scapulum;  2"  d'un  vaste  externe  beaucoup  plus 
volumineux  aussi  que  dans  le  bœuf  et  le  cheval,  mais  ayant  les  mêmes  insertions;  '0°  d'un 
vaste  interne  extrêmement  développé  relativement  à  ce  que  l'on  observe  dans  les  autres 
espèces,  et  étendant  son  insertion  fixe  sur  la  plus  grande  partie  de  la  longueur  de  l'humérus  ; 


72 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


4"  entiii  cVun  vaste  intermédiaire  ouhvachïal  postérieur,  que  l'ona  confondu  jusqu'aujourd'hui 
avec  l'anconé.  Ce  muscle  est  situé  sur  la  fosse  olécranienne,  en  dessous  de  la  longue  jwrtion 

du  quadriceps;  il  rappelle  assez  exactement  le  vaste  inter- 
médiaire ou  crural  antérieur  du  quadriceps  crural,  mais 
il  s'élève  moins  haut  sur  l'humérus. 
Ij'anconé  véritable  fait  défaut. 


Rég-ion  antibrachiale.  —  En  principe,  les  mus- 
cles de  l'avant-bras  se  divisent  en  :  rotateurs,  extenseurs  et 
fléchisseurs.  Les  premiers  (pronateurs  ou  supinateurs)  font 
complètement  défaut  dans  les  chameaux;  tandis  que,  dans 
la  plupart  des  ruminants,  on  trouve  un  vestige  de  rond 
pronateur  incrusté  dans  l'épaisseur  du  ligament  latéral 
interne  du  coude. 

Les  muscles  extenseurs  sont  :  l'extenseur  radial  ou 
antérieur  du  métacarpe,  l'extenseur  oblique  du  métacarpe, 
l'extenseur  principal  des  phalanges  décomposé  en  un  ex- 
tenseur commun  des  doigts  et  un  extenseur  propre  du  doigt 
interne,  l'extenseur  latéral  des  phalanges  ou  extenseur 
propre  du  doigt  externe  ;  enfin,  un  tout  petit  muscle 
inconstant  représentant  les  deux  extenseurs  confondus  du 
pouce  et  de  l'index. 

Les  muscles  fléchisseurs  sont  :  le  cubital  externe,  le 
cubital  interne,  le  grand  palmaire,  le  fléchisseur  perforé 
des  phalanges  et  le  fléchisseur  perforant  des  phalanges. 

Tous  ces  muscles  sont  enveloppés  en  commun  d'une 
très  forte  aponévrose  antibrachiale,  offrant  cette  particu- 
larité d'être  revêtue,  en  dedans  du  membre,  d'une  vaste 
expansion  élastique  jaune  qui  franchit  le  pli  du  carpe  et 
vient  se  perdre  sur  les  tendons  fléchisseurs  vers  le  milieu 
du  métacarpe.  Cette  membrane  élastique  se  confond  en 
haut  et  en  bas  avec  l'aponévrose  sousjacente  sur  laquelle 
elle  s'épanouit  à  ses  deux  extrémités,  tandis  que  sa  partie 
moyenne,  épaisse  comme  une  lanière,  s'en  détache  très 
bien  à  la  dissection. 

Uextenseiir  radial  ou  antérieur  du  métacarpe, 
représentant,  ainsi  qu'on  sait,  les  deux  radiaux  externes 
confondus  de  l'homme,  se  distingue  chez  les  chameaux 
par  son  énorme  volume,  mais  ne  présente  d'autre  part 
rien  de  ])articulier. 


FiG.44.  —  Muscles  internes  de  l'épaule. 

DU   BRAS  ET  DE  l'avant-bras. 

1,  sous-scapulaire;  2,  sus-épineux;  3,  grand 
rond;  4,  grand  dorsal;  4'.  accessoire  du 
grand  dorsal  ;  5.  5',  coraco-brachial  ; 
b,  6',  biceps  brachial  et  sa  section  ^^oriea- 
tatiou  de  cette  dernière  est  donnée  par  les 
lettres  A,  antérieur;  P,  postérieur;  ],  in- 
terne; E,  externe;  7.  longue  portion  du 
quadriceps  brachial  ;  8,  vaste  interne  ; 
8'  vaste  intermédiaire  débordant  sous  le 
précèdent;  9,  brachial  antérieur;  10,  ex- 
tenseur raJial  du  métacarpe;  11,  L-rand 
|)almaire;  lï?.  vestige  du  cubital  interne: 
13,  cubital  externe;  14,  perforé;  15.  chef 
radial  du  jiertbrant  ;  16,  chef  cubital  ; 
17,  arcade  carpienne  où  le  perforé  semble 
se  perdre. 


L'extenseur  oblique  dn  métacarpe,  représentant  le 
long  abducteur  et  le  court  extenseur  du  pouce  de  l'homme,  est  tout  à  fait  rudimentaire;  il 
faisait  même  défaut  chez  l'un  de  nos  sujets.  Il  se  détache,  par  deux  faisceaux  aplatis,  de  la 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  73 

partie  inférieure  de  l'avant-bras,  sur  la  ligne  de  soudure  du  radius  et  du  cubitus,  se  dirige 
obliquement  du  côté  opposé,  comme  il  est  indiqué  dans  la  figure  li^,  et  vient  se  terminer  au 
côté  interne  de  l'extrémité  supérieure  de  l'os  canon. 

U extenseur  principal  des  j)halanges,  extenseur  commun  des  doigts  de  l'homme  et  des 
pentadactyles,  est  dédoublé,  comme  dans  les  autres  ruminants,  en  un  extenseur  commun  des 
doigts  et  un  extenseur  propre  du  doigt  interne,  dont  l'insertion  supérieure  se  fait  en  commun 
sur  l'épicondjle,  les  ligaments  antérieur  et  externe  de  l'articulation  du  coude,  et  sur  le  radius 
à  partir  de  la  tubérosité  externe  de  son  extrémité  supérieure,  jusqu'à  10  centimètres  plus  bas  en 
suivant  la  ligne  d'union  du  cubitus.  Le  tendon  de  l'extenseur  commun  (b)?,e  bifurque  en  haut 
de  l'interstice  digité  pour  lancer  une  branche  sur  l'éminence  pyramidale  de  l'un  et  de  l'autre 
doigt;  en  outre,  chaque  branche  de  cette  bifurcation  donne  une  division  aplatie  à  l'extrémité 
supérieure  de  la  deuxième  phalange,  division  qui  reçoit  un  rameau  de  renforcement  du  fond  de 
l'interstice  digité.  De  la  sorte,  l'extenseur  commun  des  doigts  se  termine  par  quatre  branches  : 
deux  sur  les  deuxièmes  phalanges,  deux  sur  les  troisièmes  phalanges  :  disposition  que  je  n'ai 
trouvée  dans  aucun  autre  ruminant  et  qui,  jusqu'à  ce  jour,  n'a  pas  encore  été  signalée.  Le 
tendon  de  l'extenseur  propre  du  doigt  interne  (a)  s'épanouit  sur  l'articulation  raétacarpo- 
phalangienne  et  se  confond  avec  la  capsule  de  cette  jointure,  mais  il  se  poursuit  d'autre  part 
jusqu'à  l'extrémité  supérieure  de  la  deuxième  phalange  par  une  languette  qui  reçoit  une 
bride  de  renforcement  du  suspenseur  du  boulet. 

L'extenseur   latéral   des  j^halanges,   extenseur   propre    du  petit  doigt   de    l'homme, 
est  extenseur  pi'opre  du  doigt  externe  comme  dans  les  autres  ruminants  ;  il  est  beaucoup 
plus  fort  que  dans  les  bovidés  et  se  termine  exactement  comme   l'extenseur  propre  du  doigt 
interne.  Il  franchit  le  carpe  dans  une  couUsse  spéciale  située  au  devant  du  ligament  latéral- 
externe. 

Ainsi  que  dans  les  autres  mammifères  domestiques,  le  long  extenseur  du  pouce  et  Vexten- 
seur  'propre  de  V index  sont  confondus  en  un  seul  muscle,  tout  petit,  détaché  de  la  ligne  d'union 
des  os  de  l'avant-bras,  mais  qui,  au  lieu  de  se  jeter  sur  l'extenseur  commun  des  doigts,  comme 
dans  les  autres  ruminants,  garde  son  indépendance  et  vient  se  perdre  au-devant  du  carpe,  en 
deux  petites  languettes  tendineuses.  Ce  muscle  est  inconstant  ;  il  manquait  sur  les  deux  droma- 
daires ainsi  que  sur  l'un  des  chameaux  à  deux  bosses  que  j'ai  disséqués. 

Le  cubital  externe,  cubital  postérieur  des  anthropotomistes,  fléchisseur  externe  du 
métacarpe  des  vétérinaires  français,  est  extrêmement  développé  et  reporté  en  arrière  ;  il  pro- 
cède de  l'épicondyle  et  se  termine  par  un  gros  tendon  qui  occupe  presque  la  moitié  de  sa 
longueur,  soit  sur  l'os  pisiforme,  soit,  en  s'épanouissant,  sur  le  côté  externe  du  carpe. 

Le  cubital  interne,  cubital  antérieur  des  anthropotomistes,  fléchisseur  oblique  du  méta- 
carpe, a  jusqu'à  ce  jour  échappé  à  l'attention  des  auteurs,  qui  ont  pris  pour  tel  le  muscle 
perforé.  Il  est,  en  effet,  réduit  à  une  mince  lanière  aponévrotique,  enclavée  entre  le  perforé  et 
le  cubital  externe,  lanière  recevant  à  son  extrémité  supérieure  deux  faibles  faisceaux  charnus 
détachés  l'un  de  l'épitrochlée,  l'autre  de  l'olécràne,  se  jetant  d'autre  part  sur  le  tendon  du 
cubital  externe  à  quelques  centimètres  de  l'os  pisiforme.  L'extrême  atrophie  du  cubital  interne 
des  chameaux  n'a  rien  qui  doive  surprendre,  car,  en  anatomie  comparée,  on  trouve  des  transi- 
tions qui  y  conduisent  ;  ledit  muscle  est  déjà  très  grêle  chez  le  porc  ;  il  est  presque  complète- 
ment fibreux  dans   le  tapir.   Il  m'a  semblé  que,    chez  le  dromadaire,  il  est  moins   atrophié 

Arch.  Mus.  —  t.  VUI.  lu 


74 


RECIIERGHKS  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 


Fe. 


..Fa 


Fie. 


.  45.  —  Anneau 
du  perforé. 


Pe,  perforé  ;  Po.  perfo- 
rant ■.  n,  nodule  preter- 
niiiial  du  perforé. 


que  chez  les  chameaux  à  deu.x  bosses  ;  son  chef  humerai  surtout  présente  un   certain  volume, 
mais  il  est  très  adhérent  au  perforé. 

Le  grand  palmaire, ûéchhsewr  interne  du  métacarpe  des  vétérinaires  français,  fléchisseur 
radial  du  carpe  des  Allemands,  s'étend,  comme  dans  les  autres  ruminants, 
de  la  base  de  l'épitrochlée  au  côté  interne  de  l'extrémité  supérieure  de 
l'os  canon  et  ne  présente   rien  de  particulier. 

Le  fléchisseur  superficiel  ou  fléchisseur  perforé  des  phalanges  est 
parfaitement  développé  dans  les  chameaux  ;  mais  son  corps  charnu  a  été 
pris  jusqu'à  ce  jour  pour  le  cubital  interne,  par  suite  de  l'atrophie  et  de 
l'adhérence  de  ce  dernier.  Ledit  corps  charnu  procède  de  l'épitrochlée, 
lance  à  sa  partie  inférieure  un  faisceau  de  renforcement  au  fléchisseur 
profond  et  se  termine  par  un  tendon  confondu  avec  l'aponévrose  palmaire 
du  carpe.  Au  mo^'cn  de  la  dissection,  on  peut  voir  que  ce  tendon  prend 
attache  par  deux  branches,  soit  sur  l'os  pisiforme,  soit  au  côté  interne  du 
carpe  ;    mais  ce  ne  sont   là  que  des  insertions  de  trajet  ;   il  se  continue  dans    la    région 

métacarpienne  à  la  surface  du  tendon  perforant,  suivant  le  mode 
ordinaire,  et  se  bifurque  vers  le  milieu  du  canon;  chaque  branche 
de  cette  bifurcation  passe  avec  la  branche  correspondante  du 
tendon  perforant  dans  une  des  coulisses  sésamoidiennes,  se  perfore 
d'un  anneau  allongé  pour  admettre  ce  dernier,  puis  subit  un  épais- 
sissement  iibro-cartilaa:ineux  avant  de  se  terminer  en  arrière  de 
l'extrémité  supérieure  de  la  deuxième  phalange.  Il  est  à  remarquer 
que  le  tendon  perforé  est  simplement  aplati  sur  le  perforant 
mais  ne  l'enveloppe  nulle  part  ;  son  anneau  est  un  simple  orifice 
préterminal  et  non  pas  un  cylindre  creux,  comme  on  l'observe 
dans  d'autres  espèces.  —  En  somme,  la  particularité  la  plus 
saillante  du  perforé  des  chameaux  consiste  dans  l'attache  que  prend 
son  tendon  à  la  traversée  du  carpe  et  dans  l'adhérence  qu'il  con- 
tracte avec  l'arcade  palmaire  :  disposition  que  l'on  trouve  à  un 
moindre  degré  chez  la  chèvre. 

Le  fléchisseur  profond  ou  perforant  est  constitué  comme 
dans  les  autres  animaux  par  trois  chefs  réunis  sur  un  même 
tendon  :  un  chef  humerai  un  chef  cubital  et  un  chef  radial.  Ce 
dernier,  représentant  le  long  fléchisseur  propre  du  pouce  de 
l'homme,  offre  un  extrême  développement  dans  les  chameaux;  il 
est  plus  volumineux  que  les  deux  antres  portions  réunies  et  monte 
jusqu'en  haut  du  radius  en  en  couvrant  toute  la  face  postérieure, 
en  la  débordant  même  à  la  partie  supérieure,  oîi  il  apparaît  au 
côté  interne  de  l'os.  Il  est  revêtu  d'une  forte  aponévrose.  Le 
chef  humerai  ou  épitrocliléen  se  décompose  en  deux  faisceaux 
accolés,  assez  faibles.  Le  chef  cubital  est  relativement  considé- 
rable; il  se  détache  de  presque  toute  la  longueur  du  cubitus.  —  Le  tendon  commun  aux  trois 
portions  est  très  volumineux;  il  s'engage  dans  la  gaine  carpienne,  passe  entre  les  deux 


FiG.  46.  —  Perforé  et  perfo- 
rant DANS  LA  RÉGION  ANTI 
BRACHIALE. 


chef  humerai  du  perforant; 
2,  chef  cubital;  3,  énorme  chef 
radial  ;  4.  perforé  ;  5,  faisceau 
donné  par  le  perforé  au  perfo- 
rant ;  G  et  7,  attaches  carpiennes 
du  perforé:  8,  tendon  i)erforanl  : 
1'.  suspenseur  du  boulet;  10,  ter- 
minaison du  biceps  bracliial  ; 
11,  terminaison  du  brachial 
antérieur. 


CHAMEAU  A  DEUX  ROSSES  75 

attaches  carpiennes  du  tendon  perforé,  descend  dans  la  gouttière  du  suspenseur  du  boulet,  se 
bifurque  vers  le  milieu  de  la  région  métacarpienne,  et  chaque  branche  traverse  la  gaine 
grande  sésamoïdienne,  l'anneau  du  perforé,  pour  aboutir  à  la  partie  postéro -inférieure  de  la 
phalangette;  elle  présente  sur  son  trajet  deux  gros  nodules  sésamoides:  le  premier,  de  forme 
olivaire,  correspondant  à  la  coulisse  sésamoïdienne  ;  le  second  aplati,  plus  volumineux  encore, 
situé  derrière  la  deuxième  phalange  depuis  la  sortie  de  l'anneau  du  perforé  jusqu'au  voisinage 
de  la  phalangette. 

Rien  n'est  plus  frappant  dans  l'organisation  de  l'extrémité  digitée  des  chameaux  que  ces 
gros  renflements  nodulaires  des  tendons  fléchisseurs. 

Région  de  la  main  —  Je  n'ai  trouvé  à  la  main  des  chameaux  aucun  vestige  mus- 
culaire. Je  me  bornerai  donc  à  rappeler  ici  que  le  ligament  suspenseur  du  boulet  est  le  résultat 
de  la  transformation  fibreuse  et  de  la  réunion  des  deux  muscles  interosseux  correspondant  à 
l'os  canon  (3°  et  4"  métacarpiens). 


MUSCLES  DU  MEMBRE  ABDOMINAL 

Région  du  bassin.  —  Elle  comprend  :  le  fessier  superficiel,  le  paraméral,  le  fessier 
moj-en,  le  fessier  profond,  l'accessoire  du  fessier  profond  ou  1'  fessier,  l'obturateur 
interne,   l'obturateur    externe,   lesjumeaux,  le  carré  crural   et  le  capsulaire  de  la  hanche. 

Le  fessier  superficiel,  grand  fessier  de  l'homme,  est  indistinct  chez  les  chameaux,  par 
suite  de  son  extrême  atrophie,  et  de  la  fusion  de  ce  qui  en  reste,  soit  avec  le  tenseur  du  fascia 
lata,  soit  avec  le  paraméral  (voy.  fig.  39). 

Par  contre,  ce  dei^nier  est  énorme  ;  on  le  prendrait  à  première  vue  pour  le  fessier  super- 
ficiel lui-même,  si  l'anatomie  comparée  ne  montrait  une  série  de  formes  de  transition  amenant 
par  degré  cette  extrême  atrophie  du  fessier  superficiel  et  cet  énorme  développement  du 
paraméral'. 

Le  fessier  moyen  ne  s'étend  pas  sur  la  masse  commune  comme  il  le  fait  dans  la  généralité 
des  ruminants  et  dans  les  solipèdes  ;  il  ne  dépasse  pas  la  crête  iliaque.  C'est  un  muscle  assez 
volumineux,  revêtu  d'une  aponévrose  peu  adhérente  qui  se  confond  inférieurement  avec  le 
feuillet  profond  du  fascia  lata,  muscle  terminé  sur  le  sommet  du  trochanter  par  un  court  et 
fort  tendon  et  par  un  certain  nombre  de  faisceaux  charnus. 

Le  fessier  profond  s'isole  très  facilement  du  fessier  moyen  ainsi  que  dans  les  autres  rumi- 
nants; il  s'étale  sur  la  plus  grande  partie  de  l'ilium,  est  très  tendineux  à  sa  partie  inférieure 
et  se  termine  à  la  base  du  trochanter  après  s'être  insinué  sous  l'extrémité  supérieure  du  vaste 
externe. 

U accessoire  du  fessier  jjro fond  on  quatrième  fessier  est  situé  sous  le  fessier  profond  qu'il 
déborde  de  chaque  côté;  la  partie  antérieure,  simulant  un  petit  rond  de  la  cuisse,  se  termine 
en  dessous  du  trochanter  après  avoir  croisé  l'insertion  supérieure  du  droit  antérieur  de  la 

'  F.  X.  Lesbre,  Contribution  à  l'étude  des  muscles  de  la  région  cruro -lessière  cbez  les  mammifères  (Journal  de 
l'Anaiomie,  année  1896,  n"  6). 


76 


RECHERCHES  AXATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


cuisse  et  du  capsulaire  de  la  hanche,  et  s'être  insinuée  sous  le  vaste  externe.  La  partie  posté- 
rieure, que  j'ai  décrite  à  part  sous  le  nom  d'abducteur  trochantérien,  se  confond  avec  la  précé- 
dente sous  le  fessier  profond;  elle  s'étend  transversalement,  au-dessus  de  l'articulation 
coxo-fémorale,  de  la  crête  sus-cotyloïdienne  au  revers  interne  du  trochanter. 

\J obturateur  interne  est  relativement  épais;  il  sort  du  bassin  par  la  petite  échancrure 
sciatique  et  s'infléchit  sur  le  bord  ischial  à  la  manière  ordinaire,  tandis  que  dans  les  autres 

ruminants:  bœufs,  moutons,  chèvres,  mou- 
flons, il  effectue  sa  sortie  par  le  trou  ova- 
laire  lui-  même. 

h'' obturateur  externe  n'ofl're  l'ien  de 
particulier. 

he?,  jumeaux  accompagnent  de  chaque 
côté  le  tendon  terminal  de  l'obturateur 
interne  et  se  réunissent  sous  ce  tendon. 

Le  carré  crural  est  volumineux,  mais 
assez  court  ;  il  adhère  beaucoup  à  l'adducteur 
de  la  cuisse. 

Le  capsulaire  de  la  hanche  ou  ilio- 
fémoral  grêle  existe  plus    développé    que 
chez  aucun  autre  animal  ;  tandis  qu'il  man- 
que chez  la  généralité  des  autres  rumi- 
nants.   C'est  le    petit   muscle    (S)   de    la 
figure  47,    s'insérant  en  haut  sur  l'ilium 
à   côté  du  droit    antérieur   de   la   cuisse, 
s'insinuant  entre  ce  dernier  et  le  vaste  externe  pour  se  terminer  en  dessous  de  la  tête  fémorale. 
Le  pyramidal  ou  piriforme  manque  aux  chameaux  ainsi  qu'à  tous  les  ruminants,  au 
porc,  aux  Solipèdes. 


FiG. 


47.  —  Muscles  profonds  de  la  face  externe 
de  la  hanche. 


1,  insertion  du  fessier  moyen;  2.  fessier  profond;  3,  3'.  quatrième 
fessier  débordant  le  fessier  profond  de  part  et  d'autre  ;  4,  tendon 
de  l'obturateur  interne;  5,  5,  jumeaux  du  bassin;  6,  obturateur 
externe;  7.  carré  crural;  S,  capsulaire  de  la  lianche,  9.  droit 
antérieur  de  la  cuisse  ;  10,  vaste  externe  du  quadriceps  crural  ; 
H,  ligament  sacro- sciatique,  très  épais  en  arrière;  12.  nerf  grand 
sciatique.  Co^  première  vertèbre  coccygienne. 


Région  de  la  cuisse.  —  Nous  étudierons  dans  cette  région  :  le  tenseur  du  fascia 
lata,  le  quadriceps  crural,  le  paraméral,  le  biceps  fémoral,  le  demi-tendineux,  le  demi- 
membraneux,  le  couturier,  le  droit  interne,  le  pectine  et  l'adducteur  de  la  cuisse. 

Le  muscle  du  fascia  lata  embrasse  la  partie  supérieure  du  quadriceps  comme  dans  une 
gouttière  ;  il  n'est  pas  très  étendu  en  hauteur,  par  contre,  il  s'étend  sur  le  fessier  moyen  en  une 
mince  couche  qui  se  joint  au  paraméral  et  qui  représente  certainement  le  fessier  superficiel, 
ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit.  Quant  au  fascia  lata,  il  se  développe  sur  les  deux  faces  de  la 
cuisse  et,  du  côté  externe,  se  clive  en  deux  feuillets  :  un  superficiel  qui  se  prolonge  sur 
l'articulation  fémoro-tibio-rotulienne  et  le  biceps  fémoral  et  se  confond  avec  l'aponévrose 
jambière,  un  profond  qui  s'insinue  sous  le  biceps  pour  gagner  le  bord  externe  du  fémur. 

Le  quadriceps  crural  n'est  nullement  grêle  comme  Vallon  le  signale  chez  le  dromadaire; 
je  l'ai  trouvé  toutaussi  épais  que  chez  lebœufetavec  cela  beaucoup  plus  long. Le  droit  antérieur 
de  la  cuisse,  longue  portion  du  quadriceps,  est  simple  à  son  insertion  supérieure, qui  est  autant 
charnue  que  tendineuse.  Le  vaste  externe  est  énorme,  tandis  que  l'interne  est  relativement 
petit:  inégalité  que  je  n'ai  guère  ob.servée  à  ce  degré  que  parmi  les  carnivores  et  les  rongeurs. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


77 


Le  crural  antérieur  est  très  facilement  isolable,  couvert  en  dehors  d'une  belle  aponévrose 
et  bifurqué  à  sa  partie  supérieure. 

Le  2}araméral  est  un  muscle  que  l'on  trouve  dans  le  plus  grand  nombre  des  quadrupèdes, 
soit  à  l'état  indépendant,  soit  confondu  avec  le  biceps  crural  en  un  long  vaste  ou  paraméro- 
biceps.  Il  semble  se  développer  proportionnellement  à  l'atrophie  du  fessier  superficiel.  D'abord 
simple  agitateur  de  la  queue,  il  avance  ses  insertions 
sur  le  sacrum  et  devient  un  des  plus  puissants  agents 
du  membre  postérieur. 

Chez  aucun  animal  il  n'est  aussi  développé  que 
chez  les  chameaux;  il  se  compose  d'un  épais  corps 
charnu,  triangulaire,  couvrant  en  grande  paitie  le 
fessier  moyen,  s'insérant  sur  l'angle  interne  de  l'iliuni, 
l'épine  sacrée,  l'aponévrose  d'enveloppe  des  muscles 
sacro-coccygiens  et  le  ligament  sacro-sciatique,  et 
d'un  tendon  aplati  qui  se  place  à  la  face  interne  du 
biceps  fémoral  et  vient  se  terminer  soit  au  côté  externe 
de  la  rotule,  soit  à  la  tu]3érosité  antérieure  du  tibia  en 
s'insinuant  sous  le  tendon  rotulien.  Le  tendon  du 
paraméral  reçoit  l'insertion  des  faisceaux  antérieiu's 
du  biceps  fémoral  et  forme  ainsi  une  sorte  de  doublure 
à  ce  muscle. 

L'anatomie  comparée  montre  des  espèces  où  ces 
deux  muscles  sont  complètement  indépendants,  ainsi 
que  d'autres  espèces  oij  ils  sont  complètement  unis'. 

Le  biceps  fémoral  est  très  volumineux  et  dé- 
pourvu de  chef  fémoral,  ainsi  que  dans  tous  nos 
quadrupèdes.  Il  présente,  dans  la  moitié  ou  les  deux 
tiers  supérieurs,  une  intersection  longitudinale  fibro- 
élastique  qui  lui  donne  la  structure  pennée  ;  les  fibres 
antérieures  sont  ojjliquement  dirigées  de  haut  en  bas 
et  d'arrière  en  avant,  et  se  terminent  sur  le  tendon 
du  paraméral  ;  les  fibres  postérieures  sont  longitudi- 
nales et  se  contmuent  par  une  aponévrose  confondue 
avec  l'aponévrose  jambière  et  le  fascia  lata.  En  haut, 
le  biceps  fémoral  s'insère  sur  latubérositéischiatique, 

ainsi  qu'à  la  partie  inférieure  du  ligament  sacro-sciatique  en  chevauchant  au-devant  de  ladite 
tubérosité;  mais  il  ne  s'étend  pas  jusqu'à  l'épine  sacrée. 

Le  biceps  crural  est  revêtu  d'une  expansion  jaune,  élastique,  des  plus  remarquables, 
rappelant  celle  que  nous  avons  déjà  signalée  à  la  face  interne  de  l'avant-bras  et  au  pli  du 
genou.  Cette  membi-ane  a  la  forme  d'un  triangle,  dont  le  sommet  s'insère  à  la  tubérosité 
ischiale  et  dont  la  base  s'épanouit  sur  l'aponévrose  jambière  vers  la  crête  du  tibia  ;  elle  lance 


FiG.  48.   —  RÉGION    PELVI-CRURALE  INTERNE. 

Gp.  Pp,  grand  et  petit  psoas;  I',  P,  les  deux  por- 
tions de  l'iiiiique;  fasc.  il.^  fascia  iliaca  supposé 
transparent;  06,  oliturateur  interne;  fî^  muscle 
du  fascia  lata  ;  Co,  couturier;  Da,  droit  antérieur; 
V/,  vaste  interne;  p.  pectine;  Ad, adducteur  unique 
de  la  cuisse  ;  D>n,  demi-membraneux;  lit,  demi- 
tendineux;  U(.  aponévrose  terminale  du  droit 
interne;  t,  terminaison  trochantinienne  des  psoas; 
1,  artère  fémorale:  2,  grande  anastomotique : 
3,  saphene. 

Dans  le  bas  de  la  figure,  on  voit  la  coupe  du  qua- 
driceps  crural:  1.  droit  antérieur;  2,  vasle  externe: 
3,   vaste    interne  :   4,    crural  antérieur. 


'  Lesbre,  loc.  cit. 


78  RECIIERCMKS  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

de  sa  face  interne  l'intersection  ilu  biceps  et  se  développe  principalement  sur  la  partie  pos- 
térieure de  ce  muscle. 

Le  demi-tendineux  est  très  fort  ;  il  s'insère  d'une  part  à  la  tubérosité  ischiale,  d'autre 
part  en  haut  de  la  face  interne  du  tibia,  par  un  tendon  plus  ou  moins  réuni  à  l'aponévrose 
jambière.  Nous  n'avons  point  trouvé,  au  milieu  de  la  longueur  de  ce  muscle,  l'étranglement 
signalé  par  MM.  Cliauveau  et  Arloing  dans  le  dromadaire.  Par  contre,  nous  avons  vu  chez 
ce  dernier  animal  une  lame  fibreuse  entrecoupant  obliquement  l'organe  depuis  son  quart 
supérieur  jusqu'au  milieu  de  sa  longueur. 

ha  demi-membraneux  est  un  énorme  muscle,  rétréci  et  aponévrotique  dans  son  milieu, 
renflé  aux  deux  extrémités,  ce  qui  lui  donne  l'apparence  digastrique.  Il  s'attache  en  haut 
sur  la  face  inférieure  de  l'ischium  et  de  sa  tubérosité  ;  en  bas,  il  se  termine  sur  le  condyle 
interne  du  fémur  ainsi  que,  par  une  courte  lame  fibreuse,  sur  le  ligament  fémoro-tibial  interne. 

Le  couturier  ou  long  adducteur  de  la  jambe  des  anatomistes  vétérinaires,  ressemble 
beaucoup  à  celui  des  autres  Ruminants;  il  prend  naissance  par  deux  branches  entre  lesquelles 
passe  l'artère  fémorale,  l'une  s'insérant  sur  le  fascia  iliaca,  l'autre  sur  l'éminence  iléo-pectinée 
en  croisant  la  terminaison  du  petit  psoas.  Il  se  terniine  sur  le  tendon  i-otulien  en  s'unissant 
au  droit  interne. 

Le  droit  interne  ou  muscle  du  plat  de  la  cuisse,  court  adducteur  de  la  jambe  des 
vétérinaires,  ne  présente  rien  de  particulier  relativement  aux  autres  ruminants,  si  ce  n'est  sa 
minceur  en  avant.  Nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  de  la  bifiditéque  signalent  MM.  Chauveau 
et  Arloing  dans  le  dromadaire. 

he  pectine  est  simple,  en  apparence  tout  au  moins,  volumineux;  son  insertion  mobile 
descend  longuement  sur  le  fémur,  comme  on  l'observe  dans  la  généralité  des  Ruminants. 

Ainsi  que  dans  les  autres  Ruminants,  dans  le  porc,  dans  les  Carnivores, etc.,  on  ne  trouve, 
chez  les  chameaux  (.{vJm\?,e\x\  adducteur  de  la  cuisse,  muscle  volumineux,  prismatique,  trian- 
gulaire, enclavé  entre  le  pectine  et  le  demi-membraneux,  procédant  de  la  face  inférieure  du 
pubis  et  de  l'ischium  et  se  terminant  à  la  ligne  âpre  du  fémur,  sans  descendre  toutefois  jusqu'au 
condyle  interne.  Ce  muscle  ne  présente  point  d'anneau  pour  le  passage  des  vaisseaux  fémo- 
raux; ceux-ci  passent  entre  son  extrémité  inférieure  et  le  demi-membraneux. 

Région  de  la  jambe. —  On  y  trouve  :  le  tibial  antérieur,  l'extenseur  principal  des 
phalanges  qui  se  décompose  inférieurement  en  :  fléchisseur  du  pied,  extenseur  commun  des 
doigts  et  extenseur  propre  du  doigt  interne  ;  le  long  péronier  latéral,  le  court  péronier  latéral 
ou  extenseur  propre  du  doigt  externe,  les  gastro-cnémiens  ou  jumeaux  de  la  jambe,  lesoléaire, 
le  planto-perforé,  le  poplité,  le  long  fléchisseur  interne  des  phalanges,  le  long  fléchisseur 
externe  dos  phalanges. 

Le  tihial  antérieur  oujambier  antérieur  est,  comme  toujours,  appliqué  sur  la  face  anté- 
rieure du  tiJMa,  mais  il  est  assez  mince  et  laisse  complètement  à  découvert  le  tendon  supé- 
rieur de  l'extenseur  principal  des  phalanges.  11  s'insère  en  dessous  de  la  coulisse  supérieure  du 
tibia,  d'une  part;  d'autre  part,  son  tendon,  après  avoir  traversé  un  anneau  que  lui  offre  le 
bord  interne  du  tendon  du  fléchisseur  du  pied,  se  porte  en  dedans  et  en  bas  du  tarse  pour 
venir  se  terminer  sur  le  petit  cunéiforme  et  l'os  canon. 

L'extenseur  principal  des  2^halanges  équivaut  au  long  extenseur  commun  des  orteils  de 


ciiami:al'  a  delx  bosses 


l'homme;  c'est  un  volumineux  organe  fusiforme  qui  prend  insertion  à  l'extrémité  inférieure 
du  fémur,  entre  le  condyle  externe  et  la  troclilée,  par  un  fort  tendon  qui  glisse  ensuite  dans 
la  coulisse  supérieure  du  tibia,  se  décompose  inférieurement 
en  trois  corps  charnus  prolongés  par  autant  do  tendons. 

Le  plus  superficiel  et  le  plus  volumineux  se  termine  sur 
l'extrémité  supérieure  de  l'os  du  canon,  après  avoir  lancé  une 
petite  branche  sur  le  cuboïde  :  c'est  le  flèchissei(r  du  pied 
de  M.  Chauveau.  le  deuxième  jambier  antérieur  de  Cuvier. 

La  deuxième  portion,  située  du  côté  externe,  constitue 
un  extenseur  commun  des  deux  doigts,  dont  le  tendon  se 
comporte  de  tous  points  comme  celui  du  muscle  homonyme 
du  membre  antérieur  (voir  plus  haut). 

Enfin  la  troisième  portion,  qui  surgit  entre  les  deux 
autres,  forme  l'extenseur  propre  du  doigt  interne,  se  terminant 
comme  au  membre  antérieur. 

Sur  l'un  de  nos  sujets,  nous  avons  noté  l'existence 
d'une  quatrième  portion,  très  grêle,  se  détachant  sous  les 
trois  autres  et  se  continuant  par  un  tendon  qui  surgissait 
de  l'intervalle  du  fléchisseur  du  pied  et  de  l'extenseur  propre 
du  doigt  interne  et  s'épanouissait  à  la  surface  des  tendons 
extenseurs  et  du  muscle  pédieux.  Ce  petit  muscle,  inconstant 
dans  le  chameau  à  deux  bosses,  est  signalé  par  Vallon  chez 
le  dromadaire  sous  le  nom  de  tibio- pré-métatarsien  grêle; 
Je  l'ai  retrouvé  dans  ce  dernier  animal  à  l'état  d'une  petite 
languette  tendineuse  que  l'extenseur  commun  des  doigts 
lançait  sur  l'extenseur  propre  du  doigt  intei'ue.  C'est  peut-être 
un  vestige  du  péronier  antérieur? 

Quant  au  lonçi  extenseur  du  gi-os  orteil,  il  n'en  existe 
pas  trace. 

Je  ne  quitterai  pas  l'extenseur  principal  des  phalanges 
sans  faire  remarquer  que  le  tendon  supérieur  de  ce  muscle  se 
prolonge  sur  sa  face  profonde  par  une  forte  lame  qui  se 
continue  d'autre  part  avec  le  tendon  de  la  portion  dite  flé- 
chisseur du  pied,  de  telle  sorte  que  nous  avons  là  une  transi- 
tion à  la  corde  fémoro-métatarsienne  des  Solipèdes.  Meckel 
avait  donc  raison  de  considérer  celle-ci  comme  un  simple 
prolongement  du  tendon  supérieur  de  l'extenseur  pi'incipal  ; 
les  vétérinaires  français  sont  dans  l'erreur  quand  ils  en  ratta- 
chent la  descinption  au  tibial  antérieur. 

Deux  brides  aponévrotiques  transversales  assujettissent  les  muscles  dans  le  pli  du  tarse  : 
une  première,  très  forte,  jetée  d'un  côté  à  l'autre  de  l'extrémité  inférieure  du  tibia  et  embras- 
sant le  tibial  antérieur  et  les  trois  portions  de  l'extenseur  principal  ;  une  deuxième,  située  en 
bas  du  tarse,  contenant   les  deux   tendons   extenseur   commun  et  extenseur  propre  du  doigt 


FiG.  49.  —  Musci.es  de  la  région 

.JAMBIÈRE  ANTÉRIEURE. 

1,  rotule;  2,  ligament  rotulien;  3,  3,  con- 
dyle du  fémur;  4,  terminaison  du  para- 
méral;  5,  attache  supérieure  dupoplité; 
6.  ménisque  externe  :  8,  tibia  ;  9,  tendon 
du  muscle  extenseur  principal  des  pha- 
lanj^es  qui  se  Llivise  eu  :  10,  fléchisseur 
du  pied;  11,  extenseur  commun  des 
doigts;  12,  exteui-eur  propre  du  doigt 
interne  ;  13.  13,  tibial  antérieur  ; 
14.  long  péronier;  l.'i,  court  péronier 
ou  extenseur  propre  du  doigt  externe; 
lli,  (lédienx;  17,  18,  brides  d'assujet- 
tissement. 

Le  dessin  de  droite  représente  la  coupe 
transversale  du  muscle  triple  10,  11, 
12  ;  I,  fléchisseur  du  pied  ;  II,  extenseur 
commun  des  doigts;  lU,  extenseur 
propre  du  doigt  interne. 


80 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


; 


ft 


/ 


interne,  et  s'attachant  d'une  part  au  cuboule,  d'autre  part  à  la  surface  du  tendon  du  fléchis- 
seur du  pied.  Il  n'y  a  pas  de  bride  métatarsienne  distincte. 

Le  long péronier  est  disposé  comme  dans  les  autres  ruminants  mais  il  est  relative- 
ment faible;  il  procède  de  la  tubérosité  externe  et  supérieure  du 
tibia;  son  long  tendon  croise  par-dessus  le  tendim  du  court  péronier 
au  niveau  de  la  malléole  externe,  s'engage  dans  une  gouttière  du 
cuboïde  et  traverse  ainsi  la  face  plantaire  du  tarse,  pour  venir  se  ter- 
miner sur  le  cunéiforme  interne  et  peut-être  aussi,  par  quelques 
faisceaux,  sur  le  côté  interne  de  l'extrémité  supérieure  de  l'os  canon. 
he  court  2^èronier  ou  extenseur  propre  du  doigt  externe  est 
disposé  comme  chez  les  autres  Ruminants,  s'insérant  sur  la  tubé- 
rosité externe  et  supérieure  du  tibia  et  sur  un  cordon'  fibreux  qui 
tient  lieu  de  péroné  (celui-ci  étant  réduit  à  l'os  malléolaire),  et  se 
terminant  d'autre  part  comme  l'extenseur  propre  du  doigt  externe 
du  membre  antérieur.  Les  deux  tendons  des  muscles  péroniers  sont 
assujettis  sur  la  malléole  externe  par  une  arcade  aponévrotique 
commune  sous  laquelle  ils  ont  chacun  leur  gaine. 

Le  solèaire  est,  comme  dans  les  autres  Ruminants  et  les  Soli- 
pèdes,  à  l'état  d'une  très  faible  bandelette  qui,  du  côté  externe,  sous 
l'aponévrose  jambière,  s'étend  de  la  tubérosité  externe  du  tibia  au 
tendon  d'Achille. 

Les  jumeaux  de  la  jambe,  gastro-cnémiens  ou  bifémoro- 
calcanéen.  sont  très  forts,  ils  montent  sur  le  fémur  plus  haut  que 
dans  n'importe  quel  autre  animal,  mais  ne  présentent  d'autre  part 
rien  de  particulier. 

Le  planto-perforè,  résultant  de  la  soudure  bout  à  bout  du 
plantaire  avec  le  perforé,  atteint  chez  les  chameaux  le  dernier 
terme  de  sa  transformation  fibreuse  ;  ce  n'est  plus  qu'un  long  et 
fort  tendon  présentant  un  léger  renflement  fusiforme  à  sa  partie 
supérieure,  oli  l'œil  non  armé  du  microscope  ne  distingue  pas  le 
moindre  faisceau  charnu  ;  sur  la  section  on  ne  constate  pas 
cependant  la  texture  ordinaire  du  tendon,  mais  bien  celle  d'un 
muscle  dont  les  intersections  fibreuses  se  seraient  concentrées  jus- 
qu'à suppression  de  toute  partie  charnue  intermédiaire  ;  on  voit 
nettement  dans  le  centre  de  cette  section  deux  orifices  vasculaires 
très  développés,  l'un  artériel,  l'autre  veineu.x,  sans  compter  quelques 
autres  plus  petits. 

Cet  organe  prend  naissance  vers  le  tiers  inférieur  de  la  face 

postérieure  du  fémur,  au  niveau  d'une  forte  rugosité,  descend  entre 

les  deux  ventres  des  jumeaux  de   la  jambe,   accolé  à  l'externe, 

contourne    le    tendon   de    ces   muscles    de  dessous   en  dedans   et    de    dedans    en    dessus 

formant  avec  lui  la  corde  du  jarret,  ou  tendon  d'Achille,  corde  renforcée  d'une  lanière  très 

forte  émanant  de  l'aponévrose  jambière,  coiffe  le  sommet  du  calcanéum,  descend  derrière  le 


% 


FiG.  50.  —  Muscles  de  la 

RÉGION     JAMBIÈRE     POSTÉ- 
RIEUR E,  COUCHE  PROFONDE. 

1 ,  1 ,  coadyles  du  feraur  ; 
2,  ménisques  de  Tarticula- 
tioû  fémoro-tibiiile  ;  3,  tubé- 
rosité interne  et  supérieure 
du  tibia;  4,  artère  poplitée 
(une  erreur  de  dessin  ta  fait 
passer  sous  le  ligament  su- 
périeur du  ménisque  ex- 
terne, en  réalité  elle  passe  à 
sa  superficie;  ;  5,  art.  tibiale 
postérieure;  C,  6,  tibia;  7. 
ligament  calcanéo-melatar- 
sien;  8.  suspenseur  du  boulet; 
9,  tendon  perfoiant;  10.  bride 
tarsieuLie  ;  11,  arcade  tar- 
sienne ■./jo.poplité;  c^, court 
péronier.  qu'on  aperçoit  à 
peine;  /'p,  chef  externe  du 
perforant,  ou  \o\v^  fléchis- 
seur péronéai;  /"ï,  chef  in- 
terne du  perforant  ou  long 
fléchisseur  tibial. 


CHAMEAU  A  DKIX  liOSSHS  81 

ligament  calcanéo-métatarsien,  reçoit  à  la  base  du  tarse  la  bride  tarsienne  surgissant  au  côté 
interne  du  perforant,  et.  à  partir  de  là,  se  comporte  exactement  comme  le  tendon  perforé  du 
membre  antérieur.  On  conçoit  sans  peine  qu'une  pareille  corde  fibreuse  contribue  puissam- 
ment à  soutenir  les  angles  du  jarret  et  du  boulet  pendant  la  stition. 

Le  poplitè  ne  présente  rien  de  bien  particulier;  son  tendon  est  complètement  découvert 
vu  l'absence  de  ligament  fémoro-tibial  externe  ;  sa  portion  charnue  descend  le  long  du  bord 
interne  du  tibia  sur  un  tiers  de  la  longueur  de  l'os  environ.  Je  suis  un  peu  surpris  de  lire 
dans  Ghauveau  et  Arloingque  «  le  poplité  du  dromadaire  est  tout  à  fait  confiné  à  la  partie 
supérieure  et  postérieure  du  ti])ia  ». 

Le  lonf)  fléchisseur  interne  des  phalanges,  long  fiéchisseur  commun  des  orteils  ou  per- 
forant de  l'homme,  fléchisseur  oblique  des  phalanges  des  vétérinaires,  est  remarquable  chez 
les  chameaux  à  son  énorme  volume,  qui  l'emporte  de  beaucoup  sur  celui  du  long  fléchisseur 
externe,  tandis  qu'on  observe  préciséaient  le  contraire  dans  les  autres  animaux.  Comme  le 
tendon  perforant  se  constitue  à  la  base  du  tarse  par  la  réunion  de  ces  deux  muscles,  il  s'ensuit 
que,  chez  les  chameaux,  le  long  fléchisseur  interne  est  le  chef  principal  du  perforant,  et  le  long 
fléchisseur  externe  le  chef  accessoire;  tandis  que  dans  les  autres  animaux,  solipèdes,  bœuf, 
mouton,  chèvre,  porc,  chien,  chat,  lapin,  c'est  juste  l'inverse  :  le  long  fléchisseur  externe 
est  le  chef  principal  et  le  long  fléchisseur  interne  le  chef  accessoire. 

Le  long  fléchisseur  interne  des  chameaux  couvre  à  peu  près  toute  la  largeur  de  la  face 
postérieure  du  tibia  en  i^ejetant  le  long  fléchisseur  externe  sur  le  côté;  il  s'étend  en  pointe 
jusqu'à  latubérosité  externe  et  supérieure  de  cet  os;  d'autre  part,  son  tendon  aplati  contourne 
la  malléole  interne  en  arrière,  descend  le  long  du  ligament  latéral  interne  du  tarse  dans  une 
gaine  particulière,  et  se  réunit  au  tendon  de  son  congénère  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  fig.  50. 

Le  long  fléchisseur  externe  des  phalanges,  long  fléchisseur  propre  du  gros  orteil  de 
l'homme, fléchisseur  perforant  des  anatomistes  vétérinaires,  est,  comme  nous  venons  de  le  dire, 
petit  et  refoulé  vers  le  bord  externe  du  tibia,  contre  le  court  pénmier.  11  s'insère  sur  la  tubé- 
rosité  externe  et  supérieure  du  tibia,  sur  l'aponévrose  d'enveloppe  du  long  fléchisseur 
interne,  ainsi  que  sur  le  cordon  fibreux  qui  tient  lieu  de  péroné.  D'autre  part,  son  tendon 
s'engage,  au  côté  interne  du  calcanéum,  dans  une  petite  gaine  équivalente  à  la  gaine  tarsienne 
véritable  des  autres  animaux,  et  se  réunit,  comme  nous  l'avons  dit,  au  tendon  du  long  fléchis- 
seur interne,  pour  former  avec  lui  le  tendon  perforant.  Ce  dernier  traverse  l'angle  de  bifurca- 
tion du  ligament  calcanéo-métatarsien,  se  place  dans  la  gouttière  du  ligament  suspenseur  du 
boulet,  et  se  comporte  ensuite  exactement  comme  au  membre  antérieur. 

Rég-ion  du  pied.  —  11  n'y  a  dans  la  région  du  pied  des  chameaux  qu'un  seul  muscle,  le 
pédien.r;  encore  est-il  très  faible  et  relégué  tout  en  haut  du  métatarse;  il  se  détache  de  l'extré- 
mité inférieure  du  calcanéum  et  se  réunit  aux  tendons  extenseurs  à  quelques  centimètres  plus 
bas. 

Il  est  inutile  de  répéter  que  le  ligament  suspenseur  du  boulet  figure,  comme  au  membre 
antérieur,  les  deux  muscles  interosseux  des  métatarsiens  III  et  IV  soudés  en  os  canon,  muscles 
réunis  et  transformés  en  tissu  fibreux.  Ce  prétendu  ligament  est  beaucoup  moins  fort  qu'au 
membre  antérieur. 

Arch.  Mus.  —  t.  VUI.  11 


82  UIICUKRCHES  ANATOMIQUES  SIU  LES  CAMÉLIDÉS 


CO.NSIDÉU.VTIOAS  GLMlRALKS  SUR  Li:S  iMLSCLES  DES  CHAMEAUX 

On  lit  dans  Vallon  : 

«  Le  système  musculaire  est  beaucoup  moins  développé  chez  le  dromadaire  que  chez  les 
autres  Herbivores  et  surtout  que  chez  le  bœuf  où  il  prend  des  proportions  extraordinaires 
sous  l'influence  de  la  nourriture  et  de  certains  agents  extérieurs.  La  différence  est  tellement 
grande  qu'elle  n'échappe  à  personne,  et  que  tout  d'abord  on  se  demande  comment,  avec  des 
membres  aussi  grêles,  une  charpente  aussi  lourde,  cet  animal  peut  faire  d'aussi  longues 
routes  ou  porter  des  fardeaux  aussi  pesants.  Ce  qui  paraît  plus  étonnant  encore,  c'est  de  voir 
que  les  régions  qui,  cliez  les  animaux  domestiques  porteurs  ou  coureurs,  ont  des  muscles  très 
développés,  en  ont  au  contraire  de  très  grêles  dans  celui  qui  nous  occupe.  La  croupe,  la 
cuisse,  les  reins  des  chevaux  de  course  ou  de  trait  sont  richement  musclés,  tandis  qu'ils  sont 
d'une  maigreur  étonnante  chez  le  dromadaire.  »  —  Il  nous  est  impossible  de  souscrire 
à  ces  assertions.  Assurément  les  chameaux  n'ont  pas  la  cuisse  et  la  croupe  rebondies, 
les  reins  doubles  de  certains  chevaux  ;  mais  pour  ce  qui  est  de  l'épaule,  du  bras,  de  l'avant - 
bras,  de  la  jambe,  je  puis  affirmer  que  leur  musculature  l'emporte  sur  celle  d'aucun  autre 
animal  domestique.  Et  si  l'on  considère  que  les  muscles  de  ces  régions  ont  suivi  l'allongement 
des  rayons  des  membres,  qu'ils  sont  en  général  très  entrecoupés  de  tendons  dans  leur 
épaisseur,  que  certains  d'entre  eux,  comme  le  planto-perforé.  les  interosseux,  ont  subi 
complètement  la  transformation  fibreuse,  que  les  muscles  des  gouttières  vertébrales  sont,  eux 
aussi,  très  fortement  tendineux  à  la  surface  et  dans  l'épaisseur,  on  arrive  à  une  conclusion 
tout  opposée  à  celle  de  Vallon,  à  savoir  que  le  développement  de  l'appareil  musculaire  est  en 
parfaite  concordance  avec  l'aptitude  motrice  particulière  de  ces  animaux-là.  D'autre  part,  il 
est  évident  que  le  ligament  cervical,  la  tunique  abdominale  et  les  expansions  élastiques  que 
nous  avons  signalées  en  diverses  régions  sont  autant  d'auxiliaires  précieux  pour  les  muscles, 
donnant  aux  mouvements  plus  de  continuité  et  de  souplesse.  Et  cette  souplesse  incomparable 
du  cou  et  des  membres  chez  les  chameaux  fait  compensation  à  la  rigidité  de  la  colonne  ver- 
tébrale dorso-lombaire,  laquelle  ne  pouvait  remplir  son  rôle  de  voûte  solide,  pour  porter,  qu'en 
perdant  de  sa  flexibilité. 

Quanta  la  couleur  des  muscles,  elle  nous  a  semblé  la  même  que  dans  le  bœuf.  Cependant 
Vallon  déclare  que,  dans  le  dromadaire,  elle  est  un  peu  moins  foncée,  plus  blanche. 

La  viande  des  chameaux  est  bonne  à  manger  et  très  nutritive;  mais  elle  n'est  ni  aussi 
savoureuse,  ni  aussi  succulente  que  celle  du  bœuf.  D'ailleurs,  ainsi  que  le  fait  remarquer 
Vallon,  le  prix  de  ces  animaux  est  trop  élevé  pour  qu'on  les  sacrifie  pour  la  boucherie, 
alors  qu'ils  peuvent  rendre  encore  des  services  comme  véhicules. 

ANATOMIE  DU  PIED 

Nous  voulons  ici  parler  du  pied  tel  qu'on  le  comprend  dans  le  langage  courant,  c'est- 
à-dire  de  l'extrémité  des  quatre  membres,  indifféremment,  posant  sur  le  sol  et  supportant  le 
corps,  telle  que  nous  l'avons  fait  connaître  au  point  de  vue  extérieur. 


GIIAMKAU  A  DEUX  BOSSES 


83 


FiG.  TA. 


Coupe  transversale 

DU    PIED 


Cet  organe  comprend  dans  sa  structure  : 

1°  Les  2"  phalanges,  sous  lesquelles  s'étalent  le  coussinet  et  la  semelle  plantaires; 

2°  Les  3°^  phalanges  supportant  les  ongles; 

3°  Les  articulations  des  i'"'  plialanges  avec  les  2"%  jointures  du  paturon  avec  le  pied  ; 

4°  Les  articulations  des  2''  phalanges  avec  les  3°%  articulations  présentant  chacune  un 
ligament  élastique  qui  soulève  la  griffe  et  lui  donne  une  véritable  rétractilité,  comme  dans  les 
félins  ; 

5°  Los  tendons  extenseurs  et  les  tendons  fléchisseurs,  terminés  sur  les  2*"  et  les  3"' pha- 
langes, ces  derniers  lubrifiés  par  le  cul-de-sac  inférieur  des  synoviales  grandes  sésa- 
moïdiennes. 

G°  Le  coussinet  plantaire,  avec  la  semelle  de  corne  qui  le  revêt,  coussinet  commun  aux 
deux  doigts  et  dispensant  de  ligaments  interdigités; 

7"  Les  ongles,  avec  le  derme  sous-ongulé  ou  membrane 
kératogène  ; 

8''  La  peau,  qui  couvre  la  face  supérieure  du  pied  et  empêtre 
les  deux  doigts; 

9"  Enfin,  les  vaisseaux  et  les  nerfs. 

De  toutes  ces  parties,  il  ne  nous  reste  à  étudier  que  le 
coussinet  plantaire,  le  derme  sous-unguéal,  les  vaisseaux  et  les 
nerfs;  encore  reporterons-nous  l'étude  de  ceux-ci  en  angiologie 
ou  en  neurologie. 

Le  coussinet  p/antaire  est  une  vaste  pelote  souple, 
élastique,  qui  forme  toute  la  surlace  d'appui  du  pied,  pelote 
débordant  les  secondes  phalanges  latéralement,  proéminant  en 
arrière,  au  delà  de  leurs  articulations  avec  les  premières,  en 
formant  les  bulbes  des  talons.  Il  est  constitué  par  quatre  boules 
de  tissu  adipeux,  par  des  travées  fibreuses  formant  loges  à 
ces   boules,  et  enfin   par  un   derme    superficiel    fonctionnant 

comme  membrane  kérotagène  à  l'égard  de  la  semelle  de  corne  qui  le  recouvre.  Les  boules 
adipeuses  sont  souples,  molles,  pour  ainsi  diresemi-tiuides,  et,  chose  curieuse,  elles  conservent 
ces  caractères  après  la  mort,  tandis  que  le  tissu  graisseux  ordinaire  se  iige  en  suif.  On  peut 
les  distinguer  en  internes  et  externes,  ou  mieux  en  concentriques  et  excentriques.  Les  premières 
sont  de  beaucoup  les  plus  petites;  elles  sont  disposées  de  part  et  d'autre  d'un  septum  fibreux 
médian,  s'atténuent  en  arrière,  et  n'atteignent  pas  les  talons.  Les  secondes  sont  ovoïdes; 
leurs  dimensions  varient  d'un  œuf  de  poule  à  un  oeuf  de  dinde  suivant  le  volume  du  pied; 
elles  n'arrivent  pas  jusqu'aux  ongles,  mais  atteignent  les  talons.  Ces  quatre  boules  sont 
assez  fociles  à  énucléer;  le  microscope  les  montre  composées  d'un  tissu  adipeux  de  texture 
serrée,  pénétré  d'un  réseau  de  fines  fibres  élastiques.  Les  travées  fibreuses  qui  les 
circonscrivent  font  corps  avec  le  derme  périphérique  et  lui  constituent  une  sorte  de 
couche  réticulo-adipeuse  extrêmement  hypertrophiée.  On  distingue  :  une  travée  médiane, 
très  épaisse,  comblant  l'interstice  digité,  et  deux  travées  latérales  obliquement  dirigées  de 
haut  en  bas  et  de  dedans  en  dehors.  Ces  travées  s'unissent  avec  une  couche  profonde  appli- 
quée sur  les  tendons  perforants,   couche  qui  prend   insertion  sur   les  crêtes  latérales    des 


).     1,    boules    adipeuses    externes; 

2,  2,   lioules    adipeuses   internes; 

3,  3,  tendons  perforants;  4.  cavité 
synoviale;  5,  travées  fibreuses  en- 
tourant les  boules  de  graisse  ; 
(i,  derme  velouté  sur  lequel  se  dé- 
veloppe la  semelle  cornée;  7,  pointes 
des  ongles;  t>,  tissu  élastique  enve- 
loppant immédiatement  les  boules 
adipeuses. 


84  UECHEUCHES  AXATOMIQUES  SIK  LES  CAMl'lLIDÉS 

2'""  phalanges  et  lixe  ainsi  très  solidement  le  coussinet  plantaire  au  squelette.  Au  contact 
des  boules  adipeuses,  le  tissu  fibreux  blanc  fait  place  au  tissu  élastique,  lequel  devient  parti- 
culièi-ement  abondant  dans  la  région  des  talons  et  forme  ce  que  Vallon  appelle  le  coussinet 
postérieur.  Quant  au  derme  extérieur,  il  est  recouvert  latéralement  d'un  épidémie  ordinaire, 
tandis  qu'il  supporte  la  semelle  de  corne  inférieurement;  là,  il  forme  une  soi-te  de  couenne 
dense,  épaisse  d'un  demi -centimètre  environ,  hérissée  de  papilles  comme  une  membrane 
veloutée,  papilles  noyées  dans  un  corps  muqueux  éléidinique  qui  fait  germe  pour  la  semelle 
cornée.  Nous  avons  déjà  parlé  de  celle-ci,  nous  n'y  reviendrons  pas. 

Chacun  des  deux  ongles  qui  terminent  le  pied  antérieurement  est  formé  d'une  lame  de 
corne  dure  et  fibreuse,  amincie  sur  les  parties  latérales,  lame  qui,  après  arrachement,  laisse 
à  découvert  un  derme  sous-unguéal  ou  membrane  kératogènc  offrant  à  considérer  :  une  rai- 
nure unguéale.  un  pli  sus-unguéal  ou  bourrelet  périopliqne,  un  bourrelet  proprement  dit  ou 
cutidure,  enfin  un  podophylle. 

La  rainure  dans  laquelle  est  serti  le  bord  proximal  de  l'ongle,  bord  taillé  en  biseau,  est 
relativement  profonde.  Elle  est  surmontée  d'un  pli  dont  descend  une  mince  couche  d'épiderme 
corné,  qui  s'unit  de  chaque  côté  à  la  semelle  plantaire,  et  qui  répond  de  tous  points  à  ce  que 
les  vétérinaires  appellent  périople. 

Le  bourrelet,  ou  cutidure,  est  un  renflement  en  forme  de  croissant  qui  suit  la  rainure 
unguéale,  logé  dans  un  biseau  en  guiittière  du  pourtour  de  l'ongle  à  sa  racine.  Il  est  hérissé 
de  papilles  pénétrant  dans  les  porosités  de  la  gouttière  opposée  et  correspondant  aux  tubes 
cornés.  C'est  la  matrice  de  l'ongle. 

Quant  au  podophylle,  c'est,  comme  toujours,  un  derme  feuilleté,  engrené  avec  les  crêtes 
de  la  face  interne  de  l'ongle,  assurant  l'adhérence  de  celui-ci,  mais  ne  contribuant  pas  à  son 
accroissement;  en  un  mot,  c'est  une  surface  kératophore  et  non  pas  une  surface  kératogène.  Il 
se  termine  au  contact  du  derme  velouté  de  la  semelle  plantaire,  par  une  crête  finement  dentelée. 

Telles  sont  les  diverses  parties  du  pied  qu'il  nous  restait  à  faire  connaître.  Nous  avons 
ainsi  achevé  l'étude  de  l'appareil  locomoteur. 


APPAREIL    DIGESTIF 


BOUCHE 

La  bouche  des  chameaux  est  susceptible  de  s'ouvrir  plus  largement  que  dans  aucun  autre 
ruminant  domestique;  elle  est  largement  fendue  à  son  entrée  comme  une  véritable  gueule. 

Le&lèores  sont  extrêmement  mobiles;  l'inférieure  mince  et  pointue,  la  supérieure  beau- 
coup plus  charnue  et  fendue  en  deux  moitiés  susceptibles  de  se  mouvoir  isolément;  le  sillon 
médian,  qui  produit  ainsi  bec  de  lièvre,  fait  suite  à  la  partie  inférieure  des  deux  narines  réunies. 


CIIAMKAU  A   DKUX  BOSSES 


85 


et  se  termine  en  échancrure  sur  le  bord  de  la  lèvre.  Il  n'y  a  point  de  mufle  :  la  lèvre  supé- 
rieure, comme  l'inférieure,  est  revêtue  d'une  peau  fine  et  velue  où  l'on  voit  un  certain  nombre 
de  longs  poils  tactiles  disséminés,  semblables  à  ceux  que  présentent  les  Solipèdes  au  même 
endroit.  La  face  interne  des  lèvres  ainsi  que  leur  bord  libre  sont  dépourvus  de  papilles.  La 
muqueuse  est  souvent  pigmentée. 

hes  joues  sont  hérissées  de  longues  et  fortes  papilles  en  odontoïdes  qui  peuvent  atteindre 
jusqu'à  2  centimètres  et  même  2  cm.  1/2  et  qui  sont  toutes  dirigées  eu  arrière.  La  plupart 
sont  divisées  à  l'extrémité  en   pointes  inégales  comme  le  montre  la  figure  52;  les   autres 


FiG.  5;i. 


•  Palais  et  lamueai 

DE    JOUE 


FiCi  53.  KxTItKMlTÉ  DE  I.A    5IACH0IEE 

INFÉRlEUliE  ET  DE  LA  LANGUE 


FiG,  52.  —  1,  bourrelet  muqueux  opposé  aux  incisives  inférieures;  2,  crochet  incisif  ;  3.  canine;  4,  lambeau  de  joue;  a  .<(  * 
première  arrière-molaire;  abc,  variétés  de  papilles  des  joues. 

Fi  G.  ~i'i.  —  jnnc,  pince,  mitoyenne  et  coin  ;  ca  canine;  L,  lang'ue;  2.  sa  face  inférieure;  1,  revers  papillaire;  3.  3.  double  frein; 
4.  4.  orifices  des  canaux  de  Warton  ;  5,  crochet  prémolaire  du  côté  droit;  5'.  place  de  l'autre  crochet  prémolaire 
qui  est  resté  inclus  dans  l'os. 


sont  simples  et  coniques.  Elles  s'arrêtent  au  niveau  des  plis  gingivaux,  le  long  desquels  elles 
s'alignent  en  série. 

Le  jxilais  est  extrêmement  étroit  dans  ses  2/3  antérieurs,  beaucoup  plus  que  ne  l'indique 
la  figure  52.  Il  est  à  peu  près  lisse  postérieurement,  sur  toute  la  surface  comprise  entre  les 
arcades  molaires,  tandis  que,  en  avant,  de  chaque  côté  d'un  léger  sillon  médian,  il  est  traversé 
par  sept  ou  huit  crêtes  successives,  irrégulières,  découpées  en  crénelures  dirigées  postérieu- 
rement. Entre  ces  crêtes  primaires,  on  voit,  en  certains  endroits,  des  crêtes  secondaires; 
formées  de  quelques  crénelures  seulement.  L'extrémité  de  la  mâchoire  est  occupée  par  un 
bourrelet  muqueux  en  forme  de  croissant  qui  tient  la  place  des  incisives  absentes,  bourrelet 
solide,  corné  à  la  surface,  qui  s'oppose  aux  iacisives  de  la  mâchoire  inférieure;  c'est  à  son 
bord  postérieur  que,  dans  les  bœufs,  les  moutons,  les  chèvres,  etc.,  débouchent  par  deux 
fentes  les  canaux  de  Jacobson;  mais  cette  communication  buceo-nasale  fait  défaut  aux 
chameaux  comme  aux  Solipèdes. 


UECIIEUCIIKS  AXATUMUjUliS  SLU  LES  CAMELIDES 


La  muqueuse  palatine  était  de  couleur  livide  et  comme  plombée,  sur  les  individus  que 
que  nous  avons  disséqués. 

La  couelie  fibro-vasculaire  sous-jacente  acquiert  en  certains  points  une  épaisseur  de  2  à  3 
centimètres  ;  aussi  y  a-t-il  lieu  de  supposer  que  cette  région  est  sujette  à  la  turgescence  sanguine. 
Le  canal  Jingual  ou  pjanclier  de  la  bouche  est  long  et  étroit;  le  corps  de  la  mandibule  est 
creusé  supérieurement  d'une  longue  gouttière  hémicylindrique   d'où  se  détachent  deux  freins 
antérieurs  pour  la  langue(fig.  53).  On  n'y  voit  pas  de  barbillons  :  les  canaux:  de  Wharton  s'ou- 
vrent au-devant  des  freins  de  la  langue,   chacun  par  un  petit  orifice  circulaire  qui  semble 
percé  à  l'emporte-pièce,  orifice  entouré  d'une  aréole  foncée.  Plus  profondément,  sur  le  coté 
de  la  partie  fixe  do  la  langue,  on  remarque  une  dizaine  de  longues  papilles  filiformes  alignées. 
La  langue  des  chameaux  est  beaucoup  moins  forte,  mais  plus  allongée  que  celle  du  bœuf;  tou- 
tefois elle  se  renfle  considérablement  dans  la  partie  qui  précède  l'isthme  du  gosier.  Sa  face  supé- 
rieure, quoique  moins  douce  au  toucher  que  dans  le  cheval,  n'est  pas  rude  et 
râpeuse  comme  chez  le  boeuf.  Elle  ne  m'a  pas  semblé  plus  prétractile  que 
dans  la  chèvre  et  le  mouton.  Daubenton  a  donné  des  figures  très  exactes 
de  la  face  supérieure  de  cet  organe.  On  remarque,  s\n-  la  moitié  antérieure 
environ,  c'est-à-dire  sur  la  partiealtéiiuée,  une  infinité  de  petites  papilles, 


FiG.  .ji.  —  Muscles  de  la  lan^.le  et  de  l'hyoïde. 

i,  apophyse  jugulaire  ;  2.  slylo-bval  ;  3,  cérato-hyal  ;  4,  apo-hyal  ;  5,  liasi-lival  ;  fi.  uro-hyal  ;  7.  corps  du  maxillaire  inférieur; 
ai,  digastrique  ;  s/i,  stylo-hyoïdien;  w/i,  mylo-hycidi-'n  ;  g  h^  séaio-liyoidieu  ;  //y,  génio-glosse  ;  bg,  basioglosse;  sg^  stylo- 
glusse  ;  rni,  couche  des  muscles  intrinsèques  ;  mw,  muqueuse  linguale  ;  oh,  occipUo-hyodïeii. 


la  plupart  filiformes  a  pointe  dirigée  en  arrière,  les  autres  fongiformes  semées  comme  de  petites 
perles  particulièrement  visibles  sur  les  bords  et  vers  la  pointe;  ce  champ  papillaire  s'arrête  sur 
les  bords  latéraux,  tandis  qu'au  niveau  de  la  pointe  il  se  réfléchit  en  dessous  et  forme  un  revers 
très  remarquable.  Sur  la  partie  renflée  de  l'organe,  on  voit  :  1"  de  grosses  papilles  aplaties  et 
inclinées  en  avant,  semblables  aux  dents  d'une  râpe  à  bois,  entremêlées  de  quelques  papilles 
filiformes  et  de  papilles  fungiformes;  2°  deux  séries  latérales,  convergentes  en  arrière,  de  cinq 
ou  six  papilles  caliciformes  dont  les  plus  grosses  atteignent  la  dimension  d'une  pièce  de 
20  centimes.  En  arrière  de  la  protubérance  de  son  dos,  dans  la  région  comprise  entre  les 
piliers  et  précédant  l'épiglotte,  la  langue  se  déprime  en  une  vaste  gouttière  qui  fait  plancher 
à  l'isthme  du  gosier  ;  on  y  voit  saillir,  sous  une  muqueuse  ridée  et  en  quelque  sorte  chiffonnée, 
le  muscle  hyo-épiglottique  sur  la  ligne  médiane,  l'angle  des  branches  de  l'hyoïde  sur  les  parties 
latérales;  en  outre,  la  muqueuse  est  semée  de  cryptes  amvgdaliens  et  d'orifices  excréteurs  de 
glandules  salivaires,  entremêlés  de  quelques  longues  papilles  en  massue. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  S7 

La  constitution  musculaire  de  cet  organe  ne  montre  rien  de  bien  particulier.  On  découvre 
deux  cordons  médians  fibro-squelettiques  :  l'un  sous  la  muqueuse  de  la  face  supérieure  à  la 
place  ordinaire,  l'autre  sous  la  muqueuse  de  la  face  inférieure,  ce  dernier  formant  une  crête 
rigide  à  l'extérieur.  Le  muscle  stylo-rjlosse  s'étend,  sur  le  côté  de  la  langue,  de  l'extrémité 
inférieure  du  stylo-liyal  et  du  cartilage  qui  l'unit  au  cérato-hyal  à  la  face  inférieure  de  la 
partie  libre  ;  il  est  relativement  fort.  Le  basio-glosse  est  mince,  confiné  à  la  partie  postérieure 
de  la  langue;  il  procède  de  la  pièce  basi-hyale  et  de  la  corne  thyroïdienne,  couvre  le  cérato- 
hyal  et  vient  se  perdre  sous  la  muqueuse  du  dos,  dans  la  couche  dite  intrinsèque.  Quant  au 
gènio-glosse,  il  est  très  épais,  surtout  en  arrière,  ou  ses  fibres  viennent  s'insérer  sur  l'hypo- 
hyal  et  le  basi-hyal;  ailleurs  ses  fibres  l'ayonnent  en  éventail  et  se  terminent  sur  toute  la 
longueur  du  dos  de  la  langue.  L'attache  fixe  se  fait  comme  d'habitude  par  un  court  tendon 
sur  la  surface  génienne.  Entre  les  deux  génio-glosses,  s'interpose  un  énorme  noyau  adipeux. 

Voile  du  palais.  —  Le  voile  du  palais  est  très  ample,  surtout  dans  les  mâles  ;  il  pourrait 
atteindre,  d'après  Vallon,  33  à  35  centimètres  de  longueur.  Chez  les  sujets  que  j'ai  disséqués,  il  ne 
dépassaitpas  20  à 25 centimètres.  Il  est,  déplus,  trèsoblique  déliant  enbasot  d'avanten arrière 
et  il  forme,  en  s'opposant  à  la  base  de  la  langue,  un  isthme  du  gosier  extrêmement  spacieux 
et  dilatable,  limité  latéralement  à  son  entrée  par  deux  forts  piliers  muqueux  en  arrière 
desquels  existe  une  profonde  excavation  oii  on  logerait  le  poing.  Ces  piliers  sont  dits 
piliers  antérieurs  du  voile  ou  piliers  postérieurs  de  la  langue.  L'excavation  située  en  arrière 
peut  être  qualifiée  d'amygdalienne,  car  on  y  voit  une  multitude  de  cryptes  amygdaliens  percés 
sur  autant  de  petites  saillies  hémisphériques  :  sorte  d'amygdale  étalée  et  pour  ainsi  dire  diffuse. 
Le  voile  du  palais  se  termine  par  une  vaste  échancrure  embrassant  l'épigiotte,  et  par  deux  plis 
muqueux  latéraux  qui  contournent  le  larynx  pour  se  joindre  à  quelque  distance  au-dessus 
de  l'entrée  de  l'œsophage  (piliers  postérieurs).  Pour  peu  qu'il  se  soulève,  son  échancrure 
laisse  passer  le  larynx  en  avant  et  alors  la  respiration  se  fait  exclusivement  par  la  bouche. 
En  ce  qui  concerne  la  structure,  nous  avons  noté  :  o)  l'état  mamelonné  de  la  muqueuse  anté- 
rieure dû  aux  glandules  sous-jacentes,  et  sa  couleur  livide  ou  brun  clair  ;  h)  la  faible  épais- 
seur de  la  couche  glanduleuse,  qui  est  localisée  à  la  partie  supérieure  du  voile  et  dont  les 
glandules  sont  plus  ou  moins  dissociées  ;  c)  l'absence  des  pharyngo-staphylins  et,  au  con- 
traire, le  développement  considérable  des  palato-staphylins  qui  forment  un  cordon  charnu 
gros  comme  le  doigt  allant  de  l'arcade  palatine  au  bord  libre  du  voile  ;  d)  le  faible  volume 
du  péristaphylin  externe,  qui  toutefois  reste  charnu  au  delà  de  sa  réflexion  sur  l'apophyse 
ptérygoïde. 

BuflTon  a  signalé  que,  à  l'époque  du  rut,  les  dromadaires  mâles  montrent,  à  l'entrée 
de  la  bouche,  une  sorte  de  poche,  grosse  comme  une  vessie  de  cochon,  qui  n'est  rien 
autre  que  leur  voile  du  palais  tuméfié  à  ce  moment  et  refoulé  par  soufflement  jusqu'à  la 
commissure  des  lèvres,  grâce  à  son  extrême  développement.  Cela  ne  se  produit  pas  chez  les 
dromadaires'  femelles.  G.  Cuvier  rapporte  qu'il  n'a  jamais  constaté  cette  singularité  chez  le 
chameau  à  deux  bosses  qu'il  a  pu  observer  vivant.  De  Blainville  ne  l'a  pas  constaté  non  plus 
dans  les  lamas.  Paolo  Savi,  de  Pise  (1824),  prétendait  que  c'est  la  luette  qui  sort  ainsi  de  la 
bouche  par  le  souffle  de  l'animal  en  colère.  Mayer,  de  Bonn  (1839),  affirmait  au  contraire 
que  ce  n'est  pas  la   luette   mais   les  extrémités   lobiformes  du  bord  libre  du  voile.  —  Ces 


88 


UECHERCIIES  ANATOMKjUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


explications  no  sauraient  être  admises  car  il  n'existe  dans  les  chameaux  ni  luette,  ni  lobes 
terminaux  au  bord  libre  du  voile.  J'ai  eu  la  chance  de  disséquer  un  dromadaire  mâle  mort  en 
état  de  rut  et  voici  ce  que  j'ai  constaté  :  il  s'était  formé  sur  la  face  antérieure  du  voile,  entre 
les  piliers  qui  l'attachent  à  la  langue,  un  vaste  pli  muqueux  transversal  tombant  à  l'intérieur 
de  l'isthme  du  gosier,  que  l'on  aurait  pris  de  prime  abord  pour  le  voile  du  palais  lui-même  ; 
ce  pli  flottant  n'avait  pas  moins  de  vingt  centimètres  de  hauteur  et  pouvait  facilement  être 
amené  à  la  commissure  des  lèvres  ;  c'est  évidemment  lui  qui  apparaissait  au  dehors,  du  vivant 
de  l'animal,  refoulé  par  soufflement. 

(;LAM)ES  SALIVAIHES 

La  parotide  (fig.  55)  a  la  forme  et  la  disposition  de  celle  du  boeuf,  mais  sa  couleur  est 
peut-être  encore  plus  foncée,  vu  qu'elle  est  aussi  rouge  que  le   masséter  avoisinant.  Vallon 


Fig.  5." 


ECORCHÉ  DE  LA  TÈTE  ET  DE  LA  PARTIE  SUPÉRIEURE  DU  COU. 


1.  labial;  ?.  releveur  commun  de  Taile  du  nez  et  de  la  lèvre  supérieure;  3  et  4,  canin  et  releveur  propre  de  la  lèvre  supé- 
rieure réunis;  5.  lacrymal;  6,  buccinateur;  7.  zy^oniatique  ;  S,  niisséter  ;  S',  sa  couche  profonde;  9.  temporal;  10,  débris 
du  temporo-auriculaire  externe;  11,  orbiculaire  des  paupières;  12,  risorius  de  Sanlorini  ;  12'.  carré  du  menton; 
13,  glandes  molaires  inférieures;  U,  parotide  ;  li',  canal  de  Sténon  ;  i.">,  sous-maxillaire  :  H5,  liiranieut  cervical  ;  17.  grand 
complexus;  18,  oblique  supérieur  de  la  tête;  19.  oblique  inférieur;  20,  petit  complexus  de  la  tète;  21.  petit  complexus 
de  l'atlas;  22,  trachelo-atloidien  ;  2'i,  omo-hyoidieii;  24,  sterno-raastoidieii;  2j.  peaussier  du  cou  iC'est  par  erreur  qu'il  a 
été  représente  comme  «'engageant  sous  l'omo-hyoïdien,  en  réalité  il  se  perd  à  sa  surface)  ;  2Q,  sterno-thyrofdien  ;  J.  jugulaire 
superficielle;/',  veine  faciale;  r,  carotide. 


dit  que  chez  le  dromadaire  elle  pèse  de  180  à  190  grammes.  Elle  ne  descend  pas  au-dessous 
du  niveau  de  l'aile  de  l'atlas;  la  veine  jugulaire  passe  sous  elle  sans  la  traverser.  Quant  au 
canal  excréteur  ou  canal  de  Sténon,  il  est  de  tout  petit  calibre  et  ne  passe  pas  dans  la  cavité 
de  l'auge  pour  gagner  sa  destination;  il  croise  la  surface  du  masséter  comme  dans  le  mouton, 
et  s'ouvre  dans  la  bouche  à  travers  la  joue,  en  regard  de  la  deuxième  prémolaire  supérieure, 
sur  un  gros  tubercule.  Vallon  dit  que,  chez  le  dromadaire,  ce  canal  suit  le  même  trajet  que 
chez  le  bœuf,  c'est  une  erreur. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


89 


La  sous-maxillaire  ne  s'étend  pas  sous  la  gorge  comme  on  le  voit  dans  le  bœuf;  elle  est 
localisée  sous  la  parotide,  entre  l'atlas  et  le  pharynx,  au  contact  des  ganglions  gutturaux.  Sa 
forme  est  celle  d'un  disque  triangulaire.  Elle  pèse,  dans  le  dromadaire,  6.5  à  70  grammes, 
d'après  Vallon.  Le  canal  de  Wharton,  relativement  fort,  s'échappe  de  son  milieu  ;  il  croise  le 
stylo-hyal  et  le  digastrique,  longe  la  face  externe  du  stylo-glosse,  puis  du  génio-giosse,  cou- 
vert par  la  muqueuse,  et  débouche  enfin,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  déjà,  par  un  orifice  aréole 
percé  à  fleur  de  la  muqueuse  du  canal,  au-devant  du  frein  de  la  langue. 

La  glande  sublinguale  est  très  mince  et  très  allongée,  décomposée  en  une  dizaine  de 
giandules  dissociées  comprises  entre  la  muqueuse  et  le  muscle  stylo-glosse.  Les  canaux  excré- 
teurs viennent  déboucher  au  fond  du  canal  lingual  dans  les  intervalles  de  la  série  de  papilles 
que  l'on  trouve  à  cet  endroit,  et  non  pas  sur  ces  papilles  mêmes  comme  on  pourrait  le 
croire. 

hes,  glandes  molaires  inférieures  sont  extrêmement  développées,  de  couleur  rougeàtre. 

Les  supérieures  forment,  comme  chez  le  chien,  un  gros  lobe  postérieur  sous  l'arcade 
zygomatique  vers  le  fond  de  l'orbite,  lobe  qui  s'ouvre  par  un  canal  unique  (canal  de  Niick), 
en  dedans  de  la  joue  :  c'est  la  glande  sous-zygomatique  de  Duvernoy  ou  glande  orbitaire  des 
anatomistes  allemands.  Vallon  a  rencontré  dans  l'un  des  canaux  de  Niick  d'un  dromadaire 
femelle  dix  calculs  ayant  le  volume  et  la  forme  d'un  grain  de  blé  ou  de  millet. 

Il  faut  en  outre  signaler  les  nombreuses  giandules  répandues  en  divers  points  sous  la 
muqueuse  buccale,  notamment  au  niveau  du  voile  du  palais,  des  lèvres  et  de  la  base  de  la 
langue.  S'il  fallait  en  croire  Vallon,  les  chameaux  seraient  mieux  doués  au  point  de  vue  de 
l'appareil  salivaire  qu'aucun  autre  animal  domestique.  Mais  cette  assertion  n'est  exacte  qu'en 
ce  qui  concerne  la  couche  glandulaire  sous- 
muqueuse,  elle  ne  l'est  pas  pour  les  glandes 

conglomérées  telles    que   la  parotide    et   la  'il^  \  ^X"^, 

maxillaire. 


FlG. 


Vue  latérale  du  pharynx  et  du  larynx. 


PHARYNX 

Le  pharynx  ou  arrière-bouche  est  ex- 
trêmement long  et  conséquemment  le  larynx 
est  très  descendu,  l'isthme  du  gosier  très  pro- 
fond. Il  forme  à  sa  partie  supérieure,  entre  les 
trompes  d'Eustache,  un  vaste  cœcura  an-ondi, 
membraneux,  constitué  par  une  sorte  de  hernie 
de  sa  muqueuse.  11  présente,  à  l'intérieur,  un 
gros  pli  muqueux  qui  se  détache  de  la  paroi 
postéro-latérale  et  se  rabat  sur  un  large  cul- 
de-sac.  La  muqueuse  est  noirâtre,  elle  reçoit 
le  produit  de  très  nombreuses  giandules  sous- 
jacentes. 

Les  muscles  sont  représentés  figure  56.  On  voit  un  ptéry go-pharyngien  étroit  et  relati- 
vement faible,  un  stylo -pharyngien  court  mais  large,    détaché  des  extrémités  adjacentes 

Arcii.  Mus.  —  x.  VIU.  12 


1,  stylo-hj'al  ;  2,  cérato-liyal  ;  3,  apo-hyal  ;  4,  basi-hyal  ;  5,  uro- 
hyal  ;  t),  cartilage  thyroïde;  7  et  S,  cncoide  ;  9,  1"  cerceau 
de  la  trachée;  eu.  cul-de-sac  supérieur  du  piiarynx  ;  jït?, 
péristaphyliu  externe  ;  p  i,  peristaphylin  interne  ;  p  t,  ptérygo- 
pharyngien  ;  sp,  slylo-pharyngien  ;  /tp,  hyo-pharyngien  ; 
tp,  ihyro-pharyugieu  ;  cp,  crico-pharyugieu  ;  s/i,  stylo- 
hyoïdien;  K/i,  kerato-hyoïdien  suppose  vu  par  tiansparence; 
hg^  basio-glosse;  sg,  stylo-glosse;  g  h^  insertioa  du  génio- 
hyoîdieu  sur  la  corne  thyroïdienne  ;  v,  couche  glanduleuse 
du  voile  du  palais  ; /i(,  hyo-thyroidieu;  oh,  omohyoïdien  ; 
t/i,  glande  thyroïde;  S,  ganglion  cervical  supérieur  du 
sympathique  et  lilet  cervical  ;  X.  nerf  pneumo-gastrique  ; 
0,  tronc  commun  au  nerf  laryngé  superleur  b  et  au  nerf 
œsophagien  cervical  c;  rf,  nert  laryngé  inférieur,  Œ,  œso- 
phage. 


90  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

du  stylo-hyal  et  du  cérato-hyal  ainsi  quo  du  cartilage  qui  les  réunit,  un  hyo-iiharyngien 
étroit,  enfin  un  tliyro-pharyngien  et  un  crico-pharyngien  larges,  confondus  l'un  avec  l'au- 
tre, ainsi  qu'avec  le  précédent,  pour  former  une  vaste  tunique  charnue  qui  se  continue 
insensiblement  avec  celle  de  l'œsophage.  Nous  avons  remarqué,  en  outre,  chez  un  droma- 
daire, un  muscle  qui  descendait  de  l'arc  antérieur  de  l'atlas  et  s'épanouissait  sur  la  paroi 
postéro -latérale  en  se  réunissant  au  constricteur  supérieur.  C'était  sans  doule  un  organe 
anomal  ? 

ŒSOPHÀ&E 

L'œsophage  est  extrêmement  dilaté  et  dilatable  et  son  ouverture  supérieure  largement 
béante.  A  l'extérieur  il  continue  le  pharynx  d'une  manière  presque  insensible,  vu  qu'il  est 
évasé  à  ses  deux  extrémités.  A  l'état  de  dilatation  modérée,  il  l'emporte  de  beaucoup  en  calibre 
sur  la  trachée.  Sa  longueur  participe  nécessairement  de  celle  du  cou  :  elle  atteint  environ 
2  mètres. 

Colin  signale,  dans  son  Traité  de  physiologie  comparée,  que  la  muqueuse  œsopha- 
gienne du  dromadaire  adhère  plus  fortement  à  la  tunique  charnue  que  chez  les  Solipèdes. 
Cela  se  remarque  aussi  dans  le  chameau  à  deux  bosses  ;  et  cette  adhérence  toute  particulière 
tient  à  un  grand  nombre  de  petits  grains  glandulaires,  facilement  perceptibles  au  toucher,  qui 
sont  répandus  entre  les  deux  tuniques.  On  constate,  à  l'aide  du  microscope,  que  ce  sont  des 
glandes  racémeuses  à  épithélium  clair,  mucipare,  longues  chacune  de  1/4  à  1/2  millimètre, 
épaisses  de  1  à  2/10  de  millimètre .  Il  n'est  pas  une  coupe  examinée  qui  n'en  renferme  au 
moins  une.  Ces  glandules  reposent  sur  la  tunique  charnue,  sous  un  plan  de  veines  relativement 
volumineuses.  Le  chorion  de  la  muqueuse  est  hérissé  de  petites  papilles  coniques  ou  mame- 
lonnées toutes  noyées  dans  le  corps  muqueux  de  l'épithélium.  L'épaisseur  totale  de  celui-ci 
est  d'environ  1/5  de  millimètre. 

Cet  extrême  développement  de  glandules,  que  nous  avons  remarqué  déjà  dans  le  pharynx 
et  la  bouche,  explique  les  jets  de  salive  que  les  Caméliens  lancent  si  volontiers  et  si  fréquem- 
ment par  la  bouche.  En  entretenant  les  premières  voies  digestives  en  état  d'humectation 
constante,  il  facilite  peut-être  la  résistance  à  la  soif  que  ces  animaux  présentent  à  un  si  haut 
degré. 

La  couche  musculaire  de  l'œsophage  des  chameaux  est  relativement  mince,  de  couleur 
rouge  dans  toute  son  étendue,  formée  de  fibres  circulaires  à  la  superficie,  longitudinales  ou 
plus  ou  moins  spiroïdes  dans  la  profondeur. 

ESTOMAC 

L'estomac  des  Caméliens  a  été  l'objet  de  nombreux  travaux;  car  on  s'est  évertué,  depuis 
Phne,  à  y  chercher  la  cause  pour  laquelle  ces  animaux  supportent  si  longtemps  la  soif.  On 
lit,  en  effet,  dans  V Histoire  naturelle  de  cet  auteur  célèbre  :  a  Les  chameaux  mettent  en 
réserve  dans  des  poches  annexées  à  leur  estomac  l'eau  qu'ils  boivent  en  grande  quantité  lors- 
qu'ils en  trouvent,  afin  de  pouvoir  s'en  servir  ensuite  lorsqu'ils  viennent  à  en  manquer  dans 
les  déserts  où  ils  ont  coutume  de  voyager.  » 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


91 


Parmi  les  anatomistes  qui  se  sont  occupés  de  cet  important  sujet,  il  convient  de  citer 
Perrault,  Mémoires  de  V Académie  des  sciences,  1668  ;  Daubenton,  Histoire  naturelle  de 
Buffon;  Everard  Home,  Lectures  of  the  comparative  anatomy  :  G.  Ciivier,  Leçons  d'ana- 
tomie  comparée;  Knox,  Transactions  of  the  Royal  Society,  Edimboitry,  vol.  II;  Brandt, 
Mémoires  de  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétershourg,  6°  série,  t.  IV,  sciences  natu- 
relles; Vallon,  loc.  cit.:  Boas,  Morphol.  Jahrh.,  3°  Heft;  enfin,  tout  dernièrement,  le 
D'  Cordier,  qui  a  publié  dans  les  Annales  des  sciences  naturelles.  Zoologie,  t.  XVI,  1894, 
un  long  travail  sur  l'anatomie  comparée  de  l'estomac  des  Buminants. 

Mais  ces  divers  auteurs  sont  si  peu  d'accord  dans  leurs  descriptions  et  surtout  dans  leurs 
homologations  de  l'estomac  des  Caméliens  à  l'estomac  des  Ruminants  ordinaires  qu'il  est 
extrêmement  difficile  de  comparer  leurs  écrits  ;  il  y  a 
de  quoi  rebuter  les  plus  patients. 

Je  décrirai  d'abord  les  choses  telles  qu'elles  sont 
ou  du  moins  telles  que  je  les  ai  vues  ;  je  ferai  connaître 
ensuite  les  diverses  interprétations  qui  en  ont  été 
données. 

L'estomac  des  chameaux  n'est  guère  moins  déve- 
loppé que  celui  du  bneuf;  la  capacité  moyenne, 
d'après  G.  Colin,  serait  de  245  litres  chez  le  droma- 
daire, de  252  litres  chez  le  bœuf.  Débarrassé  de  son 
contenu  et  convenablement  nettoyé,  l'estomac  du 
chameau  à  deux  bosses  pèse  de  7  à  8  kilogrammes. 

L'estomac  et  l'intestin  n'ont  pas,  dans  la  cavité 
abdominale,  la  même  position  relative  que  dans  les 
Ruminants  ordinaires.  Chez  ceux-ci,  la  masse  intes- 
tinale tenant  à  un  seul  et  même  mésentère  est  située 
au-dessus  et  à  droite  de  l'estomac  ;  quand  on  ouvre  le 
ventre  par  dessous,  on  ne  voit  partout  que  la  masse 
gastrique,  du  diaphragme  au  pelvis,  d'un  hypochondre 
à  l'autre.  Chez  ceux-là  (fig.  57),  l'estomac  laisse 
l'intestin  à  découvert  dans  la  région  du  bas-ventre  et 
dans  celle  du  flanc  droit  ;  ainsi  que  le  dit  Daubenton, 
cet  estomac  «  s'étend  plus  en  arrière  dans  le  côté 
gauche  que  dans  le  côté  droit...  C'est  du  côté  droit 

que  se  trouvent  les  petits  estomacs.  »  Si  les  chameaux  étaient  sujets  à  la  météorisation  de  la 
panse,  c'est  donc  à  travers  le  flanc  gauche  qu'il  faudrait  ponctionner  ce  réservoir,  comme 
dans  les  Ruminants  ordinaires. 

Nous  ne  distinguerons,  à  l'instar  d'Owen  et  de  Gegenbauer,  que  trois  compartiments  :  la 
panse,  le  réseau  et  la  caillette. 


Fig. 


—  Estomac  et  intestin  en  place. 


P.  p.iiise;  1,  lobe  antériem-:  2,  liile;  3  et  4,  groupe 
de  cellules  aquiCéresdu  lobe  postérieur;  5,  artère; 
R,  réseau;  C.  caillette;  R a,  rate;  I.  intestin  grêle; 
îi,  iléon;  cœ,  ctecum  ;  co,  côlon  spiral  ;p  f,  partie 
terminale   du  côlon;  caU  callosité  sternale. 


Panse.  —  La  panse  est  un  énorme  réservoir  réniforme  dont  l'échancrure  ou  bile 
regarde  à  droite  et  un  peu  en  avant,  réservoir  aplati  de  dessus  en  dessous,  obliquement  placé 
dans  la  cavité  abdominale,  de  telle  sorte  que  sa    face  inférieure  est  légèrement  touniée  à 


92 


RECIIKllCIIES  ANATOMIQUKS  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


droite  et  son  bord  droit  remonté  vers  les  lombes  et  le  diaphragme.  Le  grand  axe  est 
antéro-postérieur,  il  mesurait  1  mètre  à  1™!")  dans  les  chameaux  adultes  que  nous  avons 
étudiés;  tandis  que  le  diamètre  transversal  maximum  était  de  0"'70  à  0"'75.  Ces  dimen- 
sions varient  beaucoup  suivant  le  degré  de  plénitude,  car  le  viscère  s'allonge  et  s'aplatit 
lorsqu'il  se  vide. 

Daubenton  donne  comme  mesures  de  la  panse  du  dromadaire  :  longueur  0'"702,  circonfé- 
rence l'"836. 


Fie.  58. 


F/lck  supÉntEURE  DE  l'estom.\c. 


FiG.  50.  —  Face  inférielire  ue  l'estomac. 


FiG.  58.  —  ffs,  embouchure  de  IVsophage  ;  R.  rate;  1,  trône]  gastro-splêoique;  2,  artère  gauche  du  rumen  ;  3  et  4.  artères 
droites  du  rumen  ;  5,  artère  pléuique  ;  6.  tronc  commun  des  deux  artères  de  la  caillette  ;  7,  artère  du  hile  "iu  rumen  ; 
8,  artère  antérieure  du  rumen  ;  9  et  10,  artères  de  la  cadlette  ;  U  et  12,  artères  du  réseau  ;  1.3,  artère  gastro-épiploique 
ou  récurrente  de  la  caillette;  14,  artère  pylorique. 

FiG.  59.  —  A,  Panse;  B,  cellules  aquifères  antérieures;  CD,  cellules  aquifères  postérieures  divisées  en  deux  gi-oupes  par 
la  scissure  épiploique;  ep,  épiploon;  E.  reseau;  F.  partie  initiale  de  la  caillette,  plus  ou  monis  distincte;  G,  première 
dilatation  ;  H,  partie  moyenne  ;  I,  deuxième  dilatation  ;  K,  renflement  mitial  de  l'intestin. 


Pour  une  description  plus  complète,  nous  distinguerons  :  une  face  supérieure,  une  face 
inférieure,  une  grande  courbure,  un  hile,  et  deux  lobes  situés  de  part  et  d'autre  du  hile. 

La  face  supérieure,  légèrement  tournée  à  gauche  vu  l'obliquité  du  viscère,  est  plus  large 
en  arrière  qu'en  avant,  convexe,  appliquée  sur  le  diaphragme  et  la  région  lombaire,  où  elle 
prend  de  multiples  adhérences;  elle  reçoit,  dans  le  milieu  de  sa  longueur,  non  loin  du  hile, 
l'embouchure  de  l'oesophage,  embouchure  évasée  comme  dans  tous  les  Ruminants. 

La  face  inférieure  est  plus  convexe  que  l'opposée;  elle  est  en  rapport  avec  la  paroi 
abdominale  du  côté  gauche,  dans  la  plus  grande  partie  de  son  étendue;  en  arrière  et  à  droite, 
elle  se  laisse  chevaucher  par  un  certain  nombre  de  circonvolutions  de  l'intestin  grêle. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  93 

La  grande  courbure,  opposée  au  hile,  regarde  à  gauche  et  en  arrière;  elle  suit  l'hypo- 
condre  gauche,  à  partir  de  l'épigastre,  s'élève  contre  le  flanc  gauche  et  croise  ensuite 
la  région  sous-lombaire  du  même  côté,  donnant  attache  à  la  rate  dans  cette  dernière 
région  et  y  contractant  rapport  avec  la  masse  intestinale,  le  gros  intestin  principalement. 
C'est  un  bord  extrêmement  épais,  arrondi,  qui  établit  transition  insensible  d'une  face 
à  l'autre. 

Le  liile  est  une  échancrure  profonde,  regardant  en  avant  et  à  droite  et  donnant  à  la 
panse  la  forme  d'un  rein,  échancrure  au  niveau  de  laquelle  se  fait  la  communication  avec 
le  deuxième  estomac  ou  réseau. 

Les  lobes  sont  deux  énormes  culs-de-sac  arrondis  qui  bordent  le  hile  de  part  et  d'autre  et 
portent  les  augets  ou  cellules  aquifères.  On  peut  les  distinguer  en  :  antérieur  ou  gauche, 
postérieur  ou  droit.  Le  lobe  antérieur  fait  une  forte  proéminence  dans  la  région  épigastrique  ; 
il  est  surmonté,  au  contact  du  diaphragme, d'un  relief  boursouflé  en  forme  de  cimier  de  casque 
qui  correspond  à  un  groupe  de  cellules  aquifères;  cette  partie  bosselée  offre  l'aspect  du  côlon 
du  cheval,  ainsi  que  le  dit  Daubenton,  avec  cette  différence  toutefois  qu'il  n'y  a  pas  de  bande 
charnue  à  la  surface.  Le  lobe  postérieur  est  en  continuité  avec  le  réseau  au  niveau  d'un  étran- 
glement prononcé  ;  il  est  lisse  sur  sa  face  supérieure,  gaufré  sur  sa  face  inférieure  ;  on  voit 
là  deux  groupes  importants  de  cellules  aquifères, séparés  par  une  scissure  oîi  s'attache  le  grand 
épiploon. 

La  panse  ouverte  présente  à  étudier  sa  muqueuse,  son  pilier,  ses  augets  aquifères,  la 
gouttière  œsophagienne,  enfin  l'orifice  de  communication  avec  le  2"*  estomac. 

La  muqueuse  est  pâle  et  lisse  comme  celle  de  l'œsophage.  Elle  ne  présente  pas  la 
moindre  papille  visible  à  sa  surface.  Quand  on  est  fomiliarisé  avec  l'aspect  touff'u  qu'elle 
offre  dans  les  ruminants  ordinaires,  on  est  très  frappé  de  cette  différence,  qui,  cependant,  est 
plus  apparente  que  réelle,  car,  sur  des  coupes  examinées  au  microscope,  il  est  facile  de  con- 
stater qu'il  existe  de  très  nombreuses  papilles  filiformes  noyées  dans  l'épithélium.  Celui-ci 
atteint  0™"04  à  0™"'065  d'épaisseur,  et  présente  une  couche  cornée  qui  desquame  en  grands 
lambeaux  sur  le  cadavre. 

Vallon  écrit  que  les  glandes  du  rumen  sont  abondantes,  relativement  volumineuses  et 
très  visibles  au  microscope. La  vérité  m'oblige  à  le  contredire  :  ni  à  l'œil  nu,  ni  au  microscope 
il  ne  m'a  été  possible  de  trouver  dans  la  panse  une  seule  glande,  autre  part  que  dans  les 
augots  aquifères.  Il  en  est  de  même,  d'ailleurs,  dans  les  autres  Ruminants,  pour  toutes  les  parties 
de  la  muqueuse  gastrique  revêtues  d'un  épithélium  malpighien  (panse,  réseau,  feuillet),  ainsi 
que  pour  le  sac  gauche  de  l'estomac  des  Solipèdes. 

Un  pilier  charnu  fait  relief  dans  la  panse  sur  le  côté  gauche  de  la  gouttière  œsopha- 
gienne et  de  l'orifice  du  réseau,  et  se  poursuit,  en  se  contournant,  le  long  du  groupe  droit  des 
cellules  aquifères.  Un  autre  pilier  beaucoup  moins  manifeste  longe  le  groupe  aquifère  gauche 
à  partir  du  cardia.  Tous  deux  lancent  des  travées  entre  les  rangées  de  cellules  (fig.  60). 

Les  cellules  ou  augets  aquifères,  locules  de  De  Blainville,  forment  deux  amas  sur  les 
lobes  de  la  panse.  Ce  sont  des  dilatations  de  toute  la  paroi,  des  espèces  de  soufflures  qui 
gaufrent  la  surface  extérieure  du  viscère,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit.  Elles  sont  plus 
larges  au  fond  qu'à  l'entrée,  laquelle  est  circonscrite  par  des  rubans  musculaires  jouant 
probablement  comme  des  sphincters.  Les  plus  grandes  n'ont  pas  moins  de  10  centimètres  de 


94 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


profondeur  et  peuvent  contenir,  je  m'en  suis  assuré.  200,  250  et  jusqu'à  300  centimètres 
cubes  ;  elles  sont  divisées  par  des  cloisons  secondaires  en  augets  plus  petits  susceptibles 
eux-mêmes  de  subdivision,  aspect  qui  rappelle  singulièrement  l'intérieur  alvéolé  du  sac 
pulmonaire  de  certains  reptiles.  Dans  le  groupe  en  forme  de  cimier,  groupe  gauche 
ou  antérieur,  j'ai  compté  une  cinquantaine  d'augets  primaires  disposés  en  une  quinzaine 


Fi(i.  60.  —  iNTÉniEun  de  la  panse. 

1.  œsophage  ;  2,  cardia;  3,  gouttière  œsophagienne:  4,  son  unique  lèvre;  5,  orifice  de  communication  avec  le  réseau  ;  6,  pilier 
phis  ou  moins'  marqué  longeant  les  cellules  aquileres  gauches;  7  et  8,  pilier  longeant  la  gouttière  œsophagienne  et  les  cellules 
aquiféres  droites;  P,  division  souvent  peu  distincte  de  ce  pilier;  A,  groupe  de  cellules  aquifères  du  cote  droit;  B,  groupe  de 
cellules  aquifères  du  côté  gauche. 


de  rangées  transversales.  Dans  l'autre  groupe,  on  en  trouve  dix  à  douze  rangées  comprenant 
chacune  trois  à  six  grandes  cellules;  les  plus  antérieui^es  confinent  à  l'orifice  du  réseau. 

La  paroi  delà  panse, au  niveau  des  parties  gaufrées,  est  très  mince,  comme  si  vraiment 
elle  avait  été  soufflée.  M.  Gordier  se  demande  si  elle  ne  céderait  pas  sous  l'effort  des  gaz 
si  les  chameaux  se  météorisaient  comme  le  bœuf.  La  muqueuse  qui  revêt  tous  ces 
alvéoles  n'est  pas  une  simple  extension  de  celle  de  la  panse  :  celle-ci  s'arrête  net  à 
quelques  millimètres  de  l'entrée  de  chacun  d'eux,  suivant  une  crête  manifeste  ;  tandis 
que  celle-là   est    une  fine   membrane  veloutée,  glandulaire,  participant  des    caractères  des 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  95 

muqueuses  vraiment  digestives.  Examinée  au  microscope,  elle  présente  un  épithélium 
simple  et  cylindrique  et  de  nombreuses  glandules  en  tube  noyées  dans  un  derme 
délicat,  adénoïde,  glandules  qui  ont  été  découvertes  par  Brandt  et  étudiées  récemment 
par  M.  Pilliet'.  Il  est  très  curieux  de  constater  l'existence  de  ces  petits  champs  muqueux 
au  milieu  d'une  surface  épidermique;  ne  serait-ce  pas  un  reste  de  la  muqueuse  endoder- 
mique  primitive  qui  s'étendait  jusqu'au  pharynx,  reste  qui  a  échappé  à  V èioidermisation 
dont  les  tentes  branchiales  auraient  été  les  points  de  départ  ? 

Les  auteurs  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  tinalité  physiologique  des  locules  de  la  panse.  La 
plupart  les  considèrent,  avec  Pline,  comme  des  espèces  de  citernes  où  l'eau  est  mise  en  réserve 
pour  les  besoins  futurs.  Il  sont  en  effet  admirablement  disposés  pour  recevoir  et  emmaga- 
siner de  grandes  quantités  de  liquides,  d'autant  mieux  que  les  rubans  musculaires  qui  cir- 
conscrivent leur  entrée  sont  susceptibles,  comme  l'a  fait  remarquer  Everard  Home,  de  les 
fermer  complètement  de  manière  à  empêcher  la  pénétration  des  matières  alimentaires  solides. 
J'ajouterai,  en  faveur  de  cette  thèse,  que  la  délicatesse  de  leur  muqueuse  paraît  exclure  le 
contact  des  matières  grossières  que  l'on  trouve  dans  la  panse.  Si  elles  pouvaient  s'y  intro- 
duire, on  se  demande,  vu  l'extrême  minceur  de  la  paroi,  comment  elles  ne  s'y  engor- 
geraient pas  ? 

D'autres  auteurs,  à  la  suite  de  G.  Cuvier,  ont  soutenu  l'opinion  que  les  augets  de  la 
panse  servent  non  seulement  à  emmagasiner  une  partie  de  l'eau  ingérée,  mais  encore  à  en 
produire  eux-mêmes  par  sécrétion.  Rien  n'est  moins  probable  que  cette  sécrétion  d'eau;  les 
glandules  microscopiques  dont  nous  avons  déjà  parlé  ne  paraissent  guère  suffisantes  pour  un 
pareil  rôle.  Je  tendrais  plutôt  à  croire  qu'elle  sécrètent  quelque  suc  digestif  qui,  mélangé  à 
l'eau,  conserverait  sa  pureté  et  agirait  sur  le  contenu  de  la  panse.  Ne  serait-ce  pas  à  ce 
suc  inconnu  que  les  chameaux  doivent  d'être  épargnés  par  lamétéorisation? 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  certain  que  les  boursouflures  de  la  panse  ne  constituent  pas,  comme 
le  dit  Vallon,  un  simple  moyen  d'accroître  sa  surface  interne;  évidemment  elles  sont  le  siège 
de  fonctions  qui  ne  sont  point  dévolues  au  restant  de  l'organe;  les  caractères  particuliers  de 
leur  muqueuse  en  témoignent  suffisamment.  Les  quelques  autopsies  faites  par  Vallon  où  il 
constata  l'existence,  à  l'intérieur  des  augets,  des  mêmes  matières  que  dans  le  reste  de  la  panse, 
ni  plus  ni  moins  délayées,  ne  sauraient  infirmeries  observations  d'autres  personnes,  tout  aussi 
dignes  de  foi,  qui  disent  avoir  recueilli  dans  ces  cellules  10,  15  et  même  20  litres  d'une  eau 
verdàtre  qui  devenait  rapidement,  par  le  repos,  limpide  et  potable.  Au  surplus  il  ï\j  a  rien 
d'étonnant  de  trouver,  chez  le  cadavre,  des  aliments  solides  dans  les  cellules  aquifères,  car 
les  sphincters  qui  les  ferment  ont  dû  s'ouvrir  au  moment  de  la  mort.  Il  n'est  pas  étonnant  non 
plus  que  ces  cellules  se  soient  vidées  en  grande  partie  de  leur  eau.  car  le  décubitus  dorsal 
que  l'on  donne  aux  cadavres  dont  on  ouvi-e  le  ventre  favorise  cette  évacuation.  Quant  à 
moi,  je  suis  porté  à  croire  à  la  fonction  aquifère  et  sécréto-digestive  de  ces  parties  ;  mais 
cette  fonction,  pour  être  bien  établie,  demande  de  nouvelles  recherches. 

La  gouttière  œsophagienne  est  extrêmement  longue  (O^SO  environ).  Elle  descend  d'abord 
du  cardia  à  l'orifice  du  réseau  en  suivant  le  pilier  de  la  panse,  s'infléchit  ensuite  sur  le  contour 

'   Pilliet,   Structure   des  alvéoles  de  la    partie  gaufrée  de   l'estomac  du    chameau   (Bulletin    de   la  Société 
zoologique  de  France,  lO""  année). 


96  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

supérieur  de  cet  orifice,  puis  se  prolonge,  en  se  rétrécissant,  sur  la  petite  courbure  du  réseau 
jusqu'à  l'entrée  de  l'estomac  suivant.  Cette  gouttière  est  unilabiée,  et  son  unique  lèvre,  située  à 
di'oite,  est  un  simple  pli  flottant  de  la  muqueuse  qui  se  poursuit  dans  le  réseau  en  s'atténuant 
progressivement.  J'ai  constaté  sur  une  section  examinée  au  microcospe  que  ce  pli  avait 
2  millimètres  d'épaisseur  environ  et  présentait  dans  son  axe  une  couche  de  fibres  lisses  longi- 
tudinales de  2/3  de  millimètre  résultant  de  la  réunion  des  deux  musculaires  niucosœ.  Du  côté 
opposé,  on  peut  voir,  à  la  partie  supérieure  de  la  gouttière,  un  autre  pli  muqueux  ébauchant 
une  2^  lèvre. 

Quant  à  la  communication  avec  le  réseau,  elle  correspond,  comme  nous  l'avons  dit,  au  lobe 
postérieur  ou  droit  de  la  panse.  C'est  un  vaste  orifice  circulaire  de  40  centimètres  environ  de 
pourtour,  contourné  du  côté  gauche  par  le  pilier  du  rumen,  bordé  en  bas  par  la  première 
rangée  de  cellules  aquifères  du  groupe  postérieur. 

Pour  terminer  ce  qui  a  trait  à  la  panse,  il  ne  me  reste  plus  qu'à  dire  deux  mots  de 
sa  musculature.  Exception  faite  pour  les  parties  gaufrées,  je  puis  affirmer,  contrairement  à 
Vallon,  qu'elle  est  plus  épaisse  que  dans  le  bœuf,  bien  que  les  piliers  n'aient  pas  la  force  et  le 
volume  de  ceux  du  boeuf.  La  figure  59  donnera  une  idée  de  la  direction  de  ces  faisceaux  qui  sont 
tous  formés  de  fibres  lisses,  encore  qu'un  certain  nombre  soient  de  couleur  assez  foncée. 

Réseau.  —  Le  compartiment  qui  fait  suite  à  la  panse  a  été  désigné  par  Daubenton 
sous  le  nom  de  réservoir.  Il  nous  paraît  homologue  au  réseau  de  l'estomac  des  Ruminants  ordi- 
naires. C'est  une  poche  ovoïde  de  30  à  40  centimètres  de  long,  se  détachant  du  lobe  droit  de 
la  panse,  située  dans  la  concavité  du  diaphragme,  à  droite,  contournée  parla  caillette.  Sa  sur- 
face, légèrement  gaufrée,  indique  les  alvéoles  de  l'intérieur.  Le  grand  épiploon  se  prolonge  sur 
sa  grande  courbure.  —  Il  est  surtout  intéressant  d'examiner  le  réseau  intérieurement.  On  y 
voit  :  i"  l'orifice  de  communication  avec  la  panse  dont  il  a  été  déjà  parlé  ;  2°  à  l'opposé,  l'orifice 
d'entrée  du  troisième  estomac,  qui  n'a  pas  plus  de  8  à  10  centimètres  de  pourtour;  3°  une  région 
lisse  et  épidermique  occupant  la  petite  courbure  et  s'étendant  d'un  orifice  à  l'autre,  région 
où  se  poursuit  la  gouttière  œsophagienne;  4"  une  multitude  de  cellules  aquifères  occupant 
toute  la  surface  restante,  cellules  semblables  à  celles  de  la  panse  mais  beaucoup  plus  petites  et 
plus  divisées.  Gomme  le  fait  remarquer  Daubenton,  ces  cellules  ne  sont  pas  assimilables  aux 
alvéoles  du  réseau  des  Ruminants  ordinaires  :  ceux-ci  dépendent  exclusivement  de  la  mu- 
queuse et  ne  sont  rien  autre  que  des  ornements  papillaires  ;  celles-là  sont  constituées  par  un 
refoulement  de  toute  la  paroi;  en  outre,  leur  surface  intérieure  n'est  pas  une  surface  épider- 
mique. mais  bien  une  véritable  surface  muqueuse  présentant  la  même  structure  et  les  mêmes 
glandules  que  nous  avons  déjà  trouvées  dans  les  augets  de  la  panse.  La  plupart  de  ces  cellules 
aquifères  sont  ordonnées  en  séries  parallèles,  de  part  et  d'autre  d'une  sorte  de  pilier  qui 
descend  de  l'ouverture  de  la  panse  et  se  ramifie  en  nombreuses  cloisons,  ainsi  qu'il  est  repré- 
senté figure  61  et  62.  Leurs  parois  et  leur  fond  offrent  une  surface  muqueuse,  tandis  que  le 
bord  libre  des  cloisons  primaires  présente  une  surface  épidermique;  la  jonction  des  deux 
sortes  d'épithélium  est  marquée  par  une  crête  sinueuse  très  fine. 

Le  réseau  est  doué  sans  doute  des  mêmes  propriétés  physiologiques  que  les  parties 
gaufrées  de  la  panse,  c'est-à-dire  qu'il  fonctionne  comme  réservoir  aquifère  et  comme 
réservoir  chymifiant.  Daubenton  raconte  que,  ayant  vidé  le  réseau  et  l'ayant  débari-assé  de 


ClIAMKAr   A  DEUX  BOSSES 


toutes  les  matières  fourragères  qu'il  contenait,  il  le  croyait  absolument  vide,  lorsque,  en  le 
retournant  et  en  le  comprimant  en  différents  sens,  il  vit  sortir  de  ses  alvéoles  une  grande 
quantité  d'eau  qui  coulait  comme  d'une  source.  «  Je  donne  à  cette  poche,  dit-il,  le  nom  de 
réservoir  parce  que  l'eau  y  séjourne  tandis  que  les  aliments  ne  font  qu'y  passer.  »  Il  fit  la  même 
observation  sur  les  plaques  gaufrées  de  la  panse. 

Après  cette  assertion  émanant  d'un  savant  dont  les  œuvres  sont  universellement 
connues  et  estimées  pour  leur  consciencieuse  exactitude  et  concernant  une  constatation  si 
facile  à  faire  et  à  répéter,  on  est  surpris  de  lire  dans  l'ostéographie  de  De  Blainvilleque  «  c'est 
im  conte  fait  à  plaisir  que  la  prétendue  faculté  de  conserver  l'eau  dans  une  partie  distincte  de 
l'estomac  servant  de  réservoir  et  que  les  explications  qu'en  ont  données  les  naturalistes  sont 
de  mauvaise  physiologie  ».  Le  rôle  aquifère  des  augets  du  réseau  ne  nous  paraît  pas  moins 
vraisemblable  que  celui  des  augets  de  la 
panse.  Mais  Daubenton,  ayant  méconnu 
les  caractères  particuliers  de  la  muqueuse 
de  ces  augets,  a  eu  le  tort  de  nier  leur 
action  sur  les  aliments  :  action  digestive 
certaine  quoique  encore  indéterminée, 
et  qui    n'a  pas  échappé   à    la  sagacité 


FiG.  01.  —  Intérieur  du  réseau. 

1,  orifice  de  communication  avec  la|>aDse;  2,  orifice  de 
communication  avec  la  caillette  ;  S,  lèvre  de  la  gouttière 
œsophagienne;  4, gouttière  œsophagienne;  5,  travée  prin- 
cipale interalvèolaire. 


FlG.   1)2.   —   I.NTÉRIEUn   DU   RÉSEAU   DESSINÉ   d'aPRÉS 
PHOTOGRAPHIE. 

L'orifice  de  la  panse  est  à  gauche,  celui  de  la  caillette  à  droile. 


de  Vallon.  «  Les  aliments  contenus  dans  le  réseau,  dit-il,  ont  subi  la  rumination  ;  ils  sont 
imbibés  de  liquides  produits  par  la  sécrétion  de  l'organe  ou  provenant  des  boissons  ingérées, 
et  ils  commencent  à  éprouver  le  phénomène  de  la  chymification.  » 


Caillette.  — ■  Le  troisième  et  dernier  compartiment  de  l'estomac  est  un  réservoir 
allongé,  intestiniforme,  rétréci  dans  son  milieu  et  renflé  à  ses  extrémités,  réservoir  prenant 
naissance  contre  le  diaphragme,  se  recourbant  en  arrière  et  en  bas  pour  longer  l'hypocondre 
droit  jusqu'à  la  région  sous-lombaire,  où  il  se  termine  par  un  étranglement  pylorique  très  pro- 
noncé, suivi  d'une  dilatation  initiale  de  l'intestin  que  quelques  auteurs  ont  rattachée  à  tort  à 
l'estomac.  Cette  caillette  est  longue  d'environ  90  centimètres  à  1  mètre;  elle  se  He  à  la  panse 
et  au  réseau  par  le  grand  épiploon,  à  la  scissure  porte  du  foie  par  le  ligament  hépato-gastrique. 
Elle  présente,  par  suite  d'une  inflexion,  un  petit  jabot  initial  plus  ou  moins  marqué,  au  niveau 

Arcii.  Mus.  —  t.  VllI.  13 


98 


UECIIKUCIIIIS  AXATOMKJUKS  SL1{  LKS  CAMKLIDHS 


duquel  la  muqueuse  présente  quelques  plis  en  réseau  et  où  la  gouttière  œsophagienne  vient 
se  terminer  :  c'est  là  le  réseau  ou  bonnet  de  Daubenton.  le  feuillet  de  Everaixl  Home.  Il  est 
bien  évident  que  si  une  partie  de  l'estomac  des  caméliens  doit  être  assimilée  au  réseau  des 
autres  Ruminants,  ce  ne  peut  être  que  la  seconde  ;  les  petits  plis  irrégulièrement  anastomosés 
en  réseau,  du  jabot  initial  de  notre  caillette,  ne  sauraient  témoigner  en  faveur  de  l'opinion 
de  Daubenton,  car  la  muqueuse  que  l'on  trouve  ici  est  une  vraie  muqueuse  du  tjpe  endoder- 
mique;  l'épiderme  s'arrête  net  au  pourtour  de  l'orifice  de  communication  avec  le  deuxième 
estomac.  La  muqueuse  de  cette  partie  se  montre,  à  l'œil  nu,  criblée  de  petites  granulations  qui. 

au  microscope,  sont  constituées  par  des  amas  de  follicules  clos 
assimilables  à  de  petites  plaques  de  Peyer;  elle  est  sillonnée  dans 
son  épaisseur  par  un  grand  nombre  de  courtes  glandes  en  tube  et 
revêtue  d'un  épithélium  simple  comme  la  muqueuse  des  cellules 
aquifères. 

L'opinion  de  Home  n'est  pas  plus  soutenable,  car,  si  le  jabot 
pris  par  lui  pour  le  feuillet  en  tient  la  place,  il  n'en  a  ni  la  disposition 
intérieure  ni  la  structure. 

La  plupart  des  auteurs,  préoccupés  avant  tout  de  trouver  les 
quatre  compartiments  de  l'estomac  des  Ruminants  ordinaires,  ont 
attribué  aux  Caméliens  un  feuillet  qu'ils  n'ont  évidemment  pas. 
Daubenton,  Cuvier,  Vallon,  Chauveau  et  Arloing,  etc.,  décrivent 
comme  tel  la  partie  antérieure  de  notre  caillette  c;  la  caillette  véri- 
table, d'après  eux,  serait  réduite  à  la  dilatation  prépylorique  d;  la 
muqueuse  de  toute  cette  partie  antérieure  présente  en  effet  quarante 
à  cinquante  petits  plis  longitudinaux  ou  obliques,  qu'ils  ont  cru 
pouvoir  assimiler  aux  lames  du  feuillet  ;  mais  cette  assimilation  n'est 
pas  soutenable,  car  les  dits  plis,  que  Daubenton  a  parfaitement 
figurés,  sont  très  peu  saillants,  anastomosés  de  distance  en  distance, 
tous  égaux  ou  à  peu  près,  et  appartiennent  à  une  muqueuse  fran- 
chement endodermique  qui  ne  présente  pas  la  moindre  trace  de 
papilles,  muqueuse  de  même  structure  que  celle  du  jabot  précédent, 
sauf  l'absence  de  follicules  clos.  Ces  plis  ne  sauraient  avoir  d'autres 
usages  que  ceux  de  la  caillette  des  ruminants  ordinaires,  c'est-à-dire  d'augmenter  la  surface 
sécrétante. 

La  vérité,  déjà  proclamée  par  Owen  et  Gegenbauer,  est  donc  que  les  camélidés  n'ont 
pas  de  feuillet  différencié,  pas  plus  que  n'en  ont  les  tragules  parmi  les  ruminants  ordinaires. 
Au  surplus,  l'estomac  des  antilopes  achemine  vers  la  disparition  du  feuillet,  car  elles  en  ont 
un  tout  à  fait  rudimentaire.  —  Qu'on  l'envisage  au  point  de  vue  de  l'ontogénie  ou  à  celui  de 
la  phylogénie,  le  feuillet  est  une  partie  secondaire,  de  différenciation  tardive,  dans  la  consti- 
tution de  l'estomac  des  ruminants. 

Quant  au  renflement  prépylorique  que  beaucoup  d'auteurs  prennent  pour  la  caillette 
tout  entière,  il  se  distingue  en  effet  par  l'aspect  et  la  structure  de  sa  muqueuse,  qui,  bien 
qu'encore  endodermique,  est  beaucoup  plus  épaisse  que  la  précédente  ;  ses  plis  sont  beaucoup 
moins  nombreux  (15  à  20),   larges  et  épais  comme  des  piliers;  ils  s'eff"acent   à   une  cer- 


FlG.  63.  —  RÉSEAU,  CAIL- 
LETTE ET  ORIGINE  DE  L"iN- 
TESTIN. 

«,  réseau;  6,  partie  initiale  de 
]a  caillette  tenant  la  place 
rlu  feuillet;  c,  d,  caillelle  ; 
*',  renflement  de  riutestin 
grêle  à  l'origine. 


CHAMKAU  A  DEIX   BOSSES  99 

taine  distance  du  pylore.  —  Boas  a  montré  le  premier  que  les  glandes  à  pepsine  sont  loca- 
lisées à  cet  endroit  ;  on  voit  en  effet  au  microscope  que  la  muqueuse  est  sillonnée,  dans  son 
épaisseur,  de  longs  tubes  glandulaires  à  cellules  bordantes,  légèrement  contournés  à  leur 
fond,  quelquefois  divisés,  tubes  de  1™"'  1/2  à  2"""  1/2  de  longueur,  ressemblant  en  tous  points 
aux  glandes  à  pepsine  classiques.  Au  voisinage  du  pylore,  les  glandes  sont  moins  serrées  les 
unes  contre  les  autres,  manifestement  divisées  et  sinueuses  à  leur  fond  ;  mais  leur  épithé- 
liura,  formé  de  petites  cellules  claires,  uniformément  cylindriques,  indique  évidemment  des 
glandes  à  mucus. 

Si  j'ajoute  qu'une  muscularis  mucosa?  s'étend  au  dessous  de  la  couche  de  glandes  en 
lançant  quelques  irradiations  dans  leurs  intervalles,  j'aurai  montré  que  la  structure  est  ici 
exactement  semblable  à  celle  de  l'estomac  du  chien,  du  porc,  de  l'homme,  ou  du  cul-de-sac 
droit  de  l'estomac  des  solipèdes.  Mais  de  là  à  conclure  que  cette  partie  seulement  est  la  cail- 
lette, il  y  a  loin  !  car,  en  somme,  il  n'y  a  aucune  démarcation  avec  la  partie  qui  précède,  dont 
la  muqueuse,  elle  aussi,  est  endodermique,  et  contient,  elle  aussi,  des  glandes  en  tube. 

Pour  nous,  la  caillette  commence  à  partir  du  réseau;  elle  est  partout  glandulaire  et 
sécrétante  ;  mais  elle  l'est  principalement  dans  sa  partie  terminale,  où  se  trouvent  les  glandes 
à  cellules  bordantes.  Cette  localisation  glandulaire  n'a  rien  d'ailleurs  qui  doive  surprendre; 
on  en  trouve  de  comparables  dans  l'estomac  simple  ou  composé  de  beaucoup  d'autres  ani- 
maux. 

Quant  au  pylore,  c'est  un  orifice  exactement  circulaire  de  3  ou  4  centimètres  de  diamètre, 
bordé  d'une  valvule  muqueuse  et  entouré  d'un  sphincter  puissant.  Il  est  précédé  d'une  sorte 
de  bourrelet  qui  a  peut-être  quelque  rôle  dans  son  occlusion. 

En  somme,  l'estomac  des  Caméliens  est  très  différent  de  celui  des  Ruminants  ordinaires. 
M.  Gordier  dit  même  qu'ils  sont  totalement  différents  et  se  refuse  à  homologuer  leurs  parties 
respectives.  «  La  parenté  de  ces  deux  formations  n'existe  pas  ou  est  extrêmement  lointaine... 
Ce  n'est  pas  avec  l'estomac  des  autres  Ruminants  que  l'estomac  des  Caméliens  présente  des 
affinités  étroites  et  naturelles,  c'est  avec  celui  des  Pachydermes  et  pariiculièrement  du  pécari.  » 
Cette  opinion  nous  parait  excessive  ;  il  n'y  a  pas,  pensons-nous,  de  types  d'estomac  totalement 
et  radicalement  différents;  on  passe  de  l'un  à  l'autre  par  des  transitions  plus  ou  moins  insen- 
sibles, et  l'on  peut  toujours  les  homologuer;  c'est  pourquoi  il  faut,  autant  que  possible,  employer 
la  même  terminologie. 

Je  ne  terminerai  pas  cette  étude  de  l'estomac  des  Caméliens  sans  indiquer  une  différence 
remarquable  relativement  aux  autres  Ruminants,  signalée  pour  la  première  fois  par  G.  Cuvier 
dans  les  termes  suivants  :  «  Le  volume  de  la  panse  relativement  aux  autres  estomacs  est  aussi 
grand  chez  les  animaux  nouveau-nés  que  chez  les  adultes;  tandis  que,  dans  les  autres  Rumi- 
nants, la  panse  ne  prend  toute  sa  prépondérance  qu'après  le  sevrage.  »  Ce  fait,  que  nous  avons 
nous-même  constaté  chez  un  fœtus  de  dromadaire,  est  très  suggestif;  il  tend  à  démontrer  que 
la  panse  des  Caméliens  n'est  pas  un  simple  compartiment  de  rumination  comme  dans  les 
Ruminants  ordinaires,  mais  qu'elle  est  en  outre,  grâce  à  ses  alvéoles  glandulaires,  un  compar- 
timent véritablement  digestif.  —  Que  de  recherches  physiologiques  intéressantes  seraient 
à  faire  sur  ce  sujet  ! 


100 


HKCIIKliClIKS  ANATUMiQUES  SL'U  LKS  CAMÉLIDÉS 


INTESTIN 


L'intestin  grêle  est  en  grande  partie  logé  dans  le  flanc  droit;  son  calibre  moyen  est 
supérieur  à  celui  du  bœuf,  mais  inférieur  à  celui  du  cheval.  Sa  longueur  était  de  22  mètres 
chez  l'un  de  nos  sujets,  de  24  mètres  chez  l'autre.  Daubenton  donne  à  l'intestin  grêle  du 
dromadaire  la  longueur  de  75  pieds,  c'est-à-dire  de  24 ""30;  Vallon,  colle  de  25  mètres; 
nous  avons  trouvé  nous-mème  20™ 60  chez  un  animal  de  cette  espèce. 

Cet  organe  commence  par  une  forte  dilatation  que  certains  auteurs  ont  décrite  comme  un 
compartiment  de  l'estomac  (voy.  lig.  63).  «.J'aurais  pris  ce  renflement  pour  un  estomac,  dit 
Daubenton,  si  je  n'avais  vu  le  jour  à  travers  les  membranes,  qui  étaient  aussi  minces  que 
celles  des  intestins  grêles.    »  .T'ajouterai  que  la  structure  ne  diffère  point  de  celle  de  ces 

derniers.  Ledit  renflement  mesurait  chez 
un  dromadaire  25  centimètres  de  lon- 
gueur et   15  de  largeur. 

L'intestin  grêle  décrit  une  multitude 
de  replis  ou  circonvolutions  au  bord  libre 
du  grand  mésentère  ;  la  partie  terminale, 
à  partir  du  quart  ou  du  cinquième 
postérieur,  se  dilate  progressivement; 
elle  s'accole  au  caecum  avant  d'y  faire 
embouchure  en  liant  du  flanc  gauche. 
On  remarque  des  plaques  de  Peyer  très 
étendues  en  différents  points  du  trajet 
de  l'intestin  grêle. 

FiG.  64.  —  Intestin  grêle,  c.ecum  et  leurs  artères. 


ig.  circonvolutions  de  l'iateslin  grèle  ;  //.  iléon;  C;eï',  c;ecuni  ; 
Co,  origine  du  côlon;  M.  grand  mésentère;  1.  1,  artère  grande 
mésentérique;  2,  tronc  commun  de  la  colique  •'>,  de  la  c;ecale  4-5, 
et  de  riléo-crecale  tj. 


Le  ciecum  ressemble  beaucoup  à  celui 
du  biHuf.  mais  il  est  un  peu  plus  pointu. 
Sa  longueur    paraît    très    variable,   car 
nous  avons  trouvé  une  fois  45  centimètres 
et  une  autre  fois  75  centimètres;   d'autre  part,  Daubenton  lui  assigne  chez  le  dromadaire 

I  pied  8  pouces,  c'est-à-dire  54  centimètres,  et  Vallon  1  mètre  ;  mais  cette  dernière  estima- 
tion est  certainement  exagérée.  La  circonférence  maximum  est  de  .30  centimètres  environ. 

II  ne  présente  pas  de  bande  charnue  à  sa  surface,  non  plus  que  le  colon.  Disons  enfin  qu'il 
se  dirige  transversalement  de  gauche  à  droite,  dans  la  région  de  l'hypogastre  comme  il  est 
représenté  figure  57. 

Le  côloti  fait  suite  au  cEecum  sans  autre  démarcation  que  l'embouchure  de  l'intestin 
grêle;  il  commence  immédiatement  son  enroulement  spiral  sans  former  d'anse  préalable  :  il 
décrit  d'abord  4  14  tours  concentriques,  puis  3  1/2  tours  excentriques  qui  se  placent  dans 
l'intervalle  ou  en  dessous  des  précédents.  Le  premier  tour  est  de  calibre  au  moins  égal  à  celui 
du  cfecum;  il  se  sépare  des  autres  sur  une  certaine  longueur  au  niveau  de  laquelle  il  ne  leur 
est  uni  que  par  un  frein  mésentérique.  Les  autres  tours  ne  dépassent  pas  beaucoup  le  calibre 
de  l'intestin  grêle  ou  même  l'atteignent  à  peine;  ils  sont  serrés  les  uns  contre  les  autres,  mais 


CHAMKAU  A   Dl-l  X   BOSSES 


101 


non  situés  sur  le  même  plan,  de  manière  à  former  un  cône  surbaissé  qui  se  loge  transver- 
salement dans  le  bas-ventre  et  le  grand  bassin.  Tout  ce  côlon  spiral  est  dépourvu  de  bosse- 
lures et  de  bandes  charnues.  En  le  déroulant,  nous  lui  avons  trouvé  une  longueur  de  il  mètres 
chez  un  sujet,  de  14  mètres  chez  un  autre.  Son  dernier  tour  excentrique  croise  son  origine 
(voir  fig.  65)  et  se  continue  à  la  région  sous-lombaire  oli  se  forme  un  deuxième  paquet  de 
replis  irréguliers,  n'ayant  pas 
moins  de  4  à  5  mètres  quand 
on  le  déroule,  paquet  logé  dans 
l'origine  du  grand  mésentère 
et  plus  ou  moins  noyé  dans  la 
graisse. 

Le  rectum  s'en  dégage 
enfin,  franchit  le  bassin  et  dé- 
bouche à  l'anus.  Il  est  plus 
volumineux  que  celui  du  bœuf. 

A  partir  de  la  fin  du  côlon 
spiral,  les  matières  stercorales 
deviennent  de  plus  en  plus 
soHdes  en  parcourant  le  côlon 
terminal  et  passent  à  l'état  de 
matières  fécales  ;    mais  nulle 

part  on  ne  trouve  de  bosselures  pour  les  mouler  en  crottins,  comme  on  en  voit  sur  le  côlon 
flottant  des  solipèdes. 

En  prenant  la  longueur  totale  du  côlon  et  du  rectum,  j'ai  trouvé  1S'"60  chez  un  sujet 
16'"50  chez  un  autre.  Daubenton  me  paraît  être  au-dessous  de  la  vérité  quand  il  donne  à  ces 
parties,  chez  le  dromadaire,  une  longueur  de  42  pieds,  c'est-à-dire  13^608.  Par  contre. 
Vallon  exagère  en  donnant  au  seul  côlon  de  cet  animal  22  ou  23  mètres  de  longueur;  nous 
avons  mesuré  chez  un  dromadaire  18"'20  pour  le  côlon  et  le  rectum  réunis. 

En  somme,  si  nous  nous  en  tenons  à  nos  mensurations,  nous  avons  : 

Intestin  grêle 23  mi'tres 

Caecum 0,60 

Côlon  spiral 12,50 

Côlon  terminal  et  rectum 5 


Fig.  65. 


Iléon,  c.ecum  et  colon  spiral. 


I,  iléon;  2.  ce  eu  m  ;  3.  colon  spii'al  ;  0,  point  de  continuité  entre  les  tours  concen- 
triques et   les  tours  excentriques;  h.  fin  du  colon  spiral. 


TOTAI 41.10 


Cuvier  donne,  pour  le  même  animal,  des  chiffres  très  voisins  : 

Intestin  grêle 23,055 

Cifcum 0.!»74 

colon  et  rectum 18,184 


Total 42.213 


soit  12  fois  3/10  la  longueur  du  corps,  mesurée  du  bout  du  museau  à  l'anus. 

Pour  le  dromadaire  le  même  auteur  donne  une  longueur  totale  de  38"'456. 


102 


UECHEHCIIES  ANATUMIQUES  SIU  LES  CAMÉLIDÉS 


Pour  le  bœuf,  48™869  ainsi  répartis  :  intestin  grêle,  ST^OIS  ;  cœcum,  O^Sll,  côlon  et 
rectum  11 '"04. 

Les  cliameaux  diffèrent  donc  des  bœufs  par  la  longueur  beaucoup  moindre  de  leur 
intestin  grêle,  différence  qui  est  en  partie  compensée  par  la  longueur  plus  grande  de  leur  gros 
intestin. 

Le  rapport  entre  la  longueur  du  corps  et  celle  de  l'intestin  serait,  toujours  tl'après 
Guvier,  de  1  :  12,3  chez  le  chameau,  1  :  15,5  dans  le  dromadaire,  1  :  22  dans  le  bœuf. 
Nous  croyons  qu'il  n'y  a  rien  à  déduire  de  ces  chiffres,  soit  parce  que  la  différence  qu'ils  indi- 
quent entre  le  chameau  et  le  dromadaire  nous  paraît  erronée,  soit  parce  qu'on  ne  peut 
comparer  la  longueur  du  corps  du  bœuf  avec  son  cou  bref  à  celle  du  corps  des  chameaux 
avec  leur  cou  extrêmement  long.  11  est  préférable  de  prendre  pour  premier  terme  de  ce  rapport 
la  longueur  du  tronc,  mesurée  par  exemple  de  l'angle  de  l'épaule  à  la  pointe  de  la  fesse, 
vu  qu'il  ne  saurait  y  avoir  la  moindre  corrélation  entre  les  variations  de  longueur  du  cou 
et  celles  de  l'intestin  dans  les  différentes  espèces.   En  opérant  ainsi,  nous  avons  trouvé  : 

1  :  26  dans  le  chameau  à  2  bosses,  1  :  35  dans  le  bœuf  —  chiffres  moyens. 


ORGANES  ANNEXES 

Le  foie  occupe  la  même  position  que  dans  les  autres  Ruminants,  c'est-à-dire  qu'il  est 
tout  entier  du  côté  droit  ;  la  scissure  de  la  veine  cave  postérieure  se  trouve  ainsi  reportée  vers 


^ 


)\  y 


FiG.  06.  —  Foie  :  face  viscérale. 


FiG.  67. 


Foie  :    kace  uiaphragmatique. 


KiG.  IJO.  —  A,  B,  G,  les  3  grands  lobes  ;  d,  d,  lobules  portes;  e,  e,  lobule  de  Spiegel  ;  vc.   veiiie  cave  ;  art,  artère  hépatique  ; 
/•.  rameau  de  cette  artère  ;  vp,  velue  porte  ;  ch,  canal  cholédoque;  f,  impression  rénale. 

FiG.  07.  —  A,  B,  C,  les  3  grands  lobes  ;  v  c,  veine  cave. 


le  bord  interne.  G^t  organe  est  divisé  à  son  bord  externe  en  trois  lobes  principaux  et  en  un 
nombre  variable  de  lobules.  Le  lobe  supérieur,  le  plus  volumineux,  présente  une  exca- 
vation correspondant   au   bord  antérieur  du  rein  droit;  il  montre,  au-dessus  de  l'entrée  de 


CHAMKAU  A  DEUX  BOSSES  103 

la  scissure  porte,  un  petit  lobule  de  Spiegel  découpé  en  deux  languettes.  Cette  scissure  est 
couverte,  d'autre  part,  par  un  lobule  double  qui  se  renverse  sur  elle  de  dedans  en  dehors. 
Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  particulier  dans  la  forme  du  foie  des  chameaux,  c'est  la  multitude 
des  incisures  de  sa  face  postérieure,  qui  paraît  déchiquetée  et  comme  tailladée  à  coups  de 
scalpel. 

Chez  un  chameau  de  petite  taille,  cet  organe  mesurait  O^ôS  de  long  et  0'"34  de  large. 

Une  autre  particularité  très  remarquable,  mais  bien  connue,  consiste  dans  l'absence  de 
vésicule  biliaire  :  le  canal  cholédoque  ne  présente  aucun  branchement  sur  son  trajet;  il  est 
relativement  très  petit  ;  Guvier  estime  son  calibre  à  la  moitié  de  celui  de  la  brebis.  D'après  ce 
même  auteur,  il  reçoit  le  canal  de  Wirsung  avant  sa  terminaison,  qui  se  fait  non  loin  du 
pylore,  dans  le  renflement  duodénal. 

Le  pancréas  est  en  forme  de  long  triangle  (O'MO),  dont  la  base  appuie  sur  le  foie  et  le 
pilier  droit  du  diaphragme,  tandis  que  la  pointe  s'étend  dans  le  mésentère  le  long  du  duodénum. 
Le  canal  de  Wirsung  se  jette  dans  le  cholédoque  à  quelques  centimètres  de  l'intestin. 

La  rate  est  falci forme  et  de  couleur  gris  violacé  comme  celle  des  Solipèdes,  mais  elle 
est  moins  pointue  et  dépourvue  de  scissure  vasculaire.  Elle  est  couchée  horizontalement  à  la 
région  sous-lombaire  gauche,  et  incurvée  en  croissant  du  côté  du  plan  médian.  Elle  adhère 
en  avant  à  la  face  supérieure  de  la  panse,  eu  arrière  à  la  masse  terminale  du  côlon.. 

D'après  Vallon,  la  forme  de  cet  organe  chez  le  dromadaire  ne  serait  pas  celle  d'une  faulx. 
mais  d'un  ruban  étroit  et  aplati  ;  cependant  celle  que  figure  Daubenton  est  bien  telle  que  nous 
l'avons  vue  dans  les  deux  espèces  de  chameaux. Vallon  dit  en  outre  que  le  poids  de  l'organe 
n'est  que  de  300  à  350  grammes  et  que  la  rate  de  certains  dromadaires  n'est  pas  plus  grosse 
que  celle  d'un  mouton.  Les  rates  que  nous  avons  observées  chez  quatre  chameaux  ne  le 
cédaient  pas  en  volume  à  celle  du  bœuf. 


APPAREIL    RESPIRATOIRE 


CAVITÉS  NASALES 

Les  naseaiu!  sont  étroits,  allongés,  incurvés  en  dedans,  plus  ou  moins  flasques,  et  réunis 
inférieurement  sur  le  sillon  médio-labial.  En  outre,  ils  sont  peu  dilatables  :  «  dans  les  grandes 
respirations  ils  ne  sont  guère  plus  ouverts  qu'au  repos  »  (Vallon).  Les  chameaux  peuvent  en 
effet  respirer  par  le  nez  et  par  la  bouche.  Ils  respirent  même  exclusivement  par  la  voie 
buccale  quand  le  bord  libre  de  leur  long  voile  du  palais  s'est  porté  derrière  l'entrée  du  larynx. 
Les  inconvénients  ordinaires  de  ce  mode  de  respiration  sont  sans  doute  atténués  par  la 
longueur  de  la  trachée  permettant  à  l'air  de  se  mettre  rapidement  en  équilibre  de  tempéra- 
ture avec  le  corps  avant  d'arriver  au  poumon.  La  cloison  médiane  du  nez  s'étend  longue- 


104 


lîECIIl'IîCIlHS  AXATOMIOIKS  Sll!   I.KS  CAMKLIDKS 


ment  en  avant  des  os  sus-nasaux  et  s'épanouit  latéralement  pour  clore  les  fosses  nasales  à  cet 
endroit  ;  elle  porte  à  son  extrémité  les  c-artilages  des  naseaux.  Ceux-ci  ont  chacun  la  forme 
d'une  virgule  renversée;  la  partie  élargie  soutient  le  haut  de  l'aile  interne  de  la  narine;  la 

queue  de  la  virgule  se  contourne  dans  la  commissure  supérieure  et  se 
met  en  continuité  avec  l'appendice  du  cornet  maxillaire.  La 
peau  s'invaglne  profondément  dans  l'intérieur  des  narines  tout 
en  se  garnissant  de  vibrisses  qui  forment  une  sorte  de  crible 
pour  retenir  les  grains  de  sable  ou  autres  poussières  dont  l'air 
est  si  souvent  chargé.  Le  canal  lacrymal,  dit  Vallon  en  parlant 
du  dromadaire,  s'ouvre  aux  2/3  inférieurs  de  l'aile  externe,  vers 
la  ligne  de  transformation  de  la  peau  en  muqueuse. 

Quant  aux  fosses  nasales  et  aux  sinus  qui  leur  sont  annexés, 
je  n'ajouterai  rien  à  ce  qui  en  a  été  déjà  dit  en  ostéologie. 


FiG.  tJ8.  —  Naseaux. 

,  exlrémilé  de  l'os  nasal  ; 
2.  cloison  cartilagineuse, 
épanouie  latéralement  ;  3, 
H,   cartilages  des  naseaux  ; 

4,  4.  naseaux  converi^eant  â 
la  tissure  médio-labiale;   5, 

5,  lèvre  supérieure. 


LARTISX 


Le  larynx  est  placé  très  bas,  vu  l'extrême  longueur  du 
pharynx,  et  très  mobile.  Il  est  remarquable  à  première  vue  à  sa 
grande  hauteur  qui  se  trouve  encoi'e  augmentée  par  la  soudure 
du  premier  cerceau  de  la  trachée  avec  le  ci'icoïde,  soudure  qui  ne  se  fait  toutefois  que 
du  côté  dorsal  (fig.  G!*).  Le  corps  du  thyroïde  (pomme  d'Adam  chez  l'homme)  est  très 
saillant,  comme  une  crête  ;  ses  ailes  sont  à  peu  près  dé[tourvues  d'appendice  à  leur  angle 
d'union  avec  la  grande  corne  de  l'hyoïde,  tandis  qu'au  contraire  elles  s'articulent  avec  le 

cricoïde  par  un  long  prolongement.  L'épiglotte  est 
triangulaire,  à  pointe  obtuse  et  arrondie.  Les  aryté- 
noides  sont  très  allongés  et  remarquablement  souples. 
Les  articulations  du  larynx  n'offrent  rien  de 
particulier. 

Quant  aux  muscles,  je  signalerai  :  1°  l'extrême 
étendue  des  crico-arytéaoïdiens  postérieurs,  corréla- 
tive à  celle  du  chaton  cricoïdien  ;  2"  l'épaisseur  con- 
sidérable du  crico-thj'roïdien  et  du  crico-aryténoïdien 
latéral;  3°  la  grande  largeur  du  thyro-aryténoïdicn, 
qui  n'est  pas  divisé  en  ileux  parties  et  qui  est  séparé 
nettement  de  l'aryténoïdien  par  une  sorte  de  raphé 
fibreux;  4"  enfin,  le  grand  développement  en  longueur 
et  en  grosseur  de  l'hyo-épiglottique,  qui  n'est  pas  bifurqué  à  son  origine  comme  dans  le  bœuf. 
Envisagé  intérieurement,  le  larynx  ilu  chameau  montre  une  entrée  moins  allongée  que 
celui  des  Solipèdes,  au-dessus  de  laquelle  les  piliers  postérieurs  du  voile  du  palais  se  contour- 
nent pour  se  joindre.  Il  présente  en  outre  des  cordes  vocales  presque  eifacées,  très  distantes  de 
l'entrée  de  l'organe  à  cause  de  l'allongement  des  ai'yténoïdes,  et  des  ventricules  glottiques 
très  petits,  cantonnés  à  la  base  de  celles-ci. 


Fig.  G9. 


Larynx. 


Ijasi-byal  ;  2.  uro-hyal  :  3,  épiglotle;  4,  aryté- 
noides;  ."j.  cartilage  thyroïde;  tj,  cricoide,  soudé 
dorsalement  avec  le  premier  cerceau  de  la  tra- 
chée 1  ;  S,  tubercule  de  farytenoide;  he,  hyo- 
epiglottique;  a,  aryteuoiJien  ;  (.  thyro-aryténoi- 
dieu;c,  crico-aryteuoïdien  postérieur;  cl,  crico- 
aryténoïdien  latéral. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  105 


TRACHEE 


La  trachée  est  longue  de  i™30  à  1^50;  son  calibre  est  petit  mais  assez  régulièrement 
circulaire  (3  centimètres  à  peine).  Elle  comprend,  du  cricoïde  à  la  bifurcation  bronchique, 
65  cerceaux  environ;  Vallon  dit  68  ou  69  pour  le  dromadaire.  Bien  que  le  cou  de  la  girafe 
soit  plus  long  que  celui  des  chameaux,  je  n'ai  pas  lu  sans  surprise  dans  les  recherches  sur  la 
girafe  de  MM.  Joly  et  Lavocat  (Mémoires  de  la  Société  du  Muséum  d'histoire  naturelle 
de  Strasbourg,  1845),  que  ces  auteurs  «  ont  compté  200  cerceaux  à  la  trachée  de  cet  animal 
jusqu'à  la  naissance  des  bronches  » . 

BRONCHES 

Au-dessus  de  sa  bifurcation  terminale,  du  côté  droit  seulement,  la  trachée  donne  une 
division  au  sommet  du  poumon  correspondant,  division  que  l'on  trouve  dans  tous  les  rumi- 
nants et  qui  figure  une  troisième  bronche. 

POUMONS 

Les  poumons  se  distinguent  nettement  de  ceux  des  autres  ruminants  par  leur  forme  entière, 
non  découpée;  le  lobule  azj'gos  (lohus  impar)  du  poumon  droit  est  la  seule  division  que 
l'on  observe,  encore  est-il  à  remarquer  qu'il  est  petit  et  que,  d'autre  part,  il  est  commun  à 
tous  les  quadrupèdes.  Ainsi  que  dans  les  autres  ruminants,  le  sommet  de  ce  poumon  est  beau- 
coup plus  long  et  plus  développé  que  celui  du  poumon  gauche,  et  recourbé  en  avant  du  cœur  ; 
c'est  la  bronche  de  cette  partie  qui  se  détache  de  la  trachée  avant  sa  bifurcation  terminale. 

Le  cœur  est  moins  enveloppé  par  les  poumons  du  côté  gauche  que  du  côté  droit  :  c'est  la 
seule  raison  qu'il  y  ait  de  choisir  le  côté  gauche  pour  l'ausculter. 

La  texture  lobulaire  du  poumon  est  moins  manifeste  que  dans  le  bceuf. 

D'après  Vallon,  le  poumon  du  dromadaire  est  plus  petit  que  celui  des  autres  ruminants  : 
«  On  se  demande,  dit-il,  en  présence  de  ce  peu  de  développement,  quel  a  été  le  but  de  la 
nature  en  donnant  à  cet  animal  des  organes  respiratoires  aussi  petits,  aussi  peu  en  harmonie 
avec  la  nature  de  ses  services.  » —  Les  mensurations  que  nous  avons  pratiquées  sur  le  chameau 
à  deux  bosses  ne  concordent  pas  avec  cette  assertion  ;  elles  montrent  au  contraire  que  la 
poitrine  est  assez  spacieuse,  comme  en  témoignent  les  chiffres  suivants  : 

Diamètre  intérieur  vertical  au  niveau  de  la  dernière  sternêbre 0™  58 

Diamètre  transversal,  entre  les  deux  dernières  côtes 0"  52 

Diamètre  antéro-postérieur  mesuré  le  long  des  vertèbres  dorsales 0""  95 

Diamètre  antéro-postérieur  mesuré  le  long  du  sternum 0™  50 

Mais,  lorsque  la  poitrine  est  ouverte,  il  nous  a  paru  que  le  poumon  des  chameaux  se 
rétracte  extraordinairement,  ce  qui  ne  saurait  traduire  autre  chose  qu'une  extrême  élasticité 
et  une  aptitude  fonctionnelle  de  premier  ordre. 

Il  est  cependant  deux  faits  anatomiques  dont  l'explication  physiologique  nous  échappe  : 

Arch.  Mus.  —  t.  Vni.  14 


106  UECIIEUCHES  ANATOiNIIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

c'est,  d'une  .part,  le  petit  calibre  de  la  trachée  et  la  minceur  de  ses  cerceaux  ;  d'autre  part,  la 
synchondrose  des  côtes  avec  le  sternum*. 


ORGANES  ANNEXES 

Les  glandes  thyroïdes  sont  aplaties  et  allongées,  appliquées  sur  le  côté  des  cinq  ou  six 
premiers  cerceaux  de  la  trachée  et  dépourvues  d'isthme.  Elles  sont  formées  d'un  tissu  brunâtre 
et  nous  ont  paru  atrophiées  chez  presque  tous  nos  sujets.  On  remarque  à  leur  suite  de 
nombreux  ganglions  rosés,  échelonnés  sur  le  côte  de  la  trachée  sur  une  longueur  de  50  centi- 
mètres environ,  ganglions  qui  pourraient  bien  fonctionner  comme  organes  vicariants  des 
thyroïdes. 

Par  contre,  j'ai  observé  un  véritable  goitre  chez  un  dromadaire  femelle,  lequel 
déformait  toute  la  partie  supérieure  du  cou.  Cette  femelle  était  pleine  et,  chose  remarquable, 
son  fœtus,  qui  avait  à  peu  près  sept  ou  huit  mois  de  gestation,  montrait  un  goitre  en  tout 
semblable  à  celui  de  sa  mère . 

Quant  au  thymus,  nous  l'avons  observé  sur  ledit  fœtus;  il  ne  présentait  rien  de  par- 
ticulier. 


APPAREIL  DE  LA  DÉPURATION   URINAIRE 


REINS 


Les  reins  des  chameaux  ressemblent  extérieurement  à  ceux  des  moutons  et  des 
chèvres,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  simples  et  de  surface  unie  ;  leur  forme  est  assez  exactement 
celle  d'un  haricot;  leur  volume  est  considérable  ;  Vallon  donne  pour  le  dromadaire  les  poids 
de  800  grammes  pour  le  rein  gauche,  780  grammes  pour  le  droit;  j'ai  trouvé,  chez  un 
dromadaire  mâle  du  Parc  de  la  Tète-d'Or,  1085  grammes  pour  le  rein  gauche,  1120  grammes 
pour  le  droit  ;  mais  ces  poids  sont  un  peu  forts  car  lesdits  organes  étaient  congestionnés.  Le 
rein  droit  est  placé  beaucoup  plus  en  avant  que  le  gauche;  le  bord  antérieur  de  celui-ci 
est  sensiblement  au  niveau  du  bord  postérieur  de  celui-là,  ainsi  que  le  dit  Daubenton.  A  voir 
la  direction  fortement  oblique  de  l'artère  rénale  gauche,  on  dirait  que  le  rein  de  ce  côté  a 
été  refoulé  par  la  panse  jusqu'à  l'entrée  du  bassin.  La  rate  semble  avoir  éprouvé  le  même 
déplacement  par  sa  base,  car  elle  est  couchée  horizontalement  sous  les  lombes  (flg.  40).  Le 
rein  droit  s'imprime  fortement  sur  le  bord  supérieur  du  foie. 

'  Sur  la  face  externe  d'un  poumon  de  dronaadaire,  nous  avons  trouvé  un  certain  nombre  de  kystes  de  la  grosseur 
d'une  gobiUe  ou  d'une  petite  noix,  qui  étaient  constitués  par  des  bronches  en  état  d'ectasie. 


CIIAMEAr  A  DEUX  BOSSES 


107 


Les  reins  de  chameaux  présentent  une  conformation  intérieure  des  plus  singulières  qui 
n'a  été  jusqu'à  ce  jour,  à  ma  connaissance  du  moins,  ni  figurée  ni  exactement  décrite.  Au 

fond  du  hile  existe  une   cavité  pyélique  en 

^    "^  forme  de  croissant,  montrant  d'une  part  l'in- 

Wii^/!Y  '  fundibulum  de  l'uretère,  d'autre  part  im  gros 


FiG.  70.  —  Rein;  coupe  i  ongitudinale  passant  Fig.  71.  —  Ramifications  latérales  de  la  crête 

PAR    LA  crête   du  bassinet.  DU    BASSINET. 

Fig.    70.  —  Co,   couche  corticale;  m,   couclie  médullaire;   G,  crête  ou   papille  du    bassinet;  0,    inlundibulum  de   l'uretère; 
p,  muqueuse  du  bassinet;  i,  i,  2,  irradiations  de  cette  muqueuse  dans  les  diverticules  du  bassinet;  w,  uretère  ;  r, vaisseaux. 

FiG.  71.  —  1,  crêle  du  bassinet  soulevée  ;  2,  muqueuse  pyélique  avec  l'origine  de  ses  ramifications  intradiverticulaires. 

bourrelet  saillant  de  substance  médullaire  formant  une  crête  ininterrompue  comme  dans  les 
moutons  et  les  chèvres.  A  la  base  de  cette  crête,  de  chaque  côté,  on  voit  une  douzaine  île 
ramifications  ou  travées  latérales  entre  lesquelles 
le  bassinet  lance  autant  de  diverticules,  qui 
rayonnent  dans  la  substance  rénale  et  s'y  anas- 
tomosent en  un  réseau  cavitaire  complexe  et  pour 
ainsi  dire  labyrinthique.  Les  figures  70  à  73  feront 


Fig.  7J.  —  Kei>  ;  coupe  longitudinale  passant  au-dessus  Fig.  73.  —  Hki.n  ;  cnupi:  transversale  passant 

de  la  crête  du  hassinet.  par  l'origine  de  l'uretère. 

Fiq.  7?.  —  m.  irradiations  de  la  muqueuse  pyélique  dans  le  réseau  cavitaire  de  Torgane. 

Fig.  73.  —  Co,  couche  corticale;  C,  crête  du  b.issinet  ;  M,  M,  piliers  médullaires  séparant  les  diverticules  pyéliques;  i,i.  irra- 
diations de  la  muqueuse  occupant  ces  diverticules;  U,  uretère;  V,  artères  et  veines  plongeant  dans  le  hile  de  l'organe. 

connaître  ce  réseau  diverticulaire  bien  mieux  que  la  plus  longue  description.  Il  renferme  des 
irradiations  de  la  muqueuse  pyélique  curieusement  arborisées  comme  le  montre  la  figure  72, 
lesquelles  accompagnent  et  engaîneiit  les  gros  vaisseaux  jusqu'à  la  substance  corticale. 

Ainsi,  la  substance  médullaire  est  une  sorte  d'é[)onge  qui  a  le  bassinet  pour  déversoir  ; 


108  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

elle  est  donc  beaucoup  plus  divisée  que  chez  aucun  autre  animal,  malgré  que  ce  dernier  soit 
unipapillaire. 

Cette  disposition  n'est  pas  aussi  singulière  qu'elle  peut  le  paraître  de  prime  abord  ;  on  en 
trouve  la  trace  dans  tous  les  reins  unipapillaires  (moutons,  chèvres,  chiens,  chats,  soli- 
pèdes,  etc.);  on  voit,  en  effet,  la  muqueuse  pyélique,  au  lieu  de  s'arrêter  net  à  la  base  de  la 
papille  dite  crête  du  bassinet,  émettre  des  tractus  rayonnants  qui  plongent  dans  la  substance 
de  l'organe  en  accompagnant  les  gros  vaisseaux  jusqu'à  leurs  arcades  sous-corticales.  La 
différence  consiste  seulement  en  ce  que  ces  tractus  sont  enserrés  par  la  couche  médullaire  et 
beaucoup  moins  ramifiés,  de  telle  sorte  que  le  système  diverticulaire  du  bassinet  est  plus  ou 
moins  rudimentaire  et  parfois  presque  seul. 

La  capsule  fibreuse  des  reins  des  chameaux  est  remarquablement  épaisse  et  opaque  et 
en  outre  peu  adhérente. 

OR&ANES  ANNEXES 

Les  uretères  naissent  dans  le  bassinet  par  un  orifice  en  infundibulum  et  ne  présentent  rien 
de  particulier  dans  leur  trajet  ni  dans  leur  embouchure. 

La  vessie  est  mince  de  paroi,  allongée,  très  dilatable,  complètement  revêtue  de  séreuse 
comme  dans  les  autres  ruminants.  Le  péritoine  pénètre  si  loin  dans  la  cavité  pelvienne  qu'il 
enveloppe  non  seulement  ce  réservoir  mais  encore  une  grande  partie  de  l'urètre  ainsi  que  du 
vagin  et  du  rectum.  Quand  on  introduit  la  main  dans  le  bassin  par  son  détroit  antérieur,  on 
est  frappé  de  l'extrême  profondeur  des  culs-de-sac  péritonéaux.  Ajoutons  que  les  ligaments 
latéraux  de  la  vessie  sont  reportés  vers  son  plan  inférieur, 

U urètre  de  la  femelle  est  long  d'une  dizaine  de  centimètres  environ,  adhérent  à  la  paroi 
inférieure  du  vagin  dans  la  plus  grande  partie  de  sa  longueur  ;  il  renferme,  non  loin  du  méat 
urinaire,  une  valvule  muqueuse  insérée  en  bas  et  dirigée  en  arrière  qui  surmonte  un  cul-de- 
sac  oïl  le  bout  du  doigt  peut  se  loger.  Quant  au  méat  urinaire,  il  est  petit  et  plus  ou  moins 
dissimulé  sous  des  franges  muqueuses. 

U  urètre  du  mâle  sera  étudié  avec  l'appareil  générateur. 

Cavsules  surrénales.  —  Les  capsules  surrénales  sont  plus  petites  que  celles  du  bœuf. 


APPAREILS  DE    LA    GÉNÉRATION 


A.  —  MALE 

Les  testicules  des  chameaux  sont  placés  comme  dans  le  chien,  le  chat,  le  porc,  c'est- 
à-dire  dans  la  région  périnéale,  à  une  petite  distance  de  l'anus  ;  les  gaines  vaginales  et  les  cordons 
testiculaires  sont  couchés  dans  l'entre-deux  des  cuisses.  La  grande  courbure  regarde  en 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


109 


arrière,  tandis  que  le  bord  épididymaire  est  tourné  vers  la  profondeur  ;  l'extrémité  inférieure 
correspond  à  la  tète  de  l'épididynie,  la  supérieure  à  la  queue.  Le  testicule  gauche  est  ordi- 
nairement plus  saillant  que  le  droit.  Ces  organes  sont  relativement  petits;  ils  ne  dépassent 
guère  le  volume  d'un  œuf  de  poule.  Ils  montrent,  sur  une  section,  une  albuginée  n'offrant 
rien  de  particulier  et  un  tissu  propre  de  couleur  brune,  divisé  en  lobes  où  l'on  distingue 
parfaitement  les  tubes  séminifères  à  l'œil  nu. 

L'épididynie  ressemble  beaucoup  plus  à  celui  d'un  Solipède  qu'à  celui  d'un  Ruminant;  la 
partie  moyenne  est  séparée  du  testicule,  mais  lui  reste  unie  par  un  petit  frein  séreux. 

Le  canal  déférent  est  petit,  tandis  que  le  corps  vasculairedu  cordon  est  très  considérable. 

Ce  cordon  testiculaire,  constitué  es- 
sentiellement par  les  vaisseaux  et  le  canal 
excréteur,  est  extrêmement  long  à  cause 
de  la  position  tout  à  fait  postérieure  du 
testicule  et  de  l'étiroment  de  la  gaine  vagi- 
nale; il  présente,  dans  le  frein  séreux  qui 
réunit  les  vaisseaux  au  spermiducte  et  celui- 
ci  à  la  paroi  de  la  gaine  vaginale,  un  fais- 
ceau relativement  volumineux  de  fibres 
musculaires  lisses;  c'est  ce  que  H.  Bouley 
a  appelé,  dans  les  Solipèdes,  le  muscle 
blanc  du  cordon. 

Quant  aux  enveloppes  des  testicules  et 
de  leurs  cordons,  nous  nous  bornerons  à 
signaler  l'extrême  allongement  du  goulot 
de  la  gaine  vaginale  qui,  à   sa  sortie  du 

trajet  inguinal,  se  couche  horizontalement  sous  la  symphyse  du  bassin  et  ne  mesure  pas  moins 
de  40  centimètres  de  longueur,  sans  compter  la  partie  engagée  dans  le  canal  inguinal.  La 
tunique  fibreuse,  le  crémaster,  le  dartos,  le  scrotum  n'offrent  rien  de  particulier  relativement 
aux  autres  ruminants. 

Les  canaux  déférents  se  renflent  à  peine  au-dessus  de  la  vessie  tout  en  se  réunissant  l'un 
à  l'autre  par  un  frein  péritonéal  où  je  n'ai  pas  trouvé  trace  d'utérus  masculin.  Il  n'y  a 
pas  de  vésicules  séminales,  quoi  qu'en  ait  dit  Daubenton,  qui  a  pris  pour  telles  les  prostates. 

Le  canal  de  l'urètre  se  rétrécit  beaucoup  dans  la  portion  incorporée  à  la  verge  ;  il  se 
termine  sous  le  gland  à  l'extrémité  d'un  petit  appendice  taillé  en  sifflet  et  entouré  de  deux 
bouquets  de  papilles.  La  portion  membraneuse  ou  intrapelvienne  est  enveloppée  d'un 
sphincter  épais;  elle  reçoit  le  produit  d'une  prostate  ressemblant  beaucoup  à  celle  des 
Solipèdes  et  de  deux  glandes  de  Cooper  dissimulées  dans  l'épaisseur  de  la  musculature.  La 
portion  extra-pelvienne  est  couverte  à  son  origine  d'un  volumineux  muscle  bulbo-caverneux 
ou  accélérateur  qui  s'atténue  progressivement  et  finit  vers  la  première  inflexion  du  pénis.  Au 
delà,  l'urètre  disparaît  à  l'intérieur  du  corps  caverneux,  complètement  entouré  par  l'enve- 
loppe de  celui-ci,  ainsi  que  le  montre  la  figure  75  ;  ce  canal  n'a  donc  pour  paroi  propre  que 
sa  muqueuse  et  sa  couche  érectile,  cette  dernière  parcourue  par  deux  gros  sinus  veineux  qui 
lui  servent  de  déversoir. 


FiG.  74.  —  Organes  génitaux  extra-pelviens  du  mâle. 

1,  anneau  inguinal  sous-cutané;  2.  tunique  fibreuse  à  laquelle  on 
a  l'ait  une  i'enètre  pour  découvrir  les  organes  intravaginaux  ; 
3,  corps  vasculaire  du  cordon  ;  4,  canal  déférent  ;  5,  épiilidyme  ; 
(3,  testicule  ;  7,  testicule  de  l'autre  côté  recouvert  de  sa  tunique 
fibro-sereuse  ;  8,  muscles  blancs  rétracteurs  de  la  verge  ;  9,  verge 
et  sou  inflexion  sigmoïde  ;  10,  rétracteur  du  fourreau  ;  11,  pré- 
tracteur du  fourreau;  12,  orifice  en  saillie  recourbée  du  fourreau. 


no 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CA^^-:LIDÉS 


Le  corps  caverneux  ressemble  beaucoup  à  celui  du  bœuf;  il  commence  à  l'arcade  ischiale 
par  deux  racines  couvertes  chacune  d'un  épais  muscle  ischio-caverneux.  Il  montre  sur  les 
sections  une   enveloppe  épaisse  et  peu  extensible   ainsi  qu'un  cordon  fibreux  central  qui 

restreignent  singulièrement  sa  dilatation  au  moment  de  l'érection. 
La  verge  est  à  peine  aussi  grosse  que  celle  du  taureau  et 
manifestement  moins  longue  ;  elle  décrit  aussi,  à  l'état  de  repos, 
une  double  courbure  en  S  qui  s'efface  pendant  l'érection;  mais, 
tandis  qu'on  observe  cette  S  pénienne  en  arrière  des  testicules 
chez  les  Ruminants  ordinaires,  on  la  trouve,  chez  les  chameaux, 
en  avant  de  ces  organes.  Des  muscles  blancs  rétracteurs,  émanant 
de  l'anneau  suspenseur  du  rectum,  l'atteignent  au  niveau  de  sa 
deuxième  courbure  comme  dans  les  autres  Ruminants.  Le  gland 
est  allongé  transversalement,  recourbe  en  crochet  et  hérissé 
d'odontoides  à  sa  base;  l'urètre  débouche,  comme  il  a  été  déjà  dit, 
sur  un  appendice  qui  se  détache  de  la  partie  inférieure.  J'ai  ten- 
dance à  croire  que,  au  moment  du  coït,  le  gland  peut  s'engager 
dans  le  col  de  la  matrice  et  agir,  après  érection,  comme  un 
harpon,  car  l'accouplement  est  d'assez  longue  durée  chez  les 
chameaux. 

Le  fourreau  ou  prépuce  diffère  de  celui  des  Ruminants 
ordinaires  en  ce  que  son  entrée  est  percée  sur  une  forte  saillie 
cutanée  recourbée  en  arrière  et  se  détachant  sous  le  ventre  à  la 
manière  d'une  grosse  tétine.  Ce  cône  préputial  peut  se  redresser 
en  avant  ou  reformer  son  incurvation  postérieure,  grâce  à  deux 
muscles  sous-cutanés  qu'il  présente  de  chaque  côté  :  un  prétracteur 
et  un  rétracteur  ;  ces  muscles  convergent  à  sa  base  oti  ils  forment 
une  couche  rouge  de  2  à  3  centimètres  d'épaisseur  :  de  là  leurs 
fibres  rayonnent  et  s'étalent  sur  la  tunique  abdominale,  soit  du 
côté  de  l'aine  pour  le  rétracteur,  soit  du  côté  de  l'ombilic  pour  le 
prétracteur.  Celui-ci  redresse  le  fourreau,  celui-là  rétablit  son 
incurvation. 

Le  redressement  du  fourreau  s'opère  pendant  l'érection  ;  le 
coït  n'est  nullement  pratiqué  dos  à  dos  ou  croupe  à  croupe  ainsi 
qu'on  le  croit  généralement  et  que  l'avait  écrit  Pline  :  «  Coitus 
aversus  elephantis,  camelis,  tigridihus,  etc.,  qiiibus  aversa 
fienitnlia  »  (livre  X,  chapitre  lxui);  il  s'accomplit  à  la  manière  ordinaire  avec  cette  différence 
toutefois  que  la  femelle  est  accroupie.  C'est  ce  qu'Aristote  avait  déjà  remarqué,  puisqu'il  dit 
quelque  part,  dans  son  Histoire  des  animaux  :  «  Au  moment  de  l'accouplement  des  chameaux, 
la  femelle  est  assise  (c'est-à-dire  accroupie  comme  lorsqu'on  la  charge),  et  le  mâle  la  joint, 
non  en  tournant  dos  contre  dos,  mais  en  la  serrant  comme  toutes  les  autres  bétes  à  quatre 
pieds.  » 

Quant  aux  urines,  elles  sont  toujours  évacuées  en  un  jet  postérieur,  ainsi  que  dans  la 
femelle. 


FiG 


Organes  génitaux 

ISOLÉS. 


1,  vessie  unnaire  ;  2,  uretères; 
3,  canaux  déférents  ;  4,  méso 
inlerdéférentiel  ;  5.  prostate  ; 
(5, urètre  membraneux;  7,  glan- 
des de  Cowper  ;  8,  ischio-ca- 
verneux couvrant  les  racines 
de  la  vei'ge  ;  9,  bulbo-caver- 
neux  ;  10,  muscles  rètracteurs  ; 
11,  corps  caverneux.  —  A  gau- 
che de  la  figure,  bout  de  la 
verge;  1,  partie  terminale  de 
la  verge  ;  2,  gland  ;  3,  appen- 
dice urètral  ;  4,  bouquet  de  pa- 
pilles. —  A  droite  de  la  figui-e, 
coupe  de  la  verge  par  son  mi- 
lieu; 1,  axe  ribreux  central; 
2,  enveloppe  ;  3,  urètre  ;  4,  si- 
nus veineux. 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


111 


En  arrière  du  fourreau  on  remarque  quatre  petits  mamelons  disposés  deux  de  chaque 
côté  qui  représentent  des  vestiges  de  mamelles. 

La  cavité  intérieure  de  cette  enveloppe  cutanée  est  revêtue  d'une  muqueuse  pâle,  plissée, 
plus  ou  moins  pigmentée,  qui  se  réfléchit  à  son  fond  sur  la  verge  en  formant  un  bourrelet,  et 
en  tapisse  toute  la  partie  libre,  soit  une  longueur  d'une 
quinzaine  de  centimètres  à  l'état  de  non-érection. 
L'entrée  de  cette  cavité  est  très  étroite  ;  elle  permet 
juste  l'introduction  du  bout  du  doigt;  Vallon  dit  qu'elle 
est  entourée  d'une  couche  de  tissu  érectile,  mais  nous 
ne  trouvons  aucune  indication  à  ce  sujet  dans  nos 
notes.  On  n'y  voit  pas  le  bouquet  de  poils  que  l'on 
trouve  chez  les  bovins. 

B.  —  FEMELLE 

Les  ovaires  sont  petits,  de  la  grosseur  d'un  pois 
ou  d'une  noisette,  dissimulés  dans  une  sorte  de  cupule 
du  bord  antérieur  du  ligament  large  ;  leur  surface  sou- 
levée par  les  ovisacs  leur  donne  un  peu  l'apparence  d'une 
grappe. 

Les  oviductes  sont  i^elativement  longs,  car  ils  sont 
à  peu  près  rectilignes  dans  la  plus  grande  partie  de  leur 
trajet  ;  ils  sont  durs  au  toucher  et  ils  s'ouvrent  au 
fond  des  cornes  utérines  sur  une  grosse  papille  conique 
de  consistance  cartilagineuse  dont  le  microscope  révèle 
la  structure  fibreuse  condensée. 

Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  l'utérus  est  beau- 
coup plus  petit  que  celui  de  la  vache  ou  de  la  jument.  Ses  cornes  sont  extrêmement  diver- 
gentes, de  telle  sorte  qu'elles  figurent  avec  le  corps  un  T  plutôt  qu'un  Y  ;  en  outre,  elles 
sont  inégales,  la  droite  étant  plus  courte  que  la  gauche.  J'ai  mesuré  chez  un  sujet  : 

Longueur  du  corps 15  centimètres. 

—  de  la  corne  droite 15  — 

—  de  la  corne  gauche     .     .     .     .' 19  — 


FiG.  76.  —  Vue  d'ensemble  des  organes 

GÉNITAUX  DE  LA    FEMELLE. 

1,  ovaire  dans  sa  cupule;  2,  ligamentde  l'ovaire; 
3,  oviducte;  4,  papille  intra-utérine  de  l'embou- 
cliure  de  roviducte  ;  5,  cloison  intérieure  de 
l'utérus;  6,  orifice  du  col;  p,  Pf  p,  fleurs 
épanouies  étagées  ;  /*,  franges  muqueuses 
terminant  les  plis  du  vagin  ;  w,  méat  urinaire  ; 
(T,  clitoris  dans  son  capuchon. 


Vallon  donne  pour  le  dromadaire  : 

Longueur  du  corps 13  centimètres. 

—  de  la  corne  droite 7à8  — 

—  de  la  corne  gauche 12  à  13  — 

Circonférence  du  corps 12  — 


Les  ligaments  lai^ges  sont  extrêmement  amples  ;  leur  insertion  s'étend  longuement  sur  les 
flancs,  surtout  à  gauche;  ils  portent  des  ligaments  ronds  très  développés  qui  s'atténuent  de 
haut  en  bas  et  se  perdent  au  voisinage  de  l'ovaire  sans  former  appendice.  Les  ligaments 


112  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

larges  s'étendent  beaucoup  dans  le  bassin  et  se  prolongent  sur  le  vagin;  ils  s'insèrent  sur  le 
plan  inférieur  des  parties  qu'ils  fixent,  en  sorte  que  ces  parties  sont  plutôt  soutenues  que 
suspendues,  comme  on  l'observe  dans  le  bœuf. 

Lorsqu'on  ouvre  la  matrice,  on  remarque  tout  d'abord  une  cloison  médiane  qui  divise  le 
corps  jusqu'à  une  petite  distance  du  col,  comme  si  les  cornes,  beaucoup  plus  longues  à  l'inté- 
rieur qu'au  dehors,  s'étaient  accolées  avant  de  se  séparer  l'une  de  l'autre  (utérus  subseptus). 
La  muqueuse  de  cet  organe  est  plus  ou  moins  pigmentée,  livide  ou  grisâtre,  et  dépourvue 
de  toute  saillie  cotylèdonaire. 

L'orifice  de  communication  avec  le  vagin  est  un  anneau,  percé  au  centre  d'une  cloi- 
son transverse  qui  semble  produite  par  l'accolement  des  parois  des  organes  qu'elle  sépare, 
anneau  autour  duquel  rayonnent  de  nombreux  plis  muqueux  (fleur  épanouie).  Soit  en  deçà 
c'est-à-dire  dans  la  matrice,  soit  au  delà  c'est-à-dire  au  fond  du  vagin,  on  voit  d'autres  fleurs 
épanouies  ébauchant  autant  de  cols  secondaires  progressivement  décroissants  à  partir  du  col 
primaire.  Ce  cloisonnement  cervical  multiple  est  sans  doute  plus  ou  moins  accentué  suivant 
les  cas,  car  MM.  Ghauveau  et  Arloing  écrivent  que,  chez  le  dromadaire,  le  col  de  l'utérus 
est  très  long  et  entouré  de  six  couronnes  de  replis  muqueux  superposés,  durs  et  raides  à  leur 
surface. 

Le  vagin  a  une  longueur  de  30  à  35  centimètres;  toutefois,  dans  une  de  nos  femelles  qui 
était  de  petite  taille,  il  n'avait  que  26  centimètres,  vulve  non  comprise  bien  entendu.  C'est  un 
canal  très  ample  à  parois  minces  et  extensibles,  où  l'on  peut  facilement  loger  les  deux  poings 
réunis.  Sa  muqueuse  est  blanche,  légèrement  rosée,  quelquefois  grisâtre,  très  finement  plissée; 
les  plis  s'accentuent  postérieurement  et  se  terminent  à  la  limite  de  la  vulve  par  des  franges 
rougeàtres,  ébauchant  une  sorte  d'hymen;  la  démarcation  entre  le  vagin  et  la  vulve  est  ainsi 
très  nette. 

Quant  à  la  vulve  ou  vestibule  des  voies  génitales,  elle  n'a  pas  plus  de  3  à  5  centimètres  de 
profondeur;  son  orifice  d'entrée  est  très  petit;  c'est  une  fente  de  4  centimètres  environ,  située 
immédiatement  au-dessous  de  l'anus,  à  lèvres  épaisses  et  saillantes,  velues,  présentant  à 
la  commissure  inférieure  une  petite  saillie  conique  perforée  à  l'extrémité,  dont  on  fait  sortir 
par  pression  une  matière  sébacée  grisâtre,  saillie  qui  n'est  rien  autre  que  le  clitoris 
enveloppé  d'une  sorte  de  prépuce  dont  l'orifice  est  si  étroit  qu'on  se  demande  si  le  clitoris 
peut  jamais  en  sortir.  A  l'intérieur  de  la  vulve,  le  méat  urinaire,  très  petit,  permettant  à 
peine  l'introduction  du  bout  du  petit  doigt,  se  dissimule  sous  les  franges  de  l'hymen,  à 
la  partie  inférieure  de  l'organe.  Vallon  signale,  chez  le  dromadaire,  l'existence  de 
deux  petits  canaux  débouchant  latéralement,  se  dirigeant  obliquement  dans  l'épaisseur  de  la 
paroi  vaginale,  mais  qu'il  n'a  pu  suivre  au  delà  de  2  centimètres.  Nous  avons  trouvé  nous- 
même,  dans  l'une  de  nos  femelles,  aux  endroits  sus-indiqués,  deux  petits  culs-de-sac  :  c'est 
là  sans  doute  une  trace  des  canaux  de  Gœrtner  (canaux  de  AVolf)  que  l'on  observe  dans  la 
vache  et  la  truie. 

En  présence  de  l'étroitesse  extrême  de  la  vulve,  nous  nous  étions  demandé  si  la  taiUe  des 
nouveau-nés  n'était  pas  à  l'avenant.  Mais  nous  avons  trouvé  dans  Brehm  le  passage  suivant 
qui  démontre  que  la  vulve  doit  singulièrement  s'agrandir  au*  moment  de  l'accouchement  :  «  Les 
petits  naissent  les  j'eux  ouverts  et  le  corps  couvert  d'un  poil  assez  long,  mou,  épais  et  laineux, 
ils  sont  plus  grands  que  beaucoup  de  poulains  nouveau-nés,  leur  hauteur  étant  d'environ 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  113 

80  centimètres;  au  bout  d'une  semaine  ils  ont  déjà  plus  de  i  mètre  et  alors  ils  ressemblent  un 
peu  à  des  alpacas.  » 


MAMELLES 


«  Par  leur  forme  et  leur  position,  dit  Vallon,  les  mamelles  de  la  chamelle  ressemblent 
à  celles  de  la  jument,  et  par  leur  nombre  (4)  à  celles  de  la  vache.  Les  mamelons  antérieurs 
sont  notablement  plus  développés  que  les  postérieurs  et  donnent  plus  de  lait.  On  trouve  sur 
les  uns  et  les  autres  les  orifices  des  trois  canaux  galactophores  *  ». 

Bien  que  ces  mamelles  n'atteignent  jamais  le  développement  du  pis  de  beaucoup  de 
vaches,  elles  donnent  abondamment  du  lait.  «  Dans  le  Sahara  où  les  Bédouins  font  un  très 
grand  usage  du  lait  de  chamelle  pour  leur  nourriture  person- 
nelle ou  pour  celle  de  leurs  poulains,  on  ne  laisse  que  deux 
trayons  au  chamelon  ;  les  deux  autres  sont  réservés  aux  besoins 
domestiques  et  l'on  assure  qu'ils  peuvent  encore  donner  de  8  à 
10  litres  de  lait  par  jour.  Dans  le  Tell,  où  le  lait  ne  sert  ni  à 
la  nourriture  de  l'homme  ni  à  celle  du  cheval,  le  jeune  droma- 
daire le  consomme  complètement.  On  le  laisse  d'ailleurs  téter 
aussi  longtemps  qu'il  le  veut  et  il  se  sèvre  peu  à  peu  de  lui- 
même  dans  le  cours  de  la  deuxième  année.  »  (Vallon.) 

Quand  on  dépouille  la  peau  de  l'abdomen,  on  découvre 
trois  faisceaux  musculeux  de  couleur  foncée  qui  s'étendent  à 
la  surface  de  la  tunique  abdominale,  de  la  partie  antérieure 
des  mamelles  à  la  région  de  l'ombilic;  c'est  évidemment  le 
représentant  du  prétracteur  du  fourreau  du  mâle  (fig.  77). 

Nous  ne  terminerons  pas  cette  étude  des  appareils  de  la 
génération  sans  dire  quelques  mots  du  fœtus  et  surtout  de 
ses  annexes,  que    nous    avons  pu  étudier  grâce  à  l'état  de 

gestation  dans  lequel  se  trouvait  une  de  nos  femelles.  On  sait  que  les  Caméliens  se 
distinguent  parmi  tous  les  autres  Ruminants  par  leur  placenta  qui.  au  lieu  d'être  cot^lédo- 
naire  c'est-à-dire  dispersé  en  petites  plaques,  est  diffus  et  généralisé  sur  toute  la  surface  du 
chorion,  comme  dans  les  Solipèdes  et  les  Porcins.  Celui-ci  a  un  aspect  grenu,  comme  s'il  avait 
été  saupoudré  de  grains  de  semoule,  et  présente  un  grand  nombre  de  petites  mouchetures 
résultant  de  la  raréfaction  par  points  des  tubercules  placentaires.  Vallon  raconte  que  «le 
part  est  facile  chez  les  chamelles  et  que  l'homme  a  rarement  à  intervenir.  Lorsque  le  pâtre 
est  présent  à  l'accouchement,  il  déchire  les  enveloppes  fœtales  et  fait  la  ligature  du  cordon  ; 
en  son  absence,  la  femelle  se  charge  de  ce  soin.  »  Il  est  permis  de  conclure  de  ce  passage  que  le 
petit  est  expulsé  avec  ses  enveloppes,  autrement  dit,  naît  coiffé,  ce  qui  se  produit  souvent  chez 
les  femelles  à  placenta  diffus,  mais  ne  se  produit  jamais  chez  celles  qui  ont  un  placenta  cotjlé- 
donaire,  la  délivrance  de  celles-ci  so  taisant  au  contraire  très  souvent  attendre. 


Fig.  77.  —  Mameli.es. 

) ,  pis  ;  2,  muscle  ombilical  ; 
3,  vulve;  4,  anus. 


'  Je  n'ai  trouvé  moi-même  que  deux  canaux  galactophores  chez  une  femelle  de  dromadaire  examinée  spéciale- 
ment à  ce  point  de  vue. 

Arch.  Mus.  —  t.  VIU.  15 


lli  liECllKUCIlKS  ANATUMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

Le  choriou  est  lâchement  uni  aux  parties  sous-jacentes  par  un  tissu  interannexiel 
muqueux  fort  abondant. 

L'aranios  forme  un  sac  très  ample,  dans  la  paroi  duquel  on  observe  très  peu  de  plaques 
glycogéniques,  même  au  niveau  duhile. 

La  vésicule  ombilicale  disparaît  de  très  bonne  heure  sans  laisser  aucune  trace,  comme 
dans  les  autres  Ruminants. 

L'allantoïde  est  en  forme  de  boudin  suspendu  au  cordon  ombilical  par  le  canal  de 
l'ouraque,  mais  ses  deux  cornes  ne  présentent  pas  d'appendice  mortifié  à  leur  extrémité,  qui 
est  arrondie  et  volumineuse;  elles  sont  en  outre  très  inégalement  longues,  l'une  restant  en 
deçà  de  l'amnios,  l'autre  le  dépassant.  De  nombreux  petits  corps  gris  jaunâtres  flottent  dans 
le  liquide  allantoïdien.  Dans  l'œuf  que  nous  avons  disséqué,  le  boyau  allantoïdien  s'imprimait 
profondément  sur  l'amnios,  de  telle  sorte  qu'il  en  était  à  moitié  enveloppé. 

Le  cordon  ombilical  était  extrêmement  volumineux,  noyé  dans  une  abondante  gelée  de 
A\'arthon,  et  son  diamètre  augmentait  progressivement  à  partir  de  l'ombilic.  Sa  longueur 
était  d'environ  O^SO;  il  faisait  un  cii'culaire  autour   du  corps,  de  droite  à  gauche. 

En  résumé,  les  annexes  foetales  des  chameaux  ressemblent  beaucoup  à  celles  du  porc. 

Ajoutons  que  la  durée  de  la  gestation  est  d'un  an . 

L'utérus  gravide  s'avance  beaucoup  sur  la  paroi  abdominale  inférieure;  les  ligaments 
larges  sont  alors  excessivement  amples  et  épais  ;  on  voit  dans  leur  épaisseur  d'énormes 
vaisseaux  ainsi  que  de  nombreux  faisceaux  de  fibres  musculaires  lisses. 

Quant  aux  particularités  du  foetus,  voici  les  quelques  notes  que  nous  avons  prises  sur 
l'unique  sujet  que  nous  avons  observé  et  qui  avait  environ  six  à  sept  mois  de  gestation.il 
possédait  déjà  la  bosse  dorsale  bien  développée.  Abstraction  faite  de  quelques  poils  visibles  sur 
les  lèvres,  la  peau  était  glabre,  de  couleur  livide  dans  la  plus  grande  partie  de  son  étendue,, 
blanche  sur  les  membres  et  les  parties  médio-ventrales  du  corps.  Les  ongles  étaient  encore 
mous;  ils  étaient  constitués  chacun  par  deux  parties  séparées  par  un  sillon  profond  :  l'une 
distale.  très  molle,  jaunâtre  et  recourbée  en  haut,  l'autre  proximale,  plus  consistante,  de  teinte 
plombée  et  affectant  la  forme  et  la  direction  de  l'ongle  futur.  Les  coussinets  plantaires 
étaient  recouverts  d'une  peau  molle,  plissée  et  très  mobile  qui  ne  présentait  encore  aucune 
trace  de  kératinisation,  bien  qu'elle  se  ditférenciât  nettement  de  la  peau  voisine  avec  laquelle 
elle  s'unissait  au  niveau  d'une  crête  frangée.  Les  testicules  étaient  à  leur  place  dans  les 
bourses,  mais  on  voyait  un  sillon  interscrotal  très  net  témoignant  d'une  soudure  tardive  des 
replis  génitaux  à  l'endroit  occupé  par  la  vulve  chez  la  femelle. 

Le  foie  était  comme  tailladé  d'incisures.  L'estomac  avait  déjà  sa  forme  et  ses ^rrojior-f  ions- 
normales,  etc. 


CHAMKAr   A   DKUX   liOSSKS 


115 


APPAREIL  DE    LA  CIRCULATION 


CŒUR 


Par  sa  forme  générale,  le  cœur  des  chameaux  ressemble  à  celui  des  Solipèdes.  Cependant 
il  nous  a  semblé  que  le  sillon  ventriculaire  de  la  face  droite  est  beaucoup  plus  rapproché  du 
bord  postérieur  de  l'organe  que  chez  ces  derniers  animaux.  Vallon  donne  p<iur  le  dromadaire 
les  poids  suivants  : 

Mâle  II"  1 =  1400  grammes. 

Mâle  11°  2 =  l'IIS         — 

Femelle  n°l =  1310         — 

Femelle  n"  2 =  12!»0         — 

Bien  que  nous  ayons  omis  de  les  peser,  nous  croyons  pouvoir  affirmer  que  les  cœurs  do 
nos  chameaux  à  deux  bosses  étaient  beaucoup  plus  pesants, 

c'est-à-dire  proportionnés  à  la  masse  plus  grande  du  corps  ;7   ^^.- 

de  ces  animaux.  Les  chiffres  de  Vallon  nous  paraissent  ^,^,.-—  T^^ 

faibles,  même  pour  les  dromadaires.  '^;5^Ç  V            ^      I 

La  position  et  les  rapports  avec  la  paroi  costale  sont  j;j,,^^'"V^ -' -^    /  .  ^; 

les  mêmes  nue  dans  les  autres  grands  quadrupèdes  dômes-  =J     7^  >^*Sti-!i__.j'uL 

tiques,  avec  cette  différence  peut-être  que  la  surface  non  ^yj]        '^''^'^^V/''^     >^V'' 

couverte  parle  poumon  et  en  contact  immédiat  avec  la  paroi  ''^^                j;^Y   ./    1^     ^ 

thoracique  est  plus  étendue  que  dans  ces  derniers,  surtout  "îf^    r*?™V[ 

du  côté  gauche.  La  partie  la  plus  avancée  de  cet  organe  U ;  i     |  ^  / 

ne  dépasse  pas  la  3*  côte,  la  plus  reculée  ne  dépasse  pas  V     / 

la  6'';  la  pointe  repose  obliquement  sur  le  sternum  dans  fo,,\/ 

l'angle  d'insertion  du  diaphragme.  En  conséquence,  il  faut  \^j 
ausculter  l'organe  à  gauche,  à  la  partie  inférieure  de  la 

~  O  '  I  f,j,._    7g_    —    LiKUIt,    FACE    GAUCHE. 

poitrine  entre  la  3»  et  la  (3=  côte,  région  que  l'on  dégagera         ,   ^^_^^,,.^^,^  ^^^.^.  ,  ^^„,^.^„,^  ^^^^^^. 
en  faisant  porter  l'épaule  en  avant.  s'JtTÎ^^re'coi^^ites-T'!:!:^.?::^^: 

N;  •  X'      ]  i"       r  I  iiaire;  s,  vestige  du  canal  artériel; ',1,  tronc 

OUS    n  avons    rien     note    de    particulier    sur   la    COn-  aortlque;    lO,  aorte  antérieure;  ll,  aorte 

„  ,.  .,,.  •  »ii'-i  •!  i-  postérieure   (crosse);    i2,   tronc    brachial 

formation    intérieure,  si  ce  n  est  1  existence,  a  la  partie  Kauciie;  is,  ironc  iirachio-céphaiique  ; 

.  .  .,,..,  ...  Il-  1*'  artère  cervicale  supérieure;  15,  artère 

inférieure    du     ventricule    droit,  dim    pilier     du    deuxième  dorsale  ;  m,  rameau  sous-coslal  de  rartère 

dorsale;    17,  artère  vertébrale;  x,  thora- 

^enre  presque  aussi  gros  que  le  petit  doigt.  Rien  non  plus  <^'"i^«  interne;  ly,  cervicale  inférieure  ; 

^  ^  i-  oii  t_  1  20,  veine  cave  antérieure  ;  2I,  veine  pul- 

sur  la  structure.  Leuckart,  Mavor  de  Bonn,  ont  signalé  monaire  du  poumon  gauche;  2â,  chaîne 

'  '  '  o  sympathique  montrant  le  uanglioii  cervical 

dans  l'épaisseur  de  la  zone  aortique  une  petite  ossification  jj;!^™^  %!'i:l!";,Z::^.^'^ 

que  nous  avons  trouvée  nous-méme  chez  l'un  de  nos  sujets,  ''''  '  ^'''  "'"'  "iaphrogmaiique  gauche. 

mais  extrêmement  faible.  Vallon  déclare  avoir  vainement 

cherché,  chez  le  dromadaire,  les  deux  petits  os  du  cœur  que  l'on  trouve  dans  les  autres  grands 
Ruminants  domestiques.  Jeger  avait  déjà  fait  la  même  négation.  Il  est  prolialile  que  cette 


116  HECIIEUCHKS  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

particularité  est  très  sujette  à  varier  suivant  les  individus  et  surtout  suivant  leur  âge;  elle 
n'a  d'ailleurs  ]ias  l'importance  que  lui  attribuaient  les  anciens  anatoniistes,  à  commencer  par 
Galien. 

Rien  à  dire  du  péricarde. 

ARTÈRES 

L'aorte  est  disposée  comme  dans  les  autres  grands  Quadrupèdes,  c'est-à-dire  qu'elle 
décrit  une  crosse  en  quart  de  cercle  et  longe  ensuite  la  colonne  vertébrale  jusqu'à  l'entrée  du 
bassin,  oîi  elle  se  termine  par  l'artère  sacrée  moyenne  et  les  quatre  artères  iliaques.  A  son 
origine,  sur  une  longueur  de  10  centimètres  environ,  son  calibre  l'emporte  certainement 
sur  celui  de  l'aorte  du  bœuf  ou  du  cheval.  Elle  fournit  : 

Deux  artères  coronaires  ou  cardiaques  qui  n'offrent  rien  de  particulier. 

Une  aorte  antérieure  qui  se  divise  presque  aussitôt  en  les  deux  troncs  brachiaux,  aorte 
extrêmement  brève  et  parfois  même  nulle;  chez  l'un  de  mes  sujets,  les  deux  troncs  brachiaux 
naissaient  directement  de  la  crosse  aortique  par  deux  orifices  contigus  ;  s'il  fallait  en  croire 
Vallon,  telle  serait  la  disposition  normale  dans  le  dromadaire,  qui  manquerait  ainsi  d'aorte 
antérieure;  «  les  points  d'origine  des  troncs  brachiaux  seraient  séparés  par  un  petit  inter- 
valle d'un  demi-centimètre  ».  ]Mais  Daubenton  écrit  que,  dans  cet  animal,  la  crosse  de  l'aorte 
ne  jette  qu'une  branche  divisée  intérieurement  en  deux  cavités  dès  son  origine  et  se  divisant 
aussi  à  l'extérieur  à  une  très  petite  distance.  Il  y  a  donc  lieu  de  croire  que  la  disposition 
constatée  par  Vallon  était  anormale.  Sur  les  trois  chameaux  à  deux  bosses  que  j'ai  examinés, 
deux  possédaient  une  courte  aorte  antérieure;  le  troisième  n'en  avait  pas.  Rien  n'est  d'ailleurs 
plus  variable  que  la  longueur  de  l'aorte  antérieure  dans  les  Ruminants  ordinaires  et  dans  les 
Solipèdes.  J'ai  vu  plus  d'un  cheval  avec  une  aorte  antérieure  aussi  courte  que  celle  des  chameaux. 

Les  troncs  brachiaux  ont  la  disposition  ordinaire,  c'est-à-dire  que  le  droit  (tronc  brachio- 
céphalique)  est  plus  volumineux  que  le  gauche  et  donne,  en  plus  de  toutes  les  branches  fournies 
par  ce  dernier,  le  tronc  commun  des  deux  carotides  primitives;  le  premier  est  rectiligne  et 
situé  sous  la  trachée,  le  second  s'élève  sur  le  plan  latéral  de  ce  tube  en  décrivant  une  convexité 
supérieure;  l'un  et  l'autre  se  contournent  sur  le  bord  antérieur  delà  1"  côte,  au-dessous  de 
l'insertion  du  scalène,  pour  se  continuer  en  dedans  de  l'épaule  par  l'artère  humérale.  Ils 
représentent  donc  les  artères  sous-claviôres  et  axillaires  de  l'homme.  Ils  émettent  chacun 
les  branches  collatérales  suivantes  : 

Le  tronc  commun  de  la  cervicale  supérieure  et  de  la  dorsale  ;  celle-ci  sort  du  thorax 
par  le  2°  espace  intercostal,  après  avoir  donné  un  rameau  sous-costal  (artère  intercostale  supé- 
rieure de  l'homme)  dont  procèdent  deux  ou  trois  intercostales  successives,  et  se  termine  à  la 
base  du  cou  et  dans  la  région  du  garrot;  celle-là  traverse  le  i'"  espace  intercostal  en  émettant 
la  l'*  intercostale  et  s'épuise  dans  la  région  spinale  du  cou,  sans  aller  toutefois  jusqu'à  la  nuque. 

L'artère  vertébrale,  vaisseau  volumineux,  d'abord  placé  en  dedans  de  la  première  côte, 
puis  sous  l'apophyse  transverse  de  la  7°  vertèbre  cervicale,  s'engage  ensuite  dans  la  série 
des  trous  transversaires  des  vertèbres  précédentes,  trous  qui  débouchent  d'une  part  dans  le 
canal  vertébral,  d'autre  part  au  fond  des  échancrures  articulaires  antérieures  ;  elle  se  termine 
sur  le  côté  de  l'articulation  axoïdo-atloïdienne  en  s'anastomosant  par  inosculation  avec  l'artère 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  117 

rétrograde  émanant  de  l'occipitale.  Dans  son  long  trajet,  elle  fournit  un  grand  nombre  de  bran- 
ches aux  différents  organes  du  cou,  notamment  à  la  région  spinale,  et  à  la  moelle  épinière  : 

L'artère  thoracique  interne  ou  mammaire  interne,  très  volumineuse  aussi,  descend  en 
dedans  de  la  1"°  côte,  croise  la  partie  inférieure  des  côtes  sternales,  sous  le  muscle  triangulaire 
du  sternum,  et  se  termine  par  une  bifurcation  qui  donne  naissance  à  l'artère  abdominale 
antérieure  et  à  l'artère  asternale;  celle-ci  suit  l'insertion  du  diaphragme  en  dedans  du  cercle 
cartilagineux  des  fausses-côtes;  celle-là  plonge  dans  la  paroi  abdominale,  comme  cela  s'observe 
généralement.  Les  rameaux  perforants  de  la  thoracique  interne  à  destination  des  muscles 
pectoraux  sont  très  volumineux  vu  la  petitesse  de  la  thoracique  externe  dont  il  est  parlé  ci- 
dessous  ; 

La  cervicale  inférieure  naît  en  dehors  de  la  poitrine,  sur  l'inflexion  du  tronc  brachial,  et 
se  divise  bientôt  en  une  branche  ascendante  qui  s'épuise  sous  le  mastoïdohuméral  et  une 
branche  descendante  qui  descend  sur  le  membre  dans  la  région  de  l'ars  ; 

La  thoracique  externe  ou  mammaire  externe,  vaisseau  peu  volumineux,  naitsous  l'épaule 
à  l'opposé  de  la  sus-scapulaire  et  plonge  dans  les  muscles  pectoraux  parleur  face  profonde  ; 

La  sus-scapulaire  se  rencontre  avec  le  nerf  de  même  nom  dans  l'interstice  du  sus- 
épineux  et  du  sous-scapulaire  et  s'y  épuise  ; 

Enfin  la  sous-scapulaire,  dont  le  point  de  départ  marque  conventionnellement  la  con- 
tinuité du  tronc  lirachial  avec  l'artère  huraérale,  s'élève  dans  l'intervalle  des  muscles  sous- 
scapulaire  et  grand  rond,  fournit  divers  rameaux  parmi  lesquels  il  convient  de  signaler  l'artère 
du  grand  dorsal  et  la  circonflexe  postérieure  de  l'épaule,  cette  dernière  contournant  l'articula- 
tion scapulo-humérale  en  arrière  avec  le  nerf  axillaire. 

L'artère  humérale  descend  à  la  face  interne  du  liras  en  croisant  la  direction  de  l'humérus, 
longée  en  avant  parle  nerf  médian,  en  arrière  par  la  veine  homonyme;  elle  se  continue, 
sans  autre  démarcation  que  l'interligne  articulaire  du  coude,  avec  l'artère  radiale.  Elle  fournit 
la  pré-humérale  ou  circonflexe  antérieure  de  l'épaule,  une  artère  au  mastoïdo-huméral,  la 
collatérale  externe  du  coude  ou  humérale  profonde,  l'artère  principale  du  biceps  bra- 
chial, la  collatérale  interne  du  coude  ou  cubitale  donnant  un  rameau  notable  aux  fléchisseurs 
perforant  et  perforé,  enfin  la  radiale  antérieure,  que  les  anatomistes  vétérinaires  considèrent 
sans  raison  suffisante  comme  une  branche  terminale  de  l'artère  humérale.  Toutes  ces  col- 
latérales se  comportent  sensiblement  comme  dans  les  autres  grands  quadrupèdes,  ce  qui  nous 
dispense  de  les  décrire.  (Voy.  fig.  79.) 

L'artère  radiale  (radiale  postérieure  des  anatomistes  vétérinaires)  est  satellite  du 
muscle  grand  palmaire  dont  elle  suit  la  face  interne,  le  long  du  radius.  Elle  donne,  indépen- 
damment de  rameaux  innominés,  l'artère  interosseuse  de  l'avant-bras,  qui  traverse  la  face 
postérieure  du  radius,  puis  l'arcade  radio-cubitale  supérieure,  pour  se  jeter  dans  les  muscles  de 
la  face  externe.  Elle  se  termine  par  la  radio-palmaire  et  la  collatérale  du  canon  ou  palmaire 
métacarpienne. 

La  radio-palmaire  descend  à  la  surface  de  l'arcade  carpienne,  puis  se  recourbe  sous 
l'extrémité  supérieure  du  suspenseur  du  boulet,  pour  s'anastomoser  par  inosculation  avec  la 
terminaison  de  la  cubitale  et  former  l'arcade  sous-carpienne  équivalente  de  l'arcade  palmaire 
profonde  de  l'homme,  arcade  d'oii  s'échappent  quelques  rameaux  pour  le  suspenseur  du  boulet 
et  trois  interosseuses  palmaires  sans  grande  importance. 


118 


RECHERCHES  AXATOMIQUKS  SIR  LES  CAMEIJDKS 


La  palmaire  métacarpienne  ou  collatérale  du  canon  des  anatomistes  vétérinaires  est  la 

suite  véritable  de  la  radiale;  elle  traverse  la 
gaine  carpienne  avec  le  nerf  médian,  placée 
au  côté  interne  du  tendon  perforant,  en  dehors 
de  la  synoviale;  puis  elle  se  porte  sur  la  face 
postérieure  des  tendons  fléchisseurs  dans  l'axe 
du  membre,  pour  venir  se  terminer,  en  haut 
de  l'interstice  digité,  par  une  bifurcation  qui 
donne  naissance  aux  collatérales  des  doigts. 


4" 


FiG.  70.  —  Muscles,  artères  et  nerfs  de  la  face 

INTERNE  DU  MEMBRE  THORACIQUE  JUSQUVu  MÉTACARPE 


Fk;.  ho.  —  Artères  et  nerfs  de  la  mms 


FiG.  79.  —  Se,  sus-épineux;  Ss,  sous-épineux  ;  Gr,  grand  rond;  Gd,  grand  dorsal;  P.  insertion  du  pectoral  ascendaut;  Oi,coraco- 
brachial  ;  Bi.  biceps;  B»",  brachial  antérieur;  CMongue  portion  du  ({nadriceps;  V/,  vaste  interne  du  même;  R2,  extenseur 
radial  du  métacarpe;  Pa/,  grand  palmaire  ;  G/,  cubilal  interne  ;  Ce.  cubital  externe;  Pe,  perforé;  I,  terminaison  de  l'art, 
axiliaire  ;  2.  art.  sus-scapulaire  ;  3,  art.  sons  scapulaire  :  4.  arl.  du  grand  dorsal;  5.  art.  circonflexe  antérieure  de 
l'épaule:  6,  art.  innommée  se  distribuant  principalement  au  mastuido-humeral  ;  7.  collatérale  externe  du  coude;  S,  art. 
principale  du  biceps:  9.  collatérale  interne  du  coude;  10,  rameau  de  cette  artère  pour  les  m.  fléchisseurs  des  phalanges; 
11,  20.  nerf  médian;  12,  art.  des  muscles  anli-hrachiaux  postérieurs;  13,  art.  radiale;  14.  art.  radio-palmaire  ;  15,  art. 
palmaire  métacarpienne  ou  collatérale  du  canon;  10,  nerf  radial  ;  17,  anastomose  du  brachial  antérieur  et  du  médian; 
18,  nerf  cubital  ;  19,  origine  du  nerf  brachial  cutané  interne  :  21.  nerf  axilbire  ;  22.  nerf  du  grand  rond  ;  23.  nerf  du  grand 
dorsal  ;  24,  nerf  sus-scapulaire. 

FiG.  80.  —  Pf,  m.  perforé;  Ce,,  m.  cubital  externe,  S.  suspenseur  du  boulet  ;  arc.  arcades  sésamoidiennes;  Pa.  perforant; 
f,  terminaison  du  grand  palmaire  ;  1,  art.  radiale;  2,  art.  radii)-palmaire  ;  3,  art.  palmaire  métacarpienne  ;  4,  art.  collatérales 
des  doigts  ;  5,  tronc  de  réception  des  interosseuses  ;  6.  nerf  médian  ;  7.  sa  bifurcation  terminale  donnant  les  nerfs  palmaires  ; 
8,  anastomose  entre  ces  derniers;  9.  bifurcation  des  nerfs  palmaires  donnant  les  nerfs  collatéraux  des  doigts:  10,  art. 
cubitale  avec  le  nerf  de  même  nom. 


Elle  donne,  en  bas  du  métacarpe,  un  rameau  assez  volumineux  qui  s'engage  perpendiculaire- 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


119 


ment  dans  les  angles  de  bifurcation  des  tendons  fléchisseurs  et  du  suspenseur  du  boulet  et  se 
ramifie  sur  la  face  postérieure  de  l'os  canon,  où  elle  reçoit  la  terminaison  des  interosseuses. 

Les  artères  collatérales  des  doigts  ou  artères  digitales  longent  le  côté  concentrique  de 
chaque  doigt,  pénètrent  dans  l'un  des  trous  de  la  base  des  phalangettes  et  se  terminent  dans 
les  tissus  sous-ongulés.  Chemin  faisant,  elles  donnent  divers  rameaux  parmi  lesquels  il  faut 
signaler  celui  du  coussinet  plantaire  et  un  autre  rappelant  de  tous  points  l'artère  perpendiculaire 
de  Percivall  des  Solipèdes. 

Les  carotides  primitives  procèdent,  par  un  tronc  commun,  long  d'environ  10  centimètres, 
du  tronc  brachial  droit  que  l'on  désigne  souvent  pour  cela  sous  le  nom  de  tronc  brachio- 
céphalique;  elles  montent  le  long  de  la  trachée,  de  chaque  côté  de  son  plan  supérieur,  ainsi 


.jr 


FiG.  81. 


Artères  profondes  de  la  tète 


a,  ligament  cervical;  b,  ^rand  complexus;  c,  pelit  complexus  tle  la  tète;  c'  petit  complexus  de  l'atlas;  d,  traclièlo-utloïdien  ; 
d\  grand  droit  antérieur  de  la  tète  ;  e,  ^nand  oblique  de  la  tête;  f,  petit  oblique  ;  g.  stylo-glosse  ,  /t,  l)asio-glosse  ;  i,  génio- 
glosse  ;  j,  génio-liyoïdien  ;  Â,  mylo-hyoïdien  ;  /,  glandules  sublinguales;  ?»..  constricteur  supérieur  du  j)harynx;  n,  péri- 
staphylin  externe;  o.  périslaphylin  interne;  p,  paroi  musculaire  du  [)haryns  ;  q^  muscle  hyo-thyroiiiien  ;  r,  terminaison  du 
sterno-thyroidien;  s,  crico  thyroïdien  ;  t.  œsophage;  u,  partie  supérieure  de  la  glande  thyroïde;  r\  bulle  tynipanique  ; 
J'.  origine  du  digastrique  ;  y.  trou  grand  rond;  j,  trou  optique;  1,  carntide  primitive;  2.  art.  thyro-laryngienne  ;  ^.  art. 
occipitale  ;  4.  carotide  interne;  5,  art.  mas'oidieiine  sous  le  muscle  petit  oblique  /",  qui  a  été  réséqué;  6.  art.  linguale  ;*.  art. 
faciale  ;  8,  art.  auriculaire  postérieure  ;  9.  art.  maxillaire  interne,  suite  de  la  carotide  externe  ;  10.  art.  dentaire  intérieure; 
il,  art.  spheno  épineuse  ;  13.  art.  temporale  profonde  postérieure;  13.  art.  nasale  ou  sphéno-palatine  ;  14.  orbite  au  fond  de 
laquelle  on  voit  la  maxillaire  interne  dans  la  gouttière  précédant  le  canal  dentaire  ;  1.^,  art.  sous-orbitaire,  suite  de  la  maxil- 
laire interne. 


que  d'habitude,  jusqu'à  la  partie  inférieure  du  pharynx,  ou  elles  se  terminent  chacune  parla 
carotide  externe,  la  carotide  interne  et  l'occipitale,  la  première  faisant  suite  au  tronc,  les  deux 
autres  figurant  plutôt  des  collatérales. 

Les  carotides  primitives  avec  les  veines  jugulaires  qui  les  accompagnent  sont  abritées 
en  dedans  des  apophyses  transverses  cervicales  et  des  muscles  intertransversaires;  elles  ne 
ileviennent  accessibles  qu'en  haut  du  cou.  au-dessus  du  prolongement  costellaire  de  la  troi- 
sième cervicale;  encore,  k  cet  endroit,  la  carotide  ne  tarde-t-elle  pas  à  s'engager  sous  l'omo- 
hyoïdien,  en  se  séparant  de  la  jugulaire  externe  qui  reste  à  la  surface  de  ce  muscle. 

Cette  artère  donne,  pendant  son  long  trajet,  de  nombreux  rameaux  innominésaux  organes 
voisins,  plus  une  artère  thyro-laryngienne  assez  ¥olumineuse  qui  se  détache  perpendiculaire- 
ment, en  regard  de  l'extrémité  supérieure  de  la  glande  thyroïde. 


120  Ul-CIlKltClIES  AXATOMKJUES  SLU  LES  CAMÉLIDÉS 

L'artère  occipitale  se  comporte  comme  chez  les  Solipèdes,  c'est-à-dire  qu'elle  monte  au 
devant  de  l'atlas,  traverse  le  trou  de  conjugaison  de  cette  vertèbre  et  se  termine  par  l'occipito- 
musculaire  et  la  cérébro-spinale,  cette  dernière  se  joignant  à  son  homologue  de  l'autre  côté 
pour  donner  le  tronc  basilaire  et  la  spinale  médiane. 

L'occipitale  fournit  une  ou  deux  petites  artères  pré-vertébrales,  l'artère  mastoïdienne 
qui  gagne  le  conduit  temporal  par  le  trou  mastoïdien  et  se  distribue  aux  méninges  crâniennes, 
enfin,  la  rétrograde  qui  traverse  le  trou  transversaire  de  l'atlas  et  reçoit  par  inosculation  la 
terminaison  do  la  vertébrale.  Je  fais  abstraction  de  divers  rameaux  innominés  pour  la  glande 
maxillaire  et  les  muscles  voisins. 

L'artère  carotide  interne,  qui  fait  défaut  dans  les  Ruminants  ordinaires,  se  trouve  dans 
les  chameaux,  mais  très  faible,  à  peine  plus  grosse  que  la  prévertébrale  ;  elle  se  jette  dans  le 
réseau  admirable  àelAh^se  an  cvkwe,  après  avoir  traversé  le  trou  carotidien  et  la  scissure 
carotidienne.  (Voir  Ostéologie.) 

La  carotide  externe  ne  se  distingue  pas  de  la  maxillaire  interne;  elle  s'étend  en  effet 
jusqu'à  l'entrée  du  canal  dentaire  supérieur.  Par  son  volume  et  sa  direction,  elle  est  la  suite 
véritable  de  la  carotide  primitive  ;  elle  passe  entre  le  muscle  stylo-hyoidien  et  la  grande  branche 
de  l'hyoïde  et  s'élève  presque  en  ligne  droite  vers  la  cavité  orbitaire,  en  passant  sous  une 
petite  lame  osseuse  qui  l'assujettit  contre  la  base  de  l'apophyse  ptérygoïde  et  qui  est  une  trace 
du  conduit  sous-sphénoïdal  ou  conduit  ptérygoïdien  du  cheval  et  du  chien.  Avant  d'atteindre 
le  canal  dentaire,  ce  vaisseau  se  loge  dans  la  profonde  gouttière  qui  en  précède  l'entrée  sur 
la  paroi  inférieure  de  l'orbite.  A  l'état  d'artère  dentaire  supérieure,  il  vient  sortir,  encore 
volumineux,  par  le  trou  sous-orbitraire  et  s'épuiser  à  l'extrémité  de  la  mâchoire  supérieure. 

Ainsi  comprise,  la  carotide  externe  fournit  : 

a)  L'artère  linguale,  qui  se  détache  dans  l'intervalle  du  stylo-hj'al  et  du  muscle  stylo- 
hyoïdien  et  émet  la  pharyngienne  à  son  origine  ; 

h)  L'artère  faciale  qui  prend  naissance  à  angle  obtus,  tout  près  de  la  linguale,  sous 
l'extrémité  inférieure  de  la  glande  parotide,  et  se  divise  bientôt  à  la  surface  du  masséter  en 
deux  artères  coronaires  :  une  inférieure  suivant  le  bord  inférieur  de  la  branche  maxillaire  à 
2  centimètres  de  distance  environ,  accompagnée  d'une  veine  et  d'un  rameau  du  facial,  et 
venant  se  perdre  dans  le  tissu  de  la  lèvre  inférieure;  une  supérieure  montant  obliquement  sur 
le  masséter,  passant  ensuite  sous  les  muscles  zygomatique  et  lacrymal,  et  se  terminant  sur  le 
chanfrein  et  l'aile  du  nez.  L'artère  faciale  donne  en  outre,  à  titre  de  collatérales,  les  deux 
artères  auriculaires.  L'auriculaire  postérieure  procède  de  l'origine  même  de  la  faciale  et  je 
suppose  que  souvent  elle  doit  naître  isolément.  L'auriculaire  antérieure  se  détache  sous  le 
])i:ird  antérieur  de  la  parotide  et  donne  sur  son  trajet  une  transversale  de  la  face  ; 

c)  L'artère  dentaire  inférieure  ; 

d)  L'artère  sphéno-épineuse,  volumineuse  branche  qui  entre  aussitôt  dans  le  cràue  en 
passant  par  le  trou  ovale  et  alimente  le  réseau  admirable  ; 

c)  L'artère  temporale  profonde  postérieure,  dont  se  détache  un  gros  rameau  pour  le 
ptérygoïdien  et  le  masséter  ; 

f)  L'artère  temporale  profonde  antérieure  ; 

g)  Une  artère  dite  génératrice  du  réseau  admirable,  qui  pénètre  dans  le  crâne  par  le  trou 
grand  rond  et  se  jette  dans  ledit  réseau. 


ClIAMKALi  A  DKUX  BOSSES 


121 


h)  L'artère  ophthalmique,  qui  montre  sur  son  trajet  un  réseau  admirable  comme  dans  le 
bœuf; 

i)  L'artère  nasale  ou  spéno-palatine,  pénétrant  parle  trou  de  même  nom  ; 

j)  Une  petite  artère  palatine,  se  détachant  de  la  précédente  pour  s'engager  dans  le  con- 
duit palatin. 

Le  réseau  admirable,  situé  sur  le  plancher  delà  cavité  crânienne,  occupe  le  repli  pitui- 
taire  de  la  dure-mère  et  s'étend  du  trou  occipital  au  trou  grand  rond.  11  a  pour  artères  affé- 
rentes les  carotides  internes,  les  sphéno-épineuses  et  les  artères  dites  spécialement  généra- 


FiG.  82.  —  Muscles,  vaisseaux  et  nerfs  superficiels  de  la  tête 

a,  bifurcation  du  nerf  fa^-ial;  6,  artère  faciale;  c,  artère  coronaire  supérieure;  d.  artère  corotiaire  iafe'rieur  ;  f.  veine  jugulaire 
externe,  en  dedans  de  laquelle  on  voit  l'artère  carotide  primitive;  /'  glaLidesmolairesitil'erieures;  //s,  ganj^lions  de  l'au.iie  ;  1,  mus- 
cle grand  zygomatique;  2,  muscle  lacrymal;  3,  releveur  conmiun  de  l'aile  du  nez  et  de  la  lèvre  supérieure  ;  4,  canin  ;  5,  releveur 
propre  de  la  lèvre  supérieure  contbndu  avec  le  précédent;  G,  labial  ;  7,  nsorius  de  Santorini  ;  8,  buccinateur  ;  'J,  masséter; 
10,  crotaphite;  11.  ligament  cervical;  12,  î,'rand  complexus  ;  13,  petit  coraplexus  de  la  tête;  14.  [letit  complexus  de  l'atlas; 
15,  tracliélo-atloïdien  ;  16,  grand  droit  antérieur  de  la  tète  disparaissant  sous  la  glande  maxillaire;  17.  omo-hyoïdien;  18,  sterno- 
mastoïdien  ;  18',  sa  terminaison  sous  la  parotide;  lit,  sterno-tbyroulieu;  20,  hyo-tbyroidien;  21,  cricu-tbyroidien  ;  22.  digas- 
trique  ;  23.  grand  oblique  de  la  tète. 


trices  du  réseau  admirable  ;  —  pour  branche  efférente,  le  tronc  commun  des  artères  cérébrales. 
Celles-ci  se  distinguent  en  cérébrale  antérieure,  cérébrale  moyenne  et  cérébrale  postérieure; 
elles  ne  présentent  d'autre  part  rien  de  particulier. 

Si,  pour  des  raisins  d'analogie,  on  voulait  distinguer  une  artère  maxillaire  interne,  on 
pourrait  prendre  pour  démarcation  le  point  d'origine  de  la  faciale  et  désigner  sous  ce  nom 
le  tronc  qui  s'étend  entre  ce  point  et  l'entrée  du  canal  dentaire  supérieur. 

Nous  avons  parcouru  tout  le  domaine  d'irrigation  des  troncs  brachiaux.  Continuons 
l'étude  des  branches  collatérales  de  l'aorte. 

Les  artères  intercostales  sont  disposées  comme  dans  lesautres  ruminants  et  les  solipédes. 
11  n'y  a  que  les  sept  ou  huit  dernières  qui  émanent  de  l'aorte  ;  les  autres  proviennent  soit  de 
la  cervicale  supérieure,  soit  de  la  dorsale  et  de  son  rameau  sous-costal. 

Les  artères  lombaires  et  les  artères  diaphragmatiques  ne  nous  ont  rien  montré  non  plus 
de  particulier. 

Je  ne  trouve  rien  dans  mes  notes  sur  le  tronc  broncho-œsophagien  :  existe-t-il  comme 

Arch.  Mus.  —  t.  VllI.  lli 


122 


liKCIIEHCIIKS  AXATOMIQLES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


dans  les  autres  ruminants  et  lessolipèdes?Les  artères  bronchiques  elles  œsophagiennes  pren- 
nent-elles naissance  séparément?  C'est  ce  que  je  ne  puis  dire  et  ce  qui  n'a  d'ailleurs  pas 
grande  importance. 

Le  tronc  cœliaque  est  environ  deux  fois  plus  volumieux  que  l'artère  grande  mésen- 
térique.  Ilnaîtà  la  sortie  de  l'aorte,  entre  les  deux  piliers  du  diaphragme  et  se  divise,  après 
un  trajet  descendant  de  2  ou  3  centimètres,  en  une  artère  hépatique  et  un  tronc  gastro-splé- 
nique.  L'artère  hépatique  se  porte  à  droite  en  longeant  la  face  supérieure  du  pancréas,  auquel 
elle  abandonne  plusieurs  rameaux  et  gagne  la  scissure  porte  du  foie  ;  mais,  avant  de  péné- 
trer dans  cette  scissure  elle  donne  l'artère  pyloriqueet  l'artère  gastro-époploique  ou  récurrente 
de  la  caillette,  cette  dernière  émettant  à  son  tour  la  duodénale.  Le  tronc  gastro-splénique  se 
distribue  d'une  manière  assez  compliquée,  représenté  figure  58.  Arrivé  sur  la  panse,  à 
quelque  distance  en  arrière  du  cardia,  il  se  divise  en  trois  branches  :  1°  l'artère  gauche  du 
rumen;  2"  l'artère  splénique  dont  se  détache  l'artère  droite  du  rumen,  elle-même  subdivisée  ; 
3°  letron(-  commun  des  deux  artères  de  la  caillette,  tronc  qui  émet  en  outre  l'artère  du  hile  de 

la  panse  et  l'artère  antérieure  du  rumen  ; 
chacune  des  artères  de  la  caillette  donne 
elle-même  une  artère  au  réseau. 

En  poursuivant  le  mode  de  dis- 
tribution des  artères  de  la  panse  qui 
ahmentent  les  régions  gaufrées,  ou  celui 
des  artères  du  réseau,  j'ai  pu  m'assurer 
que  la  vascularisation  est  là  particulière- 
ment riche  et  remarquablement  or- 
donnée :  les  vaisseaux  suivent  les  travées 
musculaires  interalvéolaires  et  se  rami- 
fient exactement  comme  elles. 

L'artère  grande  mésentérique  prend 
naissance   sur  l'aorte   à  1    ou   2  centi- 
mètres en   arrière  du  tronc  cœliaque  ; 
elle  décrit  un  long  trajet  arci forme  dans 
l'épaisseur  du  grand  mésentère  en  émet- 
tant: 1°  une  douzaine  de  branches  à  destination  de  l'intestin  grêle;  2°  le  tronc  commun  de 
l'iléo-cœcale,  de   la  cœcale  et  de  la  colique.    Celte  distribution  est  exactement  la  même 
que  dans  les  bœufs,  les  moutons  ou  les  chèvi'es. 

L'artère  petite  mésentérique  prend  naisssance  tout  à  fait  à  la  terminaison  de  l'aorte  ou 
même  après  l'émission  des  iliaques  externes;  elle  se  jette  sur  la  fin  du  colon  et  sur  le  rectum 
qu'elle'  suit  jusqu'à  l'anus,  où  elle  s'épuise  en  rameaux  hémorroidaux. 

Les  artères  rénales  naissent  à  peu  près  en  regard  l'une  de  l'autre,  mais  tandis  que  la 
droite  a  une  direction  perpendiculaire,  la  gauche  effectue  un  long  trajet  oblique  ;  celle-ci 
donne  deux  branches  collatérales  à  la  rate,  ainsi  qu'il  est  représenté  figure  40. 

Les  artères  grandes  testiculaires  du  mâle  ou  utéro-ovariennes  de  la  femelle  se  détachent 
de  l'aorte  à  8  ou  10  centimètres  de  sa  terminaison,  elles  ont  la  même  distribution  que  dans  les 
autres  animaux. 


FiG.  83.  —  Intestin  urkle.  c.ecum  et  leurs  artères 

ig.  circonvolutions  de  l'intestin  grêle;  il,  iléon;  Cvc,  crecum  ; 
Co,  origine  du  côlon;  M,  grand  mésentère;  1.  i,  artère  grande 
mésentérique  ;  2,  tronc  commun  de  la  colique  3,  de  la  c:ecale  5  et 
de   l'ileo-cïccale  6, 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


123 


FiG.  84.  —  Coupe 

SCHÉMATIQUE  DE  LA  QDEUE 

1,  vertèbre;  2,  2,  muscles 
releveurs;  3,  3,  muscles 
ahaisseurs  ;  4,  arlére 
coccygienne  médiane  ; 
5,  5,  artères  coccygien- 
nes  supérieures. 


L'aorte  se  termine  sous  la  dernière  vertèbre  lombaire  et  sous  l'articulation  lombo-sacrée 
par  cinq  branches  :  les   iliaques  externes,  les  iliaques  internes,  et  la  sacrée  moyenne. 

La  sacrée  moyenne  est  presque  aussi  volumineuse  que  les  iliaques  internes  :  c'est  une 
véritable  aorte  sacro-coccygienne,  se  prolongeant  dans  le  plan  médian  jusqu'au  bout  de  la 
queue  en  s'épuisant  progressivement  par  émission  de  nombreux 
rameaux.  En  l'absence  des  sacrées  latérales,  c'est  elle  qui  donne  aux 
trous  sous-sacrés.  Remarquons  en  passant  que  la  queue  est  longée  par 
trois  vaisseaux  :  i°  la  sacrée  moyenne,  devenue  coccygienne  médiane, 
qui  occupe  son  plan  inférieur;  2°  deux  autres  artères  plus  petites 
situées  sur  les  cotés  de  la  face  supérieure  des  vertèbres  et  couvertes 
par  les  muscles  sacro-coccygiens  supérieurs  et  latéraux;  ces  der- 
nières se  constituent  dans  les  gouttières  sus-sacrées  par  jonction  de 
rameaux  issus  des  trous  sus-sacrés  ;  elles  sont  renforcées  de  proche  en 
proche  par  des  divisions  de  la  coccygienne  médiane. 

L'iliaque  interne  (fig.  85)  se  continue  bien  au-delà  du  col  de  l'ilium,  tout  le  long 
de  la  crête  sus-cotyloïdienne,  et  se  termine  non  loin  de  la  petite  échancrure  sciatique  par 
l'ischiatique  et  la  honteuse  interne;  la  première  traverse  le  ligament  sacro-sciatique  pour 
se  jeter  dans  les  muscles  ischio-tibiaux;  la  seconde  se  distribue  à  la  manière  ordinaire. 
Cette  iliaque  fournit  sur  son  trajet  :  l'artère  ombilicale  s'oblitérant  après  la  naissance,  l'artère 
fessière,  le  tronc  commun  de  l'utérine  et  de  la  vaginale  chez  la  femelle,  l'artère  iliaco-muscu- 
laire,  enfin  l'artère  obturatrice,  qui,  sans  être  aussi 
rudimentaire  que  dans  les  bovidés,  est  beaucoup 
plus  faible  qu'elle  n'est  représentée  sur  la  figure  85. 

L'artère  iliaque  externe  (voy.  fig.  40)  descend 
comme  d'ordinaire  sur  le  côté  du  détroit  antérieur 
du  bassin,  traverse  l'anneau  formé  par  les  deux 
branches  d'origine  du  couturier  et  entre  dans  la  ré- 
gion de  la  cuisse  en  prenant  le  nom  d'artère  fémo- 
rale. Elle  émet  deux  circonflexes  iliaques,  au  lieu 
d'une,  et,  à  sa  continuité  avec  la  fémorale,  donne, 
en  un  tronc  commun,  la  fémorale  profonde  et  la 
prépubienne,  qui  ne  présentent  rien  de  particulier. 

La  fémorale  (voy.  fig.  18)  longe  le  bord  antérieur  du  pectine,  couverte  par  le  couturier, 
croise  l'extrémité  inférieure  du  pectine  et  de  l'adducteur  de  la  cuisse  et  s'engage  entre 
ce  dernier  muscle  et  le  demi-membraneux,  derrière  le  fémur,  ou  elle  se  continue  par  la 
poplitée.  Elle  donne  comme  d'habitude  la  fémorale  profonde  et  la  prépubienne  dont  il  a  été 
parlé  ci-dessus  à  propos  de  l'iliaque  externe,  la  grande  musculaire  antérieure,  les  petites  mus- 
culaires, la  grande  anastomotique  et  la  saphène.  Cette  dernière  mérite  tout  particulièrement 
d'attirer  l'attention,  vu  son  volume  tout  a  fait  insolite  qui  en  fait  la  principale  artère  de 
l'extrémité  du  membre  •  ;  elle  se  continue  en  effet  au  niveau  du  creux  du  jarret  interne  par 
l'artère  collatérale  du  canon  sur  laquelle  nous  allons  bientôt  revenir. 


FlG.  85.   —  ARTÈRES    DE   l'iNTÉRIEUR   DU   BASSIN 

1,  ombilicale;  2,  tronc  commun  de  l'utérine  et  de  la 
vaginale;  3,  lessiere  ;  4,  suite  de  l'iliaque  interne; 
5,  honteuse  interne.  L'antre  brandie  de  terminaison 
de  l'iliaque  interne  traverse  le  ligament  sacro-scia- 
tique et  n'est  autre  que  l'ischiatique  ;  6.  iliaco-mus- 
culaire;  7,  obturatrice. 


'  La  saignée  de  la  veine  satellite  doit  Otre  pouf  cela  absolument  proscrite. 


124 


UECHEUCIIES  AXATOMIQUES  SUIJ  Ll-lS  CAMÉLIDÉS 


Lapoplitée  i  voy.  ûg.  50),  suite  de  la  fémorale,  passe  entre  les  deux  ventres  des  jumeaux 

de   la   jambe,  puis  derrière  l'articulation   fémoro-tibiale,    enfin    sous  le  muscle  du  même 

nom.   Elle  donne,  vers  le  milieu  de  sa  longueur,  l'artère  tibiale  postérieure  qui  s'épuise  dans 

les  muscles  couvrant  la  face  postérieure  du  tibia,  et  elle  se  continue  par  la  tibiale  antérieure 

qui  descend  sur  ]a   face   antéro-externe  du  tibia  et  se  poursuit  au 

delà    par   une   pédieuse  sans    importance  dont    émane  une  branche 

perforante  qui  traverse  le    tarse    entre  le   calcaneum   et  l'astragale 

et    vient    former    une    arcade    sous-tarsienne    en  s'inosculant    avec 

un  rameau  de  la  collatérale  du  canon,  arcade  d'oii  s'échappent  deux 

ou    trois  interosseuses  plantaires    disposées    exactement  comme   au 

membre  antérieur. 

La  collatérale  du  canon,  suite  de  la  saphène,  reste  donc  le 
seul  tronc  qui  porte  le  sang  jusqu'à  l'extrémité  digitée.  Elle  est 
d'abord  située  en  dedans  du  tarse,  dans  le  creux  du  jarret,  puis  elle 
contourne  le  bord  interne  des  tendons  fléchisseurs  et  se  place  sur  le 
milieu  de  leur  face  postérieure,  jusqu'au  niveau  du  boulet  où  elle  se 
termine  par  une  bifurcation  qui  donne  naissance  aux  collatérales  des 
doigts.  Elle  répète  donc  très  exactement  l'artère  homonyme  du  membre 
antérieur. 

Elle  émet  dans  son  trajet  les  rameaux  suivants,  dignes  demention  : 
une  artère  tarsienne,  une  artère  entrant  dans  la  constitution  de  l'arcade 
sous-tarsienne,  enfin  le  tronc  de  réception  des  interosseuses. 

Quant  aux  artères  collatérales  des  doigts,  elles  ne  se  distinguent 
pas  de  celles  du  membre  antérieur. 

Arlcre pulmonaire.  —  Le  tronc  de  la  petite  circulation  n'offre 
rien  de  particulier.  Le  ligament  qui  l'unit  à  la  crosse  de  l'aorte  et 
qui  représente  le  canal  artériel  oblitéré  est  très  grêle,  presque 
filamenteux. 

Telle  est  la  disposition  du  système  artériel  que  nous  avons  cons- 
tatée sur  deux  chameaux  à  deux  bosses  ;  nous  l'avons  décrite  très 
succinctement,  car  il  suffisait  de  faire  ressortir  les  différences  relatives 
aux  ruminants  ordinaires.  Au  reste,  les  figures  intercalées  dans  le 
texte  sont  suffisamment  explicites. 


l'iG.  86.  — Artères  ET 

NERFS    DE    LA     RÉGION 
TARSO-.MKTATARSIENNE 

1,  artère  plyntaire  ou  col- 
iatérale  du  canon  ;  2.  ar- 
tère interne  du  tarse  ; 
3.  tronc  commun  des 
iiiterosseuses;  4,  tronc 
de  réception  des  interos- 
seuses ;  5,  nerf  grand 
scialique  ;  6.  G,  nerfs 
plantaires;  7,  anasto- 
mose entre  les  nerl's 
plantaires;  8,  nerfs  coi- 
latéraux  des  doigts  for- 
més par  bifurcation  de 
ciiaciin  des  nerfs  plan- 
taires. 


VEINES 


Après  l'étude  que  nous  venons  de  faire  des  artères,  il  serait  superflu  de  nous  étendre  sur 
les  veines,  d'autant  plus  qu'elles  sont  essentiellement  disposées  comme  dans  les  ruminants 
ordinaires.  Je  me  bornerai  à  signaler  le  calibre  énorme  de  la  jugulaire  externe  qui,  gonflée 
de  sang,  atteint  facilement  le  volume  du  poignet  d'un  homme;  au  dire  de  Vallon,  ce  calibre 
est  plus  du  double  de  celui  de  la  jugulaire  du  breuf  ;  estinntion  un  peu  exagérée. 

Cette  veine  suit  la  carotide  en  dehors,  abritée  comme  elle  sous  les  longues  apophyses 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES  125 

transverses  des  vertèbres  cervicales  ;  elle  n'est  accessible  pour  la  saignée  que  tout  en  haut 
du  cou,  au-dessus  de  la  troisième  cervicale  ;  à  cet  endroit,  elle  est  séparée  de  l'artère  par 
le  muscle  omo-hyoïdien. 

La  jugulaire  interne  ou  profonde  n'est  guère  plus  volumineuse  que  chez  le  bœuf;  elle 
se  jette  dans  l'e.vterne  un  peu  au-dessous  du  milieu  de  la  longueur  du  cou. 

Les  veines  superficielles  des  membres,  la  veine  sous-cutanée  thoracique  ou  veine  de 
l'éperon,  les  mammaires,  les  veines  des  cavités splanchniques,  sont  disposées  comme  dans  les 
autres  ruminants.  Les  autres  suivent  les  artères. 


LYMPHATIQUES 

Je  ne  trouve  rien  dans  mes  notes  touchant  les  vaisseaux  et  les  ganglions  lymphatiques. 
J'en  conclus  qu'ils  n'offrent  rien  de  bien  particulier. 


SA-\& 

Vallon  rapporte  qu'il  a  sacrifié  par  effusion  de  sang  quatre  dromadaires,  deux  mâles  et 
deux  femelles,  tous  dans  un  état  de  maigreur  assez  prononcé  :  les  mâles  lui  donnèrent 
23  kg.  880  de  ce  liquide,  les  femelles  21  kg.  500.11  constata  en  outre  que  ce  sang  commence 
à  se  coaguler  au  bout  de  six  minutes  et  qu'il  est  complètement  coagulé  deux  minutes  après. 
Au  bout  de  cinq  heures,  le  caillot  commence  à  exprimer  le  sérum;  mais  la  séparation  n'est 
complète  que  trente-six  ou  quarante  heures  après  la  saignée. 

La  particularité  la  plus  remarquable  du  sang  des  chameaux  et  de  tous  les  caméliens,  c'est 
la  forme  des  globules  rouges  :  Mandl  a  montré,  dès  1838,  qu'au  lieu  d'être  ronds  comme 
dans  les  autres  mammifères,  ils  sont  elliptiques.  En  outre,  bien  qu'ils  soient  dépourvus  de 
noyau,  ils  ne  sont  pas  biconcaves  ;  leur  teinte  sous  le  microscope  est  égale  sur  toute 
leur  surface.  Entin  ils  sont  très  petits;  leur  diamètre  est  de  4  à  5  u.  dans  les  chameaux,  c'est- 
à-dire  bien  inférieur  à  celui  des  hématies  de  l'homme,  du  cheval,  du  binuf.  Leur  nombre 
par  millimètre  cube  est  de  S  à  10  millions. 

Si  j'en  avais  de  nouveau  l'occasion,  je  reprendrais  volontiers  cette  étude  hématologique, 
afin  de  chercher  la  raison  d'être  d'une  particularité  aussi  singulière  dans  la  forme  des  globules 


126  RECHERCHES  AXATOAUQrES  SUR  LES  CAMEIJDÉS 


APPAREIL   NERVEUX 


MÉNINGES 

Nous  n'avons  rien  noté  sur  les  méninges.  D'ailleurs  leur  disposition  ne  varie  guère. 

MOELLE    ÉPLMÈRE 

La  moelle  épinière  se  fait  remarquer,  comme  en  devait  s'y  attendre,  par  l'extrême 
longueur  de  sa  portion  cervicale,  au  niveau  de  laquelle  les  racines  des  nerfs  sont  extrê- 
mement dissociées  et  comme  dispersées. 

ENCÉPHALE 

A  première  vue,  l'encéphale  se  montre  beaucoup  plus  volumineux  que  celui  du  bœuf. 
Daubenton  a  trouvé  chez  \m  dromadaire  un  encéphale  de  188  grammes,  dont  80  grammes 
pour  le  cervelet;  il  signale  avec  juste  raison  le  grand  développement  de  ce  dernier.  .J'ai 
moi-même  pesé  l'encéphale  d'un  chameau  à  deux  bosses;  malheureusement  c'était  au 
sortir  d'un  Itain  azotique  prolongé,  qui  l'avait  considérablement  réduit  :  il  pesait  encore 
400  grammes.  Un  cerveau  de  vache  de  taille  moyenne  pesé  dans  les  mêmes  conditions  m'a 
donné  seulement  2G0  grammes.  D'autre  part  j'ai  cherché  à  déduire  le  poids  de  l'encéphale 
(le  la  capacité  crânienne  mesurée  sur  le  squelette.  Celte  capacité  était  de  585  centimètres 
cubes  chez  un  dromadaire,  de  825  centimètres  cubes  chez  un  chameau  de  Bactriane.  En 
adoptant  le  coefficient  0,89  donné  par  Gornevin  pour  le  bœuf,  on  trouve  les  poids  encépha- 
liques suivants  :• 

Chameau  de  Bactriane 734  gr.  25 

Dromadaire 520  gr.  65 

Avec  le  coefficient  0,87  donné  par  ^l.  Manouvrier  pour  l'homme  on  a  : 

Chameau  de  Bactriane 717  gr.  75 

Dromadaire 508  gr.  !»5 

La  conclusion  qui  se  dégage  de  ces  observations  est  que  le  chameau  à  deux  bosses 
compte  parmi  les  ruminants  qui  ont  l'encéphale  le  plus  lourd,  et  que,  même  en  tenant  compte 
du  poids  du  corps,  il  a  sous  ce  rapport  un  avantage  marqué  sur  le  dromadaire. 

Si  l'on  considère,  d'autre  part,  le  développement  des  circonvolutions  cérébrales,  on  est 


CHAMEAU  A  DEUX  BOSSES 


127 


porté  à  récuser  le  jugement  de  certains  auteurs  qui  classent  les  chameaux  parmi  les  plus 
stupides  des  animaux,  «  Rien  ne  vient  témoigner  en  faveur  de  l'intelligence  des  chameaux, 
dit  Brehm.  Parmi  les  milliers  que  j'ai  pu  observer  dans  mes  voyages  en  Afrique,  je  n'en  ai 
vu  qu'un  qui  montrait  quelque  attachement  à  son  maître  ;  ce  sont  des  animaux  méchants, 
dangereux,  lâches  et  obstinés.   » 

«  Les  appréciations  de  leur  caractère,  déclare  Cari  Vogt,  sont  très  différentes  ;  les  Orien- 
taux en  général  exaltent  leurs  qualités  ;  les  Européens  les  chargent  de  toutes  les  malédictions.  » 

L'opinion  de  Vallon  mérite  aussi  d'être  citée  :  «  le  dromadaire  est  doué  d'une  intelligence 
et  de  sens  bien  plus  délicats,  bien  plus  perfectionnés  que  tous  les  autres  animaux  domestiques. 
Quelques  leçons  lui  suffisent  pour  apprendre  à  se  coucher,  à  se  relever,  à  s'arrêter,  à  se 
mettre  en  marche,  etc.,  au  son  de  la  voix.  Combien  de  temps,  de  patience  et  d'habileté  ne 
faudrait-il  pas  pour  amener  le  cheval,  même  de  noble  race,  au  même  point! Son  intelligence 
est  même  susceptible  d'un  certain  degré  de  perfectibilité,  et  nous  pensons  qu'il  ne  serait 
pas  difficile  d'augmenter  son  éducation  et  d'agrandir  le  cercle  des  services  qu'il  rend.   » 

Quant  à  moi,  sans  vouloir  exalter  l'intelligence  des  chameaux,  je  crois  que  beaucoup 
d'auteurs  européens  s'en  sont  laissé  imposer  par  leur  faciès  insolite  qu'ils  ont  pris  pour  de  la 
laideur  et  sans  autre  raison  les  ont  déclarés  stupides. 


CERVEAU 


Formes  générales.  —  Le  cerveau  des  chameaux  est  beaucoup  moins  convexe  de  profil 
supérieur  que  ne  l'est  celui  des  bovins  ;  il  est  aussi  beaucoup  moins  large  à  sa  partie  posté- 
rieure et  conséquemment  moins 
atténué  en  coin  à  sa  partie  anté- 
rieure ;  en  outre,  la  partie  pré- 
sylvienne  ou  frontale  l'emporte  en 
longueur  sur  la  partie  post-syl- 
vienne,  tandis  que  c'est  le  contraire 
dans  le  bœuf. 

Face  inférieure.  —  Le  lobe 
piriforme  ou  mastoïde  est  peut-être 
moins  volumineux  que  chez  les 
bovins;  le  sillon  longitudinal  qui  le 
divise  d'ordinaire,  improprement 
nommé  scissure  parallèle  par  M.  Ar- 
loing,  est  à  peine  marqué. 

Face  externe  (fig.  87).  —  La  scissure  de  Sylvius  qui,  dans  le  bieuf,  s'élève  très  haut 
sur  la  face  externe  de  l'hémisphère,  limitée  par  une  longue  circonvolution  ansiforme,  n'est 
plus  distincte  dans  le  chameau  par  suite  de  la  disparition  de  la  branche  antérieure  de  cette 
circonvolution;  c'est  la  branche  postérieure  (7)  qui  reçoit  les  circonvolutions  .5  et  (3;  delà 
sorte,  la  scissure  de  Sylvius  n'est  pas  seulement  dépourvue  de  sa  bordure  antérieure,  elle  est 
encore  traversée  dans  sa  largeur  et  ainsi  méconnaissable. 


—  Vue  latérale  de  l'encéphale. 


ol,  lobe  olfactif;  op,  chiasma  des  nerfs  optiques;  pi,  lobe  piriforme; 
pc,  pédoncule  cérébral  ;  jjr.  protubérance  annulnire  (on  a  omis  de  figurer 
le  corps  trapézoïde  qui  la  borde  en  arriére);  6»,  bulbe  rachidien; 
Cer,  cervelet.  Pour  les  circonvolutions  cérébrales,  voir  le  texte. 


128 


UECllEUCllKS  AXATOMUJIKS  SIU  LES  CAMÉLIDÉS 


FiG.  88. 


Coupe  médiane  du  cerveau. 


o/,  lobe  olfactif;  op,  nerf  optique;  hy.  hypophyse,  ca,  coupe  du  corps 
calleux;  tr^  trigone;  sep,  septura  lucidum;  r,  coupe  de  la  couche 
optique;  «J,  coupe  des  tubercules  quudrijumeaiix  ;  pr,  protubérance; 
cer,  cervelet.  —  Pour  les  circonvolutions  cérébrales,  voir  le  texie. 


La    circonvolution  de  l'insula  i  participe  des  différences    précédentes  :  elle  est   plus 
découverte  et  moins  sinueuse  chez  le  chameau  que  chez  le  bœuf;  elle  ne  présente  pas  notam- 
ment l'anse   que  l'on  voit   dans   ce 
dernier  au  fond  de  la  scissure  de  Syl- 
vius. 

La  circonvolution  2  {[''"  frontale 
de  M.  Arloing)  est  beaucoup  plus 
large  que  dans  le  bœuf  et  divisée  en 
deux  plis  secondaires.  Les  circonvolu- 
tions o,  3',  4,  sont  confondues  dans  ce 
dernier  animal  par  suite  de  la  dis- 
parition de  la  scissure  en  T  qui  les 
sépare. 

Les  circonvolutions  8,  8  et  11 
(lobe  temporal)  sont,  chez  le  chameau, 
moins  épaisses,  moins  étendues  en 
surface  que  chez  le  bœuf. 

Face  interne  (flg.  88).  —  La 
circonvolution  du  corps  calleux  12-13 
s'atténue  en  pointe  à  sa  partie  postérieure  à  la  manière  d'un  coin,  tandis  que  dans  le  bœuf 
elle  est  d'égale  épaisseur  dans  toute  sa  longueur. 

La  circonvolution  sagittale  14-15-16  présente  chez  le  chameau  une  inflexion  très 
prononcée  due  au  sillon  crucial  (fig.  89)  ;  elle  se  décompose,  en 
ai'rière  de  ce  sillon,  en  trois  circonvolutions  secondaires,  14,  15, 
16.  se  subdivisant  elles-mêmes  en  plusieurs  plis.  Ladite  circon- 
volution dans  le  bœuf  est  beaucoup  moins  compliquée  postérieure- 
ment et  elle  suit  très  exactement  le  bord  sagittal  de  l'hémisphère. 
Face  supérieure  (fig.  89).  —  La  circonvolution  17,  en  avant 
du  gyrus  sigmoïde  S,  est  particulièrement  flexueuse  dans  le  cha- 
meau ;  elle  lance  sur  la  circonvolution  sagittale  14  un  gros  pli  de 
passage  qui  n'existe  pas  dans  le  bieuf  ou  du  moins  pas  aussi  déve- 
loppé. 

La  circonvolution  9-9.  en  arrière  du  gvrus  sigmoïde,  est  au 
contraire  moins  développée,  moins  compliquée  dans  le  chameau  que 
dans  le  bœuf;  en  outre,  elle  est  interrompue  par  un  sillon  au  niveau 
d'un  pli  de  passage  qui  se  jette  sur  la  circonvolution  8,  sillon  et  pli 
de  passage  qui  manquent  chez  ce  dernier. 

En  résumé,  par  sa  forme  d'ensemble,  le  cerveau  du  chameau 

se  rapproche  de  celui  du  cheval  :  par  les  détails  de  sa  surface,  il  tient 

de  celui  du  cheval  et  de  celui  du  bœuf  et  présente  en  outre  des 

particularités  qui  lui  sont  propres,  telles  que  la  forme  en  coin  de  la  circonvolution  du  corps 

calleux  et  la  complication  extrême  de  la  circonvolution  sagittale  en  arrière  du  sillon  crucial. 

Conformation  intérieure  et  structure.  —  Les  seules  particularités  que  nous  ayons 


Fig.  yy.  —  Vue  .supérieure 
d'un  hémisphère  céré- 
bral. 

(Voir  le  te.xte). 


CHAMEAU  A  DEUX  150SSES 


129 


remarquées  sont  :  l'épaisseur  relativement  considérable  du  corps  calleux,  indice  d'un  certain 
perfectionnement  ;  le  volume  des  corps  striés  et  des  tubercules  nates  (ceux-ci  sont  énormes 
relativement  aux  tubercules  testes,  mais  ils  sont  moins  proéminents  latéralement)  ;  enfin  la 
forme  de  l'hypophyse,  qui  est  presque  globuleuse  au  lieu  d'être  discoïde. 

Dans  l'étude  que  nous  venons  de  faire  de  la  topographie  du  cerveau  du  chameau,  nous 
avons  voulu  seulement  en  signaler  les  particularités  caractéristiques  relativement  au  boeuf. 
Nous  nous  sommes  abstenu  à  dessein  d'homologuer  la  plupart  des  circonvolutions  à  celles  du 
cerveau  humain  et  de  les  grouper  eu  lobes,  comme  c'est  l'usage  en  anthropotomie,  car  cette 
homologation  est  une  des  questions  les  plus  difliciles  et  les  plus  controversées  de  l'anatomie 
comparée,  qui  demanderait  de  longs  développements  préalables.  D'ailleurs  les  figures  87  à  89, 
dessinées  par  nous-mème  avec  le  plus  grand  soin,  dispensent  d'uni' longue  description. 


CERVELET  ET  ISTHME 

Nous  n'avons  rien  noté  de  particulier  sur  le  cervelet  non  plus  que  sur  la  moelle  allongée. 
La  protubérance  est  peu  saillante,  presque  effacée  postérieurement,  oh  elle  est  bordée  d'un 
large  corps trapézoïde. 

NERFS 


Voici  les  particularités  relevées.  Nous  passerons  tout  le  reste  sous  silence  comme    res- 
semblant à  ce  qui  existe  dans  les  ruminants 
ordinaires. 

Le  pédoncule  du  noyau  gris  d'où  émanent 
les  nerfs  olfactifs  est  relativementlong  et  étroit. 

Les  nerfs  oculo-moteurs,  commun  et 
externe,  sont  particulièrement  volumineux, 
surtout  l'externe;  ils  approchent  du  volume 
du  facial.  Par  contre  le  pathétique  a  sa  ténuité 
ordinaire.  L'émergence  de  la  VI°  paire  semble 
avoir  été  reportée  latéralement  ;  on  la  trouve 
en  dessous  de  la  racine  sensitive  du  trijumeau. 

Le  facial  se  joint  à  l'acoustique  par 
un  nerf  intermédiaire  de  Wrisberg  volumi- 
neux  ;  il  se  distribue  à  l'extérieur  comme  il 
est  indiqué  dans  la  figure  S2. 

Le  giosso-pliaryngien  ne  présente  rien 
de  particulier. 

Le  tronc  du  pneumogastrique  et  ses 
branches    terminales   se  comportent  comme 

dans   les  autres    ruminants,    mais  il    existe    une. différence  fort    reuiarquable    en    ce  qui 
concerne   les  branches   collatérales,   différence  représentée   (fig.  90)    et    signalée  déjà  par 

Arcii.  Mus,  —  t.  VIII.  17 


FiG.  90.  —  Vue  latérale  du  pharynx  et  du  larynx. 

1,  stylo-hyal;  2,cérato-hyal;  3,  apo-hyal;  4,  basi-hyal;5,  uro- 
hval;  0,  cartilage  Ihyioide;  1  et  8,  cricoïde  ;  9,  1^'  cerceau 
de  la  trachée;  eu,  cul-de-syc  supérieur  du  pharynx;  pe^  pe- 
ristaphylia  externe  ;  pz,  peristaphylîa  iulerne  ;  pt,  ptérygo- 
pharyngien  ;  sp,  stylo-pharyngien  ;  hp,  hyo-pharyngien  ; 
tp,  thyro-pharyngien;  cp,  crico-phacyiigieu  ;  sh,  stylo- 
hyoïdien  ;  K/t,  kérato-hyoidien,suppu&e  vu  par  transparence  ; 
bg,  basio-glosse;  s;;,  stylo-glosse;  r,  couche  glanduleuse 
du  voile  du  palais;  nt,  hyo-thyroidien;  oh,  orao-hyoidien  ; 
th^  glande  thyroïde,  S,  ganglion  cervical  supérieur  du 
sympathique  et  rilet  cervical;  X,  nerf  pneurao-gastrique  ; 
a,  tronc  commun  au  nert"  laryngé  supérieur  b  et  au  nert' 
œsophagien  cervical  c  ;  tZ,  nerf  laryngé  inférieur;  Œ,  œso- 
phage. 


130 


RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  L1':S  CAMELIDES 


^^^ 


MM.  Chauveau  et  Arloing  chez  le  dromadaire  :  Dans  la  région  gutturale,  à  2  centimètres 
environ  au-dessous  du  ganglion  cervical  supérieur,  le  pneumogastrique  émet  une  grosse 
branche  (a),  qui  résume  le  nerf  œsophagien  supérieur  et  les  deux  nerfs  laryngés  ;  cette  branche 
se  divise  bientôt  en  un  nerf  laryngé  supérieur  (b),  dont  il  n'y  a  rien  autre  à  dire,  et  un  nerf 
oesophagien  supérieur  (cj,  qui  descend  sur  le  côté  de  l'œsophage  cervical  en  émettant  de  nom- 
breux filets  pour  ce  conduit  ainsi  que  pour  la  trachée.  A  l'origine  de  l'œsophage,  ce  dernier  nerf 

fournit  en  outre  le  laryngé  inférieur ft/^ 
qui  après  un  court  trajet  récurrent  pénè- 
tre dans  le  larynx  à  l'endroit  ordinaire. 
Les  filets  à  destination  du  pha- 
rynx sont  multiples  et  très  délicats  : 
il  en  est  qui  naissent  directement  du 
tronc  laryngo-resophagien,  ils  ne  sont 
pas  représentés  dans  la  figure  90  ; 
d'autres  qui  naissent  du  nerf  te'sopha- 
gien  supérieur  ou  du  récurrent. 

Quant  au  nerf  œsophagien  supé- 
rieur, il  suit  l'œsophage  en  lui  adhé- 
rant par  un  tissu  conjonclif  très  lâche 
et  s'atténue  progressivement  par  émis- 
sion de  nombreux  filets  ;  nous  n'avons 
pu  le  suivre  au  delà  de  l'entrée  de 
la  poitrine;  mais  ^IM.  Chauveau  et 
Arloing  disent  que,  dans  le  dromadaire, 
ce  nerf,  arrivé  au  niveau  de  la  deuxième 
vertèbre  dorsale,  s'unit  en  dessous  de 
l'œsophage  avec  celui  du  côté  opposé 
et  se  poursuit  entre  la  trachée  et  l'œso- 
phage jusqu'au  plexus  bronchique. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  disposition  si 

particulière  que  nous  venons  de  faire 

connaître   touchant   le    nerf  laryngé 

inférieur  s'explique,  jusqu'à  un  certain 

point,  par  l'extrême  longueur  du  cou  qui  eût  augmenté  outre  mesure  la  durée  des  conductions 

nerveuses,  si  ce  nerf  eût  effectué  son  trajet  récurrent  ordinaire.  Il  faut  dire  toutefois  que  Joly 

et  Lavocat  n'ont  signalé  rien  de  pareil  chez  la  girafe  dont  le  cou  est  encore  plus  long. 

Une  autre  particularité  qui  nous  a  vivement  frappé,  c'est  l'absence  du  nerf  de  la  11*' 
paire  ou  spinal.  Les  muscles  ordiiiairement  innervés  par  lui  :  sterno-mastoïdien,  mastoïdo- 
huméral,  omo-trachélien,  trapèze,  l'étaient  par  diverses  branches  des  nerfs  cervicaux.  La 
moelle  extraite  de  ses  méninges  ne  nous  a  point  présenté  trace  de  la  longue  racine  qui  se 
constitue  d'ordinaire  sur  son  flanc,  dans  la  région  cervicale.  Le  nerf  spinal  était  bien  absent, 
comme  si  lui  aussi  s'était  rebuté  à  franchir  un  aussi  long  col.  —  Je  n'ai  constaté  ce  fait  important 
que  sur  deux  sujets  ;  je  ne  puis  donc  affirmer  qu'il  soit  normal  ;  mais  j'ai  grande  tendance  à  le 


FiG.  91. 


Plexus  brachial  et  ses  branches. 


1.  artère  axillaire  ;  2.  artère  cervicale  intérieure;  3.  3.  muscle  pectoral 
scapulaire  ;  4,  muscle  pectoral  descendant  :  5,  pectoral  Iransverse  ; 
(i,  pectoral  ascendant;  7.  callosilè  sternale:8,  muscle  scaléne:!',  bran- 
che d'orig'i  ne  du  net-f  iliaphraj,^matique  :  10,  plexus  brachial;  11,  nerf 
du  niastoido-humeral;  12,  nert  sns-scapulaire  :  13.  attache  du  pectoral 
ascendant;  14,  muscle  mastoïdo-hiimeral  ;  15,  J)ice[js  brachial  ;  16,  Tierf 
axillaire;  17.  nerf  hrachial  antérieur;  18.  nerf  radial  :  19.  nerf  médian  ; 
20,  nerf  cubital;  21.  nerf  brachial  cutané  interne;  2'i,  brandie  mus- 
culo-cutanee  du  médian  ;  23.  entrée  du  radial  dans  le  quadriceps  crural  ; 
24,  nerf  sous-cutané  Ihoracique  ;  25,  artère  thoracique  externe;  26. 
nerf  des  pectoraux  ;  27.  nerf  de  l'angulaire  de  l'épaule  et  du  rhomboïde  ; 
2S^  artère  cubitale;  29.  artère  radiale  antérieure  ;  30,  muscle  coraco- 
brachial;  31,  vaste  interne  du  quadriceps  brachial;  32,  longue  portion 
du  même;  33,  grand  dorsal;  34.  arlere  sus-scapulaire;  35,  coupe  du 
pectoral  descendant  à  sa  terminaison  ;  36,  terminaison  du  pectoral 
transverse. 


CHAMEAU  A  DKUX  I50SSKS 


131 


<>roire,  malgré  l'assertion  de  Huxley,  que  «  le  nerf 
spinal  ne  fait  défaut  q  ue  chez  les  vertébrés  ichtyo- 
psides,  tandis  qu'on  le  trouve  dans  tous  les  sau- 
ropsides,  excepté  les  ophidiens,  et  dans  les  mam- 
mifères ». 

En  examinant  attentivement  l'origine  du 
pneumogastrique  sur  le  côté  de  la  moelle  al- 
longée, on  voit  bien  une  racine  descendante  de 
^^  à  4  centimètres  qui  collecte  toutes  les  radicules 
inférieures  ;  mais  cette  racine  se  perd  à  la  nais- 
sance de  la  moelle  au  lieu  d'en  côtoyer  le  flanc 
tout  le  long  du  cou. 

Le  plexus  brachial  (fig.  01  et  9"^)  est 
énorme;  il  sort  par  une  fissure  du  scalène  et 
donne  les  nerfs  suivants  : 

a)  une  branche  au  mastoido-liuraéral  ; 

b)  le  nerf  de  l'angulaire  et  du  rhomboïde  ; 
cj  une  racine  du  nerf  diaphragmatique  ; 
dj  le  nerf  du  grand  dentelé  ; 

e)  les  nerfs  des  pectoraux  ; 

/)  le  nerf  sous-  cutané  thoiacique  ; 

ff)  le  nerf  du  grand  dorsal  ; 

h)  le  nerf  du  grand  rond  ; 

t'J  le  nerf  sus-scapulaire  ; 

j)  le  nerf  axillaire  ; 

k)  le  nerf  du  sous-scapulaire,  prenant  nais- 
sance en  commun  avec  le  précédent; 

IJ  le  nerf  brachial  antérieur,  anastomosé 
avec  le  médian  sous  l'artère  humérale; 

mj  le  nerf  radial,  énorme  branche  croisant 
par-dessous  l'artère  humérale  et  les  deux  nerfs 
médian  et  cubital  pour  plonger  comme  d'ordi- 
naire dans   la  masse  des  muscles    olécraniens  ; 

il)  le  nerf  médian,  procédant  avec  le  cubital 
par  un  tronc  commun  qui  donne  le  nerf  sous- 
<'utané  thoraciqne  avant  sa  bifurcation  et  con- 
tourne l'artère  humérale  comme  il  est  indiqué 
dans  la  figure  91 .  Le  médian  contracte  anastomose 
avec  le  brachial  antérieur  ainsi  qu'il  a  été  déjà 
dit,  se  place  d'abord  contre  le  bord  antérieur  de 
l'artère  humérale,  puis  croise  l'artère  radiale  et 
descend  avec  elle  sous  le  muscle  grand  palmaire, 
traverse  la   gaine    carpienne,    et    suit  l'artère 


FiG.  92.  —  Muscles,  artères  et  nerfs  de  la  face 

INTERNE    DU    MEMBRE    THORACIQUE   JUSQu'aU    MÉTACARPE 

Se  sus-éi>inetix  ;  Ss,  sous-épineux;  Gr,  grand  rond;  Grf, 
grand  dorsal,  Pa,  insertion  du  pectoral  ascendant;  Oft, 
ooraco-braclual  ;  Bi,  biceps;  Br,  bracliial  antérieur,;  Cl 
longue  portion  du  quadrice|)s;  V  i\  vaste  interne  du  même  ; 
R2,  extenseur  radial  du  métacarpe  ;  P«/,  grand  palraaire; 
Ci,  cubital  interne  ;  Ce,  cubital  externe;Pt?,  perfore;!, 
terminaison  de  Parlere  axillaire;  2,  artère  sus-scapulaire  ; 
3,  artère  sous-scapulaire  ;  4.  artère  ilu  grand  dorsal  ; 
5,  artère  circonflexe  antérieure  tle  l'épaule;  ti,  artère 
innominée  se  distribuant  principalement  au  mastoidû- 
humeral;  7,  collatérale  externe  du  coude;  8,  artère  princi- 
pale du  biceps;  9.  collatérale  inierne  du  coude;  iO,  rameau 
de  cette  artère  pour  les  muscles  lléchisseurs  des  phalan- 
ges; 11,  20,  nerf  médian;  IZ,  artère  des  muscles  antibra- 
cbiaux  postérieurs;  13,  artère  radiale;  14.  artère  radio- 
palmaire;  15,  artère  palmaire  métacarpienne  ou  collatérale 
du  canon;  16,  nerf  radial;  1",  anastomose  du  brachial 
antérieur  et  du  médian  ;  18,  nerf  cubital  ;  W,  origine  du 
nerf  brachial  cutané  interne;  21,  nerf  axillaire;  2?._  nerf 
du  grand  rond;  23,  nerf  du  grand  dorsal;  24,  nerf  sus- 
scapulaire. 


132  UKCllKKCHKS  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

palmaire  métacarpienne  jusqu'au  tiers  ou  au  quart  supérieur  du  canon,  oii  il  se  termine 
par  une  bifurcation  qui  donne  naissance  aux  nerfs  palmaires  (voy.  fig.  <S0).  Ceux-ci  longent 
de  chaque  côté  l'artère  susnommée,  derrière  le  tendon  perforé,  se  lancent  une  anastomose 
oblique,  et  se  terminent  en  bas  du  canon  chacun  par  une  bifurcation  donnant  les  nerfs  colla- 
téraux du  doigt  correspondant.  Le  médian  donne  les  mêmes  rameaux  collatéraux  que  dans 
les  autres  ruminants:  la  figure  92  en  représente  deux  :  la  branche  musculocutanée  (8)  et  la 
branche  des  fléchisseurs  du  métacarpe  et  des  phalanges  (12). 

o)  le  nerf  cubital,  effectuant  le  trajet  ordinaire  et  se  terminant  au-dessus  du  pisiforme  par 
deux  branches,  l'une  qui  s'épuise  dans  la  peau  delà  flice  externe  du  genou,  l'autfe  qui  tra- 
verse la  gaine  carpienne  en  dehors,  donne  au  suspenseur  du  boulet  et  se  termine  sous  l'ori- 
gine de  cet  organe  par  plusieurs  divisions  accompagnant  les  artères  interosseuses.  Le  cubital 
émetlenerf  brachial  cutané  interne  (flg.  !)1,  21). 

\ A  plexus  ^oJH^o-sao't;  présente  la  même  constitution  et  à  peu  près  la  même  distribution 
que  dans  le  cheval.  Toutefois  le  grand  sciatique,  au  lieu  de  se  bifurquer  au-dessus  du  tarse, 
se  prolonge  au  delà  en  accompagnant  l'artère  plantaire,  et  ne  donne  les  nerfs  plantaires  que 
vers  le  milieu  du  le  tiers  supérieur  du  canon.  Ceux-ci  se  terminent  chacun  par  les  deux  nerfs 
collatéraux  du  doigt  correspondant,  ainsi  qu'au  membre  antérieur  (voy.  la  fig.  86). 

Quant  au  système  du  grand  sympathique, nous  n'avons  relevé  rien  de  particulier  à  son 
sujet. 


ORGANES  DES    SENS 


TOUCHER 

Les  pieds  et  les  lèvres  servent  spécialement  à  l'exercice  du  toucher.  Les  lèvres,  et  sur- 
tout la  supérieure,  sont  d'une  exquise  sensibilité.  On  peut  en  juger  au  volume  des  faisceaux 
nerveux  sous-orbitaires  et  mentonniers  qu'elles  reçoivent.  Elles  sont  garnies  de  nombreux 
poils  tactiles. 

GUSTATION 

«  Le  sens  du  goût, dit  Vallon,  doit  être  peu  développé  chez  le  dromadaire,  à  en  juger  par 
la  nature  et  la  quantité  des  plantes  dont  il  se  nourrit  et  des  eaux  qu'il  boit.  »  — Cependant  à  s'en 
tenir  à  l'examen  anatomiquedc  la  langue,  on  formulerait  plutôt  une  opinion  opposée,  car  on 
trouve  à  la  base  de  cet  organe  deux  séries  de  volumineuses  papilles  caliciformes.  (Voir  appa- 
reil digestif.) 


CHAMEAU  A  DEUX  150SSES  133 


OLFACTION 

Les  opinions  sur  le  degré  de  perfection  de  ce  sens  sont  discordantes.  Cari  Vogt  écrit 
que  les  sens  du  chameau  sont  obtus,  à  l'exception  du  flair.  Vallon  dit,  au  contraire,  que 
l'odorat  du  dromadaire  n'est  pas  très  développé  et  que  cet  animal  se  sert  moins  de  ce  sens 
que  la  plupart  des  autres  animaux  domestiques  pour  juger  de  la  qualité  et  de  la  nature  des 
corps.  Buff'on  et  divers  auteurs  affirment  que  les  chameaux  sentent  l'eau  à  plus  d'une 
demi -lieue  de  distance;  mais  l'eau  étant  inodore,  il  s'agit  là  d'un  acte  tactile  provoqué  par 
l'humidité  de  l'air  et  non  pas  d'un  acte  olfactif. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  faut  remarquer  que  les  lobules  olfactifs  et  le  labyrinthe  ethmoïdal  ne 
sont  pas  moins  développés  dans  les  chameaux  que  dans  les  autres  herbivores,  au  contraire. 


AIDITIOA 

Le  port  des  oreilles,  le  faciès  attentif  de  l'animal  au  moindre  bruit,  indiquent  une  ouïe 
fine,  toujours  aux  aguets.  «  Les  dromadaires,  dit  Vallon,  distinguent  de  très  loin  un  bruit 
imperceptible  pour  leurs  conducteurs  arabes  qui  cependant  ont  l'audition  très  exercée.  Les 
caravanes  tirent  un  grand  avantage  de  la  perfection  des  sens  de  l'ouïe  et  de  la  vue  chez 
ces  animaux.  On  a  soin  de  les  placer  à  la  circonférence  du  campement,  la  tête  en  dehors  du 
cercle.  Au  moindre  bruit,  à  l'aspect  du  moindre  objet  insolite,  ils  poussent  des  cris  rauques 
qui  réveillent  les  sentinelles  endormies.  » 


VISION 

L'œil  des  chameaux  n'est  pas  procident  et  démesurément  convexe  de  cornée  comme  celui 
du  bœuf;  aussi  le  regard  ne  manque-t-il  pas  d'un  certain  rayonnement  d'intelligence  et  de 
douceur  qui  rappelle  celui  de  la  gazelle.  La  vue  est  excellente,  au  dire  des  arabes;  le  jour,  les 
chameaux  voient  à  des  distances  incroyables,  la  nuit  ils  aperçoivent  et  distinguent  des  objets 
qui  échappent  à  la  vue  de  l'homuie  et  même  à  celle  du  cheval  :  qualités  précieuses  pour 
voyager  dans  le  désert, 

A  part  la  moindre  convexité  delà  cornée,  le  globe  de  l'œil  ressemble  à  celui  du  bœuf. 
SuivantVallon.  le  nerf  optique  est  plus  volumineux  que  chez  le  bœuf  et  même  que  chez  le 
cheval.  Les  muscles,  à  l'exception  du  droit  postérieur,  nous  ont  paru  plus  aponévrotiques  que 
d'ordinaire,  et  la  glande  lacrymale  plus  développée.  Le  corps  clignotant  est  très  mince,  mais  ce 
qui  a  surtout  frappé  notre  attention,  c'est  l'existence  de  nombreux  follicules  pilo-sébacés  à 
l'angle  interne  de  l'œil,  sur  le  corps  clignotant  et  la  face  interne  de  la  paupière  inférieure, 
follicules  saillant  sur  la  conjonctive  comme  de  petites  pustules  jaunâtres  d'un  millimètre  en 
moyenne  de  largeur.  Vallon  a  cru  qu'il  s'agissait  là  de  la  glande  deHarder;  mais  le  micro- 
scope nous  a  montré  de  la  manière  la  plus  évidente  que  ce  sont  de  gros  follicules  sébacés. 


134  HKCHEUCIIKS  AX ATOMIQUES  SLU  LKS  CAMÉLIDÉS 

racémeux,  aoréoés  chacun  autour  d'un  petit  follicule  pileux  d'où  sort  un  poil  très  ténu,  de 
■0-"0i5  à(V'»020  de  diamètre.  Comme  il  n'y  a  pas  de  caroncule  lacrymale  distmcte,  il  nous 
parait  certain  que  ces  follicules  pilo-sébacés  dispersés  figurent  une  caron.'ule  lacrymale  diffuse 
et  comme  étalée.  Au  surplus,  nous  avons  trouvé  au  microscope  la  glande  de  Harder  véritable 
à  sa  place  ordinaire. 


DEUXIÈME  PARTIE 

DIFFÉKENCES 

ENTUE 

LE  CHAMEAU   A   DEUX    BOSSES 

(CAME LUS  HACriilAM  S) 

ET 

LE  CHAMEAU  A  UNE  BOSSE 

(CAMKLUS  AliABlCi'S  seu  DROMEDAIUI  S) 


Tous  les  auteurs  que  j'ai  consultés  ne  donnent  qu'une  seule  différence  essentielle  entre  le 
chameau  et  le  dromadaire  :  c'est  la  présence  de  deux  bosses  dorsales  chez  le  premier,  d'une 
seule  chez  le  second.  Plusieurs  affirment  catégoriquement  que  ce  sont  des  animaux  de  même 
espèce  ;  d'autres  posent  la  question  sans  oser  la  résoudre. 

«  Les  deux  noms,  chameau  et  dromadaire,  dit  BufFon,  ne  désignent  pas  deux  espèces 
distinctes,  mais  indiquent  seulement  deux  races  distinctes  et  subsistantes  de  temps  immémo- 
rial dans  l'espèce  du  chameau  :  le  principal  et  pour  ainsi  dire  l'unique  caractère  sensible  par 
lequel  ces  deux  races  diffèrent  consiste  en  ce  que  le  chameau  porte  deux  bosses  et  que  le 
dromadaire  n'en  a  qu'une;  il  est  aussi  plus  petit  et  moins  fort  que  le  chameau,  mais  tous  deux 
produisent  ensemble  et  les  individus  qui  proviennent  de  cette  race  croisée  sont  ceux  qui  ont 
le  plus  de  vigueur  et  qu'on  préfère  à  tous  les  autres.  Ces  métis  issus  du  dromadaire  et  du 
chameau  forment  une  race  secondaire  qui  se  multiplie  parallèlement  et  qui  se  mêle  aussi  avec 
les  races  premières,  en  sorte  que,  dans  cette  espèce  comme  dans  celle  des  autres  animaux 
domestiques,  il  se  trouve  plusieurs  variétés  dont  les  plus  générales  sont  relatives  à  la  différence 
des  climats.  » 

«  Entre  le  chameau  à  une  bosse  et  celui  à  deux  bosses,  déclare  de  Blainville,  il  m'a  été 
impossijjle  de  reconnaître  une  différence  évidente,  soit  dans  le  système  dentaire,  soit  dans  le 
squelette,  pas  la  moindre  particularité  différentielle  autre  que  celles  qui  peuvent  être  consi- 
dérées comme  individuelles  et  que  l'iconographie  la  plus  rigoureuse  pourrait  à  peine  signaler. 
Ces  deux  sortes  de  chameaux  ne  forment  qu'une  seule  espèce.    » 

«  Chameaux  et  dromadaires,  lit-on  dans  les  Mammifères  de  Cari  Vogt,  ne  sont  que  de 
prétendues  espèces  ne  différant  que  par  les  bosses  dorsales.  Sauf  cela,  on  ne  peut  signaler 
aucune  différence  entre  les  deux  espèces,  et  si  l'on  ajoute  que  les  n(jm])reuses  races  cultivées 


136  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

et  produites  évidemment  ])ar  sélection  do  l'homme  offrent  bien  plas  de  différences  quant  aux 
proportions  des  membres, au  développement  de  l'ossature,  au  pelage,  etc.,  que  les  deux  espèces 
admises,  on  peut  douter  de  la  réalité  de  leur  existence.  Le  chameau  à  deux  bosses,  originaire 
d'Asie,  est  évidemment  la  race  primitive.  » 

Je  pourrais  multiplier  les  citations,  toutes  aboutiraient  à  cette  conclusion  que,  dans  l'état 
actuel  de  la  science,  on  ne  connaît  entre  le  chameau  de  Bactriane  et  le  chameau  arabe  pas 
d'autre  différence  que  celle  des  bosses.  Cela  ne  suffirait  guère  évidemment  à  caractériser  deux 
espèces,  d'autant  moins  que  les  bosses  sont  purement  adipeuses  et  sujettes  à  disparaître  en  cas 
d'extrême  amaigrissement.  Mais,  sans  compter  les  différences  de  faciès,  d'habitude  exté- 
rieure, nous  allons  voir  qu'il  en  existe  bien  d'autres,  lesquelles  ont  échappé  jusqu'à  ce  jour 
aux  observateurs.  Les  différences  entre  l'âne  et  le  cheval  ne  sont  pas  plus  grandes,  et  cepen- 
dant personne  ne  conteste  leur  spécificité. 

Quant  à  l'affirmation  de  Buffon,  répétée  par  la  plupart  des  zoologistes,  que  «  chameaux 
et  dromadaires  produisent  ensemble  et  donnent  des  métis  féconds,  formant  une  race  secon- 
daire qui  se  multiplie  pareillement  et  se  mêle  avec  les  races  premières  »,  nous  avons  lieu  de 
croire  que  cet  illustre  naturaliste  a  été  induit  en  erreur  par  l'usage,  conservé  chez  les  peuples 
de  l'Afrique  et  de  l'Orient,  de  réserver  le  nom  de  dromadaires  aux  dromadaires  coursiers  à 
l'exclusion  des  autres  qu'ils  appellent  chameaux.  Le  terme  (h-omedariiis  ne  remonte  d'ail- 
leurs pas  au  delà  des  Romains  de  la  décadence  et  il  ne  s'appliquait  dans  le  principe  qu'aux 
animaux  de  course  (camelits  dromaj,  tels  que  les  méhara.  Les  auteurs  anciens,  Aristote, 
Strabon,  Diodore  de  Sicile,  etc.,  ne  se  servaient  que  du  mot  chameau  (Kap./)/.o;,  Cameliis) 
et  distinguaient  le  chameau  de  Bactriane  (à  deux  bosses),  et  le  chameau  d'Arabie  (à  une 
bosse).  C'est  par  un  véritable  abus  de  langage  que  les  Occidentaux  ont  généralisé  l'appella- 
tion de  dromadaire  à  tous  les  individus  de  l'espèce  à  une  bosse. 

^^oici  ce  que  nous  écrit  à  ce  sujet  notre  distingué  collègue  et  ami  Piot-Bej,  vétérinaire 
en  chef  des  domaines  de  l'Etat  égyptien  : 

«  Le  chameau  de  Bactriane  est  totalement  inconnu  sur  les  bords  du  Nil,  depuis  sa  source 
jusqu'à  son  delta.  D'autre  part,  j'ai  visité  et  parcouru  toutes  les  échelles  du  Levant,  la  Syrie, 
Beyrouth,  Alexandrette,  Chypre,  Smyrne,  Gonstantinople,  la  Tunisie,  l'Algérie,  sans  ren- 
contrer un  seul  chameau  à  deux  bosses  ;  je  ne  sais  donc  absolument  rien  sur  le  croisement  des 
deux  espèces.  Mais  il  faut  vous  dire  que,  dans  l'espèce  chameau  à  une  bosse,  les  Ai*abes 
distinguent  des  chameaux  ou  Jjétes  de  somme  à  allure  lente  (el  (IjentelJ,  et  des  dromadaires  ou 
bêtes  de  selle  à  allures  vives  (el  aghin)  ;  les  uns  et  les  autres  sont  de  même  espèce,  s'accouplent 
et  donnent  des  métis;  mais  leurs  conformatîons  sont  presque  aussi  différentes  que  celles  d'un 
cheval  boulonnais  et  d'un  pur  sang  anglais.  Aux  premiers  les  transports  de  toutes  sortes  (jus- 
qu'à 400  ou  500  kilogrammes)  dans  la  vallée  nilotique;  aux  seconds  l'empire  du  désert.  » 
Il  se  pourrait  donc  que  l'assertion  de  Buffon  se  rapportât,  non  pas  aux  deux  espèces 
Camelus  haclrianus  et  Camehis  arahiciis,  mais  tout  simplement  aux  deux  races  lourde  et 
légère  du  chameau  à  une  bosse. 

M.  le  D""  Lortet,  doyen  de  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  et  ^L  Ernest  Chantre,  anthro- 
pologiste  bien  connu,  qui  ont  beaucoup  voyagé  en  Asie  Mineure,  m'ont  dit  avoir  vu  les  deux 
espèces  en  divers  endroits,  mais  n'avoir  pas  remarqué  de  race  intermédiaire.  L'affirmation 
de  Buffon  leur  paraît,  comme  à  moi,  des  plus  sujettes  à  caution.  Pour  en  avoir  lecœurnet, 


DIFFÉRENCES  ENTRE  LES  DEUX  ESPÈCES  DE  CIIA^Fl- AUX  137 

je  me  suis  adressé,  sur  les  conseils  de  M.  Lortet,  à  M.  H.  Pognon,  consul  de  France  à  Alep, 


FiG.  93.  —  Dromadaire  monté  par  un  Arabe  du  Sinal 
(D'après  une  photographie  communiquée  par  M.  E.  Chantre). 


pays   où  confinent  les  aires  géographiques  des  deux  espèces  de  chameau.K,  et  j'en  ai  reçu 
très  obligeamment  la  lettre  suivante  que  je  reproduis  textuellement. 


Arch.  Mus.  —  t.  VUI. 


CONSULAT  Alep,  le  8. janvier  1890, 

DE    FRANGE 

A  ALEP 


Monsieur, 

Le  chameau  à  une  bosse  et  le  chameau  à  deux  bosses  ne  sont  pas  désignés  par  des  mots 
spéciaux  dans  l'arabe  de  Syrie  ;  on  appelle  le  premier  *»\lt^  ^^r    (chameau  à  une  bosse) 

et  le  second    i  •       «\»   vw>*^     fJt'    (chameau  à  deux  bosses). 

Le  chameau  a  deux  bosses  existe  dans  la  région  de  Césarée  et  en  Asie  Mineure  ;  parfois 
les  caravanes  en  amènent  à  Alep. 

Les  deux  espèces  peuvent  se  croiser.  Le  chameau  à  une  bosse  et  la  chamelle  à  deux 
bosses  donnent  naissance  à  un  hybride  qui  n'a  aucune  qualité  particulière  ;  aussi  ne  cherche- 
t-on  pas  à  en  obtenir;  mais  on  m'assure  que,  lorsque  les  animaux  ne  sont  pas  surveillés,  ce 
croisement  a  lieu  quelquefois. 

Au  contraire,  le  chameau  à  deux  bosses  et  la  chamelle  à  une  I^osse  donnent  naissance  à 

un  autre  hybride  nommé  en  Syrie  oj  \_^^       \^  (chameau  de  Mayeh)  qui,  en  raison  de  ses 

qualités,  est  très  recherché  et  fait  l'objet  d'un  très  grand  commerce.  Mayeh  est  le  nom  d'un 
canton  dans  la  région  de  Césarée,  où  l'on  produit  une  grande  quantité  de  ces  hybrides  :  de 
là  leur  nom. 

Le  chameau  de  Mayeh  n'a  qu'une  seule  bosse,  mais  il  est  plus  grand,  plus  fort  que  le 
chameau  à  une  bosse  et  a  les  poils  longs  ;  il  suffit  d'en  avoir  vu  une  fois  pour  le  reconnaître 
facilement. 

Il  supporte  très  bien  le  froid,  l'humidité,  marche  beaucoup  mieux  dans  la  boue  que  le 
chameau  à  une  bosse  qui  glisse  facilement.  On  l'emploie  beaucoup  dans  la  région  d'Alep 
pendant  l'hiver,  mais  on  est  obligé  de  l'envoyer  dans  le  nord  pendant  l'été,  car  il  ne  supporte 
pas  la  chaleur. 

Le  chameau  de  Mayeh  est  ahsolament  infécond  comme  h  mulet.  Il  ne  donne  de  produit 
ni  avec  le  chameau  à  deux  bosses,  ni  avec  le  chameau  à  une  bosse  et  il  ne  se  reproduit  pas. 

A^euillez  agréer,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  considération  très  distinguée. 

H.  POQNON. 


DIFFERENCES  EXTHE  LES  DEUX  ESPECES  DE  CIIAMEAFX  139 

Ainsi  donc,  les  deux  sortes  de  chameaux  se  croiseraient  (ce  qui  n'a  rien  de  surprenant 
étant  donné  leur  affinité);  mais  le  produit  de  ce  croisement  serait  un  hybride  au  même  titre 
que  le  produit  de  l'àneet  du  cheval,  et  non  pas  un  simple  métis  comme  le  déclare  Buffon.  Par 
conséquent,  à  quelque  point  de  vue  que  l'on  se  place,  ces  animaux  appartiennent  bien  à  deux 
espèces   différentes. 

L'assertion  de  Buffon  est  également  contredite  par  Oléarius,  qui  affirme  de  la  manière 
la  plus  positive  que  le  chameau  à  deux  bosses  et  le  dromadaire  produisent  ensemble  des  indi- 
vidus inféconds  comme  les  mulets,  lesquels  sont  plus  estimés  que  les  races  originelles  (voir 
Mè7iagerie  duMi<sàicm,'ÇiSiV  Cr,   Cuvier  et  Lacépède). 

En  1752,  on  montrait  à  Paris  un  chameau  à  deux  bosses  mâle  et  un  dromadaire  femelle 
qui,  parfaitement  habitués  à  vivre  ensemble,  s'accouplèrent  fructueusement  :  malheureuse- 
ment le  petit  était  fort  chétif  et  ne  vécut  que  trois  jours. 

M.  A.  Sanson,  dans  son  ouvrage  intitulé  V Hérédité  norniaïe  et  pathologique ,  écrit  que 
les  deux  espèces  du  genre  Camelns  ont  été  souvent  accouplées  :  le  mâle  de  l'espèce  à  deux 
bosses  avec  la  femelle  de  l'espèce  à  une  bosse  ou  inversement,  et  que,  dans  l'un  comme 
dans  l'autre  cas,  on  a  vu  le  produit  naître  soit  avec  deux  bosses,  soit  avec  une  seule.  Il  y 
aurait  autant  d'exemples  de  double  bosse  chez  les  sujets  issus  d'un  père  à  bosse  unique 
que  chez  ceux  dont  le  père  en  avait  deux.  L'auteur  ne  dit  rien  de  leur  fécondité  ou  de  leur 
infécondité,  et  n'indique  pas  les  sources  où  il  a  puisé  ces  renseignements,  qui  ne  sont  pas 
concordants  avec  ceux  qu'a  bien  voulu  m'écrire  M.  le  consul  de  France  à  Alep. 

En  résumé,  la  question  demanderait  de  nouvelles  observations  pour  être  complètement 
élucidée.  En  attendant,  je  vais  maintenant  faire  connaître  les  différences  squelettiques  qu'il 
m'a  été  donné  de  constater  en  comparant  quatre  ou  cinq  sujets  adultes  de  chaque  espèce, 
plus  un  certain  nombre  de  tètes  isolées.  Je  dois  remercier  ici  M.  le  D""  Anthony,  médecin 
militaire,  d'avoir  bien  voulu  en  vérifier  l'exactitude  sur  les  squelettes  que  possède  le 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 


A.  TETE 

1°  La  protubérance  occipitale  externe,  les  lignes  courbes  supérieures,  la  crête  sagit- 
tale sont,  à  égalité  d'âge,  plus  saillantes  dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau  à  deux 
bosses.  La  crête  sagittale,  en  particulier,  peut  atteindre  et  même  dépasser  1  centimètre  de 
hauteur  dans  la  première  espèce. 

2°  L'apophyse  sus-orbitaire  du  frontal  n'a  pas  plus  de  15  à  20  millimètres  de  largeur  vers 
son  extrémité,  dans  le  dromadaire,  tandis  qu'elle  a  de  25  à  30  millimètres  dans  le  chameau. 

3°  L'apophyse  zygoraa  tique  du  squamosal  est  particulièrement  mince,  tranchante  à  son 
bord  supérieur  dans  le  dromadaire;  sa  plus  petite  épaisseur  est  de  5  à  7  millimètres,  alors 
qu'elle  atteint  jusqu'à  12  millimètres  dans  l'autre  espèce  : 

4°  La  cavité  glénoïde  de  cette  apophyse  est  plus  étroite  transversalement,  plus  profonde 
dans  la  première  espèce  que  dans  la  seconde  ;  en  outre,  elle  est  hordée  en  dehors  par  une 
apophyse  gui  est  à  feine  indiquée  dans  le  chameau  à  deux  bosses,  tandis  qu'elle  proéraine 
d'environ  2  centimètres  sur  son  fond  dans  le  dromadaire. 


140 


hp:chkuches  anatomiques  sur  les  camélidés 


Dimension  transversale  moyenne  de  cette  cavité  :  42  millimètres  chez  le  dromadaire  ; 
52  millimètres  chez  le  chameau. 

5°  L'entrée  de  l'orbite  a  ses  deux  diamètres,  vertical  et  antéro-postérieur,  sensible- 
ment égaux  dans  le  chameau  d'Arabie,  tandis  que  le  vertical  l'emporte  sur  l'autre,  dans  le 
chameau  d'Asie,  d'un  demi-centimètre  environ' .  Le  bord  qui  circonscrit  cette  entrée  est 
moins  âpre  et  moins  irrégulier  chez  celui-ci  que  chez  celui-là.  En  outre,  l'orbite  est  plus 
distante  de  la  ligne  d'implantation  des  molaires  dans  le  chameau  bactrien  que  dans  l'arabe; 
nous  avons  trouvé,  entre  son  bord  inférieur  et  le  bord  alvéolaire.  4  à  5  centimètres  dans  le 
premier,  3  centimètres  seulement  dans  le  second.  Il  faut  dire  toutefois  que,    dans  l'une  et 


Fiii.  94. 


1,  2 


,  2,  3.  4,  5,  prémolaires  sériées  et  arrièi-e-molaires  ;  I,  incisives  inférieures;  i.  crocliet  incisif  de  la  mâchoire  supérieure; 
G,  canines;  pm,  crociiets  prémolaires:  m,  ti-ou  mentonnier  ;  m',  autre  orifice  du  conduit  dentaire  inférieur;  c.  condyle 
occipit.  ;  J,  apopliyse  jugulaire;  f,  bulle  tyn^paiiique  ;  ap.  apophyse  sous-condyiienne  du  maxillaire  inl'erieur. 

l'autre  espèce,  cette  distance  varie  avec  l'âge,  par  le  fait  de  la  résorption  progressive  des  pro- 
cessus  alvéolaires. 

Chez  ledromadaire,  la  partie  antérieure  du  jugal  est  fortement  aplatie  de  dessus  en  des- 
sous, de  manière  à  former  à  l'orbite  un  bord  saillant  qui  se  confond,  à  quelques  millimètres 
près,  avec  la  crête  massétérique.  Chez  l'autre  espèce,  elle  présente  quelque  largeur  et  fait  à 
l'orbite  une  marge  au  lieu  d'un  simple  bord.  Ony  voit  distinctement  la  crête  massétérique,  qui 
se  tient  à  7  ou  8  millimètres  au  moins  du  sourcil  orbitaire. 

6"  Les  os  sus-nasaux  sont  plus  larges  à  l'extrémité  qu'a  la  base  dans  le  dromadaire,, 
tandis  que  c'est  plutôt  le  contraire  dans  le  chameau  à  deux  bosses.  On  remarque  chez  le- 
premier  animal,  de  chaque  côté  de  la  base  de  ces  os,  une  forte  dépression  comme  si  la  racine 
du  nez  avait  été  pincée,  dépression  nulle  ou  peu  marquée  chez  le  second. 

7°  La    fontanelle  fronto-maxillo-nasale,  située  au  fond   de  la  dépression    précitée,  est 


'  La  tête  est  supposée  horizontale. 


DIFFÉUEXCKS  KXTU1<    LES  DEUX  ESPÈCES  DE  CHAMIvVUX  141 

beaucoup  plus  étendue  dans  celui-ci  que  dans  celui-là  ;  souvent  même  elle  fait  défaut  chez 
le  dromadaire,  tandis  qu'elle  atteint  2  1/2  à  3  centimètres  chez  le  chameau  d'Asie. 

La  suture  fronto-maxillaire  approche  à  10  à  12  millimètres  de  l'échancrure  sus-orhi- 
taire  chez  le  dromadaire;  le  même  intervalle  est  à  peu  double  chez  le  chameau  à  deux 
bosses  (25  millimètres  environ). 

8"  L'entrée  des  fosses  nasales  mesure  en  largeur  4  à  5  centimètres  dans  le  dromadaire  ; 
elle  est  en  moyenne  de  3  cm.  1/2  dans  l'autre  espèce.  Ladite  largeur  est  donnée  par  l'écarte- 
ment  maximum  des  apophyses  montantes  des  intermaxillaires; 

'>  L'ouverture  gutturale  des  fosses  nasales  participe  de  la  différence  offerte  par  l'ouver- 
ture extérieure.  L'écartement  des  ailes  internes  des  apophyses  ptérygoïdes  est  de  4  à  5  centi- 
mètres dans  les  dromadaires,  rarement  supérieure  à  4  centimètres  dans  les  chameaux.  En 
outre,  ces  apophyses  sont  plus  épaisses  dans  le  premier  animal  que  dans  le  second,  et  l'em- 
preinte du  muscle  ptérygoidien  est  bien  plus  accentuée.  Au  niveau  de  leur  jjifurcation,  elles 
avaient  1)  millimètres  d'épaisseur  chez  un  chameau  à  deux  bosses,  14  millimètres  chez  un 
dromadaire. 

Le  palatin  ne  dépasse  pas,  en  avant,  dans  le  dromadaire,  le  niveau  de  l'intervalle  de  la 
deuxième  et  de  la  première  arrière-molaire,  tandis  qu'il  s'étend  jusqu'en  regard  du  lobe 
postérieur  de  la  première  arrière-molaire,  dans  le  chameau  à  deux  bosses. 

10"  L'éminence  conique  du  fond  de  la  cavité  orbitaire  ainsi  que  la  crête  y  aboutissant, 
qui  limite  cette  cavité  avec  la  fosse  temporale,  sont  beaucoup  plus  accentuées  dans  le  cha- 
meau à  deux  bosses  que  dans  l'autre.  Le  trou  sphéno-palatin  est  aussi  beaucoup  plus  grand; 
nous  lui  avons  trouvé  en  moyenne  23  millimètres  de  long  sur  14  de  large  dans  le  chameau  à 
deux  bosses,  17  millimètres  sur  S  daus  le  dromadaire.  Le  trou  grand  rond  est  aussi  plus 
large  (17  millimètres  contre  12).  La  gouttière  intra-orbitaire  qui  précède  l'entrée  du  canal 
dentaire  présente  la  même  différence,  car  elle  n'a  pas  moins  de  2  centimètres  de  largeur  dans 
l'un,  tandis  qu'elle  atteinte  peine  1  cm.  1/2  dans  l'autre.  Cette  gouttière  se  termine  dans 
le  chameau  à  deux  bosses  par  un  rebord  saillant  qui  limite  en  arrière  une  dépression  oh 
s'ouvre  le  deuxième  trou  lacrymal  ;  rebord  et  dépression  qui  font  défaut,  ou  à  peu  près,  dans 
les  dromadaires. 

11"  L'orifice  d'entrée  du  conduit  palatin  est  contigu  au  trou  sphéno-palatin  dans  les  dro- 
madaires ;  il  en  est  distant  de  1  cm.  1/2  environ  dans  les  chameaux.  Ledit  conduit  s'ouvre 
dans  son  trajet  sur  l'os  palatin,  par  un  trou  relativement  grand  dans  ceux-ci,  plus  ou  moins 
oblitéré  dans  ceux-là.  Son  orifice  terminal  est  variable  de  situation,  il  se  trouve,  en  général, 
au  niveau  de  l'intervalle  de  la  dernière  et  de  l'avant-dernière  prémolaire. 

12"  La  mandibule  du  chameau  à  deux  bosses  se  fait  remarquer  par  un  cei'tain  allonge- 
ment de  ses  branches,  de  telle  sorte  que  le  rapport  de  la  longueur  de  celles-ci  avec  la  longueur 
de  la  symphyse  est  notablement  différent  dans  les  deux  espèces  .  0,  iO  à  0,45  dans  le  dro- 
madaire, 0,35  à  0,38  dans  le  chameau. 

En  moyenne,  on  trouve  : 

Chameau.  DrumiJaire. 

Longueur   des  branches,   d'une    apophyse     sous-coiidjlienne  à 

l'angle  de  la  symphyse 325  millimètres.         275  millimètres. 

Longueur  de  la  symphyse,  dents  non  comprise! HT  —  117  — 


142  UECHKllCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIOÉS 

L'apophyse  coronoïde  varie  beaucoup  dans  les  deux  espèces  au  point  de  vue  de  sa  direc- 
tion et  de  sa  forme  ;  mais  elle  est  plus  longue  dans  l'espèce  à  deux  bosses  :  à  partir  du  fond  de 
l'échancrure  corono-condylienne,  nous  avons  trouvé  7  à  8  centimètres  dans  l'une,  5  à  6  centi- 
mètres seulement  dans  l'autre  ; 

13"  Les  proportions  générales  de  la  tète  sont  peu  différentes  dans  les  deux  espèces. 
Cependant  la  largeur  maximum  prise  entre  les  arcades  zygomatiques,  ainsi  que  la  largeur  de 
la  boîte  crânienne  prise  d'une  fosse  temporale  à  l'autre,  rapportées  à  la  longueur  totale,  sont 
sensiblement  plus  grandes  dans  le  chameau  de  Bactriane  que  dans  le  dromadaire,  et  les 
arcades  zygomatiques  sont  un  peu  plus  écartées  de  la  boîte  crânienne. 

Voici  quelques  dimensions  moyennes  : 

Clianieau.  Dromadaire. 

Du  sommet  de  la  protubérance  occipitale  à  l'extrémité  de  l'inter- 

maxillaire 530  millimètres.         -470  millimètres. 

Largeur  maximum  au  niveau  des  arcades  zygomatiques    .     .     .     255  —  215  — 

Largeur  de  la  boîte  crânienne 118  —  100  — 

Distance  de  la  protubérance  occipitale  à  une  ligne  qui  réunirait 

le  fond  des  échancrures  sus-orbitaires  (longueur  du  crâne)  .     .     2o!(  —  240  — 

Distance  horizontale  de  l'arcade  zygomatique,  face  externe,   au 

bord  antérieur  de  l'apophyse  ptérygoïde  du  sphénoïde.     .     .     100  —  84  — 

14"  La  direction  du  centrum  basilo-sphénoïdal  relativement  à  celle  de  la  voûte  palatine 
est  assez  différente  dans  les  deux  espèces.  Chez  le  chameau  de  Bactriane,  les  deux  parties 
sont  sensiblement  parallèles  et  le  crâne  e.st  ainsi  sur  le  prolongement  de  la  face.  Chez  l'autre 
chameau,  le  crâne  semble  s'être  relevé  de  la  partie  postérieure,  de  telle  sorte  que  la  ligne 
basilo-sphénoïdale  n'est  plus  parallèle  à  l'axe  de  la  voûte  palatine.  Cette  différence  se  traduit 
sur  le  profil  antérieur  de  la  tête,  qui  forme  un  angle  beaucoup  plus  rentrant  dans  le  droma- 
madaire  que  dans  le  chameau  à  deux  bosses. 

15"  La  capacité  crânienne  est  notablement  plus  forte  dans  celui-ci  que  dans  celui-là. 
Nous  avons  trouvé  S20  centimètres  cubes  pour  un  mâle  de  l'espèce  à  deux  bosses,  585  centi- 
mètres cubes  pour  un  mâle  de  l'espèce  à  une  bosse,  560  centimètres  cubes  pour  une  femelle 
de  l'espèce  à  une  bosse.  N'ayant  point  noté  le  poids  total  du  corps,  il  nous  est  impossible  de 
dire  si  la  différence  constatée  lui  était  subordonnée. 

16"  Quant  à  l'hyoïde,  celui  du  chameau  de  Bactriane  différerait  de  celui  du  dromadaire,  au 
dire  de  Daubenton,  «  en  ce  que  les  os  de  la  fourchette  sont  plus  courts  et  moins  larges  à  leur 
partie  antérieure,  ce  qui  ne  vient  peut-être  que  d'une  différence  d'âge  ».  Contrairement  à 
cette  assertion,  nous  avons  trouvé,  chez  un  dromadaire,  des  cornes  thyroïdiennes  de  70  mil- 
limètres, de  65  millimètres  seulement  chez  un  chameau  à  deux  bosses;  en  outre,  ces  mêmes 
cornes  étaient  plus  grêles  que  chez  ce  dernier  (6  millimètres  d'épaisseur  dans  l'un,  9  milli- 
mètres dans  l'autre).  Il  m'a  semblé  aussi  que  le  basi-hyal  s'ossifie  et  se  soude  plus  rapi- 
dement dans  le  dromadaire  que  dans  l'autre  espèce.  Mais  tout  cela  n'a  pas  grande  valeur. 


DIFl'KREXGKS  K\TI{K  Li:S  DKUX  ESPECES  DI']  CHAMEAUX 


143 


B.  DENTS 

Les  dents  sont  de  même  nombre,  de  mêmes  formes,  de  même  volume  relatif,  de  même 
disposition,  et  susceptibles  des  mêmes  anomalies  dans  les  deux  espèces;  je  ne  crois  pas  que 
l'on  puisse  baser  sur  elles  une  diagnose  différentielle.  Je  transcris,  néanmoius,  les  quelques 
mesures  suivantes  : 


Chameau. 

Dromadaire. 

58  millimètres. 

138  millimètres 

37          — 

30           — 

44          — 

37           — 

45          — 

38           — 

Longueur  de  l'arcade  molaire  supérieure 

Longueur  de  la  table  de  la  première  A  m  supérieure    .     . 

—  —     de  la  deuxième  Am  supérieure  .     .     . 

—  —     de  la  troisième  Am  supérieure    .     .     . 

De  Blainville  écrit,  dans  son  Ostèogrcqohie,  que  «  peut-être  le  lobe  postérieur  de  la  der- 
nière molaire  supérieure  est  moins  rétréci  dans  le  chameau  que  dans  le  dromadaire  ».  Nos 
mensurations  ne  confirment  pas  cette  différence. 


Chameau. 


Dromadaire. 


Diamètre  transversal  du  lobe  antérieur  de  la  dernière 

molaire  supérieure 22"'"' 5  24  millimètres. 

Diamètre  transversal  du  lobe  postérieur  de  la  dernière 

molaire  supérieure 18  millimètres.  18,5. 

Il  faut  diix',  d'ailleurs,  que  ces  mesures  n'ont  de  valeur  qu'à  la  condition  d'être  pratiquées 
sur  des  dents  arrivées  au  même  degré  d'usure;  les  dimensions  de  la  table  d'une  dent  quel- 
conque changent  considérablement  avec  l'âge.  11  ne  pourrait  exister  de  différences  vraiment 
spécifiques  que  dans  les  délails  de  la  forme,  et  nous  déclarons  n'en  avoir  pas  trouvé. 


C.  COLONNE  VERTÉBRALE 


La  formule  vertébrale  est  la  même  dans  les  deux  espèces  :  7  c,  12^/,  7  /.,  5  s.,  17  Coc. 

Vertèbres  cervicales.  —  V atlas  du  chameau  est  plus  large  que  haut,  tandis  que 
celui  du  dromadaire  est  à  peu  de  chose  près  inscriptible  dans  un  carré.  La  fosse  de  la  face 
ventrale,  oii  débouchent  le  ti'DU  de  conjugaison,  le  trou  transversaire  et  le  trou  des  sinus 
veineux,  s'est,  dans  le  dromadaire,  rétrécie  à  son  entrée  et  convertie  en  une  sorte  de  puits 
dont  l'orifice  mesure,  en  moyenne,  17  millimètres  de  haut  sur  12  de  large. 

Le  trou  transversaire  s'ouvi-e  en  arrière  en  un  point  moins  rapproclié  de  la  partie  infé- 
rieure de  l'aile  dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau  (25  à  30  millimètres,  dromadaire, 
18  à  20,  chameau). 

Le  trou  de  conjugaison  s'ouvre,  du  coté  dorsal,  plus  largement  chez  le  chameau  que  chez  le 
dromadaire  (18  à  1 1  milimètres  de  largeur  dans  l'un,  G  à  8  dans  l'autre),  et  le  sillon  vascu- 
laire  qui  le  prolonge  vers  l'angle  antérieur  de  la  vertèbre  est  plus  accusé.  Dans  l'une  et  l'autre 
espèce,  mais  plus  souvent  chez  le  dromadaire,  ledit  orifice  peut  être  divisé  par  une  travée 


144  RECHEUCIIES  AXATOMIULES  SUU  LES  CAMÉLIDÉS 

osseuse  verticale.  En  outre,  la  scissure  qui  lui  lait  suit"  est  susceptible  de  se  convertir  en 
canal  sur  une  plus  ou  moins  grande  longueur. 

L'anneau  de  l'atlas,  c'est-à-dire  son  trou  vertébral,  est  plus  grand  dans  le  chameau  que 
dans  le  dromadaire,  et  son  diamètre  transverse  est  sensiblement  égala  son  diamètre  dorso- 
ventral.  tandis  que  chez  celui-ci  le  premier  diamètre  est  inférieur  au  second.  Signalons  enfin 


FiG.    95.  —  Squelette  de  dromadaibe  (échelle  1  :  15). 
(Collections  d'anatoraie  de  l'Ecole  vélériiiaire  de  Lyon). 


chez  le  dromadaire,  une  crête  transverse,  mince  et  tranchante  à  l'attache  du  ligament  odon- 
toïdien,  laquelle  est  remplacée  par  de  simples  rugosités  dans  le  chameau,  et,  en  outre,  deux 
saillies  en  crochet  occupant  les  jtoints  extrêmes  latéraux  de  la  surface  articulaire  inférieure, 
saillies  à  peine  marquées  dans  l'autre  espèce. 


Dimensions  de  l'atlas  dans  deux  chameaux  et  deux  dromadaires  : 

Chameau  1.       Chameau  2.  Dromadaire  1. 

Largeur  en  haut 104°""  107°""  97""° 

Largeur  en   bas.     .  144  131  116 

Hauteur  d'un  angle  à  l'autre,  de  chaque  côte.     12'3  107  117 


Dromadaiie  2. 

ggmm 

111 

109 


DIFFÉRENCES  ENTRE  LES  DEUX  ESPÈCES  DE  CllAMEAlX  145 

L'aj;^^  présente  un  trou  de  conjugaison  supérieur  qui  est  simple  dans  le  chameau,  divisa; 
en  deux  orifices  par  une  forte  travée  osseuse  verticale,  dans  le  dromadaire.  La  crête  épi- 
neuse est  notablement  plus  élevée  dans  le  premier  animal  que  dans  le  second,  elle  atteint 
2  1/2  à  3  centimètres  dans  l'un,  tandis  qu'elle  ne  dépasse  guère  12  à  1")  millimètres  dans 
l'autre.  L'épaisseur  maximum  de  la  vertèbre,  mesurée  du  tubercule  du  corps  au  tubercule 
de  la  crête  épineuse,  l'emporte  sur  la  largeur  prise  au  niveau  des  apophyses  transverses  chez 
le  chameau;  ces  deux  dimensions  sont  sensiblement  égales  dans  le  dromadaire. 

Dimensions  de  l'axis  dans  deux  cliameaux  et  deux  dromadaires  : 

Cbameau  1.  Chameau  2.         Uromadaire  1.       Dromadaire  2. 

Longueur  du  corps,  non  compris  l'odontoïde  .  182"'"  180"""  167"'™  166°'"' 
Largeur  maximum   au   niveau  des   apophyses 

transverses 109  92  9i  87 

Epaisseur  maximum,  du  tubercule  du  corps  au 

tubercule  épineux 129  118  91  90 

Largeur  de  l'apophyse  odontoïde  ....  42  »  35  » 

Longueur  de  la  crête  épineuse 125  li9  95  112 

Les  autres  vertèbres  cervicales  ont,  d'une  manière  générale,  leurs  diverses  apophyses 
plus  développées  dans  le  chameau  que  dans  le  dromadaire;  elles  sont,  en  outre,  plus  larges, 
moins  dégagées  de  forme,  moins  graciles. 

La  troisième  a  son  apophyse  épineuse  réduite  à  l'état  de  rugosité  chez  celui-ci, 
tandis  que  cette  apophyse  est  haute  de  15  à  20  millimètres  chez  celui-là.  En  outre,  le  tuber- 
cule qui  termine  la  crête  inférieure  du  corps  est  plus  nettement  bilobé  dans  le  chameau  que 
dans  le  dromadaire.  Voici  la  longueur  et  la  largeur  de  cette  vertèbi'e. 

Cliameau.  Dromadaire. 

Longueur  mesurée  au  niveau  du  corps 105  millimètres.  150  millimètres. 

Largeur  mesurée  au  niveau  du  cuspide  dorsal  des  apophyses 
Iransverses 128  —  100  — 

La  quatrième  participe  des  différences  de  la  troisième  ;  son  apophyse  épineuse  fait  une 
saillie  de  2  centimètres  environ  dans  le  chameau,  de  moins  de  1  centimètre  dans  le  droma- 
daire. Le  tubercule  du  corps  est  ordinairement  moins  nettement  bilobé  dans  celui-ci  que  dans 
celui-là. 

Chameau.  Dromadaire. 

Longueur  du  corps 154  millimètres.  156  millimètres. 

Largeur  au  niveau  des  apophyses  costellaires .     .  129  —  113  — 

La  cinquième  a  une  apophyse  épineuse  de  2  1,2  à  3  centimètres  de  hauteur  dans  le 
chameau,  de  2  centimètres  à  peine  dans  le  dromadaire.  Le  prolongement  ventral  de  l'apo- 
physe ti^ansverse,  dit  prolongement  costellaire,  atteint  environ  8  centimètres  chez  le  premier 
animal,  5  à  6  centimètres  chez  le  second.  L'apophyse  articulaire  antérieure  est  également 
sensiblement  plus  longue  (.5  centimètres  chameau,  4  à  4  i/2  centimètres  dromadaire). 

Cliameau.  Dromadaire. 

Longueur  du  corps   ...."..     .....     148  millimètres.  147  millimètres. 

Largeur  au  niveau  des  apophyses  costellaires .     .     .     135  —  121  — 

Abcb.  Mus.  —  ï.  VUI.  19 


14U  ItKClll-liCllIvS  ANATOMIQIKS  Slli    Li;S  CAMKI.IDKS 

La  sixième  a  une  apophyse  épiiiouse  d'au  moins  4  centimètres  dans  le  chameau,  de 
3  centimètres  environ  dans  le  dromadaire.  La  lame  costellaire  est  plus  mince  et  plus  étendue 
dans  le  premier  animal  que  dans  le  secontl  ;  l'échancrure  de  son  bord  libre  est  un  arc  sur  - 
baissé  au  lieu  d'un  demi-cercle  comme  dans  le  dromadaire.  En  outre,  le  cuspide  dorsal  de 
l'apophyse  transverse  est  beaucoup  plus  saillant  dans  le  chameau  à  deux  bosses  et  à  l'état 
tuberculeux,  tandis  qu'il  figure  une  simple  crête  dans  le  dromadaire. 

Chameau.  Dromadaire. 

Longueur  du  corps 132  milliiiK'tres.  130  millimètres. 

Largeur  au  niveau  des  lames  eostellaires    ....  130  —  l55  — 

Largeur  des  lames  eostellaires,  de  la  pointe  craniale  à 

la  pointe  caudale 148  —  110  — 

La  sept\i'))ie  présente  une  apophyse  épineuse  de  (i  à  8  centimètres,  mais  dont  la  hauteur 
est  assez  variable  dans  les  deux  espèces.  Ses  apophyses  articulaires  postérieures  sont  plus 
larges  dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau  (34  millimètres  ;  20  millimètres).  Les 
apophyses  transverses  sont  unies  aux  apophyses  articulaires  antérieures  par  une  crête  oblique 
dont  il  existe  à  peine  la  trace  chez  ce  dernier;  en  outre,  elles  sont  ordinairement  percées,  à 
la  base,  d'un  trou  qui  manque  au  chameau,  trou  qui  ne  s'ouvre  pas  dans  le  canal  vertébral 
ainsi  que  le  fait  le  trou  similaire  des  vertèbres  précédentes.  Sur  cinq  dromadaires  examinés  à 
ce  point  de  vue.  trois  possédaient  le  trou  transversaire  des  deux  cotés  de  leur  septième  cer-vi- 
cale.  un  ne  l'avait  que  d'un  côté,  enfin  un  en  était  complètement  dépourvu. 

Chameau  Dromadaire. 

Lonjiueur  du  corps 103  millimètres.  112  millimètres. 

Largeur  au  niveau  des  apophyses  transverses  .     .     .     145  —  124  — 

Que  si,  maintenant,  nous  jetons  un  coup  d'reil  d'ensemble  sur  les  cinq  dernières  vertèbres 
cervicales  dans  les  deux  espèces  en  parallèle,  on  voit  que  la  gouttière  qui  loge  le  muscle  long-^ 
du  cou  est  manifestement  plus  large  et  plus  profonde  dans  celle  à  deux  bosses  que  dans 
l'autre.  Grâce  aux  chiffres  que  nous  avons  donnés  pour  chaque  vertèbre,  on  pourra 
étabhi-  un  indice  de  largeur  qui  sera  l'une  des  meilleures  bases  de  la  diagnose  différentielle. 
Nous  signalerons  enfin  que  la  partie  annulaire  de  ces  mêmes  vertèbres  est  notablement  plus 
allongée  dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau,  de  telle  sorte  que  les  espaces  interverté- 
braux limités  latéralement  par  les  apophyses  articulaires  sont  beaucoup  moins  étendus  dans  le 
premier  animal  que  dans  le  second;  ces  espaces  s'agrandissent  d'avant  en  airière.  ils  n'ont 
guère  moins  de  4  centimètres  de  largeur  dans  le  chameau  et  vont  jusqu'à  4  cm.  1/2,  tandis 
que  dans  le  dromadaire  ils  atteignent  tout  au  plus  3  centimètres  à  3  cm,  1 ,  i  de  lai-geui'. 

Vertèbres  dorsales.  —  Leurs  échanci-ures  postérieui-es  sont  beaucoup  plus  éti'oites 
dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau  ;  certaines  tendent  à  fermer  leui-  enti'ée  et  à  se 
convertir  en  trou  ;  elles  n'ont  pas  plus  de  3  à  4  millimètres  dans  les  vertèbres  de  la  première 
moitié,  de  7  à  8  raillimèti'es  dans  les  dernières;  tandis  que  dans  le  chameau  ces  échancrures 
peuvent,  pour  la  plupart,  recevoii"  le  bout  du  doigt.  Les  apophyses  épineuses,  à  l'exception 


DIFFERENCES  EXTHI':  LES  DEFX  ESPÈCES  DE  CHAME.U'X  147 

lies  dernières,  sont  plus  longues  dans  le  chameau  à  deux  bosses  que  dans  l'autre  espèce  ;  les 
plus  élevées  (3'^ et 4'),  mesurées  au  compas  d'épaisseur,  des  apophyses  articulaires  postérieures 
à  leur  sommet,  avaient  21  à  22  centimètres  chez  des  dromadaires,  25  à  2(3  centimètres  chez 
des  chameaux.  Par  contre,  les  dernières  apophyses  épineus(;s  dorsales  étaient  moins  élevées 
chez  ceux-ci  que  chez  ceux-là  :  la  onzième  et  la  douzième  avaient  respectivement  1 12  milli- 
mètres et  100  millimètres  dans  un  chameau.  14(1  millimètres  et  134  millimètres  dans  un 
dromadaire. 

Les  apophyses  épineuses  de  la  région  du  garrot  sont,  dans  le  chameau,  plus  larges  à  la 
base  qu'à  l'extrémité;  elles  sont  au  contraire  plus  larges  vers  l'extrémité  qu'à  la  base 
dans  le  dromadaire.  Par  exemple,  la  sixième  mesurait  6  centimètres  en  bas,  4  1/2  centi- 
mètres à  l'extrémité  dans  un  chameau,  5  centimètres  à  la  base,  6  centimètres  à  l'exti'é- 
mité  dans  un  dromadaire.  Cette  atténuation  de  la  largeur  desdites  apophyses,  de  la  base 
au  sommet,  est  un  des  traits  les  plus  caractéristiques  de  l'espèce  à  deux  bosses.  Par 
contre,  elles  sont  plus  épaisses  que  dans  le  dromadaire,  surtout  par  leur  bord  postérieur  qui 
est  creusé  d'une  rainure  qui  ne  fait  défaut  que  dans  les  trois  ou  quatre  dernières,  tandis  que 
dans  le  dromadaire,  ce  bord  est  plus  ou  moins  mince  et  tranchant  dans  la  plus  grande  partie 
de  son  étendue.  J'ai  trouvé,  comme  épaisseur  de  la  troisième  apophyse  épineuse  dorsale  prise 
à  la  base,  28  millimètres  chez  un  chameau,  18  millimètres  chez  un  dromadaire. 

Les  apophyses  transverses  ainsi  que  la  surface  articulaire  qu'elles  portent  pour  l'articula- 
tion des  côtes  sont  en  général  plus  développées  dans  l'espèce  à  deux  bosses.  La  largeur  des 
vertèbres  prise  à  ce  niveau  est  notablement  plus  grande,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte 
par  les  quelques  mensurations  suivantes.  Ordinairement  la  dernière  vertèbre  dorsale  n'a  point 
d'articulation  transverso-costale,  tandis  qu'elle  en  présente  une  dans  le  dromadaire. 

Chameau.  Dromadaire. 

Longueur  du  corps  de  la  3°  dorsale 73  millimètres.  74  millimètres. 

Largeur   maximum  de  la  3"  dorsale  au  niveau  des 

apophyses  Iransverses 116  —  106  — 

Longueur  du  corps  de  la  6*  dorsale 67  —  69  — 

Largeur  maximum  de  la  6'' dorsale 111  —  97  — 

Longueur  du  corps  de  la  9"=  dorsale 73  —  70  — 

Largeur  maximum  de  la  9''  dorsale 1()5  —  92  — 

Longueur  du  corps  de  la  12"  dorsale 76  —  62  — 

Largeur  maximum  de  la  12=  dorsale 83  —  90  — 

Vertèbres  lombaires.  —  Ces  vertèbres  sont  notablement  plus  fortes  dans  le 
chameau  que  dans  le  dromadaire,  sans  doute  pour  servir  d'appui  à  la  deuxième  bosse. 

Longueur  et  largeur  des  corps  vertébraux  lombaires  '  : 
!■•'  2=  3'  4-  5=  l\-  -■■ 

Millimètres.       .MilliiinLi-es. 

Chameau.     .     75 — 60       77  — 56 
Dromadaire  .     63  —  50      65  —  40 

Les  apophyses  épineuses  sont  généralement  plus  élevées  et  plus  épaisses,  terminées  par 

'  La  largeur  a  été  mesurée  à  la  partie  antérieure  du  corps  vertébral. 


Millim.'tres. 

Millii 

iiétres. 

Millimètres. 

.Millimètres. 

.Millimi.'ti-es 

77  —  55 

74- 

-  55 

68  —  55 

69  —  61 

56  —  (!8 

64  —47 

67  - 

-48 

04  —  50 

64  —54 

54  —  61 

148  UKCIIKltCIIKS  AXATOMIOUES  SUR  LKS  CAMÉLIDÉS 

une  lèvre  rui;ueuse  plus  forte,  qui  atteint  2  1/2  à  3  centimètres  d'épaisseur  sur  les  deux 
premières,  tandis  que  chez  lo  dromadaire  cette  lèvre  arrive  à  peine  à  2  centimètres  sur  les 
vertèbres  oîi  elle  est  le  plus  épaisse.  Lesdites  apophyses  sont  à  peu  près  égales  en  hauteur 
dans  les  cinq  premières  lombaires,  et  celte  hauteur  est  approximativement  de  10  centimètres 
dans  le  chameau;  elles  décroissent  à  partir  de  la  première  dans  l'autre  espèce  (!''  12  centi- 
mètres; 2»  10""5;  ::5"  9'"'5  ;  4''  7'"'5;  5"  6'"'5;  6''  6'™5 ,  7"  (i""5).  Si  ces  apophyses  sont,  en 
général,  plus  longues  dans  le  chameau,  elles  sont  plus  larges  dans  le  dromadaire  et  les 
espaces  interépineux  sont  plus  étroits. 

Largeur  des  apophyses  épineuses  lombaires  ju-ises  vers  leur  sommet  : 

i"  S'  3e  4=  5-  6<î  ',' 

Dromadaire.     .     .     ^O"»'"  50°""  TO"""  70"°"'  70""  60"""  32"»"' 

Chameau     ...     48  CO  60  58  60  55  31 

Les  espaces  interépineux  sont,  en  moyenne,  de  1  1/2  à  2  centimètres  dans  lo  dromadaire, 
de  3  centimètres  dans  le  chameau. 

Les  apophyses  transverses  sont  plus  longues  et  plus  larges  dans  l'espèce  à  deux  bosses  : 
la  deuxième  et  la  troisième  sont  élargies  et  échancrées  à  l'extrémité,  plus  qu'on  ne  l'observe 
dans  le  dromadaire.  La  direction  est  la  même  ou  à  peu  près  dans  les  deux  espèces. 

Longueur  et  largeur  des  apophyses  transverses  lombaires  *  : 
Ire  2'  3»  4»  5«  6«  ?• 


MiUimèlres. 

Millimi-lres. 

Millimètres. 

Millimètres. 

Millimètres. 

Millimètres. 

Millimètres. 

Dromadaire. 

68  —  30 

110  -  25 

135  —  29 

150  —  30 

163  —  30 

157  —  30 

140  —  17 

Chameau.    . 

80  —  30 

123  —  27 

157  —  34 

180  —  34 

177  —  40 

168  —  30 

144  —  19 

Ajoutons  enfin  que  les  échancrures  postérieures  des  lames  vertébrales  et  partant  les  trous 
de  conjugaison  sont  plus  grands  dans  le  chameau  de  Bactrianeque  dans  l'antre  ;  lesdites  échan- 
crui'es  peuvent  recevoir  le  bout  du  doigt  dans  le  premier,  ce  qui  est  impossible  dans  le  second. 

Sacrum.  —  La  courbure  antéro-postérieure  du  sacrum  est  plus  grande  dans  le  droma- 
daire que  dans  le  chameau.  Si  on  le  fait  reposer  sur  une  table  par  ses  deux  angles  antérieurs 
et  ses  deux  angles  postérieurs,  on  constate  que  sa  lèvre  latérale  s'élève  à  56  millimètres  du 
plan  de  support  dans  le  premier,  à  4S  millimétrés  seulement  dans  le  second,  ce  qui  représente 
la  flèche  de  l'ai-c  de  courbure.  Les  corps  vertébraux,  distincts  sur  la  face  inférieure  de  l'os, 
sont  presque  plans  dans  le  dromadaire,  tandis  qu'ils  sont  convexes  d'un  coté  à  l'autre  et 
même  relevés  d'une  légère  côte  médiane  chez  le  chameau  ;  de  plus,  ils  sont  en  général  plus 
courts  et  plus  larges  dans  celui-là  que  dans  celui-ci. 

,  Longueur  et  largeur  des  corps  vertébraux  sacrés  -  ;  • 

IT  2'  3*  ■!»  5" 

Millimètres. 

Chameau 48  —  50 

Dromadaire 46  —  48 

'  La  largeur  de  ces  apophyses  a  été  mesurée  au  milieu. 

-  La  largeur  des  corps  vertébraux  sacrés  est     esurée  par  l'écartement  des  trous  sous-sacrés. 


Millimètres. 

Millimètres. 

Millimètres. 

Millimélres. 

50  —  39 

46  —  40 

44  —  35 

30  —  34 

40  —  41 

35  —  33 

34  -30 

32  —  36 

DI1'FI<:RRNCRS  entre  les  deux  espèces  de  chameaux  140 

Le  canal  sacré  est  ouvert  supérieurement  dans  les  deux  premiers  intervalles  vertébraux 
chez  le  chameau;  il  est  complètement  fermé  dans  le  dromadaire.  Les  trous  sus-sacrés  et  les 
sous-sacrés  sont  plus  spacieux  dans  le  premier  animal;  par  exemple,  le  premier  trou  sous- 
sacré  mesurait  19  millimètres  sur  24  chez  un  chameau,  19  millimètres  sur  17  chez  un  droma- 
daire. La  lèvre  latérale  est  plus  épaisse;  elle  avait,  en  arrière  de  la  base  de  l'os,  23  millimètres 
dans  un  chameau,  15  millimètres  dans  un  dromadaire. 

La  cinquième  vertèbre  sacrée,  dans  le  chameau,  n'est  en  général  soudée  que  par  le  corps 
avec  la  précédente,  de  telle  sorte  que  ses  apophyses  transverses  sont  libres,  et  qu'elle  a  pu 
être  considérée  comme  la  première  coccygienne;  tandis  que,  dans  le  dromadaire,  elle  se  soude 
même  par  les  apophyses  transverses  et,  par  cela  même,  a  un  caractère  sacré  incontestable. 

Les  apophyses  épineuses  augmentent  en  hauteur  de  la  première  à  la  troisième  et  dimi- 
nuent ensuite  jusqu'à  la  cinquième,  chez  le  chameau;  elles  décroissent  à  partir  de  la  deuxième 
dans  le  dromadaire. 

La  surface  articulaire  qui  répond  à  l'ilium  est,  dans  le  dromadaire,  surmontée  d'un  rebord 
qui  est  beaucoup  moins  saillant  dans  le  chameau.  Voici  maintenant  quelques  mesures  : 

Chameau.  Dromadaire, 

Longueur  mesurée  eu  ligne  droite  sur  la  face  inférieure  .     .  220  millimètres.  185  millimètres. 

Largeur  maximum  d'un  angle  à  l'autre 218  —  214  — 

Dimension  transverse  de  la  tête  de  la   première  vertèbre 

sacrée 69  —  69  — 

Dimension   verticale  de   la    tête   de   la    première   vertèbre 

sacrée 40  —  36  — 

Diamètre  transversal  de  l'entrée  du  canal  sacré 47  —  43  — 

.  Diamètre  vertical  de  l'entrée  du  canal  sacré 27  —  18  — 

Vertèbres  caudales.  —  Ces  vertèbres  m'ont  paru  se  dégrader  moins  rapidement 
chez  le  chameau  que  chez  le  dromadaire;  c'est  ainsi  que  les  premières  ont  des  apophyses 
transverses  plus  développées,  que  les  lames  vertébrales  se  rejoignent  et  ferment  le  trou 
vertébral  jusqu'à  la  sixième,  tandis  que  dans  celui-ci  lesdiles  lames  ne  se  rejoignent  déjà  plus 
sur  la  cinquième. 

La  sixième  mesurait  33  millimètres  de  longueur  sur  13, .5  de  largeur  minimum,  chez  un 
chameau,  32  milHmètres  sur  15  chez  un  dromadaire.  Les  mêmes  dimensions,  dans  la  huitième, 
étaient  de  32  millimètres  sur  10 pour  le  chameau,  30  miUimètres  sur  12  pour  le  dromadaire. 
La  décroissance  du  diamètre  transversal  se  fait  donc  moins  vite  chez  celui-ci  que  chez 
celui-là. 


D.  OS   DU  THORAX 

Sternum.  —  Le  sternum  du  dromadaire  est  plus  courbé  dans  sa  longueur  que  celui 
du  chameau;  si  on  le  fait  porter  sur  un  plan  horizontal,  on  constate  que  son  profil  inférieur 
s'élève  à  près  de  5  centimètres  au-dessus  de  ce  plan  dans  le  premier  animal,  à  3  centimètres 
ou 3  cm.  1/2  dans  le  second;  en  outre,  l'os  porte  par  la  première  et  la  quatrième  sternèbre 
dans  le  chameau,  par  la  première  et  la  cinquième  dans  le  dromadaire;  cette  dernière  diffé- 


150  1{ECIIKI{CHKS  ANATOMUJL'KS  SIR  LES  CAMÉLIDÉS 

ronce  tient  à  ce  que  la  quatrième  sternèbre  est  beaucoup  moins  épaisse  chez  celui-ci  que  chez 
celui-là:  au  maximum  nous  avons  mesuré  68  millimètres  chez  un  chameau,  57  chez  un  dro- 
madaire ;  tandis  que  c'est  le  contraire  pour  la  cinquième  sternèbre.  dont  l'épaisseur  était  de 
61  millimètres  dans  un  chameau,  de  72  millimètres  dans  un  dromadaire. 

Le  profil  supérieur  du  sternum  du  dromadaire  est  convexe  dans  toute  sa  longueur,  sauf 
au  niveau  de  la  première  sternèbre.  C'e  profil  est,  dans  l'autre  espèce,  très  légèrement  concave 
en  arrière,  convexe  en  avant. 

La  cinquième  sternèbre  est  remarquablement  courte  dans  le  dromadaire,  hémisphérique 
par-dessous,  tandis  que  dans  le  chameau  elle  est  bilobée  sur  sa  face  inférieure  par  une 
profonde  gouttière  médiane. 

La  sixième  sternèbre  nous  a  paru  moins  rétrécie  en  arrière  dans  l'espèce  à  une  bosse  que 
dans  l'autre. 

Chameau.  L)i'oniadaire. 

Longueur  totale  du  sternum  en  ligne  droite,  cartilage  non 

compris 45  centimètres.  39  centimètres. 

Largeur  maximum,  au  niveau  de  la  cinquième  sternèbre     .     11  —  10,5. 

Longueur  des  sleruebres  mesurée  sur  la  face  liiierieure  et  largeur  prise  dans  leur  milieu  : 

1'^  2»  3-  4-  5-  0- 

Millimètres.  Millinièlrfcs.  Millimètres.  Millimètres.  Millimètres.  Millimètres. 

Chameau 70  —  33         78-47         82  —  50         82  —  59         88  -  103         :<3  —  69 

Dromadaire     ....     66  —  37        68  —  49        67  —  58        57  —  64        79  —    95        52  —  79 

Côtes.  —  Les  côtes  du  chameau  sont  plus  longues  et  plus  larges  que  celles  du  droma- 
daire, mais  c'est  là  toute  leur  différence.  La  plus  longue  (septième  ou  huitième)  mesurait  en 
ligne  droite,  de  la  tête  au  point  de  jonction  avec  le  cartilage  de  prolongement,  53  à  57  centi- 
mètres chez  des  chameaux,  46  à  49  centimètres  chez  des  dromadaires.  La  plus  large  (cin- 
quième ou  sixième)  avait  6  1/2  à  7  centimètres  chez  des  chameaux,  5  à  0  cm.  chez  des 
dromadaires. 


E.  MEMBRE  TH()UA(JOl  K 

Scapulum,  — L'épine  acromienne  est  notablement  plus  rapprochée  du  bord  antérieur 
dans  le  chameau  que  dans  le  dromadaire,  de  sorte  que  la  fosse  sus-épineuse  est  relativement 
plus  spacieuse  dans  celui-ci  que  dans  celui-là;  le  rapport  des  deux  fosses  sus-épineuse  et 
sous-éi>ineuse  est  presque  aussi  différent  que  dans  le  cheval  et  le  bœuf,  ainsi  qu'en  témoignent 
les  mesures  suivantes  : 

Chameau  1.  (Chameau  2.         l>rumadaire  1.        Dromadaire  2. 

Largeur  de  la  fosse  sus-épineuse,  prise  à  la  partie 

supérieure 105"""  102"»'  108"""'  106""" 

Largeur  de  la  fosse  sous-épineuse,   prise  à  la 

partie  supérieure    .........     142  188  121  126 

Le  scapulum  du  chameau  est  relativement  plus  large  que  celui  du  dromadaire;  on  en 


DIFFEHEXCI-S  HXTliK  l.KS   DEUX  ESPECES  DE  CIIAMI'.AI'X  151 

jugera  par  le  rapport  delà  largeur  à  la  longueur,  calculé  d'après  les  dunensi(jns  moyennes 
suivantes  : 

Chameau.  Dromadaire. 

Longueur  du  scapulum,  cartilage  de  prolongement  non  compris  .     43  cent,  'j  41  centimètres. 

Largeur  maximum, de  l'anfile  cervical  à  l'angle  dorsal  ....     27     —  22         — 

Le  bord  supérieur  de  l'os  est  presque  droit  dans  le  chameau;  il  décrit  un  ([uart  de  cercle 
en  avant  dans  le  dromadaire. 

Le  bord  postérieur  est  légèrement  concave  dans  toute  son  étendue  dans  le  premier  aniinal. 
tandis  qu'il  est  convexe  en  haut  et  concave  en  bas  dans  le  second. 

L'épine  acromienne  est  plus  saillante  dans  le  chameau,  plus  épaisse  dans  le  dromadaire  ; 
elle  est  sensiblement  moins  inclinée  sur  la  fosse  sous-épineuse  chez  celui-ci  que  chez  celui-là, 
et  son  acromion  ou  pointe  terminale  est  moins  long  et  moins  divergent.  Voici  quelques 
mesures  exprimant  ces  difféi^ences. 


Saillie  de  l'épine  acromienne  .... 
Epaisseur  maximum  de  l'épine  acromienne 

Longueur  de  l'acromion 

Ecartement  de  la  pointe  acromiale    .     . 


Chameau. 

Dromadairp. 

40; 

'i  45  millimètres. 

30  à  35  millimètre; 

10          — 

15           — 

50 

32           — 

45           — 

30          — 

Les  lignes  d'insertion  des  fosses  externes  et  de  la  face  interne  sont  plus  accentuées  dans 
le  dromadaire  que  dans  le  chameau. 

Humérus.  —  L'humérus  du  chameau  est  plus  massif  que  celui  du  dromadaire,  ainsi 
qu'on  peut  s'en  rendre  compte  en  faisant  le  rapport  de  ses  dimensions.  Le  rapport  de  sa  largeur 
prise  transversalement  au  milieu  de  la  diaphyse.  à  sa  longueur  mesurée  d'une  surface  articu- 
laire à  l'autre,  est  de  15/100  au  moins  dans  le  chameau,  de  13/100  en^'iron  dans  le 
dromadaire.  Le  rapport  de  la  largeur  maximum  prise  au  niveau  de  l'apophyse  deltoïdienne 
à  la  longueur  est  d'environ  25/100  pour  le  chameau,  20/100  pour  le  dromadaire. 

L'attache  de  l'extenseur  antérieur  du  métacarpe  sur  la  crête  postérieure  de  la  gouttière 
de  torsion  est  marquée  chez  le  dromadaire  par  une  rugosité  qui  est  presque  effacée  tlans  le 
chameau. 

Le  contour  de  la  fosse  olécranienne  est  moins  régulièrement  ogival  dans  le  dromadaire 
que  dans  le  chameau. 

Chez    celui-ci,  la   paiiio    culminante    de    l'extrémité  supérieure  est   le   sommet  du 
trochin  ou  lèvi^e  interne  de  la  coulisse  bicipitnle  ;  chez  celui-là,  c'est  le  tenon  de  cette  coulisse. 

Cliaineau.  iJromadjiire. 

Longueur,  d'une  surface  articulaire  à  l'autre 3!)3  millimètres.  355  millimètres. 

Largeur  transverse  au  milieu  de  la  diaphyse 62  —  W  — 

Epaisseur  antéro-postérieure  au  milieu  de  la  diaphyse.     .52  —  48  — 

Largeur  maximum   au  niveau  de  l'apophyse  deltoïdienne.     103  —  73  — 

Radius.  —  Le  radius  du  dromadaire  est  particulièrement  long  et  grêle,  c'est  en  effet 


152  HECHKUCHES  AXATOMIQUES  SUR  LES  CAMIXIDÉS 

l'allongement  de  l'avanl-bras  et  du  canon  qui  donne  aux  membres  de  cet  animal  comparés  à 
ceux  du  chameau  leur  aspect  élancé  et  svelte.  Le  rapport  de  longueur  de  l'humérus  et  du 
radius  (indice  huméro-radial)  est  de  70  à  75 '100  dans  le  dromadaire,  de  80  100  environ 
dans  le  chameau.  Le  rapport  de  la  largeur  prise  au  milieu  de  l'os  à  la  longueur  est 
d'environ  10, 100  pour  le  dromadaire,  110  à  115/1000  pour  le  chameau. 

Le  condyle  intérieur  qui  répond  au  scaphoïde  est  creusé  d'une  gorge  qui  tend  à  le 
convertir  en  trochlée  dans  le  chameau,  gorge  moins  accentuée  dans  le  dromadaire. 

La  surface  articulaire  supérieure  présente  dans  le  chameau  une  vaste  fossette  synoviale 
quadrilatère  qui  interrompt  son  tenon  médian,  fossette  beaucoup  plus  étroite  dans  le  droma- 
daire et  située  en  dehors  du  relief  médian. 

Remarquons  eiifin  que,  chez  ce  dernier,  les  coulisses  des  tendons  extenseurs  sont  plus 
accentuées,  ainsi  que  les  tubérosités  de  l'extrémité  supérieure. 

Chameau.  Dromadaire. 

Longueur  prise  d'une  surface  articulaire  à  l'antre    .     .     .  495  millimètres.  -IQO  millimètres. 

Largeur  au  milieu  de  la  diaphyse 56  —  49  — 

Epaisseur  au  milieu  de  la  diaphyse 38  —  ÎJ-'^  — 

Diamètre  transverse  de  la  surface  articulaire  supérieure  .  So  —  75  — 

Nota.  —  Le  chameau  qui  a  été  ici  mesuré  était  d'une  taille  très  supérieure  à  celle  du  dromadaire  mis  en  parallèle, 
et  néanmoins  le  radius  avait  sensiblement  la  même  longueur  dans  les  deux  animaux. 

Cubitus.  —  Le  cubitus  est  sensiblement  plus  développé  dans  le  chameau  que  dans  le 
dromadaire,  comme  en  témoignent  les  mensurations  suivantes  : 

Cliameau.  Dromadaire. 

Longueur  de  la  partie  olécranienne.  c'est-à-dire  dépassant  le 

radius 95  millimètres.  87  millimètres. 

Largeur  prise  en  dessous  de  la  tubérosité  olécranienne     .     .  78  —  62  — 

Epaisseur  de  la  tubérosité  olécranienne 44  —  38  — 

Diamètre  transverse  du  condyle  inférieur     ...  .     .  30,5        —  25.8        — 

Diamètre  antéro-postérieur  de  ce  même  condyle    ....  23  —  28  — 

Le  corps  du  cubitus  est  plus  atrophié  encore  dans  l'espèce  à  une  bosse  que  dans  celle  à 
deux;  l'arête  qu'il  forme  sur  le  côté  externe  du  radius  m'a  paru  moins  saillante.  Enfin,  les 
orifices  de  l'arcade  radio-cubitale  supérieure  sont  à  peu  près  ronds  dans  le  chameau,  tandis 
qu'ils  sont  allongés  dans  le  dromadaire. 

Os  du  carpe.  —  De  tous  les  os  du  carpe,  c'est  le /)î5//brme  qui  présente  les  caractères 
différentiels  les  plus  nets.  Dans  le  dromadaire,  sa  dimension  antéro- postérieure  est  à  peu  près 
égale  à  sa  dimension  supéro-inférieure;  dans  le  chameau,  elle  lui  est  notablement  inférieure, 
attendu  que  l'os  forme  en  haut  une  pointe  très  accentuée. 


Chameau  1. 

Chameau  2. 

Chameau  3. 

Dromadaire  I 

Dromadaire  L'. 

Dr. 

omadair 

Largeur    .     . 

.      .       .      46""" 

^gmm 

4501111 

44111111 

5U"'" 

45"'°' 

Hauteur    .     . 

.    .    .    r.4 

56 

55 

43 

51 

42 

DIFFERENCES  ENTRE  LES  DEUX  ESPECES  DE  CHAMEAUX  153 

On  observe,  en  outre,  sur  le  pourtour  de  la  surface  articulaire,  une  pointe  qui  est  plus 
accusée  dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau. 

Les  autres  os  n'offrent  aucune  différence  saillante  ;  je  me  bornerai  à  transcrire  ici  leurs 
principales  dimensions  prises  sur  un  individu  de  chaque  espèce. 

Chameau.  Dromadaire. 

I    Dimension  anléro-postérieure  maximum    .     •ill  millimètres.  45  millimètres. 

Pyramidal.    .  (    Dimension  transversale  maximum    .     .     .     'il  —  31  — 

(    Dimension  verticale  maximum     ....     42  —  39  — 

;    Dimension  verticale  (hauteur!    ....     40  —  38  — 

Semi-lunaire.  >  ,    ,,  „_  ,,, 

(    Dimension  transversale  (largeur)     .     .     .     Jo  —  ^4  — 

1  Dimension  verticale .39  —  3i  — 

ScAPHoÏDE  .    .  j  Dimension  transverte 34  —  2!*  — 

f  Dimension  antéro-postérieure     ....  48  —  44  — 

[  Dimension  verticale 28  —  24  — 

OscROCiR'..   .  (  Dimension  transverse 45  —  43  — 

(  Dimension  antéro  postérieure     ....  44  —  37  — 

(  Dimension  verticale 25  —  22  — 

Capitatl'm  .   .  <  Dimension  transverse 40  —  37  — 

(  Dimension  antéro-postérieure 41  —  37  — 

1  Dimension  verticale 27  —  24  — 

Trapézoide.   .  Dimension  transverse 23.5  —  22  — 

(  Dimension  antéro-postérieure 24  —  21  — 

Os  du  métacarpe.  —  L'os  du  canon  de  devant  est  plus  long  et  [dus  grêle  dans  le 
dromadaire  que  dans  le  chameau.  Sa  longuem-  comparée  à  celle  de  l'humérus  est  de  0,80  à 
0,85  dans  celui-ci,  0,90  à  0,05  dans  celui-là.  La  largeur  transverse,  prise  au  milieu  de  la 
diaphyse,  est  environ  1 1/100  de  la  longueur  dans  le  dromadaire,  12/100  dans  le  chameau.  La 
largeur  maximum,  au  niveau  de  l'exlrémité  inférieure,  approche  du  1/3  de  la  longueur  dans 
ce  dernier,  tandis  qu'elle  n'en  est  que  le  1/4  dans  l'espèce  à  une  bosse.  Voici  quelques 
mesures  : 

Cbameau.  Dromadaire. 

Longueur  mesurée  du  côté  interne 325  millimètres.  341  millimètres. 

Largeur  mesurée  transversalement  au  milieu 39,5       —  38  — 

Epaisseur  antéro-postérieure  .tu  milieu 34  —  30  — 

Largeur  maximum,  au  niveau  de  l'extrémité  inférieure    .  104  —  88  — 

Diamètre  transverse  du  condyle  externe 49  —  41  — 

(Le  condyle  interne  est  un  peu  plus  petit.) 

Nota.  —  Des  deux  animaux  qui  ont  été  ici  mesurés,  c'est  le  chameau  a  deux  hosses  qui  était  le   plus  grand; 
néanmoins  c'est  le  dromadaire  qui  avait  le  canon  le  plus  long. 

Ajoutons  enfin  que  les  bords  qui  limitent  la  face  postérieure  ont  plus  de  relief  dans  le 
dromadaire  et  qu'ils  arrivent  ordinairement  au  contact  du  plan  horizontal  sur  lequel  on  fait 
reposer  l'os,  tandis  que  dans  l'espèce  à  deux  bosses  ces  bords  n'arrivent  pas  à  Tappui. 


Phalanges  de  la  main.  —  La  premicre  phalange  est  notabl(.Mnent  plus  large  et 
plus  épaisse  dans  l'espèce  à  deux  bosses  que  dans  l'autre.  Sa  largeur  transverse  prise  au  milieu 
est  0,2(')  a  0,28  de  la  longueiu"  prise  d'une  surface  articulaire  à  l'autre  du  côté  concentriijue 
chez  le  chameau,  de  0,21  à  0,23  chez  le  dromadaire. 

Aucii.  Mus.  —  T.  Vni.  SO 


154  l'.KCIlKUClII'.S  ANAl'OMlUlKS  Sl'lî   LKS  CAMKLIDHS 

Ciiameau.  Drumadaire. 

Longueur  du  côté  concentrique 93  millimètres.  91"""5 

Largeur  au  milieu  prise  transversalement 25,7  20  millimètres. 

Largeur  de  rextrémitû  inférieure 38  —  34  — 

Epaisseur  antéro-postérieure  maximum,  prise  à  l'extrémité 

supérieure 35,5       —  33  — 

La  deuxil' me phaiaiuje  du  chameau  est  manifestement  plus  longue  que  celle  du  droma- 
daire et  aussi  plus  large  et  plus  épaisse.  Sa  longueur  atteinte  peu  près  les  7/10  de  la  longueur 
de  la  première  phalange  correspondante,  tandis  que  dans  le  dromadaire,  elle  en  est  à  peim- 
les  6/ 10. 

Chameau.  Dromadaire. 

Longueur  d'une  suTface  articulaire  à  l'autre 65  millimètres.  52""°5 

Largeur  transverse  prise  au  milieu 36  —  27,7 

Epaisseur  antéro-postérieure  de  l'extrémité  supérieure   .     .     28  —  24 

l.a  troisième  phalaïKje  ou  phalange  unguéale  serait,  d'après  Meckel,  plus  longue  que 
large  dans  le  dromadaire,  aussi  large  que  longue  dans  le  chameau.  Je  n'ai  pas  constaté  cette 
différence  mais  plutôt  une  différence  contraire,  comme  l'indiquent  les  chiffres  suivants  : 

Chameau  1.  Chameau  2.  Dromadaire  1.      Dromadaire  2. 

Dimension  antéro-postérieure 26' 25">"'5  22">'"5  24">'" 

Dimension  transverse 25.5  23  25  27 


F.   MKMBKE  ABDOMINAL 

Coxal.  —  La  cavité  colvluide  est  beaucoup  plus  vaste  dans  le  chameau  que  dans  le 
dromadaire;  son  diamètre  antéro-postérieur  était  de  65  millimètres  chez  un  chameau,  de 
67  millimètres  chez  un  autre,  de  52  millimètres  chez  un  dromadaire,  56  millimètres  chez  un 
autre.  Son  arrière-fond  participe  de  la  même  différence;  il  avait  30  millimètres  de  largeur 
chez  un  chameau.  22  millimètres  chez  un  dromadaire. 

La  crête  sus-eotyloïdienne  est,  dans  le  premier  animal,  épaisse  et  mousse,  terminée  en 
arrière  par  une  véritable  épine  sciatique  qui  surmonte  la  poulie  du  muscle  oI)turateur  interne; 
tandis  que,  dans  le  second,  elle  est  plus  élevée,  plus  tranchante,  plus  âpre  sur  son  revers 
externe,  mais  terminée  par  une  épine  sciatique  à  peine  accusée. 

Les  trous  ovalaires  sont  beaucoup  plus  spacieux  chez  le  chameau  que  chez  le  dromadaire 
(Si  millimètres  sur  73  chameau,  62  millimètres  sur  58  dromadaire). 

La  tubérosité  ischiale  a  une  direction  presque  transversale  dans  le  chameau,  tandis  que 
chez  le  dromadaire,  le  cuspide  externe  est  beaucoup  plus  antérieur  (pie  l'interne.  Une  règle 
tangente  aux  deux  tubérosités  ischiales  ne  touche  que  les  cuspides  internes  dans  le  droma- 
daire; elle  rase  aussi  les  cuspides  externes  ou  ne  s'en  tient  ([u'à  une  toute  petite  distance 
dans  le  chameau. 

A  remarquer,  en  outre,  que  le  cuspide  interne  de  ladite  tubéi'osité  est  allongé  transver- 
salement, ellipsoïde  dans  le  chameau,  globuleux  dans  le  dromadaire;  la  tubérosité  tout  entière 


DIFl-'KHKXCKS   KNTHK  LKS  DKIX  KSPHCKS  DK  CllAMKAl  X  155 

est  plus  étendue  dans  le  sens  transverse  chez  celui-là  ;  nous  avons  mesuré  93  millimètres  chez 
un  chameau,  78  millimètres  seulement  chez  un  dromadaire. 

Les  mensurations  suivantes  montrent  que  les  proportions  d'ensemble  sont  sensiljlement 
les  mêmes  dans  les  deux  espèces. 


Chameau  i. 

Chameau  2. 

Chameau  3. 

Druuiadaire  1. 

Dromadaire  2. 

llromadaire  '■<. 

M.ile 

Femelle 

M  aie 

Kenielle 

Longueur    maximum 

du     coxal,     de    la 

crête  iliaque    à    la 

tuli.  ischiale.     . 

4|„,n„„ 

/j.jQmin 

» 

343°"" 

» 

360°"° 

Longueur    maximum 

de l'jlium,  du  centre 

de    l'acétabulum  à 

l'angle  interne  .     . 

288 

309 

287 

240 

265 

200 

Longueur  de  l'ischium 

du  centre  de  l'acé  - 

tabulum  au  cuspide 

interne  de  la  tnb. 

ischiale  .... 

149 

163 

» 

129 

» 

140 

Largeur  maximum  de 

l'ilium    .... 

277 

305 

290 

251 

200 

243 

Largeur  du  bassin,  au 

niveau  des  tubéro- 

sités  ischiales   .     . 

292 

335 

» 

282 

» 

286 

Largeur  du  bassin,  au 

niveau  deshanches. 

460 

460 

» 

305 

» 

4C0 

Diam.  sacro  pubien  . 

207 

205 

» 

181 

» 

183 

Diam.  bis-iliaque 

166 

195 

» 

142 

» 

188 

Fémur.  —  Le  fémur  du  dromadaire  est  proportionnellement  moins  large  et  moins 
épais  que  celui  du  chameau  ;  sa  dimension  transverse  minimum  prise  au  milieu  de  la  diaphyse 
est  chez  celui-ci  environ  les  95  iOUO  de  sa  longueur  mesurée  de  la  tète  articulaire  au 
condyle  interne,  chez  celui-là  les  8.5  1000.  La  largeur  mesurée  à  l'extrémité  inférieure  équi- 
vaut à  environ  20  lOO  de  la  longueur  dans  le  dromadaire,  à  22  ou  23  100  dans  le 
chameau. 

Le  diamètre  antéro-postérieur  de  la  tête  articulaire  participe  de  la  diflerence  présentée 
parle  même  diamètre  de  la  cavité  cotyloide  (voy.  ci-dessus). 

Le  trochantin  forme,  dans  le  dromadaire,  une  grosse  tubérosité  qui  proémine  en  dedans 
et  surtout  en  arrière  ;  chez  le  chameau  c'est  une  petite  apophyse  aplatie  d'avant  en  arrière  qui 
fait  saillie  sur  le  bord  interne  mais  non  sur  le  profil  postérieur.  Le  pilastre  de  la  face  posté- 
rieure est  plus  rugueux,  plus  âpre,  et  ses  branches  de  bifurcation  supérieures  et  inférieures 
sont  plus  accentuées  dans  le  dromadaire  que  dans  l'autre  espèce;  il  en  est  de  même  pour  la 
tubérosité  d'attache  du  perforé.  Le  trou  nourricier  est  ordinairement  situé  contre  cette  tubé- 
rosité,  tandis  que  dans  le  chameau  il  en  est  distant  de  1  1   2  à  2  centimètres. 

Dimensions  du  fémur  dans  quelques  sujets  : 

Chameau  1.  Chameau  ?.  Chameau  .'i.  Drouiadaire  1.        Llromadaire  2.       L)rornadaire  3. 

Longueur,  de  la  tète 

au  condvle  interne.     522"""  510""°  511"'"'  486°""  465°'"'  524'""' 


i:ii 

.ainean  1. 

Chameau  2. 

Largeur   transverse. 

au  milieu     .      .     . 

50 

49,5 

Epaisseurantéro-pos- 

térieure,  au  milieu. 

43 

^^nim 

Largeur   de   l'extré- 

mité supérieure,  de 

tète    à    trochanter 

inclusivement  . 

» 

135 

Largeur  de  l'extré- 

mité inférieure.     . 

« 

117 

Diamètre  antéro-pos- 

térieur  de  la  tête  . 

58™"' 

59 

150  15ECHEHGI1ES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

Chaiiieuu  3.         Dromadaire  1.       Dromadaire  2.        Dromadaire  3. 

49  42  40  40 

»  37,5  37.5  x 

»  »  HT""  » 

»  »  97  » 

»  46""'  50  » 

Rotule.  —  La  rotule  du  chameau  est  plus  large  en  haut  qu'en  bas;  celle  du  droma- 
dah'e  est,  au  contrau*e,  sensiblement  plus  large  en  bas  qu'en  haut  et  relativement  plus 
épaisse. 

Chameau.  Dromadaire, 

Longueur  maximum 91  millimètres.  81  millimètres. 

Largeur  maximum 52  —  40  — 

Epaisseur  maximum 43  —  43  — 

Ces  mesures  montrent  que,  dans  l'espèce  à  une  bosse,  la  largeur  égale  sensiblement  la 
moitié  de  la  longueur,  tandis  que  dans  l'autre  espèce  elle  dépasse  ce  rapport. 

Tibia.  —  Le  tibia  est  proportionnellement  plus  long  dans  le  dromadaire  que  dans  le 
chameau;  il  est  aussi  manifestement  plus  grêle.  Sa  longueur,  mesurée  du  coté  interne,  d'une 
surface  articulaire  à  l'autre  mais  sans  comprendre  l'épine,  dépasse  les  9  10  de  la  longueur  du 
fémur;  tandis  que  dans  le  chameau  elle  en  est  environ  les  6  7.  La  largeur  transverse  prise 
au  milieu  est  inférieure  à  1  10  de  la  longueur  dans  le  premier  animal;  elle  dépasse  ce 
rapport  dans  le  second  1 12  100). 

Dimensions  moyennes  du  tibia  dans  les  deux  espèces  : 

Chameau.  Dromadaire. 

Longueur,   du  plateau  articulaire  supérieur  à  la  malléole 

interne  inclusivement 440  millimètres.  434  millimètres. 

Largeur,  au  milieu 53  —  42  — 

Largeur  de  l'extrémité  supérieure 121  —  105  — 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure 83  —  70  — 

Epaisseur  antéro-postérieure  au  milieu 37  —  34  — 

Nota.  —  Il  faut  remarquer,  comme  pour  le  radius,  que,  malgré  la  prédomirianca  de   taille    du  chameau,  le    tibia 
du  dromadaire  est  presque  aussi  long  que  l'autre.  A  égalité  de  taille,  il  l'emporte  de  beaucoup. 

Péroné.  — Dans  les  deu.\  espèces,  le  péroné  est  réduit  à  l'os  malléolaire.  Toutefois, 
Meckel  dit  avoir  rencontré  en  outre,  chez  un  dromadaire,  un  st^'let  osseux  au  côté  externe 
du  tibia.  J'ai  ti^ouvé  moi-même  à  l'extrémité  supérieure  du  tibia  d'un  dromadaire,  sur  le 
tianc  de  la  tubérositê  externe,  une  petite  apophyse  descendante  pointui?,  qui  représentait 


DU'lÉliEXCKS  ENTRE  LES  DEUX  ESPÈCES  DE  CHAMEAUX  157 

évidemment  un  rudiment  proximal  de  péroné.  Cette  anomalie  peut  d'ailleurs  se  présenter  à 
divers  degrés  chez  d'autres  Ruminants*. 

Quant  à  l'os  malléolaire,  il  est  très  semblable  dans  les  deux  espèces,  mais  il  est  plus 
volumineux  dans  celle  à  deux  bosses. 

Chameau.  Dromaiiaire. 

Longueur  antéro-postérieure 43  millimètres.  Sô^^ô 

Hauteur,  pointe  supérieure  non  comprise 21  —  18 

Epaisseur  maximum 22  —  17.50 

La  surface  articulaire  répondant  au  calcanéum,  surface  composée  d'une  cavité  glénoïde 
et  d'un  petit  condyle  qui  lui  fait  revers  antérieurement,  se  distingue  chez  le  chameau  par 
l'égalité  des  deux  diamètres,  transverse  et  antéro-postérieur,  de  la  cavité  glénoide  ;  le  pre- 
mier de  ces  diamètres  est  notablement  inférieur  à  l'autre  dans  le  dromadaire. 

Os  du  tarse.  —  Ils  ne  présentent  que  des  différences  bien  faibles,  à  part  leur  volume 
plus  considérable  dans  le  chameau  que  dans  le  dromadaire. 

Le  calranèwn  peut  cependant  être  distingué  assez  facilement  grâce  à  son  condyle  mal- 
léolaire, plus  haut  que  lai-ge  dans  le  dromadaire,  aussi  large  ou  mémo  plus  large  que  haut  dans 
le  chameau. 

Chameau  t.  Chameau  ?.         Dromadaire  I.        Dromadaire  2. 

Longueur  maximum 140°""  146°""  129""  ISô"" 

Largeur  minimum  prise  sous  la  tubérosité  du 

sommet 42  41                      37  38 

Epaisseur  minimum  au  même  endroit.     ...       25  26                       20  21 

Diamètre  sup.  inférieur  du  condyle  maliéol.     .         »  22                       20  » 

Diamètre  transverse  du  condyle  maliéol  ...»  22                        17  » 

Chameau,  Dromadaire. 

(  Hauteur  prise  du  fond  d'une  gorge  à  l'autre.     62  millimètres.  55  millimètres. 

Astragale.        ,  ■  ,    i  ^  .    •  i-  rn  i- 

j   Largeur  au  niveau  de  la  surface  art.  int.     .50  —  ko  — 

Le  relief  qui,  sur  la  surface  articulaire  inférieure,  sépare  le  condyle  de  la  trochlée  m'a 
paru  plus  accentué  dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau. 


CUBOÏDE  .    .    . 

scaphoïde  .   . 

Grand 

Cunéiforme. 

Petit 
Cunéiforme. 


Dimension  supéro-inférieure  maximum  . 
Dimension  antéro-postérieure  maximum. 
Dimension  supéro-inférieure  minimum    . 

Dimension  transverse 30 

Dimension  antéro-postérieure  maximum. 
Dimension  supéro-inférieure  minimum    . 
Dimension  transverse  maximum    . 
Dimension  antéro  -postérieure  maximum. 
l)imension  supéro-inférieure  prise  en  avant.     10,5 
Dimension  transverse  maximum    . 
Dimension  antéro-postérieure  maximum. 


Chameau. 

Dromadaire. 

37  millimètres. 

29  mi 

iUimètres, 

02          — 

55 

— 

18          — 

13 

— 

30          — 

28 

— 

45           — 

41 

— 

15           — 

12 

— 

36,5       — 

33 

— 

34,5       — 

27 

— 

10,5       - 

15,5 

— 

14          — 

11,5 

— 

20           — 

10,5 

— 

'  Voir  dans  le  Bulletin  1  de   l'association  des  anatomistes  ma  communication  sur  le  cubitus  et  le  i)éroné  dans 
les  Solipèdes  et  les  Ruminants. 


158 


lîHCIIKHCIIKS  AXATOMIOUKS  SUli  LES  CAMÉLIDÉS 


Os  du  métatarse.  —  J/os  du  canon  (leclerriùre  participe  des  différences  déjà  signalées 
pour  son  homologue  du  membre  antérieur,  c'est-à-dire  qu'il  est  plus  grêle  et  proportionnel- 
lement plus  long  dans  le  dromadaire  que  dans  le  chameau.  Dans  le  premier,  sa  longueur  est  à 
peu  de  chose  près  les  3/4  de  celle  du  fémur;  dans  le  second,  elle  n'en  est  que  les  2  3  environ. 
En  règle  très  générale,  la  largeur  transverse,  prise  au  milieu  de  l'os,  est  inférieure  à  1  10 
de  la  longueur  chez  le  dromadaire,  supérieure  à  ce  rapport  chez  le  chameau. 

Les  conditions  d'équilibre  de  l'os  posé  sur  un  plan  horizontal  par  sa  face  postérieure 
sont  nettement  différentes  dans  les  deux  espèces  :  celui  du  dromadaire  appuie  par  le  condyle 
interne  de  l'extrémité  inférieure  et  par  les  lèvres  latérales  de  la  face  postérieure  ;  l'extrémité 
supérieure  reste  à  quelques  millimètres  du  plan  de  support.  Celui  du  chameau  appuie  par  les 
deux  extrémités  exclusivement,  il  n'y  a  aucun  contact  par  le  corps  de  l'os. 


Cl 

lameau  1 . 

Chameau  2. 

Chameau  3. 

Dromadaire  1. 

Dromadaire  2. 

Dromadai 

Longueur  mesurée  du 

côté  interne.     .     . 

3251.1m 

337mm 

342"'°' 

347mm 

347""" 

354°>' 

Largeur     transverse 

au  milieu          .     . 

36 

36,5 

40 

31 

32 

35 

Epaisseur  antéro-pos  - 

térieure  au  milieu. 

39 

38 

39 

38 

33 

34 

Largeur   de   l'extré- 

mité inférieure. 

» 

88 

» 

» 

74 

» 

Diamètre    transverse 

du  condyle  externe. 

)i 

42 

V 

» 

33 

» 

Nota.  —  Les  dromadaires  ici  mesurés  étaient  inférieurs  par  la  taille  aux  chameaux;  néanmoins,  ils  l'emportaient 
par  la  longueur  de  leur  canon  postérieur. 


Phalanges  du  pied.  —  Les  mesures  ci-dessous  témoignent  qu'elles  participent  des 
différences  offertes  par  les  phalanges  de  la  main. 

chameau.  Dromadaire. 

[  Longueur  du  coté  concentrique 87  millimètres.  80  millimètres. 

„  \  Largeur  transverse  au  milieu 24  —  19  — 

Première.    '         ? 

i  Lpaisseur  antero-posterieure  maximum  prise 

i       à  l'extrémité  supérieure 31  —  27  — 

„         •  (  Longueur,  d'une  surface  articulaire  à  l'autre  .     dO  —  .50  — 

Deuxième.  {         " 

(  Largeur  transverse  au  milieu 26  —  26  — 

„,  .         (  Dimension  antéro -postérieure 27  —  22  — 

IROISIEME.    I  '^ 

Dimension  transverse         25  —  23  — 


Telles  sont  les  différences  ostéologiques  que  m'a  révélées  une  étude  minutieuse  et 
réitérée  des  deu.x  espèces.  La  plupart  échapperaient  à  un  examen  sommaire,  et,  en  l'absence 
de  figures,  ne  p(iuv<aient  être  définies  que  par  nue  description  minutieuse  appuyée  sur  des 
chiffres  ;  aussi  avons-nous  du  accumuler  jusqu'à  l'aridité  les  détails,  les  mesures  et  les  rap- 
ports de  dimensions.  C'était,  d'ailleurs,  le  seul  moyen  de  rendre  notre  travail  utile  aux 
paléontologistes,  qui  souvent  n'ont  à  leur  disposition  qu'un  seul  os  ou  quelques  fragments 
plus  ou  moins  bien  conservés. 

Bien  que  ces  différences  aient  été  déduites  de  l'examen  d'un  nombre  de  pièces  déjà  grand, 
nous  concédons  que  certaines  d'entre  elles  puissent  être  noyées   dans  les  variations  indivi- 


COMl'AKASKiX   l)i;S  ClIAMIvVlX  l'OSSII.l-lS  WV.C  l,l-:S  CIIAMI'IAIX  ACTl'l'lLS      15!> 

duelles,  relativement  considérables,  de  l'une  et  de  l'autre  espèce;  mais,  dans  cette  hypothèse 
même,  nous  croyons  qu'il  en  resterait  suffisamment  pour  établir  une  diagnose  certaine,  et  de 
largement  équivalentes  à  celles  qui  distinguent  l'âne  et  le  cheval,  ou  même  le  mouton  et  la 
chèvre.  Il  est  peu  de  pai'ties  du  squelette  qui  ne  permettent  d'arriver  à  ce  résultat. 

Quant  aux  différences  des  parties  molles,  nous  les  avons  signalées  déjà  dans  la  partie  de 
ce  travail  consacrée  à  l'anatomie  du  chameau  à  deux  bosses.  A  part  celles  des  bosses  dorsales, 
et  du  voile  du  palais  en  temps  de  rut,  il  n'en  est  guère  d'importantes;  mais  il  convient  de  dire 
que  nous  avons  disséqué  les  dromadaires  longtemps  après  les  chameaux  à  deux  bosses,  tandis 
qu'il  eût  fallu  les  disséquer  simultanément  et  parallèlement,  de  manière  à  com})arer  les  organes 
un  à  un  et  côte  à  côte.  Cependant,  je  ne  crois  pas  téméraire  d'affirmer  qu'une  différence 
importante  ne  m'aurait  pas  échappé. 


COMPARAISON 

DES  CHAMEAUX  FOSSILES  AVEC  LES  CHAMEAUX  ACTUELS 


Il  n'a  été  découvert  jusqu'à  ce  jour,  dans  l'ancien  continent,  qu'un  très  petit  nombre  dt 
gisements  fossiles  de  Caméliens. 


o 


A.  —  Falconer  et  Cautley  ont  décrit,  en  1830,  Camelus  siraloisls  du  pliocène  de  l'Inde, 
monts  Siwahk  (Paleontological  memoirs  and  notes).  C'était  un  chameau  de  très  grande 
taille,  que  la  plupart  des  auteurs  considèrent  comme  la  souche  du  chameau  de  Bactriane. 
Cependant,  autant  que  nous  avons  pu  en  juger  par  les  planches  de  l'ouvrage  Fanna  sica- 
lensîs,  il  nous  a  paru  être  plus  rapproché  du  dromadaire  que  du  chameau  à  deux  bosses.  11 
a  du  dromadaire  le  zygomatique,  le  rebord  orbitaire,  le  grand  développement  de  la  crête 
sagittale,  le  palatin  avec  sa  suture  antérieure  ne  dépassant  pas  le  niveau  de  l'intervalle  des 
deux  premières  arrière-molaires,  l'atlas  avec  sa  fosse  ventrale  profonde  et  resserrée,  l'axis 
avec  le  trou  de  conjugaison  supérieur  double,  l'étroitesse  du  scapulnni,  qui  est  même  poussée 
à  la  dernière  limite,  et  le  rapport  1  à  2  des  fosses  sus-épineuse  et  sous-épineuse,  le  pisiforme 
au  moins  aussi  large  que  haut,  la  longueur  et  la  gracilité  des  canons  avec  la  forte  convexité  de 
leur  profil  postérieur,  l'étroitesse  des  phalanges,  etc. 

Mais  il  présente  aussi  des  caractères  qid  confinent  au  chameau  à  deux  bosses,  et  d'autres 
caractères,  enfin,  qui  n'appartiennent  ni  à  l'une  ni  à  l'autre  des  espèces  actuelles  et  qui  en 
font  une  forme  spéciale  dont  elles  sont  probablement  issues  toutes  deux. 

La  dentition  de  ce  chameau  précurseur  comprenait  deux  prémolaires  en  série  à  chaque 
mâchoire,  indépendamment  de  la  prémolaire  caniniforme,  qui  déjà  était  susceptible  de  man- 
quer. J'ai  romarqui'.  en  outre,  sur  le  dessin  d'un  fragment  do  mandibule  d'un  jeune  animal. 


100  liHCllKRCIIKS  AXATOMIOI  1-:S  SL  1!   l.KS  CAMKl.IDÉS 

la  présence  de  trois  molaires  de  lait  au  lieu  des  deux  que  l'on  trouve  chez  les  chameaux  de 
notre  époque  :  la  première  était  à  l'état  de  rudiment. 

B.  —  Je  ne  ferai  que  mentionner  Camelus  aiitkiuus^  que  Lydekker  a  cru  devoir  dis- 
tinguer de  Camelus  sivalensis,  d'après  quelques  ossements  trouvés  mélangés  à  ceux  de  ce 
dernier. 

C.  —  Quant  à  Camelus  sibiria/s,  il  n'est  décrit  que  d'après  trois  molaires  trouvées  on 
1836,  parBojanus,  dans  le  quaternaire  de  Sibérie.  Encore  G.  Guvier  émit-il  des  doutes  sur 
l'authenticité  de  ces  dents  en  tant  que  dents  fossiles.  11  les  identifia  avec  celles  du  dromadaire 
actuel.  Plusieurs  paléontologistes  modernes  et  notamment  M.  Stefanescu,  de  Bucharest,  ayant 
étudié  de  nouveau  ces  dents  au  musée  de  Dannstadt  oii  elles  sont  déposées,  relevèrent  des 
différences  assez  ti'anchées  avec  celles  des  chameaux  actuels  poui-  qu'on  admette  leur  prove- 
nance fossile.  L'espèce  en  question,  primitivement  appelée  Merycotlieritan  sibiricum  par 
Bojanus,  est  aujourd'hui  consacrée  sous  le  nom  de  Camelus  sihiricns. 

D.  —  Il  y  aussi  Camelus  KnoUoclii,  Irouvé  par  Brandt  dans  le  quaternaire  de  la  Russie 
méridionale;  mais  je  manque  de  documents  pour  discerner  ses  affinités  avec  les  chameaux 
actuels. 

E.  —  Restent  les  chameaux  quaternaires  de  l'Algérie,  signalés  pour  la  première  fois  par 
.MM.  Flower  et  Lydekker  (Mammals  llruuj  and  exlincl.),  et  étudiés  par  P.  Thomas 
et  0.  Porael.  Deux  formes  doivent  être  distinguées  :  l'une,  trouvée  par  Thomas,  vétéri- 
naire principal  de  l'armée,  dans  les  aUuvions  quaternaires  de  l'oued  Seguen.  se  rattache  à 
l'espèce  du  dromadaire,  c'est  Camelus  dromedarius  fossilis  (  Hiomas,  Société  gèolocjupic 
de  France,  1884,  III,  p.  38);  l'autre,  découverte  par  Pomel  à  Palikao,  dans  une  station 
de  la  pierre  éclatée,  et  dont  l'auteur  a  fait  une  espèce  nouvelle  sous  le  nom  de  Camelus 
Thomasii,  espèce  qui  serait  plus  voisine  du  chameau  de  Bactriane  que  du  chameau  arabe 
(Pomel,  Monographies  paléontolorjiques  de  la  carte  fjéolor/ique  de  l'Algérie). 

N'ayant  pas  eu  les  pièces  en  main,  je  m'abstiendrai  d'émettre  une  opinion  personnelle 
sur  ces  diagnoses.  Il  s'agit,  d'ailleurs,  de  questions  fort  difficiles,  où  l'on  n'a  souvent,  pour 
motiver  son  jugement,  que  quelques  débris  osseux  plus  ou  moins  bien  conservés. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'existence  de  chameaux  en  Algérie  pendant  l'ère  quaternaire  mérite 
de  retenir  l'attention,  car  ils  en  disparurent  ensuite  d'une  manière  complète,  tout  comme  les 
chevaux  en  Amérique,  et  durent  y  être  réimportés.  Ni  Hérodote,  ni  l*line,  ni  aucun  des 
historiens  qui  ont  parlé  de  l'ancienne  Berbérie  n'ont  mentionné  le  cliameau  comme  un  de  ses 
habitants.  11  n'y  en  avait  pas  encore  lors  de  la  conquête  du  pays  par  les  Romains,  lesquels 
durent  se  servir  de  boeufs  pour  leurs  transports.  Ce  n'est  guère  que  vers  la  fin  du  m"  siècle  ou 
le  commencement  du  iv*-'  qu'ils  furent  introduits  dans  ce  pays,  ou  [dutôt  réintroduits,  puisque 
nous  venons  de  dire  qu'ils  y  avaient  existé  à  l'époque  préhistorique.  «  Les  chameaux,  dit 
Garl  Vogt,  sont  originaires  de  l'Asie.  Les  Sémites,  dans  la  vie  desquels  ils  tiennent  aujourd'hui 
une  si  grande  place,  ne  l'ont  pas  connu  dans  l'antiquité  la  plus  reculée.  La  Bible  les  mentionne 
dès  le  commencement;  mais  ils  ne  furent  introduits  en  Egypte  qu'environ  1400  ans  avant 


COMl'AHAISON  DES  CHAMEAUX  FOSSILES  AVEC  LES  CUAMI-IAIX  ACTLELS      161 

notre  ère,  et  leur  nom  égyptien  est  le  même  que  le  nom  hébraïque  dont  dérive  le  mot 
chameau.  Les  Sémites  les  ont  ensuite  amenés  avec  eux  dans  le  nord  de  l'Afrique  et  dans 
le  Sahara.  Mais,  dans  le  Soudan,  ils  existaient  déjà  à  l'époque  reculée  où  l'on  trouve  en  Egypte 
leurs  premières  figurations.  » 

Le  général  Faidherbe  avait  déjà  signalé  ce  fait,  qu'il  n'y  a  aucune  correspondance  entre 
les  nombreux  termes  par  lesquels  on  désigne  les  chameaux  chez  les  Arabes  et  chez  les 
Touaregs,  et  il  avait  conclu  que  ces  animaux  remontent  à  une  antiquité  plus  reculée  chez 
ceux-ci  que  chez  ceux-là.  Peut-être  ont-ils  pénétré  dans  le  Soudnn  par  la  haute  vallée  du 
Nil,  tandis  qu'ils  sont  arrivés  en  Algérie  on  suivant  le  littoral  méditerranéen. 

F.  —  Jusqu'à  ces  dernières  années,  aucun  chameau  fossile  n'avait  été  trouvé  en  Europe, 
exception  faite  pour  CameUis  Knohlochi.  dont  il  a  été  parlé  ci-dessus.  M.  Stefanescu,  profes- 
seur à  Bucharest,  vient  de  combler  cette  lacune.  {Yoiy  Annuau-c  dit  Musée  de  géologie  et  de 
pcdèontologle,  Bucharest,  1894.) 

Il  a  eu,  en  effet,  la  bonne  fortune  de  recueillir  lui-même,  dans  une  tranchée  du  chemin 
de  fer  de  Bucarest  à  Virciorova,  sur  la  rive  gauche  de  l'Oit  (Aluta),  deux  mâchoires  infé- 
rieures situées  à  6  mètres  de  profondeur  dans  une  couche  de  gravier  quaternaire,  et  mêlées  à 
d'autres  ossements  fossiles  parmi  lesquels  il  faut  signaler  des  dents  iVElep/ias  primigenius  et 
un  crâne  d'Antilope.  Grâce  à  l'extrême  obligeance  de  M.  le  professeur  Depéret,  doyen  de  la 
Faculté  des  sciences  de  Lyon,  j'ai  pu  étudier  à  loisir  des  moulages  de  ces  mâchoires  et  les 
comparer  à  des  mandibules  de  l'une  et  de  l'autre  des  espèces  actuelles  de  chameaux.  La 
première  chose  qui  a  frappé  mon  attention,  c'est  l'existence  de  deux  j)rémolaires  en  série, 
tandis  que  chez  les  chameaux  actuels  il  n'en  existe  qu'une,  ou,  quand  par  exception  on  en 
trouve  deux,  la  première  est  très  fruste,  peu  solide,  et  n'est  le  plus  souvent  que  la  première 
molaire  de  lait  qui,  n'étant  pas  remplacée,  a  persisté  anormalement.  Les  deux  prémolaires 
sériées  du  chameau  fossile  de  Boumanie  sont  bien  développées  et  manifestement,  l'une 
et  l'autre,  de  deuxième  dentition.  Falconer  avait  déjà  signalé  la  même  particularité  dans 
Cameliis  sivalensis,  et  il  est  juste  de  dire  qu'elle  n'a  pas  échappé  à  l'observation  de  M.  Stefa- 
nescu.  (  lela  nous  fait  assister,  poiu'  ainsi  dire,  à  une  des  phases  de  l'évolution  qui  a  progressi- 
vement simplifié  le  système  dentaire  des  Gaméliens  en  réduisant  d'avant  en  arrièi'e  le  nombre 
de  leurs  prémolaires  en  série. 

Mais,  à  part  cette  particularité  de  la  dentition,  les  mâchoires  en  question  étaient  très 
semblables  à  celles  des  dromadaires  actuels;  par  exemple,  le  rapport  de  la  longueur  de  la  sym- 
physe à  Li  longueur  de  la  branche  libre  était  de  0,48,  tandis  que  dans  le  chameau  à  deux 
bosses  ce  rapport  est  inférieiu-  à  0,40.  Cependant,  'SI.  Stefanescu  a  cru  devoir  créer  une 
espèce  nouvelle  sous  le  nom  de  Caniclirs  alutensis.  Il  fait  d'ailleurs  remarquer  que  les  deux 
seules  mandibules  qu'il  a  étudiées  témoignent  par  leurs  dimensions  qu'elles  appartenaient  à 
deux  individus  de  taille  différente,  dont  un  devait  se  rapprocher  des  chameaux  actuels  tandis 
que  l'autre  était  notablement  plus  petit;  mais  il  tend  à  croire  qu'ils  appartenaient  néanmoins 
à  la  même  espèce  et  que  leur  différence  est  imputable  au  sexe.  M.  Stefanescu  conclut 
ainsi  : 

«  La  présence  du  chameau  fossile  en  Roumanie  nous  éclaire  sur  la  distribution  de  ces 
animaux  aux  différentes  époques  géologiques.  Elle  nous  montre  que  le  chameau,  originaire 

Arch.  Mus.  —  t.  VUI.  21 


Ifi2  IlKCIIKKCllKS  AXATOMKJI  i;S  Sllt  LKS  CA.MKLIDKS 

de  l'Inde  et  qui  a  vécu  dans  le  'centre  de  l'Asie  à  l'époque  tertiaire,  noniiuément  dans  le 
pliocénique,  a  émigré  ensuite  vers  l'Occident.  Nous  ne  le  trouvons  en  Roumanie,  aux  portes 
de  l'Orient,  qu'à  l'époque  quaternaire.  Son  émigration  a  donc  dû  être  fort  lente  jusqu'à  ce  qu'il 
arrive  cliez  nous,  qu'il  devait  quitter  définitivement  a  la  fin  de  cette  même  époque.  De  nou- 
velles découvertes  indiqueront,  j'en  suis  sûr,  dans  l'avenir,  jusqu'où  s'est  avancé  le  chameau 
dans  l'occident  de  l'Europe  et  quelles  contrées  y  présentaient  des  conditions  favorables  à  sa 
vie  et  à  son  développement.  » 


TROISIEME  PARTIE 

DIFFÉRENCES 


LES    CHAMEAUX   ET   LES   LAMAS 


I^es  animaux  du  genre  lama  ou  auchenia.  aujourd'hui  cantonnés  sur  les  hauts  plateaux 
de  l'Amërique  du  Sud,  dans  les  montagnes  de  la  Cordillère,  ont  été  qualifiés,  à  juste  titre, 
de  chameaux  du  Nouveau-Monde;  ils  en  sont,  en  effet,  des  formes  vicariantes  et  ont  eu  vrai- 
semblablement la  même  lignée  d'ancêtres,  lignée  qui  a  eu  l'Amérique  pour  berceau  et  que  l'on 
peut  remonter  jusqu'à  l'époque  éocène  grâce  aux  découvertes  de  Marsh,  Leidy.  Cope,  etc. 

Ces  deux  rameaux  d'une  même  souche  se  sont  séparés  vers  l'époque  miocène,  et  tandis 
que  l'un  passait  en  Asie,  en  profitant  de  la  continuité  des  deux  continents  que  n'avait  pas 
encore  rompue  le  détroit  de  Behring,  l'autre  restait  sur  sa  terre  d'origine. 

Aux  temps  quaternaires,  il  existait  des  lamas  dans  toute  l'Amérique,  déjà  différenciés 
en  plusieurs  espèces  ;  leurs  gisements  fossiles  sont  particulièrement  nombreux  aux  Etats- 
Unis.  Pourquoi  ont-ils  disparu  de  l'Amérique  du  Nord;'  et  quelles  sont  les  conditions  qui  leur 
ont  valu  de  survivre  dans  l'Amérique  du  Sud?  —  On  l'ignore  absolument  et  je  m'abstiendrai 
de  toute  hypothèse  à  ce  sujet. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  existe  actuellement  quatre  formes  différentes  de  lamas,  dont  deux 
vivent  à  l'état  sauvage  :  le  guanaco  et  le  paco  ou  vigogne,  et  deux  à  l'état  domestique:  le 
lama  proprement  dit  et  l'alpaca.  Depuis  Buffon,  \-a  plupart  des  zoologistes  répètent,  en  se 
copiant,  que  le  guanaco  et  le  lama  appartiennent  à  une  seule  et  même  espèce  et  qu'il  en  est  de 
même  pour  la  vigogne  et  l'alpaca;  plusieurs  affirment  catégoriquement,  sans  toutefois  donner 
de  preuves,  que  les  animaux  de  chacun  de  ces  deux  groupes  se  reproduisent  et  donnent  des 
métis.  L'espèce  du  paco  et  de  l'alpaca  serait  à  l'autre  espèce,  au  point  de  vue  de  la  taille,  ce 
que  l'àne  est  au  cheval;  l'une  atteint  la  taille  du  cerf,  l'autre  ne  dépasse  guère  celle  du 
mouton. 

Depuis  quelques  années,  on  tend  à  réagir  contre  l'opinion  de  Butfon  et  à  distinguer  les 
quatre  formes  connue  autant  d'espèces.  D'ailleurs  les  indigènes  ne  les  ont  jamais  confon- 
dues. Tschudi,  en  particulier,  s'est  appliqué  à  faire  valoir  les  différences  qui  les  caractérisent 


164  RECHERCHES  AXATOMIQUES  SUR  LES  CAMiaJDÉS 

et  à  démontrer  que  la  pi-étendue  fécondité  de  leur  croisement  n'est  qu'une  légende.  Sur  vingt 
et  un  accouplements  de  guanaco  et  de  lama,  il  dit  n'avoir  pas  obtenu  une  seule  fécondation. 

Comme  il  ne  m'a  été  donné  d'étudier  jusqu'à  ce  jour,  d'une  manière  complète,  que  le  lama 
domestique  (aucheiria  lama  ou  lama  [/lama),  je  ne  puis  me  pi'ononcer  sur  la  question  discutée 
ni  sur  le  degré  d'affinité  des  animaux  en  cause;  il  faudrait  au  préalable  en  faire  une  étude 
anatomique  comparative  minutieuse.  Toutefois,  je  ne  crois  pas  téméraire  d'avancer,  d'une 
part,  que  les  différences  que  cette  étude  pourra  révéler  ne  dépasseront  pas  en  importance  celles 
qui  séparent  les  deux  espèces  de  chameaux  ;  d'autre  part,  que  la  plupart  des  faits  que  j'ai 
relevés  en  comparant  les  chameaux  avec  le  lama  domestique  se  retrouveront  dans  les  autres 
animaux  du  genre  lama  :  conjectures  que  je  me  réserve  de  vérifier  quand  l'occasion  s'en  pré- 
sentera. D'ailleurs,  je  dois  dire  que,  en  ce  qui  concerne  la  .tète  osseuse,  partie  essentielle  du 
squelette,  j'ai  eu  en  main  des  spécimens  de  toutes  les  sortes  de  lamas. 

]\Ies  observations  ont  porté,  en  effet,  sur  trois  squelettes  de  lamas,  sur  une  douzaine  de 
têtes  osseuses  isolées  de  lamas,  guanacos,  vigognes,  alpacas,  et  enfin  sur  le  cadavre  complet 
d'un  lama  domestique  mâle  provenant  du  Parc  de  laTéte-d'Or.  Voici  quelques  particularités 
extérieures  de  celui-ci,  sur  lesquelles  il  me  paraît  utile  d'attirer  l'attention. 

Taille  au  garrot 1"'  12 

Longueur  de  la  tête 35 centimètres. 

Largeur  maximum  de  la  tête  au  niveau  (les  arcades  zygomatiques lô™  5 

Longueur  de  roreille 15  centimètres. 

Longueur  du  cou  en  suivant  la  courbure  vertébrale 62          — 

Longueur  du  corps  depuis  le  bout  do  la  tête  jusqu'à  la  naissance  de  la  queue  .     .  1"'  77 

Longueur  de  la  queue 29  centimètres. 

Robe  Isabelle,  virant  au  roux  en  certains  points,  fortement  lavée  aux  extrémités,  ainsi 
que  sous  le  ventre  et  à  la  face  interne  des  cuisses. 

Toison  rude,  couvrant  le  cou,  les  parties  supérieures  et  latérales  du  corps,  et  descendant 
sur  la  face  externe  des  membres  jusqu'à  l'avant-liras  d'une  part,  jusqu'à  la  jambe  d'autre  part. 
Cette  toison  était  très  courte  sur  le  cou,  sauf  à  son  bord  supérieur  où  elle  ébauchait  nne  sorte 
de  crinière  ;  elle  s'étendait  sur  le  crâne.  Les  régions  qui  n'en  étaient  pas  revêtues,  telles  que  le 
dessous  du  corps,  la  face  interne  et  l'extrémité  des  membres,  étaient  couvertes  de  poils  courts, 
droits  et  régulièrement  imbriqués.  Au  niveau  du  flanc  ainsi  qu'en  arrière  du  coude,  la  toison 
était  profondément  échancrée  et  comme  pénétrée  par  la  surface  pileuse  ordinaire. 

Ot'eilles  plus  longues  relativement  que  dans  les  chameaux  et  ressemblant  beaucoup  à 
celles  de  la  chèvre,  à  part  qu'elles  sont  dressées.  Avant-bras  moins  long  au  contraire  que  dans  ^ 
les  chameaux. 

Callosité  unique,  siégeant  au  sternum,  mesurant  S  centimètres  de  long  et  2  à  3  centi- 
mètres de  large,  purement  cutanée  et  très  probablement  accidentelle;  tandis  que  la  callosité 
sternale  des  chameaux  est  beaucoup  plus  épaisse  et  étendue,  correspond  à  un  renforcement  du 
sternum  et  est  héréditaire.  On  lit  généralement  dans  les  auteurs  que  les  lamas  domestiques 
ont  des  callosités  à  la  poitrine  et  aux  carpes,  et  qu'en  cela  ils  se  distinguent  des  guanacos.  qui 
n'en  ont  pas  du  tout.  Celui  que  nous  avons  observé  n'en  portait  pas  trace  sur  les  genoux,  non 
jdusqu'àla  rotule,  au  coude  et  an  jarret:  différence  qui  tient  peut-être  à  ce  qu'il  n'était  pas 
astreint,  au  Parc  de  la  Téte-d'Or,  aux  mêmes  servitudes  que  ses  congénères  du  pays  d'origine. 


DIFFKHEXCKS  KXYWK  LlvS  CHAMEAUX  KT  LKS  LAMAS  165 

Châtaignes  aux  membres  postérieurs,  de  chaque  côté  du  canon.  Ces  plaques  de  corne 
étaient  situées  à  la  partie  supérieure  du  canon  et  avaient  la  forme  d'une  ellipse  à  grand  axe 
vertical  ;  l'externe  mesurait  (3  à  7  centimètres  de  long,  l'interne  4  à  5  centimètres  seulement. 
Ni  l'une  ni  l'autre  ne  faisaient  relief  sur  la  peau,  ressemblant  en  cela  aux  châtaignes  de  l'âne. 
Mais,  dans  ce  dernier  animal,  les  châtaignes  n'existent  qu'aux  membres  de  devant,  tandis 
qu'on  les  observe  aux  membres  de  derrière  dans  les  lamas.  Chez  les  chameaux,  il  n'y  a  de 
châtaignes  à  aucun  membre,  et  c'est  là  une  différence  importante  que  je  n'ai  trouvée  mentionnée 
nulle  part.  Les  châtaignes  des  lamas  représentent,  sans  doute,  des  vestiges  ongulés  des  doigts 
II  et  V  et  équivalent  aux  ergots  des  ruminants  ordinaires  :  ce  sont,iiour  ainsi  dire,  des  ergots 
remontés,  arrivés  au  dernier  terme  de  l'atrophie  qui  a  conduit  à  leur  disparition  complète  chez 
les  chameaux. 

Pied  plus  fendu  et  à  plante  calleuse  moins  développée  que  dans  les  chameaux.  Cette 
différence,  signalée  avec  plus  ou  moins  d'exactitude  par  les  zoologistes,  mérite  d'être  décrite 
avec  soin.  Examiné  par  sa  face  d'appui,  le  pied  des  lamas  se  montre 
profondément  fendu  en  avant,  de  telle  sorte  qu'il  y  a  deux  semelles 
plantaires  au  lieu  d'une;  toutefois  ces  semelles  restent  unies  en  arrière 
et  il  n'est  pas  exact  do  dire,  comme  Buffon,  que  le  pied  est  fourchu 
comme  celui  du  bœuf.  En  arrière,  les  deux  doigts  sont  empêtrés  dans  la 
peau  et  réunis  parleurs  coussinets  plantaires;  c'est  seulement  du  côté  anté- 
rieur qu'ils  sont  séparés  par  un  intervalle  où  s'enfonce  la  peau,  intervalle 
beaucoup  moins  marqué  chez  les  chameaux.  Les  semelles  plantaires  ont  I'"ig-  96. 

,.,.,,.  .  .         .  Face  plantaire 

la  souplesse  et  la  consistance  du  cuu^  ;  elles  n  étaient  point  crevassées  dans  pu  ^ied  i/un  lama 

l'animal  que  j'ai  examiné,  comme  elles  le  sont  d'ordinaire  chezleschameaux. 

Quant  aux  oiujies,  ils  étaient  beaucoup  plus  comprimés  et  recourbés  que  dans  les  animaux 
du  genre  Caraelus.  Leur  aplatissement  latéral  s'accusait  notamment  par  une  arête  dorsale 
saillante  oîi  se  joignaient  leurs  deux  faces  presque  planes.  Par  défaut  d'usure,  ces  ongles 
s'étaient  démesurément  allongés  et  contournés  en  tire-houchon. 

Arrivons  maintenant  à  l'exposé  des  résultats  de  notre  élude  anatomique  et  signalons 
dans  chaque  appareil  d'organes  les  différences  constatées  relativement  aux  chameaux. 


APPAREIL    LOCOMOTEUR 


SQUELETTE 

TÊTE 

Uoccipital  se  fait  remarquer  par  sa  protubérance  occipitale  externe  beaucoup  moins 
saillante  que  dans  les  chameaux  et  (irdinairement  échanerée  dans  son  milieu.  Par  contre,  la 
crête  occipitale  est  très  accentuée  dans  les  lamas,  plus  ou  moins  effacée  dans  les  chameaux. 


1C6 


RECHEHCHES  AXATOMK  »ri:S  Slli   I.KS  CAMÉLIDÉS 


Les  fosses  latérales  où  s'ouvrent  les  trous  mastoïdiens  sont  moins  profondes  que  dans  les 
chameaux  et  les  crêtes  que  forment  les  lignes  courbes  supérieures  ne  sont  pas  renversées  en 
arrière  comme  dans  ces  derniers;  elles  sont,  au  contraire,  concaves  antérieurement.  Les 
condyles  sont  moins  prolongés  sur  l'apophyse  basilaire  et  sont  nettement  séparés  l'un  de 
l'autre  par  une  scissure  qui  peut  atteindre  3  à  i  millimètres.  Les  apophyses  paramastoïdes 
sont  plus  pointues. 

Le  pariétal  ne  m'a  montré  qu'une  seule  différence  relative  aux  crêtes  de  même  nom, 
lesquelles  sont  moins  accentuées  que  dans  les  chameaux  et  se  réunissent  plus  haut,  à  5  ou 


KiG.  97. 


TÈTE    I)"lJN  LAMA. 


I,  incisives  inférieures;  t,  i-i'ocliet  incisif  de  la  màclioire  supérieure;  GC,  canines;  1,2,  .'3, 4,  5,  les  deux  prémolaires 
et  les  trois  arriére-molaires  delà  mâchoire  suiierieure  ;  1,  2,  3,  4,  la  prémolaire  et  les  trois  arriére-molaii-es  delà  mâchoire 
inférieure. . 


6  centimètres  seulement  de  la  protubérance  occipitale,  ou  même  ne  se  réunissent  pas  du  tout. 
L'angle  qu'elles  forment  est  donc  lieaucoup  plus  profond  que  dans  les  chameaux  et  la  crête 
sagittale  plus  courte,  parfois  nulle. 

Sur  deux  têtes  de  très  jeunes  guanacos  déposées  dans  les  collections  de  zootechnie  de 
l'Ecole  vétérinaire,  je  remarque  un  interpariètal  triangulaire  qui  s'avance  comme  un  coin 
jusqu'à  mi-longueur  des  pariétaux.  Cet  os  se  sonde  hâtivement  et  se  confond  avec  ceux-ci, 
mais  sa  base  reste  longtemps  distincte  de  l'occipital. 

Le  frontal  semble  prendre  une  part  plus  grande  à  la  constitution  de  la  voûte  du  crâne 
que  dans  le  genre  Catnelas.  Le  rapport  de  sa  longueur,  mesurée  de  la  suture  nasale  à 
la  suture  pariétale,  à  sa  largeur  maximum,  prise  au  niveau  des  arcades  orbitaires.  est  très 
différent  dans  les  deux  groupes;  il  est  de  0,60  à  0.70  dans  le  groupe  lama,  de  0.40  à  0,50 
dans  le  groupe  chameau,  c'est-à-dire  que  le  frontal  est  proportionnellement  lieaucoup  plus 
long  dans  le  premier  que  dans  le  second. 

La  suture  mêdio-frontale  se  soude  plus  tardivement  que  dans  le  genre  CameUis,  et  les 
trous  sus-orbitaires  en  sont  moins  rapprochés;  l'intervalle  de  ceux-ci  est  de  4  à  5  centi- 
mètres au  maximum  dans  les  chameaux,  de  5  à  6  centimètres  dans  les  lamas.  Chez  ces 


DIFFKHKXCKS  KXTHK   LKS  CIIAMEAIX   HT  Ll'S  LAMAS  167 

derniers  ils  sont  à  peu  près  à  égale  distance  de  la  ligne  médiane  et  du  tond  de  l'échan- 
crure  sus-orbitaire.  Signalons  en  outre  que  les  sillons  vasculaires  qui  font  suite  auxdits 
trous  sont  en  général  très  accentués  dans  les  lamas,  plus  ou  moins  cffticés  dans  les 
chameaux. 

Les  os  ch'  nez  des  lamas  sont  reuiarquables  par  la  largeur  de  leur  base,  parleur  brièveté 
et  par  le  contact  qu'ils  prennent  avec  l'apophyse  montante  des  intermaxillaires.  Leur  largeur 
commune,  prise  d'un  maxillaire  à  l'autre,  l'emporte  toujours  de  beaucoup  sur  la  longueur  de 
leur  suture  ;  elle  peut  être  plus  du  double  chez  les  vigognes  et  les  alpacas,  qui  se  distinguent, 
en  effet,  par  une  extrême  brièveté  de  ces  os.  Chez  les  chameaux,  les  os  du  nez  sont  beaucoup 
plus  longs  et  à  peine  atténués  de  leur  base  à  l'extrémité  libre,  parfois  même  ils  sont  élargis  par 
le  bout  ;  en  outre,  ils  sont  séparés  de  l'apophyse  montante  interraaxillaire  par  un  intervalle 
de  1  cm.  1  2  environ,  occupé  par  une  enclave  du  maxillaire  supérieur  ;  leur  largeur  maximum 
prise  d'un  maxillaire  à  l'autre,  est  de  beaucoup  inférieure  à  la  longueur  de  leur  suture  (1 :  2  en 
moyenne). 

Los  fontanelles  situées  sur  le  c(")té  de  la  base  des  os  nasaux  offrent  de  très  grandes  varia- 
tions d'étendue;  parfois  elles  sont  fermées  par  un  os  wormien. 

Les  os  intermaxillaires  ne  présentent  pas  d'autres  différences  dignes  de  mention  que 
leur  jonction  avec  les  os  du  nez  chez  les  lamas,  leur  disjonction  avec  ces  os  chez  les  chameaux. 

UécaiUe  du  temporal  des  lamas  off"re  pour  la  mandibule  une  cavité  glénoïde  qui  est 
considérablement  rétrécie  par  un  trou  à  jour  qui  perfore  l'apophyse  zygomatique,  trou  propor- 
tionnellement moins  grand  chez  les  chameaux  et  ne  montrant  pas  le  jour  à  travers.  En  outre, 
l'apophyse  post-glénoïdale  est  beaucoup  moins  développée  que  dans  ces  derniers  ;  mais  par 
contre,  le  condyle  qui  borde  en  avant  la  surface  articulaire  est  nettement  distinct,  tandis  que 
dans  les  chameaux  il  s'est  déprimé  en  tous  sens  et  confondu  avec  la  cavité  glénoïde.  Il 
semble  que  l'eniboitement  articulaire  soit  moins  profond  dans  les  lamas  que  dans  les 
chameaux,  ce  qui  peut  donner  plus  de  mobilité  à  la  mandibule. 

L'apophyse  zygomatique  est  beaucoup  moins  écartée  de  la  fosse  temporale  que  dans  les 
chameaux,  et  celle-ci  est  moins  enfoncée,  moins  profonde. 

Ajoutons  enfin,  que  ladite  apophyse  est  traversée,  dans  la  généralité  des  lamas,  par  un 
petit  trou  situé  au  côté  interne  du  bord  antérieur  de  la  surface  articulaire,  trou  représenté  par 
une  simple  échancrure  chez  les  chameaux. 

La  porlion  auriculaire  du  temporal  des  lamas  se  distingue  :  1"  par  la  direction  relevée 
du  tube  auditif,  direction  qui  est  plutôt  descendante  chez  les  chameaux:  2'  par  l'épaisseur 
plus  grande  et  la  proéminence  moindre  de  la  bulle  tympanique.  Celle-ci  dépasse  en  saillie 
l'apophyse  paramastoïde  dans  les  chameaux,  tandis  que  c'est  le  contraire  pour  les  lamas. 

Le  zygomjxtiipte  n'off're  rien  de  bien  important  :  il  ressemble  à  celui  du  chameau  à  deux 
bosses.  Il  se  soude  à  l'apophyse  orbitaire  du  frontal  beaucoup  plus  tardivement  que  chez 
les  animaux  du  genre  Camelus,  de  sorte  que  la  distinction  de  ses  deux  branches  est  facile. 
Signalons  aussi  la  plus  grande  étendue  de  la  portion  extra-orbitaire  de  l'os,  en  avant  de 
l'orbite . 

Le  lacrymal  ^e  fait  aussi  remarquer  par  le  développement  de  sa  portion  extra-orbitaire 
qui  sépare  le  frontal  du  maxillaire  supérieur,  tandis  que  ces  deux  os  prennent  contact  sur 
une  étendue  de  plusieurs  centimètres  chez  les  chameaux. 


168  HECIIKRCIIKS  AXATOMIOLKS  SUR  LKS  CA.MKLIDKS 

Le  maxillaire  supérieur  est  beaucoup  moins  excavé  latéralement  que  dans  ceux-ci,  le 
chanfrein  s'atténuant  progressivement  à  partir  des  orbites  comme  dans  les  moutons  et  les 
chèvres.  Les  apophyses  palatines  ont  moins  d'extension  entre  les  arcades  molaires  que  chez 
les  chameaux;  elles  ne  dépassent  guère  le  niveau  des  prémolaires,  sur  la  ligne  médiane. 
Il  faut  ajouter,  d'ailleurs,  que  la  voûte  du  palais  est  beaucoup  moins  longue  que  chez  ces 
derniers. 

Le  sphénoïde  est  percé  d'un  trou  ovale  qui  souvent  n'est  séparé  du  trou  déchiré  anté- 
rieur que  par  une  mince  et  fragile  travée  osseuse  de  quelques  millimètres,  tandis  que,  dans  les 
chameaux,  il  en  est  à  plus  de  1  centimètre.  Le  trou  optique  ne  s'ouvre  pas  en  fente  comme 
dans  le  genre  Camclus.  La  crête  qui  délimite  l'orbite  et  la  fosse  temporale  est  moins  accentuée. 
Les  ailes  de  l'apophyse  ptérygoïde  sont  plus  développées  et  plus  recourbées  en  crochet,  surtout 
l'interne;  elles  sont  aussi  plus  minces  et  moins  tubéreuses. 

L'ouverture  gutturale  échancre  profondément  le  palais,  de  telle  sorte  que  Vos  palatin, 
tout  en  s'avançant  jusqu'au  niveau  de  la  partie  antérieure  de  la  première  arrière-molaire,  forme 
au-devant  de  cet  orifice  une  bordure  inférieure  en  étendue  à  celle  des  chameaux.  Le  trou 
sphéno-palatin  est  relativement  petit  (o  à  4  millimètres)  ;  le  trou  palatin  postérieur  en  est 
bien  séparé.  Le  trou  palatin  antérieur  est  relativement  grand  ;  il  s'ouvre  en  regard  de  la 
première  prémolaire  sériée,  quelquefois  de  la  deuxième. 

L'ouverture  gutturale  est  proportionnellement  plus  allongée  dans  les  lamas  que  dans  les 
chameaux  ;  on  trouve,  en  moyenne,  du  fond  de  l'arcade  palatine  au  bord  de  l'apophyse 
ptérygoïde,  0  centimètres  chez  les  premiers,  7  J  2  à  S  centimètres  chez  les  seconds.  La 
argeur  de  cette  ouverture  est  extrêmement  variable,  elle  est  plus  grande  dans  les  lamas 
sauvages  tels  que  le  guanaco  et  la  vigogne  que  dans  les  lamas  domestiques. 

Le  maxillaire  inférieur  se  fait  remarquer  par  la  brièveté  de  la  symphj'se  et  au  contraire 
par  la  grande  longueur  des  apophyses  coronoïdes.  La  symphyse  n'atteint  pas  le  1  3  de  la 
longueur  de  la  partie  libre  des  branches,  tandis  que  dans  les  chameaux  elle  varie  de  0,35 
à  0,45.  Les  apophyses  coronoïdes,  mesurées  à  pai'tir  du  fond  de  l'échancrure  sigmoide, 
varient  dans  les  animaux  du  genre  Auc/œnia,  de  4  à  6  centimètres. 

Tête  considérée  en  général.  —  Jetons  maintenant  un  coup  d'ieil  d'ensemble 
sur  la  tête  dans  les  deux  groupes  comparés. 

La  tête  des  lamas  présente  une  certaine  flexion  du  crâne  sur  la  face,  qui  n'existe  pas 
chez  les  chameaux  ;  on  en  juge  en  comparant  la  direction  du  centrum  basilo-sphénoïdal  à 
celle  de  la  voûte  palatine  ;  ces  deux  directions  sont  parallèles  ou  presque  parallèles  chez 
ceux-ci,  tandis  qu'elles  sont  convergentes  chez  ceux-là;  on  en  juge  aussi  par  le  mode  d'appui 
sur  un  plan  horizontal  :  cet  appui  se  fait  par  les  arcades  molaires  et  les  apophyses  paramas- 
toïdes  chez  les  lamas,  par  les  arcades  molaires  et  les  apophyses  ptérygoïdes  chez  les  chameaux. 

La  voûte  du  crâne  chez  les  lamas  est  plus  convexe,  plus  bombée  que  chez  les  chameaux. 

La  capacité  crânienne  est  proportionnellement  plus  grande;  elle  est,  en  moyenne,  de 
250  à  300  centimètres  cubes,  c'est-à-dire  approximativement  équivalente  à  la  moitié  de  celle 
des  chameaux. 

L'orbite  est  moins  proéminente,  moins  profonde,  non  déjetée  en  bas.  La  largeur  de  la 
tête  à  ce  niveau  est  moindre  que  chez  les  chameaux,  et  toujours  inférieure  à  la  moitié  de  la 


DIFFKHKXCES  KNTRK  LHS  ClIAMFArX  I<:T  LHS  LAMAS 


169 


longueur.  Tous  ces  caractères  vont  de  pair  avec  le  moindre  écartement  des  arcades  zygoma- 
tiques  et  la  moindre  étendue  des  fosses  temporales. 

En  somme,  les  différences  sont  tranchées  entre  la  tète  des  lamas  et  celle  des  chameaux. 
La  première  se  rapproche  plus  que  l'autre  de  celle  des  ruminants  ordinaires. 


FiG.  'J8.  —  Squelette  de  lama,  a  l'échelle  de  1:  11,5. 
(Collections  d'auatomie  de  l'Ecole  Vétérinaire  de  Lyon) 


C ( ) L () N N E   V E R T E B R A L E 


L'atlas  des  lamas  comparé  à  celui  des  chameaux  se  distingue  par  une  apophyse  épineuse 
manifeste  dont  la  saillie  peut  dépasser  1  2  centimètre;  par  ses  angles  inférieurs  très  saillants; 
parla  crête  médiane  de  son  arc  ventral,  très  nette  et  terminée  par  un  tubercule  simple  (tandis 
que  dans  les  chameaux  cette  crête  est  effacée  et  le  tul.)ercule  d'insertion  du  long  du  cou  est 
double)  ;  par  In  jictitesse  du  trou  transversaire  et  son  extrême  rapprochement  de  la  surface 
articulaire  inférieure.— J'ai  mesuré  chez  un  lama  domestique  63  millimètres  de  hauteur  maxi- 

Arch.  Mus.  —  t.  Vlll  ~~ 


170  HECllKRCIIES  ANATOMKjlKS  SUR  LKS  CAMÉLIDÉS 

muin  (diamètre  céphalo-caudal)  et  70"""5  de  lai-geur;  la  lai-geui-  maximum  n'est  pas  en  bas  de 
la  vertèbre  mais  à  peu  près  dans  son  milieu. 

ïj'a.vis  se  fait  remai-quer  par  sa  crête  épineuse,  eu  quelque  sorte  tronquée  en  arrière, 
n'atteignant  pas,  comme  dans  les  chameaux,  le  niveau  de  l'échancrure  postérieure,  et  par  son 
apophyse  odontoïde  entourée  à  la  base  d'une  sorte  de  rainure  articulaire.  Chez  un  lama 
domestique,  j'ai  mesuré  : 

Longueur  du  corps,  odontoïde  compris 11'.*  millimètres. 

Largeur  maximum  au  niveau  des  apophyses  transverses ...       51  — 

Longueur  de  la  crête  épineuse 68  — 

En  comparant  ces  chiffres  avec  ceux  donnés  plus  haut  pour  les  chameaux,   on  verra  que  l'axis  des  lamas  est 
relativement  étroit. 

Les  aictres  vertèbres  cerricales,  comparées  à  celles  des  chameaux,  présentent  comme 
traits  différentiels  :  1"  la  crête  médiane  du  corps  généralement  plus  accentuée  ;  2°  le  prolon- 
gement ventral  de  l'apophyse  transverse  recom-bé  en  arrière  en  crochet,  surtout  dans  la  troi- 
sième et  la  quatrième;  3"  le  cuspide  dorsal  delà  même  apophyse,  plus  développé.  Dans  la 
sixième  vertèbre  notamment,  ce  cuspide  atteint  2  à  3  centimètres  de  saillie,  tandis  que  ce 
n'est  qu'un  tubercule  dans  les  chameaux.  Cette  même  vertèbre  se  distingue,  en  outre,  par  la 
profonde  échancrure  de  son  apophyse  costellaire.  La  septième  vertèbre  a  les  apophyses  trans- 
verses perforées  à  la  base  à  la  manière  ordinaire.  Nous  avons  dit  déjà  que  cette  particularité 
manque  au  chameau  à  deux  bosses  et  est  inconstante  chez  le  dromadaire.  La  même  vertèbre 
présente  une  apophyse  épineuse  relativement  basse  (2  centimètres  en  moyenne). 

Pour  compléter  ces  renseignements,  nous  donnerons  les  quelques  mesures  suivantes,  prises 
sur  un  lama  domestique. 

Longueur  totale  de  la  tige  cervicale,  64  centimètres. 

Longueurdu  corps  de  la  3'',  105  millimètres;  de  la  4",  104  millimètres;  de  la  5°,  95  millimètres  ;  de  la 

6'',  78  millimètres  ;  de  la  7'',  57  millimètres. 
Saillie  de  l'apophyse  costellaire  dans  la  3''.  15  millimètres;  dans  la  6",  35  millimètres. 

Les  rertcbres  dorsales  sont  au  nombre  de  douze  ainsi  que  dans  les  chameaux.  Brehm 
donne  le  chiffre  dix,  mais  c'est  certainement  une  erreur.  Leur  lon"'ueur  totale  est  assez  exac- 
tement  les  2  3  de  celle  des  vertèbres  cervicales.  Sauf  leur  volume,  elles  ressemblent  beaucoup 
aux  vertèbres  homologues  des  chameaux  et  plus  particulièrement  à  celles  du  chameau  de 
Bactriane. 

Remarquons  toutefois  que  les  apophyses  épineuses  sont  proportionnellement  moins  longues 
et,  vu  l'absence  de  bosses,  moins  épaisses  à  l'extrémité  :  que  les  apophyses  transverses  à  partir 
delà  sixième  ou  septième  s'allongent  obliquement,  s'étranglent  dans  le  milieu  et  deviennent 
bicuspides.  le  cuspide  supéro-antérieur  se  détachant  progressivement  pour  former  apophyse 
articulaire  aux  deux  dernières  vertèbres.  Ces  apophyses  transverses  bicuspides  atteignent 
2  1  2  à  3  centimètres  de  longueur.  Chez  les  chameaux  la  bicus[)idité  ne  s'observe  guère  que 
sur  la  dernière  vertèbre.  Signalons  enfin  que,  chez  les  lamas,  les  facettes  articulaires  pour  les 
tubérosités  des  côtes  sont  moins  irrégulières,  plus  planiforrnes  que  dans  le  genre  Camelus  et 
que  la  crête  inférieure  des  corps  vertébraux  est  plus  mai\juée. 


DIFFERENCES  ENTRE  LES  CHAMEAUX  ET  I,ES  EA^MAS  171 

1er  2«  3e  4«  5"  O-  10"  lie  )2e 

mm.  iniii.  mm.  mm.  mm.  mm.  mm.  miii.  mm. 

Longueur     du     corps 

vertébral.     ...     38  37  38  36  35  35  35  39  40 

Larj^eur  maxim.  d'une 

apophyse transverse 

à  l'autre  ....     68  61  59  57  59  59  59  49  47 

Les  plus  longues  apophyses  épineuses,  ti'oisième  et  quatrième,  atteignent  9  à  10  centi- 
mètres; les  dernières  sont  environ  deux  fois  moins  longues.  La  plus  large  de  ces  apophyses  est 
la  cinquième,  elle  mesure  environ  2  cm.  1   2  entre  ses  deux  bords. 

Les  rerlèbres  lombaires,  au  nombre  de  sept  comme  dans  les  chameaux,  ont  une  lon- 
gueur totale  approximativement  égaleaux2  '3de  celle  des  vertèbres  dorsales.  Leurs  apophyses 
épineuses  sont  eu  antéversion  plus  urononcée  que  dans  ces  derniers.  Leurs  apophyses  trans- 
verses sont  proportionnellement  moins  longues  et  moins  larges  et  sont  surtout  ].)eaueoup 
plus  inclinées,  soit  en  avant,  soit  en  bas.  Quant  on  fait  porter  sur  un  plan  horizontal  les 
vertèbres  lombaires  d'un  lama,  elles  n'appuient  que  par  l'extrémité  de  leurs  apophyses 
transverses,  tandis  que  leur  corps  est  à  une  distance  plus  ou  moins  grande  du  plan  de  support; 
s'il  s'agit  d'un  chameau,  c'est  le  corps  vertébral  qui  arrive  en  premier  lieu  au  contact  du  plan, 
du  moins,  ce  n'est  qu'à  partir  de  la  cinquième  vertèbre  que  les  apophyses  transverses  com- 
mencent à  porter. 

Ajoutons  que,  dans  les  lamas,  la  crête  inférieure  des  corps  vertébraux  est  plus  accentuée, 
et  manifeste  môme  sur  les  derniers. 

Longueur  et  largeur  des  corps  vertébraux  lombaires  chez  un  lama 

1er  2e  3»  4e  Je  6«  '' 


MiUimèlres. 

Milliiiiètros. 

MiUinielres. 

MillimcHres. 

iMilliraètres. 

Milliiiiètros. 

Millimètres. 

49  —  29 

40  —  30 

42—  32 

40  —  33 

38  —  33 

37  -  34,5 

31  —  37 

Les  apophyses  transverses  les  plus  longues  avaient  S  centimètres  à  S  cm.  1,  2,  les  plus 
courtes  5  à  6  centimètres.  Les  plus  lai^ges  mesuraient  Lj  à  IS  millimètres,  la  plus  étroite 
(la  septième)  environ  1  centimètre. 

Le  snrrHiii  des  lamas  compreml  cinq  vertèbres  dont  la  dernière  tarde  plus  ou  moins 
longtemps  à  se  souder  ;  il  est  remarquable  par  l'extrême  abaissement  de  son  épine,  qui  ne 
dépasse  guère  le  niveau  des  lèvres  latérales.  Les  deux  premières  apophyses  épineuses,  notam- 
ment, sont  à  peine  marquées.  Néanmoins,  les  gouttières  sus-sacrées  sont  bien  prononcées 
par  suite  de  la  dépression  des  lames  vertébrales.  Les  lèvres  de  l'os  sont  épaisses,  et  le 
glacis  qui  jiorte  la  surface  auriculaire  est  beaucoup  moins  oblique  que  chez  les  chameaux.  La 
lace  inférieure  montre  des  corps  vertébraux  très  nettement  distincts  des  masses  latérales 
et  formant  une  sorte  de  colonne  hémicylindrique  :  c'est  l'exagération  de  ce  que  nous  avons 
déjà  signalé  dans  le  chameau  à  deux  bosses.  Les  trous  sous-sacrés,  à  l'exception  du  dernier, 
sont  très  spacieux;  ils  mesurent  S  à  15  iniUimètres  de  largeur.  Ajoutons  enfin  que  la 
courbure  antéro-postérieure  de  l'os  est  faible  et  que  la  longueur  l'emporte  notablement  sur 
la  largeur  (124  millimètres  :  11'3  millimètres). 

Le  coccyx  des  lamas  comprend  un  moindre  nombre  de  vertèbres  que  celui  des  cha- 
meaux. Brehm  ne  leur  attribue  que  douze  coccygiennes.  J'en  ai  trouvé  quatorze  chez  un 


172 


UECHEUCHKS  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


lama  domestique  dont  j'ai  pris  le  soin  de  disséquer  la  queue  pour  cette  numération.  Les  lames 
vertébrales  ne  se  rejoii^nent  que  sur  les  trois  premières  de  ces  vertèbres  ;  dès  la  quatrième 
le  canal  vertébral  se  convertit  en  gouttière.  La  cinquième  ne  porte  plus  que  des  vestiges 
infimes  de  lames  vertébrales.  Les  suivantes  sont  réduites  au  centrum  et  s'atténuent  rapide- 
ment, de  telle  sorte  que  la  dernière  n'a  pas  plus  de  2  millimètres  de  diamètre. 

En  somme,  cette  région  difiere  de  celle  des  chameaux  par  un  nombre  moindre  et  une 
dégradation  plus  rapide  des  vertèbres. 

THORAX 


Le  sternuiii  des  lamas  est  fort  ditierent  de  celui  des  chameaux  tout  en  comprenant  le 
même  nombre  de  sternèbres  (0). 

Et  d'abord  la  cinquième  sternèbre.  correspondant  à  la  callosité 
pectorale  (quand  celle-ci  existe),  n'est  pas  plus  développée  que  les  pré- 
cédentes ;  il  est  manifeste  que  l'os  n'a  subi  aucune  adaptation  pour 
l'appui  sur  la  poitrine.  En  outre,  il  est  régulièrement  convexe  dans 
toute  sa  longueur  comme  la  quille  d'un  bateau,  tandis  que  dans  les 
chameaux  son  profil  inférieur  décrit  une  S  allongée.  Enfin  il  est  dé- 
pourvu sur  sa  û\ce  exothoracique  de  la  crête  médiane  qu'on  observe 
chez  ces  derniers,  ce  qui  lui  donne  une  forme  plus  aplatie  ;  son 
épaisseur  maximum,  au  niveau  de  la  quatrième  sternèbre,  ne  dépasse 
guère  2  centimètres.  La  figure  100,  représentant  la  section  du  sternum 
au  niveau  de  la  troisième  ou  quatrième  sternèbre.  traduit  très  bien 
la  différence. 

A'oici  maintenant  quelques  mesures  prises  sur  un  lama  domestique  r 


FiG.  O'.l 
Sternum  de  lama 


^ŒD 


Longueur  totale,  uon  compris  les  extrémités  cartilagineuses.     .     30  centimètres. 

Largeur  maximum  (au  niveau  de  la  5"  sternèbre) 4  — 

Epaisseur  maximum  (au  niveau  de  la  4''  sternèbre) 2,2 


FiG.  lOil.  —  Coupe  trans- 

versale   IlU    STEl'.NU.M 

Longueur  de  chaque  sternèbre  osseuse  mesurée  sur  le  plan  inférieur  : 

PASSANT    PAR    LA     QUA- 

1-                              2-                                 3-                               4- 

TRIÈME  STERNÈBRE. 

C,  dans  le  chameau  : 
L,  dans  le  lama. 

55  millimètres.     51  millimètres.     46  millimètres.     45  millimètres 

44  millimètres.     4!*  millimètres. 

Les  cotes  des  lamas  se  font  remarquer  par  la  plus  grande  longueur  relative  des  premières. 

La  première  atteint  la  moitié  de  la  longueur  des  plus  grandes,  sixième  ou  septième, 
tandis  que  dans  les  chameaux,  elle  reste  bien  en  deçà  de  la  demi-longueur  des  côtes  du  mi- 
lieu. Nous  avons  trouvé  chez  un  lama  domestique,  en  suivant  la  courbure  de  ces  arcs  osseux  : 
!'''■  côte  137  millimètres;  VP'  côte  270  millimètres;  XIL  côte  171  millimètres. 

La  largeur  maximum  s'observait  sur  les  IIP,  IV''  et  V'';  elle  était  de  3  centimètres. 

La  côte  la  plus  étroite  n'était  pas  la  première,  comme  on  l'observe  dans  le  genre 
Camelus,  c'était  au  contraire  la  douzième.  Aucune  ne  m'a  présenté  la  grosse  tubérosité  que 
l'on  voit  au  milieu  du   bord  postérieur  d'un  certain  nombre  de  côtes  chez  les  chameaux. 


DIFFERENCES  ENTRE  LES  CHAMEAUX  HT  Ll'S  LAMAS 


173 


L'union  avec  le  stei'num  se  fait  par  sjnchondrose,  excepté  pour  la  première,  qui  s'unit  par 
diarthrose. 

MEMTUIE  THORÀCIQUE 

Le  scapulum  des  lamas  se  distingue  par  la  forte  dépression  de  sa  face  interne,  due  au 
relief  de  ses  bords  antérieur  et  postérieur  ;  le  bord  postérieur,  en  particulier,  forme  en  dedans 
une  sorte  de  bourrelet  dont  il  n'existe  pas  trace  dans  les  chameaux. 

La  pointe  acromiale  arrive  à  moins  de  1  centimètre  du  niveau  de  la  cavité  glénoïde.  La 
fosse  sus-épineuse  est  encore  plus  étroite  que  dans  le  chameau  à  deux  bosses,  puisque  la 
partie  supérieure  de  l'épine  n'est  distante  de  l'angle  cervical  que  de  4  à  5  centimètres,  tandis 
qu'elle  est  à  il  à  12  centimètres  de  l'angle  dorsal. 

J'ajoute  que  la  longueur  de  l'os,  cartilage  non  compris,  était,  chez  un  lama  domestique, 
de  226  millimètres,  et  sa  largeur  maximum  de  161  millimètres. 

Vlmmèras  de  ce  même  lama  mesurait  231  millimètres  de  la  t(He  articulaire  à  la  surface 
articulaire  inférieure,  24  millimètres  de  largeur  transverse  au  milieu  de  la  diaphyse.  et 
27  millimètres  d'épaisseur  antéro-postérieure  au  même  endroit. 

Cet  os  est  beaucoup  moins  massif  que  dans  le  genre  Camelus  et  toujours  inférieur  en 
poids  au  fémur,  tandis  que  dans  les  chameaux,  surtout  ceux  à  deux  bosses,  il  dépasse  ce 
dernier.  J'ai  trouvé  : 

Lama  domestique.  Chameau  bacirien.  Chameau  arabe. 

Humérus 260  grammes.  1360  grammes.  980  grammes 

Fémur 205         —  1190         —  !»40         — 


L'humérus  des  lamas  est  presque  aussi  infléchi  en  S  que  celui  des  moutons  et  des  chèvres. 
La  tète  articulaire  est  nettement  renversée  en  arrière  au  lieu  d'être  presque  dans  la  direction 
de  l'os  ainsi  que  chez  les  chameaux.  La  diaphj-se  est  comprimée  d'un  côté  à  l'autre,  et  non 
pas  cylindroïde  ou  même  aplatie  d'avant  en  arrière  comme 
dans  ces  derniers.  Le  trochiter  est  la  partie  culminante  de 
l'extrémité  supérieure,  ce  qui  n'est  pas  dans  le  genre  Came- 
lus. La  tête  articulaire  est  divisée  en  deux  parties  à  peu  près 
égales  par  le  plan  médian  de  l'os,  tandis  qu'elle  est  comme 
décentrée  et  reportée  du  côté  interne  chez  les  chameaux 
(flg.  101").  La  surface  articulaire  inférieure,  au  lieu  d'être 
taillée  obliquement  à  Taxe  de  l'os  comme  dans  les  chameaux 
et  le  plus  grand  nombre  des  ruminants,  est  sensiblement 

perpendiculaire  à  cet  axe;  en  outre,  la  lèvre  externe  de  la  trochlée  est  plus  saillante  que  dans 
les  chameaux. 

Le  radius  présente  le  même  degi-é  de  soudure  avec  le  cubitus  que  chez  ces  derniers.  11 
mesurait  chez  le  même  animal  dont  il  a  été  question  pour  les  os  précédents  :  270  millimètres 
de  longueur  maximum,  29  millimètres  de  largeur  au  milieu  de  la  diaphyse,  17  millimètres 
d'épaisseur  au  même  endroit.  L'indice  huméro-radial  est  d'environ  0,85,  tandis  que  dans  le 


Fi.;,  nu 


Extrémité  supérieure 
DE  i.'hlmérus. 

C.  du  chameau;  L.  du  lama. 


174  HECllEUClIKS  AXATOMKJUKS  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

genre  Cameliis  il  varie  de  0,70  à  0,80.  Le  radius  des  lamas  est  très  courbé  en  dehors  et 
comme  coudé  à  son  quart  supérieur. 

La  tubérosité  bicipitale  ne  s'étend  pas  S(jus  la  base  de  l'apophyse  coronoide  ainsi  qu'on 
l'observe  dans  les  chameaux.  La  tubérosité  latérale  externe  est  peu  saillante,  incomparable- 
ment moins  forte  que  chez  ces  derniers,  ce  qui  diminue  lieaucoup  la  larg-eui'  do  l'extrémité 
supérieure,  laquelle  était  de  42  millimètres  seulement.  Le  condvle  interne  de  la  surface  articu- 
laire inférieure  affecte  la  forme  d'un  tronc  de  cône,  tandis  qu'il  est  à  peu  près  cylindrique  chez 
les  chameaux. 

Le  cuhitus  n'a  rien  montré  de  particulier;  il  avait  chez  l'individu  que  nous  avons  mesuré  : 
32  centimètres  de  longueur  totale,  56  millimètres  de  longueur  d'olécràne,  35  millimètres  de 
largeur  à  cette  même  apophyse  '. 

hej)isi forme  est  nettement  triangulaire,  car  sa  pointe  supérieure  est  encore  plus  sail- 
lante que  chez  le  chameau  à  deux  bosses;  néanmoins  sa  dimension  supéro-inférieure  ne 
dépasse  pas  sa  dimension  transverse  ;  nous  avons  trouvé  20  millimètres  de  hauteur,  29  milli- 
mètres de  largeur  et  11  millimètres  d'épaisseur  au  bord  libre.  La  crête  de  la  surface  articu- 
laire, au  lieu  d'être  directement  transverse  comme  dans  les  chameaux,  est  fortement  oblique 
de  dehors  en  dedans  et  de  haut  en  bas. 

Jjepi/i-amidal  est  relativement  étroit,  mais  allongé;  il  mesurait  27  millimètres  dans  le 
sens  antéro-postérieur,  15  millimètres  dans  le  sens  transversal. 

Le  semi-lunaire  est  au  contraire  proportionnellement  plus  large  que  dans  les  chameaux, 
connue  en  compensation  du  pyramidal.  Largeur  maximum  16  millimètres,  dimension  antéro- 
postérieure  22  millimètres. 

Je  n'ai  rien  relevé  de  différentiel  sur  le  scaphoïde,  l'unciforme.  le  capitatum  et  le  trapé- 
zoïde.  Voici  quelles  étaient  leurs  principales  dimensions. 

Scaphoïde.  Uncit'orme.  Capitatum.  Trapézoïde. 

Dimension  antéro-postérieure.     26  millimètres.       29  millimètres.        22  millimètres.       13  millimètres. 
Dimension  transversale     .     .     15  —  24  —  lU  —  10  — 

Dimension  supéro-inférieure.      19  —  »  ^  11.5       —  13.5       — 

Le  mèlacarpe  est  remarquable  par  sa  grande  longueur,  qui  dépasse  les  8  10  de  celle 
du  radius,  et  approche  de  celle  de  l'humérus  (0.95  à  0,98).  tandis  que  chez  les  chameaux 
l'indice  métacarpo-radial  varie  de  0,05  à  0,75  et  l'indice  inétacarpo-huméral  de  0,80  à  0,95. 

Nous  avons  mesuré  chez  notre  lama  domestique  :  longueur  maximum  221  millimètres; 
largeur  transverse  au  milieu  de  la  diapbyse,  23  millimètres;  épaisseur  au  même  endroit, 
22  millimètres  ;  largeur  maxinuim  prise  à  l'extrémité  inférieure,  45  millimètres,  soit  le  1/5 
environ  de  la  longueur. 

\a  première  phahuuje  de  la  main  se  distingue  par  son  épaisseur  dans  le  sens  antéro- 
postérieur,  qui  remporte  généralement  sur  la  largeur  transverse  ;  l'extrémité  supérieure  elle- 
même  est  presque  aussi  épaisse  que  large,  tandis  que  dans  les  chameaux  elle  est  beaucoup  plus 
large  qu'épaisse.  On  remarque,  en  outre,  que  les  condyles  de  l'extrémité  inférieure  tendent  à 
l'égalité,  au  lieu  que  l'excentrique  soit  beaucoup  plus  fort  comme  dans  les  chameaux. 

'  Sous  le  nom  d'olécràne,  nous  comprenons  toute  la  partie  du  cubitus  qui  dépasse  la  surface  articulaire  supé- 
rieure duradius. 


DIFFKUENCKS  l-XTllH  LKS  CHAMEAUX  ET  LES  LAMAS  175 

Longueur 72  millimètres. 

Largeur  au  milieu 11""5. 

Epaisseur  au  milieu 13"""5. 

Dimension  transverse   de  rextrémité  supérieure 21  millimètres. 

Dimension  antéro-postc'rieure 19""°5. 

La  (leuxlè lue phalan gc ,  comparée  à  la  première,  est  courte  dans  les  lamas  ;  elle  n'en  atteint 
pas  la  demi-longueur,  alors  qu'elle  dépasse  les  deux  tiers  dans  les  chameaux.  D'autre  part, 
les  bords  latéraux  ne  forment  pas  crête  d'expansion  comme  dans  ces  derniers,  et  les  condyles 
de  l'extrémité  inférieure  sont  moins  déjetés  latéralement. 

Longueur 32  millimètres. 

Largeur  au  milieu ....  13         — ■ 

Epaisseur  au  milieu 11         — 

Largeur  de  l'extrémité  supérieure 18         — 

Epaisseur  de  cette  même  extrémité 15         — 

La  troisième  phalange  est  comprimée  latéralement  et  plus  longue  que  large;  son  bord 
supérieur  est  en  arête  vive  et  terminé  par  une  a|jopl\yse  pyramidale  qui  snrplomlie  la  surface 
articulaire. 

Chez  les  chameaux,  la  dimensi(jn  transverse  de  cet  os  est  approximativement  égale  à  sa 
longueur,  car  il  est  beaucoup  moins  a[dati  dans  le  sens  latéral;  le  bord  supérieur  est  obtus,  et 
il  n'y  a  qu'un  simple  tubercule  pour  l'attache  du  tendon  extenseur. 


ME.MBRE  AIJDOMINAL 

Le  coxal  des  lamas  se  distingue  de  celui  des  chameaux  :  1"  par  son  ischium  proportion- 
nellement plus  long,  atteignant  les  trois  quarts  environ  de  la  longueur  iliale,  tandis  que  dans 
ces  derniers  il  n'en  dépasse  guère  la  moitié  ;  2°  par  l'angle  externe  de  rilium,  qui  est  fortement 
étiré  en  bas  et  forme  échancrure  avec  le  bord  externe;  3°  par  la  surface  auriculaire,  qui  est 
légèrement  incurvée  en  croissant  et  moins  oblique  relativement  à  l'horizontale  que  chez  les 
chameaux;  4"  parles  pubis,  dont  le  bord  antérieur  est  peu  proéminent  et  dont  la  face  supé- 
rieure est  i)eu  inclinée,  tandis  que  chez  les  chameaux  ils  forment  en  avant  un  angle  très 
saillant  et  une  sorte  de  glacis  assez  rapide  ;  5°  par  le  cuspide  externe  de  la  tubérosité  ischiale. 
qui  est  ])eaucoup  moins  volumineux  que  l'interne,  et  dirigé  en  bas  au  lieu  de  l'eti^e  directe- 
ment en  dehors;  G"  par  l'arcade  ischiale,  qui  est  à  la  fois  plus  profonde  et  plus  anguleuse  à  son 
fond  que  chez  l(;s  chameaux  ;  7"  par  les  crêtes  sus-cotylnïdiennes,  qui  sont  renversées  en 
dedans  et  surplombent  les  parois  latérales  du  bassin  ;  S"  par  la  direction  presque  rectiligne  de 
la  s_\  mphy.se  ischio-pubienne,  qui  est  au  contraire  concave  dans  les  chameaux  :  dilférence 
telle  que  dans  ceux-ci  la  symphyse  ne  porte  sur  un  plan  horizontal  que  par  ses  deux  extré- 
mités, landis  qu'elle  repose  sur  presque  toute  sa  longueur  dans  ceux-là. 

Voici  maintenant  quelques  mesures  : 

Longueur  maximum  du  coxal 262  millimètres. 

Longueur  de  l'ilium,  de  la  crête  iliaque  au  tond  de  l'acétabulum 102  — 

Longueur  de  l'iscliium,  du  fond  de  l'acétabulura  à  la  tubérosité  ischiale 122  — 

Distance  de  la  surface  auriculaire  au  fond  de  l'acétabulum 81  — 


176  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 

Largeur  masimum  de  l'ilium 153  millimètres. 

Diamètre  antéro-postérieur  de  la  cavité  eotyloïde 34           — 

Diamètre  vertical  de  la  cavité  eotyloïde 34           — 

Longueur  et  largeur  du  trou  ovalaire 58  et  44  — 

Diamètre  bis-iliaque  du  détroit  antérieur 105           — 

Diamètre  oblique,  d'une  surface  auriculaire  à  la  crête  iléo-pectinée  opposée    ...  111  •           — 

Ecartement  minimum  des  crêtes  sus-cotyloïdiennes 90           — 

Ecai  tement  des  angles  externes  de  l'ilium 230           — 

Largeur  du  bassin  au  niveau  des  tubérosités  ischiales 1~9           — 

Le  fémur  des  lamas,  comparé  à  celui  des  chameaux,  présente  des  traits  différentiels  assez 
nets.  Il  est  sensiblement  plus  courbé  dans  sa  longueur  et  moins  large  à  ses  extrémités.  Son 

trochanter  est  beaucoup  plus  saillant,  de  sorte  qu'il  proé- 
mine  sur  la  tète  articulaire  au  lieu  de  rester  en  contre- 
bas; de  plus,  l'extrémité  supérievu'e  de  l'os  étant  moins 
large,  la  mai^ge  qui  le  sépare  de  la  tète  articulaire  ne 
dépasse  pas  i  cm.  l/'2,  alors  qu'elle  atteint  3  1/2  à 
4  centimètres  chez  les  chameaux.  Le  trochantin  forme 
une  tubérosité  bien  détachée,  reliée  au  trochanter  par 

FlG.   102.   —    ExTRÉMnÉ  SUPÉRIEURE 

DU  FÉMUR,  FACE  posTLBiELRE.  uuc  lèvrc  obllquc  qul  manque  aux  chameaux.  La  ligne 

G,  du  chameau;  L.,  du  lama.  âpre  cst  en  Crète  vivc  et  ne  présente  pas  de  bifurcation 

à  sa  partie  supérieure  comme  on  le  voit  chez  ces  derniers . 
La  tubérosité  d'attache  du  perforé  est  située  vers  le  quart  inférieur  de  l'os,  c'est-à-dire  moins 
haut  que  chez  Camelus.  La  tubérosité  du  condyle  interne  est  presque  nulle. 

Longueur,  d'une  surface  articulaire  à  l'autre 30S  millimètres. 

Largeur  au  milieu  de  la  diaphyse 27  — 

Epaisseur  antéro-postérieure  au  milieu  de  la  diaphyse 28  — 

Largeur  de  l'extrémité  supérieure 72  — 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure 60  — • 

La  rotule  n'a  rien  montré  de  différentiel.  Sa  longueur  était  de  55'"'"6  ;  sa  largeur  en  haut 
26'""'5  ;  sa  largeur  en  bas,  27  millimètres  ;  son  épaisseur  maximum,  2.5  millimètres. 

Le  tibia,  mesuré  en  dedans,  d'une  surface  articulaire  à  l'autre  sans  comprendre  l'épine, 
atteint  à  quelques  millimètres  près  la  longueur  du  fémur,  tandis  que  dans  les  chameaux  il  n'en 
dépasse  guère  les  neuf  dixièmes  et  souvent  reste  en  dessous.  Il  avait,  chez  notre  lama  : 
o03  millimètres  de  longueur,  2G  millimètres  de  largeur  au  milieu  de  la  diaphyse,  '22  milli- 
mètres d'épaisseur  au  même  endroit,  63'"'".5  de  largeur  à  l'épiphyse  supérieure  (dimension 
transverse). 

Son  plateau  articulaire  supérieur  est  moins  accidenté,  plus  plan  et  proportionnellement 
moins  large  ;  l'épine  est  moins  saillante,  la  tubérosité  antérieure  plus  comprimée.  Enfin,  quand 
on  tient  l'os  verticalement  sur  une  table,  on  constate  qu'il  porte  par  l'extrémité  antérieure 
du  ten(m  qui  sépare  les  deux  gorges  astragaliennes,  tandis  que  chez  les  chameaux  c'est  la 
malléole  interne  qui  est  la  partie  la  plus  saillante. 

L'os  mallèolaire  ne  p;ésente  rien  de  particulier,  et  l'on  peut  trouver,  ainsi  que  chez 
Camelus,  un  rudiment  de  péroné  styloïde. 

Le  calcanèiim  est  pi"oportionnellement  plus  long  que  dans  les  chameaux  ;  le  rapport  de 


DIFFÉRENCES  ENTRE  LES  CHAMEAUX  ET  LES  LAMAS  177 

sa  largeur  minimum  prise  sous  la  tubérosité  de  son  sommet,  à  sa  longueur  maximum 
est  d'environ  0,2S  chez  ceux-ci,  0,25  chez  ceux-là.  Nous  avons  mesuré  :  longueur 
maximum,  91  millimètres;  largeur  minimum,  23'""'5  ;  saillie  au-dessus  de  l'astragale, 
60  millimètres. 

Ij' astragale  présente  inférieurement,  pour  s'articuler  avec  le  cuboïde  et  le  scaphoïde,  une 
double  trochlée  qui  est  beaucoup  moins  nette  chez  les  chameaux. 

On  remarque  aussi  l'effacement  du  tubercule  de  sa  face  interne  : 

Hauteur  verticale  du  fond  d'une  gorge  à  l'autre 32'°'"5. 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure 26"'°7. 

Je  n'ai  rien  noté  pour  les  autres  os  du  tarse,  si  ce  n'est  leurs  dimensions  : 

Cuboide.  Scaphoïde.         Grand  cunéiforme.        Petit  ciméiforme. 

Dimension  antéro-postérieure  maximum    .     31°"°  ST""'"  le""  non  mesuré. 

Dimension  transverse  maximum.     ...     20  17,5  21  — 

L'os  du  canon  postérieur  est  plus  grêle  que  son  homologue  du  membre  de  devant,  et, 
contrairement  à  une  règle  très  générale  chez  les  mammifères,  il  est  sensiblement  moins  long. 
Les  reliefs  latéraux  de  sa  face  postérieure  simt  moins  âpres,  et  la  gouttière  qu'ils  bordent  est 
très  étroite.  Malgré  l'existence  de  châtaignes,  il  n'y  avait  pas  le  moindre  rudiment  de  méta- 
tarsien isolé. 

Dimensions  comparatives  du  métacarpe  et  du  métatarse  chez  un  lama  : 

Largeur  ti'ansverse         Epaisseur  antéro-postérieure 
Longueur  maximum.  au  milieu.  au  milieu. 

Métacarpe 224  millimètres.  23  millimètres.  22°""  5 

Métatarse 221  —  20  —  18,5 

Les  phalanges  du  i^ied,  comparées  à  celles  des  chameaux,  participent  des  différences 
offertes  par  celles  de  la  main,  c'est-à-dire  que  la  première  est  proportionnellement  longue,  la 
deuxième  brève  et  la  troisième  allongée  et  comprimée. 

La  première  mesurait  65  millimètres  de  longueur,  12  millimètres  de  largeur  au  milieu, 
H"""6  d'épaisseur  au  même  endroit  ;  le  diamètre  transverse  de  son  extrémité  supérieure  était 
de  20  millimètres,  le  diamètre  antéro-postérieur  de  i8'"'"5. 

La  deuxième  avait  30  millimètres  de  longueur.  13  de  largeur  et  11  d'épaisseur;  son 
extrémité  supérieure  mesurait  17  millimètres  dans  le  sens  transversal,  15  millimètres  dans  le 
sens  antéro-postérieur. 

Quant  à  la  troisième,  elle  avait  environ  2  centimètres  de  long,  1  1/2  de  haut,  et  12  mil- 
limètres de  largeur  transverse  à  la  base. 

Rien  à  dire  des  sésamoïdes. 


hyoïde 

L'hyoïde  des  lamas,  comme  celui  des  chameaux,  présente  une  certaine  gi^acilité  et  manque 
complètement  d'entoglosse  ;  mais  il  se  distingue  de  ce  dernier,  abstraction  faite  de  son  volume, 

Arch.  Mus.  —  t.  VUI.  23 


178 


RECHERCHES  AXATOMIQUES  SIU  LES  CAMELIDES 


par  la  proportion  de  longueur  de  ses  pièces.  La  branche  intermédiaire  (cèrato-Iiyal)  est 

moins  allongée  ;  elle  ne  dépasse  pas  la  demi-longueur  de 
la  grande  branche,  Il  en  est  à  peu  près  de  même  pour  la 
corne  thyroïdienne.  Au  contraire  la  branche  inférieure 
{apo-hyai)  est  plus  longue  que  dans  le  genre  Camelus  ; 
elle  dépasse  les  3  4  de  la  longueur  de  la  branche  inter- 
médiaire. Ajoutons  enfin  que  le  basi-hyal  se  soude  d'assez 
bonne  heure  aux  cornes  thyroïdiennes,  et  présente  une 
excavation  en  gouttière  sur  sa  face  supérieure. 


FiG.  103.  —  Hyoïde  du  lama. 

1,  stylo-byal;  2.  cérato-hyal;  3,  apo-hyal  ; 
^.  basi-hyal  ;  5.  uro-hyal  —  B,  fourche 
de  rhyoide  vue  par-dessous. 


Longueur  des  diftërentes  parties  : 

Stylo-hval,  59  millimètres;  ciTato-hyal,  29  millimètres;  apo-hyal, 
22"""  5;  basi-hyal,  11  millimètres;  corne  thyroïdienne  (uro-hyal), 
31  millimètres  ;  écartement  des  cornes  thyroïdiennes  à  l'extrémité, 
4  centimètres. 


DENTS 


La  formule  dentaire  des  lamas  diffère  de  celle  des  chameaux  par  l'absence  de  la  pré- 
molaire caniniforme,  toutes  les  prémolaires  étant  sériées  avec  les  arrière-molaires  (voy.  fîg. 
97). 


,     .      1  1  2 

Incis. -7;- ;  can.-T-;  pm. 


am. 


3  1  '  ' 1  ô 

Mais  ce  n'est  pas  là  une  ditierence  radicale,  car  d'une  part  ladite  dent  peut  manquer 
chez  les  chameaux,  d'autre  part  elle  peut  se  montrer  chez  les  lamas,  principalement  chez 
les  mâles  et  à  la  mâchoire  supérieure,  à  l'état  de  stylet  éburné.  Et  lors  même  qu'elle  n'est 
pas  apparente,  souvent  on  la  découvre  dans  l'os,  arrêtée  dans  son  développement.  Il  n'y  a 
donc  entre  les  deux  groupes  d'animaux  comparés  qu'une  simple  différence  de  degré  dans 
l'évolution  régressive  de  ladite  dent.  Garl  Vogt,  Brehm  et  beaucoup  d'autres  zoologistes 
commettent  une  erreur  quand  ils  écrivent  qu'elle  existe  chez  tous  les  jeunes  lamas  à  l'état 
fruste  et  caduc,  comme  une  dent  de  lait  non  renouvelable.  En  réalité,  quand  elle  se  développe 
c'est  au  contraire  tardivement  et  à  peu  près  synchroniquement  avec  les  canines  rempla- 
çantes. Elle  appartient  a  la  deuxième  dentition  et  non  pas  à  la  première. 

Voyons  maintenant  en  détail  les  diverses  sortes  de  dents  des  lamas. 


hNCISIVES 


Les  deux  crochets  incisifs  de  la  mâchoire  supérieure  sont  considérablement  influencés 
dans  leur  développement  par  le  sexe,  ainsi  que  les  canines  :  petits  et  grêles  chez  les  femelles, 
ils  sont,  au  contraire,  volumineux  et  forts  chez  les  raàles  et,  de  plus,  très  recourbés  en  arrière. 
Ils  l'emportent,  en  général,  sur  les  canines,  ousont  au  moins  équivalents;  tandis  que  dans  les 
chameaux  ils  sont  toujours  plus  petits  et  de  beaucoup.  Remarquons,  en  outre,  leur  foimie 
plus  comprimée,  plus  pointue,  et  la  crête  tranchante  de  leur  bord  postérieur. 


DIFFERENCES  ENTRE  LES  CHAMEAUX  ET  LES  LAMAS  179 

Les  incisives  inférieures  sont  plus  étroites,  moins  chevauchantes,  moins  relevées  contre 
la  mâchoire  opposée  que  dans  les  chameaux,  et  les  coins  sont  plus  petits,  plus  étroits  notam- 
ment, que  les  pinces  et  les  mitoyennes.  Cette  inégalité  du  coin  est  plus  accusée  encore  dans  la 
première  dentition  que  dans  la  seconde;  elle  a  pour  corollaire  l'atrophie  des  coins  supérieurs 
de  lait  et  la  disparition  à  peu  près  complète  des  incisives  centrales  de  la  même  dentition. 

CANINES 

Les  canines  sont  rudimentaires  ou  nulles  dans  la  première  dentition,  tandis  qu'elles  y 
offrent  un  certain  développement  chez  les  chameaux.  Dans  la  deuxième  dentition,  elles 
restent  grêles  ou  même  styloides  chez  les  femelles  ;  elles  se  développent  davantage  chez  les 
mâles,  sans  atteindre  toutefois  l'énorme  volume  qu'elles  présentent  dans  le  genre  Camehis. 
Ces  dents  participent  de  la  forme  comprimée,  recourbée  et  tranchante  que  nous  avons 
constatée  sur  les  crochets  incisifs  de  la  mâchoire  supérieure. 

l'KEMOLAIUES 

Nous  n'avons  rien  à  ajouter  à  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  touchant  la  prémolaire  canini- 
forme.  Quant  aux  prémolaires  sériées,  il  en  existe,  en  général,  comme  dans  les  chameaux, 
deux  en  haut,  une  en  bas.  de  chaque  côté.  La  première  de  la  mâchoire  supérieure  est  en  état 
d'atrophie  manifeste;  son  cornet  est  effondré  du  côté  interne  et  souvent  il  n'en  reste  pas  trace; 
il  s'ensuit  que  la  place  tenue  par  les  deux  prémolaires  dans  l'arcade  molaire  est  inférieure  au 
1/3  de  celle  occupée  par  les  arrière-molaires,  tandis  que  chez  les  chameaux  elle  dépasse  ce 
rapport.  La  dernière  prémolaire  supérieure  ressemble  exactement,  sauf  le  volume,  à  celle  des 
chameaux,  et  il  en  est  de  même  pour  l'unique  prémolaire  de  la  mâchoire  inférieure.  Il  n'est 
pas  extrêmement  rare  de  trouver,  dos  deux  entés  ou  d'un  seul,  deux  prémolaires  en  série  à  la 
mâchoire  inférieure  ;  la  première  est  alors  une  dent  extrêmement  fruste  et  caduque,  quoique 
de  deuxième  dentition  ;  je  n'en  ai  jamais  vu  la  pareille  chez  les  chameaux;  les  auteurs  la 
signalent  bien  chez  ceux-ci,  mais  je  me  suis  assuré  qu'il  s'agit,  au  moins  dans  la  majorité 
des  cas,  d'une  molaire  de  lait  non  tombée,  comme  il  peut  en  exister  aussi  à  la  mâchoire 
supérieure. 

AHHIÈUE-MOLAIRES 

Les  arrière-molaires  se  font  remarquer,  d'une  manière  générale,  par  leurs  tables  acci- 
dentées et  hérissées  de  pointes,  présentant  une  succession  de  collines  et  de  vallées  transver- 
sales qui  témoignent  d'une  grande  mobilité  de  la  mâchoire  inférieure  dans  le  sens  latéral.  Les 
tables  molaires  sont  beaucou[)  muins  accidentées  chez  les  chameaux.  Les  arrière-molaires 
supérieures,  comparées  à  celles  de  ces  derniers,  se  font  remarquer  par  leurs  c(")tes  externes 
plus  saillantes  :  côtes  marginales,  côte  interlobaire  et  côtes  denticulaires  (voirfîg.  104); 
ces  dernières,  notamment,  sont  à  peine  indiquées  chez  les  chameaux  et  complètement  dissi- 
mulées sous  une  couche  exfoliante  de  cément. 

Ani*.  Am"'^.  Xm^. 

Longueur  mesurée  sur  la  table  .     .     20  millimètres.  22  millimètres.  22,5 

Largeur  maximum  sur  la  table .     .     17,5  16  —  13  millimètres. 


180 


UECHEUCllKS  AXATOMIQLES  SUll  LES  CAMÉLIDÉS 


Les  arrière- molaires  inférieures  sont  les  plus  caractéristiques  :  indépendaininent  de  la 
saillie  plus  forte  des  côtes  de  leur  face  interne,  différence  correspondant  à  celle  que  nous 
venons  d'indiquer  pour  les  arrière-molaires  supérieures,  elles  présentent  un  pli  qui  manque 
aux  chameaux  et  que  nous  appellerons  pour  cela  lej^li  aiichênien.  Ce  pli  est  situé  à  l'angle 
antéro-externe  delà  dent  et  forme  un  rebord  très  prononcé  à  la  boucle  antérieure  de  sa  table. 
Nous  l'avons  trouvé  dans  toutes  les  espèces  de  lamas  et  sur  toutes  les  arrière-molaires  infé- 
rieures; mais  il  peut  disparaître  par  suite  des  progrès  de  l'usure,  d'abord  sur  la  première, 

ensuite  sur  la  deuxième  et  enfin  sur  la  troisième. 
Nous  considérons  ce  signe  comme  d'une  grande 
valeur  pour  la  caractérisation  anatomique  des 
deux  groupes  de  Camélidés.  Ajoutons  que  l'on 
peut  rencontrer  exceptionnellement,  sur  la  table, 
un  petit  îlot  d'émail,  correspondante  une  colon- 
nette  interlobai re  comme  il  en  existe  chez  les 
bovidés  ;  nous  avons  constaté  une  fois  cette  ano- 
malie sur  la  deuxième  arrière-molaire  inférieure 
d'un  lama  domestique. 

Les  molaires  de  lait,  au  nombre  de  trois  en 
haut,  deux  en  bas,  comme  chez  les  chameaux, 
ne  présentent  rien  de  bien  particulier,  si  ce  n'est  que  la  première  supérieure  est  très  petite, 
atrophiée  et  souvent  même  absente.  Les  deux  autres  de  la  même  mâchoire  sont  à  double  paire 
de  croissants  et  ressemblent  à  des  arrière-molaires.  La  première  inférieure  est  tranchante 
comme  une  prémolaire,  la  seconde  est  trilobée  et  à  triple  paire  de  croissants  comme  l'est 
toujours  la  dernière  molaire  inférieure  de  lait  chez  les  Ruminants. 

En  résumé,  si  l'on  considère  que,  chez  les  lamas,  la  prémolaire  caniniforme  est  d'ordinaire 
absente,  que  les  canines  de  lait  et  les  coins  supérieurs  de  même  dentition  sont  rudimen- 
taires,  que  ces  même  dents,  dans  la  deuxième  dentition,  ne  prennent  tout  leur  développement 
que  chez  les  mâles,  que  les  coins  inférieurs  des  deux  générations  ont  une  tendance  marquée 
à  l'atrophie,  tendance  qui  est  plus  prononcée  encore  pour  la  première  prémolaire  en  série 
de  la  mâchoire  supérieure  et  pour  la  première  molaire  supérieure  de  lait,  la  conclusion  s'im- 
pose à  l'esprit,  que  l'évolution  du  système  dentaire  est  plus  avancée  dans  ces  animaux  que  dans 
les  chameaux.  Il  y  a  là  une  évolution  régressive  qui  se  poursuit  depuis  les  âges  géologiques  ; 
nous  en  avons  fait  connaître  déjà  les  différents  stades. 


FiG.  104. 

A.  dernière  fini,  supérieure  d'un  lama  ;  1,  côte  marginale 
antérieure  ;  2,  côte  denticiilaire  antérieure  ;  3,  cute  in- 
teriobaire:  4,  côte  denticulaire  postérieure;  5,  côte  mar- 
ginale postérieure; 

B,  dernière  am.  supérieure  d'un  chameau  ; 

C,  dernière  am.   intérieure  d'un  lama;   p,  pli    aucheuien; 

D.  dernière  am.  intérieure  d'un  chameau. 


ARTICULÂTIOrsS 


Parmi  les  quelques  notes  que  nous  avons  relevées  sur  les  articulations  des  lamas  com- 
parées à  celles  des  chameaux,  il  convient  de  mentionner  :  i"  une  trace  de  division  de  chacune 
des  deux  branches  terminales  du  suspenseur  du  boulet  tendant  à  convertir  sa  bifurcation 
en  quadrifurcation;  2°  l'absence  complète  des  brides  de  renforcement  que  ce  ligament 
fournit  d'ordinaire  aux  tendons  extenseurs;  3°  l'existence  d'une  bandelette  ligamenteuse 
qui  descend  sur  le  côté  excentrique  de  chaque  première  phalange,  depuis  la  partie  antérieure 


DIFFÉRENCES  ENTRE  LES  CHAMEAUX  ET  LES  LANL\S  181 

de  l'articulation  métacarpo-phalangienne  jusqu'au  nodule  terminal  du  perforé,  en  croisant  en 
X  le  tendon  extenseur  propre  ;  4°  l'existence  de  trois  ligaments  tibio-rotuliens,  au  lieu  d'un  seul 
qui  existe  dans  les  chameaux  (les  deux  latéraux  étaient,  il  est  vrai,  très  minces  et  peu  distincts 
du  fascia  lata);  5°  enfin,  ce  fait  remarquable:  que  les  articulations,  en  général,  sont  plus^ 
serrées,  les  ligaments  moins  lâches  et  les  mouvements  plus  fermes  que  chez  ceux-ci.  Pour  le 
reste,  les  choses  sont  disposées  comme  dans  les  chameaux. 


MUSCLES 

Ainsi  que  dans  les  chameaux,  il  n'y  a  pas  de  peaussier  du  ti'onc,  et  le  platysma  est 
extrêmement  réduit.  Les  peaussiers  de  la  tète,  muscles  des  oreilles,  des  paupières,  des  lèvres, 
du  nez,  des  joues,  etc.,  ne  nous  ont  pas  montré  non  plus  de  difFéi'cnces ;  mais  il  faut  dire  que 
le  temps  nous  a  manqué  pour  les  disséquer  avec  soin.  J'en  dirai  autant  pour  les  muscles  des 
mâchoires  et  de  l'hyoïde  ;  toutefois  je  lis  dans  mes  notes  que  le  digastrique  est  très  épais,  non 
digastrique,  et  libre  par  rapport  au  stylo-hyoïdien. 

Parmi  les  muscles  du  cou,  j'ai  remarqué  :  1"  le  sterno-thyroïdien,  intercepté  dans  son 
milieu  par  un  long  tendon  et  proportionnellement  moins  développé  que  dans  le  genre  Camelus  ; 
2°  le  sterno-mastoïdien,  qui  se  terminait,  par  un  tendon  épanoui,  sur  l'apophyse  angulaii^e  de 
la  mandibule,  le  bord  externe  de  la  bulle  tympanique  et  l'apophyse  mastoïde;  -3"  un  vestige 
de  splénius,  muscle  qui  fait  complètement  défaut  aux  chameaux;  ce  vestige  était  localisé  au 
1/4  ou  au  1  5  supérieur  de  l'encolure  ;  ailleurs  on  ne  trouvait  plus  qu'une  aponévrose  super- 
posée aux  complexus  et  se  continuant  en  bas  avec  celle  du  grand  dorsal  ;  4"  un  mastoïdo- 
huméral  cantonné  en  bas  du  cou  ainsi  que  dans  les  chameaux,  mais  relativement  épais,  et 
prolongeant  son  insertion  inférieure  jusqu'au  radius  en  suivant  le  biceps  brachial  ;  5"  un  omo- 
trachélien,  très  adhérent  au  mastoïdo-huméral  et  que  l'on  confondrait  facilement  avec  lui  si 
l'on  n'était  prévenu  ;  6"  un  angulaire  de  l'épaule  beaucoup  plus  large  que  dans  les  chameaux, 
et  s'insérant  sur  le  cou  par  trois  digitations  au  lieu  de  deux  ;  7'^  un  grand  complexus  prenant 
insertion  sur  la  colonne  vertébrale  par  trois  portions  successives  bien  séparées,  qui  montent 
obliquement  en  avant  et  en  haut  pour  se  réunir  ;  8°  un  scalène  traversé  par  le  plexus  brachial 
ets'arrétant  tout  entier  à  la  première  côte;  ce  muscle,  avec  ses  faisceaux  dorsaux,  ventraux  et 
obliques,  rappelle  exactement  un  intertransversaire  du  cou.  Tous  les  antres  musles  du  cou  non 
mentionnés  étaient  semblables  à  ceux  des  chameaux. 

Dans  la  région  spinale  du  dos  et  des  lombes,  j'ai  noté  que  :  le  grand  dorsal,  au  lieu  de  se 
terminer  exclusivement  sur  Thumérus  avec  le  grand  rond,  lance,  en  outre,  une  aponévrose 
qui  se  continue  avec  l'aponévrose  anti-brachiale,  trace  remarquable  de  son  muscle  annexe. 
Ainsi  que  dans  les  chameaux,  il  n'y  a  pas  de  petit  dentelé  antérieur,  et  le  petit  dentelé  posté- 
rieur comprend  seulement  quatre  dentelures.  Le  long  épineux  et  le  long  dorsal  sont  isolables 
dès  le  commencement  des  lombes  tandis  qu'ils  ne  se  séparent  que  vers  le  milieu  du  dos  dans 
les  chameaux.  Le  premier  se  prolonge  eu  pointe  jusqu'à  la  cinquième  apophyse  épineuse 
cervicale. 

Contrairement  à  ce  que  l'on  observe  dans  les  chameaux,  l'intercostal  commun  ou  sacro- 
lombaire  sort  de  la   masse  commune,  par  deux  ou  trois  faisceaux,  auxquels  s'ajoute  une 


182 


UECHERCHES  ANATOMIOLKS  SIR  LES  CAMÉLIDÉS 


fig.  105.  —  région  pectorale 
d'un  lama. 

1,  pectoral  transveres,  confondu  avec  le 
pectoral  descendant  ;  2,  pectoral  ascen- 
dant ;  o,  pectoral  scapulaire  ;  4,  inser- 
tion sternale  des  sterno-mastoïdiens  ; 
5.  mastoïdo-huméral  ;  6,  biceps  bra- 
chial. 


série  d'autres  faisceaux  successifs  et  chevauchants  f[ai  conduisent  le  muscle  jusqu'à  la  septième 
apophj^se  transverse  cervicale,  mais  pas  au  delà,  car  il  n'y  a  pas  de  cervical  ascendant. 

Dans  la  région  costale,  le  grand  dentelé  est  confondu  avec  l'angulaire  de  l'épaule 
comme  dans  les  chameaux,  mais  il  est  beaucoup  moins  tendineux,  et,  d'autre  part,  il  s'enche- 
vêtre avec  le  grand  oblique  par  ses  trois  dernières  dentelures,  au  lieu  de  le  faire  seulement 

par  les  deux  dentelures  qui  précèdent  la  dernière  ou  les 
deux  dernières.  Le  transversal  des  côtes  couvre  le  bord 
inférieur  du  grand  dentelé  et  s'étend  jusqu'à  la  cinquième 
côte  par  un  long  tendon  aplati,  sans  rejoindre  toutefois  le  droit 
de  l'abdomen. 

Le  diaphragme  des  lamas  est,  sous  tous  les  rapports, 
semblable  à  celui  des  chameaux;  nous  avons  trouvé  dans  son 
épaisseur,  entre  l'orifice  cave  et  l'orifice  œsophagien,  un 
petit  osselet  comme  il  en  a  été  signalé  déjà  dans  la  vigogne 
et  dans  les  doux  espèces  de  chameaux  :  il  semble  donc  que 
ce  soit  un  caractère  commun  à  tous  les  Camélidés. 

Dans  la    région   sous-lombaire,    l'iliaque  présente  un 
faisceau  interne  qui  se  détache  de  la  face  inférieure  du  sacrum 
mais  n'avance  pas  sous  les  vertèbres  lombaires,  comme  on 
le  voit  dans  les  chameaux.   Le  petit  psoas  est  faible,  très 
étroit,  et  en  partie  recouvert  par  le  grand  psoas  à  son  extré- 
mité antérieure.  Le  grand  psoas  est,  au  contraire,  très  épais  ; 
il  se  prolonge  en  pointe  sous  les  deux  dernières  côtes.  Le  carré   des   lombes  en  est  com- 
plètement recouvert,  sauf  son  extrémité  antérieure  qui  s'étend  sous  les  quatre  dernières  côtes. 
Dans  les  chameaux,  le  grand  psoas  laisse  le  carré  des  lombes  en  grande  partie  à  découvert. 

Les  muscles  abdominaux  ressemblent  à  ceux  des  chameaux. 
La  région  pectorale  présente  des  particularités  singulières,  qui 
n'ont  pas  été,  que  je  sache,  signalées  dans  aucune  espèce  ;  par- 
ticularités consistant  en  un  entre-croisement,  ou  mieux  un  enche- 
vêtrement, faisceau  à  faisceau,  des  deux  pectoraux  transverses  sur 
le  plan  médian  (voir  fig.  105  et  106;.  Lesdits  umscles,  connus  des 
vétérinaires  français  sous  le  nom  de  sterno-aponévrotiques,  sont  très 
épais,  confondus  antérieurement  avec  le  pectoral  descendant  (sterno- 
huméral)  et  divisés  chacun  du  côté  interne  en  une  huitaine  de  digi- 
tations  qui  s'entre-croisent  librenient  sous  le  sternum  avec  celles 
du  muscle  opposé,  à  la  manière  des  doigts  de  deux  mains  qui  se  pénétreraient  réciproquement  ; 
digitations  qui  viennent  ensuite  s'insérer,  en  s'épanouissant,  sur  la  partie  inférieure  des 
côtes  du  côté  opposé.  De  la  sorte,  le  sternum  ne  donne  aucune  attache  à  ces  muscles  : 
il  repose  seulement  sur  leur  ligne  d'entre-croisement. 

Le  pectoral  descendant,  portion  claviculaire  du  grand  pectoral  de  rhoiume,  paraît  n'être 
que  le  faisceau  le  plus  antérieur  du  muscle  précédent;  il  s'en  distingue  toutefois  en  ce  qu'il 
s'insère  sur  la  jiremière  sternèbre  et  ne  s'entre-croise  pas  avec  son  opposé. 

Le  pectoral  ascendant,  portion  sterno-costale  du  grand  pectoral  de  l'homme,  est  extré- 


FiG.  106.  —  Schéma  de 
l'entre-croisement  des 
muscles  pectorauxtran- 
sverses  du  lama. 

I,  Sternum;  2,  partie  inté- 
rieure des  côtes;  3,  3,  mus- 
cles pectoraux  transverses. 


DIFFKP.ENCKS  KNTR1<:  L1<S  CHAMEAUX  ET  LES  LAMAS 


183 


niement  étendu,  très  large  sous  l'épaule,  non  prolongé  sur  l'abdomen,  et  montre  à  peu  près  les 
mêmes  insertions  que  dans  les  chameaux. 

Le  pectoral  scapulaire  ou  sous-clavier  est  relativement  fort,  coniiuedanslegenreCamelus,  et 
présente  la  même  disposition.  Toutefois,  il  est  séparé  dupectoral  ascendant  par  un  muscle  dont  il 
n'existe  pas  trace  chez  les  chameaux,  muscle  procédant  de  la  partie  postérieure  du  sternum  et 
des  côtes  adjacentes,  et  se  terminant  en  se  fusionnant  avec  le  suus-clavier  et  le  pectoral  ascen- 
dant. C'est  l'accessoire  du  pectoral  ascendant,  organe  très  inconstant  en  anatomie  comparée  ^ 

Arrivons  maintenant  aux  muscles  intrinsèques  du  membre  thoracique. 

11  n'y  a  rien  de  différentiel  dans  la  l'égion  de  l'épaule  :  on  y  trouve  un  capsulaire  bien 
développé,  adhérent  au  coraco-brachial. 

Dans  la  région  du  bras,  on  remarque  que  le  corps  charnu  du 
biceps  se  clive  en  deux  portions  :  l'antérieure  entrecoupée  de  lames 
fibreuses,  la  postérieure  toute  charnue  ;  celle-ci  est  la  plus  petite,  tandis 
que  c'est  le  contraire  dans  le  genre  Caraelus.  Le  brachial  antérieur 
est  épais  ;  il  se  termine  au  cubitus,  après  avoir  contourné  le  bord  in- 
terne du  radius  en  passant  sous  le  ligament  collatéral  interne  du  coude. 
Le  quadriceps  brachial  se  fait  remarquer  par  le  grand  développement 
de  son  vaste  interne,  qui  monte  jusqu'à  la  base  de  la  tête  articulaire 
de  l'humérus  en  passant  entre  le  coraco-brachial  et  la  terminaison  du 
grand  rond  ;  le  brachial  postérieur,  ou  vaste  intermédiaire,  couvre  toute 
la  fosse  olécranienne  et  s'élève  en  pointe  jusqu'à  mi-longueur  de 
l'humérus. 

A  l'avant-bras  et  au  canon,  nous  n'avons  point  remarqué  l'expan- 
sion élastique  que  l'on  observe  chez  les  chameaux.  L'extenseur  anté- 
rieur du  métacarpe  est  extrêmement  fort,  comme  dans  ceux-ci.  L'ex- 
tenseur oblique  du  métacarpe  est  au  contraire  très  faible;  il  se  divise  à 
son  extrémité  supérieure  en  deux  faisceaux  charnus  figurant  respecti- 
vement le  long  abducteur  et  le  court  extenseur  du  pouce.  L'extenseur 
principal  des  doigts  est  divisé,  comme  dans  les  autres  ruminants,  en  un 
extenseur  commun  des  deux  doigts  et  un  extenseur  propre  du  doigt 
interne.  Le  tendon  de  celui-ci  s'unit  au-devant  du  boulet  à  celui  de 
l'extenseur  propre  du  doigt  externe,  par  une  vaste  expansion  qui  recouvre  et  assujettit  le 
tendon  de  l'extenseur  commun.  Ce  dernier  se  bifurque  en  haut  de  l'interstice  digité,  mais 
ses  branches  s'arrêtent  à  l'extrémité  proximale  des  deuxièmes  phalanges  avec  les  tendons 
extenseurs  propres  et  en  s'unissant  a  eux.  Les  troisièmes  phalanges  ne  reçoivent  donc  pas 
de  tendon  extenseur  ;  leur  ligament  élastique  suffît  à  les  redresser.  L'extenseur  propre 
du  doigt  externe  est  très  développé  comme  dans  tous  les  camélidés.  Le  cubital  externe 
est  également  très  fort;  il  se  termine  exclusivement  sur  l'os  pisiforme.  Le  cubital  interne 
est  plus  réduit  encore  que  dans  les  chameaux  ;  sa  partie  charnue,  détachée  du  bord  postérieur 
du  cubitus,  est  un  simple  vestige;  le  chef  humerai  m'a  paru  faire  défaut.  Le  grand  palmaire 
est  plus  fort  proportionnellement  que  dans  le^  chameaux.  Le  corps  charnu  du  perforé  ne 


FiG.  107.  —  ExTBÉMITÉ 
DIGITÉE  DU  MEMBRE 
ANTÉRIEUR  d'un  lama. 

i,  Intentions  de  Textenseur 
commun  des  doigts;  2, 
2',  tendon  de  l'extenseur 
propre  du  doigt  interne  ; 
3,  3',  tendon  de  Texten- 
seur  propre  du  doigt 
externe  ;  4,  expansion 
réunissant  les  2  tendons 
extenseurs    propres  ;   5^ 

5,  ligament,  croisant  en 
dessous  les  tendons  ex- 
ten-^eurs     propres;    6, 

6,  ligament  rétractile  de 
l'ongle. 


F.-X.  Lesbre,  Essai  de  myologie  comparée  de  l'homme  et  des  mammifères  domestiques,  Lyon,  1897. 


184 


RECHERCHES  AXATOMIQUES  SUR  LES  CAMÉLIDÉS 


lance  pas  de  branche  au  perforant,  mais  c'est  la  seule  différence  de  l'organe  comparativement 
aux  chameaux.  Des  trois  chefs  du  perforant,  c'est  l'huniéral  qui  est  de 
beaucoup  le  plus  fort,  tandis  que  dans  les  chameaux  c'est  le  radial.  Le 
premier  lance  à  sa  partie  inférieure  une  languette  tendineuse  au  tendon 
perforé.  Le  second,  tout  en  étant  bien  moins  développé  que  chez  les 
chameaux,  l'est  beaucoup  plus  que  dans  les  ruminants  ordinaires  et 
s'élève  jusqu'au  ligament  collatéral  interne  du  coude.    Quant  au  chef 
cubital,  il  ne  monte  pas  au-dessus  du  quart  supérieur  de  l'avant- 
bras.  Le  tendon,   commun  à  ces   trois  chefs,  se  bifurque  au-dessus 
de  l'articulation  métacarpo-phalangienne,  et  là  donne  insertion  à  un 
muscle  lombrical  qui  sort  entre  les  branches  du  perforé  et  vient  se 
perdre  au  moyen  d'un  tendon  derrière  l'articulation  précitée.  Il  n'existe 
pas  trace  de  ce  muscle  lombrical  chez  les  chameaux,  non  plus  que 
chez  les  ruminants  ordinaires.  En  poursuivant  le  trajet  des  branches 
terminales  du  tendon  perforant,  on  constate  que  leur  renflement  nodu- 
laire  en  arrière  des  grands  sésamoïdes  est  peu  sensible,  le  nodule  se 
manifestant  plutôt  au  toucher  qu'à  la  vue  ;  par  contre,  le  renflement 
nodulaire  préterminal  offre  tout  son  développement. 
Voyons  enfin  les  muscles  du  membre  abdominal  : 
Le  muscle  du  fascia  lata,  le  fessier  superficiel,  le  fessier  moyen, 
le  fessier  profond,  le  quatrième  fessier,  le  paraméral,  les  obturateurs 
du  bassin,  les  jumeaux  du  bassin,  le  carré  crural    sont  exactement 
disposés  comme  dans  le  genre  Gamelus.  Le  capsulaire  de  la  hanche 
est  peut-être  plus  développé  encore  que  dans  ce  dernier.  Le  quadriceps 
crural  affecte  le  même  développement  relatif  de  ses  parties, 
c'est-à-dire  que  le  vaste  externe  est  énorme,  trois  fois  plus  volu- 
mineux environ  que  le  vaste  interne;  le  droit  antérieur  de  la 
cuisse  s'attache  s\u"  l'ilium  par  deux  tendons  latéraux  juxta- 
posés ;  le  crural  antérieur  se  sépare  très  bien  des  autres  muscles 
et  reçoit,  dans  l'angle  de  sa  bifurcation  supérieure,  l'extrémité 
inférieure  du  capsulaire  de  la  hanche.  Le  biceps  fémoral  pré- 
sente  la  même  disposition  et    contracte  les  mêmes  rapports 
avec  le  paraméral  que  dans  les  chameaux.  Le  demi-tendineux 
est  continué  supérieurement  par  un  petit  muscle  conoïde  qui 
vient  s'insérer  sur  le  côté  de  la  base  de  la  queue  et  fonctionne 
spécialement  comme  agitator  camlae,  muscle  dont  il  n'existe 
pas  trace  chez  les  chameaux.   Le  demi-membraneux  est  épais 
et  digastrique  comme  chez  ces  derniers,  et  présente  essentiel- 
lement les  mêmes  insertions.  Le  couturier,  le  droit  interne,  le 
pectine,  l'unique  adducteur  de  la  cuisse,  ne  présentent  rien  de 
particulier. 

Dans  la  région  jambière,  nous  avons  noté  le  faible  déve- 
loppement du  tibial  antérieur,  dont  la  portion  charnue  est  reléguée  à  la  partie  supérieure  du 


FlG.  108. — iluSCLEPEf.- 
FORANT  DU  MEMBRE  AN- 
TÉRIEUR DU  LAMA. 

1,  chef  radial  ;  2,  chef  cu- 
bital ;  3,  partie  inférieure 
du  chet  humerai;  4,  lan- 
guette tendineuse  en- 
voyée au  perforé  ;  5, 
tendon  perforé  ;  6,  ten- 
don perforant. 


FlG.  109.  —  Muscles  DE  la  région 

CRURO-FESSIÊRE    DU    LAMA. 

FL.  muscle  du  fascia  lata;  F  S,  les- 
siei* superficiel  ;  FM.  fessier  moyen  ; 
P,  paraméral  ;  BT,  biceps  lemorai  ; 
DT,  demi-teudiiieux  ;  DM,  derai- 
membraneux;  a,  chef  coccygien 
du  demi-tendmeux. 


DIFFKHENCES  ENTRE  EES  CIIAMlvVTX  ET  LES  LAMAS 


185 


■tibia.  Le  tendon  commun  qui  glisse  dans  la  coulisse  supérieure  de  cet  os  y  présente  un 
renflement  nodulaire  ;  des  trois  muscles  qui  lui  font  suite,  le  fléchisseur  du  pied  n'off're  rien 
de  particulier,  à  part  qu'il  est  moins  tendineux  que  dans  les  chameaux,  l'extenseur  commun 
des  deux  doigts  se  prolonge  jusqu'aux  troisièmes  phalanges  après  avoir  pris  une  insertion 
sur  les  secondes,  tandis  qu'aux  membres  antérieurs  il  se  termine  tout  entier  sur  celles-ci, 
quant  à  l'extenseur  propre  du  doigt  interne,  il  se  termine  sur  la  deuxième  phalange  de  ce 
doigt  par  une  branche  antérieure  et  une  branche  excentrique,  mais  auparavant  il  se  réunit  à 
son  congénère  de  l'autre  côté  par  une  expansion  qui  couvre  la  face  antérieure  du  boulet. 

Le  long  péronier  n'offre  rien  de  particulier,    non    plus  que  le  court 
péronier;  ce  dernier  est  extenseur  propre  du  doigt  externe. 

Pas  trace  du  long  extenseur  du  gros  orteil  ni  du  soléaire.  Ce  dernier 
muscle  existe  chez  les  chameaux  ainsi  que  dans  la  généralité  des  Ruminants. 
Le  planto-perforé,  au  lieu  d'être  complètement  fibreux  comme  dans  les 
chameaux,  présente  un  corps  charnu  fusiforme,  aussi  développé  que  dans  les 
ruminants  ordinaires;  son  extrémitésupérieure  sort  de  l'intervalle  des  jumeaux 
de  la  jambe    et  s'élève  à  environ  2  centimètres  plus  haut  sur  le  fémur. 
Les  jumeaux  sont  très  inégaux;  l'externe,  le  plus  fort,  se  ploie  sur  le  perforé 
et  se  joint  à  l'interne  par-dessous  et  par-dessus,  de  telle  manière  que  le  corps 
charnu  du  perforé  se  trouve  complètement   enveloppé  (fig.liO).  Remar- 
quons, en  outre,  que  l'attache  de  ces  muscles  s'élève  moins  haut  sur  le  fémur. 
Le  poplité  est  très  épais  et  son  tendon  est  à  découvert  sur  le  côté  de 
l'articulation  fémoro-tibiale,  vu  l'absence  du  ligament  latéral  externe.  Le 
long  fléchisseur  externe  des  phalanges,  au  lieu  d'être 
inférieur   en  développement  à  son  congénère  le  long- 
fléchisseur  interne,  comme  cela  se  voit  dans  le  genre 
CameJus,  lui  est,  au  contraire,  notablement  supérieur  ; 
le  tibial  postérieur  est  confondu  avec  lui  ;  il  se  dislingue 
toutefois  à   la  partie  inférieure.    Le  tendon  perforant, 
sur  lequel  se   réunissent  les  deux  muscles  longs  flé- 
chisseurs comme  deux  chefs  d'un  même  organe,  reçoit 
à  son  origine  un  petit  muscle  accessoire  sous  forme  d'un 
fuseau  charnu  détaché  de  la  base  du  calcanéum,  muscle 
dont  la  présence  chez  le  lama  était  bien  inattendue, 
car,  parmi  les  mammifères  domestiques,  on  ne  le  ren- 
contre guère  que  chez  les  Carnivores.  Dans  la  bifurca- 
tion des  tendons  fléchisseurs,  on  trouve,  comme  au  membre  de  devant,  un  muscle  lombrical. 
liemarquons    enfin   que  le  fuseau   nodulaire  des  branches  du  perforant  dans    les    gaines 
sésamoïdiennes  est  Ijeaucoup    plus    prononcé     qu'au    membre  antérieur. 

Quant  aux  muscles  interossoux,  ils  ont  subi  dans  les  deux  membres  la  transformation  en 
un  ligament  suspenseur  du  boulet  extrêmement  fort,  disposé  essentiellement  comme  dans  les 
chameaux. 

Jetons  maintenant  uu  coup  d'oeil  d'ensemlile  sur  les  différences  myologiques  des  lamas  et 
des  chameaux;  nous  voyons  qu'elles  sont  nombreuses  et  considérables  :   1°  Il  y  a  chez  les 

Arch.  Mus.  —  t.  VIII.  24 


FiG.    1 10.    —  Coupe 

SCHÉMATIQUE  DU 
PERFORÉ  ET  DES 
JUMEAUX  DE  l.A 
JAMBE,  DANS  LE 
I.AMA. 

p,  perforé  ou  mieux 
planto-perforé  ;  i,  ju- 
meau interne  ;  e,  ju- 
meau externe. 


FiG.  IIL —  Muscles 

PROFONDS  DE  LA 
RÉGION  JAMBIÈRE 
POSTÉRIEURE  d'un 
LAMA. 

1,  poplité  ;  2,  long  flé- 
chisseur extfriie  des 
phalanges;  3,  tibial 
postérieur;  ^,  long 
fléchisseur  interne 
des  phalanges  ;  5. 
muscle  a  ccessoire  du 
peiforant. 


18G  RECIIEHCHES  AXATOMIQUKS  SUR  LES  CAMELIDES 

premiers  des  muscles  qui  manquent  aux  secomls  :  accessoire  du  pectoral  ascendant,  splénius, 
lombricanx,  accessoire  du  perforant,  prolongement  coccjgien  du  demi-tendineux.  2"  11  y  a 
dans  nombre  d'autres  muscles  des  dispositions  particulières,  telles  que  l'enchevêtrement  des 
pectoraux  transverses,  la  division  du  grand  complexus,  la  continuité  du  grand  dorsal  avec 
l'aponévrose  antibrachiale,  de  l'intercostal  commun  avec  la  masse  commune,  le  grand  déve- 
loppement du  grand  psoas  couvrant  complètement  le  carré  des  lombes,  le  développement  relatif 
des  trois  chefs  du  perforant  du  membre  antérieur,  des  deux  chefs  de  ce  même  organe  au 
membre  postérieur,  l'état  charnu  du  perforé  du  membre  postérieur,  etc. ,  3°  Il  n'y  a  pas  le 
même  développement  du  tissu  élastique  que  dans  les  chameaux;  les  membranes  élastiques 
de  la  superficie  de  l'avant-bras  et  de  la  cuisse  manquent  ;  la  tunique  abdominale  est  rudi- 
raentaire  ;  le  ligament  cervical  est  moins  fort,  etc. 


APPAREIL   DIGESTIF 


Boiirlic .  —  Les  lèvres  ressemblent  à  celles  des  chameaux.  Les  odontoïdes  des  joues  sont 
moins  drues  que  chez  ces  derniers  et  non  divisées  à  l'extrémilé;  elles  s'abaissent  vers  le  fond  do 
la  bouche  et  passent  à  l'état  de  mamelons  plus  ou  moins  saillants.  Le  palais  présente  des  crêtes 
transversales  qui  ne  sont  pas  découpées  en  crénelures,  et  un  large  bourrelet  antérieur  derrière 
lequel  s'ouvrent  deux  fentes  de  Jacobson  très  nettes.  Le  voile  du  palais  est  très  étendu  mais 
n'offre  rien  de  particuher  :  ni  luette,  ni  appendice  d'aucune  sorte.  La  langue  ressemble 
exactement  à  celle  des  chameaux  comme  forme,  piliers,  papilles,  structure  ;  elle  est  assez 
douce  au  toucher;  Bi'ehm  est  dans  l'erreur  quand  il  dit  que  les  papilles  en  sont  dures  et 
cornées.  Les  glandes  salivaires  ne  présentent  non  plus  rien  de  particulier  ;  les  canaux  de 
M'arton  n'ont  pas  de  barl)illon  à  leur  extrémité;  ils  s'ouvrent  à  fleur  de  muqueuse,  comme 
dans  le  genre  Camelus.  Les  amygdales  sont  diffuses,  autrement  dit  leurs  cryptes  sont  disper- 
sées sur  la  base  de  la  langue. 

IjQ.  pJiaryii.r  est  dépourvu  du  pli  muqueux  qui  le  cloisonne  chez  les  chameaux. 

U a'sophage  est  peut-être  moins  dilaté  que  chez  ces  derniers,  mais  il  présente  la  même 
structure  riche  en  glandes. 

Uestomac  m'a  paru  n'être  qu'une  réduction  de  celui  des  chameaux.  Il  pi'ésente  les 
mêmes  particularités  extérieures  et  intérieures.  Voici  cependant  quelques  différences  que 
nous  avons  notées  : 

Les  augets  des  réservoirs  aquifères  de  la  panse  sont  beaucoup  moins  développés  mais 
au  moins  aussi  nombreux;  les  plus  grands  reçoivent  juste  le  bout  du  petit  doigt,  les  plus 
])etitsne  permettent  pas  l'introduction  du  manche  d'un  porte-plume.  Dans  le  réservoir  posté- 
rieur, nous  avons  compté  douze  à  quatorze  travées  charnues  branchées  comme  les  dents  d'un 
peigne  sur  le  pilier  de  la  panse  et  venant  mourir  insensiblement  de  l'autre  coté  du  chamii 
alvéolé;  dans  chaque  intervalle  existaient  deux  rangées  d'alvéoles  dont  beaucoup  étaient 


DIFFKRKXCKS  l^XTltM  l.I':S  CHAMEAUX  ET  LES  LAMAS  187 

subdivisés  à  leur  fond.  L'autre  réservoir  est  relativement  petit  et  à  cellules  très  exiguës, 
groupées  en  petites  séries  transversales.  Les  alvéoles  du  réseau  sont  plus  spacieux  que  ceux 
de  la  panse,  contrairement  à  ce  qui  existe  dans  les  chameaux. 

On  lit  dans  Brehm  que  les  lamas  n'ont  pas  de  caillette;  c'est  là  une  grosse  erreur;  ils 
en  ont  une  pareille  à  celle  des  chameaux,  avec  une  muqueuse  qui  tranche  sur  celle  des 
parties  lisses  du  réseau  et  dont  la  transition  est  marquée  par  une  crête  manifeste.  Cette 
muqueuse  est  partout  glandulaire  et  digestive;  mais  on  y  voit  les  mêmes  localisations  que 
dans  le  genre  Camelus,  c'est-à-dire  qu'elle  est  mince  et  finement  plissée  dans  sa  partie 
antérieure,  tandis  qu'elle  s'épaissit  beaucoup  dans  la  postérieure,  où  elle  forme  de  gros 
plis  en  bourrelets  ne  laissant  entre  eux  que  de  petites  aufractuosités  irrégulières.  Ici  seule- 
ment elle  renferme  les  glandes  à  cellules  bordantes,  dites  glandes  à  pepsine.  Au  voisi- 
nage du  pylore,  dans  la  région  des  glandes  à  mucus,  elle  est  lisse  et  relativement  pâle, 
on  y  voit  une  grosse  saillie  mobile  branchée  perpendiculairement  sur  la  valvule  pylorique 
et  qui  est  sans  doute  susceptible  de  faire  bouchon  sur  l'orifice  d'entrée  de  l'intestin. 
La  caillette  est  donc  eu  tout  semblable  à  celle  des  chameaux.  Remarquons  enfin  que, 
comme  chez  ces  derniers,  le  volume  relatif  des  trois  compartiments  gastriques  no  change 
pas  sensiblement  au  cours  de  la  vie. 

h' intestin  est  proportionnellement  plus  long  que  dans  le  genre  Camelus  ;  sa  longueur 
totale  comprend  quinze  à  seize  fois  la  longueur  du  corps  mesurée  du  bout  de  la  tête  à  la 
naissance  de  la  queue,  et  trente  fois  environ  la  distance  qui  s'étend  de  la  pointe  de  l'épaule  à 
la  pointe  de  la  fesse.  G'est  l'intestin  grêle  et  le  côlon  terminal  qui  sont  particulièrement  longs  ; 
le  côlon  spiral  et  le  Cfecum  sont  plutôt  courts,  ainsi  que  l'indiquent  les  chiffres  suivants  : 

Intestin  grêle lô^^SO 

C;ecum 0  16 

Cûlon  spiral 6  70 

Côlon  terminal  et  rectum 5     " 

Total 27-66 


L'intestin  grêle  affecte  exactement  la  même  disposition  que  dans  les  chameaux;  il  com 
menée  par  une  dilatation:  son  quart  ou  son  cin- 
quième postérieur  augmente   progressivement  de 
diamètre  et  s'accole  au   crecuin  avnnt    d'y  faire 
embouchure. 

Le  caecum  est  court  mais  dilaté,  nrrondi  à 
l'extrémité. 

Le  côlon  spiral  décrit  six  tours  concentriques 
et  quatre  excentriques;  le  premier  tour  est  très 
écarté  des  autres  et  remarquable,  en  outre,  par  son 
fort  calibre  ;  les  autres  tours  sont  de  diamètre  plus 
petit  que  l'intestin  grêle,  et  serrés  en  une  masse 
compacte  qu'il  faut  déi'ouler  pour  suivre  le  vis- 
cère. 

Le  côlon  sous-lombaire  ou  côlon  terminal  n'olfre  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  sa  Ion 


FlG    112.    —    C.ECUM    ET    COLON    SPIRAL   DU    LAMA. 

\(j,  terminaison  de  TinteEtin  grêle;  C,  c;ecum;  Go, côlon 
spiral,  1"  lour;  M,  niasse  des  autres  tours  ;  }nès,  mé- 
sentère unissant  le  premier  tour  aux  autres. 


188 


HECHERGHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 


gueur  quand  on  l'a  déroulé  ;  il  se  dilate  progressivement  avant  de  se  continuer  avec  le 
rectum.  On  trouve  à  son  intérieur  de  petites  crottes  semblables  à  celles  du  mouton  et  de  la 
chèvre. 

En  résumé,  la  particularité  la  plus  caractéristique  de  l'intestin  du  lama  comparé  à  celui 
du  chameau  :  c'est  la  disposition  du  premier  tour  de  son  côlon  spiral  qui  est  complètement 
isolé  des  autres  tout  en  leur  restant  uni  par  un  frein  mésentérique. 

Le  foie  présente  exactement  la  même  disposition  que  dans  les  chameaux  ;  il  est  Ljbé  de  la 
même  manière  et  déchiqueté  d'incisures  ;  le  cholédoque  est  très  petit,  dépourvu  de  vésicule 
biliaire.  La  seule  différence  que  j'ai  notée  est  sa  grande  largeur,  qui  approche  de  sa  longueur, 
tandis  que  dans  Camelus  le  viscère  est  beaucoup  plus  long  que  large.  L'embouchure  com- 
mune du  canal  de  Wirsung  et  du  canal  biliaire  se  fait  très  près  du  pylore,  beaucoup  plus  près 
que  dans  les  chameaux. 

La  rate  est  falciforme  et  en  même  position  que  chez  ces  derniers;  l'artère  splénique 
l'atteint  par  le  milieu  de  son  bord  concave. 

Le  pancréas  n'offre  rien  de  particulier. 


APPAREIL   RESPIRATOIRE 


N'ayant  pas  ouvert  de  tête,  je  ne  puis  rien  dire  des  fosses  nasales,  si  ce  n'est  que  leurs 
orifices  extérieures  (naseaux)  ressemblent  à  ceux  des  chameaux  et  se  joignent  l'un  à  l'autre 

en  haut  de  la  fissure  de  la  lèvre  supé- 
rieure. 

Le  larynx  m'a  montré  quelques 
différences  dans  ses  cartilages.  Le  cri- 
coïde  est  simple,  sans  trace  de  soudure 
avec  le  premier  cerceau  de  la  trachée. 
Le  thyroïde  ne  soude  pas  ses  branches 
sur  la  ligne  médiane;  elles  sont  seule- 
ment unies  par  un  ligament;  elles  présentent  une  petite  corne  pour  correspondre  à  l'hyoïde. 
L'épiglotte  est  courte  et  obtuse,  aussi  large  que  longue  ;  elle  ne  présente  pas  d'appendice  à 
la  base.  Les  aryténoïdes  sont  moins  allongés  que  dans  les  chameaux. 

La  trachée  comprend  peut-être  un  nombre  de  cerceaux  un  peu  moins  élevé  que  dans  les 
ciiameaux;  mais  j'ai  omis  de  les  compter.  Elle  se  divise,  comme  dans  la  généralité  des  Rumi- 
nants, en  trois  branches  dont  deux  pour  le  poumon  droit. 

Les  poumons  ressemblent  exactement  à  ceux  des  chameaux. 
Il  en  est  de  même  des  glandes  thyroïdes. 


FiG.  113. 
Cricoide(l  ;  Ihjroide  (2)  et  épiglotte  (3)  d'un  lama. 


IMl  FKREXCES   I-^XTHE  LES  CHAMEAUX  ET  LES  LAMAS 


189 


APPAREIL  URO-GENITAL 


Les  reins  ont  la  forme  extérieure,  la  position  et  les  rapports  de  ceux  des  chameaux;  mais 
ils  n'en  ont  pas  la  conformation  intérieure,  et  c'est  là  une  différence  importante  entre  les  deux 
genres  de  Camélidés:  leur  bassinet  est  tout  simplement  disposé  comme  celui  des  moutons  ou 
des  chèvres,  voire  des  chiens,  il  n'a  pas  le  système  diverticulaire  complexe 
qui  pénètre  le  rein  des  chameaux  et  le  rend  en  quelque  sorte  spongieux. 

Les  testicules  ont  la  même  position  que  dans  Camelus  et  la  même 
disposition  de  leurs  enveloppes;  ils  sont  presque  globuleux  ;  une  section 
longitudinale  et  médiane  montre  très  distinctement  la  traînée  blanche 
centrale  formée  par  les  tubes  droits.  Le  corps  del'épididyme  est  étroite- 
ment fixé  au  testicule,  sans  le  moindre  intervalle  ;  la  tète  s'en  détache 
et  se  ploie  sur  elle-même  ;  la  queue  est  peu  volumineuse,  recourbée  en 
dedans  à  sa  continuité  avec  le  canal  déférent.  Celui-ci  est  d'abord  sinueux, 
il  ne  devient  rectiligne  qu'après  un  trajet  de  8  à  10  centimètres  ;  il  est  petit, 
tandis  que,  au  contraire,  le  corps  vasculaire  du  cordon  est  très  volumi- 
neux. Les  canaux  déférents  se  renflent  légèrement  sur  la  face  supérieure 
de  la  vessie  en  s'accolant  l'un  à  l'autre;  ils  font  embouchure  comme 
d'ordinaire.  Ainsi  que  chez  les  chameaux,  il  n'y  a  pas  de  vésicules 
séminales.  La  prostate  est  très  forte,  de  couleur  jaune  pâle,  de  forme 
globuleuse,  à  peine  bilobée. 

L'urètre  membraneux  est  entouré  d'un  sphincter  rouge  qui  n'a  pas 
moins  de  6  à  8  millimètres  d'épaisseur.  Les  glandes 
de  Cowper  sont  volumineuses  et  très  distinctes, 
enveloppées  d'un  muscle  compresseur  épais,  re- 
couvert superficiellement  d'une  l)elle  aponévrose. 
Le  muscle  bulbo-caverneux  est  partagé  en  deux 
moitiés  latérales  par  un  profond  sillon  médian  qui 
tient  lieu  de  raphé.  La  verge,  après  avoir  décrit 
sa  double  inflexion  en  S.  se  termine  comme  dans 
Cawie/iw  dans  une  cavité  préputiale  étirée  et  recour- 
bée en  arrière  mais  susceptible  de  se  redresser  au 
moyen  de  muscles  ad  hoc.  Le  gland,  ou  pour  parler 
plus  exactement,  l'extrémité  libre  de  la  verge,  se 
recourbe  inférieurement  et  se  divise  en  deux  pointes 
inégales,  superposées,  qui  ont  la  consistance  du  cartilage;  la  pointe  supérieure  appartient 
au  corps  caverneux,  l'inférieure  au  canal  de  l'urètre  qui  vient  déboucher  à  son  extrémité. 
A  ce  niveau  le  tissu  érectile  a  cédé  la  place  au  tissu  cartilagineux,  de  telle  sorte  que  l'extré- 
mité du  pénis  est  toujours  favorablement  disposée  pour  la  pénétration. 

Je  n'ai  rien  à  dire  des  organes  génitaux  femelles  attendu  que,  jusqu'à  ce  jour,  je  n'ai 


FiG.  114.  —  Testicule 

ET  ÉPIDIOYME  DU  LAMA 


FiG.  115.  —  Vessie 

UnÈTRE  ET  PÉNIS  DU  LAMA 


Fio.  114.  —  t,  testicule  :  e,  épididyme  ;  d,  ciiial  défé- 
rent: p,  corps  vasculaire  du  cordon  ;  m,  meaorcluum. 

Fio.  115.  —  V,  vessie  ;  d.  canal  déférent-  p,  prostate; 
m,  urelre  membraneus  ;  G,  glandes  de  Cowper  ;  v. 
verge  ;  ic,  muscles  ischio-caverneuï  couvrant  les 
racines  du  corps  caverneux;  6  6,  muscles  bulbo-caver- 
neux; 1,  pointe  caverneuse  du  glajid  ;  2,  poijile  uré- 
traie  du  glauil  ;  S,  coupe  transversale  du  gland  ;  1, 
corps  caverneux  ;  2,  urètre. 


l'JO 


UECHEUCHIiS  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 


eu  l'occasion  de  disséquer  qu'un  mule.  Cependant,  en  ce  qui  concerne  les  mamelles,  je  dois 
combattre  une  erreur  de  Buffun  qui  attribue  deux  mamelles  seulement  aux  femelles  de  lamas 
alors  que  réellement  elles  en  ont  quatre  comme  les  chamelles. 


APPAREIL    CIRCULATOIRE 


Nous  n'en  avons  relevé  que  les  grands  traits. 

Le  cœur  est  remarquablement  pointu,  mais  ne  présente,  d'autre  part,  rien  de  particulier. 
Nous  n'avons  pas  trouvé  trace  d'ossification  dans  ses  zones  flbro-squelettiques. 

Il  n'y  a  pas  d'aorte  antérieure  ;  les  deux  troncs  brachiaux  naissent  séparément  et  à 
distance  sur  la  crosse  de  l'aorte;  tandis  qu'ils  se  joignent  dans  les 
chameaux  et  conslituent  une  aorte  antérieure  plus  ou  moins  distincte. 
Les  branches  collatérales  de  l'aorte,  pariétales  ou  viscérales,  m'ont 
paru  disposées  sensiblement  comme  dans  Camehcs.  Quant  aux  bran- 
ches terminales,  les  artères  iliaques  résultent  de  deux  bifurcations 
successives  plutôt  que  d'une  quadrifurcation  ;  la  sacrée  moyenne,  qui 
est  si  développée  dans  les  chameaux,  manquait  chez  le  lama  que  nous 
avons  disséqué:  par  contre,  il  y  avait  des  sacrées  latérales.  Ces  diffé- 
rences sont-elles  constantes,  ou  du  moins  s'observent-elles  dans  le 
plus  grand  nombre  des  lamas?  C]'est  ce  que  de  nouvelles  études  pour- 
raient permettre  de  dii'e. 

L'artère  saphène  est  proportionnellement  moins  développée  que 
dans  les  chameaux  ;  mais  elle  l'est  encore  beaucoup  et  représente  le 
tronc  principal  qui  alimente  l'extrémité  du  membre. 

Je  n'ai  pas  eu  la  possibilité  de  disséquer  les  artères  périphériques  ; 
luais  il  est  très  probable  que  leur  distribution  est  calquée  sur  celle  que  nous  avons  fait  connaitre 
chez  les  chameaux. 

Je  n'ai  rien  noté,  non  plus,  touchant  le  système  veineux  et  le  système  lymphatique. 


FiG.    lie.    —   Cœlk   nu 

LAMA,KACE   ARTÉniEl.LE. 

.s', sillon  itilerventr.culaire; 
5'  sillon  vasculaire  du 
ventricule  gauche  ;  ;>, 
trotic  pulmonaire;  an, 
crosse  de  l'aorte  ;  b  b. 
tr.mcs  brachiyux. 


APPAREIL  NERVEUX 


Pour  ne  pas  abîmer  le  squelette,  je  me  suis  abstenu  d'extraire  l'encéphale  et  la 
moelle  épinière  ;  je  ne  puis  donc  rien  en  dire.  Quant  à  l'appareil  nerveux  périphérique, 
mes  investigations  ont  porté  principalement  sur  le  nerf  pneumogastrique  et  son  accessoire; 


DIFFKHKXCKS  l'XTHK  \.KS  GlIAMKAl'X  ET  I.KS  LAMAS  191 

j'ai  hâte  de  dire  que  j'ai  constaté  les  mêmes  dispositions  que  dans  les  cliameaux,  à  savoirque  : 
1°  l'accessoire  de  Willis  ou  nerf  spinal  fait  complètement  défaut;  les  muscles  sterne - 
mastoïdien,  mastoïdo-huméral,  omo-trachélien,  trapèze  reçoivent  leur  double  innervation 
sensitive  et  motrice  des  paires  cervicales  ;  2"  le  pneumogastrique  fournit,  par  un  tronc 
commun  né  dans  la  région  gutturale,  les  nerfs  pharyngien,  laryngés  et  œsophagien  supé- 
rieur. Ce  tronc  se  divise  bientôt  en  deux  branches,  le  laryngé  supérieur  et  l'œsophagien  supé- 
rieur, le  premier  gagnant  le  larynx  comme  d'habitude  et  émettant  sur  son  trajet  le  laryngé 
externe  et  quelques  minces  filets  pharyngiens,  le  second  descendant  le  long  de  l'œsophage 
sur  le  côté  du  plan  supérieur  de  la  trachée  jusqu'à  l'intérieur  de  la  poitrine,  et  fournissant 
le  laryngé  inférieur  en  regard  de  la  partie  inférieure  du  larynx. 

L'absence  du  spinal  chez  les  Camélidés  est  un  fait  anatomique  de  haute  importance  qui 
était  inconnu  jusqu'à  ce  jour,  du  moins  à  ma  connaissance.  Cuvier  déclare  formellement 
que  ce  nerf  existe  dans  tous  les  mammifères.  Huxley  dit  que,  parmi  les  vertébrés,  il  ne 
manque  que  chez  les  Ichthyopsidés  ;  on  le  trouverait  chez  tous  les  Mammifères  ainsi  que 
chez  les  Sauropsidés  à  l'exception  des  Ophidiens.  Quant  à  la  disposition  si  particulière  des 
nerfs  laryngés,  notamnietit  du  laryngé  inférieur,  elle  n'avait  été  signalée  que  chez  le 
dromadaire  par  MM.  Chauveau  et  Arloing  ;  il  n'était  pas  sans  intérêt  de  la  constater  dans 
les  autres  espèces  de  la  même  famille  ;  et,  si  vraiment  elle  est  corrélative  à  l'extrême 
allongement  du  cou,  il  serait  curieux  desavoir  ce  qu'il  en  est  chez  la  girafe.  Les  auteurs  qui 
se  sont  occupés  de  l'anatomie  de  ce  dernier  animal  sont  muets  sur  ce  point,  qui  sans  doute 
à  échappé  à  leurs  investigations. 


ORGANES  DES  SENS 


•Je  n'ai  rien  à  ajouter  à  ce  que  j'ai  déjà  dit  sur  les  pieds,  les  lèvres,  la  langue,  les  oreilles, 
et  je  ne  trouve  rien  dans  mes  notes  concernant  l'appareil  de  la  visii:)n,  qui,  selon  toute  proba- 
bilité, ne  doit  guère  différer  de  celui  des  chameaux. 

Il  était  impossible,  avec  un  seul  cadavre,  de  passer  en  revue  tous  les  organes  ;  j'ai  dû 
néglige!"  bon  nombre  de  détails  relatifs  à  l'angiologie  et  à  la  névrologic  pour  concentrer  toute 
mon  attention  sur  les  os,  les  muscles  et  les  viscères;  j'ai  dii  aussi  passer  sous  silence  l'appa- 
reil génital  de  la  femelle  et  les  membranes  annexes  du  fœtus.  Malgré  ces  lacunes,  que  je 
m'empresserai  de  combler  à  la  première  occasion,  je  crois  avoir  donné  dans  ce  travail  tous 
les  caractères  différentiels  importants  qui  séparent  les  lamas  des  chameaux  et  par  conséquent 
avoir  atteint  le  but  que  je  poursuivais,  à  savoir  :  compléter  la  monographie  anatomique  des 
chameaux  par  un  parallèle  avec  les  lamas. 

J'aurais  désiré  terminer  ce  long  mémoire,  qui  m'a  coûté  plusieurs  années  de  labeur, 
par  quelques  considérations  générales  ou  conclusions  qui  en  résument  l'esprit  et  la  substance  ; 
j'ai  dû  y  renoncer,  car  cela  m'aurait  coaduit  à  des  répétitions  ou  à  des  dissertations  inutiles, 


192  RECHERCHES  ANATOMIQUES  SUR  LES  CAMELIDES 

attendu  que  j'ai  eu  le  soin  de  commenter  les  faits  et  d'en  faire  valoir  l'importance  au  fur  et 
à  mesure  de  leur  exposé. 

Mais  il  me  reste  un  devoir  à  remplir,  c'est  de  remercier  publiquement  MM.  Lortet  et 
Chantre,  qui  ont  mis  à  ma  disposition  avec  une  obligeance  parfaite  toutes  les  ressources  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyon  dont  ils  ont  la  direction,  et  qui  m'ont  valu  la  généreuse 
hospitalité  des  Archives  de  cet  établissement,  sans  laquelle  mon  travail  n'eût  peut-être  jamais 
vu  le  jour,  vu  les  frais  considérables  de  son  illustration.  Je  les  prie  de  v(juloir  bien  agréer  l'ex- 
pression de  ma  vive  gratitude. 


TABLE   DES  MATIÈRES 


AVANT-PROl^OS 1 

PREMIÈRE  PARTIE.  —  Chameau  à  deux  bosses 5 

I.  EXTÉRIEUR 5 

Proportions,  6.  —  Bosses  et  système  adipeux,  8.  —  Callosités,  10.  —  Peau  et  poils,  10.  — 
Pieds,  11. 

II.  ANAÏOMIE 14 

Appareil  locomoteur 14 

Os 14 

Tète 14 

Occipital,   14.  —  Interpariétal,   10.   —  Pariétal,  10.    — •   Frontal,  16.   —  Temporal,  17.  — 

Sphénoïde,  18.  —  Ptérjgoïdien.  20.  —  Vomer,  20.  —  Ethmoïde,20.    —  Cornets,   20.  — 

Palatin,  21.  —  Maxillaire  supérieur,  21.    —  Intermaxillaire.    21.  —  Os  du    nez,    22.  — 
Zjgomatique,  22.  —  Lacrymal,  22.  —  Maxillaire  inférieur,  23. 

Tête  en  général,  moins  la  mandibule 23 

Dents    et    dentition 24 

Incisives,  25.  —  Canines,  2(3.  —  Molaires,  26.  —  Dates  d"éruj>tion,  28.  —  Anomalies,  28.  — 
Considérations  pliylogénétiques  sur  la  dentition  des  Camélidés,  29. 

Hyoïde 30 

Colonne  vertébrale 32 

1°  Vertèbres  cervicales,  32.  —  2"  Vertèbres  dorsales,  34.  —  3'  Vertèbres  lombaires,  35.  — 
4°  Sacrum,  36.  —  5°  Vertèbres  coccygiennes,  36. 

Du  rachis  en  général 36 

Côtes.    .     .     .• 37 

Sternum 3S 

Membre  tlioracique .39 

Os  de  l'épaule,  3!».  —  Os  du  bras,  3'.».  —  Os  de  Tavant-bras,  40.  —  Os  de  la  main,  41. 

Membre  abdominal 43 

Os  de  la  hanche,  43.  —  Os  de  la  cuisse,  44.  —  Os  de  la  jambe,  45.  —  Os  du  pied,   46. 

Articulations 47 

Articulations  du  rachis 47 

Articulations  de  la  tête 49 

_  .  Articulations  du  membre  thoracique 49 

Articulations  du  membre  abdominal 52 

Muscles 54 

Muscles  peaussiers 54 

Peaussier  du  tronc   ou    pannicule    charnu,   54.  —  Peaussier    du  cou    ou    platysma,   54.  — 
Peaussiers  de  la  tête,  54. 

Muscles  des  mâchoires    , 56 

Muscles  de  la  région  hyoïdienne 57 

Muscles  du  cou 58 

Muscles  de  la  région  trachélienne,  58.  —  iMuscles  de  la  région  spinale  du  cou,  00.  —  Muscles 
juxtavertébraux  du  cou.  61. 


194  TAlîl.l'    DKS  MATIERES 

Muscles  de  la  rt'gion  spinale   du  dos  et  des  lombes 63 

Muscles  de  la  queue 65 

Muscles  de  la  région  costale 65 

Muscles  de  la  région  diaphragmatique 66 

Muscles  de  la  région  sous-lombaire 67 

Muscles  de  la  région  abdominale 68 

Muscles  de  la  région  pectorale 69 

Muscles  du  membre  thoracique 70 

Région  scapulaire,  70. — Région  brachiale,  7i. — Région  antibrachiale, 72. — Région  delamain,75 

Muscles  du  membre  abdominal 75 

Région  du  bassin,  75.  —  Région  de  la  cuisse,  76.  —  Région  de  la  jambe,  78.  —  Région  du 
pied,  81. 

Considérations  générales  sur  les  muscles  des  chameaux 82 

Anatomie  du  pied 82 

Appareil  digestif 84 

Bouche 84 

Glandes  salivaires 88 

Pharynx 89 

Œsophage 00 

Estomac 00 

Panse,  01.  —  Réseau,  96.  —  Caillette,  07. 

Intestin 100 

Organes  annexes 102 

App.\reil  respiratoire 103 

Cavités  nasales 10':i 

Larynx 104 

Trachée 105 

Bronches 105 

Poumons 105 

Organes  annexes 106 

Appareil  de  la  déix'ration  urinaire 106 

Reins 108 

Organes  annexes 108 

Appareils  de  la  génér.^tion 108 

A.  Mâle 108 

B.  Femelle 111 

Mamelles 113 

Appareil  de  la  circulation 115 

Cœur 115 

Artères 110 

Veines 124 

Lymphatiques , 125 

Sang 125 

Appareil  nerveux 126 

Méninges 126 

Moelle  épinière 126 

Encéphale 126 

Cerveau 126 

Cervelet  et  isthme 129 

Nerfs 129 

Organes  des  sens 132 

Toucher 132 

Gustation 132 

Olfaction 133 

Audition 133 

Vision 133 


TAliLK  DKS  MATIÏ-:i!KS  195 

DEUXIÈME  PARTIE.  —  Différences  entre  le  Chameau  à  deux  bosses  (Canielus  Bactriamis)  et  le 

Chameau  à  une  bosse  (Camelus  Arabicus  seu  Dromedarius) ly5 

A.  Tête 139 

B.  Dents 143 

G.  Colonne  vertébrale 143 

Vertèbres  cervicales,  143.  —  Vertèbres  dorsales,  146. — Vertèbres  lombaires,  147.  —  Sacrum, 
148.  —  Vertèbres  caudales,  149. 

D.  Os  duthoraï     .           .     . 149 

Sternum,  149.  —  Côtes,  150. 

E.  Membre  thoracique 150 

Scapulum,  150.  —  Humérus,  151.  —  Radius,  151.  —  Cubitus,  152.  —  Os  du  carpe,  152. 

Os  du  métacarpe,  153.  —  Phalanges  de  la  niaiu,  153. 

F.  ^fendJre  abdominal I54 

Coxal,  154.  —  Fémur,  155.  —  Rotule,   156.  —  Tibia,  156.  —  Péroné,  156.  —  Os  du  tarse, 
157.  —  Os  du  métatarse,  158.  — .Phalanges  du  pied,  158 

Comparaison  des  cltameaux  fossiles  avec  les  c/iameaux  actuels I59 

TROISIÈME  PARTIE.  —  Différences  entre  les  chameaux  et  les  lamas 1(33 

Appareil  locomoteur IQ5 

Squelette IQ.-, 

Tête ,65 

Colonne  vertébrale 1(59 

Thorax 172 

Membre  tlioi'acique I73 

Membre  abdominal I75 

Hyoïde I77 

Dents 178 

Incisives 17g 

Canines I79 

Prémolaires I79 

Arrière-molaires _  ^■jg 

Articulations Igg 

Muscles ■ 181 

ArPABEIL  DIGESTIF Igg 

Appareil  respiratoire , j^gg 

Appareil  uro-génital jgg 

Appareil  circulatoire j9q 

Appareil  nerveux jqq 

Organes  des  sens ^gj 


LA  FALNI-  MOMIFIER 

DE   LANCIENNE    EGYPTE 


le  Docteur  LORTET 

Uojea  (le  la  Faculté  de  médecine  de  Lyon,  Correspondant  de  1  laatitut 

ET 

G.  GAILLARD 

Chef  des  travaux,  au  Muséum   de   Lvon. 


LA   FAUNE   MOMIFIÉE 


DE 


L'ANCIENNE  EGYPTE 


INTRODUCTION 


De  toutes  les  contrées  formant  le  bassin  de  la  Méditerranée,  et  qui  constituent  le  centre 
pi"ivili\L;i(''  où  sont  nées  les  civilisations  antiques  les  plus  importantes,  l'Egypte  seule  se  présente 
comnK^  un  monde  à  \yàvi,  captivant,  attachant,  forçant  le  ^•oyag■eu^  à  itn-enir,  confirmant  cet 
ancien  dicton  que,  lorsqu'une  fois  il  a  bu  l'eau  du  Nil,  l'étrangei'  ne  saurait  en  oublier  la 
séduisante  douceur.  A  peine  est-il  revenu  dans  les  contrées  brumeuses  du  Noi'd,  il  ne  peut 
s'empêcher  de  rêver  constamment  à  ce  merveilleux  pays.  Il  revoit  jiar  la  pensée  le  spectacle 
magique  qui  se  renouvelle  tous  les  soirs.  loi-s(juc  le  soleil,  le  grand  dieu  lia  des  Égyptiens, 
disparait  à  l'Occident,  dans  les  déserts  de  la  Libye,  au  milieu  d'inie  splcndeni'  pleine  de  gloire, 
que  nulle  plume  ne  saurait  décrire,  et  dont  les  ti'ainées  lumineuses  éclairent  riioi-izon  jusqu'au 
milieu  de  la  nuit. 

Dans  cette  région  hkw,  le  soleil  est  étincelant.  le  ciid  toujours  d'un  bleu  pâle,  diaphane 
même  pendant  l'obscurité:  grâce  à  sa  transparence,  il  se  constelle  alors  de  myriades  d'étoiles 
ipd  brillent  d'un  éclat  extraordinaire,  spectacle  admirable  représenté  sur  tous  les  plafonds  des 
anciens  temples  de  la  Haute-LIgypte. 

Le  sol.  d'ime  fertilité  prodigieuse,  est  ai-rosé  sans  relâche  par  la  plus  laborieuse  des  races 
humaines  qui  semble  même  ignorer  le  repos  de  la  nuit.  Chaque  année,  ilestrecouv(^i"t  d'im  engrais 
apporté  des  régions  équatoriales  du  continent  africain,  par  le  plus  grand  Ûouyr  du  monde,  long 
de  six  à  huit  mille  kilomètres,  d(d)()i-dant  chaque  année,  à  l'époqui^  voidue,  aviK^  ime  précision 
mathémati(pie.C(>tte  terre  fortunée  estenlourée  d'une  large  ceinture  de  dései'ts  d'un  jaune  d'or, 
quelquefois  violets  ;  cependant  très  ])ien  ii-i-igutV,  (die  est  verte  comme  la  Hollande,  et  les  récoltes 
abondantes  :  cannes  à  sucre,  doura.  coton.  Idi',  orge,  maïs,  trètles,  etc..  s'v  succèdent  sans 
interruption. 

C'est  dans  cette  vallée  unique  au  monde,  qu'à  une  é'poque  très  i-ecuh'e  naijuit  la  race 
égyptienne,  agricole  avant  tout,  si  bien  douée,  si  intelligente:  (die  sut  trouver  par  sentaient 
d'observation  et  son  gV'uie  la  solution  des  problèmes  scientifiques  de  premier  ordre  qui  pi'é- 
occupaient  alors  le  monde  antique.  Elle  a  édifié  ces  majestueux  monuments,  temples  ou 
tombeaux,  qui,  après  tant  de  siècl(\s.  s'élèvent  fièi-ement  à  la   surface  du  sol.   ou  ceux  plus 

Arcs.  Mus.  —  t.  VlII.  *  n 


II  INTRODUCTION 

iirandioses  encore  qui  ont  été  creusés  dans  les  rochers  avec  une  patience  sans  nom,  et  qu'on  ne 
peut  admirer  qu'en  pénétrant  profondément  dans  le  flanc  des  montagnes. 

Ce  sont  ces  hommes,  doués  d'une  conscience  vraiment  moderne,  qui.  les  pi-emiers  sur 
cette  terre,  au  milieu  d'un  monde  bar])are.  ont  enseigné  les  admirables  pn''eeptes  de  la  morale 
élevée  qui  régit  encore  de  nos  jours  la  vie  des  peuples  civilisés. 

Ils  ont  été  des  savants  et  des  artistes  de  premier  ordre,  des  agriculteurs  et  des  ingénieurs 
des  plus  habiles  dans  l'art  des  irrigations,, des  penseurs  profonds.  Tout  ce  qu'ils  ont  écrit  ou 
enseigné,  tout  ce  qu'ils  ont  fait,  a  donc  pour  nous  le  plus  grand  intérêt,  puisqu'ils  sont  directement 
les  pères  créateurs  des  idées  noldes  et  généreuses  ([ui  ont  servi  à  développer  nos  intelligences,  et 
([ui  nous  ont  façonnés  tels  (pie  nous  sommes. 

11  était  donc  important  de  rechercher  pourquoi,  après  avoir  momifié  les  membres  décédés 
de  leur  famille,  dans  un  but  de  conservation  indéfinie,  en  attendant  une  résurrection  ou  une 
transformation  future,  ils  momifiaient,  avec  autant  de  soins,  et  par  des  pi'océdés  presque  aussi 
parfaits,  tous  les  animaux  (pu  vivaient  autour  d'eux,  et  non  pas  seulement  certaines  espèces 
considérées  comme  sacrées.  Ces  sages,  auprès  desquels  les  (jrrecs  et  les  Romains  instruits 
venaient  terminer  leui-  éducation,  ne  devaient  point  se  livrer  à  mw  pratique  aussi  extraordi- 
naire sans  de  sérieuses  raisons  religieuses  ou  philosophiques. 

Voilà  pourquoi,  l'étude  des  momies  animales  entassées  par  milliards  dans  les  puits  ou  les 
hypogées,  ou  cachées  dans  les  sables  des  nécropoles,  peut  contribuer  à  la  solution  d'un  mysté- 
l'ieux  problème  d'ordre  psychique  auquel  jusqu'à  aujourd'luii  on  n'a  su  trouver  aucune  réponse 
entièrement  satisfaisante. 

Mais  au  point  de  vue  de  la  doctrine  du  transfoi'misme  de  certaines  espèces  animales,  ces 
recherches  peuvent  aussi  pr(''senter  un  très  grand  intérêt.  L'illustre  .Jomard,  pendant  l'expédition 
de  Bonaparte,  probablement  sous  l'influence  de  Geoffroy  de  vSaint-Hilaire,  avait  déjà  entre^'u 
ce  ccité  de  la  question.  Dans  la  description  de  Thèbes%  il  dit  en  eff"(}t  avec  une  clairvoyance  l)ien 
digne  d'être  rappelée  ici  :  <(  Ces  diverses  momies  et  ces  d(d)ris  d'animaux  serviront  aux  natura- 
listes à  reconnaitre  les  espèces  (pu  liabitaient  en  Égyjite  à  une  ('qioque  reculée.  Il  n'existe 
aucun  autre  moyen  pour  constater  sûrement  la  différence  ou  l'identité  des  individus  actuels 
avec  les  anciens,  et  pour  prononcer  sur  une  grave  question,  savoir  :  l'invariabilité  que  conser- 
vent les  formes  spécifiques  et  essentielles  des  animaux  à  travers  la  durée  des  siècles.  » 

En  eflfet,  nous  savons  aujourd'hui,  depuis  les  magnifiques  recherches  de  Darwin,  ([ue  les 
êtres  vivants  doivent  tous  se  transformer  dans  leur  moi'phologie  et  leur  structure  intime.  lors(pie 
les  conditions  climat(''riques,  au  milieu  desquelles  ils  vivent,  se  modifient  dans  la  sidte  des 
siècles;  ou  bien,  si  la  lutte  pour  l'existence  leur  impose  certaines  conditions  anatomiques  ou 
physiologiques  favorables  pour  lalutte  ou  la  défense.  Les  éléphants  de  la  Sibérie  se  sont  couverts 
d'une  laine  protectrice  contre  le  froid,  longue  de  près  de  cin(juante  centimètres,  tandis  que  leurs 
congénères  qid  vivent  dans  les  régions  tropicaies  ont  revêtu  une  peau  à  peu  pr(''s  nue.  parsemée 
de  poils  très  espacés,  ne  pouvant  être  d'aucune  utilité  pour  résister  à  l'abaissement  de  la 
teuqx'rature.  Les  Insectes,  les  Arachnides,  les  Crustacés  habitant  les  grottes  privées  de  lumière 
ainsi  (jue  les  catacombes  de  Pai'is  ont  perdu  leurs  organes  de  la  vision,  devenus  absolument 
inutiles,  dans  un  milieu  obsciu".  Les  animaux  qui  vivent  dans  les  régions  déserti(pies  ont  tous 

'  Jomard,  Description  de  l'Egyple,  t.  III,  p.  95. 


INTRODUCTION  m 

une  coloration  jaunâtre  qui  1(mu-  pcn-nict  d'échapper  aux  regards  de  leurs  ennemis,  et  aussi  de 
surprendre  plus  facilement,  et  sans  être  vus,  des  espèces  dont  ils  font  leur  nourriture.  L'adap- 
tation des  êtres  vivants  aux  milieux  est  une  règle  générale  qui  no  souffre  point  d'exception. 
L'animal,  ainsi  que  la  plante,  dans  certaines  conditions,  doit  se  transformer  ou  mourir. 

Mais  il  n'en  est  pas  moins  intéressant  de  constater  que  la  morphologie  des  vertébrés  est 
restée  la  même  depuis  des  milliers  d'années,  dans  une  région  dont  la  climatologie  parait  n'avoir 
sulii  aucun  changement.  L'Egypte,  à  ce  point  de  vue.  nous  fournira  les  documents  les  plus 
positifs,  puisque  beaucoup  d'entre  eux  peuvent  être  datés  avec  une  très  grande  approxi- 
mation, grâce  aux  inscriptions  lapidaires  si  nombreuses  sur  tous  les  monuments. 

A  une  époque  très  reculée,  entre  les  périodes  Jurassique  et  Crétacée,  les  eaux  d'une  grandi' 
partie  de  l'Afrique  centrale,  au  lieu  de  s'écouler  dans  le  vaste  estuaire  qui  foi-mait  jadis  h 
bassin  inférieur  du  Congo,  se  sont  dirigées  vers  la  Méditerranée,  drainées  par  Ffinoi-me  cassure 
de  la  couche  terrestre,  qui  donna  naissance  aux  vallées  du  Jourdain,  du  lac  de  'rihi''riade,  de  la 
mer  )iroi-te  et  du  Nil. 

Depuis  cette  grande  convulsion  du  globe  jusqu'à  nos  joui's,  les  conditions  climatériques 
du  ])ays  ne  paraissent  pas  avoir  changé,  la  vie  intime  du  peuple  égyptien,  inscrite  en  images 
si  précises  sur  les  monuments  et  les  tombes,  depuis  l'ancien  Empire  jusqu'à  l'époque  romaine, 
en  est  une  preuve  irréfutable. 

Il  était  donc  intéressant  de  rechercher  si,  pendant  les  sept  mille  ans  que  date  avec  plus  ou 
moins  de  probabilité,  pour  ne  pas  dire  certitude,  l'histoire  égyptienne,  les  animaux  vertébrés, 
jadis  momifiés  par  les  anciens  lialjitants  présentaient  des  différences  morphologiques  avec 
leurs  congénères  qui  se  trouvent  encore  actuellement  dans  la  contrée. 

Depuis  plus  de  vingt  ans,  à  la  suite  de  nombreux  voyages  ou  scjours  en  Egypte,  j'avais 
fait  toutes  les  démarches  possibles,  officieuses  ou  officielles,  auprès  de  tous  les  ministres  compé- 
tents d'Egypte,  de  France  et  d'Angleterre,  afin  d'obtenir  ces  précieux  éléments  d'études  dont 
j'avais  compr-is  la  grande  valeur.  Mais  toutes  ces  demandes  ont  été  vaines  ;  je  n'obtenais  que  de 
bonnes  paroles,  et  rien  de  plus.  Un  préférait  laisser  détruire  ces  momies,  les  laisser  transformer 
en  engrais  par  cei'tains  industriels,  plutôt  que  de  prendre  la  peine  de  les  faire  rechercher  afin 
d'en  permettre  une  étude  sérieuse.  Ce  n'est  que  grâce  à  "SI.  Maspero,  depuis  sa  nomination  si 
niérit(''e  au  poste  important  de  directeur  général  du  service  des  antiipiités  en  Egypte,  que  j'ai 
pu  enfin  obtenir  ce  que  je  désirais  depuis  tant  d'années.  Dans  difierentes  localités,  les  galeries 
et  les  puits  ont  pu  être  rouverts  aux  frais  du  Muséum  de  Lyon  ;  le  sable  en  a  été  retiré,  et  un 
nombre  considérable  de  momies  d'animaux  nous  ont  été  expédiées.  Beaucoup  des  squelettes 
(jni  ont  étii  extraits  ont  pu  être  aussi  bien  montés  que  s'ils  provenaient  d'espèces  vivant  actuel- 
lement. Ces  belles  pièces,  uniques  jusqu'à  ce  joui-,  seront  prochainement  renvoyées  au  Caire  où 
]\[.  JNIaspero  di''sire  leur  donnei'  asile  dans  ime  salle  du  nouveau  Musée  Egyptien.  Là,  elles 
sei'ont  mises  sous  les  yeux  du  puljlic  et  pourront  être  étudiées  par  les  naturalistes  et  les  égyp- 
tologues  que  ces  recherches  intéressent.  C'est  donc  à  notre  éminent  et  savant  compatriote  que 
la  science  sera  redevable  de  la  conservation  de  ces  documents  si  intéressants  et  si  précieux  à 
différents  points  de  vue. 

Les  niammifères  sont  en  petit  nombre,  la  contrée  n'en  ayant  jamais  nourri  beaucoup,  ni 
ilans  ranti([uiti''  ni  dans  les  temps  modernes. 


IV  INTUODT'CTION 

Les  chiens,  comme  ceux  de  l'l\i;'vpte  actuelle  et  de  la  plui)ai-t  d(^s  pays  d'Europe,  nous 
présentent  des  types  absolument  diti'éreiits  les  uns  des  autr(>s,  depuis  le  ehi(>n  fauve  des  bazars 
d'Orient,  qu'on  renconti-e  partout,  jusipi'au  singulier  lévrier  dont  la  (pieue  en  trompette  décrit 
une  circonférence  et  d(^mie  sur  elle-même,  cet  animal  est  fréqu(>mment  représ(mté  en  peinturt; 
et  en  sculpture:  je  l'ai  l'ctrouvi'  encore  vivant  dans  les  ruelles  de  Louxor.  mais  je  n'ai  malheu- 
reusement pas  pu  m'en  emiiarer. 

Les  squelettes  de  bœufs,  qui  ont  été  exhumés  en  très  grand  nombi'e  des  nécropoles 
de  Sakkara  et  d'Ahousir,  et  dont  j'ai  pu  aussi  retrouver  quelques  restes  dans  certains  hypogées 
de  Goumah,  appartiennent  tous  à  une  même  espèce  que  nous  réunissons  au  Bosafricanvs  qui  se 
trouve  encore  aujourd'hui  pai' milliards  dans  l'Afrique  centrale.  C'est  évidemment  cette  race  qui 
fournissait  aux  prêtres  les  animaux  vénérés  dans  les  temples  sous  les  noms  d'.l^;«  et  A-^Mneris. 

La  gazelle,  le  bubale,  ainsi  que  le  mouflon  à  manchettes  présentent  la  similitude  de 
foi'mes  la  plus  complète  avec  les  mêmes  espèces  contemporaines.  Des  milliers  de  ces  animaux, 
enduits  de  Intume  ou  trempés  dans  des  solutions  saturées  de  natron,  ont  été  entourés  de  ban- 
delettes pour  être  entassés  dans  certaines  galeries  annexées  aux  temples.  L'examen  de  la 
dentition  prouve,  avec  la  dernière  évidence,  (pie  la  plupart  de  ces  animaux.  ])rimitivement  sau- 
vages, vivaient  apprivoisés  dans  les  enclos  sacrés.  Quelques  auteurs  pensent  que  la  gazelle 
était  le  symbole  de  l'impureté.  î^i  cela  était  vrai,  je  ne  vois  pas  pour  quelle  raison  les 
Egyptiens  en  ont  élevé  une  si  gi-ande  quantité  pour  en  remplir-  après  leur  mort  les  galeries 
souterraines  de  certains  temples. 

Les  anciens  Egyptiens  élevaient  deux  chats,  le  chat  domesti([ue.  tout  à  fait  sembla])le  au 
nôtre,  mais  surtout  la  grande  espèce  appelée  F^'liy.  inauicvhitu  par  les  zoologistes,  et  ([ui  vit 
encore  à  l'état  sauvage  dans  les  forêts  de  Fayoum.  sur  les  rivages  de  la  mer  Rouge,  ainsi 
qu'en  Tunisie  et  en  Tripolitaine.  Cet  animal,  de  forte  taille,  très  haut  sur  jambes,  présente  un 
front  bombé  tout  à  fait  caractéristique.  Il  était  évidemment  nouri'i  par  milliards  dans  les  villes 
et  les  campagnes,  non  seulement  pour  faire  la  chasse  aux  rats,  mais  surtout  en  l'honneur 
lie  la  déesse  Bast  dont  il  était  la  riqirésentatiim  vivante.  Les  momies,  toujours  soigneusement 
entourées  de  bandelettes  élégamment  entre-croisées,  remplissent  en  ({uantités  prodigieuses 
d'énormes  galeries.  Beaucoup  de  ces  souterrains  en  contiennent  des  masses  si  considérables, 
à  Sakkara,  par  (\xemple,  que  pendant  plusieurs  années  elles  l'urent  exploitées  pour  en  faire  de 
l'engrais.  Ces  momies  renferment  des  individus  de  tous  les  âges:  des  myriades  de  fœtus  sont 
aussi  attachés  en  paquets,  emmaillotés  de  l)andi'lettes  et  placi's  les  uns  à  côté  des  autres.  De 
petits  nouveau-nés  remplissent  (piehpiefois  la  cavité  al  ulominale  de  grandes  chattes  admirable- 
ment sculpté(>s  dans  un  morceau  de  bois,  ou  bien  reposent  dans  de  minuscules  sarcophages,  à 
couvercles  cintrés,  très  grossièrement  travaillés  et  qui  semblent  avoir  ét(''  consti'uits  par  des 
mains  d'enfants.  Cebeaui^t'fe  manicidata  n'est  actuellement  domesticpié  nulle  part  en  Afrique. 

Des  musaraignes  de  différentes  espèces  et  qu'on  i-etrouve  vivantes  dans  le  pays  sont  quel- 
ipiefois  mouiitiées  isolément,  surtout  à  Thèbes.  Pelles  sont  alors,  après  avoir  été  tremjtées  dans 
le  bitume,  entourées  de  tines  bandelettes  et  dorées  avec  soin,  enfermées  dans  de  petits  sarco- 
phages creusés  dans  une  pièce  de  bois  de  sycomore.  La  fermeture  latérale  est  obtenue  jiar  ime 
planchette  qui  gliss(>  dans  des  rainures.  La  face  supérieure  de  cette  boite  porte  toujours  ime 
musaraigne  de  grandeur  naturelle,  admirablement  sculptée,  non  rapportée,  mais  enlevée  en 
plein  bois  et  dorée  avec  soin.    Quelquefois,  ces  sarcophages  sont   en  bronze  ainsi  (pie  la 


s 


INTRODUCTION  V 

musai'aij^nc   dorôo  que  siippoi'h^  le  petit  monument  de  métal  toiijoiii's  coiisli-iiit  avec  beaucoup 
de  i;oùt.  Dans  certaines  circonstances,  ces  insectivores  ne  sont  pas  momifiés  isol(''ment,  mai 
conservés  au  milieu  des  masses  liitumineuses  qui  renferment  les  oiseaux  de  ])roie. 

Les  oiseaux  rapaces  se  trouvent  momiiiés  en  quantités  innombrables,  tantôt  séparément, 
tantôt  par  masse  de  vingt  à  quarante  individus  de  toutes  espèces.  Ils  sont  alors  entassés  les  uns 
contre  les  autres,  solidement  eolh'spai-  une  sauce  bitumineuse  appliquée  à  chaud,  et  disposés  en 
énormes  fuseaux  longs  d'un  mètre  et  demi  environ.  Les  plumes,  (pioiipic  tach(''es  par  le  bitume, 
sont  ordinairement  très  bien  conservées.  La  jjlupart  des  squelettes  de  ces  animaux,  montés  avec 
le  plus  grand  soin,  ont  pu  être  comparés  à  ceux  des  espèces  congénères  de  l'époque  actuelle.  Le 
résultat  de  cette  confrontation  a  ét(''  absolument  négatif  au  point  de  vue  d'un  chan^'ement  moi'pho- 
logique  dans  le  système  osseux.  Ces  espèces  ressemblent  entièi-ement  à  celles  (pii  sont  encore 
vivantes  et  (pii  à  certaines  épo(pies  apparaissent  en  iirand  n(»inl)re  dans  les  plaiu<'s  et  les  rochers. 

On  peut  se  demander  itai"  ([uels  procédés  les  Egyptiens  pouvaient  s(^  })rocurer  tant 
d'oiseaux  rapaces  diurnes  et  nocturnes,  dont  les  différentes  espèces,  toujours  extrêmement 
sauvages,  se  laissent  si  difficilement  approcher.  Quelques-uns  devaient  êti-e  tués  avec  de  courts 
bâtons  courbes,  lancés  avec  force,  sorte  de  boomerang  presque  semblable  à  celui  des  Aus- 
traliens ;  des  blessures  profondes  ainsi  que  des  fractures  en  ibnt  foi.  D'au  très  étaient  pris  proba- 
blement avec  des  filets  ou  des  pièges  très  ingénieux  ipii  ont  été  souvent  li,L;ui-(''s  dans  les  tombes. 

Les  Ibis,  momifiés  en  nombre  immense  dans  presque  toute  l'Egypte,  sont  entourés  de 
fines  bandelettes  formant  des  losanges  plus  ou  moins  foncés,  disposés  avec  une  grande  élégance. 
Dans  d'autres  localités,  le  corps  de  ces  oiseaux,  simplement  ti'cmpé  dans  une  solution  concentrée 
de  natron,  entouré  de  toiles,  a  été  enfermé  dans  de  gi'andes  jarres  en  terre  rougeàtre,  grossiè- 
rement tournées  et  fermées  j)ar  une  couclie  de  plâtre  très  habilement  appliquée  sur  l'ouverture. 
Dans  certaines  galeries,  à  Sakkara,  pai-  exemple,  ces  pots  plac('>s  les  uns  sur  les  autres,  et 
forniant  de  nomljreuses  couches  superposées,  remplissent  par  milliers  de  h)ngu(>s  galeries. 
Quelques-uns  de  ces  vases  renfei-ment  des  œufs  d'Ibis  bien  conserv(''s. 

L'examen  attentif  d'un  très  grand  nombre  de  pic'ces  nous  a  claii'ement  fait  voir  que  Tlbis 
actuel,  (pii  ne  se  trouve  plus  que  sur  le  Nil  Bleu  du  côté  del'Abyssinie,  et  sur  le  Nil  Blanc  dans 
la  région  de  Fachoda,  a  les  tai-si^s  bien  moins  longs  que  l'Ibis  de  l'anticpiifi'.  (  )n  peut  croii-e  que 
cette  modification  anatomique  importante  est  due  à  des  conditions  d'existence  difiéi'entes.  Ancien- 
nement cet  oiseau  devait  pêcher  sa  nourriture  dans  des  marécages  noml)reux,  étendus  et  pro- 
fonds, au  milieu  des  lotus  et  des  papyrus.  Depuis  que  la  plupart  de  ces  marais  ont  disparu, 
l'oiseau  sacré  doit  se  contenter  de  chercher,  presque  à  sec,  sa  pâture  dans  les  vases  di''posées 
sur  les  rivages  du  Nil.  De  cette  circonstance  provient  peut-être  le  raccourcissement  des  tarses, 
d(.!  très  longues  jambes  étant  devenues  absolument  inutiles. 

Les  anciens  Egyptiens  semblent  avoii-  eu  la  plus  gi'ande  vénération  pour  un  superbe 
poisson  delà  famille  des  Percoïdes,  le  Ddcs  inlollrus  qui  habite  encore  en  quantités  innom- 
brables les  eaux  du  Nil  dans  la  Haute-Egypte.  Certaines  villes,  enti'e  autre  Esné,  vouaient  un 
culte  sp(''cial  à  cette  espèce;  non  seulement  les  liabitants  honoraient  le  poisson  vivant,  mais 
encore  j)ar  d'ingénieux  procédés  de  momification,  ils  s'efforçaient  de  le  pr(''sèrver  de  (oufe 
destruction.  Et  cependant,  pai'  une  contradiction  singulière,  cet  aniin;d  passai!  dans  cei'taines 
localités  poiu'  un  aliment  impur  dont  Tusai^c  était  interdit  aux  prêtres,  probalilement  parce 
que  ces  animaux  étaient  accusés  d'avoii-  di''Vor(''  cei'taines  parties  du  corps  d'(  )sii-is. 


VI  INTRODUCTION 

Ainsi  ivdiiits  à  l'otat  de  momie,  entourés  scii^neusement  de  bandelettes  de  lin,  trem])ées 
dans  une  solution  concentrée  de  nati'on,  ils  présentent  toutes  les  grandeurs,  depuis  (piel([ues 
centimèti'os  jusqu'à  l'"50  de  longueur.  On  trouve  aussi,  enterrées  dans  le  sable,  à  côté 
des  poissons  adultes,  des  splières  de  la  grosseur  de  deux  poings,  formées  de  tiges  de 
pap.vrns  entrelacées  avec  des  bandelettes.  Elles  renferment  cbacune  plusieurs  centaines  d'ale- 
vins de  Laies,  dont  ])eaucoup,  longs  d(^  qu(dques  millimètres,  viennent  à  jicinc  de  sortir  de 
l'œuf. 

CÀ'S  poissons,  qui  sont  ainsi  admiraldement  conservés  et  dont  la  chair  renferme  encore 
une  certaine  quantiti''  de  matièi'e  nuti'itivc.  ne  présentent  aucune  différence  avec  les  Laies 
actuellement  pècli(''s  dans  le  >sil.  en  très  grandes  quantités,  surtout  au  milieu  des  rochers  de  la 
première  et  de  la  seconde  cataracte. 

Le  Crocodile,  d'après  les  égyptologues.  était  consacré  au  dieu  Sebek.  Les  anciens  Egyp- 
tiens lei-etloutaient  beaucoup  et  le  conjuraient  à  l'aide  de  foi'mules  magiques.  Ce  Saurien  toujours 
aflamé  et  qui  devait  dévorer  un  grand  nombre  de  femmes  et  d'enfants,  habitait  par  milliai^ds 
les  eaux  du  Nil  jusqu'à  l'extrémité  nord  du  Delta.  Sa  térocité  n'empochait  pas  les  Egyptiens  de 
le  momifier  on  très  grande  (piantité,  mais  on  ne  sait  encore  dans  quel  but.  Ses  dépouilles  rem- 
plissent d'immenses  galeries,  quelquefois  des  grottes  naturelles  comme  à  Màabdé,  près  de 
Monfalout,  où  une  caverne  qui  s'enfonce  profondément  dans  la  montagne  en  r(>nfermo  proba- 
blement des  centaines  de  mille  mêlées  à  des  momies  humaines.  A  côté  de  ces  grands  et  gros 
animaux,  on  trouve  des  quantités  de  paquets,  maintenus  par  des  roseaux,  renfermant  vingt-cinq 
petits  crocodiles  collés  ensemble  par  le  ])itume.  souvent  placés  sur  de  petites  corbtMlles  d'écorces 
avec  des  oeufs  du  saurien  dans  l'intérieur  desquels  on  trouve  encore  (pielquefois  les  embryons 
bien  conservés.  Ces  animaux,  malgré  leur  haute  antiquité,  ne  nous  présentent  aucune  différence 
avec  ceux  qui  vivent  encore  au  milieu  des  rapides  de  la  seconde  cataracte  ainsi  que  dans  toutes 
les  régions  du  haut  Nil.  Le  régime  et  la  température  des  eaux  du  fleuve  n'ayant  proliablement 
jamais  varii',  le  type  du  saurien  est  resté  absolument  le  même. 

Je  ne  voudrais  pas  tirer  de  ces  recherches  qui  sont  à  peine  (''liaucliées  une  conclusion  trop 
hâtive,  cependant  je  crois  qu'il  est  permis  d'affirmer  qu'une  période  de  soixante  à  soixante- 
dix  siècles  est  tout  à  fait  insuffisante  pour  modifier  la  morphologie  des  animaux  vertébrés, 
surtout  si,  comme  en  Egypte,  les  conditions  biologiques  n'ont  pas  subi  des  changements  assez 
considérables  poui-  amener  une  perturbation  dans  la  loi  si  puissante  (pii  n'git  riu'rédité  des 
formes  et  des  caractères. 

Les  anciens  Egyptiens  momifiaient  non  seulement  certaines  espèces  animales  directement 
consacrées  aux  divinités,  mais  encore  tous  les  animaux  qui  vivaient  autour  d'eux.  .J'ai  la 
conviction  que,  lorsque  les  archéologues  dirigeront  leurs  recherches  dans  ce  sens,  on  retrouvera 
à  l'état  de  momies  toutes  les  espèces  vivant  encoi-e  actuellement  en  Egypte. 

(Je  qu'on  a  di'ipensc'' di'  linge  di^  lin  pour  entourer  les  momies  humaines  ainsi  (pie  celles  des 
animaux  (pii  pendant  tant  de  milliers  d'années  ont  été  cachées  sous  les  sables  du  désort  ou  dans 
les  galeries  dos  nécropoles  est  quelque  chose  de  vraiment  prodigieux  !  Pour  lialMller  une  seuL^ 
momie  humaine,  il  faut  au  moins,  d'après  mes  mesm'es,  70  mètres  d'une  toile  large  de 
40  centimètres.  Pour  les  momies  des  bœufs,  par  exemiile.  dont  nous  parlerons  plus  loin,  on 
employait  au  moins  200  mètres  d'une  toile  de  la  même  largeur  !  Les  tisserands  devaient  êti-e 


INTRODUCTION  vu 

«n'idemment  très  nombreux  dans  l'ancienne  Egypte,  et  leni's  métiers  si  simples  et  si  ingénieu- 
sement construits  ne  devaient  pas  chômer  souvent. 

On  doit  se  demandei"  dans  (picl  but  ce  peuple  très  intelligent  s'est  livré'  à  une  jiratique 
si  extraordinaire  ;  quelles  sont  les  idées  pliilosophiques  ou  religieuses  (jid  lui  ont  l'ait  trouver  les 
moyens  les  plus  ingénieux  et  les  plus  scientifiques  poui-  empêcher  la  disparition  des  cadavres 
des  hommes  et  des  animaux  due  au  travail  des  microbes  de  la  putréfaction.  Les  inscriptions 
murales,  comme  les  papyrus,  sont  muets  sur  ce  point  et  ne  peuvent  en  rien  éclairer  ce  problème 
(lif'tieile  à  r(''soudre.  Il  nous  est  malheureusement  très  difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible,  au 
xx'  siècle,  de  pénétrer  dans  les  idées  ou  la  foi  religieuse  des  hommes  qui  vivaient  il  y  a  sept  ou 
huit  milli'  ans,  qui  se  trou^■aient  dans  des  conditions  biologiques  absolument  ditiérentes  de 
celles  qui  nous  impressionnent  actuellement,  et  chez  lesquels  la  vitalités  des  croyances  premières 
devaient  se  transmettre  avec  une  énergie  toute  spéciale.  «  Nous  no  pouvons  admettre,  comme 
le  fait  remarquer  ]\I.  PierretS  que  ce  peuple,  dont  les  anciens  sont  unanimes  à  vanter  la 
sagesse,  ait  adoré  les  animaux.  »  Aucun  texte,  aucune  inscription  ne  i)('ut  nous  faire  croire 
à  une  pratique  absurde  poui'  des  hommes  si  ])i('n  doués. 

Quelques  savants  pensent  que  les  Egyptiens,  n'étant  pas  capables  de  différencier  pai' 
l'expression  du  visage  humain  les  membres  de  leur  panthéon,  ont  placé  sur  les  statues  de  leurs 
dieux  des  têtes  d'animaux  ahn  de  mieux  les  distinguer  les  uns  des  autres.  Ces  animaux  seraient 
ainsi  devenus  sacrés  et  auraient  été  l'objet  d'un  culte  superstitieux,  exploité  plus  tard  par  la 
classe  des  prêtres.  Il  n'est  vraiment  pas  possible  d'accepter  cette  explication.  Les  Egyptiens, 
de  tout  temps,  ont  été  d'habiles  sculpteurs,  des  artistes  de  premier  ordre,  la  statuette  du 
Scribe  du  Louvre,  celle  de  Clieik  el  iîeled  du  Caire,  ainsi  que  les  admirables  bas-reliefs  de  la 
tombe  de  Ti  et  ceux  du  temple  de  jN'efertari  à  Abou-Simbel  ne  permettent  pas  de  croire  que 
c'est  par  impuissance  à  ditiérencier  les  traits  des  visages  des  dieux  que  les  Egyptiens  ont 
afi'ublé  ces  derniei's  de  tètes  d'animaux.  Je  crois  que  c'est  bien  pluti.U,  le  privilège  attribué  aux 
dieux  de  pouvoir  l'evêtir  telle  ou  telle  forme  animale,  qui  les  a  fait  représenter  avec  ces 
masques  bizarres,  à  peu  près  toujours  les  mêmes,  mais  pouvant  cependant  changer  suivant  les 
localités  ou  les  époques  de  la  vie  du  peujih». 

Les  dieux  comme  les  homnies  pouvaient  s'incarner  dans  certains  êtres  ;  cela  résulte 
al)s()lument  du  dogme  de  la  métempsycose  auquel  on  a  paru  attacher  trop  peu  d'importance. 

Les  Egyptiens,  en  effet,  croyaient  à  la  transmigration  de  l'àme  humaini'  dans  le  corps  des 
animaux.  Certains  chapitres  du  Litrr  des  Morts  sont  consacrés  à  la  transformation  de  l'homme 
en  l']pervier,  A'anneau.  Hirondelle.  Sei'pent,  Crocodile.  Lotus,  etc.  Les  {'\ni<  avaient  la  faculté 
de  prendre  toutes  les  formes  ipi'ils  dé'siraient  et  de  revenir  sur  la  tei-r-e.  Ce  que  rajiporte 
Hérodote  est  très  explicite  à  cet  égard  :  a  Les  Egyptiens,  dit-il.  sont  les  premiers  {[ui  aient 
parlé  de  cette  doctrine  selon  laquelle  l'àme  humaine  est  immortelle  et.  après  la  destruction  du 
corps,  entre  toujours  en  un  autre  être  naissant.  Lorsque,  elle  a  parcouru  tous  les  aniniaux 
delatei-re.  de  la  mer  et  tous  les  oiseaux,  elle  rentre  dans  un  corps  luunain;  le  circuit  comi)let 
dure  triiis  uiille  ans'",  w 


'  Pierrel,  Diclionnaire  d'archéologie  égyptienne,  p.  43. 
-  Hérodote,  IF,  §  123. 


vin  INTRODUCTION 

J/aflirmaLiou  roi-inclle  d'ilorodote  no  poiit  laisser  aucun  iUjuIu  ii  l'ùyai'd  de  la  croyance 
li'énérale  des  Egyptiens  à  la  métempsycose.  Cet  historien  est  trop  exact  pour  ne  pas  rapporter 
lidèlcuient  ce  que  les  prêtres  lui  ont  ensei,i;né  à  JMemphis  ou  a  Tlièbes. 

Le  corps  du  riche,  après  avoir  été  niouufié  suivant  les  indications  du  chacal  Auuliis, 
l'inventeui"  des  pratiques  de  l'em])auniement,  était  placé  très  profondément  sous  terre,  dans  une 
c]iam])ro  func^'aire  admiral)lement  cachée,  à  l'abri  des  atteintes  de  l'air  et  des  tentatives  sacri- 
lèges des  violateurs  de  sépultures.  L'àme  du  mort  n'était  pas  tourmentée  pai'  la  crainte  de  voir 
le  corps  tomber  en  poussions  sous  l'influence  des  agents  de  destruction.  Elle  restait  dans  la 
tombe,  tout  près  de  la  momie,  (pie  ne  pouvait  plus  faire  disparaitre  la  putréfaction.  Comme 
le  dit  M.  Maspero  :  ((  L'àme  vivait  à  côté  d'elle  comme  dans  une  maison  ('■tei-nellc  qu'elle  possé- 
dait sur  les  contins  du  mond(}  invisil)le  et  du  monde  réel.  » 

Mais,  par  contre?,  que  devenaient  les  âmes  des  pauvres  hères,  dont  les  momies  grossiè- 
rement protégées  par  des  enveloppes  Intumineuses  étaient  entassées  les  unes  sur  les  autres, 
avec  celles  des  crocodiles  ou  des  l^eufs.  dans  des  grottes  ou  des  galeries  profondes?  Il  est  bien 
probable  que  ces  âmes,  ainsi  que  celles  des  noyés,  par  exempli'.  privées  de  sépulture,  passaient, 
comme  le  dit  Hérodote,  dans  un  animal  quelconque,  et  successivement,  pendant  un  cycle  de 
ti'ois  mille  ans,  habitaient  les  corps  de  certaines  espèces  vivant  sur  la  terre,  dans  les  eaux  ou 
dans  les  airs.  Cette  croyance  explique  aussi  parfaitement  l'embaumement  des  sphères  creuses 
remplies  déjeunes  alevins  du  poisson  Laies.  Hérodote,  en  effet,  dit  :  «  L'àme  entre  dans  un 
être  naissant.  »  Ces  petits  poissons,  dont  beaucoup  viennent  à  i>eiuc  de  sortir  de  l'u'ul'.  devaient 
donc  être  banté-s  par  des  âmes  humaines.  De  là  cette  momification  tout  à  fait  extraordinaire  de 
ces  êtres  à  peine  nés.  Les  Egyptiens  ne  devaient  donc  pas  laisser  disparaiti'e  pai'  la  putréfaction 
les  corps  de  ces  animaux  lialiités  par  les  âmes  de  leurs  ]iarents.  de  leurs  amis,  de  leurs 
concitoyens. 

C'est  la  i-aison.  croyons-nous,  pour  hupielle  ils  embaumaient,  par  différents  procédés, 
tous  les  animaux  (pii  vivaient  autour  d'eux,  excepté  ceux  destinés  à  l'alimentation,  les  oies, 
les  canai'ds.  la  plupart  des  poissons  du  Nil,  par  exemple,  ou  ceux  (jui  leur  servaient  de  bêtes 
de  somme  comme  les  ânes,  les  chevaux  et  les  chameaux. 

Les  découvertes  futures  pourront  peut-être  mieux  nous  fah-e  comprendre  les  idées  qui 
poussaient  les  Egyptiens  à  se  livrer  à  cette  singulière  pratique  de  l'emliaumementdes  animaux. 
Le  ti'avail  (pie  nous  V(mons  de  faire  n'est  ni  (pudipie  sorte  (pie  le  di'hut  de  recherches  de 
longue  haleine  (pii  de\-ront  s(^  poursuivre  en  Haute-Egypte,  à  Al)y(los,  à  Behnesa,  l'antique 
Oxyrrhynchos,  et  à  ïhèl)es  surtout,  où  les  catacomlies  doivent  renfermer  des  richesses 
absolument  inconnues  etpai'mi  lesquelles  se  trouveront  certainement  plusieurs  espèces  animales 
momifiées  (pie  nous  n'avons  pas  rencontré  dans  les  nécropoles  de  la  lîasse-Egypte,  de 
Sakkara,  d'Abousir  et  d'Esné. 

Nous  espérons  pouvoir  entreprendre  prochainement  de  nouvelL^s  fouilles,  grâce  à  l'amicale 
])ienveillance  d(^  M.  Maspero  qui  a  liien  voulu  depuis  deux  ans  seconder  nos  efforts,  nous  aider 
de  sa  grande  expérience,  et  aplanir,  pour  nous,  tous  les  obstacles  qui  pouvaient  entraver  nos 
travaux. 

1,0  R  TET. 


MAMMIFÈRES 


CHIENS  ET  CHACALS 


Les  momies  de  cliiens  sont  en  grand(i  partie  de  Rùda  (Haute-Egypte),   deux  seulement 
viennent  de  Thèlies  et  ([uclrpies-unes  d'Abvdos.  Celles  de  cette  dernière 
localité  ne  se  composent  que  de  restes  mal  conservés  :  crânes  et  os  de  k;^ 
membres,  parmi  lesquels  il  n'a  pas  été  possi])le  de  trouver  un  seul 
squelette  entier.  Par  contre,  les  animaux  de  Rôda  et  de  Thèbes  ont 
permis  de  reconstituer  et  de  monter  les  squelettes  de  treize  individus. 

Les  chacals  ne  sont  l'cprésentés  à  Lyon  que  par-  deux  nuimies  : 
l'une,  reçue  d'Egypte  il  y  a  plus  de  trente  ans.  ne  porte  aucune 
indication  d'oi-igine  précise  ni  d'ancienneté.  L'autre  est  do  Rôda; 
elle  avait  le  même  aspect  que  les  momies  de  chiens  do  cette  région, 
et  appartient  sans  doute  à  la  même  époque. 

Les  chiens  de  Tlièbes  ont  été  achetés  à  Louqsor.  Cleux  d'Abydos 
proviennent  des  fouilles  de  ^l.  E.  Chantre.  On  ne  sait  à  quel  âge  ils 
se  rapportent.  Les  momies  de  R(")da  sont  d'une  époque  incertaine; 
quelques-unes  (hitent  de  hi  période  romaine,  d'autres  sont  plus 
anciennes,  mais  nulle  ne  pai-ait,  selon  'SI.  Maspero,  ant(''rieui'e  à 
l'époque  saïte. 

A  Rôda  ainsi  qu'à  A])y(los  ces  animaux  ont  ('té  momiliés  d'une 
façon  très  sommaire.  Ils  ont  simplement  subi  une  macéi-ation  plus 
ou  moins  prolongée  dans  un  l)ain  de  natron,  après  (pioi  les  corps  se 
sont  desséchés  lentement,  entouré's  d'une  toile  grossière. 

On  ne  trouve  sur  ces  animaux  aucune  trace  de  ])itume.  Lorsqu'ils 
sont  dél)arrassés  de  leur  enveloppe,  ils  apparaissent  les  membres 
antérieiu's  étendus  le  long  de  la  poitrine,  les  pattes  de  derrière 
repliées,  la  queue  ramenée  entre  celles-ci  (fig.  1).  Le  plus  snuvent, 
la  tête  est  plac(''e  dans  une  direction  perpendiculaire  h  la  longiieui- (bi 
thorax. 


Fig.  1. 


Chien  momifié 


DE  Rôda.  (1/4  Gr.  nat.) 


A  Thèbes.  quelques  chi(^ns.  sinon  tous. 

Arch.   Mes.  —  T.  VUl. 


ont  été  momifi(''s  avec  de  1res  grands  soins,  comme 

•  I 


FAUNE    DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 


le  monlivul  les  deux  spécimens  examinés  à  Lyon.  Le  coi'ps.  disposé  de  l;i  même  façon  (prà 
Rôda,  était  d'abord  entoun''  de  plusieurs  épaisseui's  de  toile,  puis,  par-dessus,  on  entre- 
croisait à  auLile  droit  d'étroites  et  nombreuses  bandelettes 
faites  d'étoffes  de  trois  tons  différents,  brun,  jaune  clair  et 
jaune  foncé,  formant  sur  toute  la  surface  de  la  momi".  jus- 
(pi'à  la  base  du  cou,  des  rectangles  réguliers  (fig.  2).  Un  recou- 
vrait la  tête  d'un  stuc  noirâtre  sur  lequel  les  yeux  ('taient 
dessinés.  Enfin,  les  oreilles  dressi'es.  couvertes  aussi  de  toile 
et  de  stuc,  ('taient  figurées  par  deux  pièces  de  bois  appliquées 
à  droite  et  à  gauche  de  la  tête. 

Les  chiens  momifiés  avec  ce  luxe  d'ornementation  étaient 
probablement  ceux  qui  vivaient  dans  les  familles  ou  servaient 
à  la  chasse,  tandis  que  les  chiens  errants,  nombreux  autrefois 
en  Egypte,  devaient  être  préparés  suivant  le  procédé  très 
expéditit  indiqué  plus  haut  pour  les  spécimens  de  Rôda  et 
d'Aliydos. 

Devant  les  étonnantes  accumulations  de  chiens  de  cer- 
tains hypogées,  on  se  demande  où  et  comment  les  haljitants 
pouvaient  se  procurer  tous  ces  animaux.  .Selon  quelques  égyp- 
tologues,  d'après  lesipiels  la  momification  était  pratiquée 
surtout  pour  des  raisons  de  salultrité,  les  momies  de  chiens 
auraient  été  laites  d'individus  trouvés  morts  dans  les  villes 
ou  les  environs.  Cette  explication  ne  parait  pas  admissible, 
car  les  squelettes  examinés  ne  sont  pas  ceux  d'individus 
malades  on  âgés,  mais  l)ien  d'animaux  robustes  et  adultes 
pour  la  plupart.  Ces  chiens  ont  donc  probablement  été  tués, 
I-U?^|i4uii1^fflkâllF^&''  l^ffll  cependant  ils  ne  partent  aucune  trace  de  blessures.  Cn  est 
■  •  'l'f^  ■*'  "  ^'  oldigé  d'admettre,  semble-t-il.  que  ces  animaux  ont  été 
étranglés  ou  empoisonnés;  à  moins  qu'on  "ne  les  eût  introduits 
dans  des  sacs  chargés  de  pierres  et  simplement  noyés  dans  les. 
i-r'sei'voirs  à  natron. 

Le  chien  jouissait  d'une  grande  vénération  en  maint 
endroit  de  l'Egyq^te.  Pendant  \o  nouvel  Empire,  les  honneurs 
divins  lui  étaient  rendus  dans  certaines  villes,  en  particulier 
à  Cynopolis*,  actuellement  El-Kaïs,  près  de  Samaloud.  Cet 
animal  était  consacré,  avec  le  chacal  et  le  loup,  à  Anubis,  qui 
avait  des  temples  dans  diverses  localités,  entre  auti-es  à 
Lycopolis".  Anu])is  servait  de  guide  aux  âmes  des  morts. 
Il  veillait  sur  les  dieux,  dit  Plutarque,  comme  les  chiens  vedlent  sur  les  hommes.  Anubis  le 
chacal  était  aussi  le  maître  de  l'ensevelissement.  «  Il  passait,  d'après  M.  jNIaspero^.  pour  avoir 


S^ 


%» 


Fig.  2. 


—  Momie  de  chien  de  Thèses. 
(l/4GiMiat.) 


'  AVilkinson,  Tlie  ancicnt  Egypiians,  vol.  IIF,  p.  273. 

-  ^Vilkinson,  loc.  cil.,  vol  III,  p.  258. 

^  Maspero,  Histoire  ancienne  des  peuples  de  l'Orient.  Egypte  et  Chaldêe.  p.  112,  1895. 


CIIIKXS   KT    CHACALS  3 

di'îconvcn't  les  pi'octkb'^s  artificiels  qui  assiii'cnt  à  volont/'  l'incorruptibilili''  tic  la  lai'vc  humaine, 
sans  la([ucllc  la  persistance  de  l'àme  n'est  qu'une  ai^onie  pi'oloni;'(''e  inutilement.  Cette  divinité 
avait  purgé  le  cadavre  des  viscères  tiont  la  corruption  est  la  plus  rapide,  l'avait  saturé  de  sels 
et  d'aromates,  protégé  d'alwrd  dans  une  peau  de  ])êt(^%  puis  pai'  unt^  couche  épaisse  d'étofïes, 
et  son  ai't  transmis  aux  embaumeurs,  changea  en  momies  tout  ce  qui  avait  eu  vie  et  qu'on 
désirait  conserver.  » 

Le  chacal  commt^  le  chien  ('tait  l'emldème  de  la  vigilance.  Elzéar  Blaze  a  expliqué  la 
raison  de  la  prédilection  des  Egyptitms  pour  le  chien.  Les  habitants  de  la  vall(''e  du  Nil  voyant 
api)araitre  une  étoile  à  l'horizon,  à  l'époque  précise  où  commençait  le  (lél)ordement  du  fleuve, 
lui  donnèrent  le  nom  de  Siriits.  qui  signilie  Yaboi/eur,  parce  qu'elle  paraissait  se  montrer  avec 
l'intention  d'avertir  le  cultivateur  de  l'inondation. 

Les  deux  chacals  moinili(''s  se  i'ai)p(irtent  à  Can/'s  aitreiis,  l'espèce  comniune  du  nord  de 
l'Afrique.  ¥a\  ce  qui  concerne  les  chiens,  nous  avons  reconnu  trois  formes  assez  distinctes 
entre  elles  ;  elles  appartiennent  toutes  trois  cependant  à  la  race  des  chiens  parias  de 
de  M.  Studer  ^  qui  comprend  tous  les  chiens  des  régions  méridionales  :  l'Afrique,  l'Australie, 
les  iles  de  la  Sonde,  le  sud  de  l'Asie  et  la  Turquie,  c'est-à-dire  le  Dingo,  le  chien  de  Tengger, 
les  chiens  errants,  les  lévriers  et  les  dogues  du  Thiljet. 

Les  chiens  parias  typiques  sont  des  animaux  de  grosseur  moyenne,  à  poil  court,  d'une 
conformation  assez  dégagée,  bien  (jue  tivs  robuste.  La  tète  est  allongée,  volumineuse  relative- 
ment à  la  grandeur  du  corps.  Les  oreilles  sont  droites  et  pointues  ou  à  demi  tombantes. 
Parmi  les  chiens  de  l'Egypte  ancienne  nous  avons  distingué,  d'après  les  caractères  du  squelette 
et  du  crâne,  les   trois  formes  suivantes. 

1''  L'une  de  taille  moyenne,  à  grosse  tète,  est  voisine  du  chien  paria  typitpie.  C'est  le 
vhien  en'ant  proprement  dit  de  l'Egypte.  Son  crâne  est  caract('i"isé  par  un  angle  oi'bitah'e 
très  faible  qui  rapproche  cette  terme  des  chacals  et  des  loups. 

2"  La  seconde  difïère  de  la  précédente  par  une  taille  un  peu  plus  élevée  et  surtout  pai"  un 
angle  orbitairo  plus  grand.  L'enseml)le  de  son  sipielette  rappelle  le  chien  errant  de  Constan- 
tinople.  Nous  la  désignerons  par  le  nom  de  chien  cçiyptien. 

•3°  La  troisième  forme  est  un  lévrier  de  forte  taille,  haut  sur  pattes,  à  crâne  allongé.  Le 
squelette  est  remarquable  par  le  grand  développement  des  fémurs.  Ca'  chien  correspond  au 
lècrici-  (Je  l'ancienne  Ef/i/pte  dont  l'image  est  reproduite  sur  plusieurs  monuments.  Il  a  encore 
des  représentants  dans  l'Egypte  actuelle.  L'un  de  nous  en  a  vu,  pendant  un  de  ses  récents 
voyages,  quelques  spécimens  traversant  les  rues  de  Louqsor. 

Ces  trois  variétés  ne  sont  pas  jiures.  De  nombreux  mélanges  ont  dû  se  produire  entre 
elles.  (Jn  l'emarque  en  eflet  dans  1er;  deux  premières,  (pu  sont  représentées  chacune  par  plu- 
sieui's  individus,  quelques  spécimens  dont  les  caractères  morphologiques  send)lent  pai'ticiper 
à  ceux  de  l'une  ou  des  deux  autres. 

Nous  examinerons  successivement  ces  trois  formes.  L'étude  portera  presque  tout 
entière  sur  le  crâne  et  le  squelette  que  nous  comparerons  à  divers  crânes  de  Canid('>s  et  notam- 

'  Lefebure,  Sur  l'ensevelissement  dans  une  peau  de  bête  et  les  rites  cjui  en  dérivent  (Eludes  sur  Ahydos,  Pro  - 
ceedings,  p.  433-435,  t.  XV,  1S92-1893). 

-  Studer,  Die  pr;ehistorischen  Hunde  in  ilirer  Beziehung  zu  den  gegenwiirti;;'  lebenden  Rassen  (Abliandl.  der 
Schxoeiz.  paUionl.  Ges.,  p.  25,  1901). 


4  FAIXE   DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 

ment  à  deux  squelettes  complets  de  la  race  actuelle  de  chiens  parias  de  Constantinople.  Pour 
ces  recherches  anatomiques,  nous  suivrons  la  méthode  employée  par  M.  Studor  dans  son  étude 
sur  «  les  chiens  préhistoriques  et  leurs  rapports  avec  les  races  de  chiens  actuelles  »,  afin  de 
pouvoir  rapprocher  les  nombreux  documents  de  ce  naturaliste  de  ceux  qui  ont  été  rassemblés 
à  Lvon  par  M.  Lortet. 

Les  diverses  mensurations  indiquées  dans  l'étude  ostéopraphiquc  des  chiens,  dos  chacals 
et  des  chats,  ont  été  relevées  de  la  manière  suivante  : 

Longueur  basilaire  de  la  tète  osseuse.  —  Du  bord  inf(''rieur  du  trou  occipital  au  ])ord 
alvéolaire  des  incisives  médianes. 

Longueur  basilaire  du  crâne.  —  Du  trou  occipital  à  la  suture  sphénoïde.  (Suture  entre 
le  basi  et  le  présphénoïde.) 

Longueur  basilaire  de  la  face.  —  De  la  suture  du  sphi'noïdc  au  bord  alvéolaire  des 
incisives. 

Longueur  des  os  du  nez.  —  Plus  tirande  longueur. 

Largeur  des  os  du  ne:.  —  Plus  grande  hu'geur. 

Longueur  de  la  voûte  palatine.  —  De  l'échancrure  postérieuiv  au  l)or-d  alvéolaire  dos 
incisives. 

Largeur  de  la  voûte  palatine.  —  Entre  la  cai'nassière  et  la  première  tuberculeuse  (entre 
P*etM'). 

Diain'etrc  bi-ternporal.  —  Diamètre  maximum. 

Bia^nètre  bi-auricidaire.  —  Sur  les  orifices  auriculaires. 

Diamètre  bi-orbUaire.  —  Sur  les  apophyses  post-orbitaires. 

Diamètre  bi-:-ggomatique  maximum. 

Diamètre  interorbifaire  minimwn. 

Longueur  du  crâne.  —  Du  bord  supinneur  du  trou  occipital  à  la  suture  fronto- 
nasale. 

Longeur  de  la  face.  —  De  la  suture  ti'onto-nasale  aux  alv('oles  des  incisives. 

Hauteur  du  o-àne.  —  Du  basispliéuoïde  à  la  partie  supérieur!'  du  crâne,  sui'  la  crête 
sagittale. 

Longueur  totale  des  molaires  supérieures.  —  De  la  première  [irémolaire  au  l)oi'd  posté- 
lieur  de  la  deuxième  tuberculeuse. 

Longueur  des  deux  tuberculeuses.  —  Mesurée  sui-  la  muraille  externe. 

Longueur  de  la  carnassière.  —  Longueur  antéro-postéi-iciu-c  extei'ne. 

Largeur  de  la  carnassière.  —  Lai'geur  transverse. 

Angle  orbitaire.  —  C'est  le  supplément  de  l'angle  formé  pai"  deux  lignes  situées  dans 
un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  du  crâne  et  tangentes,  l'une  à  l'arcade  zygomatique  et  à 
l'apophyse  postorbitaire,  l'autre  aux  deux  bosses  frontales. 

Les  longueurs  des  os  des  membres  ont  été  prises  d'une  articulation  à  l'autre,  du  côté 
externe.  Celle  du  fémur  n'a  pas  été  relevée  oliliipiemenl.  mais  jjrojetée  suivant  une  ligne 
parallèle  à  l'axe  de  l'os. 

La  longueur  du  corps  est  mesurée  de  la  première  apophyse  épineuse  dorsale  à  r(-xtn'raité 
postérieure  des  ischions.  Toutes  ces  dimensions  sont  exprimées  en  millimètres. 


CHIENS   ET   CHACALS 


CANIS  FAMILIARIS,  L.  (Chien  errant  d'Egypte) 

(Fig.  3  à  6) 


Cette  variété  de  chiens  parias  est  la  plus  communément  momifiée  à  Rôda.  Sur  douze 
squelettes  qui  ont  pu  être  montés,  sept  se  l'apportent  à  cette  forme  ainsi  que  plusieurs  crânes 
et  os  séparés  provenant  de  la  même  localité. 

Le  chien  errant  d'Egypte  est  un  type  de  taille  plus  fai])le  que  celui  de  Gonstantinople. 
Sa  tête  est  longue,  forte  par  rapport  au  corps  qui  est  assez  robuste.  Les  oreilles  sont  droites  et 
pointues,  plutôt  courtes.  Queue  longue  et  touffue,  pendante.  Cinq  doigts  devant,  quatre  derrière. 
Son  poil  est  le  plus  souvent  coiu't  et  roide,  hérissé,  roux  plus  ou  moins  foncé,  tirant  parfois  sur 
le  jaune  clair.  Quelques  rares  individus  sont  noirs. 

Ces  animaux  qui  devaient  être  très  communs  pendant  les  temps  pharaoniques,  si  l'on  en 
juge  d'après  les  amoncellements  qu'on  trouve  dans  les  hypogées,  étaient  encore  assez  répandus 
dans  la  vallée  du  Nil  il  y  a  quel([ues  ann(''es.  Actuellement,  on  ne  les  aperçoit  plus  qu'en  petit 
nombre  vivant  comme  toujours  à  demi  sauvages  aux  environs  des  villages  et  des  villes.  La 
nuit  venue,  ils  parcourent  les  rues,  se  nourrissant  de  petits  animaux  et  des  corps  morts  alian- 
donnés  sur  le  sol. 

La  plupart  des  villes  de  la  I5asse  et  de  la  Haute-Egypte  sont  entourées  de  ruines  ou  de 
grandes  accumulations  de  décombres  anciens  et  récents.  C'est  au  milieu  de  ces  amas  de 
débris  que  les  chiens  errants  se  retirent.  lîrehm.  qui  les  a  longtemps  observés  en  Egypte 
même,  retrace  ainsi  leurs  caractères  et  leurs  moeurs'.  «  Ils  vivent  complètement  indépen- 
dants dans  les  ruines,  y  dorm(Mit  la  plus  grande  partie  du  jour,  et  rôdent  pendant  la  nuit. 
Chacun  a  ses  trous,  creusés  avec  beuucoiq)  de  soins,  et  chaque  chien  a  deux  de  ces  trous,  l'un 
à  l'est,  l'autre  à  l'ouest.  La  montagne  est-elle  orientéç  de  telle  sorte  que  les  deux  trous  soient 
exposés  au  vent  du  nord,  le  chien  s'en  creuse  un  troisième  sur  le  versant  oppos(''.  mais  il  ne 
l'habite  que  lorsque  le  vent  trop  li-oid  lui  rend  incommode  le  séjour  dans  l'un  des  deux  autres. 
Le  matin,  jusqu'à  dix  heures,  on  le  trouve  dans  le  trou  placi^-  sur  le  versant  oriental  :  il  attend 
là  que  les  premiers  rayons  du  soleil  viennent  le  réchautiér  ;  mais  bientôt  la  chaleur  devenant 
trop  grande,  il  se  retire  à  l'ombre.  On  voit  alors  les  chiens  se  lever  l'un  après  l'autre,  se  traîner 
sur  la  colline  chacun  vers  son  trou  situé  sur  h  versant  occidental,  et  y  continuer  son  somme. 
Après  niiiH.  le  soleil  venant  l'y  visitei-.  il  i-etour-ne  dans  son  premier  trou  oii  il  reste  jusqu'au 
coucher  du  soleil. 

<c  Ace  moment  la  colline  s'anime.  On  voit  se  former  des  groupes  plus  ou  moins  considéra- 
bles et  même  do  véritables  meutes.  On  entend  des  aboiements,  des  cris,  des  hurlements.  Les 
chiens  se  réunissent  en  masse  autour  d'une  bête  morte;  dans  une  nuit,  ils  dévorent  complète- 
ment le  cadavre  d'un  àne  ou  d'un  mulet.  Sont-ils  très  affamés,  ils  se  repaissent  de  charognes, 
même  le  jour  et  quelque  trou])lés  ipi'ils  puissent  être  par  les  vautours.  Ils  sont  très  jaloux 
et  ne  peuvent  souffrir  que  d'autres  animaux  viennent  partager  leur  repas,  mais  les  vautours 
leur  résistent  et  ne  se  laissent  pas  chasser  facilement. 

((  On  peut  voir  encore  les  chiens  guetter,  comme  des  chats,  les  rats  du  désert  à  l'entrée  de 

'  Bielim,  la  Vie  des  animaux,  pi-ge  334. 


6  FAI  XK   DE   LAXCIEXXK   EGYPTE 

leurs  retraites,  ou.  comme  les  chacals  et  les  renards,  chercher  à  attraper  les  oiseaux.  Ne  trou- 
vent-ils pas  de  nourriture,  ils  se  mettent  en  route,  pénètrent  dans  l'intérieur  dos  villes  et  on 
parcourent  les  rues.  Ils  y  sont  supportés,  car  ils  mangent  tous  les  immondices.  » 

Dans  l'intérieur  de  leurs  quartiers  les  chiens  errants  se  montrent  défiants  sni-tout  à  l'égard 
des  étrangers.  En  maltraiter  un,  c'est  exciter  une  viTitalilo  émouto.  Do  chaque  trou  sort  une 
tète,  et.  on  (inol([iios  minutes,  la  colline  est  couverte  d(>  chiens  qui  font  ontondro  sans  intoi'i'up- 
tion  des  aJjoiements  furieux. 

«  Jeteur  ai  plusieurs  fois  fait  une  véritable  chasse,  écrit  Brehm,  soit  afin  de  les  oltserver, 
soit  afin  de  me  procurer  leur  chair,  qui  me  servait  d'appât  pour  les  vautours  ou  de  nourriture 
pour  l(^s  hyènes  et  les  vautours  que  j'avais  on  captivité.  J'ai  ou  l'occasion  de  me  convaincre 
que  ces  chiens  mènont  une  vie  commune.  Au  ])out  do  quol(pios  jours,  ils  avaient  appris  à  me 
connaitro  et  à  me  craindre.  A  Khartoum.  par  exemple,  il  m'était  devenu  impossible  d'on  tirer 
un  seul,  ils  ne  me  laissaient  pas  approcher  à  moins  do  quatre  cents  pas.  » 

Ces  animaux  se  sont  multipliés  parfois  en  Egypte  au  point  de  devenir  une  véritable  plaie 
pour  le  pays.  On  raconte  que,  pour  diminuer  leur  nomlire,  Méhémet-Ali  en  fit  une  fois  charger 
un  navire,  les  fit  ti'ansporter  on  pleine  mer  et  jeter  à  l'eau.  A  notre  époque,  ils  sont  bien 
moins  nombreux  qu'on  Turquie,  c'est  à  peine  si  le  voyageur  en  apervoit,  à  de  longs 
intervalles,  quelques  rai'es  individus. 

Le  squelette  du  chien  errant  de  l'ancienne  Egypte  est,  dans  son  ensemble,  l^ien  moins 
robuste  que  celui  du  cliien  paria  de  Gonstantinople.  Il  mesure  de  42  à  4.5  centimètres  de  hau- 
teur sur  les  apophyses  épineuses  dorsales  les  plus  élevées.  Sa  longueur,  de  l'extrémité  posté- 
rieure dos  ischions  à  la  première  apophyse  dorsale,  est  on  moyenne  do  4.5  centimètres;  elle 
vai'ie  dans  la  série  étudiée  de  44  à  48  centimètres.  La  forme  la  plus  fréquente  est  reproduite 
pai"  la  figure  3  dessinée  d'après  la  photographie  du  squelette  n"  38. 

Le  caractère  le  plus  constant  chez  ces  animaux  de  l'ancienne  Egypte  consiste  dans  la 
longueur  du  fémur  qui  se  trouve  toujours,  ainsi  que  chez  le  loup  et  les  chiens  quaternaires',  plus 
élevée  que  celle  du  tibia,  alors  que,  dans  la  plupart  des  chiens  domestiques  actuels,  c'est  le 
contraire  qu'on  observe. 

Aux  membres   antérieurs  le  radius  est,   on  général,  un  pou  plus  long  (pie  l'iunnérus. 

Les  vertèbres  thoraciques  sont  le  plus  souvent  au  nombre  do  23  :  13  dorsales,  7  lom- 
baires et  3  sacrées.  Le  squelette  n°  38  fait  seul  exception,  il  en  possède  24  :    13  dorsales, 

7  lombaires  et  4  sacrées.  Dans  le  squelette  n°  40,  la  partie  dorsale  parait  avoir  cédé  une  ver- 
tèbre à  la  région  lombaire;  on  compte,  en  effet,  12  dorsales,  8  lombaires  et  3  sacrées.  Une 
particulainté  à  noter  à  propos  des  vertèbres,  c'est  la  Ijrièveté  remarquable  des  apophyses  épi- 
neuses lombaires;  elles  atteignent  20  millimètres  de  longueur  chez  les  chiens  errants  de 
Gonstantinople  et  10  millimètres  à  peine  chez  ceux  de  l'Egypte  ancienne. 

Le  tal)leau  suivant  indique  les  dimensions  principales  des  sept  squelettes  de  cette 
série  : 

'  Studer,  Lie  prxhislorischen  Hunden,  p.  28,  lËOl. 


a 
I 


FAUXE   DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 


Cliieus  errants  d'Egypte   (inomiflés). 


KSda 
34 

Mâle 

Longueur  du  corps 450 

—  de  l'omoplate 107 

—  de  l'humérus 137 

—  du  radius 141 

—  du  3"  métacarpien      ...  54 

—  du  fémur 157 

—  du  tibia 155 

—  du  3'  métatarsien      ...  62 


RSda 

ROda 

rtôda            RSda 

Rôda 

R8da 

3S 

40 

'il              n 

53 

bi 

Mâle 

Mâlo 

î                   Mâle 

Mâle 

Maie 

470 

440 

460          480 

440 

440 

116 

110 

109          110 

104 

106 

145 

137 

144          156 

144 

132 

147 

139 

147           153 

140 

135 

58 

51 

56            60 

58 

54 

168 

159 

167           177 

162 

155 

162 

153 

159           164 

154 

149 

64 

58 

62            66 

64 

62 

La  tète  osseuse  du  chien  errant  di'  la  ^-alliM'  du  Xil  offre  des  variations  de  lonii'ueur  assez 
importantes.  Les  limites  en  sont  indiquées  par  le  crâne  allongé  du  stpielette  iv  40  (flg.  4) 
et  par  le  crâne  court  du  spécimen  n°  41  (fig.  5).  Le  type  le  plus  fréipicnt  parmi  les  animaux 
de  cette  race  est  représenté  par  le  crâne  n°  34  (fig.  G). 


Fig.  4.  —  Crâne  de  chien  errant  he  Rôda.  (3  i  Gi'.  nat.l 


Chez  les  chiens  nK)miti(''s,  la  tète  est,  en  graiéral,  moins  volumineuse  que  chez  le  clnen 
paria  de  Turquie.  Le  front  n'est  pas  aussi  hombé,  les  arcades  zygomatiques  sont  plus  élevées. 
Ces  différences  entrainent  un  abaissement  sensihh'  de  l'angle  orbitaire  qui  varie  de  45  à  48 
degrés,  alors  qu(\  dans  la  forme  de  Constantinople.  nous  trouvons  un  angle  de  r}2  et 
55  degrés. 

La  tète  du  chien  errant  d'Egypte  se  distingue  surtout  par  sa  face  courte  et  son  crâne  assez 
développé.  Par  ce  caractère  la  race  (''gyptienne  se  i-apiiroche  des  chacals  Canis  aurens  ou 
Canis  nnfJws.  tandis  que  h.'  chien  de  Constanlinople,  dont  la  face  est  au  contraire  jdus  grande 
que  le  crâne,  est  plutôt  voisin  des  loups. 

La  dentition  n'offre  rien  de  particulier,  elle  accuse  un  régime  à  peu  près  semblable  à  celui 
des  chiens  domestiques.  Les  tuberculeuses  supérieures  faildement  développées,  à  ]»eine  plus 
grandes  que  la  carnassière,  indiquent  une  race  un  peu  plus  cai"nivore  que  les  chacals. 

Le  crâne  du  squelette  n"  40,  remarquable  par  son  allongement,  présente  une  silliouette 


CHIENS   ET  CHACALS  9 

quirappelUe  beaucoup  colle  du  crâne  do  slughi  figuré  par  Studer'.  Mais,  chez  le  lévrier  d'Ara- 
bie, lo  rapport  de  la  face  et  du  crâne  est,  ainsi  que  chez  le  chien  de  Constantinople,  tout  à  (ait 
différent.  La  longueur  de  la  face  l'emporte  le  plus  souvent  sur  celle  du  crâne,  alors  que  dans  la 
tête  osseuse  du  numéro  40,  c'est  le  crâne  qui  se  trouve  sensiblement  plus  allongé  que  la  face, 
comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  jxiiir  les  autres  individus  de  cette  même  série. 


Fig.  5.  —  Ghane  de  chien  errant  de  Rôda,  (j/'i  yr.  nat.) 


Fig.  6.  —  Crâne  de  chien  errant  de  Roda.  (3  4  gr.  uat.) 


Les  diverses  mensurations  relatives  au  crâne  du  chien  errant  d'Egypte  sont  indiquées  dans 
le  tableau  ci-après  : 


Longueur  basilaire  de  la  tête  osseuse 

—  basilaire  du  crâne 

—  basilaire  de  la  face 

—  max.  des  os  du  nez 
Largeur  max.  des  os  du  nez 
Longueur  de  la  voûte  palatine 


Chiens  errants  d'Egypte  (niomiliés). 


Roda 

Roda 

Rôda 

Rôda 

Rôda 

Rôda 

Rôda 

.ii 

38 

40 

41 

47 

53 

54 

Mâl3 

Mâle 

Mâle 

r 

Mâle 

Mâle 

Mâle 

140 

155 

167 

139 

160 

148 

146 

41 

40 

48 

39 

46 

40 

42 

105 

115 

119 

100 

114 

108 

104 

67 

75 

70 

60 

66 

60 

61 

16 

16 

17 

15 

15 

15 

14 

81 

85 

85 

76 

86 

80 

79 

'  Studer,  Die  prœhistorischen  Hunden,  pi.  VIII,  fig-  ~.  1901. 
Arch.   Mus.   —  t.   VIII. 


10 


FxVUNE   DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 


Ciiiens  errants  d'Kgypl-e  (momiliés). 


Rô(ia 

34 

Mâle 

Largeur  de  la  voûte  palatine     ...  42 

Diamètre  bi-temporal 57 

—  bi-auriculaire 55 

—  bi-orbitaire 50 

—  bi-zigomatique  luax.       .     .  94 

—  interorbitraireminim.  .  .  36 
Longueur  du  crâne !)2 

—  de  la  face 84 

Hauteur  du  crâne 52 

Longueur  totale  des   molaires  super.  60 

—  des  deux  tuberculeuses  .     .  18 

—  de  la  carnassière  ....  17 
Largeur  de  la  carnassière  ....  9 
Anale  orbitaire 48" 


R6da 

R6da 

RSda 

Roda 

Roda 

Rôda 

3S 

40 

41 

47 

53 

->i 

Mâle 

Mâle 

Mâle 

Mâle 

Mâle 

Mâle 

46 

46 

44 

U 

43 

44 

58 

58 

54 

58 

55 

55 

54 

58 

52 

58 

51 

53 

45 

49 

51 

51 

43 

53 

101 

107 

92 

98 

90 

96 

35 

38 

34 

.■^s 

32 

36 

!)4 

101 

85 

96 

90 

90 

!»3 

90 

79 

89 

82 

79 

53 

58 

51 

55 

.")2 

50 

63 

67 

57 

60 

61 

57 

19 

20 

17 

18 

18 

18 

18 

19 

16 

18 

17 

17 

10 

8 

8 

8 

9 

_8 

47" 

46" 

47" 

47" 

45" 

47" 

CANIS  FAMILIARIS,  L.  (Chien  égyptien) 


(Fis 


et  8) 


Ce  chien  de  l'ancienne  Egypte  est  connu  d'api'ès  quelques  crânes,  divers  os  de  memlires 
et  cinq  squelettes  complets  provenant,  l'un  de  Tlièbes,  les  quatre  autres  de  Rôda. 

Cette  race,  un  peu  plus  grande  (jue  la  précédente,  a  environ  la  taille  du  chien  paria  de 
Gonstantinople. 

Les  spécimens  n"  61,  de  Thèbes,  et  n°  39  (flg.  7),  de  Rôda  entre  autres,  ont  les  mêmes 
dimensions  que  deux  chiens  errants  de  Turquie,  conservés  au  Muséum  de  Lvon,  dont  nous 
donnons  plus  loin  les  mensurations. 

La  tète  de  ce  chien  est  pourtant  moins  volumineuse  ivlativciiicnl  que  dans  la  petite  race 
errante  de  l'Egypte  ou  dans  celle  d(_^  l'Europe  méridionale.  Le  chien  égyptien  diffère  de  la 
vai'iété  décrite  précédemment  surtout  par  la  tête  osseuse  dont  l'angle  orbitaire  ainsi  qui>  le 
développement  de  la  face  et  du  ei'àne  offrent  jdus  de  ressemblance  avec  les  chiens  domestiques 
actu(ds. 

Il  vivait  prob;iblemenl  domestiqué,  servant,  selon  les  aptitudes  des  individus  et  leur 
éducation,  à  la  garde,  soit  des  maisons,  soit  des  troupeaux. 

Le  squelette  du  chien  égyptien  mesure  de  15  à  49  centimètres  sur  les  apophyses  épineuses 
dorsales.  La  longueur  du  thorax,  de  l'extr(''mit(''  des  ischions  à  la  première  apophyse,  est 
en  moyenne  de  17  centimètres.  En  ce  qui  concerne  les  proportions  des  rayons  osseux  des 
membres,  nous  les  trouvons  les  mêmes  que  chez  le  chien  errant.  Les  fémurs  sont  égah'- 
ment  plus  allongés  que  les  tibias,  alors  que  l'humérus  est  au  contraire  un  peu  plus  court  que  le 
radius. 

Pai'mi  les  spécimens  étudiés  on  ne  trouve  aucune  variation  numériipie  des  vertèbres  thora— 
ciques,  il  y  a  toujours  13  dorsales,  7  lombaires  et  3  sacrées.  Les  apophyses  épineuses  lombaires 
sont  très  courtes,  comme  dans  le  chien  errant  d'Elgypte. 

Le  tableau  qui  suit  donne  les  longueurs  principales  des  membres  pour  les  cinq  squelettes 
de  c(^tte  race  : 


12 


FAUNE   DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


Chiens  égyptiens  (momifiés) 


RSdit 
35 

M&le 

Longueur  du  corps 490 

—  de  l'omoplate 116 

—  de  l'humérus 145 

—  du  radius 152 

—  du  3"  métacarpien 60 

—  du  fémur 173 

—  du  tibia 168 

—  du  3'  métatarsien      .  ...  68 


Rùda 

RCida 

Ruda 

.       Thèlie 

3G 

3!) 

51 

64 

Mâle 

Femelle 

Femelle 

" 

445 

490 

450 

480 

122 

112 

106 

120 

144 

155 

140 

161 

148 

162 

140 

104 

53 

59 

58 

61 

171 

178 

165 

185 

167 

177 

153 

i80 

62 

68 

63 

69 

Fig.  8.  —  Grane  de  chien  égyptien.  (3/4  gr.  nat.) 


Chez  les  individus  de  cette  série  la  tête 
présente  une  structure  assez  constante,  plus 
rapprochée  du  chien  paria  d'Europe  que  ne  le 
sont  les  spécimens  de  la  race  errante  égyp- 
tienne. Dans  le  spécimen  n°  51,  la  longueur 
de  la  face  un  peu  plus  grande  que  celle  du 
crâne,  rappelle  surtout  le  loup  et  les  chiens 
à  demi  sauvages,  tandis  que  les  autres 
crânes  ofîi'ent  des  proportions  de  longueur 
intermr'diaires  entre  celles  qui  caractérisent 
les  chiens  parias  de  Turquie  et  les  propor- 
tions indiquées  pour  la  petite  i;ace  errante 
de  l'Egypte. 

L'écartement  des  arcades  zygomati- 
ques  est  plus  ou  moins  grand,  mais  le  front 
est  toujours  large  et  bombé  (fig.  S).  L'an- 
gle orbitaire  varie  de  .51  à  59  degrés, 
environ  comme  dans  les  races  domesti- 
quées. 

Par  le  volume  légèrement  plus  grand 
des  tuberculeuses,  la  dentition  accuse  un 
régime  un  peu  plus  omnivore  que  dans  la 
petite  race  errante  et  r-approche  aussi  la 
grande  forme  du  chien  égyptien  des  variétés 
domestiques  actuelles. 

Les  dimensions  du  crâne  chez  les  cinq 
individus  momifiés  de  cette  race,  sont  les 
suivantes  : 


CHIENS  ET  CHACALS 


13 


Chiens  égyptiens  (momifiés) 


Longueur  basilaire  de  la  tête  osseuse. 

—  basilaire  du  crâne     .... 

—  basilaire  de  la  face   .... 

—  max.  des  os  du  nez  .... 

Largeur  max.  des  os  du  nez 

Longueur  de  la  voûte  palatine  .... 
Largeur  de  la  voûte  palatine  .... 
Diamètre  bj-temporal 

—  bi-auriculaire 

—  bi-orbitaire 

—  bi-zvgomatique  maxira. 

—  interorbitaire  minimum. 
Longueur  du  crâne 

—  de  la  face 

Hauteur  du  crâne 

Longueur  totale  des  molaires  supérieures 

—  des  deux  tuberculeuses  . 

—  de  la  carnassière 

Largeur  de  la  carnassière 

Angle  orbitaire 


R8da 

Rôda 

B6da 

R6da 

The  b  es 

35 

3S 

39 

51 

6i 

Mâle 

Mâle 

P"emel]e 

Femelle 

» 

156 

154 

152 

146 

161 

48 

43 

41 

41 

46 

108 

111 

111 

105 

115 

G5 

69 

65 

68 

71 

17 

17 

13 

15 

19 

87 

84 

87 

81 

90 

44 

43 

46 

43 

45 

58 

57 

58 

54 

56 

58 

57 

57 

55 

56 

57 

57 

50 

49 

56 

102 

106 

91 

92 

92 

39 

40 

33 

34 

37 

98 

92 

94 

87 

95 

87 

91 

89 

90 

93 

57 

55 

50 

51 

53 

65 

61 

62 

62 

62 

19 

20 

18 

18 

1!) 

17 

18 

17 

17 

17 

8 

8 

8 

8 

8 

57" 

53° 

52" 

51" 

W 

CANIS  FAMILIARIS,  L.  (Lévrier  de  l'ancienne  Egypte) 

(Fig.  9  et  10) 

Cette  race  est  signalée,  au  nombre  des  animaux  momifiés,  d'après  un  spécimen  provenant 
des  liypogées  de  Rôda  (Haute-Egypte).  Les  diverses  proportions  du  corps,  de  la  tète  et  des 
membres  se  rapportent  parfaitement  à  celles  du  lévrier  à  queue  enroulée,  qui  était  commun  autre- 
fois dans  la  vallée  du  Nil.  si  l'on  en  juge  d'après  plusieurs  monuments  de  l'ancien  Empire  sur 
lesquels  il  est  flgun'-'.  Aussi,  le  désignerons-nous,  pour  cette  raison,  par  le  nom  de  lévrier  de 
rancietine  Egupte,  bien  que  la  race  y  ait  encoi\^  de  nos  jours  (pielques  rares  représentants. 
Deux  ou  trois  individus  de  cette  forme  ont  été,  en  eiiet,  remarqués  l'année  dernière  dans  les 
rues  de  Louqsor,  par  l'un  de  nous,  dont  les  notes  prises  au  passage  permettent  de  compléter 
ainsi  qu'il  suit  les  observations  faites  sur  l'individu  momifié. 

Lévrier  haut  sur  jambes.  Corps  allongé,  pas  de  ventre,  poitrine  étroite,  colonne  vertébrale 
assez  recourbée.  Tête  longue  frontlarge  et  bombé.  Oreilles  de  longueur  moyenne,  droites  et  poin- 
tues. Queue  longue,  enrouL'c  un  tour  et  demi.  Membres  secs,  quoique  assez  robustes.  Pouce  court 
aux  membres  antérieurs,  manquant  aux  pattes  de  derrière.  Le  poil  est  court,  gris  jaunâtre  clair. 

Ce  lévrier  habite  l'Egypte  depuis  une  haute  antiquité  ;  il  a  probalilement  été  utilisé 
de  tout  temps  avec  les  autres  lévriers  du  Kordofan  et  de  l'vVrabie  notamment,  à  la  chasse  de 
la  gazelle  et  des  antilopes. 

Son  squelette,  un  peu  moins  grêle  que  celui  des  lévriers  actuels  (fig.  9),  mesure  57  centi- 
mètres de  longueur,  de  la  première  apophyse  dorsale  à  l'extrémité  postérieure  des  ischions,  et 


'  Rosellini,  /  Monumenti  deU'Egitto  e  délia  Nuhia,  t.  II,  pi.  XVI,  fig.  3,   4  et  5.  —   Lenormant,  Histoire 
de  VOrieni,  t.  II,  p.  49  et  165. 


■s 


CHIENS   ET   CHACALS  15 

56  centiméti'os  do  hauteur  sur  les  apophyses  épineuses  les  plus  élevées.  Comparé  à  un  lévrier- 

moderne,    à  peu  près  de   même  taille,  le 

chien   de  l'ancienne    Egypte  présente    des 

proportions  bien  différentes.  Chez  celui-ci,  L^p'     j^K|^ 

les  n^embres  antérieurs  sont  notablement  w        \  ^m 

plus  courts,  alors  que,  dans  les  deux  formes 

ancienne  et  moderne,  les  membres  de  der-  W  ^M  )\\    ''^"' 

rière  ont  à  peu  près  les  mômes  longueurs.  /;■;  |S  i^'„  ;,; 

Ainsi,   tandis  que   le    fémur   mesure    207  .^j^ 

millimètres  chez  le  lévrier  égyptien  et  212  ■'0{' 

dans  l'animal  tlout  le  squelette  est  pris  poui-  ^  *  ^f.^i«.>.wu5 

terme  de  comparaison,  on  trouve  pour  l'hu-       il  St  '       Â         ^^^Ê-^^f 

mérus  de  ce    dernier    190  millimètres   et 

176    seulement   pour  celui    de    l'individu         Y\  /  \^P 

d'Egypte.  En  outre,  le  rappoi't  du  tibia  au  *s^!^^h 

fémur  est  tout  à  fait  opposé  dans  les  deux  \^m         '^^^S  ^  ]  » 

formes.   Chez   le    l(''vi'ier  ancien,    le    tiltia  \l».  '  »' 

(198  millim.)est  plus  court  que  le  fémur 

(207   millim.),   alors  que  chez    le  lévrier 

moderne,    siu"  lequel    nous    regrettons  de  (^  j^^- 

n'avoir  aucune  indication  de  race,  le  tibia 

(220 millim.)  est  au  contraire  plus  long  ipie  ^- 

le  fémur  (212  millim.).  Ip      l '%    \ 

Dans  ces  deux  vai'iétés  on  compte 
24  vertèbres  thoi'aciques,  13  dorsales  et 
11  sacro-lombaires.  Mais  chez  le  lévrier 
de  l'ancienne  Egypte,  nous  trouvons  8  ver- 
tèbres lombaires  et  3  sacrées,  tandis  ipie 
dans  celui  de  notre  ('■po(|U('  il  y  a  7  lombai- 
res et  4  sacrées.  fis-  lO-  —  Crane  de  lévrier  de  l'ancienne  Egypte.  (3/4gr.  nat.) 

Les  dimensions  principales  du  lévrier 
momitié  sont  indiquées  dans  le  tableau  suivant,  comparativement  avec  celles  relevées  sur  les 
squelettes  de  deux  chiens  errants  de  Constantinople.  un  lévrier  moderneet  un  loup. 

Lévrier'               Chiens  errants  actuels  Loup 

d'Egypte                  de  Constantinople  de  Lévrier 

momifié  ■ -^— — ^^ — — — France  moderne 

4S                             07                             -.i  69                             6S 

Mâle                         '.                         Mâle  ?                          Mâle 

Longueur  du  corps 570  560  »  620  610 

—  de  l'omoplate 136  134  137  147  156 

-^  de  l'humérus 176  160  KiS  184  11)0 

—  du  radius 179  168  169  185  199 

—  du  3«  métacarpien 69  66  66  75  78 

—  du  fémur 207  180  186  209  212 

—  du  tibia 198  184  183  203  220 

—  du  3'  métatarsien 79  72  74  86  89 


16 


FAUNE   DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 


La  tête  osseuse  du  lévrier  de  l'ancienne  Egypte  est  allongée,  étroite  au  niveau  des 
ai'cades  zygomatiques  :  le  front,  large  et  convexe  (fig.  10),  indique  un  angle  orhitaire  de 
55  degrés. 

Si  nous  comparons  la  tête  du  chien  ei-rant  de  Gonstantinople  à  celle  du  lévrier  égyptien, 
on  constate»  que  dans  celle-ci  le  crâne  proprement  dit  est  Lien  plus  développé  par  rapport  à  la 
face.  Dans  ces  deux  races,  la  tête  a  environ  le  même  volume,  alors  que  les  rayons  osseux  des 
membres  sont  beaucoup  plus  courts  chez  le  chien  paria  de  Turquie. 

En  ce  qui  concerne  la  dentition,  elle  est  aussi  sensiblement  plus  faible  que  chez  les 
autres  chiens  ;  à  égalité  de  longueur  du  crâne,  les  tuberculeuses  et  les  carnassières  mesurent, 
en  effet,  2  à  3  millimètres  de  moins.  Les  prémolaii'es  sont  également  plus  réduites  et  plus 
espacées. 

Le  tableau  qui  suit  donne  les  dimensions  de  la  tête  du  lévrier  d'Egypte  ainsi  que  celles  de 
trois  autres  crânes  :  un  de  loup  et  deux  de  chiens  parias  de  Gonstantinople.  Nous  avons  ajouté, 
à  titre  de  documents,  celles  d'un  crâne  de  chien,  probal)lement  (piaternaire,  trouvé  dans  une 
argile  brune  de  la  rive  gauche  de  la  Saône,  en  creusant  les  fondations  du  pont  de 
Collon^es.    . 


Lévrier 

d'Egypte 

momifié 

48 

Mnlc 

Longueur  basilaire  de  la  tête  osseuse  .     .     .  1~2 

—  basilaire  du  crâne ^8 

—  basilaire  de  la  face i~i 

—  max.  des  os  du  nez ~'~ 

Largeur  max.  des  os  du  nez 18 

Longueur  de  la  voûte  palatine 92 

Largeur  de  la  voûte  palatine 52 

Diamètre  bi-temporal 65 

—  bi-auriculaire 65 

—  bi-orbitaire -58 

—  bi-zygomatique  maximum  .     .     .  106 

—  interorbitaii-e  minimum.     ...  39 
Longueur  du  crâne 105 

—  de  la  face 100 

Hauteur  du  crâne 65 

Longueur  totale  des  molaires  supérieures      .  66 

—  des  deux  tuberculeuses ....  17 

—  de  la  carnassière 17 

Largeur  de  la  carnassière 10 

Angle  orbitaire 35° 


Chiens  errauts 

actuels 

Loup 

Chien 

de  Gonstantinople 

de 

quaternaire 

~ 

France 

France 

67 

71 

69 

66 

? 

Mâle 

? 

? 

172 

175 

210 

168 

47 

48 

5S 

44 

125 

127 

155 

124 

82 

80 

89 

65 

18 

18 

23 

16 

06 

95 

109 

91 

53 

53 

63 

52 

61 

66 

68 

61 

60 

66 

68 

58 

53 

70 

71 

42 

107 

115 

139 

101 

36 

48 

52 

35 

103 

103 

121 

100 

i05 

110 

127 

92 

61 

63 

72 

57 

68 

71 

83 

66 

20 

22 

23 

19 

20 

21 

24 

18 

11 

11 

11 

10 

52" 

55" 

45» 

46» 

CHIENS   ET  CHACALS  17 


CANIS  AUREUS,  Linné 


Canis  aureus,  L.,  Si/st.  nul.,  I,  p.  59  (ITOô).  —  F.  Cuvier,  Mammif.,  pi.  CLXXII.  —  Trouessart,  Cat.  niamm. 
tani  vivenlium,  p.  305  (1899). 

L'un  des  doux  chacals  éj.iTptiens  provient  de  Roda,  ainsi  (|ue  nous  l'a\'ons  dit  plus  haut. 
L'autre,  an  Muséum  de  Lyon  depuis  de  longues  années,  est  ari'ivi'  d'Egypte  sans  renseignement 
précis. 

Ils  étaient  tous  deux  momifiés  très  simplement,  comme  les  chiens  de  Rôda,  c'est-à-du'e 
entourés  d'une  toile,  sans  liitume.  Ce  sont  de  jeunes  individus  dont  le  squelette,  incomplète- 
ment ossifié,  n'a  pu  être  monté.  Le  chacal  de  Rôda  portait,  sur  diverses  j)arties  du  corps,  des 
touffes  du  poil  jaune  doré  qui  domine  souvent  dans  cette  espèce.  Ces  caractères,  ajoutés  à  ceux 
fournis  par  le  ci'àne.ont  permis  de  le  distinguer  d'un  autre  chacal,  Ctuiis  anthus.  qu'on  rencontre 
aussi  dans  le  sud  de  l'Egypte. 

Canis  aureus  est  un  animal  de  la  taille  du  renard  commun,  mais  un  peu  moins  allongé, 
haut  sur  jambes.  Museau  pointu;  queue  touftue  pendant  jusque  sur  les  pieds:  oreilles  courtes  ; 
pupilles  rondes.  Poil  fauve  ou  gris  jaunâtre.  ~\'entre  roux  fauve  ou  jaune  clair,  gorge 
lilanche,  tête  d'un  roux  mêlé  de  gris.  Les  jambes  sont  comme  le  ventre,  roux  jaunâtre  ou 
fau^"(^ . 

Cette  espèce  habite  toute  l'Afriipie  septentrionale  :  l'Algérie,  la  Tunisie.  l'Egypte,  ainsi 
que  l'Inde  et  l'Asie  Mineure.  Elle  se  rencontre  aussi  dans  quelques  pai'ties  de  l'Europe  méri- 
dionale, en  Crimée,  en  Grèce  et  en  Dalmatie. 

Comparé  au  chacal  moderne  de  l'Algérie,  le  chacal  de  Tancienne  Egypte  ne  présente 
aucune  diftérence  notable.  La  tête  osseuse  est  la  même  chez  les  individus  de  ces  deux  pays. 
Nous  n'avons  remai'qué  dans  le  chacal  (''gyptie^n  (|ue  le  faible  l'cartement  des  arcades  zygoma- 
tiques,  mais  il  est  dû.  en  partie  sans  doute,  au  jeune  âge  de  nos  spécimens.  La  longueur 
relative  de  la  capsule  crânienne  est,  chez  les  chacals  et  les  renai'ds,  bien  plus  forte  que  chez 
les  chiens.  Ceux-ci  se  trouv(mt  par  les  proportions  de  la  face  et  de  crâne  intermikliaires  entre 
les  chacals  et  les  loups. 

Les  chacals  se  distinguent  des  renai'ds.  non  seulement  par  une  convexité  un  peu  plus 
forte  de  leurs  bosses  frontales,  mais  aussi  pai-  une  plus  grande  largeur  de  la  voûte  palatine.  A 
égalité  de  longueur  du  palais,  nous  trouvons  une  largeur  de  .3'.)  millimètres  chez  un  chacal  de 
l'ancienne  Egypte,  et  de  33  millimètres  chez  un  renard  commun  de  nos  pays. 

L'angle  orbitaire  fournit  aussi  d'excellentes  données  pour  la  distinction  d(^  ces  animaux.  Il 
varie  de  43  à  45  degrés  chez  les  chacals,  tandis  qu'il  va  de  34  à  38  degrés  chez  Vulpes  vulqaris, 
par  suite  de  la  diminution  des  sinus  frontaux,  du  faible  développenn'ut  des  apophyses  post-oi'bi- 
taires  et  de  la  surélévation  des  arcades  zygomatiques.  Par  l'angle  orbitaire  le  chacal  est 
voisin,  à  la  fois,  du  loup  et  du  chien  errant  d'Egypte. 

En  ce  qui  concenie  la  ilentition,  ('mus  dio-cus  accuse  un  régime  sensiblement  plus  omni- 
vore que  le  renard.  Ses  tuberculeuses  sont,  en  effet,  un  peu  plus  dih'eloppiM's  que  chez  Ytilpes 
vulgaris  dont  la  carnassière  est  plus  forte,  plus  tranchante,  avec  un  tubercule  interne  plus 
rejeté  en  avant. 

Par  l'ensemble  des  caractères  crâniens,  le  chacal  parait  intermédiaire  entre  les  chiens  et 
les  renards. 

AncH.   Mus.  —  T.  VlII.  *3 


18 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 


Les  proportions  principales  du  crâne  des  deux  chacals  momifiés  sont  indiquées  dans  le 
tableau  suivant  avec  colles  relevées  sur  un  crâne  de  Canis  aureiis  actuel  de  l'Algérie,  et  sur"un 
crâne  de  renard  commun  des  environs  de  Lyon. 


Longueur  basilaire  de  la  tête  osseuse     .... 

—  basilaire  du  crâne   .  

—  basilaire  de  la  face 

—  max.  des  os  du  nez 

Largeur  max.  des  os  du  nez 

Longueur  de  la  voûte  palatine 

Largeur  de  la  voûte  palatine 

Diamètre  bi-temporal 

—  bi- auriculaire 

—  bi-oi'bitaire  (sur  les  apophyses  post-oib.) 

—  bi-zygomatique  maximum 

—  interorbitaire  minimum 

Longueur  du  crâne 

—  de  la  face  ...  

Hauteur  du  crâne 

Longueur  totale  des  molaires  supérieures    . 

—  des  deux  tuberculeuses 

—  de  la  carnassière 

Largeur  de  la  carnassière 

Angle  orbitaire 


Canis  aureus 

Canis 

Vulpes 

Momifiés 

aureus 

vulgaris 

Epvple 

Rô(i.T 

Algérie 

France 

63 

72 

73 

75 

Jeune 

Jeune 

Femelle 

Mâle 

133 

123 

134 

130 

38 

36 

41 

38 

95 

88 

93 

93 

52 

52 

47 

53 

14 

18 

11 

10 

71 

69 

71 

69 

38 

39 

38 

33 

52 

52 

53 

48 

50 

49 

50 

50 

36 

34 

44 

33 

73 

73 

84 

77 

25 

25 

30 

24 

85 

79 

•S7 

83 

69 

69 

67 

67 

46 

48 

46 

43 

59 

56 

53 

52 

20 

19 

17 

15 

17 

17 

15 

14 

9 

9 

8 

6 

43" 

44» 

45° 

34° 

Les  dimensions  précédentes,  relatives  au.x  squelettes  des  chiens  et  chacals  de  l'Egypte 
ancienne,  ont  été  relevées  avec  un  soin  scrupuleux;  elles  fourniront,  ainsi  que  les  figures  et  les 
descriptions  sommaires  qui  les  accompagnent,  une  hase  positive  pour  la  comparaison  de  ces 
animaux  avec  ceux  de  l'Egypte  actuelle  et  aideront,  croyons-nous,  à  noter  les  modifications 
anatomiques,  même  légères,  qui  ont  pu  se  produire  chez  ces  animaux  depuis  les  temps  phai'ao- 
niques  jusqu'à  nos  jom's. 


CHATS 


Los  chats  momifiés  de  l'ancienne  Egypte  se  trouvent  en  nombre  excessivement  grand,  soit 
dans  certains  liypogées,  soit  dans  des  fosses  creusées  à  même  le  sable,  sur  une  grande  étendue. 

Plusieurs  centaines  de  ces  momies,  en\'o_vées  de  diverses  localités  par  M.  Maspero,  ont  été 
étudiées  au  Muséum  de  Lyon.  Quelques-unes  sont  de  Saklcara,  Rôda  et  Thôbes  ;  la  plus  grande 
pai'tie  pi'ovient  de  Stabl-Antai",  près  de  Béni-Hassan,  sur  la  rive  droite  du  Nil.  à  la  limite  de 
la  Moyenne  et  de  la  Haute-Egypte.  Celles-ci  sont  de  l'époque  persane  et  ptoli^maïque  ;  elles  ont 
été  trouvées  dans  la  plaine,  au  sud-ouest  du  ravin.  La  nécropole  semble  avoir  ^^rès  cVun 
kilomètre  de  longueur  et  renferme  probablement  des  momies  plus  anciennes.  On  ne  possède 
pas  de  renseignements  sur  l'ancienneté  des  chats  de  Thèbes,  Rôda  et  Sakkara. 

Ces  animaux  étaient  consacrés  par  les  anciens  Égyptiens  à  la  déesse  Sekhet  ou  Best,  qui 
avait  plusieurs  temples  dans  la  vallée,  un  notamment  dans  la  Basse-Egypte  à  Tell  ol-Iîastah, 
Pa-Best  des  Égyptiens,  Bu])astisdes  Grecs. 

La  déesse  »Sekhet  était  figurée  avec  une  tête  de  chatte  surmontée  du  serpent  et  du  disque 
du  soleil.  On  l'appelait  la  fille  de  Rà  ;  sur  la  couronne  de  son  père,  elle  représentait,  avec  les 
traits  du  serpent  urseus,  l'ardeur  dévorante  de  l'astre  du  jour.  Dans  la  vie  humaine,  elle  symbo- 
lisait les  voluptés,  l'amour  indomptable. 

Peu  de  temps  avant  l'ère  chrétienne,  le  chat  était  encore  sacré  chez  les  Egyptiens. 
Diodore  de  Sicile  rapporte  que  celui  qui  tue  un  eliat  en  Egypte  est  voué  à  la  mort,  qu'il  l'ait  tué 
volontairement  ou  non.  «  Un  malheureux  Romain,  qui  avait  involontaii'ement  tué  un  chat, 
ne  put  être  sauvé  ni  pai'  le  roi  d'Egypte,  ni  par  la  crainte  qu'aurait  pu  inspirer  Rome,  alors 
toute-puissante.   » 

Le  chat  est  représenté  sur  di\'('rs  monuments  anciens,  notamment  dans  un  bas-relief 
situé,  près  de  la  porte  d'un  hypogée  voisin  de  Gournah'. 

Les  momies  de  chats  examinées  à  Lyon  renferment  des  individus  de  tous  les  âges,  depuis 
les  adultes  jusqu'aux  animaux  qui  viennent  de  naître.  Pour  ceux-ci.  la  momification  a  été,  en 
général,  des  plus  sommaires.  On  les  a  simplement  plongés  dans  un  bain  de  natron.  puis  enve- 
loppés de  toile.  Leurs  momies,  longues  environ  d(>  15  à  20  centimètres,  ont  une  forme  aplatie, 
plus  ou  moins  quacbangulaire.  \  l'intérieur,  on  ne  trouve  plus  (ju'un  tailde  amas  de  poussière, 
au  milieu  duquel  on  a  de  la  peine  à  distinguer  quelques  menus  fi'agments  d'os. 

'  Description  de  VÉgyple,  vol.  If,  Antiquités,  pi.  XLV,  fig.  14. 


20 


FAUNE    DE    L'ANCIENNE    EGYPTE 


Parfois,  ces  très  jeunes  chats  ont  été  conservés  dans  de  petits  sarcophages  rectangulaires 
à  dessus  convexe,  faits  de  planchettes  assemblées  avec  des  chevilles  de  bois  ;  ou  bien  encore  ils 
ont  été  placés  a  l'intérieur  d'une  statuette,  également  en  liois  et  ornée  de  lignes  décoratives, 
([u'on  a  protégée  ensuite  de  bandelettes,  comme  on  l'eiit  lait  pour  une  chatte  véi'itable  (rtg.  11). 

Les  animaux  un  peu  plus  grands,  ainsi  que  les  adultes,  ont  été 
prépai'és  d'une  manière  différente.  Ils  sont  momitiés  comme  les  gazelles 
de  Kom-Méréh.  c'est-à-dii'c  enveloppés  de  nombreuses  et  larges 
bandes  de  toile  complètement  jaunies  par  la  substance  résineuse  et  le 


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Fig.  11.  —  Statuette  EN  bois  creux. 
DE  Sakkara.  (1/3  gr.  nat.) 


Fig.   1-.  —  Momie  de  chat 
DE  Stabl-Antar.  (1/3  gr.  nat.) 


Fig.  13.  —  Momie  de  chat 
DE  Stabl-Antar.  (1/3  gr.  nat.) 


natron  dont  elles  ont  été  imbibées.  Par-dessus  ces  premièn^s  épaisseurs,  des  bandelettes 
étroites  d'étofies  à  plusieurs  tons,  brun,  jaune  clair  et  foncé,  ont  été  enroulées,  tantôt  dans 
un  sens  transversal  (fig.  12),  tantôt  obliquement.  Ces  bandelettes  dessinent  des  losanges  ou 
d'autres  hgures  géométriques  sur  toute  la  surface  (tig.  13).  La  tête  des  momies  est  décorée 
de  lignes  représentant  les  yeux  du  chat  ou  les  zélirures  de  son  pelage  :  ses  oreilles  sont  figurées 
artificiellement  par  des  cornets  de  toile  enduits  d'une  peiuturi'  gommée  (pii  les  maintient 
rigides. 

Loi'sque  les  momies  sont    débarrassées    de  leurs  nombreuses  enveloppes  de  toile,  tous 
ces  animaux  apparaissent    les   pattes   de  derrière  repliées,  les  membres  antérieurs  étendus 


CHATS 


21 


le  long  des  flancs,  la  queue  ramenée  contre  le  ventre.  En  ce  qui  concerne  la  tète,  elle  a  été 
redressée  comme  on  le  remarque  pour  les  chiens,  perpendiculairement  à  la  long'ueur  du  corps 
(Ûg.  14). 

Les  chats  contenus  dans  les  petites  momies  (dg.  12 
et  13)  ne  se  rapportent  pas  à  une  forme  différente  de  celle 
à  laquelle  appai'tient  l'indiviilu  représenté  parla  figure  14. 
Ils  sont  tous  de  la  même  espèce,  mais  les  petits  sont  de 
jeunes  animaux  très  éloignés  de  la  taille  des  adultes. 
Nous  avons  reconnu  qu'ils  sont  encore  pourvus  de  la 
dentition  de  lait. 

Toutes  les  momies  présentaient,  avec  de  légères 
variantes  dans  la  décoration  extérieur(\  l'aspect  indiqué 
par  les  figures  qui  précèdent.  Une  seule  faisait  excep- 
tion. C'est  celle  qui  est  dessinée  figure  15.  Dans  cette 
dernière,  l'animal  a  été  enveloppé,  non  plus  les  mem- 
hres  ramenés  contre  le  corps,  mais  réunis  deux  par  deux, 
de  manière  à  présenter  la  silhouette  d'un  chat  dressé  sur 
ses  pattes.  Il  était  entièrement  entoui'c''  de  liandes  de  toile 
d'une  failde  largeur,  imprégnées  aussi  de  uati'on  et  de 
substance  goudronnée. 

Si  l'on  en  juge  d'après  les  amoncellements  extra- 
ordinaires de  momies  qui  se  rencontrent  encore  de  nos 
jours  dans  les  nécropoles  égyptiennes,  ces  chats  étaient 
sans  dout(>  domestiqués.  Mais,  d'après  les  relations  des 
anciens,  ils  vivaient  dans  une  domestication  moins 
étroite  que  nos  chats  d'Europe  ;  ils  pourvoyaient  eux- 
mêmes  à  leur  nourriture  et  se  multipliaient  dans  les 
villages,  autour-  des  maisons,  grâce  au  respect  dont  la 
population  les  entourait.  Nous  avons  cependant  remai- 
qué  sur  quelques  crânes  des  traces  de  coups,  notamment 
des  fractures  des  os  du  nez;  mais,  sauf  les  animaux 
morts  de  maladie  ou  de  vieillesse,  la  plupai't  ont  été, 
ainsi  que  les  chiens  probal)lement,  étranglés  ou  noyés, 
peut-être  à  des  mon^ents  où  leui'  nomlire  di'vcnait  un 
danger  pour  les  habitants. 

Plusieurs  spécimens  de  chats  momifiés  ont  r'té  déjà 
étudiés.  Les  zoologistes  ont  constaté  que  ces  animaux 
se  rapportent  en   général  à  Felis  inanict/lalfi,  Cretsz. 
Quelques-uns  appartiennent    pourtant,    d'api'ès    P.     (Jervais'    à    Fcli.s    c/il/f/utd.    Temm. 
(le  Buhastcs  d'Hasselquist). 

Blain^'ille  ■-.   de  son    côté,    a  reconnu    FcUs   chaus  dans   une   tête   momifiée.    Enfin. 


Fio-,  14. 


MOMIK  DE  CH.\Ï  DE  StABL-AnTAR. 

(1/3  SI-,  liât,) 


'  P.  Gervais,  Histoire  des  mammifères,  1885,  p.  89. 
-  Blainville,  Osléographie,  pi.  XIX. 


9> 


FAUNE   DE    L'ANCIENNE    EGYPTE 


A.  Noliring'  a  signalé  en  1889  à  la  Société  d'anthropologie  de  Berlin,  miti-e  Fclls  manicu- 
lata,  deux  espèces,  Felis  serval  et  F.  chaiis,  d'après  des  crânes  de  momies  de  Béni- 
Hassan.  Nous  citons  ces  félins  S(Milement  pour  mémoire,  car  nous  n'avons  pas  examiné 
les    pièces    d'après  lesquelles  ils   ont   été  reconnus. 

Notre  étude  a  porté  sui'  plus  de  cinquante  crânes  et  squelettes  de  chats  momifiés  de  diifé- 


f-^'"fl* 


ï  -  l 


Fig.  15.  —  McMiE  DE  CHAT  DE  Stabi.- Antar.  (1/3.  gi'.  nat.) 

rents  âges,  provenant  en  grande  partie  de  Stal)!- Antar.  A  part  un  fragment  de  mâchoire  supé- 
rieure pourvue  de  la  dentition  de  lait  paraissant  appartenir  à  i'^eZ/j?  serval,  mais  que  la  mauvaise 
conservation  et  l'insuftisance  du  document  ne  pei'mettent  pas  de  déterminer  avec  certitude,  nous 
n'avons  rencontré  parmi  ces  nonil)renx  niati-i'iaux  que  d(^s  animaux  de  l'espèce  Felis  manicu- 
lata,  Cretz.  Dans  cette  espèce,  toutefois,  les  vai-iations  individu(.41es  sont  assez  étendues.  Les 
plus  petits  exemplaires  se  rapportent,  avec  une  taille  un  peu  plus  élevée  pourtant,  au  type  de 
Felis  maniculata  de  Cretzschmar,  les  grands  sont  tout  à  fait  semblables  à  un  Felis  maniculata 
mâle  et  sauvage  de  Tunisie,  dont  les  dimensions  sont  les  mômes  que  celles  indiquées  par 


'  Nehring,  Verhandlungen  der  Derl.  anthrop.  Gesellschaft,  p.  558,  20  juillet  1869. 


CHATS  23 

Temminck  pour  Felis  caligata,  «  le  chat  botté  »  de  Bruce.  Avec  une  taille  variable,  les  pro- 
portions dos  membres,  du  corps  et  de  la  queue  correspondent  très  bien,  chez  tous  ces 
animaux,  à  celles  de  Felis  maniculata.  Des  recherches  ultérieures  établiront  très  probable- 
ment que  le  «  chat  botté  »  (Felis  caligata,  Temminck,  1827)  appartient  à  la  même  espèce 
que  le  «  cliat  ganté  »  de  Gretzschmai'  (Felis  launiciilata,  Gretz.,  1826).  (k)nt  le  type  a  été 
décrit  d'après  une  femelle  adulte  exceptionnellement  petite. 

Nous  avons  divisé  ces  nombreux  chats  momifiés  en  deux  séries,  comprenant  :  1°  Les 
grands  individus  tout  à  fait  semblables  au  Felis  maniculata  sauvage  de  Tunisie  ;  2"  les  indi- 
vidus plus  petits,  voisins  par  leur  taille  des  chats  domestiques  de  l'Egypte  actuelle  ou  de 
l'Europe  et  qui  se  distinguent  en  outre  des  premiers,  par  de  L'gères  diflérences  dans  les  pro- 
portions de  la  face  et  du  crâne.  Bien  que  tous  ces  animaux,  grands  et  petits,  aient  dû  vivre 
autrefois  de  la  même  manière  à  demi  sauvage,  autour-  des  haljitations.  nous  considérons  les 
individus  de  la  seconde  série  comme  les  chats  domestiques  proprement  dits  des  anciens  Egyp- 
tiens. Ils  seront  décrits  sous  le  nom  de  Felis  'maniculata,  vai\  domestica,  Fitz. 

Ces  deux  variétés,  qui  dérivent  sans  doute  l'une  de  l'autre,  n'étaient  pas  aussi  distinctes 
dans  l'antiquité  qu'elles  le  sont  de  nos  jours.  On  trouve,  enefïet,  des  individus  momifiés  ofïi'ant 
des  caractères  nettement  intermédiaires  à  l'une  et  à  l'autre.  Les  diflérences  se  sont  accentuées 
peu  à  peu  entre  la  forme  sauvage  et  la  variété  domestique,  vraisemblablement  par  suite  de 
l'adaptation  de  celle-ci  à  de  nouvelles  conditions  d'existence  et,  aussi  d'aliord,  grâce  à  la 
préférence  que  les  anciens  devaient  donner  aux  plus  petits  individus,  lorsqu'ils  les  destinaient 
à  l'intérieur  de  leurs  maisons. 

Dans  nos  oliservations  craniométriques  sur  les  chats,  nous  avons  suivi  la  même  méthode 
que  pour  les  chiens  et  les  chacals. 

FELIS  MANICULATA.  Cretzschmar. 

(PI.  letfig.  16  à  18) 

Felis  maniculata,  Rûppell,  Atlas  zu  der  lieise  ini  nordlichen  Afrika,  p.  1,  pi.  I,  1826.  —  Temminck,  Monogr. 
de  mammalogie,  p.  129,  1827. 

Parmi  les  chats  momifiés,  les  animaux  de  cette  forme  sont  le  plus  nomlu-eux.  Nous  avons 
examiné  les  restes  osseux  de  plus  de  trente  individus  adultes  de  divers  hypogées  :  Sakkara, 
Rôda  et  surtout  Sta])l-Antar.  Ils  sont  absolument  identiques  au  crâne  et  au  squelette  d'un 
Felis  'maniculata  sauvage,  capturé  il  y  a  quelques  années  en  Tunisie  et  ofiéi't  au  parc  de  la 
Tête-d'Or  par  M.  Ferrouillat.  La  morphologie  générale  de  cette  espèce  est  la  suivante  : 

Environ  la  taille  de  notre  chat  sauvage,  ini  peu  plus  forte  même  chez  quelques  indi- 
vidus inàles;  queue  grêle  et  longue  de  28  à  31  centimètres.  Oreilli-s  l)lanclies  en  dedans,  gris 
jaunâtre  à  l'extérieur,  sans  pinceau.  Faces  postérieures  des  métacarjies  et  métatarses  com- 
plètement noires  ainsi  que  la  plante  des  pieds. 

Dans  l'ensemble,  la  couleur  du  pelage  est  gris  cendré  jaunâtre,  mêlé  de  iau\-e  et  de  noir 
sur  le  dos,  le  cou  et  la  tête.  Les  poils  delà  région  dorsale  de  tout  le  corps,  y  compris  la  queue, 
sont  annelés  de  jaune  et  de  noir.  La  (pieue  se  termine  par  une  tache  noire,  précédée  de  deux 
anneaux  également  noirs.  Longs  poils  des  lèvres  et  des  sourcils  blancs,  queLpies-uns  noirs  à 
la  base,  blancs  à  la  pointe.  Sur  les  yeux  deux  taches  blanches  séparées  }iar  une  l)ande  médiane 


24  FAUNE    DE    L'ANCIENNE    EGYPTE 

brune.  Face  externe  des  membres  avec  trois  ou  quatre  l)andes  transversales  pins  on  moins 
brunes  ou  noires  selon  l'âge  et  le  sexe.  Partie  inférieure  du  corps  et  de  la  queue,  face  interne 
des  membres  postérieurs  de  teinte  très  claire,  blanc  nuancé  de  fauve. 

Chez  les  spécimens  des  régions  désertiques,  la  teinte  dominante  de  tout  le  corjis  est  gris 
fauve  ainsi  que  chez  la  plupart  des  êtres  de  ces  régions. 

Dans  l'antiquité,  Felis  maniculata  habitait  probablement  l'Égvpte  entière,  puisqu'il  est 
comnum  dans  les  hypogées  quiavoisinent  le  delta  aussi  bien  que  dans  ceux  delà  Haute-Ég\i)te. 
Actuellement,  on  l'a  signalé  n\  Tunisie  et  d'abord  en  Nubie,  sur  la  rive  gauche  du  Nil,  oxx 
Rûppell  l'a  observé  dans  une  conti"ée  alternativement  rocheuse  et  couverte  de  buissons. 

Suivant  Hamilton',  ce  chat  vit  aussi  en  Abyssinie.  à  l'état  sauvage  et  domestique  à  la 
fois.  Il  a  été  décrit  jtresque  en  même  temps  par  Gretzschmar  et  Temminck.  ([iii  l'ont  tous  deux 
désigné  comme  la  souche  de  notre  chat  domestique.  Cette  opinion  a  été  partagée  depuis  par 
Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  le  plus  grand  nombre  des  naturalistes. 

Cependant  Blainville^  a  cru  pouvoir  contester  la  justesse  de  cette  sup}»osition.  en  se 
basant  sur  une  mâchoire  de  jeune  chat  momihé  dont  la  dentition  de  lait  était  différente  en 
môme  temps  de  celle  de  notre  chat  sauvage  et  d(>  la  dentitiou  de  lait  Aq.  noti-e  chat  domestique. 
«  Je  dois  faire  observer,  dit-il.  que  dans  Felis  tnaniculata,  la  première  molaire  inférieiu'e  de 
lait  est  pourvue,  sans  doute  à  cause  de  son  épaisseur,  d'une  troisième  racine  intermédiaire  qui 
n'existe  pas  dans  la  dent  correspondante  du  chat  d'Europe,  sauvage  et  domestique,  ce  qui 
confirme  la  distinction  de  ces  deux  espèces  et,  par  conséquent,  démontre  que  notre  chat  doraes- 
ticjue  n'a  pas  pour  souche  sauvage  le  chat  d'Egypte,  comme  l'a  pensé  Temminck.   » 

Nous  avons  fait  des  recherches  sur  plusieurs  indi\'iihis  momitiés  jeunes,  sans  rencontrer 
le  cas  signalé  pai*  de  Blainville.  Toutes  les  molaires  inférieures  de  lait  examinées  possédaient 
seulement  deux  racines.  L'observation  de  Blainville  a  sans  doute  porté  sur  une  anomalie 
comme  on  en  rencontre  souvent  aussi  soit  dans  la  forme,  soit  dans  le  nombre  des  molaires. 

On  peut  donc,  croyons-nous,  continuer  à  penser  que  le  chat  sauvage  d'Egypte  a  participé, 
avec  une  autre  espèce  sauvage  peut-être,  à  la  formation  de  la  race  di'  nos  chats  domestiques, 
qui  compte  plusieurs  variétés,  mais  dont  la  plus  commune,  à  poil  coui't  et  à  longue  ([ueiie.  i-es- 
semlde  lieaucoup  plus  à  Felis  maniculahi  ({u'au  chat  sauvage  d'Europe. 

Brehm^  suppose  que  le  chat  égyptien  a  dû  pénétrer  dans  nos  pays  par  l'Arabie,  la  Syrie  et 
l'Asie  Mineur(\  On  doit  admettre  plutôt  qu'il  nous  est  arrivé  par  l'Espagne,  puisque  tous  les 
voyageurs  ont  remarqué  dans  la  péninsule  un  chat  doniesti<pie  de  failli'  l'cdativement  grande, 
haut  sur  pattes,  à  lonLiiie  queue,  plus  voisin  pai"  consiMpient  de  Felis  inaniciddid  (pie  ne  l'est 
notre  chat  domestique  commun.  Le  chat  actu(d  du  sud  de  l'Espagne  serait  donc  un  descendant 
direct  de  Felis  manieulala  :  il  représenterait  la  faune  africaine  presqu'au  même  titre  que  les 
singes  de  Gibraltar. 

Le  squelette  de  Felis  luanicidaia  momifié  est  représenté  ])ar  la  figure  10  qui  a  été  dessinée 
d'après  une  photographie  du  spécimen  n°  7,  de  Stabl-Antar.  La  liauteur  du  corps,  la  gracilité 
des  mem])res,  sont,  naturellement,  encore  plus  accusées  sur  le  squelette  que  sur  l'animal  ^■ivant  ; 
le  thorax  surtout  est  très  faillie  compai'ativemimt  à  l'ensemble  du  eorjts.  La  longueur  de  celui-ci. 

'  Hamilton,  thf  wild  Cal  of  Europe,  p.  70,  London,  1896. 
-  De  Blainville,  Ostéographie,  p.  65,  vol.  IV. 
^  Brehm,  la   Vie  des  animaux,  p.  283. 


Arch.   Mus.   —  t.   VIII. 


26 


FAUNE    DE    L'ANCIENNE    EGYPTE 


mesm'ée  de  l'extrémité  postérieure  des  ischions  à  la  première  apophyse  dorsale,  vai'ie  de  34  à 
38  centimètres.  Les  memlires  antérieurs  et  postérieurs  ont  environ  les  mômes  proportions  de 
longuem\  chez  les  divei's  individus  examinés,  seul  le  diamèti'e  varie  im  peu. 

La  longueur  de  l'omoplate,  prise  de  la  cavité  glénoïde  à  l'extrémité  siipér-ieui-e,  sur  l'axe 
de  l'épine  acromienne,  est  plus  forte  chez  les  spécimens  anciens.  On  doit  signaler  encore  poui- 
ceux-ci  l'existence  fréquente  de  deux  clavicules  de  20  millimètres  de  longueur  envh'on  et  de 

2  ou  3  millimètres  de  diamètre,  qu'on  ne  rencontre 
que  rarement  chez  les  chats  de  notre  époque. 

Tous  ces  animaux,  modernes  ou  momifiés,  ont 
23  vertèbres  thoraciques:    13  dorsales,  7  lombaires 


Fig.    17.  —  Felis  maniculata  de  Stael-Antar. 
(Gr.  liât.) 


Fig.   18.  —  Felis  maniculata  de  Stabl-.^ntar. 
(Gr.  nat.) 


et  3  sacrées.  L'ensemble  des  vertèbres  caudales  ofïre  toujours  les  mêmes  proportions   rela- 
tives. 

Le  tableau  suivant  donne  les  dimensions  relevées  sur  les  squelettes  de  trois  individus 
anciens  et  d'un  spécimen  actuel  de  Felis  nianiciilata . 


Longueur  du  corps 

—  de  l'omoplate      .     .     .     . 

—  de  rimmérus 

—  du  radius 

—  du  troisième  métacarpien  , 

—  du  fémur 

—  du  tibia 

—  du  troisième  métatarsien  . 


Felis  maniculata 

F.  maniculata 

(momifiés) 

(moderne) 

Stabl-Antar. 

Tunisie. 

n"? 

n"  49 

w  56 

u°  7fi  cf 

360 

380 

380 

370 

7!) 

77 

79 

75 

110 

115 

112 

114 

105 

109 

105 

113 

38 

38 

39 

38 

127 

129 

126 

128 

130 

128 

126 

131 

57 

61 

59 

60 

CHATS 


27 


Le  cràno.  est  assez  vai'ial)le,  soit  coiniiK^  forme,  soit  coinmo  dimension.  La  plus  grande 
longueur  (|u'il  puisse  atteindre  est  indiquée  par  la  planche  I,  sur  laquelle  sont  représentés  le 
crâne  et  quelques  os  de  membres  d'un  chat  de  Rôda  (n°  49),  exceptionnellement  grand  et 
très  âgé,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  par  sa  crête  sagittale.  Ce  crâne  est  plus  grand,  de  quelques 
millimètres,  que  la  plupart  des  autres  spécimens,  mais  sa  dentition,  la  structure  des  os  du 
nez  et  du  front  correspondent  tout  à  fait  à  F.  maniculata;  il  ne  peut  être  confondu  avec  le 
crâne  de  Felis  sen-al  qui  ofire  des  proportions  et  des  caractères  biens  différents. 

L(is  diverses  régions  du  crâne  :  voûte  palatine,  sphénoïdes,  ];)ulle  tympanique,  occipital  et 
pai'iétal  (flg.  17  et  IS)  ont  la  même  structure  que  dans  notre  chat  d'P^urope,  sauvage  ou 
domestique^.  Toutefois  le  diamètre  bizygomatique  parait  plus  fort  chez  Felis  ■maniculata  (pi.  I  et 
fig.  17).  L'aspect  externe  du  frontal  varie  un  peu.  convexe  le  plus  souvent  dans  sa  partie  supé- 
l'ii'ure,  il  est  par-fois  plat  et  même  légèi'ement  dépriuKJ  suivant  la  ligne  médiane  antéro-postérieure. 

En  ce  qui  concerne  la  dentition,  nous  la  ti'ouvons  la  même  chez  tous  ces  animaux,  seule 
la  carnassière  est  en  moyenne  un  peu  plus  faible  chez  les  individus  momitiés. 

Les  principales  dimensions  du  crâne  de  F.  maniculata  sont  indi([uées  ci-après  : 


Longueur  basilaire  de  la  tête  osseuse 

—  basilaire  du  crâne 

—  l)asilaire  de  la  face 

—  max.  des  os  du  nez 

Largeur  max.  des  os  du  nez 

Longueur  de  la  voûte  palatine 

Largeur  de  la  voûte  palatine 

Diamètre  bi-ttmporal 

—  bi-aurioiilaire 

—  bi-zygomatique  maximum 

—  interorbitaire  minimum 

Longueur  du  crâne 

—  de  la  face 

Hauteur  du  crâne 

Longueur  de  la  canine  et  des  molaires  supérieures  . 

—  de  la  carnassière 

Largeur  de  la  carnassière 


Fel 

is  maniculat' 

a. 

F. 

nianicula 

(momitiés) 

moderne 

Stabl-Anlar 

n"  4'i 

Rôda 
n"  49 

Tunisie 

a."  7 

u"  43 

n"76  d" 

87 

84 

86 

90 

87 

31 

30 

30 

35 

33 

56 

52 

56 

57 

54     ■ 

31 

30 

27 

32 

30 

13 

13 

14 

14 

12 

39 

36 

39 

39 

36 

35 

33 

34 

36 

34 

46 

43 

46 

45 

46 

38 

37 

39 

40 

40 

70 

68 

69 

74 

73 

19 

18 

19 

20 

19 

77 

74 

78 

82 

79 

42 

39 

40 

42 

41 

37 

35 

36 

39 

36 

32 

28 

34 

32 

32 

11 

11 

12 

11 

12 

5 

5 

7 

6 

6 

FELIS  MANICULATA,  Cretz,  var  DOMESTICA.  Fitz. 

(Fig.   19  à  20) 


Les  individus  de  cette  variété  sont  moins  nombreux  que  ceux  de  la  forme  précédente. 
Néanmoins  nous  en  avons  rencontr/'  plus  de  ilix  spécimens  parmi  les  momies  provenant  de  Ri'ida, 
Thèbes  et  Staljl-Antar. 

Les  caractères  généraux  sont  les  mêmes  que  dans  l'espèce  sam'age,  mais  la  taille  de  la 
plupart  des  individus  est  sensiblement  plus  lailile;  (m  outre,  les  proportions  de  la  face  et  du 
crâne  sont  un  peu  différentes. 

La  longueur  du  corps,  mesurée  comme  précédemment,  atteint  de  32  à  3-1  centimètres; 


CHATS  29 

celle  de  la  queue  varie  de  25  à  28  centimètres.  La  figure  10  reproduit  le  s({uelette  de  la  momie 
n"  S.  de  Stald-Antar,  c'est  un  des  plus  grands  spécimens  de  la  variété  douiestique.  Ainsi  qu'on 
le  voit,  la  gracilité  des  membres,  le  volume  relatif  delà  tête  osseuse  et  du  thorax  ne  diffèrent 
pas  du  tout  de  ce  qu'ils  sont  dans  la  forme  sauvage.  Nous  sommes  en  présence  de  doux  variétés, 
encore  très  voisines,  d'une  même  et  unique  espèce.  La  plus  petite  se  différenciera  peu  à  peu,  au 
cours  des  siècles,  par  suite  de  l'adaptation  à  ses  nouvelles  conditions  d'existence,  pour  aboutir  à 
la  forme  qu'on  trouve  domestiquée  actuellement  dans  la  vallée  du  Nil,  et  dont  mi  exemplaire  a 
été,  très  o])ligeamment  offert  au  Muséum  de  Lyon,  par  M.  le  professeur  Walter  Innés  du  Caire 

Dans  le  chat  domestique  de  l'Egypte  actuelle  (n°  79),  les  dimensions  sont  bien  plus  faibles  que 
chez  les  plus  petits  individus  de  la  vari(Hé  domestique  ancienne,  mais  elles  sont  toutes  réduites 
enviniu  suivant  le  même  rapport.  La  taille  diminue  bien  que  la  forme  du  corps  restiA  la  même. 

Un  peut  juger  de  la  siuulitude  très  a}>proximative  des  rayons  osseux  di.'s  meml)res.  chez 
les  chats  domestiques  modernes  et  anciens,  par  le  tableau  ci-après  dans  lequel  sont  données  les 
dimensions  de  trois  squelettes  momifiés  de  Stabl-Antar  et  Thèbes,  et  de  deux  sf[uelettes  actuels 
d'Egypte  et  de  France. 


F.  maniculata,  var. 

domestica 

F.  domestica 

(mumiûésl 

(modernes) 

Stabl- 

■ADtar 

Tlièbes 

France 

Egypte 

n"  8 

11"  16 

n"  77 

n"  80 

■l''79 

340 

330 

320 

330 

300 

69 

OS 

68 

64 

62 

108 

104 

101 

84 

91 

105 

96 

94 

90 

88 

36 

38 

34 

35 

29 

121 

118 

113 

109 

103 

122 

116 

114 

110 

106 

57 

56 

52 

53 

46 

Longueur  du  corps 

—  de  l'omoplate 

—  de  l'humérus 

—  du  radius 

—  du  troisième  métacarpien 

—  du  fémur 

—  du  tibia 

—  du  troisiènae  métatarsien 

A  propos  de  la  tête  osseuse  de  i^e&  m/rniculafa  var.  domestica  (fig.  20  et  21),  nousavons 
dit  qu'elle  se  distingue  de  celle  du  chat  ganté  sauvage  par  une  légère  différence  dans  les 
proportions  relatives  du  crâne  et  de  la  face.  On  remarque,  en  effet,  que  chez  les  individus 
sauvages  de  F.  manio'/t/ftt,  la  longueur  de  la  face  (n°  7  =  12  millimètres),  est  toujours 
sui^érieui'e  à  la  moitié  de  la  longueui-  du  eraue  (n"  7  =  77  millimètres),  alors  (jue  dans 
les  spécimens  anciens  de  la  variété  domestique,  cette  longueur  de  la  face  (n"  1(5  =  3.5  milli- 
mètres) est,  au  contraire,  constamment  infV'rieure  ou  égale  à  la  moitii''  (!<■  la  longueur  du  crâne 
(n"  46  =  74  millimètres). 

C^ette  même  réductie)n  de  la  face  s'o].)ser\-e  chez  les  chats  domestiques  actuels  d(.'  nos  pays 
et  de  l'Egypte. 

Sur-  la  tête  osseuse  des  félins  de  grande  taille,  la  différence  entre  le  crâne  et  la  face  est 
beaucoup  moins  accentuée.  Une  panthère  de  Clochinchine,  de  la  collection  du  Mus('um  de  Lyon. 
mesure  pour  la  face  7S  millimètres,  et  pour  le  crâne  123  millimètres  seulement. 

Ces  caractères  différentiels  sont  de  la  même  nature  que  ceux  indiqués  précédemment  poui- 
la  distinction  des  races  de  chiens  domestiques  et  sauvages.  Ceux  que  nous  signalons  entre  les 
crânes  des  chats  sauvages  et  domestiques  ne  portent  (jue  sur-  quelques  millimètres,  en  raison 
de  la  faible  taille  de  ces  animaux,  mais  ils  sont  néanmoins  très  importants  à  noter-,  parce  qu'ils 


30 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 


démontrent  que  la  domestication  produit  le  même  phénomène  de  réduction  de  la  face  au  profit 
du  crâne  proprement  dit,  aussi  bien  chez  les  Félidés  que  chez  les  Canidés.  Il  n'en  est  pas  de 
même  chez  les  animaux  domestiqués  pour  leur  chair  ou  leui-  toison. 


Fig.   20.  —  Felis  maniculatavAR.  domestica  Fig.  21.  —  Felis  maniculala  var.  domestica 

DE  Rôda  (Gr.  iiat.)  de  Stabl-Antar  (Gr.  nat.) 

Ces  oI)servations  permettent  ainsi  de  distinguer  deux  variétés  de  la  même  espèce,  à  un 
stade  où  la  différenciation,  bien  ([uepeu  sensible,  est  évidente  cependant. 

Les  dimensions  i'(dativ('s  aux  crânes  des  chats  domestiques  anciens  et  modernes  sont 
réunies  dans  le  tableau  qui  suit. 

F.  nianiculata^  var.  domestica  F.  domestica 

(momifiés)  (modernes) 

Rôda        Thèbes              Slabl-Aiilar  France                Egypte 

n»  46       no  77         n"  8        n°  45  n"  78       n"  80        n"  79 

Longueur  basilaire  de  la  tête  osseuse     ...         78           79           84           79  77           74           73 

—  basilaire  du  crâne 28           28           31           29  27           27           26 

—  basilaire  de  la  face 50           51           54           50  50           47           47 

—  maximum  des  os  du  nez  ....         23           26           27           26  26           24           25 
Largeur  maximum  des  os  du  nez      ....         12           12           13           12  11           10           11 

Longueur  de  la  voûte  palatine 34           34           34           37  33           33           32 

Largeur  de  la  voûte  palatine 31           31           33           31  32           31           32 

Diamètre  bi-temporal 43          47          44           45  42          40          41 

—  bi-auriculaire .37           37           38           39  37           35           35 

—  bi-zygomatique  maximum ....         62           68           68           63  66           63           64 

—  interorbilaire  minimum     ....         17           17           20           17  18           15           17 
Longueur  du  crâne 74           75           80           73  70           68           69 

—  de  la  face. 35           36           40          36  35           33           34 

Hauteur  du  crâne 35           36           35           36  35           33           33 

Longueur  de  la  canine  et  des  molaires  super.         30           30           30           31  27           20           27 

—  de  la  carnassière 11           10           10           11  10             9             9 

Largeur  de  la  carnassière  ......           5             5             5             5  5             5             5 


CHATS  31 

Lorsqu'on  étudie  une  nombreuse  série  de  chats  momiflés,  on  remai-que  très  bien  (juo  la 
forme  sauvage  n'est  pas  nettement  séparée  de  la  vaiiété  domestique.  Elles  paraissent,  en  eliét, 
rattachées  l'une  à  l'autre  par  certains  types  dont  les  proportions  de  la  tête  osseuse  et  des 
membres  sont  intermédiaires  à  celles  qui  les  cai^actérisent  toutes  deux.  Dans  les  tableaux 
précédents  le  squelette  n"  8  représente  l'un  de  ces  types  :  les  particulai'ités  de  ce  spécimen  sont 
environ  intermédiaires  aux  deux  formes  domestiques  et  sauvages  de^Felia  uiayurulatu  anciens. 
De  même,  le  crâne  moderne  n°  78  semble  faire  transition  entre  la  forme  commune  du  chat 
domestique  de  l'Europe  actuelle  et  le  chat  domestique  de  l'Egypte  ancienne. 


INSECTIVORES 


MUSARAIGNES 

Les  musaraignes  appai'tenant  aux  genres  Sorex  et  Croridura  sont  tous  Je  très  petits 
mammifères  ayant  l'appai^ence  de  rats  ou  de  souris.  Cependant.  e(>  qui  les  distingue  imni(klia- 
tement  de  ces  Rongeurs,  c'est  leur  queue  plus  courte,  et  surtout  leur-  tète  plus  effilée, 
à  museau  très  allongé  et  pointu.  Les  oreilles  sont  plus  courtes  et  plus  ai'i-ondies:  leur  système 
dentaire  est  absolument  différent  de  celui  des  rats. 

Les  musai'aignes  sont  répandues  dans  presque  toutes  les  régions  du  monde.  Quelques  espè- 
ces ont  des  dimensions  relativement  assez  considérables;  d'autres,  au  contraire,  représentent  les 
plus  petits  des  mammifères  connus. 

Ces  animaux  vivent  surtout  d'insectes,  nourriture  a])solument  en  rapport  avec  la  structure 
de  leur  système  dentaire  qui  consiste,  en  avant,  en  une  paire  de  fortes  incisives  supérieures 
et  inférieures  :  les  supérieures  sont  ai'quées  et  renforcées  à  leur  base  postt'rieure  pai-  un  talon 
comprimé,  simulant  une  forte  dentelure.  Les  inféi'ieures  ont  leur  couronne  plus  longue  que  la 
racine  et  disposée  en  lame  de  couteau,  quelquefois  dentelée  sur  son  tranchant.  En  ai'rière  de 
la  paire  d'incisives  supérieures,  se  trouvent  de  trois  à  cinq  jietites  dents  gemmiformes  qui, 
étant  placées  entre  l'incisive  et  la  véritalde  molaire,  sont  désignées  sous  le  nom  de  dents 
intermédiaires.  Derrière  elles,  à  la  mâchoire  supéi'ieure,  se  placent  quatre  paires  de  molaires 
vraies,  dont  la  dernière  est  étroite  transversalement.  L'incisive  inférieure  est  suivie  de  deux 
petites  dents  intermédiaires  et,  après  celles-ci,  se  voient  trois  molaires  de  grandeur  décrois- 
sante, dont  la  première  est  la  plus  développée.  D'après  le  nombre  vai'iable  des  dents  intermé- 
diaires supérieures,  les  musaraignes  ont  donc  28.  30  ou  32  dents.  Le  crâne  de  ces  mammifères 
est  dépourvu  d'ai'cade  zygomatique. 

Depuis  longtemps  on  sait  par  Hérodote  et  Diodore  de  Sicile,  que  les  musaraignes  é'taient 
considér(''es  comuK^  des  animaux  sacrés  par  les  anciens  Egyptiens,  qui  les  momifiaient  en  gi-and 
nombre,  et  ipii.  au  dh'e  d'Hérodote,  les  inhumaient  à  Buto  '. 

'  Hérodote,  Livre  II,  n"LXVII  et  GLV.  Buto,  ville  sainte,  placée  sur  l'embouchure  Sébennitique  du  Nil. 


INSECTIVORES 


33 


lo  CROGIDURA  GI  GANTE  A,  Geoffroy. 

Annales  du  Muséum  de  Paris,  1827,  p.  117,  fig.  3. 
(Fig.  2â) 

Pelage  d'un  gris  cendré  légèrement  roussàtre  en  dessus.  iTi m  eciidré  pur  en  dessous. 
Oreilles  grandes  non  cachées  au  uiilicu  des  [loils;  queue  arrondie  formant  plus  du  tiers  de  la 
longueur  totale.  Longueur  de  la  tête  et  du  corps  de  10  à  li  centimètres.  Incisives  inférieures 
blanclies,  non  dentelées.  Laloni;ueur  de  la  mâchoire  inférieure,  du  condvh^  au  bord  d(^  l'incisive 


est  lie  1'.)  mUlimètres.  La  formule  dentaire  est 
idculiipie  à  celle  de  la  musette  d'iùiropi^. 


1 


1 


1  —  0  —  2  —  3 


il' 
12 


=   28.    elle   est 


Fig.  22.  —  Sarcophage  de  musaraigne.  (Or.  nat.) 

D'après  Gervais*,  la  musaraigne  géante,  a  le  pelage  d'un  brun  gris  argenté  et  porte  une 
queue  épaisse  à  son  origine.  Elle  d(''passe  notablement  en  grandeur  celles  de  nos  pays  et  se  ren- 
contre dans  plusieurs  localités  de  l'Egypte.  Olivier^  s'était  déjà  procuré  des  momies  de  Musa- 
raignes provenant  des  puits  de  Sakkai'a.  C^ette  espèce,  relativement  très  Lirande.  nous  a  été 
aussi  envoyée  momifiée  de  la  même  localité  :  elle  est  toujours  (■ut(iiii-i''e  avec  soin  de  ])ande- 
lettes  enduites  de  bitume. 

Geoffroy-Saint-Hilaire  en  a  observé  un  certain  nomliri?  dans  les  collections  rap- 
portées par  Passalacqua;  nous  transcrivons  ici  la  description  qu'il  on  donne  dans  son  mémoire 
sur  les  musaraii>nes^. 


'  Gervais,  Mammifères,  I,  p.  242. 

-  Olivier,  Voyage  dans  l'Empire  Ottoman,  vol.  II,  p.  94,  et  atlas. 

'  Geoffroy-Saint-Hilaire,  Mémoire  .sur  quelques  espèces  du   genre  MusaraiLcno    (Annales  du  Muséum   de 
Paris,  1827,  p.  117,  et  fig.  3). 

Arch.  Mus.  —  t.  VIII  *  5 


34  FAUNE    DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 

«  La  musai'aigne  géante,  dit  le  savant  profcsspui'.  n'a  oncore  été  trouvée  que  dans  l'Inde, 
ou  plutôt  l'Inde  est  la  seule  contrée  où  ou  l'ait  trouvée  vivante,  car  il  est  probable  que  l'on  doit 
rapporter  à  cette  espèce  une  grande  musaraigne  découverte  à  l'état  de  momie  en  divers  lieux 
de  l'Égvpte,  par  Olivier  et  Passalacqua. 

«  Ce  dernier  a  rappoi-ti'  deux  ^'iijcts  provenant  d'nu  tduibcaii  de  la  nécropole  de  Thèbes, 
où  on  les  avait  placés  avec  des  Oiseaux,  des  Reptiles  et  même  des  Insectes,  et  pai'ticulière- 
ment  av(>c  plus  de  vingt  individus  de  cette  petite  espèce  de  Sorex.  que  j'ai  fait  connaître 
sous  le  nom  de  S.  j-r/ii/ios/'s.  Tous  ces  animaux  se  trouvaient  mêlés  ensemble,  sans  qu'au- 
cun d'eux  eût  un  l)andage  à  part. 

«  Olivier  nous  apprend  (pie  les  musaraignes  (pril  a  trouvcM's  dans  un  des  puits  d'oiseaux 
sacrés  d'Aquisia,  près  de  ]\Iempliis,  étaient  mêlées  à  de:-'.  ecKjuillcs  d'œufs  brisés,  appartenant 
probaJ)lement  à  des  Ibis. 

«  C'est  par  un  examen  attentif  des  tigures  d'Olivier  et  des  individus  rappoi'tés  pai' 
Passalacqua,  que  nous  avons  reconnu  que  la  grande  musaraigne  des  anciens  Égyptiens  n'est 
autre  chose  que  notre  Sorex  giganteus .  Or,  si  l'on  se  rappelle  que  les  naturalistes  de  l'expé- 
dition d'Egypte  n'ont  trouvé  dans  cette  contrée  aucune  musai'aigne.  et  si  l'on  songe  cpu'  la 
taille  considérable  du  Soj'ex  giganieus  ne  lui  permettait  guère  de  se  dérober  à  des  recher- 
ches continuées  pendant  plusieurs  années,  il  seml)le  difficile  de  se  refuser  à  admettre  cette 
conclusion,  que  l'espèce  n'existe  plus  de  nos  jours  à  l'état  vivant  '.  » 

Nous  ne  pouvons  admettre  qu'avec  réserve  les  conclusions  de  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
Il  n'est  guère  pr-obable.  par  raison  géographique,  que  le  Soirx  giga/ifens,  espèce  asiatique, 
se  trouve  en  Egypte  dans  une  région  a])solument  africaine  .- 

Nous  ne  pouvons  croii'e  non  plus  qu'elle  ait  pu  disparaitrt-  comme  l'ibis  qui  a  dû  être 
chassé  sans  merci  pendant  des  milliers  d'années. Les  hal)itants.  au  l'ontraire.  n'avaient  aucune 
raison  de  détruire  les  musaraignes. 

Pendant  nos  longs  voyages  en  Egypte,  nous  n'avons  pu  nous  procurer  ni  dans  le  Delta,  ni 
en  Haute-Egypte,  ni  en  Nubie  vers  M'ady  Halla,  le  Sorcx  giganteus.  Il  est  probable  que 
ce  petit  mammifèi-e  n'est  pas  très  commun,  et  que.  comme  les  musaraignes  d'Europe,  il  ne  sort 
que  la  nuit,  ce  qui  rend  sa  capture  très  difficile. 

D'après  certains  auteurs,  cette  espèce  se  rencontrerait  aussi  en  Palestine,  en  Arabie  et  sur 
le  littoral  de  la  mer  Rouge. 

Mais  nous  croyons  (pie  ces  affirmations  sont  loin  d'être  sérieusement  d(''montrées  par  des 
échantillons  de  provenance  certaine:  à  Tlu''b('s.  nous  avons  trouv('  cette  espèce  admirablement 
momifiée,  et  renfermée  dans  de  jolis  petits  sarcophages  en  ])ois  doré,  tels  ([ue  celui  qui  est 
représent(''  à  la  figure  22.  Sur  la  face  supérieure,  se  trouve,  sculpté  en  plein  bois  et  dorée 
également,  le  Crocidura  glgantea  très  correctement  caractérisé  par  sa  queue  épaisse  et 
relativement  courte. 

'  Nous  sommes  persuadé  que  ceUe  affirmation  n'est  pas  exacte  et  qu'on  retrouvera  en  Egypte  le  Crocidura 
yigantea  dès  qu'on  se  donnera  la  peine  de  le  chercher.  Il  n'y  a  aucune  raison  pour  que  ce  petit  mammifère  ait  été 
détruit  ou  ait  disparu  pour  une  cause  quelconque. 

-  Dans  ce  cas,  il  faudrait  donner  à  l'espèce  égyptienne  un  autre  nom  pour  la  distinguer  de  celle  des  Indes. 


INSECTIVORES 


35 


2o  CROCIDURA  RELIGIOSA,  Geoffroy. 

Annales  du    Muséum  de   Paris,    1827,    p.    l'27,    fig.    1. 
■  (Fig.  23  et  23) 


Cette  espèce  est  très  bien  l'epro'simtée  à  l'état  de  momie  dans  lem(''m()inMl('  (icciffroy-Saint- 
Hilaire  sur  les  Musaraignes.  Les  oreilles  sont 
très  développées  :  la  queue  de  la  longueur  du 
corps  est  à  section  carrée  ;  les  faces  sont  si''pa- 
rées  par  des  angles  très  saillants.  VA\i'  se 
distingue  de  ses  congénères  par  sa  très  petite 

.    -n  •         ,    .  ,      -,  .  11  Fi".  '^3'.   —  Momie  DE  musaraigne.  (Gr.  nat.) 

taille,   qui  est  a  pou  près  la  même  que  celle  =  ' 

au  PacJujiij-a  ctriisca,  mais  dont  la  turmulc  dentaire  (.'st  différente.  Elle  est  aussi  caractérisée 

par  sa   queue,    qui  est  longue    et   dont  l'e.xtrémiti^    pourrait  dépasser   l'occiput  :    par    ses 

grandes  oreilles  et  par  son  pouce  courL  Lorsqu'on  t'ait  dissoudre  dans  l'alcool  le  bitume   (pii 

entoure  la  momie  de  ce  petit  animal,  on  peut  constater  que  les  poils  ont  une  coloration  gris 

souris". 


Fig.  21.  —  Sarcophage  de  Musaraigne.   (Gr.  nat.) 

Les  spécimens  de  la  petite  musaraigne  momiffée  ressemblent  surtout  à  la  Crocidura 
aranea  dont  l'aire  de  dispersion  parait  très  (''tendue  en  Afrique,  Palestine.  Arabie,  Asie  et 
Europe.  La  formule  dentaire  est  la  même  poui- ces  deux  espèces.  La  disposition  et  la  structure 
des  prémolaires  supérieures  chez  le  (' rociduru  l'rlliiinsn  le  rapproclieut  de  la  vari(''[é  algérienne 
figurée  par  Dobson'  ainsi  que  de  la  foi'ine  de  Svrie.  trouvée  par  l'un  de  nous.  ;i  'i'ilx'i'iade,  dans 
l'estomac  d'une  "i-ande  couleuvre  noii'e.  Zamcius  carhonarius. 


'  Momie  de  Crocidura  religiosa,  extraite   d'un  fuseau  d'oiseaux   momifiés  dans  le  bitume  et  provenant  de 
Sakkara, 

-  Geoffroy-Saint  Hilaire,  Annales  du  Muséum  de  Paris, 1827. 

'  Dobson,  Monograph  of  the  Inseclivora,  London,  1882  (pi.  XXVI,  fîg.  5). 


36  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

INIais  la  tailh;  de  la  petite  musaraigno  éij'vpticnnc  est  bien  plus  faible  que  celle  de  ces 
dernièrcîs.  Elle  n'est  que  léi^èrement  supérieure  comme  dimensions,  à  Puchyura  etrusca, 
de  laquelle  elle  diffère  surtout  par  le  nombre  de  ses  dents.  La  musaraigne  égyptienne  à 
vingt-huit  dents,  celle  d'Etrni-ie  trente. 

L'exemplaire  le  mieux  conservé,  qui  a  ('-ti''  ti'ouv(''  momifié  avec  les  oiseaux  de  proie  de 

Gizé,  mesure  85  millimètres  seulement  de  longueur  totale,  y  compris  la  queue,  ou  50  milli- 

mèti'es  pour  la  tête  et  le  corps,  et  35  millimètres  pour  la  (jueue.  La  longueur-  totale  Aq.  la 

mâchoire  supérieure  est  de  G  millimètres,  alors  que  nous  trouvons  8  millimètres  dans  l'exem- 

j)laire  de  Syrie,  c'est-à-dire  une  dimension  supérieure  d'un  quart  à  celle  de  la  musaraigne 

d'Egypte.  Chez  le  Crocidum  religiosa,  la  quatrième  prémolaire  siqjérieure  est  ti"ès  triangulaii-e, 

tandis  qu'elle  est  qiiadrangulaire  chez  le  Crocùhira  itruncu  d'Eui'ope.  Le  Crocidara  aranea 

de  Syrie  a  la  même  taille  que  la  même  espèce  d'Europe,  mais  sa  dentition  se  rapproche  beaucoup 

de  celle  d'Egypte,  c'est-à-dire  du  Crnridura  rcliriiosa.  La  formule  dentaire  d(^  cette  dernière 

i  —  0  —  1  —  3        10       .-^ 
espèce  est  :  ^  _q_2_3  =  î2  =  ''' " 

On  a  trouvé  fréquemment,  à  Thèbes,  de  grandes  quantités  île  cette  musai'aigne  momifiée 
avec  des  hirondelles,  des  grenouilles,  des  oiseaux  de  proie,  et  môme  des  insectes.  Nous  l'avons 
l'oncontrée  plusieurs  fois  dans  les  gros  fuseaux  renfei-mant  des  oiseaux  rapaces  englués  dans  le 
bitume,  provenant  de  la  nécropole  de  Sakkara. 

Dans  cette  même  localité,  on  a  trouvé  des  crânes  de  Civcidura  n'Hniasn  enfei'mi''s  dans 
une  momie  conique,  élégamment  ('nvelopp(''e  de  Imndelettes,  et  imitant  une  momie  d'ibis,  mais 
ne  contenant,  avec  les  ossements  brisés  de  ce  petit  mammifère,  que  des  plumes  Idanches  de 


l'oiseau  sacré. 


Enfin,  à  Thèlies,  les  momies  du  Crocidum  rclir/losu  ont  été  aussi  fréquemment  al)ritées  dans 
de  minuscules  sarcophages,  creusés  dans  un  morceau  de  bois  de  sycomore  (tig.  24).  Cette  boite, 
d'une  seule  pièce  est  fermée  sur  le  côté  par  une  planchette  qui  glisse  dans  des  rainures.  La 
momie,  parfaitement  entourée  de  liandelettes  enduites  de  bitume,  fortement  dorée,  repose 
dans  le  fond  du  sai'cophage  qui  porte  sur  la  face  supérieure,  sculptée  en  plein  bois,  une  musa- 
raigne d(^  grandeur  naturelle,  représentant  très  fidèlement  le  Crocidura  religiosa.  et  dorée  elle- 
même  comme  la  momie.  Souvent  ces  mammifèn^s  momifiés  sont  protégés  par  des  sarco- 
phages de  bronzcî  imitant  parfaitement  ceux  lU'  liois,  (H  portant  aussi  une  musai'aigne  dorée  sur 
la  face  supérieure. 

En  terminant  cette  courte  notice  sur  les  musai'aignes  momifiées  de  l'ancienne  Egypte, 
nous  tenons  à  faire  observ(n'  que  l'étude  sérieuse  et  complète  de  ces  petits  mammifères  ne  pourra 
être  faite  que  lorsque  nous  aurons  pu  nous  pi'ocurer  les  différentes  espèces  qui  vivent  actuel- 
lement dans  cette  région  de  l'Afrique. 

Il  est  vraiment  bien  difficile  d'expliquer  la  raison  pour  la({uelle  les  Egyptiens  ont  momifié 
une  si  grande  quantité  de  cet  Lisectivore,  absolument  insignifiant  par  lui-même.  Il  n'est 
pas  possible  de  dire  (pie  cette  espèce  ait  été  l'attribut  d'une  divinitV'  ([uelcon([ue.  du  moins  rien 
ne  peut  le  faire  croire. 

Ce  petit  animal,  probablement  à  cause  de  son  odeur  pénétrante  et  de  sa  vie  essentiellement 
nocturne,  n'est  que  très  rarement  capturé  et  tué  par  les  chats.  Peut-être  est-ce  la  raison  qui 
l'a    fait  considérer-  comme  animal  sacré,  tandis,  au  contrah-e,  que  les  vrais  rats  chassés  et 


INSEGTIVOHKS  37 

dévorés  pai-  les  chats  domestiques  doraient   être  regardés  comme  des  animaux  immondes 
et  laissés  sans  sépultui'e. 

Poui"  notre  part,  nous  pensons  que  les  musaraignes  épargnées  par  les  chats  étaient 
respectées,  parce  qu'on  les  croyait  hantées  par  des  âmes  hiunaines.  iJe  cette  croyance  vient 
probablement  le  soin  avec  lequel  on  protégeait  contre  la  destruction  le  corps  de  ce  minuscuki 
mammifère. 


RONGEURS 


Les  Rongeurs  occupent  une  place  des  plus  modestes  parmi  l(^s  mammifères  anciens  momi- 
fiés. Sauf  un  jeune  Acouiys  cahirimis  agiilutiné,  avec  deux  ou  trois  musaraignes  et  une 
dent  de  crocodile,  dans  le  bitume  d'une  masse  d'oiseaux  de  proie  de  Toiuk'',  nous  n'avons  à 
signalei'  (pie  queLpies  i-ats  recueillis  à  demi  digérés  à  l'inti'Tieui'  du  jabot  de  certains  l'apaces 
momiflés  de  K(")m  Ombo  et  de  (Tizé. 

Aucun  rongeur  n'a  été  rencontré  isolément,  soit  entouré  de  bandelettes  de  toile,  soit  placé 
dans  un  petit  sarcophage,  ainsi  que  les  musaraignes  décrites  plus  haut.  On  peut  admettre,  sem- 
ble-t-il,  que  le  rat  momifié  à  Toum''  dans  un  groupe  de  rapaces.  a  pi'obablement  été  confondu 
avec  une  musaraigne,  pai-  suiti'  de  sa  faible  taille.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  appartient  aux  égvpto- 
logues  d'expliquei'  ce  que  signifiait,  dans  l'esprit  des  anciens  Égyptiens,  l'association  de  ces 
divers  animaux  et  des  dents  de  crocodile. 

G.  ^^'ilkinson  *  cite  le  rat  embaumé  à  Thcbes,  mais  il  ajout(^  que  ce  n'était  pas  un  animal 
sacré.  T'n  rat  figure,  d'après  cet  auteur,  dans  les  peintures  anciennes  de  Béni-Hassan,  en 
regard  de  son  ennemi  naturel,  le  chat. 

Nous  nous  Itor-nerons  pourlr  moment  à  résumer  les  caractères  zoologiques  des  deux  espèces 
reconnues  :  Acomys  caJuruius.  E.  Geoff..  c\  Mus  rathis  var.  A/cxand/'inus,  Is.  Geofï. 

ACOMYS   CAHIRINUS.  E    Geoffroy 

Acomys  oahirinus,  Riippell,  Allas  zii,  der  Reise  im  nordlich.  Afrika,  p.  38,  pi.  XIII,  fifc.  h. 

Ce  rongeur  est  signalé  ici  d'après  trois  spécimens  trouvés,  l'un  momifié  avec  des  oiseaux 
de  proie  de  Tonné,   les  autres  à  l'inté-rieur  du  tube  digestif  de  deux  rapaces  de  Gîzé. 

Acomys  cahirimis  a.  la  taille  à  peine  plus  forti'  ipic  celle  d'une  souris,  mais  la  (jueue  est 
moins  longue.  Sur  le  dos  et  les  ilancs  le  poil  est  ('pineux.  couleur  gris  cendré  légèrement  jau- 
nâtre. La  face  inférieui-e  du  corps  et  les  parties  internes  des  membres  sont  blanchâtres. 

Il  est  poui'vn  de  six  molaires  aux  mâchoires  supérieure  et  inférieur!» .  trois  de  chacp.ie 
côté,  (pii  diminuent  rapidement  de  volume  de  l'avant  à  l'arrière.  Le  crâne  ressemble  à  celui 
des  Mus  ainsi  que  la  dentition.  Les  molaires  supérieures  sont  composées  de  trois  séries  longi- 
tudinales de  tubercules  :  celles  de  la  mâchoire  intéri(MU'e  sont  laites  seulement  de  deux  séries  de 
tuliercules  disposés  par  paires  ti'ansversales.  La  dentition  des  Acomys  se  distingue  de  celles 

»  G.  Wilkinson,  Ihe  ancieni  Egyptians,  vol   III,  p.  259  et  294,  1878. 


RONGEURS  39 

des  Mus  surtout  pai'  la  troisiriiic  molaire  supérieure.  ClieZil/^^s  ralltts  par  exemple,  cette  dont  est 
formée,  après  effacement  des  tubercules  par  l'usure,  de  deux  lobes  transversaux  avec,  en  plus, 
un  tubercule  liien  isolé  à  l'angle  antéro-interne.  Chez  les  Acomys,  ce  tubercule  antéro-interne 
fait  complètement  défaut,  la  troisième  molaire  supérieure  n'est  constituée  que  des  deux  lobes 
transverses  très  réduits  et  rapprochés  l'un  de  l'autre  du  côté  interne. 

Les  rongeurs  du  geni-e  Acomi/s  sont  tout  à  lait  particuliers  à  la  taun(^  africaine.  Toutes 
les  espèces  qu'on  en  connaît  ont  ('■[('■  rencontrées,  en  etiet,  dans  diverses  pai'ties  de  ce  continent, 
depuis  le  nord  jusqu'à  l'extrême  sud,  comme  Acomys  subs2nnos/ /s,  Waterhouse,  et  Acomys 
Selousi,  de  ^\'inton  '.  On  ne  signale  qu'une  forme  fossile,  Acouiys  Gainh-yi,  Dames,  ti'ouvée 
en  Europe  dans  les  formations  du  miocène  supérieur,  de  Pikermi  et  de  Samos.  Acomys  Guu- 
dryi  témoigne  sans  doute,  avec  les  nombreuses  antilopes  et  V HeUadotherium  de  Pikermi,  des 
relations  (pu  ont  ilù  exister  vers  la  fin  de  l'époqui;  miocène,  enti-e  L.'s  deux  continents. 

Acomys  (■(tIlirinus\1a^Àie  actuellement  l'Egypte,  le  nord-est  de  l'Afrique  et  la  Palestine. 
Dans  le  sud.  on  l'a  rencontr('' jusqu'au  Sennaar,  à  Khartoum. 


MUS  RATTUS,  L  ,  var   ALEXANDRINUS,  Is.  Geoffroy. 

Mus  Ale.randrinus,  Is.  Geoffroy,  Descriplion  de  V Egypte,  t.  XXIII,  p.  183,  atlas,  pl.V,  fig.  1.  —  De  Seljs  Long- 
champ?.  Eludes  de  micrornammalogie,  p.  54  —  P.  Gervais,  Histoire  naturelle  des  maynmifêres, 
p.  408,  18.J4. 

Ce  rongeur  a  été  trouvé  exclusivement  dans  les  viscères  des  oiseaux  de  proie  momifiés  : 
des  restes  de  membres  et  deux  crânes  à  l'intérieur  des  oiseaux  provenant  de  Gizé  ;  diverses 
pai'ties  de  la  tète,  du  corps  et  de  la  queue  dans  les  rapaces  de  Kôra  Onibo. 

Mus  ah'xaiulfinus  mesure  l(j  centimètres  environ  de  longueur,  de  l'extrémité  du  nuiseau 
à  la  base  de  la  (pieue  :  celle-ci,  très  longue  (22  cm.  environ),  est  couverte  de  poils  courts  et 
formée  de  jilus  de  deux  cents  anneaux  écailleux  qui  diminuent  de  longueur  de  la  base  à 
l'extrémité. 

Son  pelage  est  gris  ai'doisé  légèrement  roussàtre  sur  le  dos  et  les  flancs,  un  peu  plus  clair 
sous  le  ventre  et  du  coté  interne  des  membres.  Le  museau,  plus  coiu't  que  chez  le  l'at  ordinaire 
(Mus  rattus).  est  gai^ni  de  moustaches  noires  longues  et  raides.  Les  oreilles  sont  grandes,  cou- 
vertes de  poils  liruns  très  courts. 

Mus  alexaiidfiiiKs  est  voisin  du  rat  noir  par  les  proportions  du  corps,  des  tarses,  de  la 
queue,  ainsi  que  pai'  ses  caractèr-es  dentaires  et  crâniens  :  d'autre  part,  la  couleur  de  son  pelage 
le  fait  ressembler  au  surmulot  Mus  decumanus. 

Ce  rat  vit  de  nos  jours  non  seulement  en  Egypte,  mais  encore  dans  la  plus  grande  partie 
de  l'Europe  méridionale  ou  quelques  naturalistes  l'ont  signalé  depuis  le  commencement  du 
siècle  dernier.  I:^n  1824.  Paolo  ."-îavi  le  trouva  en  Italie  et  le  décrivit  sous  le  nom  Aq  Mus  tecto- 
ruiii.  Depuis,  Mus  tectorum  a  été  identifié  à  Mus  alcxandrlnus  \)iiv  son  auteur  (.'t  plusieurs 
zoologistes  qui  l'ont  rencontré'  dans  divers  autres  i)ays,  Provence,  Espagne,  Algérie  et 
Ai'abie. 

Si  cette  espèce  de  rat  n'est  pas  originaire  de  l'Ah-ique,  la  présence  fréquente  de  ses  restes 

'  W.  L.  Sclater,  the  Mammals  of  t>ouih  Africa,  p.  58  et  51»,  London,  1901. 


40  FALINK    DK   L'ANCIENNE   EGYPTE 

osseux  parmi  les  oiseaux  anciens  de  l'Egypte,  indiiinc  en  tout  cas  ipi'elle  était  (ii''jà  très  com- 
mune dans  la  vallée  du  Nil  à  l'époque   ptolémaïque. 

De  nombreuses  légendes  sont  citi'cs  par  les  anciens  concernant  les  méfaits  des  rats  et  les 
idées  superstitieuses  qui  étaient  répandues  sui- ces  animaux.  Brelim'  relate,  d'après  Hé'ro- 
dote.  qu'il  faut  attrilnier  à  l'action  des  rats  la  victoire  remportée  par  un  Pharaon  sur  Senna- 
chérib,  roi  des  Assyriens.  Celui-ci,  s'(H-ant  avancé  jusqu'à  Péluse.  était  sur  le  point  d'en  venir 
aux  mains  avec  l'armée  égyptienne,  trop  faible  pour  s'opposer  à  ses  progrès,  lor.squ'une  multi- 
tude effroyable  de  rats  se  répandit  dans  son  camp  et  y  rongea  les  cordes  des  arcs  et  toutes  les 
courroies  deslioucliers.  Ainsi  désarmés  et  hors  d'état  de  se  défendre,  les  Assyriens  furent  obligés 
de  se  retirei'  avec  de  grandes  pertes  d'iiommes. 

Ces  récits,  dans  lesquels  il  n'est  pas  toujours  facile  de  distinguer  le  légendaire  et  le  vrai, 
prouvent,  du  moins,  qu'on  ne  peut  appliquer  à  l'Asie  et  à  l'Afi-ique  antérieures  ce  qui  a  été  dit 
de  l'Eni'ope.  concernant  l'importation  des  rats.  On  sait  que  les  naturalistes  s'accordent  pour 
indiquer  (pie  le  surmulot,  indigène  de  l'Inde  et  de  la  Perse,  a  fait  son  apparition  en  AngleteiTe 
et  en  France  vers  1730,  aloi's  ipril  se  montrait  dans  la  Russie  méridionale  en  17"Î7^.  Le  rat 
noir,  probabli'ment  oi'iginaire  de  Syi'ie.  serait  eonnu  en  Europe  depuis  le  moyen  âge. 

Nous  attendrons  de  posséder  plusieurs  squelettes  modernes  de  Mus  alexandriiius  et 
à\-icomys  caJnrinus  pour  les  compai'er  aux  restes  anciens  de  ces  deux  espèces  et  chercher  à 
connaître  les  rapports  ou  les  différences  que  ces  animaux  peuvent  présenter. 

'  Brehm,  la  Tïe  des  animaux,  p.  106. 

-  De  Selys-Longchamps,  Etudes  de  micromammalogie,  p.  52. 


HOVrDÊS 


Oiiati'c  momies  complôU'S  de  l!u\-i(l(''s  nmi-;  (lut  rlr  cnvoyiV-;  de  Snkkara  et.  (l'Ahuiisir  par 
M.  Afaspcro.  ainsi  que  pliisiciii's  ei'àncs  sé^iaivs,  olirant  les  cai'ac'tèi'i'.-;  les  plus  importants.  Los 
sqiiolottos  ont  pu  ùtr'o  admirahlomont  ronioutiV:  par  notre  très  habile  chef  île  Laboratoire; 
tous  appartiennent  i''vi(l<'niment  à  iler'  mâles.  Os  tanr-eaux.  ainsi  i[ue  le  i-aeonte  lb''i"odote.  ont 
(lu  ôtro  enterrés:  puis  les  ossements  ont  étt'  exhumés  lorsque  les  chairs  ('■talent  tombées  en 
putréfaction  :  alors  seulement,  ainsi  que  l'indiqucmt  les  animaux  (pie  nou^' avons  sous  les  yeux, 
les  ditl(''rentes  pièces  du  corps  ot  des  membri^s  ont  été  barbouilh-es.  de  bitume  par  des  coups  de 
])inceaux  irr(''iiulièremenl  distribu(''S. 

•le  i-e[»roduis ici.  textuellement,  la  ti'ès  int(''i'essante  obsei-vation  de  l'historien  Ljree'  toujours 
si  exact  :  «  Ils  tbnt  aux  b(eut's  morts  des  rim(''i"ailler'  de  la  mani('re  suivante;  ils  jetbait  dans  le 
fleuve  les  t'emidles.  et  ils  inhument  les  mâles  dans  leurs  {aubour,n\s.laissantpasser  de  terre  une 
corne  ou  deux  comme  monument.  Ouaml  la  putréfaction  est  c(>mpl(''te.  et  (|ue  le  temps  prescrit 
est  (''Coul(''.  un  bateau  ai'ri\'e  pour  prendre  les  sipielette.;  (pie  l'on  enterre  tous  au  ménK^ 
endroit.   » 

Les  lieux  de  s(''pultuiv  où  Ton  ensevelissait  les  restes  des  bn'ufs  mâles  (''taient  nom- 
breux, car  on  rencontre,  un  peu  partout,  des  cimeti(''res  de  ces  animaux  renfermant  une 
immense  ([uantité  de  d(''bris.  Les  principales  de  ces  ni'cropoles  sont  très  certainement  celli^s 
de  Sakkai'a  et  d'Abousir.  où  les  jirenùers  voyaijcurs  qui  ont  exploit''  ces  régions  ont  vu 
d'innombrables  momies  qui.  malheureusement,  ont  (Hé  souvent  recueillies  pour  le  service 
des   raffineries  de  sucre  dans  la  haute  et  la  basse  Kgvpto^. 

A  c('if(''  de  C(\s  cimetières  de  bieufs  vul,L;aires.  se  ti-ouvaient  les  scj-iijichih  de  Sakkai'a  et 
d'Abousir.  on  (''talent  ensevelis  les  restes  des  Ajjis  sacrés,  honorés  ^■.urtout  à  Memphis.  Les 
b(pufs  Af)is.  comme  on  le  sait,  (''taient  de  couleur  noire  avec  di^s  taches  lilanches  disposées 
r(''g'ulièrement.  Us  avaient  sui-  le  fi-ouf  un  triangle  blanc  et.  du  c('iti''  di'oit.  une  autre  tache  en 
forme  décroissant  de  lune.  Les  momies  des  vi'ais  Apis  portent  toujours,  sui- le  front,  cousu  sur 
les  bandelettes  (pu  enveloppent  la  tête,  un  ti-ian,L;ie  (''ipulati'ral  en  toile  blanche  (ùg.  3.5). 

Les  taureaux  sacrées,  de  couleui-  tdaire.  ;q>[)(d(''s  i)/;;(^r/.y.  (''talent  cons.acrés  à  YAtonni.  le 
soleil  couchant,  dieu  d'tléliopolis,  près  du  Caire.  Los  nécropoles  humaines  et  liovines  de  cette 
ancienne  vill(>  n'ont  pas  encoi-e  pu  (H re  d(''cou vertes.  On  ignore  donc,  jusipr;!  ce  jour,  à  ipielle 

'  Hérodote,  Eu/ei-pe,  paragr.  XLI. 

-  Gailliaud,  Voyage  à  Meroc  et  au  Xil  blanc,  Paris.  1826. 

Ancii.   Mls.  —  T.  VIII.  "0 


42  FAUNE    1)K    LANCIKXNK    KGVPTK 

race  ijouvait  appai'tenir  le  tauivau  Mncris  adurc''  clans  celle  localité  coiuine  étant  l'incai'nation 
du  dieu  Rà. 

La  vénération  des  Égyptiens  pour  certains  animaux  est  \-i-aiui('nt  idiosc  extraordinaire. 
Diodore,  de  Sicile,  i-appoi-fc'  ([uc  lorsiju'ils  voyaij'ent  en  [lavs  (Hi'ani^ers.  u  ils  ont  pitié  des  chats, 
des  éperviers,  et  les  ramènent  avec  eux  en  Egypte,  même  en  se  i)ri\-ant  des  choses  les  plus 
nécessaires.  Pour  ce  qui  concerne  l'Apis  dans  la  ville  de  Memphis.  le  ]\Inévis  dans  Héliopolis, 
le  Bouc  de  Mendès.  le  Crocodile  du  lac  Moeris,  le  Lion  nourri  à  Léontopolis.  tout  cela  est  facile 
à  raconter,  mais  difficile  à  faire  croire  à  ceux  cpii  ne  l'ont  pas  vu.  -Ces  animaux  sont  nourris 
dans  des  enceintes  sacrées  et  confiés  aux  soins  des  personnages  les  plus  rcmarijuahlcs.  qui 
leur  donnent  des  aliments  choisis.  Ils  leur  font  cuire  de  la  flcui-  de  iai-ine  ou  du  gruau  dans 
du  lait,  et  leur  fournissent  constamment  des  gâteaux  de  miel  et  delà  chair  d'oie  bouillie  ou 
rôtie.  Quant  aux  animaux  carnassiers,  on  leur  jette  beaucoup  d'oiseaux  pris  à  la  chasse.  En  un 
mot.  ils  font  la  plus  grande  dépense  pour  l'entretien  de  ces  animaux  auxquels  ils  préparent,  en 
outre,  des  bains  tièdes;  ils  les  oignent  des  huiles  les  plus  précieuses  et  brûlent  sans  cesse, 
devant  eux.  li's  parfums  les  jilus  suaves.  De  plus,  ils  les  couvrent  de  tapis  et  d'ornements  les 
plus  riches.  A  la  mort  il'un  de  ces  animaux,  ils  le  pleurent  comme  un  de  leurs  enfants  chéris 
et  l'ensevelissent  avec  une  magnificence  qui  dépasse  souvent  leurs  moyens.  Après  les  funérailles 
magnifiques  du  taureau  sacré,  les  prêtres  vont  à  la  recherche  d'un  veau  qui  ait  sur  le  corps  les 
mêmes  signes  que  son  prédécesseur.  Dès  que  cet  animal  a  été  trouvé,  le  peuple  quitte  le  deuil,  et 
les  prêtres  préposés  à  sa  garde  le  conduisent  à  Nicopolis^.  où  ils  le  nouri'issent  pendant  qua- 
rante jours;  ensuite,  ils  le  font  monter  sur  le  vaisseau  Thalamcyc  qui  i-enferme  pour  lui  une 
chambre  dorée.  Ils  le  conduisent  ainsi  à  Memphis  et  le  font  entrer  comme  une  divinité  dans  le 
temple.  Pendant  les  qum'ante  jours  indiqués,  le  taureau  n'est  visible  qu'aux  femmes.  Quelques- 
uns  expliquent  le  culte  d'Apis  par  la  tradition  que  l'àme  d'Osiris  ]iassa  dans  un  taureau  et  que, 
depuis  ce  moment  jusqu'à  ce  jour,  elle  n'apparait  aux  hommes  (pie  sous  cette  forme.  » 

Quoi  {[u"il  en  soit  de  ce  culte  d'Apis.  L's  quati'e  squelettes  de  bœufs,  très  complets,  que 
nous  avons  pu  (''tudiei"  et  monter  au  Muséum  de  Lyon,  grâce  à  la  bienveillanc<'  de  M.  Mas- 
pero,  doivent  appai'tenir  à  des  animaux  mâles,  si  l'on  en  cr-oit  Hérodote.  Il  iHait  important 
de  s'assurer  si  l'affirmation  de  l'historien  grec  était  exacte,  en  ce  qui  concerne  les  animaux 
trouvés  à  Sakkara  ou  dans  les  hypogées  d'Abousir. 

Pour-  vérifiei' ce  fait  inté'ressant.  M.  Arloing,  directeur  de  l'iù'ole  vétérinaire  de  Lyon,  a 
bien  voulu  les  (''tudier  uunutieusement.  Pour  lui.  il  n'y  a  aucun  doute  possible,  les  quatre  sque- 
lettes de  Sakkai'a  et  d'Abousir  appartiennent  bien  à  des  mâles.  Chez  les  femelles,  en  effet, 
vaches  d'Afrique  ou  vaches  zébus,  le  diamètre  bi-ischiatiqui^  du  bassin,  pris  à  partir  des  tubé- 
rosités  supérieures,  est  plus  grand  ([ue  le  diamètre  bisiliaque  du  bassin,  pris  en  pai'tant  de  la 
crête  ])ectinéale  du  col  de  l'iléon  ;  la  différence  est  généralement  égale  à  l'épaisseur  du  col  de 
l'iléon.  Il  n'y  a  point  d'exceptions  à  cette  règle.  (]hez  les  mâles,  au  contraire,  le  diamètre 
biischiatiqui.'  est  inférieur  de  i>lusieurs  centimètres  au  diamètre  liisilia([ue. 

^fos  quatre  squelettes  appartiennent  donc  bien  à  des  taureaux  trait(''s  au  moyen  des 
procédés  indiqués  par  Hérodote. 


'  Diodore  de  Sicile,  traduction  Hœfer,  t.  I,  liv.  I,  p.  98. 
°  Nicopolis,  faubourg  d'Alexandrie. 


BOVIDÉS  43 


BŒUFS  DE  SÀKKÀRA 

BOS  AFRICANUS,  Brehm.  N'  1. 

(Non  figuré.) 

La  hauteur  au  i^an-ul  est  de  1 12  centimètres  ;  la  longiioui-  depuis  l'extrémité  de 
l'ischion  jus([u'au  liord  antéri(>ui-  de  la  première  apophyse  épineuse  dorsale  est  de  140  centi- 
mètres. Dans  son  ensem])le.  ranimai  svelte.  liant  sur  jambes,  pri'sente  un  aspect  cervoïde 
très  caractéristique  et  devait  être,  avant  tout,  un  excellent  coureur'. 

Les  os  des  membres,  notamment  le  iémur  et  l'humérus,  montrent  une  .gracilité  qui 
les  différencie  très  nettement  de  ceux  des  liœufs  domestiques  de  nos  pays. 

Le  thorax  est  aplati,  par  suite  d'une  flexion  particulière  des  côtes. 

La  courlie,  formée  par  le  (h'troit  intV'i-ii'ui"  du  l)assin,  est  très  manifestement  an- 
e-ulaire  au  lieu  d'être  arrondie  et  largement  évasée  comme  chez  les  femelles.  Le  sacrum 
est  composée  de  5  vertèbres.  Les  dernières  apophyses  épineuses  des  vertèbres  dorsales 
sont  légèrement  ])itides  à  leur  sommet,  ce  qui  tendrait  à  rapprocher  ce  bovidé  vrai  de  la 
forme  zélm.  Je  crois  cependant  qu'on  ne  doit  attacher  qu'une  très  petite  importance  à  ce 
caractère  qui  sem])le  être  peu  constant. 

La  tête  est  peu  volumineuse».  Sa  longueur  totale  est  de  Ki  centimètres,  et  ce  qui 
frappe  tout  d'abord  en  la  regardant  en  face,  c'est  l'aplatissement  du  front,  ainsi  que  la 
ligne  parfaitement  horizontale  ipie  di''crit  l'os  frontal,  entre  les  deux  axes  des  cornes,  pour 
former  ce  que  les  vétérinaires  appellent  le  rhignojt.  Cette  crête  a  une  longueur  de  11  centi- 
mètres   entre  les  premières  perles  des  axes  cornés. 

Voici  les  dimensions  de  la  tête  : 

Du  chignon  à  l'extréaiité  supétieure  des  os  nasaux 215""" 

De   l'extrémité  supérieure  des  os  nasaux  à  l'extrémité  des  prémaxillaires 245  » 

Rapport 0  87 

Du  chignon  à  la  ligne  transversale  sus-orbitaire 190""" 

De  la  ligne  sus-orbilaire  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxilaires 270  » 

liapport 0  70 


BOS  AFRICANUS,  Brehm,  N»  2. 

(Fig.  -^5,  -G,  -7.) 

Le  squelette  n"  2  a  une  haut<'ur  de  117  centimètres  au  garrot,  et  sa  longueur  est  de 
L59  centimètres,  depuis  l'extn'-mité'  de  l'ischion  jusipi'au  bord  antérieur  de  la  ju-emière  ajio- 
physe  (''pineuse  doi'sale. 

'  Cet  aspect  cervoïde  nous  a  été  aussi  indiqué  par  M.  le  professeur  Schweint'urth  comme  caractérisant  le  bétail 
de  la  région  du  Bahr-el-Gazal  et  d'autres  contrées  de  l'Afrique  centrale. 
-  Brehm,  la  Vie  des  animnur,  trad.,  française,  vol.  II,  p.  691. 


46  FAUNE   DK   LAXCIKXXK    KCYl'TK 

De  inèiiie  quL' le  11"  1,  cet  imiiual.  haut  sui' jaiubcs.  ('lait  tivs  svcltc  et  élancé.  Los  os  des 
mcinlirés  sont  longs  et  minces.  Il  ilevaii  être  coiii-ciu-  et  u'iUait  cci-tainement  point  attelé  à  un 
char  ou  à  une  charrue. 

La  coui'be  anguleuse,  formée  pai"  le  (li''troit  iulérienr  du  bassin,  montre  (|ue  ce  s(juelette 
appartenait  sans  aucun  doute  à  un  uiàle.  Le  sacrum  est  composé  de  .-)  vei-lèbi-es  comme  chez 
l(^s  vrais  bœufs. 

La  tète  est  petite.  a})latie  antérieurement  et  présente  les  dimensions  suivantes  : 

Du  chignon  à  l'oxtrémité  antérieure  des  os  nasaux 285""" 

De  l'extrémité  antérieure  des  os  nasaux  aux  prémaxillaires 256  » 

Rapport 0  91 

Du  chignon  à  la  ligne  transverse  sus-orbitaire  ' 205""" 

De  la  lisne  sus-orbitaire  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires 282  » 

Rapport 0  72 

Sur  les  quatre  squelettes  que  nous  avons  sous  les  yeux,  la  sutiu-e  pubienne  est  très  épaisse, 
ce  qui  indique  encore  avec  certitude  que  nous  avons  affaire  à  des  restes  de  taureaux. 


BOS  AFRICANUS,  Brehm.  N"  3. 

iFiij.  iS.) 

Le  squidette  de  ce  bœuf  ressemble  beaucoup  aux  deux  autres  précédemment  décrits.  La 
hauteur  au  garrot  est  de  1.57  centimètres;  la  longui?ur.  depuis  l'extrémité  di>  l'ischion  jusqu'au 
bord  antérieur  de  la  prentière  apophyse  épineuse  dorsale,  est  de  11!)  centimètres.  C'est  encore 
\in  animal  svelte.  haut  sur  jambes,  présentant  un  aspect  ccrcou/r  tout  à  fait  caractéi'istique.  Il 
devjiit  vivre  probablement,  à  moitié  sauvage,  dans  les  pâturages  et  les  marais  des  bords  du  Nil. 
Les  os  des  membres  sont  grêles.  Le  thorax  est  aplati  lati''raleinent.  Le  détroit  inférieur  du 
bassin  est  manifestement  angulaire,  caractère  qui,  joint  à  la  grande  épaisseur  de  la  symphyse 
pubienne,  pi'ouve  que  nous  avons  encore  affaire  ici  à  un  squelette  de  mâle. 

Le  sacrum  est  Ibrim''  de  4  vertèbres  seulement,  anomalie  ipu  se  présente,  du  reste, 
fréquemment  chez  le  Ixeuf  domesti({ue.  Va'  caractère  nous  avait  d'aboi'd  fait  croii-e  (pie  cet 
exemplaire  devait  être  rangé  dans  le  genre  Zèbi'.  Mais  un  examen  attentif  des  squelettes  de 
bœufs  domestiques  conservés  dans  le  ^lusée  de  l'Iv-ole  V('t(''rinaire  tle  Lyon  nous  a  prouvé  que, 
malgré  l'opinion  de  (jivier,  on  ne  devait  chez  les  Lovidés,  attacher  que  peu  d'importance  an 
nombre  souvent  variable  des  pièces  du  sacrum.  Ceci  est  amplement  démontré  par  les  observa- 
tions suivantes  : 

1"  Squelette  de  vache  bretonne  de  5  ans.  —  4  vertèbres  sacrées.  Le  sacrum  est  long  d'avant  en 
arrière,  très  j3eu  incurvé  dans  le  sens  longitudinal.  Apoi^liyses  épineuses,  sacrées,  courtes,  presque  toutes 
de  même  liauteur.  Trous  sous-sacrés,  grands  et  allongés  dans  le  sens  antéro-postérieur.  Angle  interne  de 
l'iléon  jieu  recourbé. 

'  Nous  appelons  ligne  sus-orbitaire,  la  ligne  horizontale  qui  rejoint  les  deux  échancrures  sus-orbitaires  des 
orbites. 


BOVIDES 


47 


2°  Bassin  de  vache  (race  indéterminée).   —  5  vertèbres  sacrées.  Sacrum   allongé  portant  de  faibles 
ajiophyses  épineuses.  Angle  interne  de  l'iléon  peu  relevé. 


FiG.  28.  —  Sacrum  de  Zébu  de  Ceylan. 


FiG.  'À9.  —  Sacrum  de  Bos  Africanus  de  Sakkar 


3°  Squelette  de  vache  de  3  ans  (raceiniléterminée).  —  4  vertèbres  sacrées.  Face  inférieure  du  sacrum 
peu  incurvée  d'avant  en  arrière.  Apophyses  épineuses  courtes  et  presque  égales. 

4°  Squelette  de  vieille  vache  (race  indéterminée).  —  5  vertèbres  sacrées.  Courbure  longitudinale 
du  sacrum  presque  nulle.  Trous  sous-sacrés  allongés  d'avant  en  arrière. 


48  FArXl-:    DK    LAXCIKXXK   KGYPTE 

5°  2  Bassins  DE  VACHES  (race  indéterminée). —  5  vertèbres  à  chaque  sacrum.  Ces  os  sont  allongés 
aiitéro- postérieurement.  Ils  ont  une  faible  courbure  d'avant  en  arrière. 

6°  Sqcelette  de  vache  (race  indéterminée).  —  5  vertèbres  sacrées.  Sacrum  allongé,  peu  recourbé. 
Apophyses  épineuses,  courtes. 

7°  Squelette  de  zébu  femelle,  de  Ceylan.  —  4  vertèbres  sacrées  (lig.  ^8).  Le  sacrum  est  court,  très 
recourbé  dans  le  sens  antéro-postérieur.  Les  apophjses  épineuses,  très  élevées  en  avant,  diminuent  brus- 
quement de  hauteur  vers  les  troisième  et  quatrième  vertèbres.  Les  trous  sous-sacrés  ont  une  forme  à  peu 
j)rès  circulaire. 

8°  Squelette  de  zébu,  de  Madagascar.  —  4  vertèbres  sacrées.  Sacrum  court  d'avant  en  arrières 
très  recourbé  supérieurement.  Les  première  et  seconde  apophyses  épineuses  sont  très  hautes,  la  quatrième 
est  très  petite. 

9°  Squelette  de  bœuf  Sanga  (jeune)  d'Abj'ssinie.  —  4  vertèbres  sacrées.  Sacrum  très  court, 
d'avant  en  arrière.  Courbure  du  sacrum  bien  moins  prononcée  que  chez  les  zébus. 

11  i-i'siiltc  (les  oliscrvations  précédentes  ({iic  le  iiùiubi'e  des  vertèbres  sacrées  est  varia])le 
chez  le  Jxeuf  domestique.  Il  est  de  cinq  le  ]iliis  r-ouvciit.  i|iielqu(^fois  de  quatre  et.  dans  cer- 
.  tains  cas  exceptionnels,  de  six. 

Chez  les  zé])us  (|ue  nous  avons  pu  e.vaminer.  h'  sacrum  comprend  normalement  i  vcr- 
tèbres. 

La  ditierenc(^  la  plus  importante  et  la  plus  normale  ([ui  peut  être  constatée  entre  le  bœuf 
et  le  zébu  consiste  dans  la  longueur  relative  des  vertèjires  sacrées.  Celles  du  zéltu  sont  coui'tes 
d'avant  en  arrière,  cidles  du  boeuf  domestique  sont  bien  plus  allongées  (fig.  29). 

Les  apophyses  épineuses  du  sacrum  sont  hautes  du  côté  antérieur  et  diminuent  ])rusque- 
mcnt  en  arrière  chez  h'  zid)u.  (Ihi'Z  le  lin-uf  domestique,  cesapophyses  sont  i>eu  (''levées,  elles 
ont  presque  toutes  la  même  hauteur. 

La  eourbui'e  du  sacrum  est  très  prononcée  chez  le  zi'dtu  :  elle  est  insensible  chez  le  bœuf. 

Les  si[uelettes  de  Sakkara  et  d'Abousir  ajqiai'tiennent  bien  à  de  véi-italdes  bœufs  et  non 
à  des  zébus. 

L'étude  détaillée  des  os  di's  meniltres  nous  donne  encore  des  cai'actères  qui  ne  manquent 
pas  d'im]Hirtance  au  point  de  vu(^  de  la  race. 


BOS  AFRICANUS,   Brehm,  de  Sakkara.  N°  i. 

N"  25  Diamètre  antéro-postérieur  minimum  de  la  diapliyse  du  fémur 45"" 

Diamètre  transverse 39 

Rapport 0  86 

Longueur  totale  du  fémur 430 

N"  28  Diamètre  antéro -postérieur  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur 42 

Diamètre  transverse 36 

Rapport 0  85 

Longueur  totale  du  fémur .     .  420 

N°  26  Diamètre  antéro-postérieur  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur 46 

Diamètre  transverse 39 

Rapport 0  84 

Longueur  totale  du  fémur 430 


Arch.   Mus.  —  t.   VIII. 


mm 


mm 


50  FAUNK  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

N"  £9  Fémur  isolé  reçu  avec  un  bassin  de  femelle. 

Diamètre  antéro-postérieur  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur 38°"°' 

Diamètre  transverse 33 

Rapport 0  86 

Longueur  totale  du  fémur 400 

Bos  BRACHYCERos  DE  Syrie,  femelle. 

Du  chignon  à  la  ligne  transverse  sus-orbitaire 170' 

De  la  ligne  transversale  sus-orbitaire  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires  ....  240 

Rapport 0  69 

Longueur  totale  du  chignon  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires 410 

Diamètre  antéro-postérieur  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur 35 

Diamètre  transverse 32 

Rapport 0  91 

Longueur  totale  du  fémur 315 

Bos  BRACHYCEROS,  Rutimeyer  (mâle)  de  Syrie. 

Du  chignon  à  la  ligne  transverse  sus-orbitaire 185' 

De  la  ligne  transversale  sus-orbitaire  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires  ....  298 

Rapport G  02 

Longueur  du  chignon  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires 480 

Diamètre  antéro-postérieur,  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur 36 

Diamètre  transversal 33 

Rapport 0  91 

Longueur  totale  du  fémur 365 

ZÉBUS 

ZÉBU  DE  Madagascar. 

Diamètre  antéro-postérieur  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur 44mm 

Diamètre  transverse • 42 

Rapport 0  !>5 

Longueur  totale  du  fémur ...       400 

ZÉBU  DE  Ceylan,  femelle. 

Diamètre  antéro-postérieur  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur S?""" 

Diamètre  transverse 32 

Rapport 0  86 

Longueur  totale  du  fémur ' 320 


CERFS 

Rusa  hippelaphus  de  Cochinchine. 

Diamètre  antéro-postérieur  minimum  de  la  diaphyse  du  fémur 39°"" 

Diamètre  transverse 33 

Rapport 0  84 

Longueur  totale  du  fémur 360 

L'étude  des  fémurs  de  ces  espèces  montre  que  les  zébus  de  Ceylan,  ain^i  que  le  Bos 
afficanvs  do  Brehra,  sont  des  formes  presque  aussi  coureuses  que  les  cerfs. 

Au  contraire,  le  zébu  de  Madagascar  serait,  toujours  d'après  la  section  de  son  fémur,  une 
race  voisine  de  nos  bœufs  domestiques,  mais  alourdie,  ou  plutôt  améliorée  suivant  l'expression 
des  éleveurs,  afin  de  donner  des  animaux  bons  pour  la  boucherie,  le  labour,  le  portage  et  mémo 
la  traction,  lors(pi'il  est  attelé  à  une  charrette,  comme  cela  se  pratique  fréquemment  dans  les 
Indes  où  même  les  zébus  trotteui-s  sont  attelés  à  des  voitures. 


150  VIDÉS  51 

Nous  donnons  ici  ces  mesures  et  ces  chiffres  pour  ce  qu'ils  valent,  c'est-à-dire  pour  fort  peu 
do  chose  ;  nous  les  considérons  comme  étant  d'une  importance  très  minime  au  point  de  vue  de  ]|i 
détermination  des  races.  Si  les  anthropoloii;istes  et  certains  zoologistes  ne  se  bornaient  pas 
exclusivement  à  l'étude  de  certains  ty'pes,  mais  s'ils  appliquaient  leurs  procédés  de  mensuration 
ou  leurs  statistiques  numéi'iqiios  à  d'autres  formes,  à  des  plantes  par  exemple,  ils  reconnaî- 
traient facilement  le  peu  do  valoiir  ([uo  peuvent  avoir  les  méthodes  d<^s  chiffi'os  et  dos  mesures, 
lorsqu'on  veut  les  faire  servir  à  la  morphologie  des  êtres  vivants  qui  sont  éminemment  vai'ia- 
bles,  et  qui  se  trouvent  toujours  dans  un  état  de  transformation  constante;  due  aux  influences 
du  milieu  et  à  celles  de  la  lutte  pour  la  vie. 

Les  procédés  de  mensurations,  les  statistiques  basées  sur  des  résultats  numériques,  quel 
que  soit  l'arrangement  sous  lequel  on  les  pi'(''sente,  sont  la  m'-gation  d(>  la  grande  loi  du 
ti'ansformismo  qui.  aujourd'hui,  est  cependant  accepté  par  tous  les  naturalistes.  On  peut  se 
demander  aloi's,  dans  quel  liut  on  mesure  des  êtres  dont  les  organes  cliangeat  sans  cesse  de 
formes,  do  rapports  et  de  dimensions. 

Ce  que  nous  nous  permettons  d'affirmer  ainsi,  nous  semble  parfaitement  prouvé  par  ce  qui 
se  passe  en  anthropologie,  où  les  ol)servateurs  se  sont  donné  libi-e  carrière  pour  aligner,  dans  de 
superbes  ta]_)leaux,  mesures  sur  mesures,  cliiftres  sur  chiffres,  rapports  sur  rapports,  et  tout  cela 
pour  ar-rivor  à  un  résultat  à  peu  jtrès  nul.  Aucune  découverte,  tant  soit  peu  intéressante,  n'a 
(Hé  faite  en  anthropologie  par  de  pai-oils  procédés.  Tout  ce  que  certains  o])sorvateurs  ont  pu 
affirmera  la  suite  de  mesures,  accomplies  avec  une  patience  de  ])énédictins,  avait  été  dit  avant 
eux  par  les  historiens,  les  linguistes  et  les  naturalistes  de  la  vieille  écolo.  Appliqués  à  cer- 
tains types  humains  offi'ant  un  grand  intérêt,  les  Egyptiens  par  exemple,  ces  procédés  n'ont 
donui''  a])solnment  aucun  résultat  sur  la  parenti''  ou  l'origine  de  ces  vieux  pères  de  notre 
civilisation  actuelle. 

Les  méthodes  de  mensurations,  lorsqu'on  veut  s'en  servir  pour  l'étude  des  races  animales 
domestiques,  n'ont  donné  aussi  que  des  résultats  d'une  très  minime  importance.  Et  comment, 
du  reste,  pourrait-il  en  être  autrement,  puisque  ces  animaux  sul)issent  tant  do  modiffcations 
profondes,  pai*  suite  des  croisements  de  toute  nature  et  dos  inffiionces  savantes  mises  en  œuvre 
par  les  (''lovours  do  tous  les  àgos  et  de  tous  les  pays? 

Les  ])oeufs  dessinés  sur  les  monuments  de  l'ancienne  Egypte,  temples  ou  tombeaux, 
montnmt  deux  races  bien  difforont(>s  l'une  do  l'autre.  La  première,  la  plus  commune,  est 
figur(''o  par  do  grands  animaux  à  cornes  tivs  (l(''\-elopp(''os,  dirigées  suivant  le  plan  du  front,  en 
demi-circonférence  ou  aussi  on  forme  do  lyre  comme  les  appellent  certains  archi'ologues. 
C'est  seulement  celle-ci  qui  peuple  les  m'rropoles  de  Sakkara  et  d'Abtiusir. 

La  seconde  race  parait  ronrormoi'  des  animaux  (''gaiement  grands,  mais  pourvus  sur  les 
C(Jtés  de  la  tête  d(^  cornes  plus  courtes,  dirigées  on  dehors  et  en  haut.  Ces  animaux  sont  pres- 
que toujours  représentés  porteurs  d'une  bosse  plus  ou  moins  prononcée  au  niveau  du  garrot. 
Ces  deux  espèces  ont  été  très  fiien  dessinées  par  Wilkinson^  d'après  un(^  sculpture  figurant 
la  première  un  attelage,  et  la  seconde  une  (■(.■urio.  Nous  n'avons  point  reini  de  squelettes 
des  animaux  do  cette  forme. 

'  Wilkinson,  tlte  ancieni  Egyptians,  vol.  I,  [i.  £49  et  370. 


52 


FAUNK   DH  L'ANCIENNE  EGYPTE 


BOS  AFRIGANUS,  Brehm.  N'  r,. 

(Fig.  31,  32.) 

Ce  crâne,  très  volumineux,  est  pi'obaljlement  celui  d'un  Apis  pi'ovenant  des  souterrains 
de  Sakkara.  Il  a  été  examiné  et  mesuré  avec  le  plus  grand  soin  pai"  notre  savant  collègue 
M.  le  D''  Durst'.  (lui  en  dit  ceci  :  a  Le  crâne  n'oflVc  iiuc  très  iteu  de  différences  avec  celui  d'un 


Fig.  31.  —  Crâne  de  Bos  africaiius  de  Sakkara. 

Bo!^  hrachyceros.  11  possède  comme  celui-ci  un  frontal  onduk-ux.  la  pointe  triangulaire  tle 
l'os  pariétal  s'intercalant  entre  les  deux  frontaux,  la  sutiu-c  saggittalc  formant  souvent  une 
crête. 

«  L'occipital  seul  dilière  de  celui  du  Boa  brncJiijcerus.  il  se  l'approche  un  peu  de  celui  du 
Bos  lirimigeaiwi  k  cause  de  l'intiuence  du  poids  des  cornes  sur  la  forme  des  os  du  crâne. 


l)urst,  V  Anthropologie  A-  II,  année  1900,  p.  671  et  suivantes. 


BOVIDES  53 

La  bosse  du  chignon  n'est  presque  jamais  développée,  la  lii^-ne  qui  joint  la  base  des  cornes 

est  toujours  droite  ou  peu  courbée.  Mais  la  base    occipitale,  c'est-à-dire  la  partie  supérieure 

de  l'occiput,  s'élève  fortement  au-dessus  de  la  s/j/>faj)ia.  (l'est  une 

difiérence  importante   avec  le    lias  jn-iuu'f/c/iiifs  eouiun'  riudiipiait 

déjà  Riitime_V(M-.  Les  cornes  de  c(^tte  es[)èce  sont  absolument   ditlc-  / 

rentes,    dans  leur  forme,    de  celles  du    Ilus  pi-iniigeiiius.    Au   lieu  ^      -''",/ 

d'ètrt'    dirieV'CS  en   avant,  elles  sont   au  contraire  diriii'ées  eu  haiiL  /i' 

et  ont   la  forme  d'une   lyre   ou  d'un  demi-cercle.  »  ''  '         . 

Ce  crâne  de  bœuf  Apis  se  ti'oiive  depuis  longtemps  /    ,.   ,    ^ 

danr;  le  laboratoire  du  Abuu'inu  de  Lvon.  Sa  photogra-  __. /mljif\   v^h 

phie  est  l'eproduite  aux  figures  ."il  et  32  ;  cette  pièce  ^&%M' *: '' 'SêK'  'Cl 
très  intéressante  sera  l)i(nitôt  renvoyée  au  musée  du  ^,  ^\',  .^  «f^  ^  f^3 
Claire   où  les  savants   i)ourront  TiHudier   dans  la  salle  ^'""«.'c/i'  »  ,'' 

consacr(V' aux  momies  animales.  f^'*    tt  \^ 

Le  chignon  forme  une  crête  horizentale  entiv  les  -,    A 

bases  des  cornes.  Le   front  est  plat.   Les  orbiti^s.  très  /  i 

saillantes,   sont  entourées  de   végétations   osseuses  ([ui  ,  ,!&''*'j??P|'i 

dissimulent  presque  entièrement  les  échancrures  sus-  et  V  -  ■  ■^r 

sous-or])itaires.  La  base  des  cornes  est  entourée  d'un         /^   ^r 
épais  anneau  de  végétations  osseuses.  T^es  os  du  ne/.  si)nt  %  ,  '  .  .  ,J^^  \ 

solidement  soudés  entre  eux,  ce  ([in    iudii[ue  que  nous  ?.^|â~4 

avons  sous  les  yeux  le  crâne  d'un  mâle  et  d'un  très  vieil  f   ■,'. 

individu.  '  i.  "*      -  ■, 

Les  dimensions  principales  sont  les  suivantes  :  '-^^  ,> 

Du  cliignon  à  la  ligne  sus-orbitaire .     .     .         240"""  ^^^SV''« 

De  la  ligne  sus-orbitaire  à  l'extrémité  anté-  ^r".i| 

rieure  des  prémaxillaires 328  ^sJ 

Rapport     ....       0  73 

Longueur,  du  chignon  ;i  l'extrémité  anté- 
rieure des  prémaxillaires .570"™ 

Largeur  maxima  entre  les  bords  extérieurs  Fig.  32.  -  Grane  de  Bos  africanus 

des  orbites 270  de  Sakkaih. 

(liiez  le  Ixeuf  dome.-;ti(pie,  les  os  duuez  se  Sdudeut  très  rai'elUi'Ut.  1  )uns  le  must''e  d(.'  l'Ecole 

vétérinair-e  de  Lyon,  j'ai  cependant  tr()UV(''  im  crâne  d'un  taureau  de  7  ans.  d(i  l'ace  Durham, 
dont  les  os  nasaux  sont  aussi  fortement  soudés  que  ceux  du  bieuf  de  Sakkara.  Sur  ce  crâne, 
les  mesui'es  sont  les  suivantes  : 

Du  cliignon,  à  la  ligne  sus-orbitaire 2.36"'"' 

De  la  ligne  sus-orbitaire  à  l'extrémité  antérieure  des  préraaxillaires 308 

Rapport 0  70 


BOS  AFRICANUS.  Brehm.  N»  C. 

(Fig.  3:i,  3i.) 


Un  autre  crâne   de   Eus  dfricanvs,  tout   à  fait  semldable  au   précédent,  nous   a   été 
envoyé  en  ISOl.  par  le  regretté  M.   Kleinmann.  directeur  du  ('.l'iMlit  Lyonnais  en  Egypte. 


54 


FAUNE    DE   L'ANCIENNE  EGYPTE 


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BOVIDES  55 

Il  provient  très  prohablement,  non  du  .urand  Serapeum,  mais  d'un  des  nombreux  puits  remplis 
d'ossements  de  bœufs,  creusés  dans  le  sol  de  Sakkara  ou  d'Abousii*. 

Les  cornes  montrent  la  même  direction  que  celles  de  l'animal  représenté  aux  figures  31  et  32. 
Elles  sont  très  fortes,  entourées  à  leur  base  d'une  épaisse  zone  de  tubercidos  osseux.  A  la 
racine  de  la  corne  droite,  se  voit  encore  un  fragment  de  peau  qui  parait  avoii-  (Hé  brune  ou 
noire.  Le  chignon  est  tout  à  fait  horizontal,  sans  élévation  médiane.  Une  crête  longitudinale 
prononcée  s'étend  entre  le  chignon  et  les  os  du  nez.  Ceux-ci  sont  entièrement  et  solide- 
ment soudés  jusqu'à  leurs  extrémités  inférieures,  ce  qui  indique  que  nous  avons  aflaii'e  à  un 
animal  adulte  ou  âgé.  Les  orbites  sont  entourées  de  productions  osseuses  très  développées  qui 
transforment  ces  orifices  en  véritables  tubes  coniques. 

La  longueur  de  la  tête,  prise  du  chignon  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires,  est 
de  55  centimètres.    La  largeur  maxima  prise  aux  or])ites  est  de  2(")  centimètres. 

Longueur,  du  chii^oon  à  la  lij:ne  sus-orbilaire "...       240""" 

Longueur,  de  la  ligne  sus-orbitaire  aux  prc'maxillaires .     .     .     .       308 

Rapport 0  70 

La  région  postérieure  du  crâne  i^résente  aussi  de  nombreuses  végétations  osseuses  qui 
indiquent  un  âge  avancé  et  une  alimentation  surabondante.  II  est  probable  que  les  crânes 
des  n"''  5  et  0  proviennent  de  bœufs  Apis  élevés  dans  des  écuries  annexées  aux  temples 
et  très  bien  nourris,  conditions  favorables  à  la  production  des  exostoses  qui  caractérisent  ces 
deux  pièces. 

Le  Muséum  de  Lyon  possède  enc()r(>  neuf  crânes  phis  ou  moins  conaplets  déjeunes  indi- 
vidus, provenant  des  mêmes  localités  et  présentant  des  cai'acfères  identi({ues  à  ceux  des  indi- 
vidus décrits  précédemment. 

Lorsqu'on  les  compare  aux  crânes  des  zébus,  on  peut  constater  que.  comme  le  Bos 
africanus,  le  zébu  de  Madagascaj"  a  le  chignon  très  horizontal. 

Le  Z(''l)u  de  Cevlan,  au  contraire,  a  une  saillie  au  milieu  du  chignon.  Il  présente  un  h-ont 
fortement  liombé,  tandis  que  le  Bos  africanus 'îs.Xc  front  alisolument  plat  ou  même  légèrement 
concave.  Chez  le  zébu  de  Ceylan,  le  chignon  surplombe  foi'tement  l'occipital,  i)lus  ou  moins 
suivant  l'âge  ou  le  sexe.  Chez  le  Bos  afrircums  très  jeune,  le  chignon  foi'ine  avec  l'occipital  un 
angle  presque  droit. 

Dans  les  fouilles  exécutées  en  1855.  au  Serapeum  de  Sakkara,  Mariette  parait  avoir 
trouv(''  deux  si[iielettes  de  vrais  Apis  dans  des  chambres  huK'rain's  inviolées'.  On  ne  sait 
malheureusement  ce  que  ces  restes  pi'écieiix  sont  devenus.  Dans  le  musée  égvptien  du 
Louvre,  on  trouve  seulement  une  tête  d'un  jeune  Apis  dont  M.  Bénèdite  a  l)ien  voulu 
m'envoyer  la  photographie.  En  1902,  j'ai  })u  examiner  cette  tête  (fig.  35)  grâce  à  la  bien- 
veillance de  MM.  Pierret  et  Bénèdite.  mais  je  n'ai  jias  été  autorisé  à  la  débarrasser  de  ses 
l)andelettes . 

J'ai  pu  cependant  m'assurer  ([ue  les  cai'actères  de  cette  tête  sont  les  mêmes  que  ceux 
que  présentent  les  autres  individus  décrits  plus  haut.  Les  deux  petites  cornes  n'ont  (jue  ({uel- 

'  Mariette,  Alheneuin  français,  juin  1855,  p.  54. 


ii? 


nj 


/ 


56  FAI" NE   DK   LANGIENNK   KGYPTH 

ques  centimcMn's  d(>  hautoui'  ot  indiquent  un  animal  de  '.)  ;i  12  mois.  Le  ehiiiuon,  parfai- 
tement reetiligne.  sous  les  bandelettes,  a  une  lonu'ueur  de  ['2  centimètres.  De  la  Jiase  des 
coi'nes  à  l'extrémité  du  museau,  la  lonLî'ueui'  est  de  2'A  (■(■ntimi"tr(>p.  Les  yeux  sont  ftii'urés 
par  des  bandes  d'étoffes  cousues  eiirulaii'ement,  et,  sur  le  fi-ont,  est  solidement  fix(''  un  ti'ianiile 
isocèle  d'étoffe  blanche  (|ui  montre  sûrement  (pi'on  a  ici  la  tète  d'un  Apis  sacré  mort  jeune, 
à  l'état  de  veau.  C'est  la  seule  pièce  alisolument  autheuti([ue  que  nous  ayons  pu  examiner.  La 

peau  et  le  poil  de  l'animal  ne  sont  pas  con- 
servés. La  tête  pai'ait  avoir  été  enveloppée  de 
liandelettes  lorsqu'elle  était  d(''jà  dépouillée  de 
ses  chairs. 

L'étude,  cependant  incomplète,  de  cette 
pièce  nous  permet  d'affirmer  que  cet  Apis 
appartenait  à  la  race  du  Bof>  a/'z-ica/tui;. 

D'après  les  scidptures  trouvées  par  ^la- 
riette  au  Seraiieum  de  8akkai-a'.  les  Apis 
étaient  des  animaux  s\-eltes,  hauts  sur  jambes, 
pourvus  d'une  bosse  très  petite,  et  en  tout 
seml)lables  à  ceux  que  nous  avons  étudiés 
sous  le  nom  de  Bas  africanus,  qui,  quoiqu'ils 
ne  puissent  pas  i>résenter  de  bosses  sur  le 
squelette,  ont  cependant  toujours  un  garrot 
fortement  prononcé'  et  incurve''. 

Si  l'on  en  croit  Plutarque.  Apis  ne  pou- 
vait vivi-i'  au  delà  d'un  certain  nombre  d'an- 
•^  n(''(>s  dont  l'historien  grec  fixe  le  chiffre  à  2.5; 

une  mort  violente  tranchait  ses  jours  quand  il 
Fig.  35.  -  TÈTE  DE  LA  ..O.M.E  DU  jELNE  Apis  DU  MUSÉE    ^valt  atteint  la  limite  (pi'U  lui  .'tait  défendu 
^^  Louvre  j,.  franchir'.    Cette   affirmation  de  Plutarque 

par-ait  ne  pas  être  tout  à  fait  exacte.  Mai'iette 
cr-oit  que  les  Apis  vivaient  ce  qu'ils  pouvaient,  de  20  à  2S  ans.  Le  plus  glorieux  d'entre  eux, 
disait  notre  savant  compatriote,  doit  être  sans  doute  celui  ipn.  Usiris  complet,  prolonge  sa 
vie  jusqu'à  28  ans.  après  lesquels,  à  l'exemple  de  la  victime  des  embûches  de  Typhon,  il 
termine  son  existence  dans  les  eaux  du  Nil. 

Ce  seraient  ces  Apis,  très  vieux  pour  des  bœufs,  qui.  bien  nourris,  bien  soignés  dans  des 
écuries,  privés  de  tout  travail  et  de  tout  exercice,  nous  pr(''sentent  les  ci'ànes  volumineux  repré- 
sentés aux  figui'es  31  et  35,  nous  montrant  ces  végétations  osseuses  extraordinaires,  développées 
autour  des  orbites,  sur  les  apophyses  post-craiiiennés,  ainsi  que  la  soudure  si  remai'quable 
des  os  du  nez. 

Les  Apis  étaient  enterrés,  soit  dans  le  grand  Sei'apeum  souterrain  de  Sakkara.  soit  dans 
des  tombes  profondes  et  isolées,  creusées  dans  le  plateau  voisin  de  cette  n(''cropole.  Souvent  aussi. 


'  Mariette,  Atheneum  français,  juin  1855,  p.  54. 

^  Mariette,  Alheneum  français,  octobre  1855,  p.  85  et  suivantes 


1!0\1])ES  57 

on  onsov(4issait  leurs  dépouilles  dans  des  i^alcrios  creusées  dans  la  roche  calcaii'(^  qui  forme  le 
sous-sol  d'Abousir  au  sud  de  Sakkara. 

D'après  M.  Maspero,  les  bœufs  de  Sakkai'a  ne  sont,  pas  tous  des  Apis,  du  moins  ceux  qui 
n'ont  pas  été  trouvés  dans  le  Sei'apeum  ou  dans  des  tomlies  spéciales.  Ils  doivent  avoir  été  des 
animaux  secondaires*,  peut-être  les  frères  et  les  enfants  de  l'Apis  réel.  Il  semble  aussi  que, 
dans  certains  cas,  soit  de  mort  subite  ou  de  mort  par  accident,  ou  lorsque  les  animaux  portaient 
certaines  marques,  on  les  considérait  comme  sacrés,  sans  pourtant  les  introniser  comme  Apis. 

L'Apis  étant  unique  de  sa  nature,  il  est  probable  qu'api'ès  l'avoir  gardé  dans  les  temples 
ou  dans  les  dépendances  des  temples  pendant  sa  vie,  on  l'enterrait  dans  le  cimetière  spécial  de 
Sakkara  après  sa  mort.  Toutes  les  momies  des  Apis  réels  ont  l'ti''  détruites  par  les  chrétiens  ou 
par  les  gens  qui  ont  ])illé'  le  grand  Serapeum.  Mai-iette  n'avait  trouvé  que  les  restes  authentiques 
d'un  seul  Apis  qui  ne  sont  pas  à  Gizé  :  ])(Mit-ètre  sont-ils  au  Louvre- ? 

L'Apis  authentique  dont  parle  AL  Maspero  est  très  certainement  la  tète  du  veau  emmail- 
lotée (le  Iiandelettes,  portant  le  ti'iangle  caraetéi-istique  sur  le  front  et  placé  actuellement 
dans  la  galerie  égyptienne  des  Musées  du  Louvre. 


BŒUFS    D'ABOUSIR 

En  juin  et  juillet  1902,  M.  Maspero  a  eu  l'obligeance  de  faire  fouiller  à  nouveau,  aux  trais 
du  Muséum  de  Lyon,  certains  pidts  de  la  n(''cropole  d'Abousir  qu'on  savait,  d'après  la  description 
de  Gailliaud,  devoir  contenir  dos  momies  de  ])œufs.  Les  travaux  ont  été  difficiles  et  coûteux  à 
cause  de  l'envahissement  des  sables  coulant  comme  de  l'eau,  (*t  du  danger,  provenant  des  ébou- 
lements  toujours  possil_)les  des  parois  de  la  plupart  des  galeries  actucdlement  en  mauvais  état. 

Ces  puits,  très  profonds,  sont  aujourd'hui  absolument  ensablés.  Je  n'ai  pu  malheureu- 
sement assister  à  leur- d(''))laiement,  aussi  suis-je  forcé,  jiour  en  d(mner  une  idée  exacte,  de 
relater  ici  l'exploration  qui  en  a  été  laite  en  IS2().par  notre  savant  compatriote  Gailliaud^: 
«  Nous  nous  rendîmes  aux  hypogées  qui  se  trouvent  à  un  petit  quart  de  lieue  d'Al)ousir.  Cq. 
sont  des  puits  creusés  perpendiculairement  dans  la  roche,  de  6  à  10  mètres  de  profondeur,  sur 
I  mètre  en  carré.  De  ces  puits,  on  communique  par  des  ouvertures  à  une  multitude  de  chambres 
où  se  trouvent  lieaucoup  d'animaux  embaimiés  et  d'autres  momies.  Cidui  ([ue  nous  visitons  avait 
30  pieds  de  profondeur  :  nous  y  descmidinies  en  posant  les  \nods  dans  des  trous  pratitpiés  sui" 
les  deux  faces  opposées.  Au  fond,  j'e  fus  obligV'  de  me  couclK^r  à  plat  ventre  sur  le  sable  pour 
m'introduii'c  dans  le  premier  passage  où  se  trouve  une  salle  cai'i'ée  de  10  pieds;  elle  commu- 

'  Revue  arcliéologiqiie,  Paris,  ISiCi,  3''  année,  p.  116.  Lettre  da  Caire,  (1  mars  l.St<!.  —  "  On  a  trouve'  der- 
nièrement à  Sakkara  un  puits  contenant  un  ^rand  nombre  de  bœufs  momifiés.  Ils  étaient  embaumés  de  manière  à 
représenter  un  bœuf  couché  comme  un  spliinx,  mais  les  oreilles  étaient  figurées  en  bois  et  les  yeux  étaient  remplacés 
par  un  rond  émaillé  sur  pierre.  La  plupart  de  ces  momies  ont  été  brisées  par  les  Arabes.  A  notre  arrivée  sur  les 
lieux,  il  ne  restait  plus  qu'un  amas  de  bitume,  d'os  emmaillotés  et  de  bandelettes  déchirées. 

«  P.  S.  —  Le  D'  Abbott  vient  de  faire  l'acquisilion  d'une  momie  de  bœuf  dont  la  poitrine  est  couverte  de  décou- 
pures en  or  représentant  différentes  images  de  divinités.  Sur  chacune  des  épaules  de  l'animal  est  attaché  un  disque 
doré,  dans  le  genre  des  hypocéphales.   » 

'  Maspero,  in  titl.,  18  décembre  1901. 

■'  Gailliaud,  Voilage  à  Meroë  et  au  fleuve  Blanc,  1S20,  vol.  I,  p.  13. 

Arch.  Mus.  —  T.  VIII.  «8 


58  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

nique  aux  divers  clieinias,  à  droite  et  k  i;auelie  de.si|iiids  «eut  des  cliiuabn'.s  remplies  de  nioaiies 
de  bœufs.  Je  fis  ouvrir  plusieurs  de  celles-ci,  où  je  ne  trouvai  que  des  os  placés  sans  ordre.  Le 
médiocre  volume  de  ces  momies  me  fit  connaiti'e  que  les  anciens  avaient  d'abord  enlevé  la  plus 
grande  partie  des  chairs,  et  qu'ils  avaient  seulement  embaumé  les  ossements  des  animaux 
sacrés.  Ces  os  ont  été  enA'oloppés  avec  précautions  ;  ceux  des  cuisses  et  des  jambes  sont  repliés 
et  ne  forment  qu'une  masse  avec  ceux  du  corps.  La  tête,  enveloppée  avec  plus  de  soins,  conserve 
sa  forme  naturelle.  Les  yeux  sont  indiqués  en  couleur  sur  la  toile  ;  sur  le  haut  de  la  tête,  est  la 
tache  qui  caractérise  le  dieu  Apis.  Les  cuisses  sont  entourées  de  liandelettes  ;  des  branches  de 
dattier  sont  placées  quelquefois  en  dedans  des  momies  pour  maintenir  les  os.  (Jn  x  trouve  une 
poussière  jaunâtre  ([ui  devient  fétide  quand  elle  est  humectée.  Elle  semble  être  le  résidu  des 
chairs  conservées,  joint  au  natron  ou  à  d'autres  su]:)stances  salines.  Après  les  avoii'  enveloppées 
d'une  grande  quantité  de  toiles,  on  les  entourait  avec  des  cordes  de  branches  de  palmiers  et  de 
chanvre.  Ces  momies  étaient  entassées  les  unes  sur  les  autres  :  pour  mieux  les  assujettir,  on 
avait  placé  entre  elles  divers  morceaux  de  jilanches  et  de  madriers.  .Je  vis  ainsi  huit  chambres 
remplies  de  ces  animaux  embaumés.  » 

«  A  Thèbes,  dit  plus  loin  Cailliaud,  parmi  les  animaux  embaumés,  je  trouvai  des  momies 
de  boeufs,  de  chats,  de  chiens,  de  serpents,  d'iliis.  de  poissons,  de  singes,  de  crocodiles,  de 
souris  et  de  crapauds.  » 

BOS  AFRICANUS,  Brehm.  N»  7. 

Une  magnifique  momie  d'un  bœuf  accroupi  a  (''té  le  premier  résultat  de  cette  fouille. 
L'animal  parait  long  de  2™.50,  large  de  1  mètre  au  moins.  Il  semble  avoir  les  jambes 
antérieures  et  postérieures  replovées  sous  lui.  et  poi'te  la  tète  fièrement  dressée'.  Le  corps 
de  l'animal  est  enveloppé  de  grands  morceaux  en  toile,  assez  fine,  soutenue  pai*  des  cordelettes 
de  palmier  et  pai'des  lisières  lai'ges  de  4  centimètres,  tissées  d'une  façon  très  remai'quable  et 
ayant  encore  conservé  une  grande  ténacité.  La  toile  et  les  lisières  sont  imbibées  d'une  substance 
brunâtre  qui  n'est  autre  chose  qu'une  dissolution  saturée,  mais  desséchée,  de  natron. 

Mais  quels  n'ont  pas  été  notre  surprise  et  notre  profond  désappointement,  en  démolissant 
cette  momie,  de  A'oir  qu'elle  était  entièrement  factice,  construite  très  habilement  d'un 
grand  nombre  d'ossements  dépareillés  de  bœufs  et  de  veaux,  ficcdés  les  uns  aux  autres  par  des 
cordelettes,  des  chiflbns,  des  lisières  solides  enduites  de  natron  et  de  Intume.  En  avant  de  cette 
fausse  momie,  une  tête  de  bœuf  adulte,  placée  sur  un  cou  formé  de  chiffons  fortement  enroulés 
et  l'attachée  au  restant  du  corps,  figurait  très  bien  la  partie  antérieure  de  l'animal  accroupi.  La 
tête  de  bteuf  était  elle-même  entourée  de  Ijandelettes  en  toile.  d(^  lisières  remontant  jusqu'à 
l'extr(''miti''  supérieure  des  cornes,  dont  les  axes  osseux  étaient  dépourvus  de  leur  étui  eorm''. 
Aucun  dessin,  aucune  inscription  ne  permet  de  dater  cette  momie. 

•l'ai  pu  constater,  par  l'examen  des  ossements  et  des  mâchoires,  dont  plusieurs,  absolu- 
ment édentées  et  atrophiées,  avaient  dû  appartenir  à  des  animaux  très  vieux,  que  les  restes 
osseux  de  sept  individus  au  moins  entraient  dans  la  construction  de  cette  préparation. 

Cette  disposition  confirme  entièrement  les  laits  rapjiortés  par  Hérodote  et  (pie  j'ai  rappelés 

'Ces  momies  figurent  avec  la  plus  grande  exactitude  un  bœuf  au  repos,  couché  dans  une  prairie,  les   genoux 
en  avant,  les  jambes  repliées  sous  le  thorax  et  la  léte  haute. 


BOVIDES 


59 


plus  haut.  Les  cadavres  des  vaches  étaient  tout  simplement  jetés  dans  le  Nil,  tandis  que  ceux 
des  taureaux  étaient  enterrés  peu  profondément,  de  façon  à  laisser  hors  de  terre  les  extrémités 
des  cornes.  Lorsque  les  chairs  avaient  dispai'u  par  suite  de  la  putréfaction,  les  ossements 
retirés  de  la  fosse  étaient  emballés  soigneusement  et  transportés  dans  des  nécropoles  spéciales 
établies  pour  les  bœufs.  Et  c'est  là,  dans  ces  galeries  souterraines,  dans  les  chambres  funé- 
raires annexes,  que  les  ossements  de  ces  animaux,  forcément  incomplets  et  mélangés  les  uns 
aux  autres,  étaient  emmaillotés  de  façon  à  simuler  l'image  d'un  bœuf  accroupi. 

Quelles  étaient  les  idées,  les  croyances  religieuses  qui  pouvaient  pousser  les  Egyptiens  à 
cette  singulière  manière  de  faire  ?  Rien  dans  les  monuments  ou  dans  les  papyrus  ne  peut  nous 
donner  la  clef  de  cette  bizarre  coutume. 

Les  quatre  crânes,  plus  ou  moins  incomplets,  qui  se  trouvaient  dans  l'intérieur  ou  à 
l'extrémité  de  cette  pseudo-moiuic.  pr(''scnt('nt  tous  les  caractères  (pic  nous  avons  signalés 
plus  haut  sur  les  magnifiques  bœufs  trouvés  intacts  à  Salvkara.  C'est  toujours  la  même  espèce, 
le  Bos  africanus  à  cornes  semi-lunaires. 

L'autopsie  de  cette  pièce  intéressante  montre  donc  que  la  pratique  signalée  par  Hérodote 
devait  se  faire  sur  une  largx'  échelle,  et  qu'à  Aliousir  aussi  itien  qu'à  Sakkara  on  momifiait 
avec  soin  les  restes  des  bœufs  décédés  dans  un(^  grande  pai'tie  de  la  vallée  du  Nil. 


BOS  AFRICANUS,  Brehm.  N»  8. 

(Fig.  :JG,  37,  38. 

Pendant  les  mômes  fouilles  pratiquées  à  Abousir,  en 

uillct    1902,  les  ouvriers  de  M.  Maspero  amenaient  au 

"^  jour  une  autre  superbe  momie  de  Bos  africanus, 

longue  de  2'".50,  large  de  1  mètre  à  peu  près. 


Fig.  .'Si'i.   —  TiiTE  d'un  Bos  africanus  momifié,  d'Abousih 


Elle  représente,  comme  O'ili'  dont  je  viens  di.i  parler  plus  haut,  la  l'orme  d'im  énorme 
bœuf  accroupi,  les  jambes  r(qtli(''es  sous  lui.  et  poi-tant  fièrement  dressée  une  tète  entourée  de 
linges  moulés  sur  les  os  du  crAno  et  de  la  lace,  solidement  collés  entre  eux  par  une  substance 
(jui  devait  être  gommeuse  et  salini». 


60 


FAUNE    DE    LAXCIENNE   EGYPTE 


Comme  la  promiôro  fois,  nous  espérions  avoir  affaii'o  ici  à  une  véritîible  momie  renli'rmant 
les  restes  d'im  seul  animal.  Mais  grand  est  notre  désappointement  lorsque  nous  démolissons 
la  pièce.  Nous  constatons  alors  que,  comme  la  précédente  elle  est  formée  pai"  les  ossements, 
tous  incomplets,  de  cinq  individus,  dont  un  doit  être  très  vieux,  tandis  que  le  cinquième  est  un 


;V^^r. 


Fig.  37.  —  TÈTE  d'l'n  Bos  africanus  momifié,  d'Abousir 


A'eau  dt'  deux  ans  à  peu  près.  Au  milieu  de  ces  ossements,  se  trouvaient  un  énorme  bassin 
et  quelques  pièces  de  la  colonne  vertébrale  ayant  dû  appai'tenir  à  im  vieil  individu,  cai*  ces 
os  présentent  tous  des  végétations  nombreuses.  La  symphyse  pubienne  de  ce  bassin,  très 
épaisse,  indique  cpi'il  provient  d'un  mâle  ayant  atteint  une  taille  colossale.  Les  débris  de  ce 
gigantesque  taureau  sont  tous  teintés  en  noir  intense,  et  plusieurs  d'entre  eux  présentent  des 
traces  évidentes  d'une  calcination  prolongée.  Ce  bassin  monstrueux  porte  encore  à  l'intérieur 
de  grosses  masses  de  bitume  qui  doivent  avoir  été  coulées  à  chaud. 


IJOVIDKS 


61 


La  tête  est  très  Lion  modelée  par  de  l'étoupc;  et  des  linges  (fig.  'SI)  roWr^  pai-  une  substance 
gomnieuse  et  saline.  Les  naseaux  et  les  lèvres  sont  Inen  indiqués.  Les  orbites  sont  Ibruiés  par  des 
couronnes  de  chittbns  solidement  entourés  d'une  ficelle  et  recouvertes  d'une  ellipscule  toile  collée. 
Sous  les  bandelettes  et  les  étoupes,  nous  trouvons  la  tête  osseuse  d'un  ])neuf  dont  la  mâchoire 
inférieure!  est  solidement  rattachée  au  ci'àne  pai-  des  cordelettes  de  li'uillcs  de  palmier.  Les 


Fig.   û8.  —  Tkte  i)"iN  Bas  afn'canus  momifié.   d'Abousik. 


cornes  sont  aussi  entourées  de  liandi'lelles.  mais  les  étuis  cornés  mamiuent.  L'examen  de  l;i 
tète  montre  clairement  qu'elle  apparlieiil  eomme  celles  de  Sakkara  et  d'Abousir  à  la  race 
du  Bus  (ifi-iroiins  typique  (fig.  38). 

Au  milieu  des  débris  de  linge  qui  scM'vent  à  recouvrir  l'animal,  on  rencontre  les  restes 
d'une  grande  aile  d'épervier.  peinte  sur  toile  sfuquée.  et  iir(''sentanl  encore  de  très  l»elles 
couleui's.  l'n  autre  morceau  d'('"totre  jiorte  des  dessins  bleuâtres  indi'lei-minés  ainsi  que  des 
a|»|)lieations  d'or  ayant  conservi''  un  su|iei-lie  brillant  miHalli(pie. 


62  FAUNE    DE    L'ANCIENNE   EGYPTE 

Les  dimensions  do  eotto  Ixdlo  trte  sont  los  suivantes  : 


mm 


Longueur,  du  chignon  à  l'extromité  antérieure  des  prémaxillaires 500' 

Larg-eur,  à  la  ligne  sus-orbitaire 230 

Rapport 46 

Longueur,  du  chignon  à  la  ligne  transverse  sus-orbitaire 200""" 

De  la  ligne  transverse  sus-orbitaire  à  l'extréoiité  antérieure  des  prémaxillaires 300 

Rapport 66 

A  propos  de  ces  mesures,  je  me  permets  de  faii'e  remarquer  eoml)ien  elles  ont  peu  d'im- 
portance. Chez  les  vii^ix  individus,  en  effet,  les  exostoses,  les  végétations  nombreuses  qui  se 
forment  sur  le  pourtour  d(\s  orbites  augmentent  considérablement  la  largeur  de  la  tète  propor- 
tionnellement à  sa  longueur.  Chez  les  jeunes  sujets,  au  contraire,  les  dimensions  transverses 
sont,  relativement  à  la  longueur  de  la  tète,  toujours  et  forcément  moindres. 

A  la  fin  du  mois  d'août  1902.  nous  avons  reçu  d'Abousir  de  nouvelles  momies  du  Bos 
africanus  présentant  toutes  le  même  intérêt  : 


BOS  AFRICANUS  d'Abousir.  N"  9. 

Momie  énorme,  longue  de  2  mètres,  large  de  7.5  centimètres  environ,  représentant  un 
bœuf  accroupi,  poi'tant  la  tète  haute.  Cette  pièce,  renfermant  des  ossements  complets  d'un 
seul  individu  adulte,  est  soutenue  et  modelée  par  un  grand  nombre  de  rachis  de  feuilles  de 
dattier,  par  des  tiges  de  papyrus  et  par  des  bandelettes  très  longues,  élégamment  enchevêtrées 
en  losanges.  Les  os  des  mi'mbres.  ainsi  que  ceux  delà  tète,  sont  bien  nettoyés  et  barbouillés 
de  bitume  é\ideinnient  aiqtliqué  chaud  sur  les  régions  qui  ont  d'abord  été  privées  de  la  matière 
musculaire  et  aponévroli([ue. 

Les  dimensions  de  la  tête  sont  les  suivantes  : 

Longueur,  du  chignon  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires 475'"'" 

Largeur  à  la  ligne  sus-orbitaire 200 

Rapport 42 

Longueur,  du  chignon  ù  la  ligne  sus-orbitaire 185""" 

Longueur,  de  la  ligne  sus-orbitaire  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires     ....  290 

Rapport 63 

Les  axes  osseux  des  cornes  sont  bris(''s  à  nu-liautinir.  mais  mdiqiieni  une  encornure  sem- 
blable à  celle  des  autres  sujets  de  la  race  du  Bos  afi-kmma  que  nous  avons  étudiés  plus  haut. 
Le  sacrtnn  est  formi'  de  .")  vertèlires.  Le  bassin  est  élargi  au  d(''troit  inlV-rieur,  mais  l'épais- 
seur du  pubis  indi(|ue  ([ue  l'on  a  bien  affaire  aux  restes  d'un  individu  mâle. 


BOS  AFRICANUS,  Brehm.  N  ■   lu. 

La  momie  longue  de  3  mètres,  large  de  .50  centimi'tres,  représente  comme  les  autres 
un  bœuf  accroupi,  la  tète  haute.  Les  ossements  appartiennent  à  un  seul  individu  et  sontplon- 
gc'is  dans  mie  matière  pulvérulente  très  noire  formi^e  par  des  débris  de  matières  organiques  et 
par  des  bandelettes  très  nombreuses  trempées  évidemment  dans  des  solutions  plus  ou  moins 


BOVIDES  63 


8  (le 


concçntrées  de  natron.   Les  débris  de  l'animal  (''taient  soutenus  par  des  raehis  de  [cuillo!' 
palmier  ainsi  que  par  des  tiges  de  papyrus  d'un  diamètre  consid(''ral)lc. 

Les  os  des  membres  et  les  côtes  sont  presque  tous  brisés. 

Les  dimensions  de  la  tête,  (jui  est  lieureusement  restée  intacte,  sont  les  suivantes  : 

Longueur  de  la  tête 500""" 

Largeur  de  la  tète :^05 

Rapport 41 

Longueur,  du  chignon  à  la  ligne  transverse 195"'"' 

Longueur,  de  la  ligne  sus-orbitaire  transverse  à  l'extrémité  antérieure  des  prémaxillaires  .  305 

Rapport 63 

Les  cornes  sont  malheureusement  brisées.  Le  sacrum  man([U('.  Le  bassin  présente  un 
pubis  très  épais  et  qui  iudifpir  ijuc  la  momie  renferme  le  squelette  d'un  mâle. 


BOS  AFRICANUS,  Brehm.  N"  11. 

Une  autre  momie,  tigurant  toujours  un  liœuf  accroupi,  la  tête  haute,  renfci-me  un  crâne 
appartenant  sîu'ement  à  un  autre  individu  (pu'  les  os  qui  simulent  le  corps  d(^  l'animal. 

La  tête  est  celle  d'un  jeune  individu  dont  les  cornes  sont  encoi'e  très  petites.  Tous  les 
ossements  de  cette  momie  sont  teints  en  noir  par  des  applications  de  bitume  et  par  des  badi- 
geonnâmes de  natron.  Ils  sont  plongés  dans  une  poussière  noire,  fine  et  odorante,  formée  pro- 
])ablement  pai"  la  décomposition  lente  des  matières  organiques  et  des  bandelettes  nombreuses 
qui  entouraient  les  restes  de  l'animal. 

Les  os  du  squelette  appartenant  à  un  individu  adulte  et  mâle  sont  brisés.  Le  détroit  inférieur 
du  bassin  est  angulaire.  Le  pubis,  très  épais,  indiipie  un  taureau.  Le  sacrum  pré'sente  cinq 
vertèbres.  Les  os  du  liassin  sont  d(''form('"S  par  des  végétations  et  des  exostoses  nombreuses. 


BOS  AFRICANUS,  Brehm.  N"  12. 

La  momie,  comme  les  précédentes,  représente  un  bœuf  accroupi  portant  la  tête  dressée. 

Sous  les  linges  et  les  os  se  ti'ouve  une  masse  énorme  dépoussière  noire  formée  par  la 
décomposition  des  chairs  et  des  toiles  de  momification  qui  étaient  cependant  trempées  dans  des 
solutions  de  natron,  les  os,  sont,  en  partie  seulement,  barbouillés  de  bitume.  La  tête  de  la 
momie  appartient  à  un  très  jeune  individu.  Elle  est  brisée,  incomplote  et  entourée  de  bande- 
lettes élégamment  entre-croisées  en  losanges. 

Dans  l'intérieurde  cette  monde,  on  trouve  une  seconde  tête  en  très  mauvais  état,  placée 
au  milieu  d'ossements  de  bœufs  éi^alemenl  brisés  et  enduits  de  bitume. 


64  F  A  U  \  ]-;  1  )  !•:  I .  '  A  X  C I E  X  X  K  K  (  '.  ^  \>  T  E 


BŒUFS    D'HELIOPOLIS 

BŒUF  MNEVIS.  N"  i3. 

Le  20  juin  11)02,  M.  Maspero  i'iit  assez  houroiix  pour  dôcouvi-ii"  à  Arali-abou-'l'awil, 
localité  située  au  nord  d'Héliopolis.  la  toni]»'  inviolée  d'un  bicuf  Mnevis  de  l'époque  de  Ram- 
sès  III,  renfermant  encore  un  certain  nonilin;  d'ossements  en  trt's  mauvais  état  et  lirisés.  Il 
eût  été  intéressant  de  pouvoir  di'tcrminer  à  ipiclle  espèce  ce  lioeuf  Mnevis  jtouvait  bien 
appai'tenir.  Malheureusement,  ce  tombeau  devait  être  très  luiiuiilc  de  telle  soi'te  que  les  os 
avaient  en  grande  pai'tie  disparu.  La  tète  n'existait  plus  qu'à  l'état  de  petits  fragments.  La  race 
de  l'animal  ne  pouvait  donc  être  déterminée.  Cependant,  d'après  l'examen  très  minutieux  de 
quelques  os  longs  bien  conservés,  nous  croyons  pouvoir  affirmer  ({ue  ce  Mnevis  était  tout  sim- 
plement un  bœuf  appartenant  égalenKnit  à  la  i-ace  des  Apis  de  Sakkara,  mais  possédant  pro- 
bal)lement  une  rolx'  taclieté'e  d'une  faeon  8p(''ciale  exigée  par  les  rites. 

Dans  les  fragments  (pii  nous  ont  (''t(''  euvové^i,  nous  avons  pu  reeonnaiti'e  des  os  appar- 
tenant à  trois  individus  difiérents  :  un  très  gros  animal  dont  la  taille  devait  être  énorme,  et 
deux  autres  de  dimensions  moyennes  et  beaucoup  plus  jeunes.  Tous  trois  proviennent  d'ani- 
maux bas  sur  jambes  et  de  formes  trapues. 

On  l'etrouve  donc  à  Héliopolis,  ce  qu(^  nous  avons  constaté  à  Abousir,  des  momies 
de  bœufs  renfermant  des  restes  non  d'un  seul  animal,  mais  de  plusieurs  bœufs  réunis  dans  les 
mêmes  enveloppes  ou  le  même  sai'copliage.  Ce  fait  est  des  plus  intéressants  à  constater  et  nous 
ne  trouvons  aucune  raison  plausible  pour  expli(pier  cette  bizarre  et  singulière  coutume. 

Les  débris  de  ces  Mnevis  étaient  encore  très  humides  lorsqu'ils  nous  sont  parvenus;  on 
voyait  qu'ils  avaient  dû  séjourner  pendant  une  longue  suite  de  siècles  dans  de  la  teire  mouillée. 

Beaucoup  de  ces  os  portaient  encore  de  nombreuses  applications  de  minces  feuilles  d'or 
ayant  conservé  tout  leur  éclat.  Ces  lamelles  métalliciues  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  grande 
valeur  de  l'animal  sur  les  os  (lu([uel  on  les  avait  appliquées;  mais  alors  on  se  demande  pourquoi 
se  trouvent  aussi,  dans  la  même  tombe,  les  squelettes  de  deux  autres  individus  plus  jeunes  ?  11 
serait  peut-être  permis  de  penser  (|ue  ce  sont  les  restes  des  tils  du  Mnevis  âgé  dont  les  osse- 
ments seuls  ont  été  dorés. 

En  juin  et  juillet  11102.  M.  Daninos  pacha,  l'archéologue  très  distingué  du  Caire,  a  fait 
ime  série  do  fouilles  dans  les  envii'ons  d'Héliopolis.  dans  le  désert  situé  à  l'orient  de  cette  loca- 
lité, là  où  doit  probablement  se  trouver  l'ancienne  nécropole  de  la  ville  du  Soleil.  M.  Daninos 
a  exploré  un  certain  nombre  de  puits,  profonds  de  .30  à  30  mètres,  dans  lesquels  on  n'a  trouvé 
que  quelques  ossements  brisés  de  Ijœufs,  d'ibis  et  de  mangouste.  Les  nécropoles  humaines  et 
celles  des  Mnevis  d'Héliopolis  restent  donc  à  découvrir. 


BOVIDES  65 


RACE  ET  ORI&INE  DES  BŒUFS  DE  L'ANCIENNE  É&YPTE 

Los  ])œuts  dessinés  sur  les  inonuiUL'iits  de  l'ancienne  Eyyptt',  tenn)lcs  uu  tombeaux, 
montrent  deux  races  bien  différentes  l'une  de  l'autre  comme  nous  l'avons  dtjk  dit.  La  première, 
la  plus  commune,  est  figurée  par  de  grands  animaux,  toujours  hauts  sur  jambes,  à  cornes  très 
développées,  dirigées  suivant  le  plan  du  front,  en  demi-circonférence  ou  bien  en  forme  de 
lyre,  comme  disent  les  égyptologues.  La  seconde  race  est  représentée  par  des  animaux 
également  grands,  mais  pourvus  sur  les  côt(\s  de  la  tète  de  cornes  très  courtes,  dirigées  en 
dehors  et  en  haut.  Presque  toujours  ces  animaux  sont  porteurs  d'une  liosse  plus  ou  moins 
d(''veloppé('  au  niveau  du  garrot.  Ces  deux  races  ont  été  très  bien  dessiniM's  dans  une  sculpture 
reproduite  par  AMlkinson  *  représentant,  la  première  un  attelage,  et  la  seconde  une  écurie  à 
bœufs  dans  une  ferme  de  la  haute  Egypte  probablement. 

On  peut  constater  que.  sur  certains  bas-reliefs,  les  races  à  courtes  cornes  ou  môme  sans 
cornes  ne  montrent  que  des  veaux.  Cependant,  dans  quelques  cas,  les  Egyptiens  ont  figuré 
une  forme  sans  cornes  portant  un  chignon  très  élevé  ^.  Tous  les  bœufs  qui  nous  ont  été  envovés 
par  M.  Maspero,  et  (pii  j)rovienncnt  de  diffi'rcntes  localités,  spécialement  fouillées  en  vue  de 
ce  travail,  appartiennent  tous  sans  exception  à  la  race  à  grandes  cornes  disposées  en  croissant. 

Le  véritable  bœuf  à  courtes  cornes,  et  sans  bosse  au  garrot,  tel  i[ue  nous  le  r-etrou.vons 
aujoiu'd'hui  en  S\Tie,  ne  parait  pas  avoir  existé  en  Egypte  pendant  ranti(piité  ou,  du  moins, 
nous  n'en  avons  retrouvé  aucune  trace  dans  les  nombreux  d(''l»ris  (pi(>  nous  avons  pu  exa- 
miner en  Egypte,  ou  dans  les  envois  du  Service  des  Antiquités.  On  ne  saui'ait  donc  affirmer, 
d'après  les  dessins  et  les  lias-relicl'-;.  que  le  Ixeuf  égvptien  à  courtes  cornes,  d'une  taille  toujours 
considérable,  fort  et  trapu,  soit  le  Jîo.s  hnicliiirrros  de  Rutimeyer. 

Ce  fait  semble  donc  en  désaccord  avec  les  suppositions  de  l'éminent  monographe  des 
bœufs,  M.  le  D''  Diirst,  qui  pense  que  diu-ant  Iimu-s  nora])reuses  expéditions  en  Syrie,  notam- 
ment pendant  celles  dirigées  contre  les  Khetas,  les  Egyptiens  ont  dû  ram(>ner  dans  leur  pays  des 
bœufs  à  courtes  cornes  provenant  eux-mêmes  des  Indes.  Cela  parait  peu  proliable,  pour  deux 
raisons  :  la  première  et  la  plus  décisive  est  (jue  nous  n'avons  trouvé  nulle  part  des  restes  du  Bos 
hi'dclij/refos,  ni  dans  les  déliris  provenant  de  l'ancienne  Egypte,  ni  dans  ceux  de  l'épocpie  ptolé- 
maïque.  La  seconde  raison  est  (pi'il  n'est  guère  admissible  que  les  anciens  Egyptiens,  excel- 
lents agriculteurs  et  éleveurs,  largement  poiu'vus  d'une  très  Jtelle  race  à  longues  cornes,  pro- 
bablement productive  en  lait,  aient  ramem''  dans  leur  pays  le  misérable  type  à  courtes  cornes 
(pii  meure  de  faim  dans  la  plus  grandi'  pari  ie  de  la  Syrie  ou  de  la  Mésopotamie,  et  qui  atteint  à 
peine  les  dimensions  d'un  eros  veau  de  nos  ri'.^ions. 

L'importation  du  Bos  hracJnjccrus  de  Syrie  n'a  dû  se  faire  que  lùen  pins  tai'd.  à  la  suit<'  de 
certaines  épidémies  qui,  dans  l'étroite  vallée  du  X il.  ont  pu  faire  disparaître  rapidement  et 
entièrement  la  belle  espèce  à  longues  cornes  qui  faisait  la  gloire  des  éleveurs  Egyptiens. 

C'est  évidemment  cette  infcn-iorité  notoire,  à  tous  les  points  de  vue,  qui  a  dû  empêcher  les 

'  Wilkinson,  Ihe  ancient  Egyptians,  vol.  1.  p.  241»  et  370. 

-  Adolph  Erman,  Egypten.  p.  5S1. 

Arch.   Mus.  —  t.  VUI.  "9 


66  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

prêtres  (h   consacrer  ces  véntables  avortons  aux    divinités  sous  les    noms  do  Mnécis   et 
à'A2ns. 

Le  Bos  hrachyci'i-Ds  de  Svrie.  coninie  celui  qui  habite  actuellement  la  Haute-Egypte,  est 
toujours  un  animal  de  petite  taille,  ne  donnant  ([u'une  (piantitT'  très  minime  de  lait  et  dont 
la  viande  filandreuse  est  d'une  qualité  tout  à  fait  inférieure. 

Il  est  cependant  intéressant  à  noter  que,  de  nos  jours,  depuis  ^^'ady-Halfa  jusqu'au  («aire, 
c'est  le  Bos  hi-nchyccros  de  petite  taille,  à  cornes  très  peu  développées,  de  couleiu-  onli- 
nairement  rouge  foncé,  rarement  noir,  jaune  ou  jilanc.  qui  domine  dans  toutes  les  campagnes. 
Dans  la  Haute-Egypte,  je  n'ai  pu  voir  un  seul  animal  à  grandes  cormes,  tel  i[u'il  est  si  souvent 
représenté  dans  les  monuments  antiques  et  semblable  à  ceux  d'Abousir  ou  de  Sakkara. 
Partout,  on  ne  rencontre  que  le  Bos  hracJiyccros,  presque  sem])lal)li'  à  celui  ipù  se  trouve 
communément  dans  les  vallées  du  Liban,  dans  la  plaine  de  la  Bekàa,  ainsi  que  dans  une  partie 
de  la  Mésopotamie.  Seulement,  en  Svrie,  le  pelage  du  bracliyceros  est  toujours  entièrement 
noir,  ou  noir  avec  des  taches  blanches:  à  cause  du  manque  de  bons  pâturages,  il  est  aussi 
d'une  taille  ti'ès  intV'rieui'e  à  c(dui  de  l'Egypte. 

D'après  tous  les  squelettes  envoyés  d'Egypte,  nous  pouvons  donc  affirmer  que  le  Bos 
hrachi/cerns  n'était  point  élevé  par  les  anciens  Egyptiens  ou.  dans  tous  les  cas.  (jue  ces  éleveurs 
distingués  ne  l'ont  point  trouvé  digne  d'être  consacré  à  la  diviniti'-  et  d'être  momitié.  Ainsi  que 
je  l'ai  déjà  dit,  le  l)ceuf  à  comptes  cornes,  représenté  sur  certaines  sculptures,  appai^tient  à  une 
autre  race  que  celle  du  Bos  hi-dchi/ccros.  puisqu'il  jtorte  toujours  une  bosse  trvs  marquiV  dans 
la  région  du  i;arrot.  De  cette  dernière  race,  nous  n'avons  ti-ouvé  aucun  d(''bris  dans  b^s 
galeries  à  momies  ou  ailleurs. 

Dans  le  delta  Egyptien,  depuis  le  Caire  jusqu'à  Alexandrie,  j'ai  renconti"é  quelquefois  des 
animaux  qui  m'ont  r-appelé  de  loin  les  lioeufs  à  cornes  en  lyre  des  anciennes  sculptures. 
Seulement,  il  est  certain  que  ces  animaux  ont  (Hé  importés  récemment,  car.  dans  toutes  les 
exploitations  agricoles  de  la  Basse-p]gypte.  aujourd'hui  admirablement  dirigée  par  des  agro- 
nomes de  premier  ordi-e.  les  races  inférieures  du  Bas  hracJiijcerôs  ont  été  partout  remplacées  par 
des  animaux  de  grande  taille  dont  le  rendement  est  hitiniment  supérieur. 

Pour  expliquer  ce  changement  de  faune,  je  me  suis  souvent  demandé,  comme  je  Tai  déjà 
dit  plus  haut,  si.  lorsque  l'ancienne  Egypte  était  peuplée  de  bœufs  à  longues  cornes,  une  de  ces 
épizooties  meurtrières,  telles  qu'on  en  voit  souvent  dans  l'Afri([ue  du  Sud.  n'avait  pas  fait  dis- 
pai^aître  tout  ce  bétail  de  choix  qui  aurait  été  remi^lacé  plus  tard,  aux  époques  de  bai'bai'ie, 
lorsque  les  communications  avec  l'Afrique  centrale  étaient  difficiles  ou  impossibles,  par  les 
races  inférieures  importées  de  Syrie.  Il  est  certain,  quoique  nous  soyons  ici  sur  le  terrain  des 
hypothèses  que,  dans  une  vallée  aussi  étroite  que  celle  qui  forme  l'Egypte,  une  épidémie 
pourrait  en  quelques  mois  faire  dispai'aître  toutes  les  bêtes  à  cornes. 

Dans  son  très  intéressant  et  savant  tra\'ail  sur  les  bieufs  des  Babyloniens,  Assyriens  et 
Egyptiens,  M.  le  D'"  T'irieb  Diirst^  croit  que  le  ])étail  égyptien  à  longues  coi'nes.  le  Bos 
macroceros,  comme  il  l'appelle,  a  été  importé  à  une  époque  très  reculée  par  une  race  humaine 
primitive  (pii,  venant  du  nord  de  l'Inde,  aurait  traversé  la  nu'r  Rouge  pour  se  répandre  sur 
toute  l'Ah'ique  orientale.  Plus  tai'd,  une  partie  de  cette  population,  faisant  une  migi-ation  nou- 

'  Diirst,  die  Rinder  von  Babylonien,  Assyrien  und  Egyptien,  Berlin,  181(9. 


BOVIDES  67 

velle  vers  le  Nord,  serait  venue  se  précipiter  sur  la  population  primitive  de  l'Egypte  (|ui  ne 
possédait  pas  encore  de  bœufs  à  longues  cornes. 

J'avoue  que.  jusqu'à  nouvel  ordre,  je  ne  no  puis  être  partisan  de  cette  hypothèse  qui  ne 
repose  sur  aucune  donnée  très  positive.  Sans  aucunes  preuves  bien  Sérieuses  aussi,  certains 
naturalistes  pensent  que  les  races  humaines,  les  races  animales  domestiques,  les  plantes  ali- 
mentaires sont  venues  de  l'Inde  pour  se  ri''pandre  dans  le  niondi'  rnlier.  C'est  une  hypothèse  qui 
n'est  basée  que  sur  des  traditions  d'une  pauvre  valeur  seientitique,  et  qui  est  en  contradiction 
foi'melle  avec  la  doctrine  de  l'évolution,  montrant  que  la  nature  peut  faire  naitre  dans  deux 
points  du  globe  très  ('doignés  l'un  de  l'autre,  par  des  forces  mystérieuses  et  inconnues,  les  mômes 
typi^s,  éléphants,  chevaux,  bœufs,  etc.  Il  n'y  pas  eu  besoin  d'une  migration  poui-exiili([ucr  la  pré- 
sence d(^  l'éléphant  d'Asie  aux  Indes  et  de  l'idéphant  à  larges  oreilles  dans  le  continent  africain. 

Jusqu'à  aujourd'hui,  rien  ne  nous  prouve  que  les  proto-Egyptiens  ou  les  Egyptiens  pro- 
prement dits  soient  venus  d'Asie.  Tous  les  crânes  attribués  aux  proto -Egyptiens,  trouvés  dans 
les  anciennes  nécropoles  de  Negadah,  de  Beit-AUam.  de  Kawamil.  de  Silsileh  que  j'ai  pu  exa- 
miner avec  un  très  grand  soin,  sont  tout  simplement,  (pioi  qu'on  l'u  ait  pu  dire,  et  malgré  les 
mensurations,  des  crânes  de  vrais  Egyptiens.  11  ne  jteut  y  avoir  l'oml)re  d'un  doute  àcet  égard; 
les  cadavres  de  ces  anciennes  races,  doni  la  haute  antiquitc'i  n'est  jtas  contestable,  sont  enterrés 
sans  être  embaumés,  et  dans  une  attitude  spéciale.  Il  ne  découle  cependant  point  forcément  de 
ce  tait  f[ue  ces  restes  humains  appartiennent  à  une  i'aci>  diflV'rente  de  celle  des  vrais  Egyptiens. 

Il  en  est  de  même  pour  l'assertion  si  problématique  ipie  ces  proto-Egyptiens  appai'te- 
naient  aux  peuples  blonds.  Ces  prétendus  cheveux  blonds  ne  sont  auti'e  chose  que  des  cheveux 
décolorés  par  le  temps,  et  ces  proto-Egyptiens  sont  tous  de  vrais  h^gyptiens  ressemblant 
à  ceux  de  l'épo(pie  de  Rhamsès  ainsi  (pi'à  beaucoiq»  de  ceux  ijui  vivent  à  l'époque  actuelle. 

Cette  invasion  d'une  population  asiatique  amenant  des  bœufs  à  longues  cornes  est  donc 
une  supposition  absolument  gratuite,  que  rien  jusqu'ici  ne  semble  sérieusement  justifier. 

LaA'alléedu  Nil.  ainsi  (|ue  le  centre  de  l'Afrique,  jusqu'au  lac  de  Tanganika,  a  joui,  très 
probablement,  depuis  l'c^poipie  Crétacée,  des  mêmes  condition>'  climatériques  qu'elle  présente 
aujourd'hui  et  (pi'ou  ue  rencontre  nulle  part  ailleurs  à  la  surface  du  gl(il)e.  Dans  un  tid  milieu, 
d'une  stabilité  si  constante,  races  humaines  et  l'aces  animales  ont  dû  acquéu-ir  des  caractères 
tout  à  fait  spéciaux,  en  harmonie  avec  les  influences  climatériques  si  remarquables. 

Selon  moi,  les  prédécesseurs  des  Egyptiens  deRamsès,  comme  ceux  d'aujourd'hui,  se  sont 
formés  de  toutes  pièces  dans  la  vallée  du  Nil,  de  même  que  leurs  l)œufs.  leurs  moutons  et  leurs 
ânes.  Aux  époques  reculées  où  se  sont  déposés  le  <liliiviuui  ainsi  ipie  les  couches  les  plus  superfi- 
cielles (le  r(''poqiie  lertiuire.  les  forces  à  nous  encore  inconnues  ont  fait  naitre  des  Egyptiens 
dans  la  valli'e  du  Nil,  des  Nègres  dans  une  partie  de  rAfri([ue  centi'ale.  des  Berbères  dans 
l'Afi-ique  antérieure,  des  bœufs  à  longues  cornes  et  des  ânes,  (pii  ont  }iu.  à  cette  époque,  se 
former  sur  place  aussi  tacileuKnit  que  dans  les  montagnes  de  l'Inde,  les  plaines  de  la  Perse  ou 
celles  de  la  ^('■sopotamie. 

Toute  la  ])aléoulologie  der.  (''(pndi's  et  des  l)(ivi(l(''s.  ainsi  ipie  les  ([(''couvertes  récentes  faites 
cnEgviitesur  les  ancêti'es  des  Prol)osci(liens  africains,  semldenl  prouver  cette  dernière  hypo- 
thèse, qui  est  d'autant  plus  admissil)le  que  les  dernières  r(;cherclies  philologiques  paraissent 
(Hablir  une  parent(''  des  plus  impoi'tantes  entre  l'ancienne  l'ace  (''gyptienne  et  les  l 'xn-lxM'es,  dont 
les  Kal)vles  S(_n-aient  les  derniers  r-enrésentants. 


68  FAINE    DE   LAXCIENNE   EGYPTE 

p]n  d'autres  termes,  je  ne  crois  pas  qu'il  se  soit  formé  pai'  transformisme  ou  de  tout  autre 
façon,  en  Asie  seulement,  contrée  parti'op  privilégiée,  un  seul  couple  d'hommes,  un  seul  couple 
de  boeufs  à  longues  cornes,  couples  dont  seraient  ensuite  issues  les  innomliral)les  races  humaines 
ou  bovines  qui  peuplent  l'Europe  et  l'Afrique. 

Les  mêmes  forc(\s  cr('>atrices.  dont  nous  ignorons  entièrement  l'essence,  ont  dû  agir  partout, 
à  la  surface  terrestre,  pour  faire  appai'aitre  à  peu  près  à  la  même  époque,  par  un  procédé  que 
nous  ne  pouvons  pas  même  soupçonner,  les  i^aces  humaines,  les  races  bovines,  les  races  équi- 
nes,  etc.  La  paléontologie  comparée  de  l'Amérique  et  de  l'Ancien  Continent  confirme  absolu- 
ment cette  manière  d(^  voir. 

Il  me  semble  que  les  Egyptiens,  dont  les  cai'actères  si  reconnaissables  sont  si  distincts  de 
ceux  fournis  par  les  races  voisines,  se  sont  formés  dans  la  vallée  du  Nil,  et  avec  eux  ont 
appai'u  aussi  les  ancêtres  de  leurs  Ik^uIs  à  longues  cornes  ainsi  que  ceux  de  leurs  baudets. 

Mais  je  me  hâte  de  le  reconnaître  ici,  ces  affirmations  ne  sont  que  le  résultat  de  pures 
hypothèses  que  des  découvertes  futures  peuvent  réduire  à  néant. 

Le  seul  fait  certain  que  nous  pouvons  retenir  ici,  est  que  les  anciens  Egyptiens  élevaient 
presque  exclusivement  des  boeufs  à  longues  cornes,  et  qu'aujourd'hui  cette  race  a  été 
remplacée,  dans  toute  la  Haute-Egypte,  par  celle  du  Bos  hrachyceros  cependant  très  inférieure 
à  la  pi'emière  au  point  de  vue  économique. 

A  quelle  époque  et  comment  cette  sul)stitution  a-t-elle  pu  se  taire?  C'est  ce  que  nous 
ignorons  encore.  Il  est  pro])able.  toutefois,  (pie  ce  sont  les.\j'a])es  qui.  au  moment  de  la  conquête 
de  l'Egypte,  ont  amené  ces  animaux  très  communs  dans  toute  la  région  de  Damas,  à  Alep, 
dans  le  Liban.  l'Anti-Liban.  la  Bekaà,  la  vallée  du  Jourdain,  etc. 

Le  !)''  Diii'st  pense  que  des  raisons  anatomiques  de  premier  ordre  éloignent  le  Bos  primi- 
geniiis  du  bœuf  à  longues  cornes  de  l'Egypte  et  de  l'Afrique  orientale.  De  là,  une  descendance 
impossible  à  admettre.  C'est  une  raison  importante,  mais  pas  une  jireuve  indiscutalile  si  on 
admet  le  transformisme  et  la  varialtilité  des  espèces.  Pour  nous,  cette  constatation  n'a  pas 
grande  valeur  :  car.  nous  le  répétons  encore  une  fois,  le  I)œuf  à  longues  cornes  d'Egypte  et 
d'Afrifpie  centrale  a  pu  se  former  sur  place  aussi  bien  dans  ces  ri'gions  que  dans  la  presqu'île 
indienne  ;  aljsolument  comme  en  Europe,  en  Asie  et  en  Amérique,  l'Hipparion  à  trois  doigts 
a  été  l'ancêtre  des  vrais  équidés  à  un  doigt,  sans  qu'il  soit  nécessaire  pour  cela  d'admettre  de 
lointaines  migrations,  et  de  croire  que  l'Hipparion  d'Amérique  soit  venu  se  promener  en  Europe 
à  travers  les  steppes  de  l'Atlantide,  ou  que  celui  d'Asie  ait  émigré  en  Amériijue  par  les  terres 
polaires.  Il  est  bien  plus  logique  d'admettre  que  la  même  cause  cpii  a  transformé  tel  type 
animal  en  Hipparion.  a  agi  aussi  bien  en  Amérique  (pi'en  Europe,  à  la  fois,  sur  des  milliers 
d'individus.  Le  même  fait  a  pu  se  produire  poui"  les  bœufs  à  longues  cornes,  aussi  bien  dans  les 
Indes  que  dans  l'Afrique  orientale.  La  natur-e  n'a  pas  dû  éprouver  plus  d(^  difficultés  à  agir  dans 
une  région  que  dans  l'autre.  La  migration  des  l)œufs  à  longues  cornes,  pas  plus  que  celle  de 
leurs  maîtres,  les  Egyptiens,  ne  me  paraît  jusqu'à  nouvel  ordre  chose?  démontrée. 

Les  bœufs  à  longues  cornes  des  anciens  Egyptiens  sont  tout  simplement  ceux  qui  habitent 
par  milliards  depuis  Khartoum  jusque  dans  la  région  des  grands  lacs,  et  peut-être  plus  loin 
encore,  dans  l'Afrique  centrale'.  C'est  certainement  celle  qui  est  très  bien  représentée  par 

'  A  propos  (lu  Bos  africanus,  M.  le  D""  \\'alter  Inné?,  excellent  observateur  et  naturaliste  très  distingué. 


H()vir)i-:s  69 

Scliweinfni'tli  dans  son  ouvra.qe  intitulé  :  Au  cœur  de  l' Afrique^.  Go  sont  de  grands  bœufs, 
hauts  sur  jambes,  portant  une  bosse  plus  ou  moins  prononcée  au  gairot,  à  cornes  en  forme 
de  lyre  ou  en  croissant.  Chez  les  Dinkas,  sur  le  Bahr-el-Gazal,  les  enclos  à  bestiaux  s'appel- 
lent des  Moui-ahs.  Le  professeur  Schweinfurtli  dit  iprun  Mourah  ne  contient  jamais  moins  de 
deux  mille  bêtes  ;  il  en  a  vu  (pii  en  renfermaient  jusqu'à  dix  mille. 

Je  ne  puis  résister  au  plaisir  de  transcrire  ici  une  lettre  ({ue  M.  le  professeur  vSchwein- 
furth  m'adressait  en  1902  : 

<(  Le  sujet  que  vous  traitez,  dit  le  célèbre  et  consciencieux  voyageur,  la  question  Iiovine,  a 
été  toujours  l'enfant  terrible  de  mes  idées  et  des  réflexions  qui  accompagnèrent  mes  pas  à 
ti-avers  la  vallée  du  Nil  pendant  près  d'un  demi-siècle. 

«  Nulle  pai't  en  Egypte  on  ne  trouve  de  nos  jours  des  bœufs  à  longues  cornes.  Il  va  sans 
dire  que  les  bœufs  et  vaches  de  la  Basse-Egypte  offrent  beaucoup  de  rapports  avec  les  races 
européennes  à  cause  du  renouvellement  de  la  race  bovine  après  les  nombreuses  épizooties  qui 
dépeuplèrent  le  pays.  Ainsi,  en  ISGi,  la  moitié  ou  les  deux  tiers  de  la  race  bovine  furent 
détruits  en  Egypte,  et  remplacés,  dans  le  Nord  par  des  animaux  provenant  de  la  Syrie,  dans 
le  Sud  }iar  ceux  amenés  par  Kassala  et  le  .Soudan.    » 

Ces  bœufs  à  bosse,  du  Bahr-el-Gazal  sont  en  tout  semblables  à  ceux  provenant  de 
Sakkara  et  dont  j'ai  figuré  les  squelettes.  Ils  se  rencontrent  encore  aujourd'hui  en  nomjire 
immense  dans  les  régions  du  haut  Nil.  Ainsi,  on  lit  dans  Brehm-:  ((  Quand  un  alireuvoir 
s'est  un  peu  vidé  du  menu  bétail,  les  bœufs  s'y  précipitent,  et  l'on  ne  voit  plus  alors  qu'une 
masse  brune,  agitée  comme  les  flots  de  la  mer  et  de  laquelle  s'élève  toute  une  forêt  de  cornes; 
les  homnies  disparaissent  au  milieu.  11  est  impossible  d'estimer,  même  pai'  à  peu  près,  le  nom- 
bre de  ces  animaux.  Je  ne  crois  cependant  pas  me  rendre  coupable  d'exagération,  en  l'évaluant 
à  00.000  têtes  par  jour,  parmi  lesquelles  les  bœufs  flgurent  pour  40.000  environ  d. 

C'est  ce  bœuf  à  longues  cornes,  à  membres  grêles,  élevé  sur  jambes,  portant  une  bosse 
au  garrot,  que  Brehm  appelle  Bas  africanus.  Cette  espèce,  représentée  par  des  milliards 
(l'inilividus.  dispersés  dans  d'immenses  régions,  est  certainement  celle  qui.  amenée  en  Egyjrte 
dans  l'antiquité,  a  donné  naissance  à  la  race  de  Sakkara  et  d'Al)ousii'. 

Le  Bos  sanga  qui  peuple  les  vallées  et  les  plateaux  de  l'Abyssinie  ressemble,  jusqu'à  un 
certain  point,  au  Bos  africanux,  mais  en  diffère  entièrement  par  ses  jambes  courtes,  trapues  et 
surtout  i)ar  l'énorme  développement  de  la  base  des  cornes,  ce  qui  donne  à  ces  animaux  un 
aspect  tout  à  fait  particulier  et  qui  ne  permet  point  de  les  confondre  avec  les  autres  formes 
africaines. 

Je  donne  ici  les  mensurations  d'un  très  bid  exemplair!^  de  Bos  Sanga.  quoique  jeune 
encore,  qui  se  trouve  dans  les  colleetions  du  Mus(''uni  de  Lyon  : 

Du  chignon  à  la  lijA'ne  transverse  sus-orbitaire 186""" 

De  la  ligne  sus-orbitaire  à  l'extrémilé  des  prémaxillaires 265 

Rapport 6  70 

m'écrit  :  <i  J'ai  vu  effectivement  à  Khartoum  des  bieufs  à  très  longues  cornes  et  je  pense  qu'ils  provenaient  du 
Gordofan.  Sur  le  Nil  Blanc,  jusqu'à  Faschoda,  je  n'ai  remarqué  que  des  taureaux  et  des  vaches  à  cornes  fort  petites, 
mais  je  ne  sais  pas  si  les  Schiliouks  châtrent  leurs  taureaux.  Dans  cette  région,  je  n'ai  pas  remarqué  de  bœufs  à 
longues  cornes  comme  ceux  que  j'ai  observés  à  Khartoum.  »  {Caire.  10  avril  100'3.) 

'  Schweinfurth,  Au  cœur  de  l'Afrique,  traduction  française,  vol.  I,  [i.  164. 

-  Brehm,  la  T7e  des  animaux,  trad.   française,  vol.  II,  p.  090. 


70  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Cliez  le  Sani>'a,  les  vi^rtèbres  sacrées  sont  au  nombre  (1(^  quati'e  seulement,  le  sacrum  est 
aussi  très  court  d'avant  en  arrière  comme  chez  les  vérital)les  zébus  de  l'Inde  ou  de  Mada- 
S'ascai".  Mais  la  courbure  du  sacrum  est  cependant  moins  prononcée  (pie  cliez  ces  animaux. 

Le  bœuf  Sanga  parait  liieu  être  une  forme  spéciale  ti'ès  modifiée  par  le  climat  de 
l'Abyssinie  dont  les  liants  plateaux  présentent  des  conditions  de  température,  d'humidité  et  de 
pression  atmosphérique  qui  ne  ressemblent  en  rien  à  celles  de  la  vallée  du  Xil  Rlanc  du 
Bahr-el-Gazal  ou  de  régions  marécageuses  de  l'Afriqu(>  centrale. 

Pour  me  résumiM'.  il  est  je  crois  aujourd'hui  tout  à  fait  impossible  de  douter  que  le  bœuf 
à  longues  cornes  des  nécropoles  de  Sakkara  et  d'Abousir  ne  soit  le  Bos  «/>'?c«/i«i' qui  vit  encore 
aujourd'hui  en  troupeaux  immenses  dans  les  plaines  du  Haut-Xil. 

Il  n'y  a  aucune  raison  de  eroii'e  que  ce  Bos  africanus  ne  soit  pas  originain^  d'Afrique  où 
il  se  rencontrer  par  milliards.  Des  régions  centrales  africaines,  il  a  dû  descendre  la  vallée  du 
Nil  absolument  comme  le  Crocodile,  l'Hippopotame,  les  poissons  du  genre  Chromis,  comme  les 
Papyrus  qui  se  trouvent  encore  en  Syrie,  mais  qui  ne  font  pas  partie,  cependant,  de  la 
faune  ou  de  la  llore  asiatique  ;  ces  plantes  et  ces  animaux  ont  dû  émigrer  dans  les 
régions  du  Nord  en  siûvant  tout  simplement  la  vallée  du  grand  lleuve.  Je  ne  puis  admettre 
que  le  Bos  a friatiu/s  n'ait  pas  également  suivi  le  môme  chemin  pour  peupler  les  campagnes 
d'abord  et  ensuite  les  nécropoles  de  l'ancienne  Egypte. 

Je  sais  bien  (pi'un  certain  nombre  d'égyptologues,  et  des  plus  éminents.  ne  croient  pas 
que  les  Egyptiens  aient  le  di'oit  de  se  considérer  comme  des  autochtones  de  la  vallée  du 
Nil,  engendrés  par  le  dieu  Rà.  sur  le  sol  même  ([u'ils  habitaient  '  ;  moi  je  pense  que  ces  anciens 
Egyptiens  avaient  raison,  et  qu'ils  se  sont  formés  pai'  évolution  avec  leurs  Itœufs,  leurs  ânes 
et  toute  la  faune  contemporain!^  qui  les  entourait  dans  cette  partie  du  continent  africain. 

On  pourrait  répondre  que  la  tradition  recueillie  dans  la  Bible  attribue  une  toute  autre 
origine  à  la  i)opulation  égyptienne'.  Elle  la  tait  venir  de  l'Asie,  et  dans  le  tableau  ethno- 
graphique du  ehapitri'  X  de  la  Genèse  le  nom  do  Mi:raii/i  qui  personnifie  cette  population  est 
donn(''  au  fils  de  Nam.  frère  de  Kouscli  ft  de  Kanaan.  les  ancêtres  des  Ethiopiens  d'Asie, 
comnie  ceux  d"Afi'ique  et  des  Phéniciens. 

((  Anthropologiquement,  dit  Lenornïant.  les  anciens  haliitants  de  l'Egypte,  dont  les 
fellahs  actuels  sont  les  descendants  dii'ects  et  incontestables,  se  rattachent  au  type  blanc  de 
l'humaniti''  et  à  la  sous-race  Ethiopico-Berbèr(^  (pu  con-espond  à  la  descendance  de  Ham  dans 
l'ethnographie  bibliepic  ^> 

Et  plus  loin,  Lenormant  ajoute  :  ((  Les  Egyptiens  sont  donc  un  peuple  asiatique  de  la  race 
])lanche  qui.  dans  les  temps  préhistoi'iques  vint  s'étalilir  sur  les  bords  du  Nil  inférieur  en 
passant  par  risthme  de  Suez.  Ils  trouvèrent  sur  le  sol  de  la  vallée  des  tribus  clairsemées  d'une 
population  noire  africaine,  (mcore  à  l'état  complètement  sauvage,  celle  ([ifi  a  laissé  sur  plusieurs 
point.-,  de  rb]gypte  des  vestiges  de  son  existence,  avec  les  mo?ui"s  de  l'agi»  de  la  pierre,  ;ui  temps 
(piat(^rnaire  et  au  début  de  la  période  géologiipie  aetuelli'.  Les  arrivants  de  l'Asie  refoulèrent 
devant  eux  les  premiers  occupants,  mais  le  sang  de  c(Mix-ci  se  m(''la  dans  une  cei'taine  propor- 
tion à  cidui  des  nouveau  venus  ». 

'  Lenormant,  Hist.  ancienne  de  l'Orient,  9''  édition,  t.  il.  p.  43. 
-'  Bible,  Genèse,  chapitre  X. 


BOVIDES  71 

J'avoiio  que  jo  ne  comprends  pas  ces  tribus  asiatiques  franchissant  l'isthme  de  Suez  avec 
leurs  troupeaux  de  bœufs  et  de  moutons  ;  de  chèvres,  oui,  mais  de  jjœufs  jamais,  à  moins 
que  ces  tribus  n'aient  habitué  Lhu's  bœufs  à  manger  du  sable  et  des  cailloux. 

L'histoire  d'une  population  pi-imitive  occupant  l'Egypte  avant  les  vrais  Egyptiens  est 
aussi  une  simple  hypothèse.  On  a  regai'dé  comme  preuve  de  l'existence  de  ces  proto-Egyptiens, 
les  milliards  d'instruments  de  silex  i[ui  sont  répandus  partout  sur  les  collines  qui  ])ordent  la 
vallée  du  Nil,  et  qui  sont  évidemment  de  toutes  les  époques.  Mais  lùen,  absolument  rien,  ne 
nous  dit  que  ces  instruments  de  silex,  dont  beaucoup  présentent  des  formes  très  primitives 
—  Aeheuléennes  —  n'aient  pas  servi  tout  simplement  aux  plus  anciens  des  Egyptiens.  Quelle 
raison  y  a-t-il  de  croire  qu'ils  ai(Mit  été  les  armes  de  tribus  sauvages,  noires,  négroïdes, 
répandues  eàet  là  dans  la  vallée  du  Xil?  Dans  tous  les  cas,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit  i)lus  haut, 
on  n'a  ti'ouvi'^  aucun  crâne,  aucune  tombe  de  ces  populations  préhistoriques.  Celles  qu'on  a  cru 
renfermer  des  débris  d'hommes  pi'oto-Egyptiens  renfermaient  tout  simplement  des  squelettes 
de  vrais  Egyptiens,  appartenant  certainement  à  une  époque  très  ancienne.  Tous  leurs  cai'ac- 
tères  anthropologiques  tendent  à  le  prou\'er. 

Cette  antique  légende  de  la  Genèse,  qui  fait  partir  Mi:-raim  de  l'Asie  pour  le  faire  arriver, 
avec  ses  troupeaux  proba])lem(nit.  dans  la  \'alir'(_'  du  Nil.  n'a  pas  une  grande  valeur  scientifique, 
car  ainsi  que  le  fait  remarquer  le  très  savant  et  illustre  traducteur  de  la  Bible,  Reuss,  l'éminent 
professeur  à  l'Université  de  Strasbourg,  le  catalogue  ethnographique,  tout  en  étant  destiné  à 
donner  la  liste  complète  de  tous  les  peuples  existants  (les  auteurs  bibliques  n'admettant  pas 
qu'il  y  ait  des  hommes  non  issus  de  Noah),n'énumère  pourtant  qu'une  partie  de  ce  qu'on  appelle, 
aujourd'hui  la  race  blanche.  Il  n'y  a  pas  là  \\\\  seul  nom  qu'on  sei'ait  obligé  de  rapporter  à 
d'autres  races,  par  exemple  à  la  famille  ÎMongole  ou  Nègre.  La  raison  en  est  simpb'  :  l'horizon 
géographique  des  contemporains  des  auteurs  bibliques,  et  par  conséquent  le  leur  i)ropre, 
n'embrassait  pas  même  encore  tout  le  domaine  de  la  race  blanche  au  caucasique.  A  l'est,  c'est 
à  peine  s'ils  savent  les  noms  des  habitants  des  rives  du  Tigre  ;  au  sud,  l'Océan  qui  ])aigne 
les  rives  de  l'Arabie  et  le  cours  du  Nil,  bien  en  deçà  de  ses  sources,  forment  la  limite  du  monde 
connu  :  au  nord  et  à  l'ouest,  il  n'y  a  ([ue  des  notions  vagues  sur  ce  qui  est  au  delà  de  la  Grèce, 
de  l'Aj'chipel,  et  du  Taurus. 

Et  ce  sont  ces  vieilles  légendes,  dont  on  a  tant  de  peine  à  secouer  l'influence  sur  nos  idées, 
qui  poussent  sans  cesse  linguistes,  anthropologistes  et  naturalistes  à  faire  venir  d'Asie  en 
Afrique  orientale,  races  humaines  et  races  animales  domestiques  au  lieu  d'admettre  qu'elles 
se  sont  développées  sur  place,  tout  comme  dans  les  autres  régions  de  notre  planète. 


ANTILOPES 


BUBALIS  BUSELAPHUS,  Pallas. 

(Fig.  ;!'.),  4u.) 

Nous  avons  ivrii  de  Salckara  deux  8upei'l)('s  squelettes,  à  peu  près  complets,  de  Bubales 
mâles  provenant  d'animaux  sauvages  ou  hicn  élevés  en  demi-li])ei'té.  comme  le  Mouflon  à 
manchettes,  dans  les  enceintes  sacrées  annexées  aux  temples. 

Le  premier  squelette  (fig.  39)  a  ime  longueur  de  97  centimètres  depuis  le  ])ord  antérieur  de 
la  première  apophyse  épineuse  dorsale  jusqu'à  l'extrémité  postérieure  de  l'ischion.  La  hauteur 
maxima,  prise  au  niveau  de  la  quatrième  apophyse  épineuse  dorsale,  est  de  115  centimètres. 

La  tête  (^st  aussi  allongi''e  (pie  celle  de  l'animal  actuel  :  du  chignon  à  l'extrémit(''  anti'rieure 
des  prémaxillaires,  elle  a  41  centimètres  de  longueur,  sui-  une  largeur-  maxima  de  13;")  milli- 
mètres. 

Le  second  squelette,  dont  nous  n'avons  lait  dessiner  que  le  crâne  (fig.  41),  a  une  longueur 
de  98  centimètres,  prise  du  liord  antérieur  de  la  première  apophyse  épineuse  dorsale  à  l'extrémité 
postérieure  de  l'ischion.  La  hauteur  maxima  de  l'animal,  au  niveau  de  la  quatrième  apophyse 
épineuse  dorsale,  est  de  115  centimètres. 

La  longueur  de  la  face,  du  chignon  à  l'extrémité»  antérieure  des  pr(''maxillaires.  est  de 
-12  centimètres,  et  la  largeur  maxima  de  135  millimètres. 

Un  squelette  de  femelle,  étudié  comme  terme  de  comparaison  et  provenant  de  la  ménagerie 
du  Muséum  de  Paris,  présente  une  longueur  faciale  de  44  centimèti'es,  sur  une  largeur  maxima 
de  125  millimètres. 

Le  Muséum  d<'  Lyon  possède  un  autre  squelette  complet  d'une  femelle  ayant  vi'cu  au  jardin 
zoologique  du  Pai'c  de  la  Tète-d'Or.  La  longueur  lU'  l'animal,  prise  du  bord  antérieur  de  la 
première  vertèbre  dorsale  à  l'extrémité  postérieure  de  l'ischion,  est  de  96  centimètres.  La 
hauteur,  au  niveau  de  la  quatrième  apophyse  épineuse  dorsale,  est  de  113  centimètres.  La 
longueur  de  la  tête,  du  chignon  à  l'extrémité  des  prémaxillaires,  est  de  44  centimètres,  tandis 
(pie  la  largeur  maxima  de  la  face  est  de  125  millimètres. 

Les  deux  squeh^ttes  provenant  de  Sakkara  appartenaient  (''videmment  à  des  animaux 
mâles.  La  forme  de  leur  liassin,  la  grande  épaisseur  de  la  symphyse  pubienne  ne  peuvent  laisser 
aucun  doute  à  cet  égard.  Dans  le  genre  Bt(halis,  comme  chez  les  Bœufs  ou  les  Zèhus,  la  sym- 
physe du  pubis  est  toujours  très  épaisse  chez  les  mâles,  tandis  qu'elle  est  mince  chez  les  femelles. 
Le  bassin  du  Bubale  riiàle  présente,  au  niveau  de  la  cavité  cotyloïde  de  l'articulation  coxo- 


60 


Arch.  Mus.  —  t.   VIIl. 


■  10 


74 


FAUNE  DE   L'ANCIENNE  EGYPTE 


fémorale,  une  crête  supérieure,  tranchante,  très  saillante  et  fortement  convexe.  C^hez  la  femelle. 
au  contraire,  cette  crête,  bien  moins  développée,  forme  une  ligne  presque  droite  ou  seulement 
légèrement  ondulée. 

Chez  le  Bubale  femelle,  l'os  frontal  est  infiniment  moins  pi'oéminent  que  chez  le  mâle.  Une 
règle  rigide,  placée  en  a^-ant  de  la  face  de  la  femelle,  et  s'appiivant  sur  la  bosse  frontale,  porte 


Fig.  40.  —  Bubalis  Buselaphiis  de  Sakkara. 


en  bas  sur  la  convexité  nasale  formét>  pai'  la  réunion  des  frontaux  et  des  os  nasaux.  Chez  les 
Bubales  mâles  de  Sakkara,  au  contraire,  la  même  règle,  appliquée  sur  la  Ijosse  frontale, 
vient  s'appuyer  seulement  sur-  l'exti'émité  antérievu^e  des  os  nasaux,  laissant,  au  nivt'au  des 
sutures  fronto-nasales,  une  très  longue  concavité,  d'une  profondeur  maxima  de  2  1/2  à  3  centi- 
mètres. Cette  concavité  est  due  surtout  à  une  forte  proéminence  des  os  frontaux,  bien  plus 
prononcée  sur  le  mâle  que  chez  la  femelle.  ' 

Les  mâles  de   Salvkai'a  ont  le  front   bomljé  en  avant  ;   les  cornes  sont   solides,  très 
développées  à  la  base,  dirigées  d'abord  en  arrière,  en  dehors  et  en  haut  ;  puis,  ensuite,  en 


ANTILOPES  75 

atrière  encore,  mais  en  dedans,  pour  se  terminer  pai'  une  pointe  solide  et  aiguë.  Les  étuis  cornés 
sont  formés  de  seize  anneaux,  do  plus  on  plus  ('doignés  les  uns  dos  autres  do  la  base  à  l'extré- 
mité supérieure. 

Les  cornes  des  femelles  sont  ].)eaucoup  moins  épaisses  que  celles  des  mâles;  idles  sont 
dirigées  fortement  en  dehors,  très  divergentes  avant  do  se  replier  on  arrière.  Certains  natura- 
listes ont  séparé  ces  formes  croyant  avoir  affaire,  non  à  dixs  caractères  sexuels,  mais  à  des 
espèces  différentes. 

Le  Buhalis  Bi'sdcq:)Jws  a  été  représenté  très  rarement  sur  les  monuments  do  l'ancienne 
Egypte.  Nous  ne  l'avons  trouvé  que  doux  fois  figuré  dans  le  grand  ouvrage  de  Rosellini,  et 
encore  d'une  façon  très  incomplète'.  A  la  planche  LXVI  du  volume  III,  on  voit  trois  têtes  de 
Bubales  parfaitement  reconnaissables  à  leur  museau  allongé  et  à  la  ibrnio  de  leur  encornure. 
Les  poils  de  la  face  sont  entièrement  roux  et  no  présentent  aucune  tache  noirâtre.  C'est  donc 
bien  le  Buhalis  Buselaphus  que  les  artistes  égyptiens  ont  voulu  représenter  et  non  le  BiibaUs 
Caama  qui  porte  une  bande  de  poils  noirs  sur  le  chanfrein. 

Nous  pouvons  être  aussi  atRrmatifs  à  propos  des  doux  squelettes  de  Sakkara.  Les 
têtes  osseuses  de  ces  animaux  poi-taiont  encore  sui-  h^  chanfroin  une  certaine  quantité  de  poils 
entièrement  roussàtres.  Ce  no  sont  donc  pas  des  B.  Caama .  mais  bien  positivement  des  sque- 
lettes do  Buhalis  BusekqjJtus.  Do  plus,  on  sait  que  le  Caama  se  rencontre  surtout  dans 
l'Afrique  du  Sud.  Sa  limite  nord  no  doit  probablement  point  dépasser  la  région  des  grands  lacs. 

M.  le  professeur  Schweinfurth  -  a  très  bien  représenté  une  tète  de  Bubale  dans  son  bel 
ouvrage  intitulé  :  Axi  cœur  de  V Afrique.  Il  avait  tué  cet  animal  dans  la  région  du  Bahr-el- 
Ghazal  inférieur.  Il  a  commis  une  légère  ei'rour  en  appelant  sa  victime  :  Buhalis  Caama. 
C'est  au  contraire,  et  certainement  un  lluhalls  BusclapJtus.  Le  très  savant  et  éminent  natu- 
ralisti!  dit  à  propos  de  cet  animal  :  «  Le  ])ubale,  V Harteheest  des  colons  du  Cap,  est  commun 
dans  la  plus  grande  partie  de  l'Africpio,  où  il  varie  quant  à  la  forme,  à  la  taille,  à  la  couleur  et 
aux  cornes,  suivant  l'âge,  le  sexe,  les  lieux  et  les  saisons.  Il  est  rare  que  les  collections  zoo- 
logiques on  aient  deux  échantillons  al)solument  pareils.  Cette  grande  antilope  que  les  Bongos 
appellent  Karia,  et  les  Niams-Niams  Soinjoro  est,  pai'mi  le  gros  giliior,  l'espèce  que  l'on  voit 
ici  le  plus  fréquemment.  Elle  se  rencontre,  on  général,  pai'  petits  groupes  de  cinq  à  dix  bêtes,  et 
principalement  en  lieux  déserts.  Dans  les  endroits  cultivés,  le  Bubale  recherche  les  forêts  et  la 
lirousso  qui  avoisinent  les  cours  d'eau,  bien  qu'il  ne  paraisse  jamais  dans  les  vallées  que  ceux- 
ci  traversent.  Il  fait  la  méridienne  en  restant  debout,  appuyé  contre  un  tronc  d'arbre  ou  la 
muraille  d'une  fourmilière,  et  la  similitude  que  présente  la  couleur  do  sa  robe  avec  celle  du 
paysage  qu'il  a  choisi  pour  se  reposer  lui  permet  souvent  d'échapper  aux  regards.  Pendant 
toute  la  saison  pluvieuse,  son  pelage  est  d'un  ton  vif.  le  manteau  d'un  linm  jaune,  et  le  ventre 
presque  l)lanc;  mais,  en  hiver,  il  devient  i  l'un  gris  tei-no.  Après  VAiifilnpe  leacotis.  le  Caama  est 
le  meilleur  gibier  du  pays.  » 

Le  Bu])ale  a  été  signalé  en  Libye  par  Iloi-odoto,  Aristote,  Eschyle  et  Pline.  Dans 
l'Ancien  Testament,  il  est  nommé  Yachmur;  c'est  lui  qui  était  fréquemment  prépai'é  pour  être 

'  Rosellini,  1  monumenti  delVEgitlo  et  délia  Nubia,  vol.  II,  pi.  XVIII  et  vol.  III,  pi.  LXVI.  Ces  dernières 
ligures  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'espèce  :  face  très  allongée,  recouverte  de  poils  roux  ;  pas  de  taches  noirâtres  sur 
le  chanfrein;  ce  n'est  donc  pas  le  Bubalis  caama. 

'  Schweinfurtli,  Au  cœur  de  l'Afrique,  vol.  I,  p.  192. 


76 


FAUNE   DE   L" ANCIENNE  EGYPTE 


servi  .sur  la  table  du  roi  Salomon'.  Crotte  espèce  habite  l'Afrique  antérieure-,  depuis  le  Maroc 
jusqu'en  Tripolitaine.  Elle  ne  se  rencontre  plus  en  Egypte,  si  ce  n'est  sur  certains  points  du 
désert  Arabique.  I^^lle  se  retrouve  de  l'autre  C(Jté  de  la  mer  Rouge,  en  .\j'abie,  en  Palestine.- 
dans  le  pays  de  Gilead,  de  Moal).  ainsi  que  sur  les  bords  de  la  m(>r  Morte  ^  où  les  B(-douins  de 


Fig.  4l.  —  Bubalis  Buselaphvs  de  Sakkaha. 

cette  l'égion  l'appellent  Bekh'r  el  Wacli.  Le  Bul)ale  doit  cependant  y  être  rare,  car  dans  nos 
nomltreuses  périgrinations  à  travers  cette  contrée  je  n'ai  jamais  eu  la  bonne  fortune  d'en  ren- 
contrer de  vivants  ou  d'en  voir  les  dépouilles. 


*  Oldfield  Thomas,  Ihi  Bookof  Antilopes,  vol.  I,  p.  7. 

-  Je  me  sers  ici  du  terme  Afrique  antérieure,  similaire  à' Asie  antérieure,  et  si  justement  croé  par  mon  ami, 
le  professeur  Schweinfurth. 

■  Canon  Tristram,  Ihe  Faunaand  Flora  of  Palestine,  Londres,  1884. 


ANTILOPES  77 

Jo  crois  que  les  anciens  Eg-yj^tiens  devaient  élever  cet  animal  en  captivité,  cai*  il  parait 
s'apprivoiser  facilement.  On  le  nourrissait  probablement  en  compagnie  de  gazelles  et  de 
mouflons  à  mancliett(^s  dans  les  enceintes  sacrées  des  temples.  Ce  devaient  être  probablement 
toujours  des  mâles  comme  cela  se  pratiquait  pour  les  autres  espèces  vénérées  dans  différents 
sanctuaii'es.  La  gazelle  fait  cependant  exception  à  cette  règle,  car  nous  avons  reçu  un  très  grand 
nombre  de  momies  de  cette  espèce  qui  renfermaient  des  ferandlcs  élevées  certainement  ])ar  les 
prêtres  dans  les  pai"cs  annexés  aux  lieux  Saints. 

Le  Buhalis  major  de  Blvth  ressem])le  par  la  taille  et  par  l'encornure  au  Buljale  de 
vSakkara.  Mais  cette  espèce,  comme  le  Gaama,  porte  aussi  sur  le  chanfrein  une  large  bande 
noire.  Ce  ne  peut  donc  être  l'animal  de  Sakkara  qui  ne  présente  à  cet  endroit  de  la  face  (jue 
des  poils  absolument  fauves.  L'espèce  décrite  par  Blyth  ne  se  rencontre,  du  reste,  que  dans  la 
Gambie,  le  bas  Niger  et  les  Camerons. 

Le  Bubalis  Buselaphus  est  un  animal  mince,  élanci''.  Les  poils  de  laface,  depuis  quelques 
centimètres  au-dessus  du  nez,  se  dirigent  en  haut  pour  ensuite  oldiquer  en  bas,  sur  les  joues. 
Vers  les  cornes,  ils  sont  tournés  dans  toutes  les  directions.  La  couleur  de  l'animal  est  unifor- 
mément brunâtre  ou  fauve,  sans  aucune  tache  noire  sui'  la  face,  le  menton  ou  les  membres. 
Cependant  on  peut,  à  certaines  (''poqucs,  vaguenimit  apei'C(>voir.  de  chaque  côté  du  museau, 
au-dessus  des  narines,  comme  une  marljrure  grisâtre  mal  définie.  Les  parties  inférieures  de  la 
croupe  ne  sont  pas  blancliàtres  comme  chez  h'  Caama.  La  queue  porte  à  son  extrémit(''  ultime 
une  touffe  terminale  noirâtre  formée  de  poils  allong(''s. 

Les  cadavres  de  ces  antilopes  mâles,  comme  ceux  des  liteufs  de  Sakkai-a  et  d'Abousir, 
devaient  d'abord  être  enterrer-,  afin  d'amen(>r  la  d(^struetion  d<'S  parties  chaniues.  Les  ossements 
étaient  ensuite  retiri''s  de  la  fosse  et  badigeonnés  irrégulièrement  et  pi^esque  toujours  en  ti'a- 
vers,  par  des  coups  de  pinceaux  chargés  de  l)itume  chaud. 


GAZELLES 


Les  gazelles,  étudiées  an  nomlire  do  vingt,  proviennent  en  majeure  partie  de  Kom-Méreh, 
trois  seulement  sont  de  Kôm-Ombo  et  deux  de  Touné.  Les  momies  renferment  en  général  un 
seul  individu.  Une  momie  de  Touné  faisait  exception,  elle  contenait  une  femelle  adulte 
avec  des  ossements  d'une  seconde  gazelle  très  jeune.  A  l'intérieur  de  chacune  on  no 
trouve  pas  toujours  un  animal  entier,  tantôt  elle  ne  contient  que  la  moitié  du  corps,  tantôt 


Fig.  •12.  —  Momie  de  gazelle  de  Kôm-Méreh.  (1  \  gv.  cat.) 


seulement  la  tète  avec  les  extrémit(''S  ou  les  canons  des  quatros  membres.  L'une  de  ces  dernières 
renfermait,  outre  le  crâne  et  les  extrémités  osseuses  des  memlires,  une  portion  de  20  centi- 
mètres de  longueur  envii'on  de  la  colonne  vertébrale  d'un  poisson  de  grande  taille,  probalile- 
ment  d'un  Dites. 

Ces  animaux  sont  momifiés  suivant  plusieurs  procédés,  mais  partout  ils  ont  les  memlires 
repliés  sous  le  corps,  la  tête  redressée  dans  sa  position  naturelle.  A  Kom-Méreh,  la  gazelle  a  été 
entourée  d'abord  de  lai'ges  bandes  de  toile  imbibées  pro])ablement  d'une  substance  résineuse  et 


GAZELLES 


79 


de  natron.  Sur  cette  première  enveloppe  sont  disposées,  dans  le  sens  de  la  longueui'  du 
corps,  des  tiges  de  papyrus  et  de  divers  roseaux  fixées  pai"  des  lianes  ou  des  cordes  transver- 
sales ;  puis  le  tout  est  enveloppé  de  plusieurs  épaisseurs  d'une  toile  grossière.  Les  oreilles  sont 
aussi  protégées  de  ])an(l('lcttes,  chacune  sépai'ément.  Ce  mode  de  momification  est  représenté 
dans  les  figures  42  et  43.  La  gazelle  reproduite  figure  43  porte  en  outre  un  anneau  en  corne, 
de  4  centimètres  de  diamètre  environ,  fixé  à  la  toile  goudronnée  qui  enveloppait  l'animal.  Ici. 
le  corps  n'est  pas  entier;  le  côté  gauche  de  la  poitrine  a  été  enlevé  avant  la  momification;  on 


Fig.  43.  —  Gazelle  momifiée  de  Kôm-Méreh.  (i/'-i  gr.  nat.' 


aperçoit  la  cavité  thoracique  privée  de  ses  viscères.  Dans  toutes  les  momies  de  Kôm-Méreh  nous 
n'avons  pas  vu  de  trace  de  bitume. 

Le  procédé  de  momification  en  usage  à  Kôm-Ombo  est  plus  simph'.  Les  membres  réunis 
ont  été  liés  ensemble  au  moyen  d'une  corde  entourant  également  le  corps  un  peu  en  arrière  des 
épaules  (fig.  44  et  45).  La  gazelle  a  été  arrosée  d'une  faible  quantité  de  bitume,  puis  enve- 
loppée dans  une  toile  dont  on  ne  trouve  plus  que  des  fragments  adhérant  çàet  là  contre  la  peau 
ou  le  bitume. 

Dans  les  deux  momies  de  Tonné  les  corps  sont  incomplets.  Les  parties  momifiées  du  tronc 
et  des  membres  ont  été  plongées  ensemble  dans  le  liitume  et  serrées  ensuite  entre  de  nombreuses 
épaisseurs  de  toiles  diverses.  Le  tout  formait  une  masse  compacte  autour  de  laquelle  les  enve- 
loppes d'étoffe  étaient  retenues  par  d'étroites  bandelettes  entrecroisées,  nouées  les  unes  aux 
autres. 

Le  Muséum  de  Lyon  possède  en  outre  une  gazelle  momifiée  reçue  d'Egypte  en  1872.  sans 
indication  d'origine.  Comme  les  gazelles  de  Kôm-Méreh,  elle  était  entour(''e  d'étoffe  goudronnée. 
de  tiges  de  pap_\Tus  et  de  toile  grossière. 

Kôm-Ombo  est  une  localité  de  la  Haute-Egypte,  sur  la  ri\'e  ih'oite  du  Ml,  à  ['>  kilo- 


80 


FAUNE   DK   L'ANCIENNE  EGYPTE 


■i^ 


Fig.   14.  —  Gazelle  mo.mikiée  de  Kôm-Ombo.  (1    i  gr.  nat.) 


Fia 


Jeune  gazelle  de  Kôm-Ombo.  (l  .1  gr.    nat.! 


GAZELLES  81 

mètres  (niviron  au  sud  de  Ge])el  Silsileh.  Ses  grands  temples  en  niini^s  sont  de  l'époque  ptolé- 
maïque.  C'est  à  Kôm-Ombo  que  se  trouvait,  à  cette  même  époque,  le  sanctuaii'c^  du  dieu 
Haroêris.  Les  restes  de  ce  sanctuaire  se  voient  un  peu  au  sud  des  ruines  ensablées  de  l'an- 
cienne ville. 

Le  village  actuel  di'  Touné  se  trouve  sui'  la  v'wo  gauche  du  Nil,  dans  le  voisinage  et  un 
peu  à  l'ouest  de  Rôda,  à  une  faibl(>  distance  au  nord  des  grandes  ruines  et  des  hypogées  de 
Tell-el-Amarna  qui  constituent  les  derniers  vi.'stiges  de  l'ancienne  r(''sidence  égypti(>nne  de 
Khovt-eten,  c'est-à-dire  l'horizon  du  soleil.  «  Lorsque  Aménophis  IV  (XVIIP  dynastie)  eut 
proclamé  le  culte  exclusif  du  soleil  et  a]}oli  les  autres  dieux,  il  abandonna  Thèbes,  l'ancienne 
résidence  de  l'Empire,  et  s(^  retira  avec  sa  cour  dans  un  territoire  sacré.  Ce  dernier  était  situé 
<lans  le  nome  d'Hermopolis  do  la  moyenne  Egypte  sur  les  deux  rives  du  Nil  et  comprenait  ; 
sur  la  l'ive  droite,  la  plaine  (m  hémicycle  encadrée  de  montagnes  diM'rière  et-Tell;  sur  la  rive 
gauche,  le  district  situé  entre  les  villages  de  Touné  (nord)  et  d(^  Gildé  (sud)  et  borné  à  l'ouest 
par  la  chaîne  libyque.  De  grandes  inscriptions  gz'avées  dans  le  rocher,  qui  se  trouvent  près 
d'el-Haouàtah  et  d'et-Tell  (rive  droite),  ainsi  que  près  de  Touné-  et  de  Gildé  (rive  gauche), 
permettent  de  reconnaître  encore  aujourd'hui  les  limites  de  ce  territoire  sacré'.  » 

Voici  les  notes  intéressantes  que  M^L  Schweinfurth  et  Maspéro  ont  bien  voulu  nous 
donner  sur  la  localité  de  Kôm-M(''reh  et  les  conditions  dans  lesquelles  les  momies  de  gazelles 
y  ont  été  rencontrées  mi  1882.  ^  Les  tombeaux  d(^  gazelles,  écrit  M.  Schweinfurth,  le 
29  novembre  1900,  sont  situés  à  une  distance  de  o  kilomètres,  au  sud  du  village  de  Kôm- 
Mer  (Komir).  à  13  kilomètres  au  sud-est  d'p]sné-.  Ils  turent  ouverts  en  1882.  M.  Maspero, 
qui  avait  alors  la  direction  des  fouilles,  en  connaît  les  circonstances,  .l'ai  passé  à  cet  endroit, 
en  1882,  et  j'ai  noté'  dans  mon  journal  ce  qui  suit  :  —  Ici  se  trouvent  les  tombeaux  des  gazelles 
récemment  ouverts.  Les  corps  enveloppés  dans  une  toile  grossière  ont  été  serrés  au  moyen  de 
cordes  entre  des  tiges  de  papyrus  et  des  Bjcrids  (tiges  des  feuilles  du  dattier).  La  prépar-ation 
pai'ait  très  négiigeanament  faite.  Cependant,  il  y  a\'ait  un  tombeau  où  les  corps  des  gazelles 
étaient  enveloppés  d'étoffes  goudronnées  (commi'  les  exemplaires  ([ue  j'ai  vus  au  Mus(''um 
de  Lyon)  ou  trempées  dans  des  substances  bitiunincuses.  Parmi  les  gazelles,  j'ai  remarqué 
quelques  corps  du  mouflon  sauvage  (mouflon  à  manchettes)  reconnaissables  à  leurs  cornes. 

«  Ces  tombeaux  sont  situés  dans  la  plaine,  ce  ne  sont  pas  des  hypogées  creusés  dans  le 
roc,  ni  des  puits  de  momies  ayant  au  fond  des  chambres  latérales,  ce  sont  simplement  des 
caveaux  quadrangulaires  creusés  dans  la  plaine,  verticalement,  dans  le  terrain  marneux  qui 
surmonte  le  grès  nubien.  Leur  iirofondeui-  [muvait  èti'e  de  3  à  4  mètres  et  leur  sin-faee  entre 
10  et  20  mètres  carrés.  Les  momies  s'y  trouvaient  entassées  les  unes  siu'  les  autres,  sans 
aucune  séparation,  en  désordre,  comme  dans  une  fosse  commune.  Il  est  évident  que  toutes  y 
avaient  été  placées  à  la  fois  lors  d'une  épizootie  qui  devait  ravager  les  troupeaux  des  templ(\s. 

«  Les  égyptologues  seront  p(Mit-ètre  à  même  d'indiquer  la  raison  pour  laquelle  cette  localité 
a  été  choisie,  et  les  rappoi'ts  que  ce  dépôt  peut  avoir  avec  une  divinité  quelconque  dont  le 
sanctuaire  se  trouvait  sans  doute  aux  envii'ons,  ou  même  à  Ki'un-Mer.    » 

De  son  c('»té,  M.  Maspero  a  eu  l'obligeance  de  nous  adr-essi^r.  le  9  août  1901,  les  rensei- 


'  Bcfdekep,  Egypte,  p.  104,  1898. 

-  Voir  la  carte  dans  les  Miltheilungen  de  Petermann,  1900. 
Arch.  Mus.  —  t.  VlII.  *  li 


82  FAUNE   DK   LANGIKXNE   EGYPTE 

gnements  suivants  :  (c  Ivom-Méreh.  —  Lorsque  le  pclit  tempk'  de  Kùni-Méreli  me  fut  si.ij-nalé 
pour  la  première  fois  en  1882,  une  des  chambres  en  était  remplie  de  momies  de  gazelles, 
entassées  là  à  l'époque  romaine,  vi^rs  la  fin  du  i"'  siècle  après  Jésus-Christ  au  plus  tôt.  De 
nombreuses  momies  étaient  enterrées  à  même  le  sidile  ou  dans  des  puits  peu  profonds  dans  la 
plaine  qui  borde  la  montagne  libyqueà  l'ouest  du  village.  C'est  de  laque  viennent  les  momies 
que  je  vous  ai  (>nvo_vées.  Elles  sont  peut-être  plus  anciennes  que  celles  qu'on  trouvait  dans  le 
temple,  probablement  du  i'^'"  siècle  avant  Jésus-Christ.  » 

Les  égyptologues  pourront  sans  doute  faire  connaître  également  l'époque  à  laquelle 
remontent  les  gazelles  de  Kôm-Ombo  et  de  Touné  ainsi  que  la  diviniti'  qu'elles  symbolisaient 
Des  temples  ou  sanctuah^es  de  cette  divinité  étai(Mit  peut-être  édifiés  autrefois  à  Kôm-Ombo 
et  Touné  ou  dans  les  environs  de  ces  localités. 

Toutes  ces  gazelles  appartiennent,  d'après  leurs  crânes  et  les  caractères  physiques  qu'on 
a  pu  reconnaître  dans  l'examen  des  momies,  aux  deux  espèces  Gazella  dorcas  et  Gazella 
Isahella,  mais  on  doit  noter-  que  quelques  exemplau'es,  présentant  des  pai'ticularités  intermé- 
diaires à  ces  deux  formes,  ne  pi'uvent  pas  toujours  ètr-e  attri])ui''es  sans  h(''sitation  à  l'une  ou  à 
l'autre. 

Des  gazelles  semblaldes  à  celles  que  nous  trouvons  momifiées  sont  représentées  sur  plu- 
sieurs monuments  égyptiens,  entre  autres  sur  des  peintures  décorant  les  murs  du  tombeau  de 
KJiJioum-hoijjou  à  Béni-hassan,  dans  une  scène  de  chasse  du  tombeau  de  Phtah-hotpou  de  la 
nécropole  de  Sakkara*  et  notamment  à  l'intérieur  d'un  tombeau  théliain  du  nouvel  Empire-. 

Pai'mi  les  gazelles  anciennes,  le  nombre  des  individus  femelles  est  au  moins  aussi  élevé 
que  celui  des  mâles,  tandis  que  pai'mi  les  liteufs  et  les  mouflons  momifiés  nous  n'avons  ren- 
contré que  des  individus  mâles. 

GAZELLA  DORCAS,  Linné. 

(Fig.    '■(•..) 

Capra  dorcas.  Linné,  Syst.  nat.,  I,  p.  96  (1766). 

Antilope  dorcas,  Guvier,  Règne  animal,  I,  p.  259  (1817).  —  Lesson,  Manuel  de  mammalogie,  p.  372  (1827). 
Gazella  dorcas,  Graj,  Cal.  Rum    Brit.  Mus.,  p.  38  (1872).  —  Tristram,  Ihe  Fauna  and  Flora  of  Palestine, 
p.  5  (1884).  —  P.-L.  Sclater  and  Thomas,  the  Book  of  Antelopes.  vol.  III,  pi.  lvii,  p.  99  (1898). 

Gazella  dorcas  est  connue  des  Ai'abes  sous  le  nom  de  Ghazal  (Tristram).  Cette  espèce  est 
représentée  par  quatre  spécimens  entiers  :  un  mâle  et  trois  femelles.  Deux  proviennent  de 
lvôm-Uml)0  et  deux  de  Kôm-Méreh. 

Hauteur  au  garrot,  560  à  020  millimètres.  Cornes  dans  les  deux  sexes,  annelées, 
convexes  en  avant  sur  les  trois  quarts  environ  de  leur  longueur.  Fosses  préorbitaires  lai'ges  et 
profondes;  longueur  du  crâne,  165  à  180  millimètres:  largeur  maxiina.  75  à  83  milhmi'tres. 

Oreilles  longues.  Queue  courte  terminée  par  une  touffe  de  poils  noirs.  Couleur  générale 
jaune  plus  ou  moins  fonct''  ou  grisâtre:  dos  et  meml)res  roux;  face  interne  des  meml)res  et 
A'entre  blancs;  bande  latérale  brune  peu  marquée  à  la  sépai-ationdu  vinitre  et  des  flancs.  Toufife 
de  poils  vers  l'articulation  supérieure  des  métacarpiens. 

'  Lenormant,  Histoire  ancienne  de  l' Orient,  vol.  II,  p.  79  et  121,  1882. 

'■'  Wilkinson,    llie  ancient  Eyi/ptians,  vol.    II,  p.  92.  —  A.  Erman,  .-Egypien  und  ivgyptisches  Leben  in 
Alterlhum,  p.  330. 


(;AZ  ELLES 


83 


Femollo  comme  le  mâle,  mais  ses  cornes  sont  moins  recourbées  et  annelées,  pins  minces, 
longues  la  moitié  seulement  ou  les  trois  quarts  comme  celles  du  màlc. 

Gazella  dorcas  habite  le  nord  do  l'Afrique,  du  Maroc  à  l'Egypte;  et  à  l'.k'abie.  Un  la 
rencontre  depuis  la  Méditerranée  jusque  dans  l'Afrique  centrale.  Elle  est  très  commune  en 
Syi'ie  ainsi  qu'en  Nubie,  entre  le  Xil  e|  la  mer  Rouge. 

De  tout  temps  la  gazelle  a  été  chassée  avec  passion,  comme  elle  l'est  encore  de  nos  jours, 
dans  les  pays  qu'elle  habite,  en  Perse,  en  Egypte,  en  Algérie  et  au  Soudan.  Les  chasseurs  du 
désert  mettent  à  sa  poursuite  le  faucon  ou  hî  lévrier.  «  J'ai  vu 
souvent  en  Egypte,  dit  Brehm',  les  grands  personnages  partir 
[101  11-  la  chasse  le  faucon  sur  le  poing,  mais  jamais  je  n'ai  eu  l'oc- 
casion d'assister  à  leur  chasse.  Hasselquish  qui  la  pratiqua  en 
Palestine  avec  quelques  Arabes  la  décrit  ainsi  :  Tn  chasseur  le 
faucon  au  poing  alla  à  la  recherche  des  gazelles  et  lâcha  l'oiseau 
dès  qu'il  en  vit  une.  Le  faucon  s'éleva  dans  les  airs  et,  aussitôt 
qu'il  aperçut  sa  proie,  fondit  sur  elle  comme  une  flèche,  décrivit 
(piehpies  cercles  autour  de  sa  tête,  puis  lui  enfonça  ses  serres, 
l'une  dans  la  joue,  l'aiidv  dans  la  gorge.  La  gazelle  fit  un  bond 
de  plus  de  .5  mètres  et  se  débarrassa  de  son  ennemi.  Mais  celui- 
ci  continua  à  la  poursuivre  et  lui  enfonça  enfin  ses  serres  dans 
h;  cou,  la  maintint,  l'étourdit  jusqu'à  ce  que  le  chasseur  eiît  le 
temps  d'aniver  et  de  couper  la  gorge  au  gibier.  Le  faucon  en 
reçut  le  sang  comme  droit  do  prise.  Cette  chasse  fait  que  les 
Bédouins  ont  le  faucon  en  aussi  haute  estime  ([ue  le  lévrier.  Les 
chefs  donnent  ])()Ui' un  beau  faucon  deux  ou  trois  chameaux.  » 

La  gazelle  de  Kom-Om])o  représentée  figure  -14  a  prolja- 
bleuu'ut  été  tuée  à  la  chasse  de  la  manière  indiqu(!'e  par  Hassel- 
(jiiist,  car  elle  portait  sur  la  tête  et  au  cou  phisieurs  trous  d'un 
[tetit  diamètre.  On  remanpiait  de  }>lus  du  c('it(''  droit  de  la  tête, 
au-dessous  de  la  màchoh'e  inférieure,  une  lai'ge  coupure  visilde 
même  sur  le  dessin. 

D'après  P.  Sclater  et  Thomas-,  la  gazelle  dorcas  est  figurée 
surtout  dans  les  monuments  anciens  de  la  Basse  Egypte,  alors  que 
dans  la  Haute  Egypte  les  monuments  représentent  Guz.ImheUa. 

(jazdla  dorcas  ditière  de  (îa:-.  Isahclla^^v  une  taille  un  pi'U  pluslail)le  et  principalement 
par  la  forme  de  ses  cornes.  Chez  la  fA>/YY/,s"  elles  sont  divergent  es  jus([u"au  milieu  de  leur  longueiu', 
puis  elles  s'infléchissent  légèrement  et  se  rapprochent  de  plus  en  plus  l'une  de  l'autre  jusqu'à 
leurs  extrémités  qui  sont  un  peu  relevées  en  avant  (lig.  46).  Dans  Gaz.  ImhcUa,  les  cornes 
sont  moins  divergentes  à  la  l^ase,  levu's  extrémitc's  se  recour])ent  en  dedans  presque  à  angle 
droit  comme  l'indiijue  une  ligure  donnée  pai'  M>L  Sclater  et  Tliomas  d'après  un  crâne  de 
gazelle  moderne  du  Muséum  de  Londi'es  ^. 


Fig.  46.  —  Gazella  dorcas.  mâle. 

Grane  de  momie  de  Kôm-Méreh. 

(I   3  gr.  liât.) 


'  Brelitn,  la  J'ie  des  anhnau-r,  p.  535. 

-  Sclater  and  Tliomas,  Ihe  Book  of  Antelopes.  vol.  III,  p.  105,  1898. 

'  IbiJ.,  vol  III,  p.  15-i,  fig.  09,  1898. 


84  FAUNE   DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Le  squelette  des  gazelles  momiliées  ne  ditiei'e  pas  de  eelui  des  i^azelles  actuelles  de  la 
même  espèce.  Nous  avons  relevé  sur  les  squelettes  complets  des  individus  anciens  les  mesures 
principales  du  corps  et  du  ei-àne.  à  titre  de  documents,  poui-  permettre  aux  naturalistes  de  les 
comparer  à  celles  des  animaux  modernes  de  la  même  foi'uie.  Yo'wi  ces  dimensit)ns  : 

SqucleUe  ii°  1  de  Kùui-Ombo  (femelle).  —  Longueur  du  corps,  de  la  première  apopli.  épineuse 

dorsale  à  l'extrémité  postérieure  des  ischions 540  ""^ 

Hauteur  au  garrot 615 

Longueur  totale  du  crime,  de  l'extrémité  antérieure  des  prémax,  à  la  crête  sus-occipitale          .  170 

Largeur  maxima  du  crime  (diamètre  sus-orbitaire) 75 

Squelette  n°  2  de  Kùm-Ombo  (femelle).  Longueur   du   corps,   de   la  première   apophyse    épineuse 

dorsale  à  l'extrémité  poslérieure  des  ischions 495 

Hauteur  au  garrot 602 

Longueur  totale  du  crâne,  de  l'extrémité  antérieure  des  prémax.  à  la  crête  sus-occipitale     .     .  166 

Largeur  maxiraa  du  crâne  (diamètre    sus-orbitaire) 77 

Squelette  n°  6  de  Kùm-Méreh  (mâle).  —  Longueur  du  corps,  de  la  première  apophyse  épineuse 

dorsale  à  l'extrémité  postérieure  des  ischions 515 

Hauteur  au  garrot 625 

Longueur  totale  du  crâne,  de  l'extrémité  antérieure  des  prémax.  à  la  crête  sus -occipitale.     .  180 

Larij;eur  maximum  du  crâne  (diamètre  sus-orbitraire) 83 

Squelette  n°  21  de  Kûm-Méreli  (femelle  jeune)   —  Longueur   du  corps  de  la    première  apophyse 

épineuse  dorsale  à  l'extrémité  postérieure  des  ischions 440 

Hauteur  au  garrot 560 

Longueur  totale  du  crâne,   de  l'extrémité  antérieure  dos  prémax.  â  la  crête  sus-occipitale     .      .  154 

Largeur  maxima  du  crâne  (diamètre  sus-orbitaire) 66 

Le  squelette  d'une   femelle  de  Gazelle  dorcas  moderne  de   rAl!4érie,  conservé   au    Muséum  de 
Lyon,  présente  les  dimensions  suivantes.  —  Longueur  du  corps,  de  la  première  apophyse 

épineuse  dorsale  à  l'extrémité  postérieure  des  ischions 530 

Hauteur  au  garrot 605 

Longueur  totale  du  crâne,  de  re\trémité  des  prémax.  à  la  crête  sus-occipitale 178 

Largeur  maxima  du  crâne  (diamètre  sus-orbitaire) 73 

Comme  on  le  voit,  la  .uazidle  actuelle  a  la  même  taille  que  les  j^uzelles  momidées  :  elle  est 
identique  notamment  à  l'exemplaire  du  même  sexe  (n"  1)  de  Kôm-Oinbo.  Seuls  les  rayons 
osseux  des  memlires  varient  un  peu,  le  tableau  ci-dessous  en  iudi([ue  les  lon,iiueurs  relevées 
sur  les  quatre  spécimens  anciens  de  Gaz.  dorais  et  sur  l'individu  moderne  de  la  même- 
espèce. 

Gaz.  dorcas 
Gazella  dorcas  momifiées.  moderne. 

1  2  5  -H 

Femelle  Femelle  Mâle  Femelle  jeune  Fomelle 

K.  Ombo.  K.  Omliu.  K.  Mèreli.  K.  Mèrcli.  Algérie 

Longueur  des  cornes  en  suivant  la  ligne 

externe  de  la  courbe >.                     «  275  »  195 

Longueur  de  l'omoplate 112  111  108  97  125 

—  l'humérus 108  UU  107  104  105 

—  du  radius 14!»  145  13.'^  138  139 

—  du  métacarpien 107  165  10<)  156  156 

—  du  fémur 147  145  151  13!»  151 

—  du  tibia 200  200  191  190  195 

—  du  métatarsien 172  170  166  160  iC7 


GAZELLES 


85 


GAZELLA  ISABELLA    Gray. 

(Kig.  47.) 

Antilope  dorcas.  Liclitenstein,  Darstellung  der  Thiere,  pi.  V  (l827)  (?). 

Gazella  isabella,  Gray,  Ann.Mag.  nat.  hist.,  XVIII,  p.  214  et  231  (1846).— Gray,  Cat.  Rum.  Brit.  Mus.,  p.  38- 

(1872).  —P.  L.  Selater  and  Old  Thomas,  Ihe Bookof  Anielopes,  p.  151,  pi.  LXIV,  vol.  III  (1898). 
Antilopes  Isidis.^unàevdiW,  Pecora,  K.  Vet.  ah.  Handl.,]>.  267(1847). 

La  collection  compte  plusieurs  crânes  et  trois  spécimens  entiers  (1(^  (}az-ella  isabella.  Ln 
mâle  et  une  femelle  sont  de  Kùm-AIéreli  ainsi  que  les  crânes:  le  troisième,  un  individu  mâle, 
a  été  reçu  d'Egypte  en  1872,  sans  indication  d'origine. 

Hauteur  au  garrot.  595  à  ()50  milliniètrcs.  (brnes  dans  les  deux  sexes;  épaisses  chez  le 
mâle,  annelées,  convexes  en  avant  sur  les  (piatre  cinquièmes  de  Icui-  longueur,  extivmités 
recourbées  en  dedans  presque  à  angle  droit  comme  le  montre  le 
crâne  d'une  gazelle  momitiée  de  K('>m-Méreh  (tlg.  ±7).  Fosses 
préorliitaii'es  larges  et  profondes  ainsi  que  chez  (îaz.  doi'cas : 
longueur  du  crâne.  i()8  à  ISI  millimètre;;:  larj^cur  maxima. 
75  à  81  millimètres. 

Couleur  générale  fauve,  varialde  de  ton.  passant  pai'fois  au 
brun  ;  face  interne  des  mem])res  et  ventre  blancs  ;  bande  lati-r-alc 
très  peu  distincte.  Touffe  de  poils  en  haut  des  métacarpiens. 

Femelle  comme  le  mâle,  mais  ses  cornes  ont  un  diamètre 
plus  tailtlc.  elles  sont  moins  reeourliées,  leur  longueur  est  à 
peu  })rès  la  même  que  chez  le  mâle.  La  section  des  chevilles 
osseuses  des  cornes  au  lieu  d'être  ovale  ou  circulaire  à  la  base 
comme  chez  la  Dorcas  est  sulitinangulairc  avec  un  aplatisse- 
ment postérieur  assez  marqué. 

(iazdla  isahclla  habite  actuellcuu'ut.  d'aitrès  Trouessart . 
l'Egypte,  la  Nul)ic,  le  Sennaar  et  le  Kdi'dofan,  jus([u*à  la  mer 
Rouge  et  à  l'Arabie  Pétrée.  Un  la  trouve  à  Massaouali  et  dans 
les  montagnes  de  l'Abyssinie  jusqu'à  lOlX)  et  ISOÛ  mètres 
d'altitude.  Mais  MM.  Selater  et  Thoma;'.  disent  qu'on  rencontre 
cette  espèce  seulement  sur  la  cote  de  la  mer  Rougv  de  Souakim 
à  Massaouah  et  dans  l'intéi'ieur  du  Logos,  du  Itarea  et  du  Taka. 

Ouoi  qu'il  en  soit  nous  trouvons  (ia:-.  isubcUn  représentée 
en  plus  gi-aud  nom])re  parmi  les  animaux  ancii'us  de  la  Haute- 
Egypte  que    (iaz-.   /loi-cds;    il  est  doue   ('vident    qu'elle  vivait 

alors,  sinon  comme   cette   dernière  <'U    ]\L!y[)te  même,  du  moins  dans  les  régions  euviinm- 
nantes  et  peu  éloignées. 

En  Qo  qui  concerne  la  gazelle,  rapportée  par  Hemprich  (.'t  l'^lu-eiiliei'g  du  Sennaar  et 
décrite  iiar  Lielitimstein  sous  le  nom  de  (luzclla  dorcas,  Selater  et  Thomas  croient  ([u'elle 
appartient  proltablement  à  Gazella  isahclla.  Sundevall  l'a  considérées  mime  une  tonne  distincte 


Fig.  47.  —  Gazella    liahtlla,  mâle. 

Cbane  de  momie  de  KÔM-MÉnEH. 

(1/.'?  gr.  cat.) 


'  Calalogus  mammalium  tam  vivenlium  quam  fossilium,  t-  II.  p.  94o.  Berlin,  18'.)9. 


86  FAUNE   DE   L'ANCIENNE  EGYPTE 

(le  la  (/orras  et  a  propose;  de  l'appeler  Gazella  isidis  du  nom  d'Antilopi'  d'Isis,  par  l(>(pi('] 
Lichtenstein  la  désignait.  Mais,  comme  le  remarquent  les  naturalistes  anglais,  cette  identifi- 
cation est  incertaine  et  le  nom  de  (iray,  de  IS  IG.  est  ant(''ri('ur  à  cidui  de  Sundevall. 

Il  faut  remarquer  à  ce  propos,  s'il  est  bien  établi  ([ue  les  anciens  Egyptiens  consacraient 
la  gazelle  à  Isis,  ce  qui  n'est  point  certain',  qu'on  ne  peut  en  tous  cas  chercher  à  identifiei* 
((  l'Antilope  d'Isis  «aune  espèce  unique  de  ga/.elle.  puisque  nous  trouvons  réunis  à  Kôm-M(''reh, 
momifiées  à  la  môme  époque,  les  deux  formes  plus  on  moins  communes  de  la  région  :  Gaz. 
dorcas  et  Ga:;.  isahcHa.  Il  est  évident  (pie  les  Egyptiens  n'avaient  pas  les  mêmes  idées  que 
nous  sur  l'espèce  zoologique;  ils  n'en  avaient  probablement  même  aucune  notion.  Poui-  eux 
ces  deux  gazelles,  si  tant  est  qu'ils  eussent  remarqué  leurs  faibles  difféi-ences,  n'étaient  pas  des 
animaux  différents  ;  elles  ne  représentaient  à  leurs  yeux  que  des  variations  individuelles,  des 
variétés  ou  des  races  locales  du  même  aninial.  Ces  variations  de  la  gazelle  étaiimt  de  la  même 
nature  que  celles  qu'ils  remarquaient  chez  l'iionime,  dans  leurs  expéditions  soit  en  Nubie,  soit 
en  Syrie. 

Le  squelette  de  Ga:-.  isabeUa  est,  au  point  de  vue  anatomique,  semblable  à  celui  de 
Gaz.  dorcas,  mais  les  dimensions  principales  du  corps  et  du  crâne  sont  chez  la  première  un 
peu  plus  fortes  en  moyenne,  comme  l'indiquent  les  mesures  suivantes  relevées  sur  trois  sque- 
lettes complets  de  gazelles  momifiées. 

Sqiieleitt!  n°4  (mâle),  Egypte.  Longueur  du  corps,  de   la  première   apophyse  épineuse  dorsale   à 

l'extrémité  postérieure  des  ischions 505""' 

Hauteur  au  garrot 605 

Longueur  totale  du  crâne,  de  l'extrémité  antérieure  des    prémax.  à  la  crête  sus-occipitale.     .  181 

Largeur  maxima  du  crâne  (diamètre  susorbitaire) 81 

Squelette  n°   23   (mâle),  Kôm-Méreh.  Longueur  du  corps,    de   la    première  apophyse    épineuse 

dorsale  à  l'extrémité  postérieure  des  ischions 560 

Hauteur  au  garrot 650 

Le  crâne  est  brisé  dans  sa  partie  antérieure,  sa  longueur  n'a  pu  être  prise » 

Largeur  maxima  du  crâne  (diamètre  sus-orbitaire) 81 

Squelette  n"  5".?  (femelle),  Kôm-Méreh.  Longueur  du   corps.  Je  la  première  apophyse  épineuse 

dorsale  à  l'extrémité  postérieure  des  ischions 520 

Hauteur  au  garrot .590 

Longueur  totale  du  crâne,  de  l'extrémité  antérieure  des  prémax.  à  la  crête  sus-occipitale.     .  168 

Largeur  maxima  du  crâne  (diamètre  sus-orbitaire) 75 

Chez  les  individus  momitiés  de  Ga:.  isabrlla,  les  longueurs  des  diverses  parties  des 
membres  présentent  des  variations  notables  qu'il  serait  intéressant  de  pouvoir  comparer  aux 
dimensions  relevées  sur  des  squelettes  modernes  delà  même  espèce. 

(tuz.  isahella  momifiées 

4  z:i  62 

mâle  mâle  t'eniolle 

E^'vpte  Koln-Méreli  Koiu-Méroh 

Longueur  des  cornes  en  suivant  la  ligne  externe  de  la  courbe     .     .  230  250                   » 

Longueur  de  l'omoplate 118  121  108 

—  de  l'humérus 112  119  107 

—  du  radius 149  159  135 

—  du  métacarpien 175  177  160 

—  du  fémur 152  166  148 

—  du  tibia 210  224  198 

—  du  métatarsien 178  185  108 

\^'ilkinson,  Tlie  ancient  Egyptians,  vol.  IIL  p.  260,  1878. 


MOUTONS 


Parmi  les  figurations  animales  des  monuments  de  l'ancienne  Egypte,  on  distingue  deux 
formes  l)icn  différentes  de  moutons.  Dans  l'une,  les  cornes  sont  spiralées  transversalement; 
chez  l'autre,  elles  sont  recourbées  en  demi-cercle,  les  pointes  tourn(''i>s  en  avant. 

La  première  est  figurée  sur  les  plus  anciens  monuments  égyptiens,  entre  autres  sur  la 
plaque  de  schiste  du  INIusée  de  Gizé,  de  l'(''po(|uo  de  Négadah,  et  sur  le  papyrus  de  Neb-Qued, 
du  Musée  du  Louvre'.  A  cette  race,  Oris ijalœoo'fpjpticiis.  appartenait  le  «  bélier  de  Mondes  », 
le  bélier  primitivement  adoré  à  Mondes. 

La  seconde  race  appai'aît  sur  les  monuments  égyptiens  de  la  XII''  dynastie;  elle  est 
communément  figurée  sur  ceux  do  la  période  saïte.  Dans  une  scène  reproduite  par  ^^'ilkinson-, 
on  voitSéti  I,  la  tête  ornée  des  cornes  de  ce  bélier,  des  «  cornes  d'Ammon  ».  Les  figures  conven- 
tionnelles du  «  bélier  d'Ammon  »  ont  été  probablement  inspirées  pai'  le  mouton  à  grosse  queue 
des  bas-reliefs  babyloniens  et  assyriens,  voisin  du  mouton  Ocisplatijuj-a  œgi/jjtiaca  Fitz. 

Les  divinités,  soit  à  corps  de  bélier,  soit  à  corps  humain  et  à  tête  de  bélier,  sont  nom- 
breuses sur  les  monuments  égj^)tiens.  Elles  sont  représentées  tantôt  avec  les  cornes  horizon- 
tales et  transversales  du  «  l)élier  de  Mondes  »,  tantôt  avec  les  cornes  en  demi-cercle  du 
«  bélier  d'Ammon  ».  Quelquefois,  la  divinité  porte  réunies  les  cornes  de  ces  deux  moutons, 
comme  on  le  remarque  sur  les  bas-reliefs  du  grand  temple  d'Edfou  où  le  dieu  Har-Hat,  la 
science  et  la  lumière  personnifiées,  est  représenté  avec  quatre  cornes,  au  centre  du  disque 
solaire^.  La  figure  de  Séti  I  que  nous  citons  plus  haut  représente  aussi  ce  Pharaon  avec  les 
cornes  d'Ammon  et  celles  du  bélier  de  Mondes. 

Les  égyptologues  et  les  historiens,  les  Grecs  notamment,  ont  ti'ès  souvent  confondu  les 
moutons  et  les  chèvres,  le  bouc  et  le  bélier.  Les  Eg^-ptiens  ont  fait  parfois  la  même  confusion, 
ainsi  que  M.  le  professeur  E.  Lefébure*  a  eu  l'obligeance  de  nous  l'indiquer.  «  Il  y  a,  en  effet, 
écrit  ce  savant,  dans  le  Panthéon  de  Champollion,  un  petit  monument  de  basse  époque  oîi  le 
dieu  est  un  bélier  dans  le  texte  et  semble  unbouc,dans  le  taLleau''.  Un  autre  animal  semblable, 


'  Dlirst  und  Gaillard,  Studien  iiber  die  geschiclite  Hausschafes  (Recueil  de  Iracaux  relatifs  à  l'Egypte  et  à 
l'Assyrie,  p.  6,  fig.  2,  vol.  XXIY,   190-?,  Paris. 

-  Wilkinson,  Ihe  Ancient  Egyi.lians.  p.  371,  pi.  LXIV,  vol,  III,  1878. 

^  Champollion,  Monuments  de  l'Egypte  et  de  la  Nubie,  t.  II,  pi.  CXXIV,  flg.  2. 

■*  Lettre  manuscrite,  mars  1902. 

'■  Champollion,  Manuscrits,  Panthéon  égyptien,  t.  I,  p.  2-37. 


88  FAUNE  DE  L\\NCIENNE  EGYPTE 

(le  inrmi^  nom  d  de  mriiic  date  mais  sans  l»ai'l)i',  se  ti'ouvc  dans  les  monuments  (''gyptiens  de 
la  Bibliothèque  nationale,  publiés  par  Ledt-ain'.  Est-ce  par  assimilation  avec  leur  dieu  Pan 
ipie  les  anciens  se  sont  obstinés  à  l'aire  m\  hmw  du  li(dier  de  Mendès?  Il  serait  peut-être 
difficile  d(^  r(''SOudre  cepro])lème.  mais,  en  tous  cas.  l'ojiinion  classique,  qu'elle»  ait  agi  ou  non 
comme  cause.  s'(»st  parfois  traduite  en  Egypte  pai-  la  llgurati(»n  de  l'animal  de  Mendès  sous  une 
forme  (pii  rappelle  bien  celle  du  bouc.    » 

Quelques  momies  de  béliers  à  «  cornes  d'Ammon  »,  On'.s jj^'it'/'f»  ^i^'[Ji/pti(i<'a^  Fitz,  sont 
conservées  dans  les  collections  égyptologiques  des  Musées  de  Bei'lin  et  de  Londres.  De  cette 
l'ace,  le  Muséum  de  Lyon  ne  possède  que  des  cornes  et  un  certain  nomlire  de  leurs  axes  osseux 
provenant  des  puits  à  momies  d'Atousir. 

Ork  pnlceoœrjiipiiriis  n'a  pas  été  trouvé  momiti(''.  ()n  le  connaît  par  les  figurations  des 
monuments  égyptiens  et  aussi  par  les  fragments  de  la  tète  osseuse  de  Toukh  dont  la  descrip- 
tion est  donnée  ci-après. 

OVIS  LONGIPES,  Fitzinger. 

Race  'palxoD'gypIicus  - . 

(Fig.  51.) 

Ovis  longipes,  Fitz.   Ueber  die  Racen  des  Zahmen  Schafes  (Sitzungb.  des  K.  K.  Akad.  der  Wissensch. 

Wien,  1860,  vol.  XLI,  p.  203). 

Ce  mouton  est  connu  d'aju-ès  (juelques  fragments  de  crânes  recueillis  par  M.  de 
Morgan,  avec  une  série  d'ossements  d'animaux  divei's.  dans  les  amas  de  débris  laissés  pai'  les 
populations  préphai-aoniques  sur  le  sol  de  leurs  habitations.  La  liste  des  espèces  de  mammifères, 
r-eptiles  et  poissons,  représentées  parmi  ces  débris  osseux,  a  été  donnée  par  l'un  de  nous  dans 
l'ouvrage  de  M.  de  ÎNIorgan  sur  les  origines  de  l'Egypte''. 

Les  fragments  de  crânes  appai'tenant  à  cette  i"ace  de  mouton  se  composent  de  trois  pièces: 
deux  moitiés  de  la  région  front o-pariétale  d'un  crâne  de  jeuni'  individu  et  un  fragment  d'axe 
osseux  de  corne  de  la  même  race,  mais  d"un  individu  adulte.  Ces  ossements  ont  été  trouvés 
lans  le  Kjoekkenmœdding  de  Toukh.  village  dépendant  de  Négadah,  situé  un  peu  au  sud-est 
"Aliydos,  sur  la  rive  gauche  du  Xil.  Ils  proviennent  de  la  partie  inférieure  du  dépôt,  de  celle 
ui  est  regardée  avec  raison  comme  néolithique.  A  ce  niveau  «  les  silex  taillés  sont  extrême- 
ment al)ondants  et  se  trouvent  là  mélangés  avec  des  os  ljris(''S  d'animaux,  des  fragments  de 
vases  semblables  à  ceux  (ju'on  voit  dans  les  nécropoles  archaïques,  de  petits  poinçons  d'os,  des 
coquilles  marines  et  nilotiques,  des  nucléi,  des  percuteurs  et  une  foule  d'éclats. 

«  Ces  buttes  de  Toukh  sont  de  véritables  Kjoekkenmœddings,  elles  en  renferment  tous 
les  éléments  et  sont  les  derniers  restes  du  village  oii  vivaient  les  gens  qui  reposent  dans  la 
nécropole  située  non  loin  de  là,  au  sud-ouest  des  montagnes  \  » 

La  partie  sup(''rieure  des  Kjo'kkenmœddings  de  Toukh  contient  des  briques  crues  avec 

'  Itibliolhèque  de  l'Ecole  des  Hautes  Etudes,  38"  fasc,  pi.  II,  fragments  de  calcaire. 

°  Diir.st  iind  Gaillard,  Studien  iiber  die  Geschichte  des  ^gyptischen  Hausschafes  (Recueil  des  travaux  rela- 
tifs à  la  jjhilologie  et  à  V archéologie  égyptiennes  et  assyriennes,  de  M.  Maspero,  1902. 
■'  De  Morgan,  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  Paris,  1897,  p.  99. 
■'  Ibid.,  p.  66. 


MOUTONS  89 

quelques  menus  et  très  rares  instruments  en  bronze.  Elle  date  du  commencement  de  la  période 
pharaonique,  environ  de  la  même  époque  à  laquelle  remonte  la  nécropole  de  Khozan,  étudiée 
en  1899  par  M.  E.  Chantre  '. 

L'examen  rapide  des  amas  d(^  Toukli  avait  d'aliord  l'ait  pensera  M.  de  Morgan  que  les 
restes  mêlés  de  briques  crues  du  niveau  sup(''rieur  du  tell  appartenaient  à  la  période  indigène; 
mais  l'étude  approfondie  de  buttes  analogues  cà  Kawamil,  à  Silsileh  et  à  Toukh,  l'a  condidt  à 
rectifier  sa  première  appréciation. 

«  Chaque  fois,  dit-il,  qu'on  rencontre  des  briques  crues,  soit  dans  les  kjœkkenmceddings, 
sait  dans  les  sépultures,  on  trouve  en  même  temps  des  objets  métalli(pies,  tels  que  harpons, 
aiguilles,- petits  ciseaux,  etc.,  mélangés  aux  silex  taillés  et  aux  tessons  de  vases.  La  brique 
crue  permet  donc  de  ranger  les  vestiges  dans  la  période  égyptienne  des  débuts,  et  l'art  de  la 
travailler  est  l'une  des  caractéristiques  de  cette  éjioque. 

<(  A  Toukh,  la  base  du  Kom  est  formée  de  vestiges  préhistoriques,  et  c'est  dans  les  couches 
supérieures  seulement  qu'on  rencontre  les  ruines  des  habitations  égyptiennes  caractérisées  par 
la  poterie  et  les  objets  métalliques. 

<(  Le  site  de  Toukh  fut  a])andonné  peu  a}>rès  la  conquête  égyptienne,  et  remplacé  par  la 
ville  de  Noubt,  située  à  1  kilomètre  plus  au  nord  :  la  vie  se  continua  là  pendant  toute  la  période 
pharaonique^.  « 

Les  ossements  que  nous  allons  étudier,  ayant  été  trouvés  associés  à  de  nombreux  histru- 
ments  en  silex,  dans  les  couches  inférieures  du  kjœkkenmœdding,  où  ne  se  rencontre  aucune 
trace  de  métal,  datent  de  \a  jjèriodc  néo/H/n'/j/'c. 

La  pièce  fossile  la  plus  importante  est  un(_'m(iitié  gauche  de  la  partie  postérieur-e  d'un  crâne. 
Cette  pièce  se  compose  du  frontal  avec  l'axe  osseux  de  la  corne,  d'une  moiti('  du  pariiHal  et 
d'une  faible  partie  de  l'os  temporal. 

L'extrémité  antérieure  du  frontal  n'est  pas  connue  ;  l'os  est  brisi'  suivant  une  ligne  trans- 
versale passant  par  l'orbit(\  un  peu  au-dessus  du  trou  sourciller.  A  la  base  de  la  cheville 
osseuse  de  la  corni^  est  une  cavité'  (pii  occupe  toute  la  largeurdu  fronlal,  de  l'orbite  à  la  suture 
médiane:  ce  sinus  se  prolonge  dans  l'axe  osseux  jusqu'à  2  centimètres  environ  de  profondeur. 
Le  diamètre  transverse  du  frontal,  mesun''  de  la  suture  médiane  à  la  face  externe  de  l'axe  osseux 
est  de  .5.5  millimètres.  Ce  chiffre  doubli''  donne  l'(''cartement  total  des  chevilles  osseuses  qui  est 
ainsi,  à  l'ext('rieur  de  leurjtase,  de  110  millimètres.  L'écartement  interne  des  chevilles  osseuses 
est  de  41  millimètres  environ,  ce  diamètre  ne  peut  pas  être  relevé  avec  précision,  par  suite  de 
l'usure  et  de  la  direction  horizontale  des  chevilles  osseuses.  Le  diamètre  minimum  du  frontal, 
pris  en  avant  di'  l'axe  des  cornes,  un  peu  au-dessus  des  orbites,  est  de  SO  millimètres. 

La  cheville  osseuse  de  la  corne  est  placée  directement  sur  l'orbite  avec  une  direction 
presque  horizontale  et  transversale  ;  elle  est  très  légèrement  dirigée  en  haut  et  en  arrière,  à 
peu  près  également  dans  les  deux  sens.  La  cheville  frontale  est  fortement  tordue  sur  elle- 
niême,  sa  spire  fait  environ  un  (piart  de  tour  sur  une  longueur  de  5  centimètres.  Une  petite 
carèn(>  part  de  sa  base,  du  coté'  postéro-externe  ;  elle  se  dirige  en  dehors  suivant  la  torsion  de 
l'axe  osseux. 

La  clii'ville  di's  coi'nes  présente  à  sa  base  une  section  très  convexe  et  ai'rondie  du  coté 

'  Ernest  Chantre,  Bulletin  de  la  Société  d'antliropologie  de  Lyon,  1899,  t.  XVIII,  p.  67. 
-  J.  de  Morgan,  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  Paris,  1897,  p.  6ii. 
Arch.  Mus.  —  t.  VIII.  ♦  jo 


90 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


antérieur;  on  arrière,  cllo  est  aplatie  et  un  pou  anyulouso.  Le  grand  dianioti'o  do  .sa  section 
Lasalo  est  de  42  millimètres  :  le  petit  diamètre,  ou  diamètre  antéro-postéiioui',  mesure 
30  millimètres  souli'mcnt  :  la  circonférence  115  millimètres. 

Le  pariétal  est  brisé  par  son  milieu.  La  suture  pariéto-frontale  n'est  pas  synostosée  ;  elle 
va  de  l'angle  postéro-externe  de  l'axo  osseux  de  la  corne  et  se  dirige  en  ligne  droite,  mais 
obliquement  d'ai'rière  en  avant,  vers  la  sutui'e  médio-l'rontale  ;  en  ce  point  la  suture  pai'iéto- 
frontale  forme  un  angle  ouvert  en  aiTière  de  130  degrés  environ.  La  longueur  antéro-posté 
rieure  du  pariétal  prise  sur  son  axe  médian  est  do  39  millimètres  ;  sa  plus  grande  demi- 
largeur,  mesurée  de  la  ligne  médiane  à  la  face 
latérale  de  l'os,  est  de  43  millimètres.  La  plus 
grande  largeur  du  pariétal  est  donc  en  totalité 
do  80  millimètres  ;  la  plus  petite  est  de  60  milli- 
mètres. 

La  seconde  pièce  du  môme  fossile  consiste 
en  une  moitié  postérieure  droite  du  cràno:  oll(^  est 
identique  à  la  précédente  et  semble  se  rapportei* 
au  mémo  individu.  Cependant  cette  partie  n'est 
pas  aussi  bien  conservée  que  l'autre  moitié  ;  la 
carène  do  la  oiievillo  frontale  y  est  presque  en- 
tièrement efïacée. 

La  troisième  est  un  fragment  d'axe  osseux 
du  coté  droit  montrant  le  tissu  interne  de  l'os 
où  ne  s'aperçoit  aucune  cavité  aérifère.  Ce  frag- 
ment, dont  la  section  est  la  même  que  dans  les 
pièces  décrites  plus  haut,  appai'tient  sans  doute 
à  un  animal  adulte,  cm'  la  nerviu'o  qui  se  voit 
sur  toute  sa  longueur  est  beaucoup  plus  marquée 
que  sur  les  écliantillons  précédents. 

En  comparant  aux  ruminants  cavicornes 
actuels  les  ossements  du  kjœkkenmœdding  de 
Toukh.  on  remarque  tout  d'aboi-d  que  la  structure  do  l'os  frontal  et  du  ])ariétal,  la  section,  la 
direction  et  l'insertion  transverse  des  clu  villes  osseuses  des  cornes,  correspondent  tout  à  fait 
aux  particularités  morphologiques  des  moutons;  mais  la  nervure  ou  carène  qui  forme  une 
sorte  de  pas  de  vis  pour  la  corne,  et  dont  on  trouve  des  traces  chez  quelques  races  de  moutons, 
est  pi"opre  surtout  à  certains  genres  d'Antilopidés,  aux  Tragdophus,  Taurotrmjus,  Limno- 
trafius  et  Strejpsiceros,  par  exemple. 

Après  des  recherches  étendues  à  la  famille  entière  des  Antilopidés.  nous  avons  fait  la 
constatation  suivante;  chez  toutes  les  Antilopes  actuelles  pourvues  de  cornes  contournées  (m 
spirale,  la  corne  du  côté  droit  est  tordue  à  droite  comme  l'indique  la  ligure  48.  Au  contraire, 
dans  le  ruminant  cavicorne  de  Toukh,  ainsi  que  chez  tous  les  moutons,  les  chevilles  frontales 
sont  courbées  ou  tordues  en  sens  inverse  :  la  cheville  osseuse  du  côté  droit  est  tordue  à  gauche, 
ainsi  que  l'a  remarqué  Rlasius  '  pour  les  moutons  domestiques  de  l'Allemagne.  Cette  différence 

'  Blasius,  Naturgescliichte  der  SaUgelhier  Deutschland,  p.  467. 


Fig.   48.  —   Taurotragus  Derbyanus,  Gray- 

Cheville  frontale  et  corne 

(Vues  par  leur  face  antérieure.) 


MOUTONS 


91 


constitue  un  caractère  distinctif  géni-ral  entre  les  nombreuses  formes  d'Antilopes  et  toutes  les 
races  de  moutons  ;  elle  sépare  nettement  le  ruminant  de  Toulvh  des  Antilopc^s  actuelles  et  le 
range  du  côté  des  moutons,  desquels  il  présente,  comme  nous  allons  essayer  de  le  montrer, 
tous  les  principaux  caractères. 

L'étude  des  ossements  du  nidutnudc  Toukli  est  facilitée  par  les  indications  que  fournissent 
les  dessins  et  Ims-reliofs  des  plus  anciens  monuments  de  l'Egypte  piiaraoni([ue. 

11  n'est  pas  douteux  que  le  mouton  du  kjœkkenmoedding  de  Toidch  est  le  même  animal 
dont  les  Égyptiens  de  la  période  naemphite  ont  reproduit  l'image  sur  les  murs  de  leurs  temples 
et  de  leurs  tombeaux. 

On  voit,  en  effet,  sur  les  nomlir-eux  dessins  ou  peintures  ({ui  retraccnit  la  vie  des 
Pharaons,  diverses  figures  des  premiei-s  i-ois.  entre  autres  celles  de  S(Hi  I  '  et  Ramsès  II  ^,  repré- 
sentant ces  personnages  la  tète  entouré'e  de 
plusieui's  ornements  symboliques.  Parmi  ces 
ornements,  des  cornes  tordues  en  spirale  res- 
semblent d'une  manière  parfaite  à  celles  trou- 
vées dans  le  kjœkkenmœdding  de  Toukli.  En 
outi'i'.  une  jdaque  de  schiste  très  ancienne, 
portant  d'un  côté  des  représentations  animales 
en  ])as-relief^  de  l'autre,  des  cartouches  hiéro- 
glyphiques qui  prouvent  son  origine  ('"gyptienne, 
nous  donne  sur  ce  mouton  des  indications  ])eau- 
cou[i  plus  précises.  Cette  plaque  de  schiste  est 
conserv(''e  au  musée  de  Giz<'':  vWc  est  figurée 
dans  les  lleclierchea  sur  fcs  nrifiiaes  de 
rEfll/pte^,  et  attribuée  par  M.  de  Morgan  à  la 
même  époque  que  les  monuments  de  Négadah 
et  d'Aliydos,  c'est-à-dire  aux  ((  premiers 
temps  qui  suivirent  la  conquête  de  l'Kgypte 

par  les  Égyptiens  ».  La  plaque  de  schiste  du  Musée  de  Gizi'  reproduit  sur  trois  rangées 
horizontales  superposées  les  images  de  différents  animaux.  Dans  les  deux  rangées  du  haut, 
on  reconnaît  le  ])œuf  et  l'àne.  Les  animaux  de  la  rangée  inférieure  sont  des  moutons  (fig.  -19), 
pourvus  de  cornes  en  spirale  abs(dument  semblables  aussi  à  celles  du  fossile  de  Toukh. 

Le  mouton  figuré  en  bas-r(dief  sur  la  ^ilaque  de  Gizé  est  représente''  sur  plusieurs 
monuments  de  l'ancienne  Egypte,  notamment  sur  une  scène  pris(^  au  tomlieau  de  Ti 
(IV  dynastie)  et  reproduite  par  M.  Maspero*  d'après  une  photographie  de  M.  Emile  Brugsch- 
Bev;  puis  sur  le  mur  d'un  hypogi''e  au  sud  de  Saouadeh''.  Les  bas-reliefs  d'une  toml)e  très 
ancienne  de  Gizé  représentent  aussi  un  troupeau  de  ces  mêmes  moutons  employés  au  tassement 


Fig_  49,  —  Plaque  de  schiste  du  Musée  de  Gîzé. 
(D'api'ès  M.  de  Morgan.) 


'  G.  Maspero,  Histoire  ancienne  de  l'Orient  classique,  Paris,  1895,  p.  181. 

■  G.  Wilkinson,  Ihe  Manners  and  customs  of  Ihe  ancient  Egyptians,  Loiidon,  1878,  vol.  III,  pi.  XLIII 
et  LXIV. 

^  De  Morgan,  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  Paris,  1897.  pi.  III,  p.  264. 

■'  Maspéro,  Histoire  ancienne  des  peuples  de  l'Urient.  Les  origines  :  Egypte  et  Chaldée,  p.  343.  —  Etudes 
égyptiennes,  t.  II,  p.  81-84. 

''  Description  de  l'Egypte,  1SI7,  vol.  IV,  pi.  08,  fig.  13. 


92  FAUNE   DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

de  la  semence  dans  les  champs  que  dos  paysans  éfiypticns  viennent  de  labourer  et  d'ense- 
mencer. Rosellini,  en  désii;nant  la  scène  par  ces  mots  pcstdttn-a  tlrl  .seinuinto pi'i-  inrz:.o  délie 
capra,  prend  ces  moutons  ou  plut("(t  C(^s  l)i'ebis  pour  des  chèvres'.  Sur  une  autre  planche  du 
même  auteur  ou  voit  encore  le  mouton  à  cornes  transversales^. 

L'animal  fig'uré  sur  ces  divers  monuments  de  l'ancien  empire^  et  au  bas  de  la  plaque  de 
schiste  de  Gizi''.  par  les  Egyptiens  du  début  de  l'époque  pharaonique,  est  évidemment  le  même 
que  celui  dont  ÎNI.  Morgan  a  retrouvé  des  restes  dans  les  amas  de  débris  de  l'époque  qui 
a  immédiatement  précéd(''  la  conquête  de  l'Egypte  par  les  Pharaons.  C'est  également  ce 
même  animal,  le  hèlier  de  Mendcs  des  égyptologues.  (lu(piel  1rs  anci<'ns  Egyptiens  ont 
reproduit  l'image  des  cornes,  pour  la  placer,  comme  syml)olc  di'  la  force,  sur  la  tête  de 
leurs  rois. 

Les  historiens  g'recs  et  la  plupart  des  égyptologues  ont  dit  cpie  le  bélier  d(.'  ]\Iendès,  le 
nuniton  des  Phai'aons,  était  une  chèvre. 

Tout  n'-cemment.  (juclqucs  naturalistes  se  basant  sur  les  figures  de  la  plaque  de  schiste  du 
musée  de  Vjm\  et  aussi  pai'ait-il  sur  l'étude  ostéologii[ue  du  crâne  du  moutkm  à  manchettes, 
ont  conclu  que  le  bélier  de  Mendès  ressemblait  au  mouflon  africain  et  devait  être  regardé 
comme  une  race  parente  de  ce  moudon  (Aiiimotrnfuis  trafjeùqjJms.  Desm.). 

D'après  M.  Conrad  Keller.  professeur  de  Zoologie  à  Zurich,  le  plus  ancien  mouton 
d'Egyjîte  appai'tiendrait  à  la«  Traçielnplms  Baase^)).  Cette  race,  (pr  il  nomme  aussi  «mouton 
égyptien  à  cornes  pointues  »  pour  la  rapprocher  du  <i  mouton  à  cornes  pointues  d'h^urope  » 
(Oris  sfrejjsiceros,  Linné),  serait,  d'après  M.  C.  Keller.  issue  du  mouton  à  manchettes 
domestiqué  pendant  la  période  de  Négadah.  Elle  est  considérée,  par  le  même  auteur,  comme 
ayant  des  rapports  étroits  avec  les  diverses  variétés  de  moutons  à  longues  jambes  (Ooisloiif/ijjes, 
Fitzinger'')  du  Fezzan,  de  laGuinc'e,  du  Mai'oc  et  du  Sénégal. 

Pour  M.  Paul  Matschi(\  le  savant  mammalogiste  du  JNIuséum  de  Berlin,  ces  moutons  à 
longues  jamb(>s  de  l'Afrifjuo  sont  également,  avec  le  ])(dier  de  Mendès,  des  descendants  du 
mouflon  à  manchettes^. 

^L  G.  Thilenius.  professeui"  à  l'T'niversité  de  Breslau  pense  que  les  figures  de  b(diers  ou 
de  moutons  des  anciens  monuments  de  TÉgypte  représentent  un  animal  autochtone,  qui  serait 
un  descendant  d^Amnioffagus  tragelajjhus  (HuusscJiaf,  màhneiurisse),  proche  parent  des 
moutons  de  Togo  et  de  Say". 

L'idée  suivant  laipKdle  le  mouflon  à  manchettes  serait  l'ancêtre  dii-ect  de  certains  moutons 
a  été,  comme  on  sait,  soutenue  autrefois  pai"  F.  Cuvier. 

M.  T'.  Diirst.  de  qui  nous  tenons  la  plupai't  des  renseignements  précédents  relatifs  aux 
appréciations  de  quelques  naturalistes  suisses  et  allemands  sur  le  mouton  préhistorique  de 

'  Rosellini,  Monumenli  dell'Egitto  e  délia  yubia,  Pise,  1834,  t.  11,  pi.  XXXII.  lig.  1  et  3,  p.  289. 

•  Rosellini.  loc.  cit.,  t.  II,  pi.  XXIX,  flg.  4. 

'  Conrad  Keller,  die  Abstanamuug  der  Rassen  uiiseres  Ilausschafe  (Œstr.  Mûlkerezeitung,  1899,  n"*  4  et  5J. 

'  Fitzinger,  Ueber  die  Racen  zahmenSchales('.iV<zMra^6.  der  K.  K.  Akad.  derWisstnschaften,  Wien,  38  vol., 
1860,  p.  143). 

'■"  Paul  Matschie,  Saiigethier  aus  den  Sammlungen  der  Grafen  ZacU  in  Kratvi.  Togo  (Sitzungh.  der  Ges. 
Nalurf.  Freunde,  1899,  n°  1). 

^  G.  Thilenius,  das  «egyptisohe  Hausschaf  (Recueil  des  travaux  relatifs  à  la  pliilologie  et  à  l'archéologie 
égyptiennes  et  assyriennes,  de  M.  Maspero,  vol.  XXII,  Paris,  lOGOi,  fasc.  -4,  p.  201. 


MOUTONS 


93 


l'Egypte,  désigne  ce  mouton  par  le  nom  de  «  mouton  à  cornes  de  clièvre'  »,  rappelant  ainsi 
la  race  de  moutons  à  coi'nos  de  chèvre  des  tourbières  et  palatittcs  de  l'l<]uro})e. 

S'appuvant  sur  les  caractères  anatomiques  des  ossements  trouvés  à  Toukli,  il  est  facile 
de  montrer  que  ces  ossemtmts  n'ont  rien  dans  leur  structure  resscmlilaul  soit  à  la  chèvre,  soit  au 
mouflon  à  manchettes,  ([u'ils  appar- 
tiennent sans  le  moindre  dt)ute  à  un 
mouton  proprement  dit. 

(]omparons  d'abord  le  crâne  de 
Toukli  à  celui  du  mouflon  à  manchettes. 

Le  crâne  du  nK)ull(in  ({ui  est  pris 
ici  pour  comparaison  provient  d'une 
momie  de  l'ancienne  Egypte.  A  en  juger 
pai'  les  sutures  crâniennes  complète- 
ment soudées,  pai'  la  dentition  très 
mauvaise  et  fortement  usi'c,  comme 
on  l'observe  souvent  chez  les  animaux 
ayant  vécu  en  ménagerie  ou  dans  les 
jardins  zoologiques,  c'est  le  crâne  d'un 
vieux  mouflon  qui  a  dû  vivre  entouré 
de  soins  dans  un  parc  avoisinant  quel- 
que sanctuaire. 

Les  chevilles  osseuses  de  ce  crâne 
sont  lu'isées  à  une  faible  distance  de 

leur  base  (flg.  .50).  Ces  chevilles  ont  une  section  plutôt  quadrangulaire  que  triangulaire  et  sont 
percées  de  grandes  cellules  ;  elles  ont  un  diamètre  très  élevé  compai'ativement  au  diamètre 
transverse  de  l'os  frontal  ;  leur  circonférence  à  la  Itase  est  de  2.50  millimètres,  elles  se  dirigent 
sous  un  angle  de  4.5  degrés 
environ,  en  arrière  et  en 
haut,  suivant  une  courbe  à 
peu  près  régulière.  De  telle 
façon  que  les  cornes,  dont  la 
direction  est  divergente  à 
l'origine,  ont  cependant  leurs 
pointes  rapprochées  de  plus 
en  plus  à  mesure  qu'elles 
s'allongent. 

Le  sinus  frontal  du  mouflon  d'Afiique  est  très  grand.  sur(''lev(''  au-dessus  de  la  \'oùte 
crânienne.  L'os  pari(''fal  est  assez  rt'duit  jiar  suite  du  développement  de  l'occipital  et  de  l'os 
frontal.  Les  sutures  pariiHo-frontale  et  occipito-pai-i(''tale  sont  à  peu  près  parallèles. 

Dans  le  crâne  de  Toukh  le  paiié'tal  est  grand  ;  les  sutures  pariéto-frontale  et  occipito- 
parii'tale,  au  lieu  d'être  parallèles,  se  rencontrent,  comme  chez  tous  les  moutons,  à  queLpies 
centimètres  des  faces  latérales  du  crâne  (flg.  51). 

'  U.  Diirst,  die  Rinder  von  Babylonien,  Assyrien  imd  Egyplen,  Berlin,  1S9'.*,  p.  21. 


Kig.  5Û.  —  Ammotraiius  tragelaphus.  Desm 
Crâne  de  momie  (vu  [lai-  sa  face  postérieure.) 


'^■'^^- 


Fig.  51.  —  Ovis  palivoœffypticus  (vu  par  sa  face  postérieure;  l/-gr.  n. 
Kjœklcenmœdding  de  Toukh  (Haute-Egypte). 


94  FAUNE   DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Le  mouflon  à  manclicttos  est  pourvu  de  clicvilles  frontales  simplement  recourliées,  très 
grosses,  celluleuses,  à  section  presque  quadrangulaire,  tandis  (pie  celles  du  ruminant  de  Tonkh 
sont  pleines,  tordues  en  spirale,  avec  un  faible  diamètre  et  une  section  plan-convexe.  Dans  le 
mouflon  d'Afrique  les  axes  osseux  des  cornes  sont  très  rapprochés  l'un  de  l'autre,  ainsi  que 
chez  la  jdupart  des  chèvres,  alors  qu'ils  sont  séparés  pai'  un  lari^e  intervalle  sur  le  crâne  de 
Tonkh.  En  résumé,  les  caractères  ostéologiques  du  mouflon  à  manchettes  le  rapprochent  plus 
des  chèvres  que  des  montons  ;  au  contraii'e,  le  ruminant  cavicorne  de  Toukh  présente  tous  les 
caractères  typiques  des  O vidés. 

Il  nous  parait  inutile  d'insister  davantage  sur  les  nomlireuses  différences  qui  sépai'ent  le 
ruminant  de  Toukh  du  mouflon  à  manchettes.  Si  nous  en  avons  indiqué  quelques-unes  des 
principales,  c'est  afin  de  montrei*  comliien  sont  éloignés  de  la  vérité  les  naturalistes  qui  croient 
voii'  dans  le  bélier  de  Mendès  un  descendant  du  mouflon  à  manchettes.  Amiaotingus  tnigela- 
2jhn.s  est  une  forme  très  particulière  de  ruminant  ;  quoique  moins  éloignée  de  la  chèvre  que  du 
mouton,  elle  ne  peut  jias  plus  donner  naissance  à  une  chèvre  qu'elle  n'a  pu  donner  naissance  à 
un  mouton. 

Puisque  le  crâne  de  Toukh  n'offre  aucune  ressemblance  avec  le  crâne  du  monde  africain, 
il  ne  peut  pas  être  attribué  à  un  animal  descendant  de  ce  mouflon  (^t  (meore  moins  à  ce  mouflon 
lui-même.  A'oyons  s'il  appartient  à  une  chèvre. 

Une  étude  diHaillée  a  été  faite  par  MM.  Lesbre  et  Gornevin'.  professeurs  à  l'Ecole 
vétérinaire  de  Lyon,  sur  les  cai'actères  ostéologiques  différentiels  de  la  chèvre  et  du  mouton. 
Ces  anatomistes  ont  tait  porter  leurs  observations  sur  de  très  nombreux  spécimens  squelet- 
tiques  appartenant  aux  diverses  formes  sauvages  et  domestiques  des  genres  ocis  et  ctqjra. 
Selon  leurs  intentions,  ils  ont  pu  «  dégage*  de  la  multitude  des  caractères  individuels  ou 
des  caractères  de  i^ace  les  cai^actères  vé'ritablement  sitéciflques  >>,  c'(^st-à-dire  ceux  qui  se 
rapportent  à  la  généralité  des  espèces  de  moutons  et  des  espèces  de  chèvres. 

MM.  Cornevin  et  Lesbre  n'ont  compare''  que  des  individus  de  même  sexe  et  adultes,  afin 
d'écarter  toute  différence  pouvant  être  rapportée  à  l'âge  ou  au  sexe. 

^\iici,  en  ce  qui  concerne  seulement  les  parties  du  crâne  correspondant  à  celles  trouvées 
dans  la  Haute-Egypte,  comment  s'expriment  ces  auteurs  au  sujet  des  diflérences  relevées  entre 
les  moutons  et  les  chèvres  : 

<(  La  suture  occipito-pariétale  du  mouton  est  à  peu  près  directement  transversale  (ttg.  52), 
tandis  ([ui' celle  de  la  chèvre  s'avance  angulairement  en  avant  et  circonscrit  une  }i('tite  enclave 
interpariétale  (flg.  .53). 

<<  Chez  la  chèvre,  la  suture  pari(''to-frontale  est  directement  transversale  (flg.  53),  tandis 
que  chez  le  mouton  elle  forme  un  angle  médian  à  sommet  antérieur  (flg.  52). 

((  Lorsque  les  cornes  existent,  leurs  chevilles  osseuses  n'ont  ni  la  même  insertion,  ni  la 
même  forme,  ni  la  même  dii'ection,  ni  la  même  structure  dans  les  deux  espèces.  Elles  s'insèrent 
plus  prc's  l'une  de  l'autre  chez  la  chèvre  que  chez  le  mouton.  Dans  la  première,  elles  sont 
beaucoup  plus  déprim(''es  dans  le  sens  latéral  qï  présentent  un  bord  antérieur  tranchunt  .-dans 
le  second,  elles  sont  plus  épaisses  et  leurs  deux  faces  (plane  et  convexe)  sont  réunies  par  des 


'  Gornevin  et  Lesbre,  Caractères  ostéoloi,'iques  diflërenticls  de  la  chèvre  et  du  mouton  ;  Bulletin  de  la  Soc. 
<l anthropologie  de  Lyon),  1S91,  p.  47. 


MOUTONS 


95 


bords  éjjais  et  ui-roiidis.  Les  cornes  de  la  chèvre  sont,  en  général,  dirigé(>s  en  haut  et  en 
ai-rière  en  divergeant  :  d'ordinaire,  celles  du  mouton  se  contournent  en  si)irale.  Lus  chcivilles 
osseuses  des  cornes  de  la  chèvre  sont  creusées  à  leur  base,  sur  une  longueur  de  5  à  6  centi- 
mètres, d'une  petite  cavité  faisant  divei'ticule  au  sinus  frontal.  Celles  du  mouton  n'ont  point  de 
semblable  diverticule  ;  parfois,  cependant,  le  sinus  fi'ontal  lance  dans  leur  int(M'i(Mii-  nueul-de- 
sac  de  1  ou  2  centimètres  seulement.    » 

En  comparant  aux  observations  précédentes  les  figures  52  et  53,  on  remarque  (pi'elles  s'y 
rapportent  tout  à  fait,  bien  (pie  les  crânes  représentés 
par  chacun  de  ces  dessins  n'appai'tiennent  pas  aux  races 
de  mouton  et   de  chèvres    sui'    lesiniclles    l'étude    de 


US      V^.\^^y^ 


Fig.  52.  —  Ovis  platyura  (Syrie) 


Fig.  53.  —  Rircus  mambricus,  du  Djebel  messefbis 
(Syrie) 


MAL  Gornevin  et  Les])re  a  plus  particulièrement  porti'.  Les  diflV'rences  signalées  constituent 
donc  bien  d(>s  caractères  distinctifs  constants. 

Ce  point  établi,  il  est  facile  de  déterminei'  à  (piel  animal,  mouton  ou  chèvre,  (loi\'ent  être 
attribuées  les  parties  de  er;lnes  tr'ouv('es  dans  la  Hautt^-Egypte.  Sur  ces  restes  osseux,  on  ne 
relève  aucune  }>ai'tieularit(''  pouvant  êtr(!  rapportée  à  la  chèvre,  tout,  au  contraire,  y  est 
semblable  à  ce  cpii  existe  chez  le  mouton  :  les  sutui'es  pai'iéto-frontale  et  occipito-pariétale,  la 
structure  interne  des  chevilles  osseuses  des  cornes,  leur  insertion  transversale,  la  forme  de  leur 
section,  tout  correspond  exactement  aux  caractères  ostéologiques  du  mouton  (tig.  51). 

Les  bas-reliefs  de  la  pUujue  de  schiste  du  Musée  de  (M/a'  présentent  aussi  certaines 
parficulariti's  ipii  corroborent  cette  dé'termination.  On  sait  (jue  dans  les  nombreuses  espèces  ou 
races  de  moutons  la  longueiu'  de  la  ipieue  est  variabl<',  mais  en  ce  (pii  concerne  les  chèvres, 
toutes  sans  exception  ont  la  (pieue  très  coui-te.  Oi'.  l'animal  tigun''  sur  la  plaque  avec  des 
cornes  en  spirah^  a  la  queue  très  longue,  idle  descend  jusipi'an  niveau  des  phalanges.  Ce  n'est 
donc  pas  une  chèvre. 

La  i[ueue  du  moullon  à  manchettes  est  im  [)cu  plus  longue  ([uc  celle  des  chèvres,  mais, 
n(''anmoins,  elle  est  encore  beaucoup  plus  courte  ([ue  la  queue  de  l'animal  représenté  sur  la 
pla(pie  du  Musée  de  (lizé.  Les  cornes  du  moudon  d'Afriijne.  dont  les  exti'émités  se  recour- 
bent en  dedans,  ne  peuvent  pas  non  plus  être  confondues  avec  les  cornes,  entièrement  diver- 
gentes, figurées  sur  la  plaque  de  schiste.  Par  consc'vpient.  cette  hgure  n'est  pas  davantage 
l'image  du  mouflon  à  manchettes. 


96  FAUNE   DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 

Dureste,  ôtablir  comme  on  vient  de  le  laire.  (jiie  des  fra.o'ments d(>  cnineappailiennentùim 
animal  du  genre  Ocis.  c'est  démontrer  implicitement  iju'ils  n'ont  pas  de  rapport  avec  le  mou- 
lion  à  manchettes;  car,  si  le  mouflon  d'Europe  est  un  mouton,  il  u"en  est  pas  de  même  du 
mouflon  africain.  Celui-ci,  en  effet,  se  distingiK»  de  tous  les  moutons  par  les  chevilles  osseuses 
de  ses  cornes  creusées  de  grandes  cellules  dans  toute  leurlongueiu",  aussi  bien  chez  les  individus 
adultes  que  chez  les  jeunes,  tandis  que  celles  des  moutons  sont  pleines.  Les  moutons  ont  des 
fossettes  lacrymales,  le  mouflon  à  manchettes  n'en  a  pas.  Par  le  manque  de  fossettes 
lacrvmales,  Ammotrafiiis  fragelap/ncs  se  rapproche  des  chèvres.  Les  autres  parties  du  s(pie- 
lette  du  mouflon  d'Afrique  rapprochent  également  cet  animal  plutôt  des  chèvres  que  du  mou- 
ton ;  les  anatomistes  s'accordent  pour  le  séparer  des  moutons  et  le  classer  dans  un  genre  spécial, 
entre  les  Ovidés  et  les  Capridés.  Nous  croyons  qu'il  est  voisin  particulièrement  de  Capra- 
cylindricornis,  Rlyth.  du  Caucase,  dont  le  Muséum  de  Lyon  possède  un  beau  spécimen,  et  de 
Pseudois  nahoor,  Hodgson,  de  l'Asie  centrale'. 

Un  peut  donc  tii'er  de  cet  exposé  la  déduction  suivante  : 

Le  eràne  néolithique  de  Toukh.  dont  les  cornes  sont  identiques  aux  cornes  en  spirale  de 
l'animal  représenté  sur  la  plaque  de  schiste  du  Mus(h^  de  Gizé  et  sur  plusieurs  momnnents 
anciens  de  l'Egypte,  ce  crâne,  ou  plutôt  ces  fragments  de  crâne,  n'ont  aucun  trait  commun, 
ni  avec  les  chèvres,  ni  avec  le  mouflon  à  manchettes.  Par  tous  leurs  caractères  principaux,  ils 
appartiennent  à  un  nmuton. 

Quant  à  la  i-essemblance  du  mouton  ancien  de  l'Egypte  avec  les  chèvres,  on  peut  dire  que 
la  tête  de  certaines  chèvres,  comme  celles  d'Angora  ou  la  Mambrine,  rappelle  un  jieu  la  physio- 
nomie qui?  devait  avoir  le  mouton  de  Toukh.  Leurs  cornes  sont  en  effet  également  contournées 
en  spirale,  et,  vues  de  face,  elles  paraissent  dirigées  transversalement  comme  celles  du  mouton 
de  Toukh.  En  réalité,  les  cornes  de  ces  chèvres  se  dirigent  d'abord  en  arrrière.  Elles  ne  pren- 
nent une  direction  transversah?  qu'au  delà  de  10  à  15  centimètres,  tandis  que.  dans  le  mouton 
de  la  Haute-Egypte,  les  cornes  se  dirigent  en  dehors  dès  leur  base.  C'est  peut-être  l'appm-ente 
ressemblance  de  ces  chèvres  avec  le  bélier  de  Mendès  qui  a  trompé  les  historiens  grecs  et  leur 
a  fait  dire  que  ce  bélier  était  une  chèvre.  Cette  assertion  parait  juste  lorsqu'on  l'applique  aux 
périodes  thébaine  et  saïte,  elle  ne  l'est  pas  pour  l'époque  memphite  pendant  laquelle  l'objet  du 
culte  de  Mendès  était  bien  un  mouton . 

Le  niouton  préhistoriipie  de  la  Haute-Egypte  se  distingue  de  la  plupart  des  formes  de 
moutons  domestiques  et  sauvages,  par  la  dir-ection  horizontale  et  transversale  des  ax(^s  osseux 
de  ses  cornes.  L'insertion  transverse  de  ses  chevilles  frontales  est  également  plus  accentuée 
que  dans  les  autres  moutons.  Par  ce  côté,  le  mouton  à  cornes  transversales  de  l'Égvpte 
préhistorique  est  encore  plus  différent  des  chèvres.  La  jilupai't  des  chèvres  ont  les  cornes  déve- 
loppées suivant  deux  plans  parallèles  au  i»lan  médian  du  corps.  Le  nom  de  mouton  à  cornes 
de  chèrre  (pii  lui  a  été  donm''  parfois  est  donc  impropre,  puisque  de  tous  les  moutons  il  est, 
par  la  direction  de  ses  cornes  et  l'insertion  de  leurs  axes  osseux,  très  éloigné  des  chèvres. 

Parmi  les  moutons  domestiques  européens  avec  lesquels  le  mouton  néolithique  de  l'Egypte 
présente  quelques  resseml)lances,  on  doit  citer  Ovisstrepsiceros,  Lin.,  le  mouton  à  cornes  poin- 
tues, qui  est  domestiqué  en  Crète,  en  Turquie  d'Europe,  Yalachie,  Transylvanie  et  en  Hongrie. 

'  Lydekker,  Wild  Oxen,  Sheep  el  Goals  of  oll  Lands,  p.  231,  pi.  XIX,  London,  1898. 


MOUTONS  97 

Fitzinger  a  réparti  les  diverses  variétés  à'Ovis  strepsiceros  entr(!  quatre  races  '  :  Ovis 
strepsiceros  cretensis;  Ovis  str.  dnciciis  ;  Ovis  str.  turcicus  et  Ovis  str.  arietinus.  Les 
deux  premières  seraient  les  races  autochtones  de  la  Crète  et  de  la  Valachie;  les  deux  autres 
proviendraient  du  croisement  des  doux  premières  avec  des  races  étrangères.  Suivant  Fitzinger, 
l'espèce  Ov.  strejjsiceros  oui  originaire  du  sud-est  de  l'Europe:  de  la  Crète  ou  de  l'Archipel 
grec.  Ce  mouton  aurait  pénétré  jusqu'en  Hongrie,  pai'  la  Turquie,  la  Valachie  et  la  Moldavie. 
Ocis  sf/'.  cretensis  et  Or.  sir.  turcicus  se  distinguent  Lien  du  mouton  de  Toukh.  Ces 
races  ont,  comme  celui-ci.  leurs  cornes  tordues  en  spirale,  mais,  au  lieu  d'être  dirigées 
liorizontaloment,  elles  sont  fortement  relevées.  Outre  cette  différence,  nous  avons  remai^qué 
sui'  deux  crânes  à^Ovis  strepsiceros  de  l'ile  de  Crète,  qui  font  partie  de  la  collection  de  l'École 
vétérinaire  de  Lyon,  une  torsion  beaucoup  plus  forte  des  chevilles  frontales;  elles  l'ont  un  tour 
de  spire  sur  une  longueur  bien  moindre  que  chez  le  mouton  égyptien. 

Los  races  qui  se  rapprochent  le  plus  du  mouton  ancien  de  la  Haute-Egypte  sont  Ovis 
sir.  dacicus  et  Ovis  str.  arietinus,  dont  les  cornes  sont  aussi  tordues  en  spirale,  mais  dirigées 
horizontalement  et  transversalement  comme  dans  le  mouton  de  Toukh.  D'après  Fitzinger, 
Ovis  str.  arieti>ius,  le  mouton  hongrois,  est  le  produit  du  croisement  d'^>'"/\  st/-.  dacicus  avec 
le  mouton  commun  d'Allemagne  :  Ocis  (/ennanicus  rusticus-,  La  race  la  moins  mélangée,  que 
Fitzinger  considère  même  comme  pure  et  autochtone,  est  Ovis  str.  dficicus  ;  elle  habite  les 
deux  versants  des  Balkans  :  la  Hongrie,  la  Transylvanie  et  surtout  la  A'alachie  et  la 
Moldavie. 

Les  chevilles  osseuses  dos  cornes  tl(U'o  mouton  sont  tordues  en  spirale,  avec  une  direction 
très  divergente  et  presque  liorizontalo;  elles  sont  pourvues  d'une  légère  carène  vers  l'angle 
postéro-externe.  Comme  dans  le  mouton  de  l'ancienne  Egypte,  la  courbe  hélicoïdale  des 
cornes  est  peu  éloignée  de  la  ligne  droite,  cependant  la  torsion  des  cornes  paraît,  ainsi  que 
chez  Or.  str.  cretensis,  plus  rapide  que  chez  le  mouton  néolithique  de  la  Haute-Egypte. 
Un  ne  pouri'a  se  prononcer  avec  certitude  sur  les  rapports  de  ces  deux  moutons  qu'entouré  de 
nombreux  documents  de  comparaison  et  après  avoir  fait  une  étude  d(''taill(''o  ^^^  tous  leurs 
caractères  craniologiques.  Toutefois,  les  l'essemblances  que  nous  venons  de  signaler  autorisent 
à  regarder  Ocis  str.  dacicus  c(nnme  une  race  parente  du  mouton  de  l'P^gypte  ancienne. 

Ce  mouton  a  probablement  été  introduit  en  Europe  par  la  Crète  et  l'Archipel  grec  ;  ses 
formes  primitives  se  sont  modifiées  peu  à  peu,  sous  l'influence  des  croisements,  du  milieu  et  de 
l'élevage,  pour  former  les  races  de  moutons  à  cornes  pointues  que  nous  voyons  aujourd'hui. 
La  race  Ocis  st/\  dacicus,  cantonnée  dans  les  régions  peu  accessibles  des  Balkans,  se  serait 
ainsi  maintenue  pondant  do  longs  siècles  avec  des  caractères  à  peu  près  semblables  à  ses  carac- 
tères d'origine. 

Une  autre  espèce  do  moutons  domestiques,  Ocis  lon;/ipes,  Fitz.  ^  dont  plusieurs  races 
habitent  de  nos  jours  les  parties  montagneuses  du  Maroc,  du  .Sénégal,  de  la  Guinée  et  du 
Fezzan,  rappelle  également  beaucoup  le  mouton  ancien  de  la  Haute-Egypte.  Plusieurs  crânes 

'  Fitzinger,  Vcber  aie  Racen  dés  zahmen  Sahakts  (Sitzungsberichte  der  K.  K.  Akad.  der  Wissenschaflcn, 
Wieii,  1860,  vol.  XXXIX,  p.  343). 

-  Fitzinger,  Ueber  die  Racen  des  zahmen  Scliafes('.s'i7j.  d.  K.  K.  Akad.  der  Tf'/s.,  \\'ien,  1860,  vol.  XXXIX, 
p.  352). 

^  Fitzinger,  loc.  cit.  (SU:,  der  K.  K.  Akad.  d.  Wiss.,  Wion,  1860,  vol.  XLI,  p.  203. 

Anr.H.   Mus.  —  t.   VIII.  *  13 


98 


FAUNE    DH   LAXCIENNK   EGYPTE 


do  cette  espèce  ont  été  étudiés  par  "SI.  le  D'  Ddrst  à  ([ui  sont  dus  les  renseiyncmunts  ostéolo- 
giques  que  nous  en  donnons  et  la  photographie  d'un  crâne  de  bélier  de  Mogador  d'après 
laquelle  a  été  dessinée  la  figure  54. 

Ainsi  tpi'on  peut  le  l'eniarquer.  les  cornes  de  ce  mouton  ne  sui\-cut  pas  une  spire  à  grand 
rayon  comme  celles  d'Ocis  aries,  Lin.,  cependant  elles  sont  encore  moins  rapprochées  de  l'ax& 
de  rotation  que  les  cornes  du  mouton  de  Toukh;  chez  celui-ci,  le  diamètre  de  la  courlîe  hélicoï- 
dale des  cornes  est  bien  plus  taible.  L'angle  formé  à  la  partie  antérieure  de  l'os  pai'iétal  parles 
sutures  pariéto-frontales  est,  chez  le  mouton  du  Maroc,  do  125  degrés.  La  section  des  chevilles 
frontales  a  été  relevée  très  exactement:  au  lieu  d'être  planconvexe,  comme  dans  le  mouton  de 
la  Haute-Egypte  et  la  plus  grande  partie  des  autres  moutons  domestiques,  elle  est  presque 


Fig.  .ji.  —  Ovis  lotiffipes.  Fitz.  Cbane  de  Béliek  de  Mogador  (Mahog). 
(D'après  une  photographie  de  M.  l'I.  Diirst.) 


ti'iangulaire  chez  le  ])elierdt'  ^logador.  11  est  bon  de  renuuupier  que  la  lorme  de  cette  section 
vai'ie  suivant  la  place  où  on  la  considère  et  suivant  l'âge  des  indi\'idus. 

A  l'angle  postéro-externe  des  chevilles  osseuses  on  aperçoit,  dans  0/;/.v  lo/if/ijjri;  do  Mo^î'à- 
dor.  une  légère  ne l' vu re  rappelant  la  eai'èue  (pie  nous  avons  signal(''edans  le  mouton  de  Toukh. 
mais  elle  est  bien  moins  marqu(''i>  que  chez  celui-ci. 

Parleur  aspect  extérieur,  les  diverses  racesd'Or/.v  lo/it/ijje.sse  distinguent  aussi  du  mouton 
domestique  de  l'ancienne  Egypte  si.  pour  les  formes  de  ce  dernier,  on  se  rapporte  aux  bas- 
reliefs  des  monuments  (''gyp tiens. 

0):is  loiic/ipc.s  (jKi)ic('iisis.  Fitz.  Me  type  de  l'espèce,  est  ainsi  déciit  par  Buffon,  Desmarest, 
Fitzinger,  Gervais  et  les  nombreux  naturalistes  qui  se  sont  occupés  des  animaux  domesti([uos  : 
«  Le  mouton  de  Guinée,  disent-ils,  est  haut  sur  jambes,  il  n'a  point  de  laine,  mais  un  poil 
assez  doux  et  fin  ;  les  béliers  ont  de  longs  crins  qui  pendent  parfois  jusqu'à  terre,  et  leur  couvrent 
le  cou  depuis  les  épaules  jusqu'aux  oreilles:  ils  ont  les  oreilles  pendantes;  les  cornes,  noueuses, 
sont  assez  courtes,  pointues  et  tournées  en  avant.  » 


'  Fitzinger,  Ueber  die  Raoen  des  zalimen  Schafes  fSitz.  der  A".  A'.  Aka'l.  der  Wi.ss.,   Wien,  1860,   vcl.  XLI, 
p.  205). 


MOUTONS  99 

Chez  les  béliers  représentés  sur  la  plaque  d(;  Gîzé  (tig.  10)  on  no  voit  pas  la  longue  cri- 
nière qui  couvre  le  cou  des  mâles  d'Orw  hmgipes  Guineensis.  Ils  portent  une  courte  gai-niture 
de  poils  à  la  place  du  fanon,  à  la  partie  inférieure  du  cou.  C'est  même  probablement  ce  carac- 
tère unique,  cette  courte  crinière  rappelant  le  mouflon  africain,  ipii  a  (lnnn(''  lieu  à  la  confusion 
de  quelques  naturalistes  et  leur  a  fait  prendre  le  mouton  d(^  la  plaque  de  Gizé  pour  le  mouflon 
à  manchettes  ou  l'un  de  ses  descendants.  Les  moutons  figurés  en  bas-relief  pai'  les  anciens 
Egyptiens  ont  les  oreilles  tant(3t  horizontales  ou  un  jdcu  relevées,  suivant  les  représentations  de 
la  plaque  de  schiste,  tantôt  pendantes  comme  on  le  voit  sur  la  scène  relev(''e  au  tombeau  de  Ti* 
et  sur  l(^s  bas-reliefs,  reproduits  par  Rosellini^.  d'une  tombe  très  ancienne  des  environs  de 
Gizé. 

Le  mouton  domestique  de  l'ancienne  Lgypte  ressemble  principalement  au  mouton  de  Say 
flguré  par  M.  Thilenius^  dans  son  étude  sur  le  mouton  domestique  égyptien.  Ils  ont  tous  les 
deux  de  longues  jambes,  une  allure  élancée  rappelant  les  antilopes,  et  des  cornes  transversales. 

En  résumé  le  bélier  de  Mendès  de  la  période  memphite,  le  mouton  domestique  de  l'Egypte 
néolithique,  bien  qu'il  soit  très  voisin  des  races  de  moutons  à  longues  jambes  delà  Guinée,  du 
Maroc  et  du  Fezzan,  diffère  de  chacune  d'elles  par  quelques-uns  de  ses  caractères  physiques. 

Par  contre,  l'étude  compai'ative  des  ossements  trouvés  à  Toukh  et  des  crânes  d'Ot^J»' 
loiujipcs  actuels  ne  révèle  entre  ces  moutons  aucune  différence  spécifiqu(\  Aussi  MM.  Diu'st 
et  Gaillard  ont-ils  été  conduits  aux  observations  suivantes  : 

«  Les  restes  crâniens  de  Toukh  correspondent  par  leurs  formes  générales  au  crâne  du 
mouton  moderne  à  longues  jambes.  Les  différences  légères  qu'on  oliserve  entre  eux  ne  dépassent 
pas  les  limites  des  variations  individuelles  et  sexuelles.  Le  mouton  égyptien  appartient  à  l'espèce 
Ovis  longipes,  Fitz.  »  Ils  ont  proposé  de  désigner  le  mouton  à  cornes  transversales  par  le  nom 
(^Ovis  Jonr/ipcs  palœoœçijiptiriis,  avec  les  caractères  de  race  suivants  :  «  Cornes  dirigées 
horizontalement  et  transversalement,  avec  une  faible  courbure  en  spirale  ;  cornes  dans  les  deux 
sexes;  bélier  souvent  avec  crinière.  » 

Voici  les  conclusions  de  cette  étude  sur  le  mouton  domestique  égyptii'U.  telles  qu'elles  ont 
été  formulées  dans  le  ((Recueil  de  travaux  relatifs  à  l'archéologie  et  à  la  philologie  égvptiennes 
et  assyriennes  »  de  M.  Maspero*  : 

((  i.  —  r^éjà,  dans  l'Egypte  préhistorique,  nous  trouvons  un  moutim  qui  se  distingue 
des  autres  races  par  la  conformation  singulièi^e  de  son  corps. 

((  2.  —  Ostéologiquement  il  est  tout  à  fait  identiipie  aux  types  actuels  d'Or/.v  longipes, 
Fitzinger.  Nous  le  désignons  par  le  nom(l'()r/\  loDfi'ipes  pialseosegiiptlcvs. 

((  3.  —  Sa  parenté  avec  Och  sti'epjsiccj'os.  Lin.,  n'est  pas  encore  prouvée,  mais  elle  ne 
parait  pas  douteuse.  Ovis  sti-epsiccros  provient  probablement  du  croisement  d'Orw  pmlœo- 
œfinpjticuf;  avec  le  bélier  à  large  queue  (Oris ptlah/iuri,  xf/i/jJtiaca,  Fitz.). 

((  L  —  Les  recherches  ostéologiques,  morphologiques  et  physiologi({ues  prouvent  (|ue  la 
descendance  (ï'Oois  paleeosegi/pticus  du  A/iimoh'agits  f/nr/elap/ius  est  impossible. 

'  Maspero.  Histoire  ancienne  des  -peuples  de  l'Orient,  les  origines  :  Ejyple  el  Chaldèe,  p.  343. 
^  Rosellini,  I  iiionumenti,  t.  II,  pi.  XXXII,  ûg.  i. 

^  Thilenius,  Recueil  des  travaux  relatifs  à  la  philologie,  191)0,  vol.  XXII,  fase.  4,  p.  199,  fig-.  4. 
■'  Diirst  uiul  (Jaillard,  Stiidien  liber  die  Gjschiolite  des  cBgyptischen  Hausschafes  (Recueil   de   travaux',  etc., 
1902,  Paris). 


100  FAUNE   DM  I/AXCIENNE  EGYPTE 

«  Animo(/'a//ii.s  tnujrld joints,  Desni.,  ne  peut  pas  avoii"  fourni  des  races  de  moutons 
domestiques. 

«  5.  —  Le  mouton  préhistorique  de  l'Egypte  n'est  pas  un  mouton  indigène  comme  on  l'a 
prétendu.  Il  a  été  importé  probablement  de  l'Asie,  aussi  bien  que  Bas  hrcicJu/ceros  dont  on 
trouve  des  ossements  dans  les  kjœkkenmœddings  de  Toukh. 

«  (3.  —  Le  bélier  de  Mendès  a  été  en  premier  lieu  ce  mouton  }tré]tliaraoniquo,  mais,  après 
la  disparition  de  Ovis  -palœoxgypticus,  il  a  été  remplacé  par  un  individu  de  Htrcns  mambricus. 

«  7.  —  Les  quatre  cornes  de  quelques  moutons  ont  inspiré  la  citation  du  diadème  à 
quatre  cornes  des  divinités  du  second  empire.  Ce  diadème  n'est  donc  pas,  ainsi  qu'on  l'a  dit, 
du  domaine  de  la  fantaisie  ai'tistique.  »  (Des  crânes  de  moutons  à  quatre  cornes  sont  conservés 
dans  plusieurs  collections.  Le  Muséum  de  Lyon  en  possède  un  exemplaire.) 

Ces  conclusions  paraissent  très  acceptables,  nous  ferons  une  réserve  seulement  à  propos 
de  l'origine  asiatique  à^Ovis  longi^ws  palseocegypticKS  qui  n'est  pas  suffisamment  démontrée. 
Il  semble  (pie  la  grande  répai'tition,  dans  tout  le  nord  de  l'Afriipu^  des  races  d'Or/.s-  longipes, 
autorise  à  considérer  ces  moutons  comme  appai'tenant  à  la  faune  indigène  de  l'Afrique,  de 
même  que  certains  moutons  de  l'Europe  méridionale,  tels  qu'(9r/.s'  strepsiceros.  On  doit  attendre 
toutefois  des  études  et  découvertes  paléontologiques  futures  la  solution  positive  de  ceprol)lème. 

Relativement  aux  rapports  des  moutons  et,  en  particulier,  du  mouton  prépharaonique 
avec  les  Antilopidés,  nous  avons  remarqu(''  au  commencement  de  ce  travail  que  eliez  toutes  les 
antilopes  vivantes  à  cornes  en  spirale,  les  Aih:J(tj\  Limiiotnigiis,  St)-epsice)'os.  Tragcluplnis. 
Taurotragus\  la  corne  droite  est  tordue  à  droite  comme  l'indique  la  figure  48. 

Pour  la  plupart  des  Antilopes  fossiles  à  chevilles  osseuses  tordues,  telles  que  les  Palœo- 
reas^,  Pjvati-episiceros^,  Protragelajj/uLs''.  Hellcophorus'",  etc.,  la  torsion  se  fait  dans  le  même 
sens  que  chez  les  antilopes  actuelles.  Mais  chez  tous  les  moutons,  que  les  cornes  soient  tordues 
à  grande  spirale,  comme  dans  Ovin  aries.  Lin.,  ou  (pTclles  soient  tordues  suivant  une  spii'etrès 
rapprochée  de  l'axe  de  rotation,  comme  dans  L'  mouton  à  cornes  pniiitucs  de  Turquii'  et  dans 
Ovis palsaoœgyptici'.s,  les  cornes  tournent  d'une  maniè're  inverse  :  la  corne  droite  est  tordue  à 
gauche. 

Deux  espèces  d'antilopes  tertiaires  ont  seules  les  chevilles  osseuses  des  cornes  tordues 
dans  le  même  sens  que  celles  des  moutons.  Ce  sont  Antidorcas?  Rothii.  AVagner,  du  miocène 
supérieur  de  Pikermi.  et  Antidorcas?  Afropaienes,  Rodlei"  et  AMieitliofer ''.  du  miocène  supé- 
rieiu"  de  Maragha  (Perse).  Chez  ces  antilopes  les  axes  des  cornes  sont  en  outre  plac(''s  comme 
chez  les  moutons,  directement  au-dessus  des  orbites. 

La  pièce  dessinée  figure  .55  a  été  trouvée  à  Pikermi  et  décrite  par  M.  le  professeur 
A.  Gaudry  dans  son  ouvrage  sur  les  animaux  fossiles  et  la  géologie  de  l'Attique". 


'  Sclater  and  0.  Thomas,  Ûie  Book  of  arJelopes,  Loiidon,  1900,  vol.  IV,  p.  77  et  suiv. 

*  Gaudry,  Animaux  fossiles  de  l'Attique,  1862,  p.  290,  pi.  LU  k  LV. 

^  Rodler  und  Weithofer,  die  Wiederkaiier  der  Fauna  von  Maragha  (Denksch.  Ah.  Wissen.,  Wieii,  1890, 
r. 768,  pi.  VI). 

■'  Weithofer,  Fauna  von  Pikermi,  (Beilrdye  zur  Palieontologie  von  Œsierreicli -Ungarn),  vol.  IV,  p.  285, 
pi.  XVII,  fig.  4,  6. 

'••  Weithofer,  Fauna  von  Pikermi  vol.  VII,  p.  288,  pi.  XVIII,  fig.  1  à  4. 

^  Rodler  und  Weitlwfer,  Denksch.  Ak.  Wiss.,  Wien,  189J,  p.  702,  pi.  IV,  fig.  8,  et  pi.  VI,  fig.  3  à  5. 

•  Gaudry,  Animaux  fossiles  de  l'Attique,  Paris,  1862,  p.  297,  pi.  LU,  fîg.  2  et  3. 


MOUTONS 


101 


Ces  antilopes  ne  peuvent  ètrc^  rattachées  directement  aux  moutons  de  notre  époque, 
puisqu'elles  appartiennent  à  des  dépôts  du  miocène  supérieur,  et  sont,  par  conséquent,  séparées 
des  formes  actuelles  par  des  espèces  pliocènes  et  quaternaires  que  nous  ne  connaissons  pas. 
Néanmoins,  les  cornes  de  ces  antilopes  miocènes  rappellent  déjà  beaucoup  celles  du  mouton  de 
l'ancienne  Egypte  et  tVOris  lo^gipes  du  Maroc  (tig-.  54).  Chez  celui-ci,  les  axes  des  cornes  ont 
pourtant  une  section  différente  et  sont  dirigés  dans  le  sens  horizontal  au  lieu  de  se  relever 
verticalement,  mais  chez  le  mouton  de  l'ile  de  Crête,  Oc'a  strc^Jsicejvs  cfctoisis,  Fitz.,  les 
cornes  ont  une  direction  verticah;  et  se  rapprochent  encore  davantage  d'.-ln<îic/or(7a5.?i2o//«//, 
^Vagner. 

11  est  donc  possible  que  ces  antilopes  de  Pikei'mi 
et  de  Mai'agha  représentent  des  formes  africaines 
miocènes  d'où  dérivent,  par  l'intermédiaire  d'espèces 
pliocènes  et  quaternaires  les  moutons  tels  qu'Or/s 
sfrejjsicejvs,  Lin.,  et  Oois  lonfjlpes,  Fitz.  Ces  localités 
de  Pikermi,  Samos,  Maragha,  seraient  ainsi  pour  nous 
les  limites  septentrionales  de  rexpansion  des  mam- 
mifères africains  pendant  la  p(''riodc  miocène  supé- 
rieure. 

Des  découvertes  ultérieures  montreront  peut-être 
ipie  les  Anfidoi-cas?  Rothii  et  airojMtenes  étaient 
pourvus  de  fossettes  lacrymales  et  que  leur  eràne 
présente  un  pariétal  augideux  en  avant,  de  la  forme 
qui  caractérise  les  moutons.  Pour  le  moment,  nous 
nous  bornerons  à  constater  avec  M.  le  professeur 
Gaudry  que  ces  fossiles  de  Pikermi  et  de  Mai'agha 
sont  des  antilopes  bien  spécialisées,  mais,  parmi  les 
très  nombi'euses  formes  de  cette  famille,  ce  sont  les 

seules  qui  aient  des  cornes  spiralées  comme  celles  des  moutons:  à  ce  titre,  elles  méritent, 
croyons-nous,  d'être  classées  dans  un  genre  spécial.  Le  genre  Oioceros'  a  été  proposé  pour 
rappeler  la  torsion  de  leurs  cornes,  c'est-à-dire  leur  caractère  commun  avec  les  moutons. 

On  doit  i-emarquer,  en  ce  qui  concerne  la  position  systématique  du  mouton  néolithique 
de  la  Haute-Egypte,  que  la  présence  d'une  carène  très  développée  sur  les  axes  osseux  de  ses 
cornes  lui  assigne  une  place  moins  éloignée  des  Oioceros  atroiMiteites  et  Oioceros  BotJtii  que 
ne  le  sont  les  moutons  actuels,  chez  lesquels  cette  carène  est  tantôt  très  atténuée,  tantôt 
absente. 

Les  conclusions  de  cette  étude  sur  l'un  des  moutons  anciens  de  l'Egypte  peuvent  être  ainsi 
résumées  : 

Les  fi'agments  decrànes  recueillis  dans  la  station  néolithique  de  Toukh  (Négadah)  prouvent 
l'existence,  à  cette  époijiusd'un  mouton  à  cornes  spiralées  ti'ansversahuneut.  Les  cornes  de  ce 
mouton  étant  identi({ues  à  celles  du  hi'lier  de  Mendès,  dguré  en  lias-i-elief  sur  la  plaque  de 
schiste  de  l'(''p()ipie  de  Négadah  et  sur  divers  monuments  de  l'E,i;ypfe  ancienne,  il  est  permis 


Fig.  55.  —  Antiriorciis  ?    Rniliii  Wagner. 

Gbane  d'antilope  du  miocène  supérieur  de  Pikermi 

(Vu  par  sa  face  antérieure,   1/2  gr.  nat.) 

(D'après  M.  Albert  Gaudry.) 


'  Le  bélier  de  Mendi>s  ou  le  mouton  domestique  de  l'ancienne  Egypte,  ses  rapports  avec  les  antilopes  vivantes 
et  fossiles  Ci? ({^/.  Soc.  d'anth.  de  Lijon,  p.  69,  1001.) 


102  FAUNE  DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 

de  ci'oire  que  ces  bas-r(>liefs  ont  t'\f''  in()(l('l(''S  par  les  artistes  éijypticns.  d'après  Ocispaheoœgijp- 
ticus.  Ce  mouton  aurait  ainsi  vt'-cu  à  l'époque  préhistorique  d  pendant  les  premiers  temps  de 
l'époque  des  Pharaons. 

Contraii'ement  aux  assertions  des  historiens  grecs,  des  égyptologues  et  de  quelques 
naturalistes  modern(>s  qui  voyaient  en  lui  soit  une  chèvre,  soit  un  descendant  du  mouflon  à 
manchettes,  il  (>st  établi  que  le  bélier  de  Mendès  de  la  période  memphite  était  Jjien  un 
mouton. 

Quant  à  la  domestication  de  ce  mouton,  qui  aurait  eu  lieu  pendant  la  péi'iode  de  Négadah, 
c'est  une  atfirmation  tout  aussi  aventuriM'.  tout  aussi  malheureuse  ipie  les  précédentes,  puisque 
les  ossements  trouvés  à  Toukh,  mélangés  à  des  instruments  en  silex  à  un  niveau  où  ne  se 
rencontre  aucune  trace  de  métal  ni  de  bi'ique  crue.  di''montrent  que  le  mouton  était  déjà 
domestiqué  à  l'époque  néolithique. 

Les  ossements  de  kjœkkenmœdding  de  Toukh  permettent  ainsi  de  r(''soudre  une  question 
de  zoologie,  et  d'éclaircù'  en  même  temps  un  point  controversé  de  l'histou-e  des  Pharaons. 


OVIS  PLATYURA,  W^agner. 

Race  xgi/ptiaca,  Fitz. 

Oois  platyura,  race  seffyptiaca,  F'dz.  Ueber  die  Racen   des  Zahraen   Schnies  (Sitzungb.   K.  K.  Akad.    Wissens- 

chaft,  Uien,  vol.  XXXVIll). 

Le  mouton  à  cornes  d'Ammon  est  représenté  dans  la  collection  seulement  par  des  fragments 
de  crânes  et  des  chevilles  osseuses  de  cornes  d'individus  de  divers  âges,  provenant  des  fouilles 
récentes  effectuées  dans  les  puits  de  momies  d'Abousir.  Plusieurs  de  ces  débris  osseux  pai'ais- 
sent  avoir  été  coupés  anciennement  à  la  scie  ;  ils  datent  peid-ètre  de  l'époque  grecque  ou  de 
l'époque  romaine. 

La  morphologie  générale  A^Ociti  plati/ura  œgi/ptiaca  est  la  sui\'ante  :  taille  du  mouton 
ordinah'e,  chanfrein  con\-exe,  oreilles  pendantes  de  longueur  moyenne.  Cornes  épaisses  à  la 
base,  dirigées  en  arrière  puis  i-ecourbées  en  dessous  et  en  avant.  Queue  longue  et  très  lai'ge 
dans  sa  partie  supérieure. 

Cette  race  haldte  l'Egypte  depuis  une  époque  très  reculée.  Elle  y  a  été  amenée  sans  doute 
vers  la  XII"  dynastie  depuis  laqiudle  on  la  xo'û.  figurer  sur  les  monuments  égyptiens. 

Les  axes  osseux  des  cornes  de  cette  race  ont,  vers  la  base,  une  forte  épaisseur  (pu  diminue 
rapidement  jusqu'à  la  pointe:  leur  longueur,  en  suivant  la  ligne  externe  de  la  courlie,  est  de 
420  millimètres;  la  circonférence  basale  mesure  175  millimèti'es  sur  les  axes  osseux  les  plus 
forts.  Ces  chevilles  ont  la  section  plan-convexe  cai'actéristique  de  la  pliq^ai't  des  moutons 
domestiques  ;  elles  ne  présentent  aucune  trace  de  la  carène  que  nous  trouvons  très  développée 
chez  Oris  palœoœijy pticus ,  comme  chez  diverses  antilopes  à  cornes  spiralées.  Cette  carène  est 
plus  ou  uudns  marquée  dans  plusieurs  espèces  de  moutons,  entre  autres  Ocis  strepsiceros  et 
Ovis  longipes,  mais,  ainsi  que  nous  l'avons  d('>jà  remarqué,  on  ne  la  ti'ouve  pas  dans  toutes  les 
races. 


MOUFLON    A   MANCHETTES 


AMMOTRAGUS   TRAGELAPHUS,  Cuvier. 

(Fig.  56.) 

Ocis  tragelaphus ,  Cuvier,  Règne  animal,  vol.  I,  p.   268  (18i7).  —  Desmarest.  Mainmalogie,  vol.  II,  p.  48G 

(1822). 
Ovis  ornaia,  J.  Geoffroy,  Description  de  l'Egypte,  vol.  XXIII,  p.  201.  pi.  VII  (1828). 
Amrnoiragus  tragelaphus,  Blyth,  Proceed.  zool.  Soc,  p.  !3  et  76  (I8l0). 
Musimon  tragelaphus,  Gervais,  Hist.  nat.  des  mammifères,  p.  i!l2  (18.55). 
Ovis   (ammotragus)  lervia,  Lydekker    {ex  Pallas},    ]J'ild   Oxen,    Sheep,   Ooats  of  ail   Lands,   living   and 

extinct,  pi.  XVIIl,  p.  226  (1898). 

Le  mourion  à  manchettes  a  été  étudié  d'après  des  restes  de  trois  individus  :  qiieLiues 
vertèbres  cervicales  et  le  crâne  d'un  très  vieux  sujet,  une  uiiunic  ]ii"is(''e  de  jeune  individu  et  la 
momie  intacte  d'un  beau  mouflon  mâle  adultr. 

Le  crâne  isolé  est  décint  et  tiii-uré  (p.  93,  tiy.  50)  comparati- 
vement avec  les  fragments  du  crâne  i}i  Ocis palseoœg y ptic us  ivowyî'^ 
à  Toukli  (Abydos)  par  ^L  de  Morgan. 

Le  mouflon  adulte  est  représ(>nté  figure  56  tel  (ju'ilest  arrivé 
au  Musi'um    di     L'son.   Le  toi))     i  nh(  r  (tait   (U  iiutait  état  de 


Fig.  .56.  —  Mouflon  a  manchettes  momikié  de  GizÉ.  (1  7  gr.  nat.) 


conservation.  Comme  L^  dessin  Tindlipie.  il  man(piait  seulement  l'étui  des  cornes  et  les  extré- 
mités de  leurs  chevilles  osseuses.  La  peau,  presque  complètement  recouverte  de  son  iiuil.  ne 


104  FAUNE   DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 

portait  aiicuno  Iraeo  il(>  bandclottes  ni  de  l)ilnmi'.  Les  viscères  étaient  durcis  et  réduits  à  l'in- 
térieur de  la  cavité  tlioi'aciquc  à  li'iir  place  nalurellc  Pour  la  momification,  ce  mouflon  à 
manchettes  avait  été  placé  la  tète  un  peu  relevée,  les  membres  complètement  repliés  sous 
le  corps,  les  deux  membres  postérieurs  liés  ensemble  par  une  corde  de  7  à  S  millimètres  de 
diamètre  attachée  à  la  base  des  métatarsiens,  un  peu  au-dessus  d(>s  phalanges. 

Les  deux  momies  de  mouflon  à  manchettes  proviennent,  ainsi  que  le  crâne  isolé  de  même 
espèce,  des  hypogées  des  environs  de  Gizé;  on  n'a  pas  d'autre  indication  sur  leur  origine  ou 
leur  ancienneté. 

Ammotraiins  it'iujehtphns  se  reconnaît  aux  caractères  zoologiques  suivants  :  chanfrein 
droit  ou  légèrement  concave;  pas  de  fossettes  lacrymales.  Cornes  dans  les  deux  sexes,  dirigées 
d'abord  en  haut  en  divergeant,  elles  s'infléchissent  ensuite  et  se  rapproclumt  l'une  de  l'autre 
vers  leurs  extrémités,  leur  section  basale  est  presque  quadrangulaire. 

Poil  rude  et  court,  sauf  à  la  crinière  et  à  l'extrémité  de  la  ijueue.  La  crinière  garnit  la 
partie  inférieure  du  cou  et  les  membres  antérieurs  Jusqu'aux  canons.  Le  dos  et  les  flancs  sont 
roux  fauve:  le  -ventre  et  la  face  interne  des  membres  ont  la  même  couleur,  mais  plus  claire.  Le 
pelage  du  mouflon  à  manchettes  est  semblable  à  celui  de  Bvhalis  hoselaphus  qui  hal)ite  les 
déserts  de  l'Afrique  du  Nord  et  dont  l'espèce  est  représentée  dans  la  collection  d'animaux  de 
l'ancienne  Egypte  par  le  squelette  de  deux  individus  mâles  provenant  des  puits  de  momies  de 
Sakkai'a. 

Aniiiioti-afnis  triir/chqjhus  se  l'encontre  dans  les  n'-gions  rocheuses  et  montagneuses  du 
nord  de  l'Afrique,  depuis  le  ?»Iaroc  ius(ju"au  delà  de  l'Egypte.  On  l'a  observé  sur  les  bords  du 
Nil.  des  environs  du  Caire  en  Abyssinie.  11  vit  (''gaiement  dans  l'extrême  sud  delà  Tripolitaine 
et  du  Fezzan.  Son  habitat  s'étend  au  sud  environ  jusqu'au  24''  degré  de  latitude  septentrionale. 
Il  est  commun  principalement  dans  l'Atlas,  sur  le  versant  m(''ridional  des  monts  Aurès. 
Les  Arabes  connaissent  ce  mouflon  sous  les  noms  iVA/-oi/i  et  de  FescJifJial . 
Le  squelette  du  mouflon  momifii''  comparé  aux  s(juelettes  de  deux  mouflons  à  manchettes 
actuels  qui  ont  vécu  plusieurs  années  à  Lyon,  au  pai'c  de  la  Tête-d'Or,  ne  présente  pas  de 
difïéreiices  anatomiques  notaljles  ;  nous  n'avons  remarqué  que  des  écarts  de  proportions 
assez  sensibles  entre  divers  os  des  memlires  de  ces  animaux,  notamment  entre  les  métacarpiens 
(>t  les  métatarsiens  qui,  chez  le  mouflon  momifié,  sont  bien  plus  allongés  relativement  que  chez 
les  individus  modernes.  Nous  avons  aussi  comparé  les  proportions  des  membres  du  mouflon  à 
manchettes  à  celles  indiquées  par  MM.  Cornevin  et  Lesbro'  pour  les  membres  de  la  chèvre  et 
du  mouton.  Toutes  nos  observations  indiquent  que  ci'  mouflon  est  plus  éloigné  des  moutons 
que  des  chèvres. 

Par  ses  os  du  nez  di-oit  et  l'absence  de  fossettes  lacrymales,  le  crâne  du  mouflon  à  man- 
chettes se  ra.pproche  plus  des  chèvres  que  des  moutons;  il  s'écarte  au  contraire  des  Ovins  et 
des  Caprins  par  les  chevilles  osseuses  de  ses  cornes  qui  sont  pi.'i'cées  de  grandes  cellules  comme 
celles  des  bœufs.  MM.  Cornevin  et  Les])re  ont  l'emarqué  que  la  tête  à'Ainin.  tragelaphus 
présente  des  caractères  particuliers  :  «  c'est  la  forte  inflexion  du  crâne  presque  à  angle  droit  sur 
la  face,  d'où  r(''sulte  que  le  point  culminant  de  la  tête  est  formé  par  un  l)Ourrelet  du  frontal 

'  Caractères  osléologiques  diflerenliels  de  la  chèvre  et  du  muuton  (Bull,  de  la  Soc.  d'anlhrop.  de  Lyon,  p.  61, 
ISIU). 


MOri-LON   A   MAXCIIiniES  105 


([ui  ivimit  los  (1(m.ix  cornes  ot  constitue  nn  léger  chignon:  le  jn-otil  su]»''rieiii'  du  pariétal  et  de 
l'occipital  est  à  peu  près  perpendiculaire  au  fi-ontal.  Cette  disposition  l'ait  passage  au  t_vp(^ 
bovin.   » 

L'indice  huinéro-radial  ou  i-apport  de  longueur  entre  l'humérus  et  le  radius  (mesuré  d(î 
l'axe  d'une  articulation  à  l'autre)  est  de  93  chez  le  mouHon  à  manchettes  momifié;  il  varie  de 
95  à  98  chez  les  mouflons  à  manchettes  actuels.  Cet  indice  varie  suivant  MM.  Lesbre  et 
(-ornevin  de  8(i  à  91)  chez  le  mouton:  de  90  à  K H)  chez  la  chèvre. 

Le  rap})ort  du  niiHacarpien  au  radius  ^•arie  pour  le  mouton  de  T.")  à  8.5,  de  65  à  75  pour 
la  chèvre.  Chez  le  mouflon  momifié  ce  rapport  est  de  75  ;  il  est  ih  70  et  73  chez  les  deux 
mouflons  modernes. 

L'humérus  est  relativement  court  chez  le  mouflon  à  manchettes  momihé.  le  rapport  de 
cet  os  au  métacarpien  est  de  80;  il  n'est  que  de  71  chez  les  mouflons  actuels.  Pour  les  moutons 
il  oscille  entre  85  et  95,  entre  70  et  78  pour  les  chèvres. 

Le  bassin  iVA)ni)i.  fjrif/elajo/ius  ne  présente  dans  son  ensemble  aucune  particularité. 
Le  sexe  mâle  se  reconnait,  comme  chez  les  Ixeufs.  à  la  forte  épaisseur  de  l'épine  pubienne  et  au 
faible  écartement  des  ischions.  On  sait  (jiie  le  col  de  l'ilium,  très  allongé  chez  les  chèvres,  est 
coui't  chez  les  moutons.  Dans  le  mouflon  à  manchettes,  ce  col  est  allongi'',  uutis  il  l'est  un  peu 
moins  que  chez  les  chèvres. 

En  ce  qui  concerne  les  membres  abdominaux  du  mouflon  afi'icain,  on  remai'que  également 
leurs  proportions  intermédiaires  à  celles  des  moutons  et  des  chèvres,  mais  elles  sont  toujours 
beaucoup  plus  rapprochées  des  proportions  de  ces  dernières. 

Pour  l'indice  fémoro-tibial  d'un  bélier  iVOcis  oi-ies  doniesticus  de  Fi'ance,  nous  avons 
trouvé  S2  :  un  bmic  de  (  'npnt  cjiiiijrns  de  Svrie  donne  S.'!.  (  liiez  le  mouflon  momifié  cet  indice  est 
de  87  ;  il  est  de  8  1  et  90  chez  les  deux  moulions  modernes.  Comme  on  le  voit,  les  proportions 
des  rayons  osseux  sont  Iieaucoup  moins  variables  à  la  iiase  des  memlires  que  vers  les  extré- 
mités. 

Le  rapport  du  uK^atarsien  au  fémui'  vai'ie  de  08  à  77  chez  les  moutons,  de  00  à  00  chez 
les  chèvres.  Il  est  de  05  dans  le  mouflon  ancien,  de  (iO  et  02  dans  les  montions  à  manchettes 
actuels. 

l'^ntin  le  métatarsien  comparé  au  tibia  donne  un  rapport  de  50  à  57  pour  les  chèvres,  de 
58  à  7(i  pour  les  moutons.  Chez  h'  uKiuflon  nu)mifi(''  ce  i-apport  est  de  57,  il  est  de  52  et  57 
chez  les  mouflons  de  notre  époque. 

D'après  cette  rapide  étude  comparative  des  membres  du  mouflon  à  manchettes,  ce  cavi- 
corne  est  bien  }ilus  voisin  des  chèvres  i{ue  des  moutons.  Ses  nueiu's  accusent  aussi  des  affinités 
plutôt  avec  les  chèvres.  Ce  serait  donc  luie  eri-eui'  de  croire  avec  ([iiehpies  zoologistes  que  le 
mouflon  à  manchettes  fût  Tancètre  de  certains  meutons  domestiques.  \'()ris  hnKjipes.  I''itz..  en 
particulier.  Aiituiolrdiii's  ii-Ltijehiphns  n'est  pas  un  mouton  :  il  n'a  pas  pu.  par  le  croisement, 
donner  naissance  à  un  mouton. 

Los  rapports  d(>  membre  à  memlu'e  du  mouflon  momili(''  et  des  deux  mouflons  à  man- 
chettes actuels  de  la  collection  du  Mus(''um  dc^  I^yoïi  ont  iHé'  calcuL's  d'après  les  tlimensions 
iiidi{pi(''es  dans  le  tableau  (pii  suit.  Nous  a[ipellerons  t'ncore  l'attention  sur  les  im}»ortantes 
diflérences  de  longueur  des  métacarpiens  et  métatarsiens  du  mouflon  niàle  ancien  et  du 
mouflon  mâle  actuel  dont  les  hunKM'us.   i-adius.  f<''mui's  et    tiliias  sont,  chez  ces   deux  indi- 

Arch.  Mus.  —  t.  VUl.  *  li 


106  FAUNE    DE    L'ANCIENNE    EGYPTE 

vidus,  sensiblement  égaux.  Dans  le  niouHon  màlo  actuel,  le  plus  petit  diamètre  trans- 
V(>rsal  de  la  diaphvse  du  métacai'pion  (22  mill.)  et  du  métatarsien  (20  mill.)  est  au 
contraire  plus  Ibrt  ([ue  dans  le  imiullon  momitié  chez  Idjucl  les  canons  plus  allongés  ne 
mesurent  (jue  20  millimt'ti'es  de  diamèti'e  aux  membres  antérieurs  et  10  seulement  aux 
membres  postérieurs.  Les  rayons  osseux  des  extrémités  ont  donc  chez  celui-ci  une  structure 
])eaucoup  plus  grêle.  On  doit  souhaitei'  que  des  oltservations  nombreuses  soient  laites 
sur  des  individus  tués  à  l'état  sauvage  alln  de  savoii"  si  ces  diminutions  des  extrémités 
des  membres  sont  dues  à  la  vie  en  captivité  ou  s'il  s'agit  plutôt  de  modifications  de  l'espèce 
produites  peu  à  peu  par  son  adaptation  à  de  nouvelles  conditions  d'existence.  Les  différences 
signalées  sont  ti'op  élevées,  semlile-t-il.  pour  (pi'il  sciit  [)ossil)le  de  les  considérer  comme 
de  simples  variations  individuelles. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

D'AMMOTRAGUS     TRAGELAPHVs. 

Momiiie  Individus    modernes 

iii:ile  mâle  femelle 

Longueur  totale  du  crâne,  du  sommet  frontal  entre  les  cornes  jusqu'à 

l'extrémité  antérieure  des  frontaux 330 

Largeur  maximum  du  crâne  (sus-orbitairei 151 

Longueur  de  l'omoplate L'20 

Longueur  de  l'humérus 200 

—  du  radius 220 

—  du  métacarpien 165 

—  du  fémur 255 

—  du  tibia 200 

—  du  métatarsien 168 

—  des  cornes  en  suivant  la  ligne  externe  de  la  courbe  ...  » 

Ainsi,  l'examen  des  principaux  cai'actères  des  membres  confirme  Tétudi'  du  crâne.  Bien 
{[w'Aïuiiwtfagus  tragelaplms  rappelle  beaucoup  plus,  par  l'ensemlde  de  son  sipielette,  les 
chèvres  que  les  moutons,  il  diffère;  des  espèces  de  ces  deux  groupes  par  d'importantes  particu- 
larités crâniennes.  La  prétendue  parenté  directe  du  mouflon  à  manchettes  avec  certains  moutons 
ddinestiques  reste  dune  une  jiure  hypothèse.  Quoiqu'elle  n'ait  été  justifiée  par  personne,  cette 
hypothèse,  émise  par  F.  Cuvier,  garde  encore  de  nos  jours  quelques  défenseurs  rares  mais 
obstinés.  La  comparaison  ostéologique  précédente  nous  fait  croire  impossible  sa  justification  : 
on  admet  que  Fclis  nutaiculata,  par  exemple,  est  la  souche  de  notre  chat  domestique,  parce 
ipie  ces  animaux  sont  à  peu  près  semblables:  est-il  possible  d'accepter  la  parenté  du  mouflon  à 
manchettes  avec  Oisis  jMlœoœrn/pticus  parce  que  ces  derniers  sont  totalement  différents  ? 

En  matière  de  flliation.  il  vaut  mieux  attendre  ipie  vouloir  tout  expliquer  sans  l'aisons 
suffisantes.  Nous  ne  connaissons  presque  rien  des  mammifères  africains  tertiaires  et  quater- 
naires. Certaines  découvertes  récentes  autorisent  cependant  à  penser  qu'on  trouvera  peut-être 
parmi  les  fossiles  de  l'Afrique  les  ancêtres  de  plusieurs  animaux  actuels,  ceux  notamment  des 
moutons  à  longues  jambes  et  du  b(euf  ;i  bosse  du  Soudan  (pii  sont  répandus  sur  une  très 
grande  partie  de  ce  continent.  Nous  ne  voyons  pas  de  motif  pour  pi^rsister  à  i-echercher  en  Asie 
la  souche  des  animaux  qui  vivent  de  nos  jour-s  surtout  en  Ali-i([ue. 


325 

275 

150 

145 

230 

200 

202 

178 

212 

180 

lEO 

132 

245 

215 

290 

238 

1.53 

137 

040 

310 

CHÈVRES 


Dans  tous  les  ouvrages  sur  l'Egypte  ancienne  les  auteurs  citent  en  première  ligne,  au 
noml)re  des  animaux  sacrés,  le  taui'eau.  le  bouc  et  le  bélier.  D'après  ces  indications  on  poui'i'ait 
croire  que  ces  iiuninants  se  trouvent  ti'ès  communément  momifiés.  Il  n'en  est  pourtant  rien, 
surtout  en  ce  qui  concerne  le  bélier  et  le  bouc.  Parmi  les  nombreux  mammifères  anciens 
reçus  de  diverses  localités  de  l'Egypte,  nous  n'avons  à  signaler  qu'une  seule  momie  de  bouc, 
aucune  de  bélier.  Les  moutons  de  l'ancienne  Egypte  ne  sont  représentés  dans  notre  collection 
que  par  d(^s  fragments  de  crânes  trouvés  à  Toukh  (Haute-Egypte)  et  par  des  chevilles  osseuses 
de  cornes  recueillies  à  A])Ousir. 

La  momie  de  Jiouc  décrite  plus  loin  est  de  Sakkara:  elle  se  rapporte  à  la  «  chèvre  de 
Syrie  »,  Hircus  mainhiicus,  Lin.  Quelques  ossements  trouvés  dans  les  fouilles  réc(mtes  des  puits 
d'Abousir,  près  Sakkara,  appartiennent  aussi  à  cette  race.  C'est,  suivant  M.  Dûrst.  un  bouc 
de  Hircus  mamhricKs  qui,  vers  le  commencement  du  nouvel  Empire,  remplaça,  dans  les 
cérémonies  du  culte  de  Mendès,  le  bélier  à  cornes  transversales  des  plus  anciennes  dynasties, 
le  i<  bé'lier  de  Mendès  »  proprement  dit  Oi'is  lonfjipes  palanosegypticKs. 

Les  chèvres  nous  sont  connues  en  outre  par  un  crâne  recueilli  dans  l'un  des  tombeaux  de 
l'ancien  Empin^  fouillés  par  M.  E.  Chantre  à  Khozan.  Ce  crâne  appartient  à  la  «  chèvre  de 
la  Haute-Egypte  »,  Hircus  fJiehaicus,  Dosni.,  ainsi  qu'un  autre  crâne  incomplet  trouvé  dans  le 
kjœkkenmœdding  de  Loidch  par  M.  de  Morgan.  Nous  examinerons  successivement  les  pièces 
d'après  lesquelles  ont  été  reconnues  les  deux  races,  Hircus  maiiihricus  et  Hircus  tJieliaicus. 

HIRCUS  MAMBRICUS,  Linné. 

(Fig.  58.) 

Capi-a  mambrica,  Liiin.,  Si/st.  nat.,  p.  19i  (1788).  —  Gray,  Cat.  of  mamm.  Brit.  Mus.,  p.  158  (1852). 
Hircus  mambricus,  Brehm,  la  Vie  des  animaux,  p.  599.  fig.  2S4. 

Cette  race  est  représent(''0  par  des  clievillcs  osseuses  de  cornes  récoltées  dans  li's  jiuits 
d'Abousir  et  i)ar  nue  momie  de  liouc.  Le  liouc  provient,  comme  nous  l'avons  dit  })lus  haut, 
d'un  hypogée  de  Sakkara.  sur  la  rive  gauche  du  Xil  à  20  kilomètres  environ  au  sud  de  Gizé. 
Cotte  momie  n'était  pas  en  très  bon  état,  la  tête  en  avait  été  détachée,  sans  doute  pendant  h 
trajet  de  l'Egypte  en  France.  Nous  l'avons  trouvée  à  côté  du  tronc  enveloppée  des  mêmes 
étoffes  que  les  autres  parties  de  la  momie.  Les  cornes  étaient  entourées  séparément  d'une  forte 


108 


FAUNE    DK    L'ANCIENNE    EC.YPTE 


(''paisscui' (le  liaiulclcttcs.  Un  duit  rciiiarquci'  i[\U'  ce  n'csl  pas  la  iviv  pi-opreiunil  dite,  avec  k'S 
luiiscles  ot  la  peau,  qui  a  (Hé  trouvée  entourée  de  bandes  de  toile,  mais  seulement  la  tête  osseuse, 
c'est-à-dire  le  crâne  et  la  niàelu)in>  inférieure. 

Par  son  ensemble  la  momie  présentait  la  silhouette  d'un  animal  aLjvnouilb''  dans  la  mèuu' 
altitude  que  le  mouflon  à  manchtHtes  (fig.  .56),  mais  elle  avait  été  pr(''parr'e  d'une  maniér-e  toute 
ditlérente  :  le  corps  du  mouflon  était  entièrement  embaumé,  tandis  que  dans  la  momification 
du  bouc  on  n'avait  protégé  que  le  squelette  et  même,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  seulement 
une  i'aible  partie  du  squelette.  Cette  momie  se  composait  d'abord,  à  la  surface,  d'une  étoffe  flne 
recouvrant  tout  le  corps  et  portant  la  trace  de  lignes  ornementales  peintes,  d'un  bleu  très 
tendre  presque  etl'acV'  (Hg.  ."')7).  Au-dessous  se  trouvaient  des  bandelettes  de  50  à  (iO  millimètres 


Flg.    57.    —    MOMIK    DE    BOIIC    ET    DE    CROCODILE.    SaKRARA.    (1    5    gr.    Dat.) 


de  largeur  enroulées  autoiu'  du  corps  dans  le  sens  transversal.  Puis  venaient  ensuite  d'inter- 
minables enveloppes  de  toile  et  d  etoflés  diverses,  disposées  dans  tous  les  sens  et  atteignant 
parfois  jusqu'à  70  millimètres  d'épaisseur.  Toutes  ces  étoffes  tombaient  en  poussière:  elles  ne 
paraissaient  l'nduites  d'aucune  su])stance  goudronnée. 

Après  avoir  remarqué  que  les  parties  de  la  momie  représentant  les  meml)i"es  antérieurs 
ne  renfermaient  aucun  ossement.  ([u'elles  avaient  été  modelées  de  toutes  pièces,  nous 
nous  attendions  à  trouver  ri'unis  au  milieu  tous  les  os  du  l)ouc.  Une  surprise  nous  était  nn''- 
nagée  :  au  lieu  du  si[uelette  d'un  individu  d'Hircits  maDibrio's  il  n'y  avait  sous  la  forte 
épaisseur  de  toiles  (pie  quelques  ossements  de  cet  animal  mêlés  à  une  plus  grande  quantité 
d'os  de  membres,  de  vertèbres  et  de  plaques  osseuses  dermiques  d'un  crocodile  de  forte 
taille. 

Ces  os  de  crocodile  (H  de  l)ouc  avaient  été  ensemble  airosés  al)ondamment  de  goudron; 
ils  adhéraient  presque  tous  les  uns  aux  autres. 

Il  appartient  aux  égyptologues  de  dire  ce  que  signifie  l'association  de  deux  animaux  si 
difléi'ents  dans  une  momie  ayant  la  forme  d'un  bouc.  P(Hit-ètre  ce  groupement  a-t-il  quoique 
rapport  avec  Se])ek  ou  Sebek-Rà,  divinité  à  tète  de  crocodile  et  cornes  de  b(''lier  (pie  nous 
voyons  sur  plusieurs  monuments  du  nouvel  Empire.  Cette  divinité,  (pii  flgure  sur  le  grand 


CIIKVlîKS  10!) 

temple  d'Ombos'  et  dans  une  scène  d'offrande  de  Ramsès  IV  à  Phré  et  Ammon-Rà^.  est 
représentée  avec  les  cornes  du  bélier  de  Mendès,  des  plus  anciens  monuments  i''L;yptiens. 
c'est-à-dire  des  cornes  semblables  à  celles  (VOvis  palxoœf/yptlcufi^  dont  on  a  trouve-  des  restes 
dans  les  dépôts  néolithiques  de  Toukli  (Haute-Egvpte). 

Le  culte  de  Mendès  date,  comme  on  le  sait,  de  la  plus  ancienne  époipie  (\L^Tptienn('.  L'objet 
de  ce  culte  était  représenté  à  l'orig'ine  par  unbi'lici'  de  la  race  Oris  pnlxoœgyptirus  à  cornes 
horizontales  et  transversales.  Après  l'extinction  de  cette  race  de  mouton,  vers  le  commence- 
ment de  la  période  saïte,  le  bélier  est  remplacé  dans  le  culte  de  Mendès,  par  im  individu  mâle 
(le  la  chèvre  de  Syrie  :  Hircus  mambricus.  dont  les  cornes  sont  presque  semblables  à  celles 
(VOiv's  palseocegypticus.  Ce  sont  pr(''eisément  des  restes  d'un  l)(»uc  A' Hùyiis  inauibricus  que 
nous  trouvons  associés  à  des  ossements  de  crocodile  dans  la  momie  de  Sakkara  (pi'on  vient 
de  décrir(\ 

Cette  momie  confirmerait  donc,  en  quelque  sorte,  les  assertions  des  histoi'iens  lirecs  rela- 
tives aux  animaux  sacrés  des  anciens  Eiiyptiens.  Nous  croyons  avoir  démontré,  dans  l'étude  des 
moutons  de  l'ancienne  Eijypte,  que  le  bélier  de  Mendès  de  l'époque  néolithique  (3t  de  la  période 
mi'mphite  était  bi(m  un  mouton,  mais  l'animal  consacré  à  ce  culte  à  l'époque  ptolémaïque 
était,  au'moins  à  Sakkaï'a,  un  bouc  de  la  race  Hifcus  nuDubricus. 

Voici-  la  liste  des  ossements  de  crocodile  et  de  bouc  trouvés  à  l'intérieur  de  la  momie. 

Hircus  mambricus.  Linné.  Le  crâne  entouré  de  bandelettes  figurait  la  tète  de  la  momie. 
Au  centre,  mêlés  aux  os  de  crocodile,  on  voyait  les  ossements  suivants  ;■  omoplate  i;-auche, 
humérus  droit,  radius  et  cul)itus  droits  et  gauches,  métacarpien  gauche  et  deux  phalanges. 
L'atlas,  l'axis  et  trois  autres  vertèbres  cervicales. 

Crocodilus  vulgaris,  Cuv.  TJn  humérus  (de  250  millimètres  de  long),  deux  tilùas  et 
plusieurs  phalanges,  treize  vertèbres  procéliennes  diverses,  quatre  os  en  ^  delà  [nu-lie  infé- 
rieure de  la  queue  et  vingt  plae^ues  osseuses  dermiques. 

La  morphologie  générale  de  la  chèvre  mamJM'ine  qui  vit  de  nos  Jours  en  Syrie  et 
Mésopotamie  peut  être  ainsi  résumée  :  chèvi'e  gi'ande  et  haute  sur  jambes,  corps  ra- 
massé, tète  allongée,  chanfrein  dr(ut.  li'ont  jteu  boml»'".  Cornes  dans  les  deux  sexes,  celles 
du  mâle  jilus  fortes,  jilus  contoura(''es  que  celles  de  la  femelle;  corne  du  ci'>t(''  droit  tordue 
à  gauche  comme  chez  les  moutons.  (_)reilles  pendantes,  longues  deux  fois  en\-ii'on  comme 
la  tèt(>. 

Tout  11'  corps  est  couvert  d'un  poil  long',  épais,  crt'qtu.  La  face,  les  oreille^:  et  les 
pieds  portent  seuls  des  poils  coui'ts.  Une  petite  touffe  de  poils  au  menton  ilans  les  deux 
sexes. 

On  croit  Hircus  ma iiibricus  ovigma.ire  de  l'Asie  Mineure.  Son  nom  serait  tiri''  du  mont 
Mamber  ou  Marner  en  Palestine;  c'est  là  que  les  voyageurs  anciens  en  auraient  \u  des  trou- 
peaux. Actuellement  on  la  trouve  en  assez  grand  nombre  aux  environs  d'Alep  et  d<^  Damas  oii 
elle  est  connue  sous  les  noms  de  Sc/unna^  et  Mêrèse.  Le  Muséum  de  Lyon  possède  dans  ses 
collections  les  S([uelettes  de  deux  spécimens  (mâle  et  femelle)  de  cette  race  pro\'enant  ilu 
Djeliel  Messeiris  (Syrie). 

'  Champollion,  Monumenli  de  l'Egypte  et  de  la  .\'ubie,  voi.  II,  pi.  GI'"=^  fig.  2. 

-  Rosellini,  vol.  III,  m.  d.  c,  pi.  XXXIII.  ûg.  1  et  2. 

■'  Diir.stund  Gaillard,  Studien  uber  die  Gescliichte  des  xgyplischen  Hausschafes,  p.  10,  i!»0'J. 


110 


FAUNE    DK    L'ANCIENNE    EGYPTE 


Comparés  aux  squelettes  modernes  de  Hircus  manibriciis  les  queltjues  ossements  d(' 
la  momie  de  Sakkara  n'offrent  aucune  différence.  L(^  crâne  brisé  (tig.  58)  présente  dans  la 
région  occipitale  toutes  les  particularités  des  caprins  :  suture  fronto-pariétale  à  peu  près  direc- 
tement ti'ansverse,  suture  occipito-pari('tale  anguleuse  en  avant.  (]onime  dans  le  crâne  de 

bouc  du  DJéliel  Messeiris  (fig.  53),  les 
crêtes  pariétales  qui  limitent  en  arrière  les 
fosses  temporales  sont  très  rapprochées,  les 
apophyses  par-occipitales  sont  épaisses  et 
courtes;  de  plus  on  remarque  dans  les  deux 
crânes  une  lég'ère  gouttière  le  long  du  bord 
antéro-interne  des  chevilles  osseuses  des 
cornes. 

En  ce  qui  concerne  les  meml)res,  nous 
n'avons  pu  comparer  que  le  radius,  le  méta- 
cai'pien  et  un  humérus  incomplet.   Ces  os 
ont  la  même  structure,  mais  ils  sont  sensi- 
blement plus  grands  que    ceux   des  deux 
individus  de  Syrie.  On  doit  noter  toutefois 
que   ces  derniers   n'ont  pas  atteint    toute 
leur  croissance,  ils  sont  bien  pourvus  des  trois 
arrière-molaires  de    la   seconde  dentition, 
mais  les  épipbyses  de   leurs  membres  ne 
sont  pas  toutes  soudées. 
Le  rai)])ort  du  métacarpien  au  ratlius  qui  varie,  d'après  MM.  Cornevin  et  Lesbre,  de  05  à 
75  chez  les  chèvres,  de  75  à  85  eliez  les  moutons,  va  de  71  à  72  dans  les  squelettes  modernes 
(le  Hircus  niaïuhricus.  Poui'  le  bnut'  de  Sakkara,  il  est  de  ()7  seulement,  ce  ([ui  inili([ue  eliez 
cet  individu  un  écart  de  longueur  un  peu  plus  grand  entre  le  radius  et  le  métacarpien. 

Le  tableau  ci-dessous  met  en  regard  les  dimensions  des  deux  squelettes  actuel  à^ Hircus 
mamhricus  ei  celles  qu'on  a  pu  relever- sur  les  quelques  osseuKmts  de  l'animal  de  même  race 
trouvés  dans  la  momie  de  Saklvara. 


-■^ 


^. 


Fig.  58.  —   Hircus  mambricus,  Linné. 
Crâne  de  momie  de  Sakkara,  (l/:i  gv.  nat.l 


Hircus  mambricus 


Longueur   du    cràue  du    sommet  du    frontal  à    l'extromitr    anté- 
rieure des  frontaux 

Largeur  maxima  du  crâne  (diamètre  sus-orbitaire) 

Longueur  des  cornes  en  suivant  la  ligne  externe  de  la  courbe     . 

—  de  l'omoplate 

—  de  l'humérus 

—  du  radius 

—  du  métacarpien 

—  du  fémur 

—  du  tibia 

—  du  métatarsien 


Momitié 

Mod 

erne 

à  Sakkara 

du  Bjùbel 

Messeiris 

mâle 

jeune  mâle 

fei 

nelle  jeune 

» 

185 

190 

118 

112 

117 

» 

420 

193 

163 

159 

155 

» 

162 

155 

205 

164 

159 

139 

117 

116 

)> 

192 

185 

H 

218 

210 

)) 

125 

122 

CHEVRES  m 


HIRCUS  THEBAICUS,  Desni. 

Capra  thebaica,  Desmarest,  Mammalogie,  2"  partie,  p.  484  ^1S82).  —  Gray,  Cat.  ofmamm.  Dril.  Mus.,  p.  155 

(1852). 
Hircus  Ihehaicus,  Brehm,  la  Vie  des  animauœ,  p.  601,  fig.  285. 

La  «  chèvre  de  la  riaut('-l\HTpte  »  n'a  pas  (Hé  trouvée  momifiée  ;  elle  est  signalée  ici 
d'après  un  ci'àni>  i-ecueilli  à  Kliozan.  dans  un  tombeau  des  premières  dynasties  pharaoniques 
et  un  autre  crâne  ineompl(H  provenant  du  kjiekkcnmceddinL;-  de  Toukh  (Haute-Egypte). 

Ces  ossements  de  Toukh  ont  et/'  récoltés,  comme  nous  l'indiquons  à  propos  des  fragments 
de  crâne  A'Oi-is jMJceoœin/piicus.  à  la  partie  inférieure  du  d(''pôt  où  ne  se  remarque  aucune 
trace  de  métal  ni  de;  brique  crue.  Tous  ces  restes  osseux,  qui  se  trouvent  mêlés  à  de  noml)reux 
instruments  en  silex,  sont  attril)ués  à  l'époque  préhistorique  ;  ils  appai'tiennent,  d'après  M.  de 
Morgan,  à  la  période  (jui  a  iuiuK-diatement  précédé  la  conquête  de  l'Egypte  pai'  les  Pharaons. 
Los  tombeaux  de  Khozan.  fouillés  ^sï  M.  E.  Chantre,  sont  probablement  du  même  âge  ([ue 
la  zone  supérieure  du  dépôt  de  Toukh.  c'est-à-dire  de  l'époque  de  Négadah. 

Hircus  tJiebaicîts  se  reconnaît  aux  particularités  suivantes  :  taille  moyenne  ;  chanfrein 
b(im])é,  sépai'é  du  front  par  une  dépression  forte  chez  le  mâle.  Les  cornes  manquent  (pielquefois  ; 
quand  elles  existent  elles  sont  petites.  l(''gèrement  recourbées  en  arri{>re  et  en  I)as.  Pas  do 
bai'bielie  au  menton.  La  lèvre  supi'rirurc  laisse  découvertes  les  incisives  inf(''i-ieiu'es.  Oi'eilles 
pendantes,  longues  comme  la  tête.  Poils  brun  iauve.  lisses  et  peu  allongés;  courte  criiuèrt;  sur 
le  cou.  La  femelle  est  comme  le  mâle,  mais  son  chanh'ein  est  un  peu  moins  convexe. 

Cette  chèvre  habite  encore  actuellement  la  Haute-Egypte,  elle  y  est  connue  depuis  la  plus 
haute  antiquité. 


OISEAUX 


Plus  do  mille  momies  d'oiseaux,  envoyées  de  diverses  localités  de  l'Egypte  par 
M.  Maspero,  Directeur  général  du  Service  des  Antiquités  égyptiennes,  ont  été  ouvertes  au 
Muséum  de  Lyon.  Un  nombre  considéralile  de  ces  momies  ne  contenaient  cpie  les  restes  de 
très  jeunes  animaux,  des  d(''hris  de  plumes  et  d'ossements  indéterminables.  Cependant  il  a  été 
possible  de  recueillir  et  d'étudier  le  squelette  de  près  de  cinq  cents  oiseaux  bien  conservés. 
Quelques-uns,  notamment  des  crécerelles,  un  ibis  falcinelle,  et  surtout  un  rollier,  au  gracieux 
plumage  vert  et  bleu,  étaient  dans  un  état  de  conservation  tellement  parfait,  qu'on  put  les 
reconnaître  au  simple  examen  des  plumes;  mais  la  plupart  furent  déterminés  d'après  le 
squelette. 

Dans  ce  grand  nombre  d'oiseaux  momitiés.  nous  avons  reconnu  les  espèces  suivantes  ; 


Milvus  segyiitius,  Gm. 
Milvus  regalis,  Brisson. 
Pernis  apivorus,  L. 
Elaïuis  csendens,  Desf. 
Buteo  desertorum,  Daudin. 
Buteo  ferooc.  Gm. 
Biiteo  vulgaris,  Linné. 
Cii'caetus  gallicus,  Gm. 
Aquila  imperialis,  Bechst. 
Aqnila  macidata,  Gm. 
Aquila  peiinata,  Gm. 
Haliaetus  albicillus,  L. 
Falco  baùt/lom'cns,  Gurnev 


Falco  harharus,  L. 
Falco  Feldcggii,  Schl. 
Falco  suhbiUeo,  L. 
Hiero falco  saker,  Gm. 
Cerchneis  cenchris,  Frisch. 
Cerchneis  tinnuncidus,  L. 
Accipiter  nisus,  L. 
Cirais  Kfiiginosus,  L. 
Circus  cyaneus,  L. 
Circtis  mao'iwus,  L. 
Circus  pggargus,  L. 
Meliera.r  gabar,  Daudin. 
Pandion  haliaetus  L. 


Slrix  ffammea,  L. 
Bxibo  ascalaphus,  Savi^'. 
Scops  Aldrovandi,  Willougby. 
Asie  otus,  L. 
Asio  brachyotus,  Gm. 
Cuculus  canorus,  L. 
Coracias  garrulus,  L. 
Hirundo  rustica,  L. 
Pteroclurus  senegallus,  L. 
Œdtcnemns  crejyitans,  Temm. 
Ibis  xlhiopica,  Lath. 
Plegadis  falcinelUis,  L. 


La  plupar-t  de  ces  espèces  n'avaient  pas  encore  été  signalées  parmi  les  momies  d'animaux. 
Les  plus  communes  sont,  par  ordi'e  d'im|K)rtance  :  la  crécerelle,  les  buses  {Buteo  desertorum 
et  Uiiteo  ferox),  l'épervier,  un  aigle  de  petite  taille  (Aqi/ila  inaculatajct  le  milan  d'Egypte. 

Les  momies  d'oiseaux  forment  deux  catégories  d'aspect  distinct  :  celle  des  ibis  et  celle  des 
rapaces.  Nous  ferons  très  sommairement  :  L'  la  description  des  momies  de  rapaces;  2°  celle 
dos  momies  d'ibis  ;  3°  l'étude  systématique  des  espèces  reconnues. 


'  Lortet  et  Gaillard,  les  Oiseaux  momifiés  de  l'ancienne  Ei;'ypte  (Comptes  rendus   de  l'Académie  des  sciences, 
Paris,  p  854,  lltOl). 

Arch.  Mus.  —  t.  Vlll  *  15 


114 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


MOMIKS  DE  RAPÀCES 


Los  oiseaux  de  proie  proviennent  de  Gizé,  Koni-Ombo  et  RcJda.  Quelques  ossements 
d'un  rapaco  de  la  taille  d'Aquila  mandata  ont  été  recueillis,  en  outre,  par  Daninos  Pacha 
dans  un  puits  de  la  nécropole  d'Héliopolis.  Les  oiseaux  de  Gizé  ont  été  trouvés  dans  la  plaine 
au  pied  du  plateau  des  pyramides,  au  sud  du  sphinx:  ils  sont  de  l'époque  ptolémaïque,  peut- 
être  de  la  XX VP  dynastie. 

Les  rapaces  do  Kôm-Ombo  pro- 
viennent des  fosses  et  puits  situés  dans 
la  pai'tie  sablonneuse  qui  s'étend  à  l'est 
du  temple  actuel:  ils  sont  de  l'époque 
romaine.  Ceux  de  Rôda  (Haute-Egypte), 
près  des  ruines  de  Khmounou,  VHer- 
mopolh  des  Grecs,  oîi  se  célébrait  le  culte 
de  Thot,  datent  de  la  XX''  dynastie  à 
l'époque  romaine. 

Ces  oiseaux  de  proie  se  trou^^ent 
momifiés  tantr>t  un  par  un,  tantôt  par 
masses  de  vingt  à  trente  et  même  qua- 
rante individus  de  toute  espèce.  Les 
milans,  éperviers,  aigles  et  faucons  mo- 
mifiés séparément  ont  été,  en  général, 
plongés  dans  le  ])itume  liquide,  puis 
enveloppés  de  liandes  do  toile;  le  corps 
est  quelquefois  entouré,  en  outre,  d'une 
étroite  bandelette  vers  le  haut  des  ailes, 
les  yeux  sont  figurés  à  l'extérieur  par 
deux  petits  disques  d'étofié  de  ton  différent 
(fig.  59).  Leurs  momies  rappellent  un 
peu  la  silhouette  d'une  momie  humaine. 
Lorsque  l'oiseau  est  débarrassé  de 
son  enveloppe,  il  apparaît  les  ailes  serrées 
contre  le  corps,  les  pattes  allongées  {ïv^.  (iO).  D'autres  fois,  les  tai^ses  étant  repliés  sur  les 
jambes,  les  doigts  se  trouvent  ramenés  au  niveau  du  sternum  mitre  le  corps  et  les  ailes. 

Les  oiseaux  de  proie  momifiés  par  groupes  agglomérés  ont  la  forme  de  grands  fuseaux, 
plus  étroits  aux  doux  bouts  qu'au  milieu,  longs  de  1"'50  environ  et  lai-ges  au  plus  de  0'"40 
(fig.  Gl).  Les  oiseaux  qu'ils  contiennent  n'ont  pas  tous  été  momifiés  à  l'état  frais,  quelques-uns 
portent  les  traces  de  décomposition  avancée.  Sans  doute  ces  grandes  quantités  d'oiseaux  de 
proie  ne  pouvaient  être  réunies  en  une  seule  journée,  ni  par  une  seule  personne.  Ils  étaient 
probablement  apportés  un  à  un,  et  à  plusieurs  jours  d'intervalle,  par  les  habitants  du  même 


Fig.  50. 


Fig.  60. 


Oiseaux  de  proie  momifiés  de  Rôda.  (,o:r.  iiat.  1/3) 


UISEAUX 


115 


village.  Lorsque  chacun  avait  participé  à  cette  sorte 
(les  rapaces  un  autre  oiseau  :  ptéroclès,  coucou, 
même  on  ajoutait  soit  une  musaraigne,  soit  un 
cahirimis,  avec  une  ou  plusieurs  dents  de  crocodile, 
enveloppé  et  serré  fortement  dans  de  larges  Landes 
épaisses  d'un  doigt,  étaient  disposées  dans  le  sens  de 
loppe.  sur  le  pourtour  do  la  momie,  pour  en  aiigme 


d'offrande  collective,  on  plaçait  au  milieu 

roUior  ou  quelques  hirondelles.  Parfois 
rongeur  de  petite  taille   tel  ([\x\icomys 

.  Le  tout  était  alors  arrosé  de  bitume,  puis 
d'étoffe.  Quelques  baguettes  de  palmier, 
la  longueur  par-dessus  la  première  enve- 

nti'r  la  rigidité;  enfin,  on  entourait  l'(m- 


Fig.  Gl.  —  Oiseaux  de  proie  momifiés  de  GizÉ.  (1/8  gi-.  nat.) 


semlile  d'une  seconde  et  der-nière  envelopi)e  de  bandelettes.   L'ofti'ande  ainsi  apprêtée  était 
portée  dans  le  voisinage  du  temple  de  la  divinité  dont  on  sollicitait  les  faveurs. 

Les  rapaces  nocturnes,  pas  plus  que  les  oiseaux  divers  indiqués  dans  la  liste  précédente, 
n'étaient  pas  momifiés  isolément.  Tous  ont  été  trouvés  à  l'intérieur  des  groupes  d'oiseaux  de 
proie  diurnes.  Les  hiboux  et  les  chouettes  étaient  toujours,  sauf  une  exception,  déchirés  ou 
décapités.  Il  se  peut  ([ue  ces  animaux  aient  été  momifiés  par  erreur,  par  suite  de  la  similitude 
de  leurs  serres  et  de  leurs  pattes  avec  celles  des  rapaces  diurnes.  En  ce  qui  concerne  les  autres 
oiseaux,  coucou,  rollier,  ptéroclès,  hii-ondelles,  etc..  la  confusion  n'était  pas  possible;  leur 
présence  est  probablement  due,  comme  celle  de  la  musaraigne  et  des  dents  de  crocodile,  à  une 
cause  différente  que  les  égyptologues  sauront  sans  doute  indiquer. 


Fig.  6"2.  —  Oiseaux  de  proie  momifiés  de  GizÉ.  (1/S  yr.  nat.) 

Lorsqu'on  a  enlevé  les  diverses  enveloppes  des  groupes  de  rapaces,  les  oiseaux  se  pré- 
sentent placés  sans  ordre  apparent  (fig.  62)  :  la  tète  et  les  pieds  alternent  seulement  de  manière 
à  former  une  masse  régulièrement  arrondie.  Les  oiseaux  entiers  se  trouvent,  en  général,  vers 
l'extéi'ieur.  les  spécimens  déchirés  et  ceux  qui  portent  des  traces  de  décomposition  ancienne 
sont  au  milieu. 

ComuK'Rt  les  Egv])tiens  pouvaient-ils  ça}iturei"  de  pareilles  (pi;uitil(''s  d(^  rapaces?  Où  les 
trouvaient-ils  ;'  11  est  diffieile  de  rexpli(jner  maintenant.  Ia's  voyageurs  i[ai  vont  chaque  année 
passer  l'hivei'  en  Egypte  ne  remai'quent  partout,  à  part  le  milan,  que  de  très  rares  oiseaux  de 
proie.  Il  faut  admettre  qu'autrefois  ces  animaux  étaient  ])eaucoup  plus  communs  que  de  nos 


U6  FAUNE    DE    L'ANCIENNE    EGYPTE 

jours.  A  en  juger  pai'  les  Iractures  des  ailes  et  des  pattes  qu'on  a  uLservées  fréquemment,  ces 
rapaces  étaient  peut-être  pris  dans  les  pièges  tendus  aux  autres  oiseaux,  puis  achevés  à  coups 
de  bâton.  Quelques-unes  des  grandes  momies  renfermaient  aussi  de  très  jeunes  milans  à  peine 
couverts  de  quel({ue  duvet  ;  il  est  possi])le  ijue  le  père  et  la  mère  aient  été  surpris  la  nuit  et 
enlevés  avec  la  couvée  tout  entière.  Quoiqu'il  en  soit,  la  présence  de  ces  jeunes  oiseaux  indique 
en  tout  cas  que  certaines  momies,  sinon  toutes,  étaient  préparées  vers  le  mois  de  mai's  ou  d'avril. 
Il  serait  intéressant  de  savoir  si  ces  oiseaux  étaient  momifiés  à  l'occasion  de  fêtes  ou  de 
cérémonies  céléljrées  autrefois  vers  cette  époque  de  l'année. 

Ces  oiseaux  de  proie  symbolisaient.  sui\'ant  les  époques  et  les  provinces,  Rà.  le  soleil.  Honis 
ou  Aroêns.  le  ciid.  Pendant  une  longue  période  de  l'histoire  égyptienne,  ils  représentaient 
également  les  âmes  des  morts. 

Quelques  savants,  ayant  pensé  que  les  anciens  Egyptiens  adoraient  une  seule  espèce  de 
faucon  ou  d'épervier,  ont  recherclié,  d'après  les  figurations  et  les  textes  anciens,  quelle  pouvait 
être  cette  espèce. 

Pour  Wilkinson'.  le  faucon  sacré  de  Rà.  adon'-  à  Héliopolis  et  dans  divers  antrvs  lieux, 
serait  le  hobereau,  Falco  subhuteo.  qu'il  nomme  Falco  aroèris. 

Heugiin^  donne  le  nom  de  Falco  horus  au  Falco  concolor  de  Temminck. 

Hierofalco  saker.  qui  est  connu  des  Arabes  sous  le  nom  de  Sah]< r-cl-hoj-^  et  utilisé  à  la 
chasse  de  la  gazelle  depuis  une  haute  antiquité,  a  été  aussi  considéi'é.  à  cause  de  son  nom, 
comme  1(>  faucon  sacré'  d'Horus.  Le  nom  de  sahcj-,  et  non  pas  sacei-,  vient  du  mol  .snhki-  par 
lequel  les  Arabes  désignent  les  faucons  en  général. 

Pour  M.  le  professeiu'  \ .  Loret,  le  faucon  sacré  d'Horus  serait  le  faucon  pèlerin,  Falco 
pereçirimis,  que  les  ^Vi^alies  nomment,  suivant  Tristram.  Tîr-el-hor''.  Ce  faucon  est  facile  à 
reconnaître,  mais  nous  ne  l'avons  pas  rencontré  pai'mi  les  momies  égyptiennes.  ((  Si  mes 
recherches  dans  les  textes  et  dans  les  bas-reliefs  ne  m'abusent  pas,  écrit  INI.  Loret,  le  faucon 
pèlerin  était  l'oiseau  sacré  d'Horus.  que  l'on  a  toujours  pris  pour  un  épervier.  Cet  oiseau  d'Horus 
a  le  dos  ou  les  ailes  verts  ou  ])leus.  ce  ({uiest  la  manière  des  Egyptiens  de  rendre  le  gris  ardoisé 
cendré;  la  tête,  le  cou.  la  poitrine,  le  ventre,  les  pattes  sont  blancs.  Le  ventre  ordinaii^ement 
moucheté  de  courtes  i-ayun's  i-ougeàtres.  Le  dessus  de  la  tête  est  gris  et  l'oeil  est  entouré  dt^ 
taches  noires^.  )> 

Cette  description  se  rapporte  mieux  à  Falco  babj/lonici's  ou  F.  Feldeggi,  ou  encor-e 
à  un  jeune  Heriofalco  saher  qu'à  Falco  p'^rrrii-inas.  Si  l'on  devait  désigner  le  làucon 
d'Horus  d'après  les  textes,  il  conviendrait  donc  de  le  choisir  parmi  les  trois  pi-emières  espèces, 
mais  il  est  inutile  d'augmenter  d'un  nom  la  série  des  faucons  supposés  sacrés.  Du  reste,  ces 
espèces  sont  distinguées  les  unes  des  autres,  non  pas  d'après  la  couleur  de  leur  plumage  qui 
varie  entre  les  adultes  (»t  sui'tout  du  jeune  à  l'adulte,  mais  plutôt  d'après  les  proportions  rela- 
tives des  tai'ses  et  des  doigts. 

La  liste  des  oiseaux  momiiiés.  dans  laquelle  on  trouve  presque  tous  les  rapaces  de  l'Egypte 

'  Wilkinson,  Ihe  ancieni  Egyplians,  vol.  III,  p.  261,  Loiidon,  1878. 

=  Heugliu,  in  Ibis,  1860,  p.  40!>. 

'  Tristram,  llie  Fauna  and  Flora  of  Palestine,  p.  105. 

■*  Tristram,  loc.  cit.,  p.  104. 

^  Lettre  manuscrite  adressée  à  M.  le  professeur  Lortet,  décembre  1901. 


OISEAUX 


117 


actuelle,  démontre  jusqu'à  l'évidence  que  les  Égyptiens  étaient  Jjeaucoup  moins  exclusifs  qu'on 
ne  le  suppose.  Peut-être  pendant  la  ])asse  époque,  dans  une  localité  donnée,  une  seule  espèce 
de  faucon  a-t-elle  été  vénérée  ?  Nous  ne  le  savons  pas.  Mais,  quand  même  ce  fait  serait  étaldi, 
quand  même  un  faucon  serait  désigné  clairement  par  un  texte,  on  aurait  grand  tort  néanmoins 
de  regai'der  ce  rapace,  adoré  seul  dans  la  Basse-Egypte  et  à  l'époque  ptolémaïque  par 
exemple,  comme  l'oiseau  sacré  d'Horus  ou  de  R;ulc  l'ancienne  Egypte  entière. 


MOMIES   D'IBIS 

Les  momies  d'ibis  étudiées  à  Lyon,  ont  été  recueillies  en'  majeure  partie  dans  les 
hypogées  de  Salckara;  quelques  spécimens  seulement  sont  di'  la  Haute-Egypte,  de  Kôm- 
(_)mbo,  Rôda  et  Touné,  une 
seule  pi'o vient  de  Thèhes. 
Les  unes  et  les  autres  datent 
de  la  XX®  dynastie  à  l'époque 
grecque. 

Ces  momies  ne  con- 
tiennent toujours  qu'un  seul 
indi\'idu.  Elles  sont  entou- 
rées de  ])andes  d'étoffe,  ou 
conservées  dans  des  vases 
grossiers  en  terre  cuite  rouge. 

Lorsqu'elles  sont  protégées  de  l)andelettes,  elles  ont,  le  plus  souvent,  la  forme  d'un  cône 
arrondi  aux  extrémités,  recouvert  d'un  réseau  de  fils  entrelacés  de  manière  à  produii*e 
diverses  ornementations.   D'autres  fois,   les   iliis  sont  enveloppés  de  simples  bandes,  sans 


Fig.  G.J.  —  Momie  d"ibis  de  Kom-Ombo.  (1/1!  gr.  nat.) 


Fig.  64.  —  Ibis  momifié  de  Kôm-Ombo.  {i  "J  gr.  nat.) 


aucun  ornement,  mais  la  tète,  au  lien  d'èti-e  maintenue  dans  sa  position  naturelle  comun' 
eelle  des  oiseaux  de  proie,  est  ramenée  sui'  le  sternum,  dans  l'axe  du  eorps  (tig.  03).  On 
voit  alors  le  long  bec  recourbé  se  prolonger  sous  les  bandelettes  jus([ue  près  des  pattes. 
Dans  ce  mode  de  momification,  l'oiseau  a  été  d'altord  arrosé  de  bitume,  puis,  le  cou  étant 
replié  en  avant,   la  tète  sur  le  sternum  (fig.   04),    ou   a  enveloppt'  le   eoi-ps   de   plusieurs 


118 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


band<!s   de    toile,    tantôt   simples   comme    pour    la   momie    i'eprés(mt(''e   tiguro    (33,    tantiM, 
ornées  (fig.  65).  Les  momies  de  cette  forme  sont  de  Rôda,  Thèbes  et  Kôm-Omljo. 

A  Sakkara,  les  ibis  et  les  animaux  de  petites  dimensions  étaient  conservés  séparément 
dans  un  pot  ou  vase  particulier.  A  Thèbes  également.  Les  pots  de  Sakkara  sont  en  terre 
cuite  rouge  d'une  forme  allongée,  pouvant  l'ecevoir  exactement  une  momie  d'ibis.  Ils  sont 


4; 


Fig.  05.  —  Momie  d'ibis  de  Kôda    (1'3  gr.  nat.) 

fermés  par  un  cou\'(n'cle  de  la  môme  terre  cuite  scellé  assez  grossièrement  avec  du  plâtre 

(fig.  66). 

Nous  n'avons  pas  ree,u  des  pots  d'ibis  de  Thèbes.  Ils  y  sont,  parait-il,  de  diftérentes 
matières  :  en  pierre  commune,  en  faïence  lileue,  ou  en  jjierre  dure  et  polie.  Leur  iôrme  est 
conique  mais  peu  allongée.  Ils  tiennent  debout  sur  leui-  ibnd,  tandis  que  ceux  de  Sakkara  ne 
peuvent  tenir  ([ue  couchés  à  terre  ^ . 

Dans  les  hypogées  de  Sakkara,  les  pots  d'ibis  sont  placés  par  rangées  horizontales 
superposées  sur  toute  la  hauteur-  des  paieries.  h]t.  (lieoffroy  Saint-IIilaire  -  fait  la  description 


Fig.  66.  —  Pot  penfersunt  une  momie  d'ibis,  Sakkara.  (1   'i  gr.  nat.) 

suivante  de  ces  entassements  :  «  Nous  sommes  descendus  dans  les  puits  des  oiseaux  où,  pour  la 
première  fois,  j'ai  trouvé  des  momies  en  place.  Ces  puits  conduisent  à  des  caves  souterraines 
assez  spacieuses  auxquelles  répondent  à  angles  droits,  à  droite  et  à  gauche,  un  très  grand 
nombre  de  caveaux  sans  issue.  Ce  sont  ces  caveaux  d'une  assez  grande  profondeur  (juc  l'on  a 
remplis  de  pots  d'ibis,  en  les  entassant  sans  autre  attention  (jue  de  les  coucher  horizonta- 
lement comme  les  bouteilles  di^  vin  dans  nos  caves  de  France,  le  j)remier  lit  présentant  anté- 


'  Description  de  VEgyple,  vol.  3,  p.  92,  5'  vol.,  pi.  XGII,  pi.  LXXVI,  Paris,  18-28. 
'-'  Lettres  (ri'f/y/)/*?  (recueillies  et  publiées  par  le  D'' Haug),  p.   149.  Paris,  1001. 


OISEAUX  119 

rieuromont  son  oiivcrlui-o,  le  doiixièmo  son  lond,  ot  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  (|ue  les  pots 
aient  gagné  le  faîte  du  caveau.  » 

Les  momies  de  Sakkara  pi'ésentent  un  conicnu  des  plus  variés.  On  trouve,  à  l'intérieur, 
soit  un  amas  de  poussièi'e  et  d'étoffe  déchirée,  soit  des  débi'is  de  bois  et  de  lianes,  ou  bien  des 
plumes  blanches  avec  deux  ou  trois  morceaux  de  brique,  destinés  à  donner  à  la  fausse  momie 
le  poids  d'une  momie  véritable.  D'autres  fois  on  a  conservé  seulement  le  bec  et  les  pattes  d'un 
ibis,  ou  bien  encore  on  a  construit  de  toutes  pièces  un  mannequin  ayant  la  forme  d'un  oiseau 
dont  la  tête,  modelée  grossièrement  avec  des  chiffons  et  des  bandelettes,  ressemble  à  une  tête 
de  faucon.  Dans  ces  momies,  qui  renferment  le  plus  souvent  des  ossements  d'ibis,  nous  avons 
rencontré  aussi,  comme  Ollivier',  tantôt  le  corps  d'un(>  musaraigne,  tantôt  le  crâne  seulement 
d'un  de  ces  petits  mammifères. 

L'ornementation  des  momies  de  Sakkara  est  des  plus  diverses  et  des  plus  ingénieuses. 
Elle  consiste  soit  en  étroites  bandelettes  croisées  en  diagonale  et  recouvertes  par  d'autres 
bandes  enroulées  en  spirale  (fig.  67),  soit  en  réseaux  de  fils  maintenus  par  de  petites  bandes  de 
toile  (fig.  68  et  69);  quelques-unes  sont  ornées  de  filsentre-croisés  obliquement  sur  des  étoffes  à 
deux  tons  brun  clair  et  foncé  (fig.  70  et  71). 

Tous  les  égyptologues  ont  constaté  que  ces  ibis,  bien  qu'on  les  eût  protégés  séparément 
dans  des  vases  en  terre,  se  trouvent  toujours  en  très  mauvais  état  de  conservation.  On  ne  peut 
recueillir  un  seul  squelette  entier.  Le  contenu  de  la  momie  tomlie  en  poussière  sous  la  plus 
légère  pression.  Mariette  fait  la  même  remarcjue  dans  la  lettre  suivante  adressée  du  Caire, 
le  22  juin  iS70,  à  l'un  de  nous.  qui.  à  cette  époque,  tentait  déjà  de  réunir  les  matériaux 
de  la  présente  étude.  »  .Te  me  sens  un  peu  gêné,  écrit  Mainette,  d'être  obligé  do  faire  une 
réponse  négative  à  la  lettre  que  vous  avez  bien  voulu  m'adresser  en  date  du  25  mars. 
Effectivement,  il  y  a  aux  environs  du  Caire,  c'est-à-dire  à  Sakkara,  des  hypogées  d'ibis. 
Mais,  en  premier  lieu,  ces  hypogées  sont,  pour  le  moment,  ensablés,  et  il  serait  difficile  de  les 
déblayer  sans  travaux  considérables.  En  second  lieu,  en  supposant  même  que  les  hypogées 
soient  accessibles,  on  n'y  trouve  que  des  momies  brûlées,  calcinées,  qui  tomlx'ut  en  poussière 
au  plus  petit  contact  de  la  main.  J'ai  certainement  vu  des  voyageurs  briser  plusieurs  milliers 
des  vases  qui  les  contiennent  sans  en  trouver  une  seule  qui  valût  la  peine  d'être  transportée. 
Consultez  à  ce  sujet  les  ouvrages  spéciaux  et  vous  verrez  que  l'hypogée  des  ibis  de  Sakkara  n'a 
jamais,  depuis  qu'il  est  connu,  fourni  un  document  digne  de  figurer  dans  une  collection.  Le 
Musée  de  Boulaq  en  possède  deux  à  la  vérité.  Mais  ils  sont  exposés  pour  la  toile  ijui  les  recouvre, 
laquelle  est  exceptionnellement  curieuse,  et  non  pour  l'oiseau  momifi(''  qui.  à  l'inti-rieui'.  n'est 
certainement  qu'un  amas  de  cendre.   » 

Les  momies  de  Sakkara  ouvertes  à  Lyon  contenaient  dans  la  plupart  des  cas,  abstraction 
faite  des  fausses  momies  bourrées  de  débris  de  plumes  ou  de  briques,  des  ossements  d'Ibis 
œthiopica;  quelques  spécimens  seulement,  tout  à  fait  semblables  aux  autres,  renfermaient  soit 
des  restes  de  musaraignes,  soit  des  os  d'une  seconde  espèce  d'iltis.  Vibis  noir  des  anciens, 
Plegadis  falcineUiis. 

A  Touné,  les  ibis  ont  été  embaumés  sépar-ément  et  conservés  dans  des  vases  en  terre 
cuite  rouge,  ainsi  qu'à  Sakkai'a  ;  mais  les  momies,  au  lieu  d'être  protégées  chacune  dans  un 

'  Ollivier,  Voyage  dans  l'Empire  Olloman,  t.  II,  p.  94,  180i. 


120 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


Fig.  07. 


^ 


^  pOs    fe 


^m  \^^  f^'ul^Ê'-r^^ 


Fia;.  68. 


Fig.  69. 


Fig.  70. 


Fig.  71. 
Mo.MiES  d'ibis  de  Sakkara.  (1  3  gr.  nat.) 


OISEAUX 


121 


vase  particulier,  ont  été  réunies  pai-  quatre  ou  cmq  exemplaires  dans  des  vases  de  plus  grandes 
dimensions. 

Ces  vases,  fermés  non  par  un  couvercle,  mais  par  une  simple  gai'niture  de  plâtre  coulée 
sur  l'orifice,  sont  de  deux  foi-mes  diflérentes  :  les  uns  coniques,  à  fond  arrondi,  sont  évasés  du 
côté  de  l'ouverture  (flg.  72)  ;  les  autres,  arrondis  également  vers  le  fond,  sont  cvlindri(pies  et 
légèrement  resserrés  à  l'orifice  (fig.  73). 

Des  vases  plus  grands  que  les  précédents,  de  forme  i)lus  allongée,  étaient  aussi  en 
usage  à  Touné.  Ceux-ci  sont  pleins  d'ossements  d'ilns  de  nombreux  individus,  sans  aucune 
trace  ni  de  ])itume,  ni  de  la  matière  noii-àtre  et  cendi'ée  qui  entoure  les  petits  animaux 
conservés  dans  les  pots  de  Sakkara  et  les  autres 
vases  de  Touné  décrits  plus  haut.  Ces  ossements 
ne  sont  pas  les  restes  d'oiseaux  introduits  entiers 
dans  ces  pots,  puis  détériorés  peu  à  peu  au  cours 
des  siècles;  ils  proviennent  proltahleinent  de  momies 


Fig.  72.(1/6  gr.  nat.)  Fig.  73.(1   5  gr.  nat.) 

Vase  en  terre  cuite  renfermant  des  ibis  de  Touné. 


brisées  à  une  époque  ancienne  et  dont  on  a  recueilli  alors,  par  grandes  (piantiti's,  les  débris 
osseux  dans  de  nouveaux  vases.  Voici  quel  était  le  contenu  de  l'un  d'eux  :  il  justifie  bien, 
semble-t-il,  notre  supposition.  Au  uulieu  de  plusieurs  centaines  d'os  d'iliis  plus  ou  moins 
1)risés,  il  y  avait  52  humérus  et  seulement  11  crânes  àUbis sethiopica.  On  a  trouvé,  déplus, 
mêlés  à  ces  restes,  les  ossements  suivants  :  humérus  di'oit  à'Hetyesfes  ichneiiinon  L.  ;  fémur 
gauche  d'un  faucon  de  la  taille  de  Falco  hnhyhnicus ;  deux  humérus  d'oiseaux  de  proie 
diurnes;  extrémité  distale  d'un  métatarsien  gauche  d'échassier  plus  grand  que  Ciconia  alba 
(la  trochlée  du  doigt  interne  est  très  courte,  les  dimensions  et  la  structure  de  ce  métatarsien 
paraissent  se  rapporter  à  Taiifalus  ////.v)  ,•  enlin  une  eoipiille  de  jeum^  gastropode.  Mckidomus 
Boltenianus,  Chemnitz. 

Ainsi,  un  seul  vase  de  Touné  renfermait,  outre  ces  divers  débris,  des  restes  d'au  moins 
vingt-six  ibis.  Lorsqu'on  se  rappelle  que,  dans  plusieurs  hypogées,  les  pots  de  momies  sont 
entassés  jusqu'au  faite  des  galeries,  on  peut  se  faire  une  idée  de  la  prodigieuse  quantité  d'ani- 
maux qui  a  été  amoncelée  dans  ce  pays  pendant  la  longue  durée  de  la  civilisation  égyptienne. 

Arch.  Mus.  t.  VIU  "  16 


122  FAIXK    DE   L'ANCIENNE    EGYPTE 

Poun[uoi  l'ibis  était-il  aJoi'é  dos  Égyptiens  ?  Quelle  (li\-inité  symbolisait-il  à  leurs 
yeux  ? 

L'ibis  était,  dès  la  plus  haute  antiquité,  consacré  à  Isis.  Cette  divinité  personnifiait  la 
vallée  du  Nil,  la  Terre  féconde  de  l'Egypte.  L'ibis  était  donc  l'tunldème  de  l'Egypte. 

Hérodote  a  rapport(^  qu'il  y  avait  en  Eg^'pte  deux  sortes  d'ibis,  le  blanc  ci  le  noir  ;  «  le  noir 
était  proprement  l'ennemi  des  serpents  et  faisait  sa  demeure  à  l'entrée  des  déserts,  tandis  que 
le  blanc  était  un  oiseau  domestique  ».  Il  raconte  ensuite,  d'après  la  légende  égyptienne,  les  com- 
bats livrés  aux  serpents  par  les  ibis,  aux  environs  de  la  ville  de  Bouto.  La  plupart  des  histo- 
riens grecs  et  latins  ont  reproduit  cette  version.  «.  Les  ibis  noirs  combattant  pour  la  terre  dont 
ils  sont  les  alliés,  écrit  EUien,  ne  permettent  pas  aux  légions  pestiférées  des  serpents  volants  de 
passer  de  l'Arabie  sur  les  confins  de  l'Egypte.  Los  autres  ibis  tuent  les  serpents  que  les  allu- 
vions  du  Nil  y  attirent  de  l'Ethiopie,  allant  d'abord  au-devant  de  leurs  tentatives  ;  voilà  ce  qui 
empêche  les  Egyptiens  de  péril'  par  Tarrivée  des  serpents.  » 

On  peut  admettre,  croyons-nous,  que  ce  combat  des  ibis  avec  les  serpents,  pris  à  la 
lettre  pai'  les  historiens,  n'est  sans  doute  autre  chose  qu'une  métaphore  égyptienne  mal  inter- 
prétée. Chaque  année  au  printemps,  les  vents  du  sud  soufflent  des  jours  entiers  sur  l'Egypte, 
ils  entrainent  avec  eux.  et  i-épandent  sur  tout  le  pays  une  poussière  épaisse  et  brûlante  ;  peu 
à  peu  les  plantes  se  dessèchent,  les  animaux  languissent;  des  épidémies  se  développent  comme 
en  ce  moment,  (jui  déciment  la  population.  Si  cet  état  de  choses  durait,  la  plupart  des  êtres 
seraient  vite  anéantis,  le  désert  gagnerait  la  vallée.  Mais  bientôt,  les  pluies  abondantes  de  la 
région  des  grands  lacs  rafraîchissent  l'air  ;  le  Nil.  grossi  de  nouveau,  rend  à  l'Egypte  sa 
fécondité,  c'est-à-dire  la  vie. 

Les  prêtres  égyptiens  s'exprimaient  dans  un  langage  imagé  mais  très  concis  et  familier  à 
tout  le  monde,  écrit  Savigny  ',  «  au  lieu  de  dire,  par  exemple  :  les  sables  où  vivent  les  cérastes 
sont  emportés  dans  les  airs;  ils  nous  arrivent  avec  de  fâcheuses  maladies,  peut-être  couvriront- 
ils  nos  champs  cultivés  ;  peut-être  qu'il  nous  faudra  pérh'  et  que  bientôt  les  serpents  venimeux 
posséderont  cette  terre  qui  est  notre  patrie,  comme  ils  possèdent  aujourd'hui  les  déserts.  Ils 
disaient  simplement  :  les  serpents  volants  envahiront  l'Egypte.  De  même,  quand,  par  l'effet 
du  vent  du  nord,  le  pays  s'était  assaini  et  que  leurs  ibis  sacrés  avaient  repai'u  avec  des  eaux 
fécondantes,  on  disait  :  les  ibis  ont  conihattii  les  serpents  volants.  » 

En  réalité,  la  première  cause  de  la  vénération  de  l'ibis  vient  de  la  croyance  d'après 
laquelle  la  fécondité  et  la  salubrité  des  terres  étaient  dues  à  l'ibis.  Les  Egyptiens  ayant  remar- 
qué la  coïncidence  de  la  crue  du  Nil  et  de  l'arrivée  des  i])is,  s'étant  aperçus  qu'une  terre  rendue 
féconde  et  salubre  par  les  eaux  douces  était  aussitôt  habitée  pai"  eux,  crurent  que  la  présence  de  ces 
oiseaux  était  liée  à  la  fécondité,  à  la  salubrité  de  leurs  terres  et  à  l'inondation  du  Nil.  «  Cette 
idée  se  rattachant  au  phénomène  duquel  dépendait  leur  conservation,  je  veux  dire  aux  i''pan- 
chements  pi''riodiques  du  fleuve,  fut  le  premier  motif  de  leur  vénération  pour  l'ibis  et  devint  le 
fondement  de  tous  les  hommages  qui  constituèrent  ensuite  le  culte  de  cet  oiseau-  ». 

Les  historiens,  voyageurs  et  naturalistes,  ont  tous,  jusqu'au  commencement  du  siècle 
dt-rnier,  donné  pour  véridique  la  légende  du  combat  des  serpents  avec  les  ibis.  C'est  la  raison 


'  Savigny,  Histoire  naturelle  et  mythologique  de  l'ibis,  p.  9i,  Paris,  1805. 
-  Savigny,  ihid,  p.  70. 


OISEAUX  123 

poui"  laquelle  on  fut  si  longtemps  incertain  sur  l'idcntit»''  de  l'il)is  égyptien  (pii  était  toujours 
recherché  parmi  les  oiseaux  se  nourrissant  de  reptiles. 

A  cette  époque,  Bruce,  Guvier,  Savigny  purent  identifier  ril)is  sacré,  l'ibis  ])lanc  des 
anciens  à  Ibis  cBthiopica .  Dans  son  nK'uioin!  sur  cet  oiseau,  Guvier  '  prétendit  bien  avoir  trouvé 
à  l'inti'riiMU' d'une  momie  ((  des  d(''])ris  non  encore  digérés  de  peau  et  d'écaillés  de  serpents  », 
mais,  depuis,  les  naturalistes  et  les  voyageurs  ont  reconnu  que  l'ibis  ne  s'attaque  pas  aux  ser- 
pents, qu'il  se  nourrit  exclusivement  de  mollusques  d'eau  douce,  ce  qui  explique  pourquoi  l'ibis 
sacré  n'a  jamais  été  vu  auprès  des  grands  lacs  saumàtres,  comme  le  lac  Menzaleh,  qui  bordent 
la  Méditerranée. 

En  ce  qui  concerne  l'i])is  noir,  on  a  démontré  qu'il  ne  pouvait  s'agii'  ({uc  du  falcinelle 
dont  OUivier  avait  déjà  reman;[ué  quelques  débris  parmi  les  momies  de  Sakkara.  Le  nom  ara]3e 
actuel  de  cet  ibis  est  du  reste  presque  identique  à  celui  que  les  anciens  ont  donné  de  l'ibis  noir. 
jVyant  recueilli  de  notre  côté,  des  l'cstes  momifiés  de  plusieurs  individus  de  Plegadis  falcuiollus, 
l'identité  du  falcinelle  et  de  l'ibis  noir  ne  paraît  plus  douteuse. 

A  l'origine,  l'ibis  fut  adoré  comme  le  symbole  de  la  Terre  et  de  l'Eau,  ce  mélange  d'où 
naissaient,  sous  l'influence  de  la  chaleur  du  sdlcil.  tous  les  êtres  organisés,  les  animaux  et  les 
plantes.  Cette  terre  féconde,  Isis,  était  la  principale  divinité  des  Egyptiens  à  laquelle  ils 
vouaient  les  prémices  de  ses  productions  et  surtout  les  brillantes  fleurs  de  lotus.  Isis  avait  pour 
époux  Osiris.  «  Celui-ci  était  la  force  active  et  vivifiante,  la  pai'tie  mâle  de  l'univers.  Isis  était 
la  force  passive,  partie  femelle,  féconde  de  tout  temps.  Dans  l'ancienne  tradition  c'était  Osh'is 
({ui  avait  donné  l'ibis  à  l'Egypte.  Osiris  fit  venii'  de  grandes  troupes  d'i])is  pour  la  délivrer  des 
multitudes  de  serpents  engendrés  par  la  corruption  du  limon,  qui  (''tait  devenue  dangereuse,  à 
tel  point  que  beaucoup  de  personnes  y  périrent,  entre  autres  Canope,  nautonier  d'Osiris^.  » 

Plus  tard,  l'ibis  devint  le  sym])olo  du  Nil  en  même  temps  que  de  Toth,  dieu  de  la  science 
et  de  la  médecine,  l'esprit  personnifié.  Les  Egyptiens  nommaient  ce  dieu  Toth  ou  Téchouth,  le 
deux  fois  grand  ;  les  Grecs  l'appelaient  Hermès  Trismégitos  ou  le  trois  fois  grand.  Toth-ibis 
(_'t  le  Nil  défendaient  l'Egypte  et  les  Egyptiens  contre  leurs  ennemis.  A  cette  époque,  le  soleil, 
(pi'on  l'appelât  Rà  ou  Horus,  constituait  donc  avec  le  Sol  fécond  de  l'Egypte  et  Toth-i])is  ou  le 
Nil  (père,  fils,  esprit),  une  sorte  de  trinité  objective,  matérielle,  que  le  fellah,  sinon  le  prêtre, 
interrogeait,  invoquait  l'année  durant.  Le  jieuple  de  la  vallée  du  Nil  adorait  cett(?  trinité 
charmante  sous  la  protection  et  dans  l'intimité  de  laquelle  il  vivait  ;  en  retour,  elle  lui  prodiguait 
«  les  choses  douces  et  pures  »  que  l'Egyptien  avait  coutume  de  demander  aux  divinités  jusque 
sur  les  sarcophages  de  ses  morts. 

*  Guvier,  Annales  du  Muséum,  p.  132. 

-  Savigny,  Hist.  nul.  e(  myih.  de  l'ibis,  p.  144,  1805. 


RAPACES    DIURNES 


FAMILLE    DES   FALCONIDÉS 


SOUS-FAMILLE  DES  MILYINES 


Gkxrk    JMILYrS.    Brissox 

MIL  vus  ^GYPTIUS,  Gmelin. 

(PI.  II.) 

Le  Prtrasiie,  Levaillant,  Histoire  naturelle  des  oiseaux  d'Afrique, ■p.  88,  pi.  XXII  (Paris,  1790). 

Milvus  xtolius,  Savigny,  Système  des  oiseaux  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie  (Description  de  l'Egypte,  1828,  vol. 

XXllI,  p,  260,  pi    III,  fig.  1). 
Milvus    xgyptius,   Gray,    Cat.    accipitres,    p.    44    (1848)    —    Shelley,    Birds    of  Egypt,  p.    196   (1872).  — 

B.  Sharpe,  Cal.  of  the  lards  in  the  Brilish  Muséum,  vol.  I,  p.  320  (1874). 
Nom  égyptien  :  Iladdâyeh,  d'après  Savigny',  Hedaich,  suivant  Shelley-. 

Milri's  (l'tijiplius.  Gm.,  est  dos  plus  communs  parmi  les  oiseaux  momitiés  de  l'ancienne 
Egypte.  Siii'  500  oiseaux  de  proie  examinés,  nous  avons  l'oconnu  42  milans  de  cette 
espèce  :  21  proviennent  des  hypogées  de  Kôm-Um])o,  18  des  environs  de  Gizé  et  3  de  Rôda 
(Haute-Egypte). 

Ghez  Milciis  iefiiipi'n'-s  les  narines  sont  obliques  et  ovales. 

Le  tarse  est  emplum<''  en  avant  sur  le  tiers  de  sa  longueur  em'iron  :  la  [larfie  nue  du  tarse 
est  moindre  tpie  la  longueiu-  du  doigt  médian  sans  ongle.  Le  tarse,  écailleux  devant,  est  réticulé- 
en  arritTe.  Les  doigts  sont  courts;  l'externe  est  légèrement  plus  long  que  le  doigt  interne. 

La  cire,  le  bec  et  les  tarses  sont  jaunes. 

Longueur  du  tarse  :  54  à  56  mill.  Longueur  du  iloigt  luiVlian  sans  ongle  :  35  à  38  ludl. 

Trois  espèces  de  milans  vivent  actuellement  en  Afrique.  Ce  sont  Milous  nufer.  Brisson. 
Mllrns  n'ijalis.  rîrisson,  et  Milvus  ;vfij/pli)is.  (]elle-ci  e.st  la  jibis  al)ondante  des  trois;  elh^  se 

'  Système  des  oiseaux  de  l'E.nypte  (Descript.  de  l'Egyple,  vol.  XXIII,  p.  260,  182S). 
-  Birds  of  Egypt,  p.  196,  1872. 


RAPACES   DIURNES  125 

distingue  des  deux  autres  pai'  les  pi'oportions  de  ses  tarses  et  dc^  ses  doigts,  ainsi  (|ue  par  la 
couleur  di'  son  bec. 

Milvus  nigcv  et  Milvus  regalis  ont  le  bec  noii'  ou  brun.  Milrys  xyyptms  adulte  a  le  bec 
jaune. 

La  longueur  moyenne  du  tarso  est.  d'après  M.  Fatio',  de  49  à  50  pour  le  milan  royal,  de 
49  à  53  pour  le  milan  noir.  Chez  le  milan  égyptien,  le  tai'se  est  un  peu  plus  grand,  il  atteint 
toujours,  d'après  nos  mensurations,  de  54  à  56  millimètres  comme  l'a  indiqué  Shelley  dans 
son  étude  sur  les  oiseaux  de  l'Egypte.  Mais  la  longueur  de  ses  doigts  est  au  contraire  relati- 
vement plus  faible  que  chez  Milvus  regalis  et  Milvus  niger. 

Ses  doigts  courts  et  son  tarse  grêle  font  de  Milvîfs  xgg2)tius  un  oiseau  moins  fort  et 
rapace  que  les  autres  espèces  du  même  genre.  En  Egypte,  le  Parasite  pue  le  même  rôle  que  le 
milan  noir  dans  l'Europe  méridionale.  Il  rend  service  aux  habitants  en  se  nourrissant  des 
débris  organiques  abandonnés  sur  le  sol. 

De  nos  jours,  Milvus  œgyptius  se  rencontre  dans  tous  les  villages  de  l'Egypte  et  de  la 
Nubie  où  on  l'aperçoit  en  grand  nombre  perché  sur  le  sommet  des  maisons.  Il  fait  son  nid  en 
mars,  habituellement  sur  un  arbre  à  peu  de  distance  des  habitations. 

Wilkinson-  cite  le  milan  dans  la  liste  des  animaux  momifiés  parles  Egyptiens,  mais  sans 
indication  d'espèce. 

Le  s(pielette  de  Mi/rus  cvggjjfius  rappelle,  dans  son  ensemble,  celui  de  la  bondrée, 
Pernis  a^rirorus.  Ces  espèces  se  rappi'ochent  l'une  de  l'autre  pai"  divers  caractères  qui  les 
séparent  de  la  plupart  des  autres  rapaces  diurnes  :  leur  tête  osseuse  est  allongée,  comprimée 
latéralement  en  arrière  ;  l'aile  est  très  grande  comparativ(Mîient  à  la  patte  dont  le  fémiu'  et  le 
tibia  ont.  dans  ces  deux  rapaces,  à  peu  près  les  mêmes  propoi'tions  ;  le  tarse  est  également  large 
et  coui't  clicz  le  milan  comme  chez  la  Iiondrée,  mais  sa  conlbrniation  est  très  différente,  elle 
permet  de  distinguer  les  deux  formes  à  première  vue.  Dans  la  ])nnili'ée,  la  ci-ête  interne  du  talon, 
en  haut,  à  la  face  postérieure,  est  longue  et  oblique,  elle  s'avance  en  dehors  pour  se  réunir 
presque  à  la  crête  externe  et  former  en  arrière,  comme  chez  le  balbuzard,  la  gouttière  où  cou- 
lisse le  tendon.  Chez  les  milans,  la  gouttière  tendineuse  est  toujours  ouverte  par  suite  du 
développement  parallèle  des  deux  crêtes  supérieui-es  du  talon. 

Le  ])assin  d»^  Milvus  ivgg^^fius  est  assez  d(''veloi)pé  en  avant  des  cavités  cotyloïdes.  il  est 
remarqualile  par  ses  trous  sacrés  toujours  largement  ouverts.  Le  iëmur  pr(''sente  un  grand 
orifice  pneumatique  situé  à  la  base  de  la  crête  trochantérienne.  à  quelque  distance  de  l'articu- 
lation, comme  dans  la  plui)art  des  oiseaux  de  proie  diurnes,  en  exceptant  les  faucons  chez 
lesquels  il  est  placé  tout  à  fait  à  l'extrémité  supérieure  du  fémur. 

Le  squelette  de  Milrus  œgi/ptius  se  distingue  de  celui  de  Milrns  rcijulis  par  de  légères 
différences  dans  les  proportions  des  l'ayons  osstHix  de  ses  membres,  notamment  par  le  très 
faible  développement  de  ses  doigts.  Le  doigt  interne  des  espèces  de  milans  offre  une  pai'ticularité 
que  nous  n'avons  remarquée  dans  aucune  autre,  sauf  chez  le  pygai'gue,  Haliuetus  albicillus. 
La  phalange  basale  très  réduite  a  été  trouvée  soudée  à  la  seconde  phalange  chez  tous  les  indi- 
vidus examinés. 

'  Fatio,  les  Oiseaux  de  la  Suisse,  Genève,  18'.:)9,  vol.  II,  p.  46  et  -iO. 

^  G.  Williinson,  the  Manners  of  the  ancienl  Egyptien,  London,  1878,  vol.  III,  p.  261. 


126  FAUNE   DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  MILVUS  .EGYPTICS.  Gni. 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vert,  cervicale  à  l'extrémité  de  la  queue     .     .     245"'" 

—  delà  tête  osseuse 75 

—  —  du  frontal  à  l'occiput 45 

Largeur  maximum  du  crâne 40 

Largeur  interorbitaire 14 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec) 45 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 64 

Largeur  du  sternum  en  avant 38 

—  —         en  arrière 42 

Hauteur  du  bréchet 18 

Longueur  du  coracoïdien 40 

— •            de  l'omoplate 57 

—  de  l'humérus 115 

—  du  cubitus 133 

—  du  métacarpien .  64 

—  du  doigt  principal 47 

—  du  bassin 53 

Largeur  antérieure  du  bassin 28 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 36 

Longueur  des  vertèbres  caudales 48 

—  du  fémur 63 

—  du  tibia 82 

—  du  tarso-métatarsien 54 

—  totale  du  doigt  médian ■     • 46 

—  —  externe 35 

—  —  interne 33 

—  —  pouce 32 

MILVUS  REGALIS,  Brisson. 

M/lvus  7-egalis,  Briss.  Ornith.,  p.  414  (1760).  —  Shelley,  Birds  ofEffypl,  p.  195(1872). 

Milvus  iclinus,  Savigny,  Si/stème  des  oiseaux  de  V Egypte  et  de  la  Syrie  (Descript.  de  l'Egypte,  1828,  t.  XXIII, 

p.  250).  —  B.  Sliarpe,  Cat.  of  the  Accipitres  in  the  Brit  Mus.,  p.  319  (1874).  —  Tristram,  the  Fauna 

and  Flora  of  Palestine,  p.    102  (1884). 
Milvus  vulgaris,  Gould,  B.  Europ.,  I.  pi.  XVVllI  (1837). 

Le  milan  cominnn  n'est  l'epi'ésenté  dans  la  collection  ([ue  par  un  seul  spécimen  provenant 
de  la  Basse-Eyypte,  des  environs  de  Gizé. 

Bien  que  tous  les  caractcTcs  anatomiques  de  cet  oiseau  coi-respondent  à  ceux  de  Milcus 
regalis,  on  ne  doit  si.iinaler  cette  espèce  qu'avec  réserve  et  provisoirement,  en  attendant  que 
d'autres  exemplaires  en  aient  été  trouvés. 

Le  tarse  est  emplumé  en  avant  sur  la  moitié  de  sa  longueur  :  il  est.  ainsi  que  chez  Milvus 
cegyptiusi  écaillenx  devant  et  réticidé  en  arrière,  mais  ses  dimensions  sont  un  peu  plus 
faibles.  La  cire  et  les  pieds  sont  jaunes.  Le  bec  est  brun. 

Longueur  du  tarse  :  .50  centimètres.  Longueur  du  doigt  niiVlian  sans  ongle  ;   11  millim. 

Ces  proportions  s'écartent  sensiblement  de  la  limite  des  variations  iiidi\-iduelles  signalées 
l)Our  Milcus  ii'fJi/j't/'/is,  (im.  :  elles  se  rapportent  tout  à  fait  à  colles  indiquées  par  M.  Fatio  ' 

'  Fatio,  Histoire  naturelle  des  oiseaux  de  la  Suisse,  Genève,  1899,  vol.  II,  p.  40. 


RAPACES  DIURNES  127 

pour  Milcus  regalis,  Bi".  Celui-ci  a  le  tarse  plus  court,  plus  épais,  les  doigts  un  peu  plus 
longs  que  le  milan  égyptien,  et  c'est  précisément  par  tous  ces  caractères  que  le  milan  des 
environs  de  Gizé  se  différencie  des  autres  milans  momifiés. 

Les  auteui's  ne  sont  pas  d'accord  sur  l'habitat  de  Mil  vus  regalis.  D'après  Brehm,  il  vit 
dans  toute  l'Europe,  de  la  Suède  en  Espagne  et  jusqu'en  Sibérie.  On  le  rencontre  aussi,  mais 
plus  i-arement,  dans  le  nord-est  de  l'Afrique  et  en  Egypte.  Riippell  a  prétendu  qu'il  était 
abondant  dans  la  Basse-Egypte,  mais  Shelley',  sans  contester  que  cette  espèce  se  rencontre 
en  Egypte,  croit  que  Riippell  est  dans  l'erreur  :  «  Milous  xgyplius  est,  dit-il.  le  seul  milan 
commun  dans  la  contrée.  »  L'étude  des  oiseaux  momifiés  confirme  l'opinion  de  Shelley. 

Tristram  signale  Milvus  regalis  dans  la  faune  actuelle  de  la  Palestine,  où  il  est  connu 
des  Ai-abes  sous  le  nom  à'Essaf.  Il  est  probable  que  l'Asie  Mineure  et  la  Palestine  sont  les 
limites  sud-orientales  de  l'aire  de  ce  milan,  de  même  que  le  nord  de  l'Afrique  est  sa  limite 
méridionale. 

Genre  PERNIS.    Cuvier 

PERNIS  APIVORUS,  Linné. 

La  Bondrée,  Sriss.,  Ornith.,  p.  410  (1760). 

Falco  apivorus,  Linné,  Syst.  nai.,  p.  130  (1766). 

Le  Tachard,  Levaillant,  Hist.  nal.  des  oiseaux  d'Afrique,  p.  82,  pi.  XVI  (1799). 

Pernis  apivorus,  Gould,  B.Europ..  I.  pi. XVI  (1837).—  Gray,  Gen.  Birds,p\AX.  fig.  3  (1845)— Shelley,  Birds 

of  Egypt,  p.  149  (1872).  —  B.  Sharpe,  Cai.  Accipitres   in  the  Brit.  Mus.,  p.  H44,  vol.  I  (1874).  — 

Tristam,  Fauna  of  Palestine,  p.  103(1884) 

Trois  rapaces  de  cette  espèce  ont  été  reconnus  pai'mi  les  oiseaux  momifiés  de  l'ancienne 
Egypte.  Deux  viennent  des  hypogées  de  Gizé,  le  troisième  est  de  Kùm-Ombo. 

Les  bondi'ées  se  distinguent  facilement  des  autres  oiseaux  de  proie.  Elles  ont  la  tête 
allongée,  très  comprimée  latéralement.  Les  narines  sont  elliptiques  et  grandes.  Le  bec  est 
long,  peu  recourbé,  avec  une  ai'ête  bien  mai^quée  et  des  bords  faiblement  ondulés.  La  cire  est 
nue  et  longue.  La  longueur  du  bec  et  de  la  cire  réunis  est  presque  égale  à  la  longueur  du 
crâne. 

Le  tarse  est  épais,  un  peu  plus  court  que  le  doigt  médian  av("C  l'ongle  ;  il  est  emplumé 
sur  la  moitié  de  sa  longueur,  mais  en  avant  seulement  ;  sur  les  autres  parties  de  sa  surface,  il 
est  réticulé. 

Les  doigts  ont  une  longueur  moyenne,  les  ongles  sont  acérés  et  longs,  surtout  ceux  du 
])oucc,  du  médian  et  du  doigt  interne.  Lt^s  doigts  latéraux  ont  environ  la  mêuKî  longueur  : 
mesuré  sans  l'ongle,  le  doigt  externe  est  un  peu  plus  grand  que  l'interne  :  avec  l'ongle,  c'est  au 
contraire  le  doigt  interne  qui  est  le  plus  grand,  pai'  suite  des  dimensions  plus  faibles  de  l'ongle 
externe  ; 

Longueur  du  tai'se  :  53  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  4  1  uull. 

Par  l'ensemble  de  ses  caractères,  principalement  pai'  ses  tai'ses  courts,  et  sa  tête  étroite,  la 

'  Shelley,  Birds  of  Egypt,  p.  196. 


128  FAUNE   DE   I/ANCIENXE   EGYPTE 

l)ondi'ée  apivore  est  voisine  des  milans.  Mais,cliez  ceux-ci,  l'aspect  du  tai'se  et  la  loni^ueui'  des 
doigts  sont  bien  différents.  Le  tai'sedes  milans  estécailleux  en  avant,  aloi-s  qu'il  est  entièrement 
réticulé  chez  les bondrées  ;  en  outre,  les  doigts  de  Prr/u's  apiKunis  sont  proportionnellement 
bien  plus  longs  que  ceux  des  milans. 

On  ne  connaît  que  trois  espèces  du  genre  Periiis  :  Po-nis  2)ti-lonor]ujncJius,T(ixm\\., 
do  la  Malaisie  et  de  l'Inde,  Peniis  celehensis,  Walden,  des  Gélèbes,  et  Pernis  apivorus,  L., 
([ui  se  rencontre  dans  toute  l'Europe,  i^auf  l'extrême  Nord,  ainsi  qu'en  Afrique  et  à  Madagascai* 
pendant  l'hiver.  Ces  formes  ont  toutes  la  même  taille  et  des  membres  de  mêmes  proportions; 
elles  ne  se  distinguent  que  pai'  des  différences  peu  importantes  du  plumage.  On  observe  même  en 
Syrie  des  spécimens  présentant  des  particularités  intermédiaires  entre  la  forme  eui'opéenne, 
Pernis  apii:o>-i(s,  L.,  et  la  bondi'ée  huppée  de  Java',  Pernis pl'donorlujnchus ,  Temm.  Ces  trois 
formes  de  bondrées  ne  sont  peut-être  que  des  vaiùétés  locales  d'une  seule  espèce. 

Quoi  qu'il  en  soit.  l(>s  bondrées  de  l'ancienne  Egypte  appai'tiennent  bien  à  la  vai'iété  ou  à 
l'espèce  d'Europe,  Pernis  apirorns.cai'  il  n'a  pas  été  possible  de  trouver  trace,  chez  ces  oiseaux 
de  proie,  des  quelques  plumes  raides  et  longues  qui  constituent  la  ci'ète  de  Pernis  j)filono- 
rhyncJius  et  caractérisent  la  bondrée  de  l'Inde. 

Heugiin  et  Brehm  reconnaissent  que  Pernis  apncorus  \'\\,  en  Afrique,  mais  ils  disent 
qu'elle  ne  se  montre  que  dans  l'ouest  et  qu'on  ne  la  rencontre  pas  dans  le  nord-est  du  continent. 
Suivant  Rûppell.  la  bondrée  apivore  serait,  au  contraire,  commune  en  Egypte  et  en  Arabie. 

Nos  observations  établissent  que  Pernis  apivorus  vivait  autrefois  dans  le  nord-est  de 
rAfi'ique,maisle  petit  nombre  qu'on  en  a  trouvé  ne  permet  pas  de  dh'e  qu'elle  y  était  commune. 

Il  est  probable  que  la  bondrée  apivore,  très  sensil)le  au  froid,  se  renconti'e  encore  en  hiver, 
dans  la  vallée  du  Nil,  mais  elle  n'y  est  sans  doute  pas  plus  fréquente  qu'à  l'époque  ptolémaique. 
Shelley  la  cite  d'ailleurs  au  nombre  des  oiseaux  de  l'Egypte  moderne. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  PERXIS  APIVORUS,  L. 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  1"'  vertèbre  cervicale    à   l'extrémité  de  la  queue     .  260°"" 

—  de  la  tête  osseuse 81 

—  du  frontal  à  Tocciput 49 

Largeur  maximum  du    crâne 39 

—  interorbitaire 12 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  en  suivant  la  courbure  du  bec 42 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 72 

Largeur    du  sternum  en  avant 36 

—  —         en  arrière 43 

Hauteur  du  bréchet 16 

Longueur  du  coracoïdien 42 

—  de  l'omoplate 62 

—  de  l'humérus 112 

—  du  cubitus 125 

du  métacarpien 62 

—  du  doigt  principal 51 

—  du  bassin 60 

'  B.  Sharpe,  Catal.  ofthe  Occipit.  oftheBril.  Mus.,  vol.  I,  1874,  p.  349. 


RAPACES  DIURNES  129 

Largeur  antérieure  du  bassin 29°"" 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotjloïdes 38 

—  des  vertèbres  caudales 52 

—  du  fémur 60 

—  du  tibia 90 

—  du   tarso-métatarsien 53 

—  totale  du  doigt  médian 60 

—  —  externe ...  45 

—  —  interne 47 

—  —  du  pouce ...  37 


Gp:nre    ELAN  us,    S.wigny 

ELANUS   CSIRULEUS,  Desfontaines. 

Falco  cœruleus,  Désf.,  Mém.  Acad.  roy.  des  sciences,  1787,  p.  503,  pi.  XV. 

Le  5i!ae,  Levaillant,  Hisl.  nai.  des  Oiseaux  d'Afrique,  p.  147,  pi.  XXXVI,  XXXVII  (1799). 

Elanus   cxsius,    Savigny,    Syst.   des   Oiseaux  de   l'Egypte  et  de  la  &\v\&  (Descripl.  de  l'Egypte,  vol.    XXIII, 

p.    276  (18-i8). 
Elanus  melanopterus,  Gould,  Ihe  Birds  of  Europe,  I.  pi.  XXXI  (1837). 
Elanus  cxruleus,  .Shelley,  Birds  of  Egypt,  p.  198  (1872). 
Sharpe,  Cal.  of  Brit.  Mus.  vol.  I,"p.  386  (1874). 

Suivant  Savigny,  les  Egyptiens  actuels  connaissent  cet  oiseau  sous  le  nom   de  honliyeh. 
Pai'mi  les  animaux  momifiés,  nous  avons  reconnu  en  totalité  quatre  individus  de  cette 
espèce  :  3  de  Kôm-Ombo  et  un  seul  de  R(')da  (Haute-Egypte). 

Elanus  ceeruleus  a  le  bec  cotu't  et  très  crochu. 

Les  narines,  de  moyenne  grandeur,  sont  sub-circulaires  et  horizontales. 

Les  tarses  courts,  épais,  couverts  de  plumes  en  avant  sur  les  deux  tiers  de  leur  longueur, 
sont  réticulés  sur  les  autres  parties. 

Dans  l'Élane,  le  doigt  médian  avec  ongle  est  plus  grand  que  le  tarse.  Les  ongles  sont 
recourbés  et  forts,  seuls  l'ongle  et  le  doigt  ext(>rnes  sont  faibles. 

La  queue  est  fourchue.  Les  ailes  sont  aiguës,  un  peu  plus  longues  que  la  queue. 

Elanus  ccendeits  a  le  front  et  les  cils  noh-s,  le  dos  bleu  cendré,  la  cire  et  les  pattes  jaunes, 
le  bec  noir.  Le  plumage  est  mou  comme  celui  des  rapaces  nocturnes. 

Longueur  du  tarse,  33  millim.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle.  20  niillim. 

AVrt;;.'<,s' r;Byv^/('^^s■  habite  l'Ati'i(iue  entière,  la  péninsule  indienne  et  Ceylan.  On  le  ren- 
contre aussi  en  Syrie  et  dans  le  sud-est  de  Tl^juropc 

Suivant  Shelley,  ce  petit  rapace  est  peu  commun  dans  la  Basse-Egypte,  mais  il  est  très 
abondant  au  sud  de  Thèbes  où  il  vit  par  paires  ne  s'associant  jamais  à  ses  semblaldes.  Il  niche 
vers  la  fin  de  février. 

Brehm  a  remarqué  que  l'I^lane  ressemble  par  ses  mœurs,  d'un  e(">t('',  à  la  buse,  de  l'autre 
au  milan  et  au  hibou.  «C'est  le  matin  et  le  soir  surtout  qu'il  chasse:  on  le  voit  chassant  encore 
au  crépuscule,  alors  que  les  autres  rapaces  diurnes  se  sont  d('j"à  livrés  au  repos.  On  ne  peut  le 
méconnaître  soit  qu'il  vole,  soit  qu'il  perche.  En  volant  il  tient  ses  ailes  relevées,  dételle  façon 

Arch.  Mus.  —  t.  VIII.  '17 


130  FAUNE   DE  L'/VNCIENNE   EGYPTE 

que  la  pointe  est  bien  au-dessus  du  corps.  Perché,  on  le  reconnaît  à  son  plumage  éclatant, 
brillant  aux  rayons  du  soleil.  En  Egypte,  il  se  repose  sur  les  poutres  des  puits  d'irrigation,  de 
là  le  nom  de  faucon  des  jiuits  qu'on  lui  a  donné  dans  ce  pays.  Dans  la  Nubie,  il  se  tient  sui- 
un  arbre  élevé,  d'où  il  peut  embrasser  un  vaste  horizon.  Il  se  nourrit  de  rongeurs  et  de  saute- 
relles. Souvent  il  mange  les  sauterelles  tout  en  volant  :  cpiant  aux  rongeurs,  il  les  porte  tou- 
jours sur  les  ai'bres.  Un  champ  un  peu  étendu  lui  fournit  de  la  nourriture  en  abondance.  Les 
petits  rongeurs  forment  le  fond  de  tous  ses  repas,  il  ne  mange  de  sauterelles  qu'accessoirement.  » 

La  tête  osseuse  à'Elaniis  cœrideus  est  triangulau'e,  très  élargie  dans  la  région  post-orbi- 
taire.  Par  ce  caractère,  l'Élane  se  différencie  à  première  vue  des  milans,  dont  le  crâne  est  au 
contraire  comprimé  sur  les  côtés  vers  l'occipital. 

Les  ailes  sont  bien  plus  faibles  relativement  que  dans  le  genre  Milcua.  La  fourchette  est 
plus  resserrée.  Le  sternum  ne  porte  que  six  ai'ticulations  costales.  En  outre,  le  bord  supérieur 
du  bréchet  est  oblique,  de  telle  façon  que  son  sommet  est,  comme  chez  les  hiboux,  à  une  plus 
grande  distance  de  la  fourchette  que  chez  les  oiseaux  de  proie  diurnes. 

Le  bassin,  le  fémur  et  le  tibia  rappellent  les  particulai'ités  morphologiques  des  milans, 
mais  le  tarse  est  plus  lai"ge  et  court  que  dans  ces  derniers,  les  doigts  sont  différents.  La  pha- 
lange basilaire  du  doigt  interne  est  bien  développée,  elle  n'est  pas  soudée  à  la  seconde  phalange 
comme  chez  Milvus  œgypiius  et  M.  re(jaUs. 

En  résumé,  la  grande  longueur  du  doigt  interne,  le  faible  développement  des  ailes, 
l'obliquité  du  bord  supérieur  du  liréchet  rapprochent  nettement  Elamis  cœndeus  des  rapaces 
nocturnes,  notamment  des  hulottes  (genre  Si/rnium).  L'Elane  bleu  est  voisin  des  milans  par 
les  proportions  de  ses  membres  postérieurs,  l'aspect  extérieur  de  ses  tarses  et  sa  queue  four- 
chue. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

D'ELAXUS    C.EIWLEVS,  Desf 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité  de  la  queue    .  17-4'""' 

Longueur  de  la  tête  osseuse 57 

—  du  frontal  à  l'occiput 38 

Largeur  maximum  du  crâne 34 

—       interorbitaire 9 

Longueur  de  la  mandidule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec) 27 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternalc  au  bord  postérieur) 41 

—  du  sternum  en  avant 25 

—  —       en  arriére 29 

Hauteur  du  bréchet 13 

Longueur  du  eoracoïdien 31 

—  de  l'omoplate 44 

—  de  l'humérus 76 

—  du  cubitus 90 

—  du  métacarpien 43 

—  du  doigt  principal 35 

—  du  bassin 38 

Largeur  intérieure  du  bassin 18 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 27 

Longueur  des  vertèbres  caudales 32 

—  du  fémur 49 


RAPACES  DIURNES  131 

Longueur  du  tibia 66""" 

—        du  tarso-métalarsien 33 

Longueur  totale  du  doigt  médian 40 

—  externe 26 

—  interne ' 32 

Longueur  totale  du  pouce 28 


Genrk   HALIAETUS,    Savigny 

HALIAETUS  ALBICILLUS,  Linné. 

Haliaëtus  nisus,  Savigny,  Système  des  oiseaux  de  l'Esypte  (Description  de  l'Egypte,  XXIII,  1828,  255). 
Haliaëtus   albicilla,    Gould,  Bircls  of  Europe,   pi.  X  (1837)  —  Shelley,   Birds  of  Egijpt,   p.   204  (1872).  — 
B.  Sharpe,  Cat.  of  Birds  Brit.  Mus.,  p.  302  (1874), 

HaliaiHus  nlb/cillus  est  roprésontépar  un  seul  individu  provenant  de  la  Haute-Egypte,  de 
Kùm-Ombo. 

Le  bec  del'aigie  pygai'gue  est  long,  haut,  très  recourbé  au  l)oiit.  presque  droit  en  arrière. 
Ses  narines,  de  moyenne  grandeur,  obliques,  s'ouvrent  près  du  bord  antérieur  de  la  cire. 

Tai'se  épais,  long  à  peu  près  comme  le  doigt  médian  avec  ongle,  emplumé  sur  la  moitié 
de  sa  longueur  en  avant  seulement  :  couvert  d'écaillés  plus  ou  moins  grandes,  et  hexagonales 
sur  la  face  postérieiu'e  ;  six  grandes  écailles  transversales  du  côté  antérieur.  Doigts  et  ongles, 
longs  et  forts. 

Longueiu' du  doigt  médian  sans  ongle  :  .59mill.  Longueur  du  tarse  :SUmill. 

L'aigle  pygargue  ha])ito  actuellement  l'Europe  entière,  le  nord  de  l'Afrique  et  la  plus  grande 
pai'tie  de  l'Asie. 

D'après  Shelley,  Halial/lits  albiciilt/s  i^Vik[iieaii'  sui'tout  la  région  des  lacs,  dans  la  Basse- 
Egypte,  11  semble,  suivant  Brehm  et  Shelley,  qu'il  y  ait.  sinon  deux  espèces  européennes  de 
pygai'gue,  du  moins  deux  variétés.  Le  pygargue  du  nord  atteint  des  dimensions  bien  plus 
considérables,  en  effet,  que  celui  des  régions  UK-ridionales  de  l'Europe  ou  du  nord  de  l'Afrique, 
La  tarse  di' Haliaëtus  alhiriUus  mesure  de  85  à  100  millimètres,  d'après  M.  Fatio'.  Suivant 
B.  Sharpe'  la  longueur  de  cet  os  varie  de  4  pouces  1  chez  le  mâle  à  4  pouces  6  chez  la  femelle, 
c'est-à-dire  de  J04  à  ilG  millimètres. 

L'aigle  pygargue  reconnue  parmi  les  oiseaux  momifiés  de  la  Haute-Egypte  a  une  taille 
beaucoup  plus  faible  ;  ses  tarses  n'atteignent  que  80  millimètres  de  longueur.  Ils  ont  donc  des 
dimensions  sensiblement  inférieures  à  celle  des  plus  petits  individus  observés  par  M.  Fatio. 
Shelley  considère  la  forme  égyptienne  comraiî  une  variété  locale  des  ])ygargues  d'Europe. 

Le  crâne  de  l'aigle  pêcheur  est  remar([ual)le  par  son  allongcnirut  antéro-postérieur  et  sa 
faible  largeur  post-orbitaire  ;  par  ce  caractère  il  se  rapproche  des  milans. 

L'aile  est  bien  développée  ;  l'hunn'rus,  li'  t'ubitus  et  le  radius  sont  longs  et  forts. 

'  Fatio,  Faune  des  vertébrés  de  la  Suisse  :  Oiseaux,  p.  105,  Genève,  1899. 
*  B.  Sharpe,  Calai,  of  the  accip.  Brit.  Mus.,  p.  302,  London,  1874. 


132  FAUNE    DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Le  stenunn  jirésente  des  proportions  assez  part iculirres  :  il  est  très  alluniiV',  avec  une  lai^geur 
aussi  grande  en  avant  qii'(>n  ari'ière  contraircuicnl  à  ce  qu'on  i-cuiarquc  dans  la  plupai't  des 
rapaces  diurnes  chez  lesquels  le  sici-num  est  hiujours  élar,ui  plus  ou  moins  dans  sa  partie  pos- 
térieure. 

Le  squelette  du  pyyargue  que  nous  avons  sous  les  yeux  offre,  un  outre,  un  cas  assez 
l'are  de  dyssymétrie.  La  face  latérale  gauche  du  sternum  porte  huit  articulations  costales,  tan- 
dis que  la  face  droite  n'en  a  (jue  sept  ;  il  y  a  du  côté  gauche  luie  C(">te  supidénientaire  placée  en 
arrière  des  sept  premières  homologues  de  celles  de  la  lace  droite. 

Les  rayons  des  membres  postérieurs,  le  tarse  et  le  tibia  surtout,  rappellent  également  beau- 
coup les  formes  et  les  proportions  du  geni-e  Mih'i's.  Les  doigts  sont  plus  puissants,  mais  le 
doigt  interne  offre  les  mêmes  pai'ticularités  que  nous  avons  signalées  chez  Milnis  segyptivs 
et  Mllvits  regaiis.  La  phalange  basilaire  très  réduite  est  fusionnée  en  une  seule  avec  la 
seconde  phalange. 

En  résumé  l'ensemble  du  s(pielette  tVHnh'ai'ti't;  (ilbici/h's  présente  de  grands  rapports 
avec  celui  des  milans.  Les  nomlireux  cai'actères  anatomiques  communs  aux  genres  Haliaelus 
et  Miln's  autorisent,  croyons-nous,  à  les  rapprocher  et  à  réunii'  le  pygargue  à  la  sous-famille 
des  jNIilvinés. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  HALIAETVS  ALUICILLVS.  Linné 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  rextrcmité  de  la    queue.  352"'" 

Longueur  de  la  tête  osseuse 97 

—  du  frontal  à  l'occiput 58 

Largeur  maximum  du  crâne    .  49 

—  interorbitaire 21 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec) 55 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 107 

Largeur  du  sternum  en  avant 51 

—               en  arrière 51 

Hauteur  du  bréchet 23 

Longueur  du  coracoïdien 60 

Longueur  de  l'omoplate 78 

—  de  l'humérus 167 

—  du  cubitus 201 

—  du  métacarpien 84 

—  du  doigt  principal 58 

—  du  bassin 75 

Largeur  antérieure  du  bassin 38 

— •        du  bassin  arrière  des  cavités  cotyloïdes 47 

Longueur  des  vertèbres  caudales 58 

—  du  fémur 97 

—  du  tibia 142 

—  du  tarso-métatarsien 80 

—  totale  du  doigt  médian     .     .           .     .           81 

—  externe 60 

—  —  interne 60 

Longueur  totale  du  pouce 58 


UAPACES  DIURNES  133 


SOUS-FAMILLE  DES  BUTÉOININES 

(^KXRK    BUTEO.    Bkghst 

BUTEO  DESERTORUM,   Daudin. 

(PI.   111,  1  à  '.,  6  à  S.  10  et  12.) 

Le  Rougri,  Levaillant,  Hist.  nat.  des  Oiseaux  d'Afrique,  p.  77,  pi.  XVII  (1739). 
Falco  deserlorum,  Daudin,  Ornith.,  II,  p.  162  (1800). 

Buteo  desertorum,  Shelley,  Birds  of  Egypt.  p.  1^01  (1872).  —  B.  Sharpe,  Cat.  of  the  Accip.  Brit.  Mus.,  vol.  I, 
p.  17'.»  (1874).  —  Tristam,  Fiuma  of  Palestine,  p.  98  (1884). 

La  buse  du  désert  se  trouve  momifiée  aussi  communément  que  Mikus  œgyptius.  Elle 
est  surtout  fréquente  parmi  les  oiseaux  de  proie  des  hypogées  de  la  Haute-Egypte.  On  en  a 
compté  40  spécimens  dans  la  collection  du  Muséum  de  Lyon  :  li  sont  des  environs  de  Gîzé, 
11  de  Kôm-Ombo  et  21  de  R(')da  (Haute-Egypte),  près  de  Klimoundu.  VHerDWpoUs  des 
Grecs,  oîi  se  pratiquait  le  cidtedeThot. 

La  tête  des  buses  est  forte,  assez  élargie  vers  l'occipital.  Le  bec  est  comprimé  de  côté, 
très  crochu,  avec  arête  arrondie  et  des  bords  inférieurs  ondulés. 

Les  narines  ovales  et  obliques  s'ouvrent  vers  le  bord  antérieur  de  la  cire  Les  lorums 
sont  couverts  de  poils. 

Le  tarse,  bien  plus  court  que  le  tibia,  est  emplumésur  la  moitié  ou  le  tiers  seulement  de  sa 
longueur.  La  partie  nue  du  tarse  est  couverte  de  larges  écailles  devant  et  derrière  ;  les  faces 
latérales  sont  réticulées. 

Chez  les  buses,  les  doigts  ont  une  longueur  moyenne.  Les  ongles  sont  recourbés,  assez 
forts,  surtout  ceux  du  pouce  et  du  doigt  interne. 

Buteo  desertoniiu  se  distingue  des  autres  formes  du  même  genre  par  sa  petite  taille,  des 
tarses  peu  épais  et  des  doigts  courts.  p]lle  a,  en  outre,  un  plumage  plus  mêlé  de  roux  que  celui 
de  Buteo  cnlgaris.  mais  ce  cai-actère  ne  peut  être  utilisé  que  pour  la  dét(>rmination  du  très 
petit  nombre  de  spécimens  momifiés  chez  lesquels  lesplumes  ne  sont  pas  décolorés  ou  couvertes 
de  bitume. 

Longueur  du  tarse  de  68  à  73  mill.  Longueui'  du  doigt  miklian  sans  ongle  de  32  à  34  mill. 

Trois  espèces  de  buses  vivent  actuelk'ment  en  Egypte  :  Bi'teo  ferox.  Buteo  vulgaris 
o[,  Buteo  desei-toriun.  Celle-ci  est  la  [dus  petite  des  trois  :  elle  li;i])ile  rAli-ii[ue  entière,  la 
pi''ninsule  indienne  et  le  sud-est  de  l'Europe. 

La  buse  vulgaire  est  voisine  de  Buteo  desei-tofuia.  Cette  forme  se  diiiéi'encie  par  des 
ilimensions  sensiblement  plus  faibles,  des  tarses  un  peu  plus  grêles  et  surtout  pai'  des  doigts  bien 
plus  courts. 

Toutefois,  les  auteui-s  ont  noté  d'assez  gi'andes  variations  chez  la  bus(^  du  désert.  La 
forme  typi(iue  se  trouve  dans  le  sud  de  l'Afrique.  A'ers  le  noi'd,  dans  les  régions  avoisinant 
la  Méditeri'anée,  on  observe  souvent  des  spécimens  présentant  des  caractères  intermédiaires  à 
Buteo  desertoruiu  et  à  BuAeo  rulgaiis. 


134  FAUNE   DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Buteo  descrtorum  so  montre  peu  actuellement  dans  le  voisinage  des  villes,  elle  habite  de 
préférence  les  régions  stériles  et  abandonnées.  Tristram'  dit  iiii'cllc  est  ti'ès  i-ai'i"  en  Palestine. 
De  son  côté,  Shelley°  ne  la  cite  qu'avec  réserve  parmi  les  oiseaux  d'Egypte;  il  ajoute  qu'elle  est 
plus  commune  en  Lybie. 

Les  nombreux  exemplaires  de  Ihtteo  deserloruin  qui  ont  été  reconnus  pai'mi  les  oiseaux 
de  proie  de  l'ancienne  p]gypte  prouvent  que  cette  petite  forme  était  beaucoup  plus  commune 
autrefois  que  de  nos  jours.  Déjà,  pourtant,  die  était  ])ien  plus  fréquente  dans  la  Haute-Egypte 
que  dans  le  Delta,  puisque,  sui-  une  centaine  environ  d'oiseaux  recueillis  à  Rôda,  vingt-quatre 
appai'tiennent  à  cette  espèce. 

Ihiteo  deserlonimsi  été  en  partie  remplac/'  dans  la  faune  actuelle  de  l'Egypte  par  Buteo 
ferox,  espèce  plus  forte  et  plus  rapace. 

Les  buses  n'avaient  pas  encore  été  signalées  au  nombre  des  animaux  embaumés  par  les 
anciens  Egyptiens. 

Le  squelette  de  Buteo  desertorum  est  dans  toutes  ses  parties  bien  moins  robuste  que  celui 
de  la  liuse  commune.  Les  ailes,  les  pattes  et  les  doigts  sont  relativement  moins  forts. 

Dans  sa  région  postérieure,  le  crâne  a  les  mêmes  proportions  que  chez  Buteo  culffaris, 
mais  le  maxillaire,  les  os  du  nez  et  les  lacrymaux  sont  moins  développés. 

Le  sternum  est  pourvu  d'une  apophyse  épisternale  assez  saillante  et  d'une  carène  médiane 
qui  se  termine  un  peu  en  avant  du  l)ord  postérieur  ondulé.  Les  deux  ouvertures  latérales  voi- 
sines du  bord  postérieur  man(pient  souvent.  Le  sternum  porte  sept  articulations  costales.  Les 
apophyses  hyosternale  et  hyposternale  sont  anguleuses.  La  face  interne  est  percée  sur  la 
ligne  médiane  de  plusieurs  trous  pneumatiques. 

Les  diverses  pièces  de  l'aile  sont  semblables  à  ce  qu'on  voit  chez  Buteo  ru/j/uris,  mais 
toutes  leurs  proportions  accusent  une  plus  faible  résistance.  L'humérus  et  le  cubitus  en  parti- 
culier ont  un  diamètre  plus  réduit. 

Il  en  est  de  même  pour  le  bassin  et  les  membres  postérieurs  dont  le  tibia  et  le  tarse  sont 
moins  épais  que  cliez  la  buse  de  nos  pays.  Le  fémur  porte  vers  son  extrémité  proximale  deux 
gi-ands  orifices  pneumatiques;  la  ligne  intermusculaire  antérieure  s'étend  sur  les  deux  tiers  de 
la  longueur  du  fémur,  elle  est  bien  plus  courte  chez  les  autres  buses. 

Sur  le  tarso-métatarsien.  l'insertion  du  til)ia  antérieur  se  fait  à  une  plus  failde  distance 
de  l'articulation  til)io-tai'sienne,  cette  disposition  indique  une  puissance  de  flexion  un  peu  moin- 
dre. Les  doigts  sont  courts  et  minces.  Le  doigt  interne  et  le  pouce,  très  forts  chez  la  buse 
vulgaire,  sont  peu  développés  chez  Buteo  desertorum.  Le  trou  de  l'adducteur  du  doigt  externe 
est  petit. 

En  un  mot,  le  sipielette  de  la  l)use  du  désert  ressemble  beaucoup  au  squelette  de  la  buse 
de  nos  pays,  mais  les  ditiérentes  parties  des  membres  sont  moins  fortes,  moins  spécialisées. 

Le  tableau  suivant  donne  les  dimensions  du  squelette  de  Buteo  desertoruoi,  momifié, 
de  Gizé,  et  de  Buteo  ruic/uris  moderne,  des  environs  de  Lyon. 

'  Tristrani,  Fauna  and  Flora  of  Palestine,  Londoii,  1884,  p.  98. 
'  Shelley,  Dirds  of  Egypt,  London,  p.  201. 


UAPACES  DIURNES  i35 
DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  nVTEO  DESERTORVM  ET  BVTEO  VILGARIS 

Buteo  Butco 
desertorurn        vulgaris 

momifié  moderne 

Longueur  de  la  colonne  vtilébrale,   de  la  première  yeitèbre  cervicale  à  l'extrémité 

de  la  queue 226'°"'  248""" 

Longueur  de  la  tête  osseuse 71  79 

—  du  frontal  à  l'occiput 48  50 

Largeur  maximum  du  crâne 43  45 

—  interoibitaire 13  14 

Longueur  de  la  rnandidule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec) 34  39 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 62  67 

Largeur  du  sternum  en  avant 32  37 

—  —         en  arrière 40  45 

Hauteur  du  bréchet 16  16 

Longueur  du  coracoïdien 36  33 

—  de  l'omoplate 49  59 

—  de  l'humérus 100  108 

—  du  cubitus 113  120 

—  du  métacarpien 58  60 

—  du  doigt  principal 35  3g 

—  du  bassin 48  57 

Largeur  antérieure  du  bassin 25  27 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 34  37 

Longueur  des  vertèbres  caudales ^0  43 

—  du  fémur 73  76 

—  du  tibia 100  103 

—  du  tarso-métatarsien 73  75 

—  totale  du  doigt  médian 45  4y 

—  —            externe 33  37 

—  —            interne 33  38 

—  totale  du  pouce 31  36 

BUTEO   FEROX,  Gmelin 

(FI.    IV,) 

Falco  i-ufinus,  Creiziichmai-,  Atlas  zu  (!e7-  li'eise   im   Nordlichen   Africa    von  E.   Riippel,  p.  40,  pi.  XXVII 

(1826). 
Buteo  1-ufînus,  Gray,  l/ie  Gênera  of  Birds,  vol.  I,  p.  2  (1849). 

Buteo  ferox,GTay,  Handlist  B.,\o\l,^.  6  (1869)  —  Shellt-y,  S(Vrf«  o/' i'f/y/j/,  p.   201,  pi.    IX  (1872)   —    B. 

Sharpe,  Cai.    of  the   Accipit.,\).    176(1874)  —  Tristram,   Fauna  and    Flora  of  Palestine,  it.  {)8 

(1884). 

Suivant  Tri.stram.  Buieo  ferox  est  connu  des  Ai'abe.i  sous  le  nom  de  s/iahin. 

Bufco  f'erox  (.'fit  rcpvésL'nié  iràv  i.[umze  individus  provenant  tous  delà  Haute-Kgypt(S 
9  de  Rôda  et  G  de  Kôm-ûmbo. 

Chez  cette  lni.se,  les  tonnes  de  la  tète,  du  tibia,  du  tarse  et  des  doigts  sont  voisines  de 
celles  indiquées  pour  Buteo  desertoruni.  mais  sa  taille  est  beaucoup  plus  élevi'^e.  Elle  di'passe 
même  notablement  celle  de  Buteo  cuh/aris. 

Le  bec,  tfès  comprimé  sur  les  côtés,  est  fortement  crochu. 

Les  tai'ses  sont  emplumés  sur  le  tiers  de  leur  longueur  et  en  avant  seulement.  Ils  portent 


o 


130  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

devant  et  derrière  douze  à  treize  lai'g-es  plaques  écailleuses  transversales.  Les  doigts  sont  épais 
et  relativement  courts.  Les  ongles  du  jiouee  et  du  doigt  intci-ne  sont  liion  plus  développés  que 
ceux  des  autres  doigts. 

Les  plumes  de  la  tête  et  des  côtés  sont  do  couloui- jaune  clair  ;  celles  des  parties  inf(M'ieures 
du  corps  sont  de  couleur  crème. 

Longueur  du  tarse  :  89  à  92  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle,  38  à  40  mill. 

Les  grandes  dimensions  de  Bi'teo  ferox  la  ditïérencient  bien  des  espèces  de  buses 
qui  vivent  en  Afrique,  notamment  àe  Buteo  deactiorum  et  de  Biifeo  culgaris.  Pourtant  Bide 
ferox  présente,  ainsi  que  la  buse  du  désert,  d'assez  grandes  variations,  et  il  est  pai'lbis  difficile 
d'après  B.  Shai'pe,  d'identifier  certains  individus  dont  la  taille  et  le  plumage  offrent  des  parti- 
cularités intermédiaires  entre  Buteo  ferox  et  Buteo  viflr/aris. 

Bufeo  aitgiir.  Riippell.  (jui  habite  l'Abyssinie  et  les  régions  environnantes,  est  voisine 
de  Buteo  ferox.  Elle  se  distingue  de  celle-ci  par  les  plumes  de  la  tête  et  des  oreilles  qui  sont 
noires,  tandis  qu'elles  sont  jaunes  ou  roux  clair  chez  Buteo  ferox,  comme  nous  avons  pu 
l'observer  sur  plusieurs  momies. 

L'habitat  de  Buteo  ferox  est  de  nos  jours  assez  étendu.  Cette  buse  vit  dans  le  nord  de 
l'Afrique,  le  sud-est  de  l'p]urope.  en  Perse,  dans  Tludc  et  jusque  dans  les  monts  Himalaya'. 
On  la  trouve  dans  toute  la  vallée  du  Nil. 

Suivant  ShelleyS  Buteo  ferox  Gsihïen  plus  commune  sur  le  Haut-Nil  et  en  Nubie  que 
dans  la  Basse-Egypte.  On  ne  l'observe  que  rarement  dans  le  delta  et  en  hiver  seulement.  Elle 
niche  au  mois  d'avril. 

L'étude  des  oiseaux  anciens  de  l'Egypte  montre  à  l'époque  ptolémaïque  une  répartition 
toute  différente  des  deux  formes  de  buses  :  Buteo  ferox  et  Buteo  desertoruiu. 

Autrefois,  Buteo  desertoruméiàiiV  espèce  la  ]»lus  répandue,  on  la  trouve  en  effet  en  grand 
nombre  parmi  les  oiseaux  momifiés  provenant  de  la  Haut("-Egypti\  et  même  parmi  ceux  de 
Gizé.  Maintenant,  la  petite  buse  du  désert  est  très  rare  dans  la  partie  inférieure  de  la  vallée  du 
Nil,  elle  ne  se  voit  que  dans  les  régions  reculées  et  désertes  des  bords  du  Haut-Nil. 

Aueonti'aire.  la  grande  buse  féroce  qui,  à  l'époque  ancienne,  habitait  la  Haute-Egy]ite  en 
petite  quantité,  devient  peu  à  peu  jdus  nombreuse  et  se  montre  de  nos  jours  non  seulement  dans 

ta.  mais  jusque  dans  le  sud-est  de  l'Europe. 


le  ne 


La  tète  osseuse  de  Buteo  ferox  est  grande,  ses  dimensions  relatives  sont  à  peu  près  les 
mêmes  que  dans  Buteo  desertorum.  La  face  inférieiu-e  du  crâne  présente  aussi  la  même  struc- 
ture; l'extrémité  antérieure  des  ptérygoïdiens  s'articule  à  la  fois  avec  le  basisphénoïde  et  le 
palatin . 

Le  sternum  est  un  pcui  plus  élargi  en  arrière  que  chez  la  buse  du  désert,  les  apophyses 
hyposternales  sont  plus  développées,  elles  s'étendent  davantage  en  arrière  et  forment  ime 
légère  concavité  sur  le  prolongement  de  la  carène  médiane  du  sternum. 

L'aile  est  très  puissante  :  le  coracoïdien.  l'humr'rus  et  le  cul)itus  sont  fortement  déve- 
loppés. 

'  Catal.  ofBirds  of  Brit.  Mus.,  London,  1874,  vol.  I,  p.  178. 
-  Shelley,  Ihe  Birds  of  Egypt,  p.  201,  London,  1872. 


RAPACES  DIURNES  131 


Dans  lo  bassin  la  moitié  antérieure  est  i^rande:  la  partie  postérieiii-e  purte  une  profonde 
gouttière  médiane  sur  sa  faee  dorsale. 

Les  os  delà  patte  ont  les  mêmes  proportions  relatives  (pie  eiMix  de  Taile,  notamment  le 
fémur  et  le  tibia  chez  lesquels  le  diamètre  est  fort.  Les  doiiitssont  relativement  plus  coui'ts  (pie 
ceux  de  la  buse  vulgaire.  Le  doigt  (^xt^rne  est  le  plus  réduit. 


DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  BVTEO  FEROX,  Gmiîlin. 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité  de  la  queue.  302™ 

—  de  la  tète  osseuse 88 

—  du  fcontal  à  l'occiput 57 

Largeur  maximum  du  crâne 51 

—  interorbitaire 18 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec) 53 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 80 

Largeur  du  sternum  en  avant 40 

—  —           en  arrière 51 

Hauteur  du  bréchet 19 

Longueur  du  coracoïdien 48 

—  de  l'omoplate "0 

—  de  l'humérus 131 

—  du  cubitus 148 

—  du  métacarpien ~4 

—  du  doit  principal , 50 

—  du  bassin 65 

Largeur  antérieure  du  bassin 31 

—  du  bassin  e'i  arrière  des  cavités  cotyloïdes 43 

Longueur  des  vertèbres  caudales 60 

—  du  fémur 89 

—  du  tibia 125 

—  du  tarso-métatarsien ■     •  92 

—  totale  du  doigt  médian 54 

—  —          —      externe 38 

—  —          —       interne 42 

—  totale  du  pouce 40 


BUTEO  VULGARIS,  Linné. 

(PI.  III,  5,  9  et  11.) 

Buteo  vu'garis,  Gould,  Bircls  of  Europe.^!.  XIY  (iSSl)  —  She\[ey,Birch  of  Ec/ypl,  p.  200(1872).  —  B.  Sharpe, 
Cat.  of  the  Accipitresofthe  Brit.  Mus..  ,  vol  I,  p.  186(1874).  —  Tristram,  Fauna  and  Flora  of 
Palestine,  p.  98  (1884). 

La  buse  vulgaire  se  trouve  momifiée  en  plus  petit  nombre  ({U(^  les  deux  luises  précédentes. 
11  en  a  ébj  reconnu  10  spécimens  seulement  :  4  des  environs  de  Gizé,  ,5  de  K('im-(.)mbo  et 
1  de  Rôda. 

Le  tarse  est  emplumé  sur  près  de  la  moitié  de  sa  longueur  du  côté  antérieur.  11  porte  en 
avant  et  en  arrière  9  à  10  plaques  trans\'ersales. 

Arch.  Mus.  —  T.  VIII.  *  18 


138  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Les  doigts  sont  épais  et  dt;  longueur  moyenne,  le  médian  et  l'externe  plus  grands  relati- 
vement que  dans  Ihdeo  ferox  et  Buteo  descrlornia.  Les  ongles  sont  recourbés  et  forts, 
surtout  ceux  du  pouce  et  du  doigt  interne. 

La  face  supérieure  du  corps  est  brune,  la  face  inférieure  est  variée  de  roux  et  de  brun. 

En  ce  qui  concerne  les  autres  caractères  ayant  trait  à  la  forme  de  la  tête,  du  bec,  au 
rapport  de  longueur  du  tibia  et  du  tarse,  ils  sont  conununs  à  toutes  les  espèces  du  même 
genre. 

Longueur  du  tarse  :  71  k  80  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle:  31  à  39  mill. 

Buteo  fulgaris  habite  actuellement  la  plus  gi-ande  partie  de  l'Europe  ainsi  que  l'Asie 
Mineure  et  l'Asie  centrale.  On  la  trouve  aussi,  suivant  Shelley  et  Brehm,  dans  le  nord  de 
l'Afrique,  mais  rarement  et  seulement  en  hiver. 

A  l'époque  ptolémaïque  ou  gréco-romaine,  cette  buse  n'était  pas  beaucoup  plus  fréquente 
en  Egypte  que  de  nos  jours  :  elle  s'y  montrait  sans  doute  au  moment  des  migrations,  comme  le 
font  encore  la  plupai"t  des  oiseaux  de  proii^  de  l'Europe. 

Genre    CIRCAETUS.    Yieillot 

CIRCAETUS  GALLICUS,  Gmelin. 

Le  Jean-le-Blanc,  Brisson,  Orniilt.,  I,  p.  443  (1770). 

Falco  Gallicus,  Gmelin,  Syst.  nat.,  I,  p.  295(1788). 

Circactus  Gallicus,  Gould,  Birds  of  Europe,!.  p\.  XIII  (1837)  —  Shelley ,  Birds  of  Effypt,  p.  202(1872).— 
B.  Sharpe,  Cat.  of  Accipitres  Bril.  Mus.,  p.  280  (1874)  —  Tristram.  Fauna  and  Flora  of  Pales- 
tine, p.  101   (1884). 

Le  Jean-le-Blanc  est  représenté  dans  la  collection  par  trois  spécimens  provenant  de  Kùm- 
Ombo  :  un  individu  adulte  complet,  un  jeune  en  mauvais  état  de  conservation,  et  une  patte  d'un 
troisième  individu. 

La  tète  de  Cifcaëtus  Galliciis  est  large  et  grosse,  les  orbites  sont  très  grandes. 

Le  bec  est  crochu,  comprimé  sur  les  côtés,  à  arête  arrondie,  et  bords  inférieurs  presque 
droits.  Les  nai'ines  ovales,  piMi  oliliques,  ossifiées  chez  l'adulte,  s'ouvrent  sur  le  bord  antérieur 
de  la  cire.  Les  lorums  sont  couverts  de  poils,  la  cire  est  courte. 

Le  tarse  peu  épais,  d'un  tiers  plus  long  que  le  doigt  médian  avec  l'ongle,  est  emplumé 
en  avant  sur  un  quart  à  peine  de  sa  longueur,  sa  surface  nue  est  entièrement  réticulée.  Les 
doigts  sont  courts,  les  latéraux  environ  de  même  longueur. 

Circaëtus  G^ai^fe^w  a  des  ongles  peu  reeourliés.  relativement  faibles.  La  face  externe  de 
l'dULile  du  doigt  médian  est  un  peu  concave. 

La  cire  et  les  jambes  sont  bleuâtres,  le  bec  est  brun. 

Longueur  du  tai'se  :  89  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  52  mill. 

Le  .Jean-le-Blanc  est  un  rapace  particulier  aux  contrées  méridionales  de  l'Europe  et  du 
nord  de  l'Afrique.  Il  vit  dans  toutes  les  régions  avoisinant  la  ■NléditerraniH',  dans  la  p(''ninsule 
indienue  et  plus  rarement  dans  l'Europe  centrale. 


RAPACES  DIURNES  139 

D'après  Sholley  *,  Circaiitus  Gallicm  est  assez  commun  de  nos  jours  en  Egypte  et  en 
Nubie,  où  il  fréquente  les  régions  montagneuses. 

B.  Sharpe  "  mentionne  quelques  autres  formes  du  genre  Circa'étus  dans  la  faune  africaine 
actuelle,  mais  elles  ne  sont  connues  que  dans  les  parties  plus  méridionales  et  centrales  du 
continent. 

Le  crâne  de  Circaetus  GalUcus  se  reconnaît  à  ses  cavités  orbitaires  très  grandes,  à  ses 
narines  complètement  ossifiées  chez  l'adulte.  La  convexité  sus-nasale  très  accusée  chez  les 
buses  est  bien  plus  faible  chez  le  Jean-le-Blanc. 

Les  ailes  sont  fortes,  les  humérus  en  particulier  sont  beaucoup  plus  grands  que  dans  le 
le  genre  Buteo.  Le  sternum  est  moins  élargi  en  aiTière,  la  carène  médiane  ne  le  traverse  pas 
dans  toute  sa  longueur,  elle  se  termine  à  une  distance  un  peu  plus  grande  que  chez  les  buses 
(.lu  bord  postérieur. 

En  ce  qui  concerne  les  os  de  la  jaui])i',  leurs  proportions  sont  environ  les  mômes  que  chez 
les  buses.  La  face  dorsale  du  bassin  présente  des  fosses  iliaques  profondes.  Le  fémur,  le  tilna 
et  le  tarse  ont  la  même  forme  que  chez  Butco  ferox.  Toutefois  l'empreinte  tibiah'  est,  chez  le 
Jean-le-Blanc,  plus  rapprochée  de  l'ai'ticulation  tibio-tarsienne;  le  doigt  interne  et  le  pouce 
sont  plus  faibles. 

Comparé  à  un  squelette  actuel  de  la  même  espèce,  le  squelette  du  Circa'étus  GaUicus 
momifié  parait  présenter  en  plusieurs  points  des  formes  plus  lourdes,  moins  spécialisées. 
Le  bassin  et  le  sternum  par  exemple  sont  plus  volumineux  chez  l'individu  ancien,  alors 
que  l'humérus  au  contraire  est  plus  grand  chez  l'indi\'idu  moderne.  Ces  difiérences  et  quelques 
autres  moins  appréciables  font  apparaître  le  squelette  du  Circaetus  Gallicusde  l'ancienne  Egypte 
comme  représentant  un  type  moins  évolué,  semble-t-il,  que  le  Jean-le-Blanc  actuel.  Il  ne  s'agit 
peut-être  là  que  de  variations  individuelles  et  sexuelles,  mais  il  est  néanmoins  intéressant  de 
les  noter  en  attendant  qu'on  puisse  rechercher  leur  signification  par  des  oliservations  répétées 
sur  un  grand  noml)re  d'individus. 

Le  tableau  suivant  met  en  regard  les  dimensions  du  squelette  de  deux  individus  de  cette 
même  espèce,  l'un  momifié,  l'autre  moderne. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  CIRCAETUS  GALUCUS,  Gmelin. 

Cii'caëttts  GalUcus 
Momilié  MoJerne 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité 

de  la  queue 325"""  314""" 

—  de  la  tête  osseuse 102  99 

—  du  frontal  à  l'occiput 63  62 

Largeur  maximum  du  crâne 65  64 

—  interorbitaire •     .     .     .  28  25 

Longueur  de  la  mandibule  su|iérieure  cil  suivant  la  courbure  du  beo 62  57 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisteniale  au  bord  postérieur) 85  84 

Largeur  du  sternum  en  avant 51  48 

—  —         en  arriére 58  49 

'  Shelley,  Birds  of  Egypt,  p.  202  (1872). 

2  Sharpe,  Calai,  of  Birds  of  ihe  Bril .  Mus  ,  vol.  I  (1874). 


•140  FAUNE    DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 


Circaétus  Gallicus 
Momifié  Moderne 


Hauteur  du  bréchet 19"""  20"' 

Longueur  du  coracoïdien 53  53 

—  de  l'omoplate 73  70 

—  de  rhumérus 160  163 

—  du  cubitus 189  190 

—  du  métacarpien 79  79 

—  du  doigt  principal 57  55 

—  du  bassin 77  77 

Largeur  antérieure  du  bassin 34  35 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 45  40 

Longueur  des  vertèbres   caudales 60  55 

—  du  fémur 80  7'.t 

—  du  tibia 123  124 

—  du  tarso-métatarsien 86  85 

—  totale  du  doigt  médian ...  68  64 

—  —  externe 50  46 

—  —  interne 52  50 

—  totale  du  pouce 45  40 


SOUS-FÂMlLLE  DES  ÂQUILINÉS 

Genre    AOriLA.    Brissox 

AQUILA  IMPERIALIS,  Bechstein. 

Falco  ùnperialis,  Bechst.,  Taschenh.  Vôg.  Leulscldand,  lU,  p.  553  (1801). 

Aquila  heliaca ,Q3.\\g\\y ,  Description  de  l'Egypte,\..  XXIH,  p.  319  (1828).  — Gould.  Birdi<  of  Europe,  pi.  V  (1837). 

—  Sharpe.  Cat.  of.  the  Accip.  Brit.  Mus.,  p.  238  (1874). 

Aquila  imperialis,  Shelley,  Birds  of  Egypt,  p.  205  (1872).  —  Tristram,  Fauna  of  Palestine,  p.  99  (1884). 

L'aii;ie  de  Tlièbes  n'est  repi-ésonté  clans  la  collection  que  par  doux  individus  provenant  l'un 
de  Roda,  l'autre  de  Kôm-Ombo. 

Chez  Aquila  imperialis  le  ])ec  lony .  peu  crochu,  est  ti'ès  comprimé  sur  les  côtés.  La  cire 
est  un  peu  moins  lonijue  que  dans  l'aigle  fauve. 

Les  narines  sont  ovales,  presque  verticales,  avec  un  repli  à  leur  liord  antérieur:  elles 
s'ouvrent  à  une  faible  distance,  de  l'étui  corné  du  bec.  Les  lorums  sont  couverts  de  poils. 

Le  tarse,  entièrement  emplumé  jusqu'aux  doigts,  est  robuste  et  un  peu  plus  long  que  le 
doigt  médian  avec  l'ongle. 

Les  doigts  sont  épais,  peu  allongés,  réticul(''S  plus  ou  moins  finement  sauf  vers  leur  (extré- 
mité oii  ils  portent,  en  arrière  de  l'ongle,  le  doigt  médian  :  quatre  à  cinq  larges  écussons  :  les 
latéi'aux:  deux  ou  trois  seulement. 

Longueiu-  du  tarse:  92  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  i")S  à  (iO  mill. 

Extérieurement  Aquila  imperialis.  Bechst.,  diffère  i}^ A<iaila  fiiJi-a  par  la  foi'me  des  na- 
rines, la  couleur  des  plumes  de  la  nuque  et  surtout  par  les  proportions  des  tarses  et  des  doigts. 
D'après  M.  Fatio'  A<jtnlit   fidca    à  des  narines  su])arrondies  ou  ovales  et  légèrement 

'  Fatio,  Oiseaux  de  la  Suisse,  vol.  II,  p.  75  et  SI,  ûg.  11,  Genève,  1899. 


liAl'ACKS   DintXKS  141 

obliijues.  k's  pluiiirs  effilées  de  la  nuque  il'un  brun  roussàtre  ou  d'un  roux  jaunâtre  chez  l'adulte; 
la  longueur  du  tarse  varie  de  90  à  105  millimètres,  la  longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  est 
de  C)o  à  80  millimètres». 

Chez  Aquila  nnjjcrialis,  suivant  le  même  auteur,  «  les  narines  sont  ellipti([ues,  allongées 
et  quasi  verticales,  avec  un  pli  rentrant  généralement  ])icn  accentu(''  au  bord  antéi-icui-.  Ongles 
un  peu  moins  forts  (pie  chez  Aquila  faim.  Plumes  effilées  de  l'occiput  et  de  la  nuque  roussà- 
tre pâle  ou  d'un  blanc  jaunâtre.  Tarse  de  88  à  98  millimètres.  Doigt  médian  sans  ongle  de 
59  à  68  millimèti-es  ». 

Aqi'ild  ///^vr'/vVA/Z.s' habite  le  sud-est  de  l'Europe,  le  nord  de  l'Afrique  et  une  partie  de 
l'Asie.  Pendant  l'hiver  on  le  rencontre  assez  fréquemment  dans  la  Basse-Egypte  :  il  est  plus 
rare  au  sud  du  Caire.  Si  l'on  en  juge  d'après  le  petit  nombre  de  spécimens  reconnus  parmi  les 
oiseaux  de  l'ancienne  Kgvpte,  cet  aigle  était  autrefois  aussi  rare  dans  la  vallée  du  Xil  qu'à 
notre  époque. 

Comparé  au  squelette  à'Aqtn'la  f/'h-a.  celui  d\[q//il((  imqx'ridlis  se  distingue  par  plusieurs 
caractères  assez  nets. 

La  tête  osseuse  a  les  mêmes  dimensions  environ  dans  les  deux  formes,  mais  le  bec  et 
toute  la  région  maxillaire  sont  plus  développés  chez  .1.  imperialis  que  chez  .1.  fuira.  La 
parti(>  postérieure  de  la  tête,  le  crâne  proprement  dit.  est  au  contraire  plus  grand  dans  .1  .falva 
que  dans  .4.  impej-iaUs. 

Les  rayons  osseux  de  l'aile,  très  grands  dans  les  deux  espèces,  sont  plus  robustes  chez 
fahxi  que  chez  iDiperialis.  L'humérus  de  faim,  par  exemple,  présente  un  diamètre  minimum 
de  12  millimètres  pour  une  longueur  de  118,  alors  que  dans  le  spécimen  momitié  d'.l.  hn- 
perialis,  cet  os  n'a  que  10  millimètres  de  diamètre  pour  une  longueur  de  122. 

Relativement  aux  membres  postérieurs,  les  différences  sont  encore  plus  tranchées.  Le 
fémur,  le  tiliia  et  le  tarse  ont  des  dimensions  plus  faibles  chez  .1.  Iiaprrialis.  Les  doigts  en 
particulier,  dont  la  longueur  peut,  poui-  ainsi  dire,  servira  mesurer  le  degré  de  rapacité,  l'ap- 
titude à  prendre  des  oiseaux  de  proie,  sont  bien  plus  longs  et  forts  chez  falva. 

En  résumé,  les  diverses  parties  du  squelette  d'.-l.  iaiperlalis  monaitié  semblent  indiquer 
une  forme  beaucoup  moins  évoluée,  moins  spécialisée  qu'^l.  falra  actuel. 

Le  tableau  suivant  met  en  parallèle  les  dimensions  du  squelette  dans  ces  deux  formes. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

h'AQVlLA  lilPERlALIS  MOMIFlÉ  ET  h'AQUILA    FULYA    MODERNE 

A  quila  Afjuîla 

imperialis  fulva 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité 

de  la  queue 420"°"  420'"" 

Longueur  de  la  tête  osseuse 115  11 'i 

—  du  frontal  à  l'occiput 63  69 

Larjieur  maximum  du  crâne 62  63 

—  interorbitaire 25  25 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  en  suivant  la  courbure  du  bec 7t)  73 


142  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Aquila  Aquila 

impérialU  fulva 

Longueur  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  poslérieur) 122""°  118""" 

Largeur  du  sternum  en  avant 63  66 

—  —        en  arrière 72  72 

Hauteur  du  bréchet 26  29 

Longueur  du  coracoïdien 68  68 

—  de  l'omoplate 94  97 

—  deriiumérus 188  183 

—  du  cubitus 219  211 

—  du  métacarpien 99  100 

—  du  doigt  principal 64  60 

—  du  bassin 09  93 

Largeur  antérieure  du  bassin 46  47 

—  du  bassin  en  arriére  des  cavités  cotyloïdes 60  62 

Longueur  des  vertèbres  caudales 77  78 

—  du  fémur 113  124 

—  du  tibia 150  168 

—  du  tarso-métatarsien 92  104 

—  totale  du  doigt  médian 85  93 

—  —  externe 63  68 

—  —  interne 67  72 

Longueur  totale  du  pouce 65  75 

AQUILA  MACULATA,  Gmelin. 

(PI.  V.) 

Falco  maculaius,  Gmelin,  Si/sl   nul.,  I,  p.  258  (1788). 

Aquila  melanaélos,  Savigny,  Système  des  Oiseaux  de  l'Egypte  (Description  del'Egypte.i.  XXII I,  p.  253,  1828). 

Aquila  nœvia,  Gould,  Birds  of  Europe  ,  I,  pi.  VIII  (1837)  —  Shelley,  Birds  of  Egypl,  p.  206  (1872). 

Aquila  maculata,  Sharpe,  Catal.  of  tlie.  Accip.  Bnt.  Mus.,  vol.  I,  p.  246  (1874). 

Aquila  clanga  (maculala  s.  sp.),  Sharpe,  Cat.  ofthe  Accip.  Brit.  Mus.,  vol,  I,  p.  248  (1874). 

Suivant  Savigny,  les  Egyptiens  nomment  O'qàh,  les  aigles  en  généi'al,  mais  Aquila 
'tnacîclafa  est  poui'  eux  VO'qàb  pi'opi'cment  dit. 

Cet  aigle  est  des  plus  communs  pai-mi  les  oiseaux  momifiés  de  l'Egypte  ancienne.  On  en 
a  compté  27  individus  :  1  1  proviennent  de  Kôm-Ombo.  1"2  do  Rôda,  1  de  Gîzé. 

La  tète  est  allongée,  peu  lai'ge  dans  la  l'égion  postofbitaii'e.  Le  bec  est  faiblement  élevé 
et  i'ecour])é. 

Les  narines  sont  de  grandeur  moyenne,  obliques  et  ovales,  à  boi'd  antérieui^  non  plissé. 

Chez  .4.  iiiaculuta,  le  tarse,  l'mpluuK''  sur  toute  sa  longueur,  est  éti'oit  et  haut.  Les  doigts 
et  les  ongles  sont  faibles. 

Dans  cette  espèce,  les  dimensions  des  membi'es  vai'ient  beaucoup.  Les  chiâi-es  suivants 
indiquent  les  limites  des  variations  (pie  nous  avons  observées. 

Longut'iif  du  tarse  :  S9  à  96  mill.  Lonmieur  du  doigt  médian  sans  ontjie  :  46  à  51  luill. 

Sous  le  nom  à' Aquila  maculata  sont  réunis  ici  des  aigles  appartenant  au.x  variétés  nom- 
mées par  M.  Fatio  :  A.  nœvia  minor  et  A.  nœoiu  inajor.  Il  n'a  pas  été  possible  de  distinguer 
ces  deux  vainétés,  car  entre  les  plus  |)etits  individus  et  les  plus  grands  nous  avons  trouvé  tous 
les  intermédiaires.  Il  ne  s'agit  là,  peut-être,  que  de  variations  individuelles  ou  sexuelles. 

Chez  les  indi\idus  de  grande  taille,  la  longueur  des  tarses  est  quelquefois  la  même  que 


lîAl'AGES   DIURNES  143 

chez  l'aigio  oi-iontal  (Â.  clujiga,  Pallas,  ou  Mogllutch,  Gin.)  ot  chez  A.  iuqja-iulis.  Mais  dans 
ces  deux  dernières  espèces,  la  tète,  les  ailes,  les  doigts  et  les  ongles,  sont  toujours  beaucoup 
plus  grands.  De  plus,  si  l(;s  tarses  des  grands  spécimens  (VAquila  marulaln  ont  souvent  la 
même  longueur  cpie  ceux  des  petits  in(Uvi(lus  AWqinin  claïuja,  Pallas,  ou  d'.l.  'napn-Udis,  si 
parfois  raènii^  ils  sont  plus  grands,  ils  ont,  par  contre,  toujours  un  diamètre  bien  moindre. 
Ainsi  des  tarses  de  9t)  millimètres  de  longueur  ont  une  épaisseur  minimum  de  0,.5  millimètres 
dans  A.  maculata,  alors  que,  chez  A.  imperialis^  les  tarses  de  !)2  millimètres  seulement  do 
longueur  mesurent  9  millimètres  d'épaisseur.  Le  doigt  médian  do  celui-ci  est  long  de  58  milli- 
mètres, tandis  ([u'il  n'a  cpie  4U  millimètres  chez  l'individu  à  tarses  plus  longs  d'jl.  macidata. 

L'aigle  Bonelli('iVme^w5/as(7/a<z<5, Vieillot),  dont  les  tai'ses  ont  la  mènu!  longueur  environ 
que  ceux  de  l'aigle  maculé,  se  distingue  également  par  des  doigts  et  des  ongles  bien  plus 
allongés. 

La  tèt(^  osseuse  d'.i.  ntaciilata  se  diftérenci(.'  des  autivs  formes  du  même  genre  par  son 
diamètre  antéro-postérieur  relativement  élevé,  et  la  faible  largeur  de  son  occipital  (pi.  \). 

Dans  son  ensemble,  le  squelette  de  cet  aigle  (\st  peu  robuste.  Les  divers  rayons  des 
ailes  et  des  pattes  présentent  une  gracilité  remarquable,  pai'ticulièrement  l'humérus,  le  tibia 
et  le  tarse.  La  structure  des  différentes  parties  des  membres  n'offre  rien  de  spécial. 

Le  sternum  est  allongé  d'avant  en  arrière,  sa  face  interne  estcriblée  de  trous  pneumatiques, 
les  fenêtres  postérieures  manquent  souvent. 

Le  bassin  a  environ  les  mêmes  proportions  tyxw  dans.l.  «'/jyj^rmfo,- toutefois,  sur  sa  face 
dorsale,  la  gouttière  uK^lianc  de  la  n'^gion  cotyloïdi('nn(i-post(''rieure  est  un  peu  plus  profonde 
et  rappelle  davantage  ce  qu'on  voit  ehrz  les  buses. 

Le  tableau  suivant  donne  les  ilimensions  du  squelette  chez  des  individus  momifié's  des 
deux  formes,  .1.  maculata  et  A  inipo-ialis. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

D'AQUIl.A   MACULATA   KT  A.  IMPERlALIS 

Aqitila  Aquîla 

intiriilata  ijnpcrinlis 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité 

de  la  queue 312™™  420""' 

Longueur  de  la  têle  osseuse 92  115 

—  du  frontal  à  l'occiput 60  63 

Largeur  maximum  du  crâne 50  62 

—  interorbitaire 16  25 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  eu  suivant  la  courbure  du  bec 45  76 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 82  122 

Largeur  du  sternum  en  avant 44  63 

—  —  en  arrière 48  72 

Hauteur  du  bréchet. 19  26 

Longueur  du  coracoïdien 50  68 

—  de  l'omoplate 70  94 

—  de  l'humérus 137  188 

—  du  cubitus 168  219 

—  du  métarcapien 72  99 

—  du  doigt  principal 4S  64 

—  du  bassin fi7  99 

Largeur  antérieure  du  bassin 31  46 


144  FAUNE   DE   L'ANCIENNE   EGYPIE 


.1,  raaculata     A.   inipcrîalis 


ilUUI 


Largeur  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 41 60' 

Longueur  des  vertèbres  caudales 58  77 

—  du  fémur 83  113 

—  du  tibia 127  150 

—  du  tarso-métatarsien 90  92 

—  totale  du  doigt  médian 59  85 

—  —         externe 43  63 

—  —         interne 45  67 

—  Longueur  totale  du  pouce 38  65 


AQUILA  PENNATA,  Gmelin. 

Falco  pennatus,  Gmelin,  Syst.  nat.,  L  p.  272  (1788.) 

Aquila  minuta,  Brehm,  t'oget  Deutschl.,  p.  29  (1831.) 

Aquila  pennala,  Gould,  Birds  of  Europe,  I,  pi.  IX  (1837).   —  Shelley,  Ei>-ds  of  Egypt,  p.  207  (1872).  —  Tris- 

tram,  Fauna  and  Flora  of  Palestine,  p.  100  (1884.) 
Nisaetus  pennatus,  Sharpe,  Cat.  of  Birds  of  Brit  Mus.,  vol.  I,  p.  253  (1874.) 

L'aigle  ])otté  a  été  reconnu  parmi  les  oiseaux  momifiés  de  l'Egypte,  d'api'ès  quatre  indi- 
vidus :  trois  des  hypogées  de  Gizé,  un  seul  de  Kùin-Ombo. 

Aquila  i^nnata  est  cai^actérisé  par  son  liée  court,  recourlié,  ses  narines  ol)liques  et 
rapprochées  du  bord  antérieur  de  la  cbe. 

Les  tarses,  emplumés  devant  et  derrière  jusqu'à  la  liase  des  doigts  comme  chez  les  autres 
aigles,  sont  courts  et  trapus.  Le  doigt  médian,  av(>c  l'ongle,  est  environ  aussi  longqueletai'se. 

Aquita  pennala  est  une  forme  de  petite  taille. 

Longueur  du  tarse  :  55  à  (iO  mill.  Longueiu-  du  doigt  uKMlian  sans  ongle  :  40  à  44  mill. 

Ce  petit  aigle  a  une  aire  de  dispersion  étendue.  On  le  trouve  dans  tous  les  pays  bordant  la 
Méditerranée,  dans  l'Inde  entière  et  à  Ceylan.  Il  n'est  pas  rm-e  en  Egypte  et  en  Nubie  oîi 
Shelley  et  Brehm  l'ont  toujours  observé  par  paires  et  par  familles,  jamais  seul.  L'aigle  botté 
est  un  vrai  rapace,  il  poursuit  tous  les  petits  oiseaux.  En  Egypte  on  le  voit  sui'tout  chasser  les 
tourterelles  dans  les  forêts  de  palmiers. 

Par  les  proportions  de  ses  tarses  et  de  ses  doigts,  Aquila  pcnnata  ne  peut  être  confondu 
avec  les  autres  espèces  d'aigles,  pas  plus  qu'avec  la  buse  pattuo,  Archihuteo  lagopvs,  Gmelin, 
dont  le  tai^se  atteint  environ  la  même  longueur  que  celui  de  l'aigle  botté,  mais  qui  en  diffère 
par  sa  face  postérieure  écailleuse  au  lieu  d'être  emplumée. 

La  tête  osseuse  AWquila  pennata  est  moins  allongée  dans  le  sens  antéro-postérieur  que 
le  crâne  des  aigles  de  grande  taille,  beaucoup  moins  notamment  que  celui  à! Aquila  inaculata. 
Par  son  diamètre  occipital  relativement  grand,  le  crâne  i^ Aquila  pennala  rappelle  la  forme 
propre  aux  faucons,  mais  dans  sa  région  antérieure  il  présente  tous  les  caractères  desaquilinés, 
c'est-à-dire  des  maxillaires  de  failde  hauteur  avec  des  lacrymaux  courts  et  larges. 

Les  os  de  l'aile  ont  les  mêmes  proportions  que  chez  h^s  autres  aigles;  S(Md  l'Immérus  est 
plus  fort,  surtout  vers  son  extrémité  proximale. 

Dans  la  région  hyposternale,  le  stenium  est  plus  élargi  que  chez  .1.  luaculala,  mais  sa 


RAPACKS   DUliXKS 


145 


carèno  médiane  so  tormin(\  coinmo  dans  le  stoi-num  do  co  dornior.  un  iioii  on  avant  du  bord 
postérieur. 

Le  fémur-  et  1(>  tiliia  ont  la  même  lormo  (pie  chez  Taii^ie  tacheté  ;  c'est  par  le  tarse  et  les 
doigts  que  l'aiLile  Itotté  s'écarte  le  ]tlus  des  grandes  espèces  d'aigles.  Le  tarse,  épais  et  court, 
(le  hi  ui("'me  longueur  environ  ([uo  le  doigt  m(''dian  avec  l'ongle,  rappelle  en  efïet  l(^s  propor-tions 
(ju'ou  reniar({ue  chez  les  faucons.  (iuoi(pie  sa  structure  soit  id(:'nti(]ue  à  ce  cpi'elle  est  chez  les 
Aquilinés.  Dans  ces  deux  group(>s  le  métatarsien  présente  dos  difiérences  ostéologiques  con- 
stantes :  chez  tous  les  Faucons  que  nous  avons  examinés,  le  fléchisseur  du  m(Hatarsien  s'insère 
près  de  la  face  interne  do  l'os,  immédiatement  au-dessous  du  pertuis  interne  siqu'-rieur:  chez 
les  aigles,  les  buses,  et  (pi(d([uos  autres  oiseaux  de  proie,  il  s'insère  au  contraire,  près  do  la 
face  externe  à  une  plus  grande  distance  de  l'articulation  tibiale.  Go  caractère  pei'inot  do  dis- 
tinguer à  pi'omi(''ro  vue  les  m(''tatarsiens  d'un  aigle  (l(^  ceux  d'un  faucon. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

D'AQUILA  P£VV.ir^,GMELiN 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité  de  la  queue     .  225°"" 

—  de  la  tète  osseuse 71 

—  du  frontal  à  l'occiput 48 

Largeur  maximum  du  crâne 43 

—  interorbitaire 15 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  en  suivant  la  courbure  du  bec 35 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épistcrnale  au  bord  postérieur) 61 

Largeur  du  sternum  en  avant 32 

—  —         en  arrière 40 

Hauteur  du  bréchet • 16 

Longueur  du  coracoidien 37 

—  de  l'omoplate 50 

—  de  l'iiumérus 98 

—  du  cubitus 124 

du  métacarpien 54 

—  du  doigt  principal 35 

—  du  bassin 47 

Largeur  antérieure  du  bassin 26 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloides 34 

Longueur  des  vertèbres  caudales 51 

—  du  fémur 68 

—  du  tibia 95 

—  du  tarso-métatarsien •.     .     .  57 

—  totale  du  doigt  médian "...  55 

—  —  externe ; 38 

^-  —  interne 40 

Longueur  du  pouce 38 


Arc.h.   Mus.   —  t     \1I1. 


'19 


146  FAUNE   DE   L  ANCIENNE   EGYPTE 


SOUS-FAMILLE  DES  FALCONINÉS 


Genre    FALCO.    Lixxé 

FALCO  FELDEGGII,  Schlegel. 

(l'I.  VI.  de  1  à  8.) 

Falco  Feldeggii,  Schlegel,  Ab/iand.  Geb.  Zool.,  1841,  p.  3,  pi.  X,  XI.  —  B.  Sliarpe,  Catalogue  of  Ihe  Acci- 
fiitres  of  the  B.  M.,  1874,  p.  389. —  Gurney,  Notes  on  a  Catalogue  of  tlie  Acoipitres  of  tlie  B.  M.  by 
B.  Sharpe,  1874  (Ibis,  1882,  p.  439).  —  Dresser,  on  the  Synonyniy  of  some  paUearctic  Birds  (Ibis, 
1893,  p.  377). 

Falco  tant/pterus.  Schl.,  Abhandl.  Geb.  Zool.,  1841,  p.  8,  pi.  XII,  XIII.  —  Gray,  Handlisl,  1869,  vol.  I,p.20. 
—  B.  Sharpe,  Cat.  of  Ihe  Accipil.  oftheB.  M.,  1874,  p.  391. 

Falco  lanarius,  Gould,  Ihe  Birds  of  Asia,  1850-1883,  vol.  I,  pi.  VI.  —  Gray,  Handlist  of  gen.  and  spec.  of 
Birds,  1869,  toI.  I,  p.  19,  n"  171.  —  Shelley.  A  Handbook  tothe  Birds  of  Egypt,  1872,  p.  188. 

D'après  Tristram  Falco  Feldeggii  est  connu  des  Arabes  de  la  Palestine  sous  le  nom  de 
sahhr  shaheen,  mais,  suivant  Sharpe  et  le  D''  Arbel',  le  shaheen  est  Falcu pcrcgrinator. 
Il  est  très  probable  que  ces  deux  formes  de  faucons  sont  le  plus  souvent  confondues  par  les 
Arabes  et  désignées  sous  le  même  nom. 

Falco  Feldeggii  est  représenté  par  (i  individus  :  i  de  Gizé,  2  de  Kôm-Ombo  et  3  de 
Rôda. 

Bec  court  à  arête  arrondie  avec  une  dent  latérale  aiguë. 

Tarse  emplumé  sur  une  très  faible  partie  de  sa  longueur  et  en  avant  seulement.  Aspect 
réticulé  devant  et  derrière. 

Le  doigt  externe  est  sensiblement  plus  long  (30  millim.  sans  ongle)  que  le  doigt  interne 
(25  millim.)  ;  médian  un  pou  plus  court  que  le  tai'se. 

Longueur  du  tarse  :  40   millimètres  :  longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  43  milli- 
mètres. 

Pai'mi  les  faucons  de  l'ancien  monde,  trois  espèces  du  genre  Falcu  ont  seules  des 
cai'actères  se  rapprochant  de  ceux  exposés  plus  haut.  Ce  sont  :  Falco  habglonicus,  Gurney-,  qui 
habite  le  nord-est  de  l'Afrique,  la  Mésopotamie,  l'Asie  Centrale,  le  Turkestan  et  le  Népal, 
Falco  Feldeggii,  Schlegel,  connu  dans  les  régions  bordant  la  Méditerranée  et  dans  le  nord-est 
de  l'Afrique;  Falco  tajigpfenis.  Schl.,  do  la  Nubie  et  du  bassin  du  Niger. 

D'après  Shelley^,  qui  a  pu  étudier  sur  place  ces  faucons,  la  longueur  du  tarse  de  Falco 
bahylonici's  est  de  51  millimèti'es,  c'est-à-dire  très  voisino  do  co  qu'elle  est  chez  F.  Fel- 
deggii (  1'.)  millim.).  ^lais,  dans  cotte  dernière  espoeo,  la  brièveté  du  doigt  médian  est  bien 
plus   accentuée  (43  millim.   sans    ongle)    que    dans    Falco    bubgloniciis  (51    millim.    sans 

'  D''  Arbel,  Compte  rendu  d'une  mission  scientifique  aux  Indes  &vi'^la\sQs( Bulletin  Muséum  Paris,  [>.  108, 1902). 
*  Gurney,  Notes  on  Birds  observed  in  Oudb  and  Kumaon  (Ibis,  1861,  pi.  VII,  p.  218). 
3  Shelley,  Birds  of  Egypt,  1882,  p.  189  et  190. 


JiAPACKS   DIURNES  147 

ong'lo).  Cette  particularité  permet  de  distinguer  i^«/ra  Feldcgyu  de  la  plupart  des  espèces  du 
même  genre.  Chez  les  autres  Falco  et  notamment  chez  F.  pereyriaus,  que  l'on  rencontre 
en  Egypte  comme  dans  presque  toutes  les  parties  de  l'hémisphère  arctique,  le  doigt  médian 
sans  ongle  est  toujours  sensiblement  plus  long  que  h^  tarse,  ainsi  qu'il  résulte  des  observa- 
tions faites  par  M.  Gurney*,  sur  d(^  nombreux  spécimens  de  F.  pcrcyrinus  de  l'ancien  monde, 
et  par  M.  Ridgway^sur  cinquante-sept  Faucons  pèlerins  d'Amérique.  Chez/'.  Feldeggii,  le 
doigt  médian  sans  ongle  est  au  contraire  plus  court  que  le  tarse. 

Par  la  faible  longueur  de  son  doigt  médian  F.  Feldeggii  se  rapproche  des  formes  appar- 
tenant au  genre  Hiero falco,  msi\%  chez  celles-ci,  et  enti'e  autreschez  Hiero falco saker,(}mi?Ym., 
voisine  par  la  taille  de  F.  Feldeggii,  les  doigts  externe  et  interne  ont  à  peu  près  la  même  lon- 
gueur. Elles  diffèrent  donc  nettement  par  ce  côté  de  F.  Feldeggii  dont  le  doigt  interne  est, 
comme  dans  tous  les  Falco,  bien  plus  court  que  le  doigt  externe. 

En  ce  qui  concerne  Falco  taïu/pterus,  une  étude  comparative  faite  par  M.  (Turney^sur 
vingt  mâles  et  vingt  femelles  attribués  les  uns  à  Falco  tanypterus,  les  autres  à  F.  Feldeggii, 
établit  (pie  F.  taiiyjjferas  ne  peut  être  distingué  spéciiiquement  de  F.  Feldeggii.  Pour 
M.  Gurney,  F.  tanyjjle/'ifs  n'est  qu'une  vai'ii'tc'^  intertropieale  de  l'espèce  F.  Feldeggii  qvii  est 
sujette  à  des  variations  considérables  de  la  taille  et  de  la  livrée.. 

Ainsi,  d'après  l'ensemble  de  ces  caractères  physiques  et  par  les  proportions  de  ses 
membres,  ce  grand  faucon  de  l'ancienne  Egypte  se  rapporte  tout  à  fait  au  faucon  de  l'Egypte 
actuelle,  à  F.  Feldeggii. 

Shelley  cite,  dans  Handhooh  tothe Birds  of  Egypt,  F.  Feldeyyii  sous  le  nom  de  Falco 
lanai'iiis,  il  dit:  «  C'est  le  plus  abondant  des  grands  Faucons  de  l'Egypte,  il  habite  toute 
l'année  l'Egypte  et  la  Nubie,  niche  annuellement  sur  les  pyramides.  » 

M.  J.  Gardner  Wilkinson*  ne  mentionne  qu'une  seule  espèce,  du  genre  Falco  propre- 
ment dit,  reconnue  parmi  les  oiseaux  momifiés  de  l'Egypte  ancienne  :  Falco  Aroêris?  M.  A\'il- 
liinson  suppose  qu'il  s'agit  de  Falco  subbuteo,  le  hobereau.  On  sait  que  cette  petite  espèce 
n'a  aucun  rapport  avec  F.  Feldeygi. 

Le  squelette  de  F.  Feldeggii  est  dans  son  ensemlde  un  peu  moins  robuste  que  celui  de 
F.  jjerer/i'i/ii's  :  \ef^  ailes  et  les  pattes  surtout  sont  bien  plus  fail)les  que  celles  du  Faucon 
pèlerin. 

Le  crâne  de  F.  Feldeyyii  est.  dans  sa  partie  postérieure,  relativement  large  :  l'espace 
interorltitaii-e  du  frontal  est  étroit.  Les  os  lacrymaux  sont  très  divei-gents;  les  prémaxillaires 
et  les  os  du  nez  sont  courts  :  aussi,  l'angle  formé  en  menant  de  l'extréniité  ant(''rieure  des  pré- 
maxillaires deux  lignes  tangentes  aux  arcs  jugaux  est-il  plus  ouvert  que  chez  F.  pere- 
(jrinvs.  Cette  ditïërence  est  beaucoup  plus  sensilde  lorsque  la  tête  osseuse  de  F.  Feldeggii 
est  comparée  à  celles  d'oiseaux  appartenant  à  quelques  autres  genres  de  rapaces  diurnes  et 
même  nocturnes,  comme  le  montrent  les  mensurations  suivantes  :  F .  Feldeggii  (momifié) 
50";  F.  pei-egi-iiit/s,  52":  CercJnieis  Hnnancida  .52°;  AccipHer  nisas  (momifié)  43°;  A/jifila 

'  H.  Gurney,  Notes  on  a  catalogue  of  tlie  Accip.  in  the  Brit.  Mus.,  1874,  (Ibis,  1882,  p.  290). 

'  Ridgway,  La7id  Birds  of  Nortli  America,  \o\.  III,  p.  137. 

'■>  Gurney,  Notes  on  a  Catalogue,  etc.  (Ibis,  1882,  p.  43(3). 

^  Wilkinson,  TJie ancient  Egijptians.  Loiidon,  1878,  v.  III,  p.  261. 


148  FAUNE   1)K   L' AXCIl'.X  XK   EC.YI'TK 

fulva  42";  yy^'/w /''/vv.;- (momifié)  42°;  Clrcvs  a'rwjinusvs  {\\\m\\\[\1')   11":  Ilutrudescrtoniia 
(momifié)  40°;  Htdo  /na.ci/n/'s,  î')2":  Asio  hi-iicJu/ohis  ~)[":  Sj/i-nlnin  nJuro  48. 

La  face  inférieure  du  cràiic»  a  la  même  conformation  que  chez  les  autres  Faucons  ;  l'exti'é- 
mité  antérieure  des  ptérvgoïdiens  s'articule  en  avant  avec  le  palatin  seulement,  sans  s'appuyer 
contre  le  basisphénoïde  comme  chez  les  aigles  et  les  huses. 

Le  sternum  est  pourvu  d'une  très  forte  carène  médiane,  elle  le  traverse  dans  toute  sa 
longueur,  de  l'apophyse  épisternale  au  liord  postérieur,  au  delà  duipiel  elle  fait  une  légère 
saillie.  Le  bord  posli'riciir  est  épais,  mais,  au  lieu  d'être  presque  droit  comme  chez  F.  pcre- 
grinus  et  quelques  autres  faucons,  il  est  fortement  ondulé.  Pi'ès  de  son  bord  postérieur,  le 
sternum  est  percé  de  deux  grands  trous  ovales.  Les  bords  latéraux  portent  six  facettes  d'ai'ti- 
culations  costales.  Les  apophyses  hyosternale  et  hyposternale  sont  arrondies.  Sur  la  face 
interne  le  sternum  est  percé  de  plusieiu-s  trous  pneumatiques.  Les  rainures  coracoïdiennes. 
sont  très  profondes  et  se  croisent  sur  l'axe  du  sternum. 

L'os  furculaire,  les  omoplates  et  les  coracoïdiens  sont  bien  développés.  Ils  sont  plus  petits, 
mais  ils  ont  la  même  structure  et  les  mêmes  proportions  que  dans  le  faucon  pèlerin.  Toutefois 
le  canal  foi'nié  par  l'apophyse  sous-claviculaire  du  coracoïdien,  où  coulisse  le  moyen  pectoral, 
est  moins  grand  c()mparati\'ement  ;  la  crête  d'insertion  de  ce  muscle  s'étend  moins  en  arrière 
sur  le  sternum. 

Les  os  de  l'aile  sont  moins  forts  que  dans  le  faucon  niuuuun.  principalement  l'humérus 
et  le  cubitus.  L(>  carpe,  le  métacarpe  et  les  phalanges  ne  présentent  rien  de  pai'ticulier.  L'extré- 
mité proximale  de  l'hiunérus  est  peu  élargie  par  sidte  du  moindre  développement  de  la  crête 
d'insertion  du  grand  pectoral.  iMns  la  fosse  sous-trochantérienne  s'ouvrent  quelques  trous 
pneumatiques,  mais  ils  sont  petits  et  peu  nombreux.  L'extrémité  inférieure  de  l'humérus  est 
plus  épaisse  d'avant  en  arrière  que  chez  i'\  pcrcijfnins. 

Le  bassin  dei^.  Feldeçigii  Qui  court,  surtout  dans  sa  moitié  antérieure,  où  il  est  également 
le  plus  étroit.  Sa  lai"geu)"  augmente  Ijrusquement  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes:  elle  atteint 
le  maximum  au-dessus  des  trous  ischiatiques.  Les  ischions,  au  lieu  d'avoir  une  direction  diver- 
gente sur  toute  leur  longueur,  s'infléchissent  légèrement  en  dedans  près  de  leur  extrémité 
postérieure.  Les  os  pubiens  sont  très  minces  et  allongés,  ils  se  prolongent  presque  jusque  vers- 
l'axe  du  bassin. 

Le  fémui'.  le  tibia  et  le  métatarsien  ont  un  diamèti-e  plus  faible  (juc  dans  le  faucon  pèlerin. 

Le  tibia  est  plus  aplati  dans  le  sens  antéro-postérieiu';  son  extrémité  distale  porte  en 
avant,  à  la  partie  inférieure  de  la  gouttière  qui  sert  à  loger  le  tendon  extenseur  des  doigts,  deux 
ponts  osseux  au  lieu  d'un  seul  comme  la  plupart  des  oiseaux.  Cette  disposition  du  tibia  est 
particulière  à  tout  le  groupe  des  faucons,  si  l'on  sépare  de  ee  gi'oupe  les  rapaces  appartenant 
au  genre  Baza . 

Dans  son  catalogue  des  rapaces  diurnes  du  Muséum  de  Londres,  M.  B.  Sharpe*  réunit 
leaBaza  à  la  sous-famille  des  Falcuiiiuie,  en  s'appuyant  prineipalement  sur  la  présence  de 
deux  dents  à  chacun  des  côtés  de  leur  mandibule  supérieure.  Mais  les  autres  parties  du  squelette 
des  Bnza  offrent  une  grande  ressemlilance  avec  le  squelette  des  milans  et  des  liondrées.  Aussi, 
MM.  Miluc  Pjlwai'ds  et  (Irandidicr  proposcul-ils.  dans  leur  savant   ouvrage  sur  les  oiseaux 

'  B.  Sharpe,  Catal.  of  tlie  Accipilres  :  <liurnal  ISirds  of  preij,  in  thc  col.  B.  M.,  1874,  vol.  I,  p.  351. 


RAPACES  DIURNES 


149 


de  Madagascar  ' ,  de  placei'  les  Bazas,  non  dans  la  sous-famille  des  Falconinés,  mais  dans  colle 
des  Milvinés  telle  que  l'a  constituée  M.  Gray,  dans  Handlist  of  gênera  and species  of  Buxls^. 

Le  tai'so-métatarsien  de  F .  FeUh'yfj'd  est,  compai-ativcmcntau  tibia,  bien  plus  allongé  que 
celui  du  faucon  pèlerin.  Ses  extrémités  sont  un  peu  plus  comprimées  d'avant  en  arrière.  Les 
deux  pertuis  supérieurs  qui  rappellent  la  séparation  primitive  des  métatarsiens  sont  grands. 
Vers  l'extrémité  distale,  le  trou  de  l'adducteur  du  doigt  externe  est  situé  plus  haut,  à  une  plus 
grande  distance  des  trochlées  digitales.  Celles-ci  ont  la  même  forme  que  chez  F.  jjcfeyrinus, 
sauf  la  poulie  du  doigt  interne  qui  est  moins  recourbée  en  dedans.  L'empreinte  tibiale  est  plus 
rapprochée  de  l'extrémitt'  supérieure. 

Ainsi,  choz/'^.  Feldeggii,  la  puissance  de  flexion  du  métatarsien  est  faiblement  développée, 
par  rapport  à  ce  qu'elle  est  chez  F.  peregnm<s,  à  cause  des  dispositions  anatomiques  sui- 
vantes :  le  métatarsien  étant  relativement  plus  long,  le  muscle  fléchisseur  de  cet  os  doit, 
pour  soulever  le  môme  poids,  exercer  un  eflbrt  plus  grand  proportionnel  à  la  longueur  de  l'os  : 
en  outre,  l'insertion  du  muscle  tibial  antérieur  se  trouvant  à  une  distance  plus  courte  de  l'arti- 
culation tibio-tarsienne.  la  force  de  C(>  muscle  est  diminuée  en  raison  directe  de  la  r(''duction 
de  son  bras  de  levier. 

Compan'-e  à  la  longueur  du  métatarsien,  la  longueur  des  doigts  est  très  faible,  mais  ces 
doigts  ont  entre  eux  à  peu  près  les  mêmes  proportions  r'elati\'es  que  chez  tous  les  i'a})aces  du 
genre  Falco. 

Le  tableau  suivant  indiipie  les  dimensions  des  diverses  pièces  du  squelette  de  F.  Fddeqqii 
momifié  et  de  F.  peregrlnns  actuid;  il  [lermet  de  se  rendre  compte  des  ditférences  de  rapports 
de  membre  à  memln-e  qui  existent  entre  ces  deux  formes  de  Faucons. 


DIMENSIONS    PRINCIPALES   DU    SUUELETTE 

HE  FÀLCO  FELDEGGII  ET  DE  F.  PEIiEGUIXUS 

Falro  Falco 

Feldeggi  jieregrinus 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,   de  la   1"'  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité 

de  la  queue 215"""  242""" 

Longueur  du  crâne,  de  l'extrémité  du  bec  à  l'occiput 62  68 

—  —      du  frontal  à  l'occiput 43  45 

Largeur  maximum  du  crâne 38  3!) 

—  interorbitaire 14  18 

Longueur  du  bec  (en  suivant  la  courbure  supérieure) 27  32 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  du  bord  post.) 58  76 

Largeur  du  sternum  en  avant 2!)  37 

—  —         en  arrière 37  48 

Hauteur  du  bréchet 20  23 

Longueur  du  coracoïdien 38  45 

—  de  l'omoplate EO  62 

—  de  l'humérus 74  84 

—  du  cubitus 80  95 

—  du  métacarpien 51  59 

—  du  doigt  principal 38  46 

—  du  bassin 45  56 

Largeur  antérieure  du  bassin 20  25 

—  du  bassin  en  arriére  des  cavités  cotyloïdes 35  40 

'  Milne  Edwards  et  Grandidier,  Histoire  fhyxique,  naturelle  et  politique  de  Madagascar  :  Oiseaux,  1879, 
vol.  XII,  p.  71. 

'  G.  Gray.  llandlist,  etc.,  London,  1809,  pari.  I,  p.  24. 


150  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


Longueur  des  verlèbres  caudales 

—  du  fémur 

—  du  tibia 

—  du  tarso-métatarsien    . 

—  totale  du  doip:t  médian. 

—  —  externe 

—  —  interne 

—  totale  du  pouce  . 


Falco 

Falco 

Feldeggi 

peregrinus 

44mni 

50""" 

60 

69 

76 

87 

49 

52 

48 

64 

39 

51 

34 

46 

28 

38 

FALCO  BABYIiONIGUS,  Gurney. 

IPI.  VI.  de  9  à   IG.) 

Falco  babylonicus,  Gurney,  Notes  on  Birds  observed  in  Oudli  and  Kumaon  fibis,  p.  218,  pi.  VII,  1861).  —  Gould, 
Bh-ds  ofAsia,  t.  XX,  pi.  IV  (1868).  — Shelley,  Btrds  of  Egijpt,  p.  189  (1872).  —  B.  Sliarpe,  Cat.  of 
Ihe  Accipitres  Brit.  Mics.,  p.  387  (1874.) 

Ce  i'aucon  n'est  pas  l'at'e  pai'ini  les  oiseaux  momifiés.  La  collection  en  compte  15  indivi- 
dus :  6  .sont  de  Roda,  G  de  Kùm-Omlio  et  3  de  Gizé. 

Falco  hahijloalrus  a  le  Ix'c  coui't,  épais,  à  crête  puu  ai'fondio,  armé  d'une  dent  latéi'ale 
aiguë.  Nai'ines  rondes  avec  un  tidiercule  central. 

Tai'so  ti'apu,  emplumé  sut*  les  2/5  de  sa  longueur  environ,  réticulé  devant  et  derrière. 

Doigt  médian  bien  plus  long  que  les  latéraux,  à  peu  près  égal  au  tarse.  Doigt  externe 
sensildement  plus  grand  que  le  doigt  interne. 

Falco  babylonicus  a.  Is.  tète  et  la  nuque  rousses;  les  faces  supérieures  gris  bleu,  les 
inférieures  roux  clair,  ponctuées  seulement  au-dessous  de  la  gorge.  Cire  et  tarses  jaunes . 

Longueur  du  tarse  ;  50  à  52  millimètres. 

Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  51  à  53  millimètres. 

Suivant  Slielley,  ce  faucon  est  assez  commim  actuellement  en  Egypte  et  en  Nuljie.  Un 
le  rencontre  dans  les  plantations  de  palmiers,  autour  des  pyramides  et  des  temples  en  ruines. 

Falco  bahylonicKS  est  un  faucon  de  grande  taille,  un  })eu  plus  ibrt  que  Falco  Feldeggii; 
il  se  distingue  de  celui-ci  par  son  plumage  ])leu  sur  le  dos  dans  les  deux  sexes,  sa  poitrine  peu 
ponctuée  et  surtout  par  son  doigt  médian  bien  plus  long,  relativement,  que  celui  de  F.  Feldegyii. 

Le  squelette  de  Falco  hahylonicus  ne  présente  aucune  particularité  importante  (pi.  ^1). 
Les  os  des  ailes  et  des  pattes  sont  plus  grands,  mais  ils  ont  la  môme  structure  que  ceux  de 
Falco  Feldcygil.  Le  sternum  et  le  tarse  diffèrent  un  peu.  Chez  F.  hahylonicus  le  bord 
postérieui-  du  sternum  est  très  élargi,  les  artic'ulations  costales  occupent  en  arrière  un  espace 
beaucou|)  moins  étendu  que  celles  de  F .  Feldeggii.  En  ce  qui  concerne  le  tarse,  les  pertuis 
supérieuiNs  sont  })lus  rixluits,  la  trochlée  du  doigt  externe  est  plus  grande.  Les  doigts  externe 
et  médian  sont  plus  développés  relativement  que  dans  F.  Feldeggii,  mais  un  peu  plus  faibles 
que  chez  F.  peregrinus.  Par  son  squelette,  Falco  hahylonicus  offre  des  caractères  intermé- 
diaires à  ces  deux  derniers  faucons. 

Sur  le  métacarpien  gauche  reproduit  planche  YI,  figure  12,  on  remarque,  à  l'extrémité 
du  ]iouce,  ime  sorte  de  grifïe  acérée  que  nous  n'avons  rencontrée  chez  aucun  autre  oiseau. 


RAPACES  DIURNES  151 

L'aile  droite  manquant,  il  n'a  pas  été  possible  de  savoir  si  cette  grifïe  existait  des  deux  côtés  ou 
s'il  s'ae'it  seulement  d'une  anomali(>  dvssvm(''ti"ique. 


FALCO  BARBARUS,  Linné 

Falco  barbarua,  Linné,  Syst.  Nat.,  I,  p.  125  (17(iti;.  —  Shelley,  Btrds  of  Egypt,  p.  187.  —  B.  Sharpe,  Cat.  of 

the  Accipit.  Brit.  Mus.,  vol.  I,  p.  386  (1874). 
Falco  pelegrinoides,  Temminck,  Recueil  de  j)lanc/ies  coloriées,  pi.  CDLXXIX  (1838). 

Falco  barbarus  n'a  été  reconnu  que  d'après  un  seul  spécimen  provenant  de  Kôm-Ombo. 

Ce  faucon  a  le  bec  très  crochu,  avec  une  dent  latérale  aiguë  et  forte. 

Narines  de  forme  circulaire,  à  tubercide  médian  bien  apparent. 

Tarse  plus  court  que  le  doigt  m(''(Iian  sans  ongle,  empluuK'^  en  avant  sur  le  tiers  de  sa 
longueur,  réticulé  sur  les  autres  parties.  Doigt  externe  plus  long  que  le  doigt  interne. 

Face  inférieure  du  corps  blanc  crème,  avec  de  petites  taches  triangulaires  noirâtres  sur 
l'abdomen  et  les  flancs.  Cire  et  pieds  jaunes.  Bec  brun  bleuâtre. 

Longueur  du  tarse  :  41  mdl.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  11  mill. 

Le  faucon  de  Barbarie  hal)ite  tout  le  nord  de  l'Afrique,  du  Sénégal  à  la  cùte  orientale. 
On  le  rencontre  également  dans  le  nord-ouest  di'  l'Inde  et  jusque  dans  l'Himalaya. 

Suivant  Shelley',  Falco  barbants  est  rare  en  Egypte  et  en  Nubie. 

Le  squelette  de  F.  barbarus  est  conforme  dans  son  ensemble  au  squelette  des  faucons  de 
grande  taille,  tels  que  F.  babyloniens  et  F.  jiereffrimis.Le  crâne,  le  sternum  et  les  membres 
postérieurs  ont  dans  ces  diverses  espèces  la  même  structure  et  environ  les  mêmes  dimensions 
relatives.  L'aile  seule  présente  des  proportions  différentes  ;  elle  est,  chez /'^.  barbarus,  bien  plus 
courte  que  dans  les  deux  autres  formes.  L'humérus  par  exemple  mesure  (51  millimètres  de 
longueur  chez  le  premier,  alors  qu'il  atteint  83  millimètres  chez  un  F.  bahi/bmlcus  dont  le  tarse 
n'est  que  de  7  ou  S  millimètres  supérieur  à  celui  de  F.  barbarus. 

Comparé  à  un  squelette  de  F.  barbarus  moderne,  le  squelette  ancien  de  cette  espèce  ne 
paraît  offrir  aucune  différence  notable.  Les  dimensions  respectives  de  chacun  sont  indiquées 
dans  le  tableau  suivant. 


DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  FALCO  BARBARVS,  Linné 


Moiuilie  Moderne 


Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la   première  vertèbre  cervicale  à  l'estréniité 

de  la  queue 191"""'  201"'"' 

Longueur  de  la  tête  osseuse Cl  B2 

—  du  frontal  à  l'occiput 40  41 

Largeur  raaxiuuira  du  crâne 36  36 

—  interorbitaire 15  15 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  en  suivant  la  courbure  du  bec 33  33 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 60  60 

Largeur  du  sternum  en  avant 30  31 

—  —        en  arrière 40  39 

Hauteur  du  bréchet 18  17 


'  Shelley,  Birds  of  Egypt.  p.  187,  London,  1872. 


152  FAUXK  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Momifié  Moderne 

Longueur  du  coracoïdien 37""'  39'"™ 

—  de  l'omoplate ^Q  50 

—  de  l'humérus 64  68 

—  du  cubitus "5  81 

—  du  métacarpien "45  48 

—  du  doigt  principal 37  39 

—  du  bassin 40  42 

Largeur  antérieure  du  bassin 20  20 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 33  36 

Longueur  des  vertèbres  caudales 38  38 

—  du  fémur 54  58 

—  du  tibia 67  74 

—  dn  tarso- métatarsien 41  45 

—  totale  du  doigt  médian 52  55 

—  —         externe 38  40 

—  —         interne 33  38 

—  totale  du  pouce 29  31 


FALCO  SUBBUTEO.  Linné. 

Falco  subhuteo,  Gould,  Birds  of  Europe,  I,   pi.  XXII  (1837).    —    Shelley,  Birds  of  Egijpt,  p.  192  (1872).  — 
B.  Sharpe,  Cat.  of  the  Accip.  Brit.  Mus.,  p.  395  (1874). 

Le  liobei'eau  n'est  pas  coniniun  parmi  les  oiseaux  momifiés  :  on  en  a  reconnu  seulement 
3  spécimens  :  1  de  Rôda,  3  de  Gizé. 

Falco  snhhuleo  a  l'arête  médiane  du  bec  Lien  marquée. 

Le  tarse  court  est  emplumé  en  avant  sur  les  deux  cinquièmes  environ  de  sa  longueur. 
Doigts  peu  épais,  allongés.  Médian  avec  ongle  plus  grand  que  L»  tarse.  Doigt  externe 
sensiblement  plus  long  que  l'interne. 

Première  rémige  seule  échancrée  au  bord  interne,  un  peu  plus  courte  que  la  seconde. 
Cire  et  pieds  jaunes  ;  bec  noir  bleucàtre,  jaune  à  la  base  chez  le  mâle  adulte. 
Longueur  du  tarse  :  33  à  36  milliniètres. 
Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  33  à  35  millimètres. 

Le  hobereau  l)al)ite  l'Europe  entière:  on  le  rencontre  aussi  dans  l'Inde  et  jusqu'en 
Chine.  L'hiver  il  l'ait  des  incursions  en  Afrique.  Heuglin  et  Shelley  ont  constaté  la  présence  de 
ce  rapace  en  Egypte  au  mois  d'avril,  mais  il  y  est  toujours  rare. 

6.  A^'ilkinson  '  mentionne  ce  faucon  au  nombre  des  animaux  sacrés  des  anciens  Egyptiens. 
Ce  savant  croit  (pie  le  hobereau  était  le  faucon  sacré  de  Rà,  Falco  Aroèris,  adoré  à  Héliopolis 
et  dans  diverses  localités. 

Falco  subbuteo  se  distingue  des  faucons  de  petite  taille,  entre  autres  de  la  crécerelle, 
Cerchiu'is  tinnunculus,  L.,  par  plusieurs  pai'ties  de  son  squelette.  Outre  les  proportions  des 
doigts  et  du  tarse,  dont  les  dilïérences  ont  servi  de  base  aux  classiflcateurs  pour  établir  les 

'  J.-G.  Wilkinson,  Ihe  ancient  Egyplians,  vol.  III,  p.  261,  London,  1878. 


mm 


RAPACRS  DIT'RNES  153 

genres  Ce)-r/uieis  et  Falco,  on  trouve  chez  le  liuljèfeau  l'aile  et  le  sternum  notablement  plus 
forts  que  chez  la  crécerelle. 

Les  mensurations  indinuées  dans  le  tableau  suivant  ont  été  prises  sm'le  squelette  d'indi- 
vidus de  ces  deux  foi-uies.  Le  sternum  du  hobereau  mesure  44  millimètres  de  longueur  d'avant 
en  arrière,  tandis  que  celui  de  la  crécerelle  n'atteint  que  38  millimètres.  Chez  le  hobereau,  le 

cubitus  a  68  et  l'humérus  50  millimètres  de  long-,  alors  que  chez  la  crécerelle  ces  os  ont 
respectivement  63  et  5()  millimètres  de  longueur. 

Ces  différences  sont  importantes  en  elles-mêmes;  elles  le  sont  l)ien  davantage  si  l'on 
tient  compte  des  dimensions  des  membres  postérieurs  qui  se  trouvent  au  contraire  sensiblement 
moins  élevées  chez  le  hobereau  que  chez  la  crécerelle. 

DIMENSIONS    PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

DE  FALCO  SCBBVTliO.  L..   ET  CERCHNKIS  TIXXUXCULVS,  L. 

Falco  Cerchneis 

suhhuteû  timiuncuîus 

Momifié  Momifié 

Longueur  de  la  colonne  vertrbrale,  de  la  première  vertèbre   cervicale   à  l'extrémité 

de  la  queue 168"""  159' 

Longueur  de  la  tête  osseuse 50  48 

—  du  frontal  à  l'occiput     .     .     .     .     ■ 34  34 

Largeur  maximum  du  crâne 30  30 

—  interorbitaire H  11 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  en  suivant  la  courbure  du  bec 26  24 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 44  38 

Largeur  du  sternum  en  avant 25  22 

—  —         en  arrière 31  29 

Hauteur  du  bréchet 14  12 

Longueur  du  coracoïdien.    .     .     .  ■ 31  28 

—  de  l'omoplate 40  37 

Longueur  de  l'humérus 59  56 

—  du  cubitus 68  63 

—  du  métacarpien 39  35 

—  du  doigt  principal 30  26 

Longueur  du  bassin 35  31 

Largeur  antérieure  du  bassin 17  16 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 28  27 

Longueur  des  vertèbres  caudales 33  34 

■ —           du  fémur 45  45 

—  du  tibia 59  (JO 

—  du  tarso-métatarsien           35  38 

—  totale  du  doip;t  médian 40  36 

—  —         externe 30  28 

—  —         interne . 25  27 

—  —         du  pouce 20 


jo 


Arch.  Mus.  —  t.  VIII  '20 


154  FAUNE  DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 

Genre    IIIEROFALCO,    Guvier 

HIEROFALCO  SAGER,  Brisson. 

Falcosacer,  Brisson,  Ornith  .  I,  p.  337  (lîflOi.  —  Grav,  Gen.  Ptirds,  III,  p.  2  (1849).  —  Goukl,  Birds  of  Asia, 
X.  XX,  pi.  V  (1868).  —  Shelley,  Dirds  of  Kgt/pt,  p.  190  (1872).  —  Tristram,  Fauna  of  Palestine, 
p.  105(1884). 

Falco  lanarius,  Gould,  Birds  of  Europe,  I,  pi.  XX  (1837). 

Hierofcilco  saker,  B.  Sharpe,  Cat.  of  Accip.  Brit.  Mus.,  vol.  I,  p.  417  (1874). 

Tristram  et  Sholley  disent  que  ce  faucon  est  connu  des  Ara])es  de  l'Egypte  et  de  la 
Palestine  sous  le  nom  de  saker  el  Jior  ou  sahln-  cl  Iior.  Il  est  représenté,  dans  notre  collection 
d'oiseaux  de  l'ancienne  Egyiite,  par  deux  spécimens  provenant  l'un  de  Rfkla  (Haute-Egypte), 
l'autre  de  Gizé. 

Bec  court,  très  recourbé,  à  dos  et  cotés  arrondis. 

Nai'ines  légèrement  ovales  avec  tvdjercule  médian. 

Tarse  épais,  emplumé  en  avant  sur  la  moitii''  de  sa  longueur,  finement  réticulé  sur  la 
moitié  inférieure  et  derrière  dans  toute  sa  longueur.  Doigts  épais,  peu  allongés,  médian  sans 
ongle,  plus  court  que  le  tarse,  doigts  externe  et  interne  environ  égaux. 

Faces  supérieures  brun  cendré.  Faces  inférieures  blanc  un  peu  jaunâtre  avec  taches  brunes 
allongées  verticalement. 

Longueur-  du  tarse  :  .52  à  .54  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :   14  à  47  mill. 

Hicrofaleo  .s'«cry  habite  le  sud-est  de  l'l']uro}i('  et  le  nord-est  de  l'Ah-ique,  il  est  commun 
dans  l'Asie  centrale  et  jusqu'en  Chine.  C'est  une  espèce  plutôt  asiati(jue. 

Ce  faucon  a  été  observé  en  Egypte,  mais  il  y  est  rare.  Shelley  l'a  (It'crit  d'après  deux 
spécimens  capturés,  l'un  à  Kôm-Ombo,  l'autre  dans  les  environs  de  Siouth.  Hierofalco  sahcr 
est  encore  de  nos  jours  dressé  pai'  les  Arabes  pour  la  chasse  de  la  gazelle.  Le  D'  L.  Arbel' 
en  a  vu  plusieurs  spécimens  au  cours  d'une  visite  qu'il  lit.  cette  année  même  près  du 
Caire,  à  l'équipage  de  fauconnerie  du  prince  Hussem  Kemal-ed-din.  «:  Le  prince  chasse  pres- 
que exclusivement  la  gazelle,  et  il  se  sei't  pour  cette  chasse  de  Faucons  sacres,  pris  de  pas- 
sage au  mois  de  novemlire.  Ces  sacres  m'ont  pai'u  de  plus  petite  taille  que  ceux  dos  Indes, 
mais  les  autres  caractères  spécifiques  sont  identiques  dans  les  deux  pays. 

«  Dans  un  de  mes  précédents  voyages  on  Algérie,  j'avais  cw  l'honneur  d'être  reeu  chez 
le  grand  fauconnier  arabe  de  Bisera,  Ben  Gana,  aga  desZiJians.  Dans  la  conversation  il  m'avait 
signalé,  comme  étant  très  apprécié  par  les  iauc'onniei's.  un  faucon  qui  vient  en  Algérie  au 
moment  du  passage  des  étourneauxet  que,  pour  cette  raison,  les  Arabes  appellent  le  faucon 
des  étourneaux.  La  marque  distinctive  de  cet  oiseau  consiste  en  (piatre  points  blancs  ovalaires 
visibles  sur  les  plumes  du  dos,  lorsque  l'oiseau  se  tient  en  repos,  les  ailes  fermées.  Cetteconver- 
sation  avec  Ben  Gana  m'est  revenue  à  la  mémoire  en  examinant  attentivement  les  sacres  du 
prince  Kemal-ed-din.  L'un  de  ces  rapaces  était  un  oiseau  sors{{  an);  l'jiuti'e  avait  trois  mues 
(3  ans).  Sur  celui  des  trois  mues  existaient  deux  taches  ovalaires  ti*ès  nettes,  sur  les  plumes 

'  Compte  rendu  d'une  mission  scientifique  aux  Indes  anglaises  (Bulletin  du,  Muséum  d' Histoire  naturelle, 
Paris,  1902,  p.  161). 


TAPAGES   DIURNES  155 

rémiges  tertiairea  et  en  ('cailaiil  l(\uvroinfnt  ha  plumes  voisines,  on  voyait  deux  autres  taches 
semblal)les  qui  formaient  avec  les  deux  premières  un  carré  parfait.  Le  vieux  fauconnier  du  prince 
me  dit  que  c'était  là  uniquement  une  (pu^stion  tl'àge,  et  que  l'an  prochain,  lorsque  l'oiseau 
aurait  (piatre  ans,  les  quatre  taches  seraient  entièrement  apparentes.  » 

Hirrofalco  sahrr  est  tlonc  recherche'-  par  les  fauconniers  aussi  bien  en  iVlgérie  et  en  Égypt(i 
que  dans  les  Indes,  quoiqu(\  suivant  le  D''  Arbel,  plusieurs  autres  oiseaux  de  proie  soient  dans 
l'IIindoustan  égalemt'ut  employés  à  la  chasse,  nolamnient  Falco ppregrluus,  Falco peregri- 
nntor.   l'autour  et  l'(''pei'vier  iu'.sils. 

Schlegel  '  a  fait  remarquer,  à  propos  du  faucon  sacre,  que  le  nom  de  saher,  sous  lequel 
ce  rapace  est  connu  en  Europe  depuis  le  moyen  âge,  est  évidemment  d'origine  arabe.  C'est  par 
ce  nom  que  les  Arabes  désignent  les  faucons  en  général.  C'est  donc  une  erreui"  de  traduire  le 
mot  ai'abe  saket^  ou  plus  exactement  snhhr,  par  le  met  latin  sarer.  L'erreur  a  été  commise 
par  divi'rs  auteurs,  elle  en  a  conduit  (piel([ues-uns  à  regarder  Hh'rofalco  so^-er  comme  le  faucon 
sacré  des  anciens  p]gyptiens. 

La  seule  raison  qu'on  pourrait  avoir  de  considérer  Hierofalco  saher  comme  le  faucon 
sacré  de  Horus,  c'est  le  nom  de  Hor,  Sakkr-el-Hoi-,  qu'on  lui  retrouve  dans  la  tradition  arabe. 
Mais  les  AraJjes  ne  donnent  pas  le  nom  de  Hor  seulement  à  Hierofalco  sa k a-  :  le  faucon  pèlerin 
est,  suivant  Tristram -,  également  appeh''  Tlr-el-Hor.  Ces  deux  lançons  ont  donc  sans  doute  été 
le  plus  souvent  confondus  et  adon'-s  comme  les  symboles  du  soleil,  de  Ilorus,  simultanément 
avec  tous  les  autres  oiseaux  deproii^  diui-nes,  ainsi  qu'en  témoigne  la  liste  des  espèces  momifiées 
par  les  Égyptiens  du  temps  des  Pharaons. 

Le  squelette  de  Hierofalco  saher  ne  se  distingue  par  aucun  cai'actère  important  du  sque- 
lette de  Falco  peref/ri}! as.  Le  crâne  et  les  ailes  ont  la  même  structure  dans  les  deux  espèces. 
Le  sternum  est  un  jn'U  plus  élargi  en  arrière  quecelui  du  faucon  pèlerin,  son  bord  postérieur,  au 
heu  d'être  prcs([uc  droit,  comme  chez  celui-ci,  est  fortement  ondub''.  11  se  rapproche  par  ce 
caractère  tle  F.  hali/lonicas  et  île  F.  Feldeggii. 

Le  saker  nous  semble  différer  des  faucons  de  grande  taille  du  type  F.  perecjrinus, 
uniquement  par  les  proportions  de  ses  tars(^s  et  de  ses  doigts  qui  sont  indi({uées,  avec  les 
dimensions  des  diverses  pai'ties  de  son  squelette,  dans  le  tableau  suivant  : 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

Dli  HIEROFALCO  SACER 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à  l'extrémité  de  la  queue.  245""™ 

Longueur  totale  de  la  tète  osseuse 7Q 

du  frontal  à  l'occiput 48 

Largeur  maximum  du  crâne 40 

—  interorbitaire 17 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec) 34 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  post.) 71 

Largeur  du  .sternum  en  avant 35 

—  —  en  arrièi'e 51 

Hauteur  du  bréchet 24 

'  Oould,  Birds  of  Asia,  vol.   L  London,  1S50-1SS3. 

■  Tristram,  Fauna  and  Flora  of  Palestine,  p.   104,  London,  1884. 


156  FAUNE    DE    L'ANCIENNE    EGYPTE 

Longueur  du  coracoïdien 47'" 

—  de  l'omoplate 60 

—  de  l'humérus 91 

—  du  cubitus 105 

—  du  métacarpien .  60 

—  du  duigt  principal 47 

—  du  bassin 53 

Largeur  antérieure  du  bassin 28 

—  du  bassin  en  arriére  des  cavités  cotyloïdes 42 

Longueur  des  vertèbres  caudales 53 

—  du  fémur 73 

—  du  tibia   . 90 

—  du  tarso-métatarsien 54 

Longueur  totale  du  doigt  médian 54 

—  —  externe 43 

—  —  interne 41 

—  du  pouce 33 


Genre  CERGHNEIS,    Boie 

CERCHNEIS  TINNUNGULUS,  Linné. 

Falco  tinnunculus,  Linné,  Si/sf.  nat.,  p.  127  (1758).  —  Gould,  Birds  of  Europe,  I,  pi.  XXVI  (1837).  —  Shelley, 

Birds  of  Egypl,  p.  194  (1872). 
Tinnunculus  alaudarius,  Gray,  Oen.  of  Birds,  p.  21  (1849). 
Cerchneis  tinnuncula,  Sharpe,  Cat.  of  tlie  Accipit.  Bril.  Mus.,  vol.  I,  p.  425  (1874). 

Suivant  Tiisti-ain',  la  crécerelle  est  connue  des  Ara])es  de  la  Palestine  sous  le  nom  de 
bashih. 

Dans  une  séiie  do  50U  oiseaux  moniitiés,  nous  avons  compte  'Ji  individus  de  cette  espèce  : 
48  de  Kôm-Ombo,  22  de  R(3da  et  21  de  Gizé.  Cerchneis  iinmiMcidus  est  l'espèce  la  mieu.x 
repi'ésentée.  elle  constitue  à  elle  seule  près  d'un  cinquième  de  la  collectit)n. 

Le  bec  de  la  crécerelle  est  épais  à  la  base,  à  arête  un  peu  arrondie,  avec  une  dent  latérale 
aiguë. 

Tarse  emplumé  devant  sur  le  tiers  environ  de  sa  longueur,  réticulé  sur  les  autres  parties, 
avec  trois  ou  quatre  grandes  écailles  trans^-ersales  vers  l'extrémité  inférieure  en  avant. 

Doigts  courts  :  lati'raux  à  }ieu  près  égaux  :  médian  sans  ongl(>  beaucoup  plus  court  qui^  le 
tarse.  Ongles  de  longueur  moyenne.  Clire  et  pieds  jaunes.  Longueur  du  tarse  :  37  à  lU  mill. 
Longueiii'  du  doigt  médian  sans  ongle  :  27  à  30  mill. 

ilerchneis  tinnunculus  habite  l'Europe  entière,  une  pai'tie  de  l'Asie  et  le  nord-est  de 
l'Afrique.  En  hiver,  elle  émigré  dans  la  pi'-ninsuL^  indienne:  on  la  renconti'e  môme  jusque  dans 
le  sud  et  l'ouest  de  l'Afrique. 

La  crécerelle  est  le  faucon  le  plus  commun  de  l'Egypte  moderne.  Shelley-,  qui  le  décrit 

'  Tristram,  llie  Fauna  and  Flora  of  Palestine,  p.  lOti,  1884. 
*  Shelley,  The  Birds  of  Egypt,  p.  194,  London,  1872. 


RAPACKS   DIUHNKS  157 

sous  le  nom  tic  Fulcu  liiuttiitciilus,  en  a})oi'(iil  (■  nu  ccul  poui-  le  moius  dans  une  seule  planta- 
tion de  jjalmiers,  où  ces  oiseaux  étaient  attirés  par  un  vol  abondant  de  sauterelles  ». 

Il  est  possible,  ajoute  Slielley.  que  ce  soit  à  la  destruction  de  cet  insecte  jiar  la  cr(''cellc 
que  le  faucon  doit  d'avoir  (Hi''  placé,  parles  anciens  Egyptiens,  parn^i  les  animaux  sacrés. 


CcrcJciwis  liiiKifiiculus  est  assez  variable  de  taille  et  de  couleur.  \'oici  la  longueur  du 
tarse  relevée  par  plusieurs  auteurs  '  sur  des  spécimens  modernes  provenant  de  différentes 
localités. 

Longueur  du  tarse 
en  pouces  eu  millim. 

Mâle,  jeune,  Egypte  (Shellev) 1,5  38 

—  adulte,  Asie  septentrionale  (Montairo) 1,6  W 

Femelle,  adulte,  Nazareth  (Tristram)     ....           1,6  40 

Mâle,  adulte,  Aaigrat(Blanford) 1,45  37 

—  —       Népal  (Hodgson) 1.6  40 

—  jeune,  Saint-Iago  (Bouvier) ....     1,6  40 

Femelle         —     Saint-Iago  (Bouvier) 1,6  40 

Les  crécerelles  momifiées  présentent  des  variations  indiviiluclles  (|ni  ne  dépassent  pas  L^s 
limites  indiipiées  par  les  mensurations  précédentes.  Les  longeurs  des  diverses  parties  du 
squelette  de  cette  espèce  ont  été  indiquées  plusliaut  comparativement  avec  celles  relevées  sur 
le  squelette  de  F.  itulibideo. 

Bien  que  Cerchucis  iliutuiiculus  soit  l'oiseau  (pi'du  tr(iu\"e  li'  plus  commiUK'ment  momitié, 
il  n'avait  pas  encore  été  signalé  parmi  li's  nombreux  ainmaux  sacrés  de  l'ancienne  Egypte. 

GERCHNEIS  CENCHRIS,  Frisch. 

Falco  cenchris.  Cuvier,  Règne  animal,  I,  p.  322  ()829).  —  Shelley.  Birds  of  Egypt,  p.  195(1872). 

Faleo  tinnunculoides,  (Jould,  Birds  of  Europe,  I,  pi.  XXVII  (1837). 

Tinnunculus  cenc/iris,  Gray,  Gen.  of  Birds,  I.  p.  21  (1844). 

Cerchneis  Naumanni,  Sharpe,  Cat.  of  Accip.  Brit.  Mu>i.,  vol.  I,  p.  435(1874). 

Ck'tte  crécerelle  est  représentée  par  .j  individus  :  3  proviennent  tle  (Tizé,  ,2  de  K6m- 
(Jmbo. 

Le  bec  de  ( 'nr/i nets  cejic/u-is  est,  comme  celui  de  l'espi'ce  précédente,  épais  à  la  base  et 
pouiTu  d'une  deni  latérale  aigué. 

Le  tarse.  cmpliinK' sur  le  tiers  de  sa  longueur,  est  réticulé  devant  et  derrière,  avec  deux 
ou  trois  écailles  transversales,  en  avant,  à  l'extriMuité  inférieiu'e. 

Doigts  courts,  latéraux  égaux;  ongles  faibles. 

Face  dorsale  rouge  brun  chez  le  mâle,  rousse  tachée  de  ])run  citez  la  femelle  et  les  jeunes. 

Cire  et  ])ieds  jaunes. 

Longueiu-  du  larse:  30  à  33  mill.  Longueur  du  doigt  nuMlian  sans  ongle:  22  à  25  mill. 

Ccrc/iiicis  rcjir/n-is  halniéh'  sud  et  Torient  de  l'Europe,  le  nord  de  l'Atrique  et  l'Asie 
'  B.  Sharpe,  Cat.  of  Birds  of  the  Brit.  Mus.,  vol.  I,  p.  428,  London,  1874. 


158  FAUNE    DE    L'ANCIENNE   ÉC.YPTE 

occidentale.  En  hiver,  cette  petite  civecrellc  ('■mi^ri'  jusque  dans  le  sud  de  l'Afi'ii|uc.  Ou  la 
rencontre  dans  toute  l'Éii'vpte  et  la  Nid)i(':  mais,  siuvant  Shcllcv.  elle  est  abondante  surtout 
aux  environs  d'Alexandrie. 

Cerchneis  cenchris  se  l'approclio  ])eauc()up  d'une  autre  créeerrlh-.  Ccrchncis  rcspcrluias, 
assez  commune  dans  la  faune  actuelle  de  l'Eoypte.  A  ne  considérer  que  les  iiroj^iiions  de  leurs 
meinl)r'es,  il  est  assez  diliicile  de  les  distini;iier  l'une  de  l'autre.  ]']lles  ont  toutes  les  deux  à  peu 
près  les  mêmes  dimensions,  seuls  les  doi.yts  de  Cvrchnv'is  cnirhr'is  sont,  en  ,uén(''i'al.  un  jkmi 
plus  courts  que  ceux  de  Cerdi.  cesperliiuts.  Mais  ces  deux  formes  se  difîérencient  très  bien 
par  la  couleur  de  lein-  iduma.Lje.  Dans  Ccrch.  cenchris  les  faces  dorsales  du  corps  sont  ])run 
i-oux  chez  le  mâle,  i-oux  maeul('  de  noir  chez  la  finnelle  et  les  jeunes.  Au  contraire,  dans 
Cprclineis  vespertinus,  les  faces  dorsales  sont  p'is  l)leu  chez  le  mâle  et  ,i;ris  clair  barré  de  noir 
chez  la  femelle.  En  outre,  la  cire  et  les  pieds  sont  jaunes  chez  Ccrch.  ccncJiris,  alors  ipi'ils 
sont  rouges  dans  l'autre  espèce. 


SOUS-FAMILLE  DES  ACCIPITRINES 

Genre   ACCIPITER.    Brisson 

ACCIPITEK  NISUS,  Linné 

L'Epervier,  Brisson,  Ornilli.,  I,  p.  310  (1760). 

Bxdalion  fringillarius,  Savigny,  Oiseaux  d'Egypte  (Bescript.  de  TKgijpte,  t.  XXIII,  p.  270  (1828). 

Accipiler  nivus,  Gray,  Gen.  Birds,  I,  p.  29,  pi.  X,  fig.  4  (1849).  —  SliL-lley,  Btrds  ofKyypt,  p.  185(1872). 

~  B.  Sharpe,  Cat.  lirH.  Mus.,  I,  p.  132  (1874). 
Accipiter  fringillarius,  Goiild,  Birds  of  Europe,  I,  pl.XVlII  (1837). 

D'après  Savigny,  les  Egvjitiens  d'Alexandrie  et  du  Caire  connaissent  l'i'pervier  sous  les 
noms  de  hci/daq  et  de  hàchcui^. 

Accipiler  nisus  se  trouve  momitlé  presque  aussi  communément  que  la  crécerelle  ; 
52  exemplaires  de  cette  espèce  ont  (''(('"  reconnus.  22  sont  de  Kôm-(.)mbo,  IT)  de  Gizé, 
15  de  Rôda. 

Bec  très  crochu,  à  ]>ords  latéraux  ondulés.  Narine  ovale,  sans  tu])ercule. 

Tarse  long  et  mince,  eniplunu'  en  avant  sur  le  ([uart  de  sa  longueur,  couvert  de  larges 
écailles  transversales  devant  et  derrièi-e.  réticulé  sur  les  coti's. 

Doigts  longs  et  grêles,  médian  beaucoup  plus  long  que  h^s  latéraux:  ddigt  externe  sans 
ongle,  aussi  grand  que  les  deux  phalanges  de  ])ase  du  doigt  médian. 

Faces  supérieures  gris  ardoise!'  plus  ou  moins  brunes.  Faces  inférieures  blanches  ou  rousses 
IjaiTces  de  taches  transversales  brunes. 

Longueur  du  tarse: 52 à  O."!  niill.  Longueur  du  doigt  mi''(Han  sans  ongle  :  .■)5  à  4-3  mill. 

L'épervier  habite  actuellenient  l'Europe  entière  et  une  partie  de  l'Asie.  On  le  liYiuve  aussi 
en  Algérie,  dans  le  noi-d-est  de  l'Ali'ique,  la  péninsule  indienne  e't  jusqu'en  Chine. 


RAPACES  DIURNES  loD 

Il  est,  de  nos  jours,  ti'ès  commun  dans  toute  l'Egypte  et  la  Nubie'.  Plusieurs  formes  du 
même  genre  vivent  dans  d'autres  contrées  de  l'Afrique,  mais  la  plupart  sont  beaucoup  plus 

petites  (pie  VArrijnfa-  nisus  et  ne  sauraient  être  confondues  avec  lui.  Telles  sont  :  Accijnter 
Hartlatihi.  Yeri-..  du  (îabon;  Accijnf.  rufircntris  'r^miWw  Acciplt.  minullus,  DdJuWn;  ('X 
Accijjil.  cri/lhi-d/xis  du  sud  cl,  de  l'(^st  africain.  Accipiter  melanolcucus,  Smith,  vit  aussi  (mi 

Afi'ique  dans  l'ouest  et  le  sud,  mais  cette  espèce  est  au  contraire  plus  grande  que  le  7iisus.  La 
longueur  de  son  tarse  est  de  72  à  82  millimèti'es.  alors  qu'elle  atteint  au  plus  63  millimètres 
chez  les  femelles  adultes  de  l'épervier  commun. 

Le  taJjleau  suivant  indique  les  dimensions  du  squelette,  relevées  sur  des  spécimens  momi- 
fiés àWcciintcr  jii.s>fs.  luàlc  et  femelle,  et  de  Mdierax  (jahar. 

DIMENSIONS  PRINCIPALES  DU  SQUELETTE 

D'ACCIPITER  NISL'S   ET  DE  MELIERAX  GABAR,  Daudin. 

Arcipicjr  nlsus  ilelierax 

Ï^ZM'            ^mâle  gabar 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  première  vertèbre  cervicale  à 

rextrémité  de  la  queue 172"""             133"""  155""" 

Longueur  totale  de  la  tète  osseuse 50                   42  50 

—  du  frontal  à  l'occiput 35                   31  35 

Largeur  maximum  du  crâne 28                   25  28 

—  interorbitaire 7                     6  8 

Longueur  de  la  njandibule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec).       28                   23  28 

—  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  post.)      .     .       54                   42  45 
Largeur  du  sternum  en  avant 23                   18  21 

—  —           en  arriére 30                   23  28 

Hauteur  du  bréchet 14                   11  12 

Longueur  du  coracoidien 32                   23  27 

—  de  l'omoplate 45                   37  39 

—  de  l'humérus 02                   50  55 

—  de  cubitus 73                   60  65 

—  du  métacarpien 39                  32  32 

—  du  doigt  principal 25                   22  23 

Longueur  du  bassin 32                   29  29 

Largeur. antérieure  du  bassin 18                   14  15 

—  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotjloïdes 27                   22  24 

Longueur  des  vertèbres  caudales 34                   27  32 

^           du  fémur 55                   43  47 

—  du  tibia 75                   59  64 

—  du  tarso  métatarsien 63                   52  48 

—  totale  du  doigt  médian 55                   43  38 

—  totale  du  doigt  externe 40                   30  27 

—  —           interne 40                   30  23 

—  totale  du  pouce 35                   28  23 

'  'ri\iellfy,  Birds  of  Egypt,  p.  185,  London,  1872. 


160  FArXE  DE  I/ANCIENNE  EGYPTE 

(4KNRK    MELIERAX.    (Iray 

MELIERAX  GABAR,  Dandin. 

Le  Gahar,  Levaillant,  Histoire  naturelle  des  oiseaux d' Afrique,  p.  13G,  pi.  XXXIII  (1799). 
Accipitergabar,  Gray,  Gen.  Birds,  I,  p.  29(1849).  —  Shelley,  Birds  of  Kgypt,  p.  186  (1872). 
Melierax  gabar,  B.  Sliarpe.  Cat.  Drit.  Mus.,  vo).  I,  p.  89(1>S74). 

Melierax  gabar  (>st  signalé  ici  d'après  5  spôcimens  :    l  de  K('im-Om]io  et  1  d(^  (tIz»'". 

Bec  crochu  à  l)ords  latéraux  ondulés. 

Nainnes  ovales  et  ol:)liques.  ouvertes  sur  le  ])oi'd  ant(''i-i('iii'  de  la  cire. 

Tai'ses  moyennement  longs  et  minces,  emplumés  en  avant  sur-  le  tiers  de  leur  longucMir, 
écailleux  devant  et  derrièri'.  iV'tieulés  sur  les  côtés. 

Doigts  externe  et  médian  longs,  pouce  et  doigt  interne  épais  et  courts. 

Faces  supérieures  gris  brun  ardoisé  ;  gorge  gris  cendré  ;  poitrine  et  abdomen  Ijlanchàtres 
coupés  de  taches  transversales  Jji-unes.  Cire,  tarses  et  pieds  rouges.  Bec  et  ongles  noirs. 

Longueur  du  tarse  :  48  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  30  mill. 

Le  gabar  se  i-cncontre  dans  toute  l'Afrique,  excepté  sui-  la  côte  occidentale,  de  Sierra 
liCone  à  Angola.  Il  se  montre  exceptionnellement  dans  le  sud  de  l'Europe. 

Les  naturalistes  ne  sont  point  du  même  avis  sur  la  fréquence  de  cette  espèce  dans  la 
vallée  du  Nil  et  les  environs.  D'après  Shellev.  Mrliaxi.c  gahar  est  aussi  rai'e  en  Egypte  qu'cna 
Nubie.  Suivant  Schlegel,  ce  l'ajtace  serait  commun  aux  alentours  de  Suez. 

Le  petit  nombre  de  gabars  trouvi''  parmi  les  animaux  anciens  indique  que  cette  forme 
(■tait  rare  autr-efois  dans  la  llaute-l\gypte  comme  dans  la  ri'gion  du  delta. 

Melierax  ijahar  rajqielle  lieaucoup  par  ses  caractères  extérieurs  et  par  son  squelette 
l'épervier  commun,  Accipiter  nisus.  Chez  ces  deux  rapaces  la  tête  osseuse  a  la  même  structure  : 
ajilatie  par  dessus  dans  la  région  frontale,  proéminente  vers  l'occiput,  avec  une  légère  con- 
vexité sus-nasale.  La  tête  du  galiar  est  proportionnellement  un  peu  plus  forte  que  celle  du 
nisiis. 

Les  ailes  et  le  sternum  ont  la  même  forme  dans  les  deux  espèces.  L'apophyse  épisternale 
du  gabar,  est  comme  celle  du  nisus.  très  développée.  Seuls  les  membres  postérieurs  présentent 
des  proportions  un  peu  différentes.  Le  tarse  est  plus  court,  les  doigts  externe  et  médian  sont 
moins  longs  que  chez  Accipiter  nisus,  mais  les  trochlées  digitales  ofli-ent  les  mêmes  particu- 
larités. 

Les  proportions  des  membres  et  la  structure  (bi  s(pielette  font  de  Melierax  gabar  une 
forme  intermédiaire  enti-e  r('pervier  et  les  circas. 

Les  dimensions  du  squelette  de  Melierax  gabar  ont  été  indiquées  dans  le  tal)l(\au  précédent 
avec  celles  d'Accipiter  nisns. 


J!A1>ACKS   DIURNES  101 

Genrk  CIRCUS.   Lacépkde 

CIRCUS  ^RUGINOSUS,  Linné. 

Falco  wruffinosiis,  Linné,  Syst.nat.,  I,  p.  130(1766). 

Circus  asruginosus,  Sevig'ny,  Système  des  oiseaux  de  l'Egypte  (Lescrip.  de  l'Egypte,  vol.  XXIII,  p.  263,  1828). 

Shelley,  Birdu  or  Egypt,-^.  181  (1872).  —  B.  Sharpe,  Cat.  Brit.  Mus.,  I,  p.  16)  (1874). 
Circus  rufus.  Savifi:ny,  Système  des  oiseaux  de  \'^^y])\.e(Description,  vol.  XXIII,  p.  264,  1828).  —  Gould,  Birds 

of  Europe,  pL  XXXII  (1837). 

Le  ])iisai"(l  des  mai'ais  est  connu  dos  Égyptiens  du  Delta  sous  le  nom  de  hidni,  à  Mataryeh 
ils  le  nomment  r/en'àh\ 

Circus  œmginosus  est  assez  ti'é(pient  pai-mi  les  oiseaux  momifi(''s.  notamment  parmi  ceux 
di'  lu  Basse-Egypte:  trois  spécimens  proviennent  de  Kom-Uni])u,  deux  de  Roda  et  dix  de 
Gizé. 

Bec  crochu,  incliné  dès  la  hase,  à  hords  latéraux  li'gèrement  ondulés. 

Cire  grande.  Larges  narines  ouvertes  sur  le  hord  antérieur  de  la  cire. 

Tihia  un  peu  plus  long  cpie  le  tarse,  ditiérence  entre  les  deux  moins  grande  (pie  la  lon- 
gueur de  l'ongle  postérieur.  Tarse  long,  peu  épais,  emplumé  en  avant  sur  le  tiers  environ  de 
sa  longueur,  (''cailleux  devant.  r(''ticulé  sur  les  côtés  latéraux.  Doigts  courts  et  for-ts,  surtout  le 
pouce,  l'interne  et.  le  mi''dian. 

Dessus  de  la  tète  roux  avec  taches  hrunes  longitudinales  chez  le  mâle,  entièrement  jau- 
nâtre chez  la  femelle.  Faces  inférieures  hrunes  chez  la  femelL^  et  les  jc^mes.  lilanchàtres  avec 
taches  verticales  hrunes  chez  le  mâle. 

Pieds  jaunes  ;  cire  jaune  verdàtre.  Longueur  du  tarse  :  83  à  89  mill.  Longueur  du  doigt 
mi'dian,  sans  ongle:  41  à  43  mill. 

Le  busard  des  marais  habite  une  partie  de  l'Asie  et  l'Europe  entière,  sauf  les  régions  sep- 
tentrionales. En  hiver  on  le  trouve  dans  l'Inde  et  le  nord-est  de  l'Afrique. 

En  Egypte,  Cifcits  leritf/inosus  se  rencontre  dans  tout  le  pays,  mais  c'est  dans  le  Delta 
et  l(.i  Fayoum  qu'il  est  le  plus  abondant.  Il  fréipiente  les  lieux  humides,  les  hm-ds  des  lacs,  des 
étangs  couverts  de  l'oseaux.  Au  d(''liut  de  l'hivei'.  dit  lîrehm.  i<  on  en  voit  arrivi'r  des  masses 
aux  Indes  et  en  Egypte;  Circus  t'e/v'////«c.S7<,s' est  alors  l'oiseau  de  pi-oie  le  plus  commun  de  ces 
l'égions.  » 

CIRCUS  CYANEUS,  Linné. 

Falco  cyarteus,  hmiii,  Syst.  nat.,  I,  p.  126(1766). 

Circus  gallimarius,  Savjgny,  Oiseaux  d'Egyiite  (Dese>-iption  de  l'Egypte,  p..  264,  t.  XXIII,  18281. 
Circus  cyaneus,  Gould,  Birds  of  Europe,  L  pi.  XXXIII  (1837).  Gray,  Oeyi.  of  Birds,  [,  p.  32,  pi.  11,  ûs.  I  (184'.t). 
—  Shelley,  Birds  of  Egypt,  p.  182  (1872).  —  B.  Sharpe,  Cat.  Bril.  Mus.,  I,  p.  52  (1874). 

Circus  ci/auc/fs  est  Vaboi^-lHiuuùju  des  Egyptiens  (TAlexandrie  et  du  (laire,  le  saqr— 
el-fijràa  des  Aralies  deMataryeh-. 

'  Savigry,  Description  de  l'Egypte,  vol.  XXIII,  p.  263  (1828). 

•  Savigiiy,  i'^id.,  p.  266  (1828). 

AiiCH.  Mus.  —  T.   Vlll.  *  -1 


162  FAUNK    DE   L  ANCIENNE   EGYPTE 

Dans  la  collection  d'oiseaux  momifiés  on  compte  6  individus  de  cette  espèce  :  1  de  Gizé, 
3  de  Kôm-Ombo  et  2  de  Rôda. 

Bec  crochu,  courbé  dès  la  base,  bords  latéraux  ondulés. 

Nai'ines  ovales,  ouvertes  vers  le  bord  antérieur  de  la  cire. 

Tarse  lonsf  et  grêle,  emplumé  sur  le  tiers  de  sa  longueur  en  avant,  réticulé  sur  les  côtés, 
avec  sept  à  huit  écailles  transversales  sur  la  moitié  inférieure  en  aiTière. 

Doigts  courts,  ongles  peu  épais. 

Mâle  adulte  :  faces  supérieures,  tête  et  cou  cendré  bleuâtre  ;  poitrine  et  gorge  gris  cendré 
clair  :  ventre  lilanehàtre,  taché  plus  ou  moins  de  roux,  queue  gris  cendré. 

Femelle  adulte  :  faces  supérieures  brunes,  faces  inférieures  rousses  avec  taches  brunes 
longitudinales.  Queue  gris  foncé  avec  bandes  transversales  brimes.  Les  jeunes  ressemblent  à  la 
femelle.  Longueur  de  tarse,  68  à  74  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  31  à  34  mill. 

L'habitat  du  busard  Saint-Martin  est  très  étendu,  il  comprend  toute  l'Europe,  une  grande 
partie  de  l'Asie  et  les  régions  de  l'Afrique  bordant  la  Méditerranée.  En  Egypte,  cette  espèce 
est  actuellement  moins  connue  que  Circus  macrourus  :  Shelley  l'a  observée  dans  la  basse 
Egypte  surtout  pendant  les  mois  d'hiver. 

CIRCUS  MACROURUS,  Gmelin. 

Falco  macrourus,  Gmelin,  Syst.  nat.,  I,  p.  269(1788). 

Circus  patlidus,  Gould,  Btrds  or  Europe.  I,  pi.  34  (1837).  —  Shelley,  Dirds  of  Egypt,  p.  183  (1872). 

Circus    macrourus,    Scliarpe,  Ca^  £?•(<.  J/mx.,  p.  67  (1874). 

Cette  espèce  n'est  représentée  que  par  deux  indiviihis.  l'un  provenant  de  Kôm-Ombo, 
l'autre  de  (iizé. 

Bec  et  nai'ines  comme  dans  l'espèce  précédente. 

Tarse  long  et  mince,  emplumé  sur  le  quart  de  sa  longueur  en  avant,  écussonné  devant 
et  derrière.  i'i''ticulé  sur  les  côtés.  Doigts  et  ongles  moyens. 

Mâle  adulte  :  faces  supérieures  gris  bleuâtre  pâle;  faces  inférieures  blancliàtrcs,  gris  pâle 
sur  la  poitrine. 

Femelle  adulte  :  faces  supérieures  brunes,  mêlées  de  roux  sur  la  nuipie:  faces  inférieures 
roux  claii',  avec  ou  sans  taches  brunes.  Jeunes  semblables  à  la  fenielle. 

Dans  les  deux  sexes  la  queue  est  barrée  de  larges  bandes  brunes.  Longueur  de  la  queue  : 
250  millimètres.  Longueur  du  tarse  :  68  millimètres. 

Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  30  millimètres. 

Lorsque  les  spécimens  momifiés  ne  sont  pas  dans  un  très  bon  état  de  conservation,  il  est 
difficile  de  reconnaître  s'ils  appartiennent  à  Circus  macrourm  ou  à  Circus  cyaneus.  Ces 
deux  formes,  très  voisines  l'une  de  l'autre,  ont  été  souvent  confondues.  Déjeunes  Circus 
macrourus  ont  parfois  également  été  attribués  par  erreur  à  Circus  i:)]i(iurrius. 

Circus  nmcrourus,  le  Inisai'd  ].)lafard,  se  rencontre  en  Europe  dans  les  mêmes  régions  que 
Circus  cyaneus,  c'est-à-dire  jusqu'en  Scandinavie  et  en  L'iande.  Il  ha]:)ite  aussi  une  partie  de 
l'Afrique,  l'Inde  entière  et  la  Chine. 

Cette  espèce  réside  toute  l'année  en  Egypte  et  en  Nubie.  Suivant  Shelley,  on  l'y  observe 
quelquefois  en  compagnie  de  Circus  cyaneus. 


RAPACES   DIURNES  163 


CIRGUS  PYGARGUS,  Linné. 

Falco  pygargus  Linné,  Syst.  nat..  I  \i.   1^8  (176f)). 

Circus  cineraceus  Gould,  Birds  of  Europe,  I,  pi.  XXXV  (1837).  —  Slielley,  Birds  of  Egypt,  p.  184  (1872). 

Circus  -pygargus,  Sharpe,  Cat.  Brit.  Mus.,  p.  64  (i874). 

Ce  busard  est  si^i-naL''  d'apivs  un  seul  oxemplaiVe  ti'ouvi!  parmi  les  rapaces  momifiés 
isolément  à  Rôda  (Haute-Egypte). 

Bec  crochu,  moins  courluî  que  dans  Circus  cyaneus  Qi  Cu\  jrtao'o?;r;«.  Collerette  accusée 
derrière  les  joues. 

Tarse  mince,  peu  allongé,  emplumé  sur  un  tiers  environ  de  sa  longueur.  Doigts  et 
ongles  relativement  iaibles. 

Mâle  adulti»  :  faces  supérieures  gris  hleu  foncé;  faces  inférieures  grises  sur  la  poitrine. 
])lanches  avec  taches  longitudinales  sur  l'abdomen. 

Femelle  adulte  :  faces  supérieures  brunes  et  rousses  ;  faces  inférieures  rousses  avec  lon- 
o'ues  taches  brunes.  .Jeunes  semblables  aux  femelles. 

Longueur  du  tarse  :  58  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  28  mill. 

Le  Circus  pi/ijarijus  ou  busard  montagu  habite  l'Eur-ope  jusipi'au  (iO''  degré  de  latitude 
nord;  il  habite  également  l'Inde,  l'Asie  Centrale  et  la  Chine.  l*]n  hiver,  on  le  reti"ou\-c  ilans  la 
vallée  du  Nil,  en  Abyssinie  et  presque  dans  le  sud  de  l'Afrique. 

Le  talileau  suivant  indique  les  dimensions  du  squelette  dans  les  quatre  formes  de  Circus 
de  l'Egypte  ancienne. 


DIMENSIONS    PRINCIPALES    DU   SQUELETTE 

CHEZ  CIRCUS  .iCRCGINOSiS,    CYAXEUS,  MACROURUS   ET   PYGARGVS 


Circus  Circus  Circus  Circus 

œruginosus  cyaneus  macrourus  pygargus 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,   de  la   1"^  vertèbre 

cervicale  à  rextrémité  de  la  queue 233"""  218"'"'  183""'  1S0°°> 

Longueur  totale  de  la  tête  osseuse  . 82  03  00  57 

—  —     du  frontal  à  l'occiput 53  40  40  38 

Largeur  maximum  du  crâne 48  37  35  35 

—  interorbitaire 10  S  8  7 

Longueur  de  la  mandib.  super,  (en  suiv.  la  courb.  du  bec).       39  34  30  30 

—  du  stern.  (de  l'aiiopliyse  épistern.  du  bord  post.)       64  55  53  » 
Largeur  du  sternum  en  avant 36  31  27  » 

—  —        en  arriére 39  30  30  » 

Hauteur  du  bréchet 18  16  15  » 

Longueur  du  coracoïdien 43  35  32  » 

—  de  l'omoplate 56  50  46  » 

—  de  l'humérus lOS  iS9  80  84 

—  du  cubitus 130  108  98  102 


• —  du  métacarpien 62  57  51 


y. 


o 


1G4 


FArXK  DE  I.  ANCIENNE  EGYPTE 

Circus  Cirevs 

xrupinosKS  cyaneus 

Longueur  du  doifît  principal 43"""  4^">i'' 

—  du  bassin -i''  '*^ 

Largeur  antérieure  du  bassin 28  ~~ 

—  du  bassin  en  arriére  îles  cavités  cotyloïdes  .     .       35  32 
Longueur  des  vertèbres  caudales ^'"  ■^^ 

—  du  fémur 81  08 

—  du  tibia 10'-»  'f 

—  du  tarso-métatarsien.     .     .     : 8:-!  i-t 

Longueur  totale  du  doigt  médian •>•'  50 

—  —          —        externe -4'  '^^ 

—  —           —         interne ">2  39 

—  —       du  pouce 50  39 


Cireur 

Circus 

marroxtrus 

pi/f/argus 

3r>""" 

35""" 

40 

39 

20 

» 

31 

30 

-40 

35 

61) 

» 

90 

79 

6S 

58 

45 

40 

34 

32 

36 

32 

37 

28 

FAMILLE     DES     PANDIONIDÉS 


Gknre    PANDION.    Savigxy 

PANDION  HALIAETUS,  Linné. 

Falco   haliaclus,  Linné,  Syst.  nat.,  I,  p.  1S9  (176b). 

Pandio  fluvialis,  Savign.y,  Description  de  l'Egypte,  Syst.  des  oiseaux,  t.  XXIH,  p.  272  (1828). 
Pandion  haliactus,  Gould,  Birds  of  Europe,  pi.  XII  (1837).    -  Gray,  Gen.  Birds.  I,  p.  17,  pi.  VIT,  flg.  5.  - 
Shelley,  Birds  of  Egypt.  p.  203,  1872.  —  B.  Sharpe,  Cal.  Brit.  Mus.,  vol.  I,  p.  449  (1874). 

Aux  environs  du  lac  de  Menzaleli,  le  balbuzard  fluviatile  est  connu  des  Égyptiens  sous  le 
nom  de  nàcoury  '. 

Ce  rapace  est  représenti'  i^ar  deux  individus  provenant  des  hypogées  des  environs  de 

Gizé. 

Bec  peu  élevé,  large,  arrondi  sur  les  faces  latérales. 

Narines  grandes,  ouvertes  un  peu  en  arrière  du  l)or(l  de  la  cire. 

Tai'se  épais,  court,  moins  long  que  la  moitié  du  tibia.  Emplumé  en  avant  sur  le  tiers  de 
sa  longueur  environ,  couvert  de  i)etites  écailles  hexagonales  sur  les  autres  parties. 

Doigts  longs  et  forts  finement  écailleux,'avec  trois  ou  quatre  écussons  en  arrière  des 
ongles.  Face  inférieure  des  doigts  épineuse.  Doigt  externe  réversible:  médian  avec  ongle  bien 
plus  long  que  le  tarse.  Ongles  longs,  acérés,  développés  à  peu  près  également  à  tous  les  doigts. 

Faces  supérieures  brun  noirâtre,  avec  plumes  l)ordées  de  gris  ou  de  blanc  :  faces  infé- 
rieures blanchâtres,  lai'ges  taches  ])run  roussàtre  vers  le  haut  di'  la  poitrine. 

'  Savigny,  Sysi.  des  oiseaux  de  l'Egypte,  p.  274,  Parus  1828. 


RAPACES   DU  T.XKS  dC^ 

Bec  et  onyios  noirs,  ciiv  et  pieds  gris  l)lou;ilre. 

Longueur  du  tarse  :  53  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle  :  48  milL 

Le  ball)uzai'd  habite  presque  toutes  les  pai'ties  du  monde  :  riùu'ope  entière,  l'Afrique, 
le  nord  de  l'Asie,  l'Inde,  la  Chine.  TAmérifpie  du  Nord,  les  Antilles,  ainsi  (pie  les  parties  sep- 
tentrionales d(^  l'Amérique  du  Sud. 

Pandloii  halia'clus  est  comnuui  en  Egypte  pendant  riuvei".  Dans  le  Fayoun  il  est.  sui- 
vant Shelley,  extrêmement  abondant.  Il  ne  se  nourrit  que  de  poissons,  aussi  le  rencontre-t-on 
toujours  auprès  des  étangs  ou  des  cours  d'(^au. 

Le  squelette  du  balbuzard  présente  plusieurs  caractères  qui  le  distinguent  très  nettement  des 
oiseaux  de  proie  diurnes  et  le  rapprochent  des  nocturnes.  M.  Milne  Edwards  a  dt^à  signalé, 
dans  son  ouvrage  sur  les  oiseaux  fossiles,  quelques-unes  de  ces  affinités'.  «  Le  tarso-métatai*— 
sien  de  ])albuzard  est,  dit-il,  très  remarquable  en  ce  qu'il  a  plusieurs  caractères  communs  avec 
celui  des  strigidés  ;  il  est,  en  effet,  court  et  ti-apu.  et  la  gouttièi'e  tle  l'extenseur  commun  des 
doigts  s'engage  sous  un  pont  osseux,  large  et  ti'ès  arqué  :  aucun  autre  rapaee  ne  nous  a  offert 
une  disposition  analogue.  Les  crêtes  du  talon  offrent  un  mode  de  conformation  particulier,  elles 
se  réunissent  en  arrière  sur  la  ligne  médiane,  de;  façon  à  clore  complètement  en  arrière  la 
gouttière  tendineuse.  Les  trochlées  digitales  ressemblent  plus  à  celles  des  strigidés  qu'à  celles- 
des  rapaces  oi'dinaires  :  elles  sont  petites,  ti'ès  rapprochées  les  unes  des  autres,  et  leur  bord 
postérieur  se  recourbe  en  dedans,  comme  chez  ces  derniers  oiseaux.  » 

On  doit  ajouter  que  les  membres  postérieurs  offrent  dans  leui"  ensemble  une  grande  analo- 
gie avec  ceux  du  Biiho  maxuiins.  Le  fémur,  le  tibia,  le  tarse  et  les  doigts  ont  environ  les- 
mêmes  dimensions  relatives  ;  la  section  des  phalanges  unguéales  est  régulièrement  ovalaire  au 
lieu  d'être  anguleuse  à  la  face  inférieure,  comme  chez  la  plupart  des  rapaces  diurnes.  Les- 
tubérosités  oii  s'insèrent  les  muscles  ext(!nseui's  d(îs  doigts  sont  très  saillantes,  notamment 
sur  l'interne  (!t  le  médian.  Le  li'uuu' est  faibh'ment  recourbé:  il  n'a  pas  d'orifice  pneumatique 
vers  son  extrémité  proximale.  Toutes  ces  particularités  rapprochent  T'andion  Jialiurlus  à&ii 
rapaces  nocturnes. 

Par  son  crâne  resseri'é  latéi'alement  dans  la  i-égion  occipitale,  par  son  sternum  étroit  en 
arrière,  le  balltuzard  rappelle  les  milans  et  la  bondrée.  Mais  il  diffère  de  tous  l(>s  oiseaux  de 
proie  aussi  bien  diurnes  que  nocturnes,  par  la  conformation  tout  à  faitparticulièi'ede  son  ])assin. 
Celui-ci  est  très  développé  dans  la  partie  ischiatique.  en  ari'ière  des  cavités  cotyloides;  sa  lar- 
geur en  ce  point  est  aussi  forte  que  le  diamètre  antéro-postérieur  du  bassin,  alors  que,  chez  les- 
rapaces  et  presque  chez  tous  les  oiseaux,  elle  est  toujours  plus  faible.  Le  bassin  présente  en 
outre  sur  sa  face  dorsale,  dans  la  région  iliaque,  deux  canaux  parallèles  à  l'axe  vertébral  qui 
s'ouvrent  sous  les  crêtes  iliaques  supérieures  et  débouchent,  en  avant,  à  droite  et  à  gauche  des 
apophyses  épineuses  dorsales.  Cetti'  disposition  existe  aussi  chez  Buho  itiaxlniKs.  quelques 
autres  nocturnes  et  diverses  espèces  non  rapaces. 

PoDiIioii  hdllaëlus  a  six  vertèlires  caudales  seulement  au  lieu  de  sept  ou  huit  qu'on  trouve- 
chez  la  plupart  des  oiseaux. 

'  Recherches    anatomiques  el    rialéontoloc/iques   pour    servir   à  l'Iiisloire  des  oiseau"  fossiles,    p.  413. 
Paris,  i869-lS71. 


166  FAINE   DE   I/AXCIEXXE   ÉGYPTI' 

DIMENSIONS    PRINCIPALES   DU   SQUELETTE 

DE    PAXDIOX   HALIAETUS 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale  de  la  l'*  vertèbre  cervicale  à  l'extréaiité  de  la  queue    .     .     .  299""" 

Longueur  totale  de  la  tête  osseuse 76 

—  —  —  du  frontal  à  l'occiput 48 

Largeur  maximum  du  crâne 44 

—  interorbitaire lO 

Longueur  de  la  mandibule  supérieure  (en  suivant  la  courbure  du  bec) 44 

—  du  sternum  (de  l'apophy.se  épisteriiale  au  bord  postérieurl 70 

Largeur    du    sternum    en    avant 48 

—  —  en   arrière 42 

Hauteur  du  bréchet 25 

Longueur  du  coraeoïdien 47 

—  de  l'omoplate 71 

—  de  l'humérus 144 

• —  du  cubitus 185 

—  du  métacarpien 87 

—  du  doigt  principal • 73 

—  du  bassin 07 

Largeur  antérieure  du  bassin 44 

Largeur  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes <:i5 

Longueur  des  vertèbres  caudales 53 

—  du  fémur 79 

—  du  tibia 125 

—  du  tarso-mélatarsien 53 

Longueur  totale  du  doigt  médian 05 

—  —  externe 57 

—  —  interne 49 

—  du  iiouce 47 


RAPACES  NOCTURNES 


FAMILLE  DES  BUBONIDÉS 


Genre    BUBO.    Cuvier 


BUBO  ASGALAPHUS,  Savigny. 


Bubo  ascalaphus.  Savigny,  Système  des  oiseaux  de  l"Et;'ypte  (Descriplion  de  l'Egypte,  pi.  III,  fig.  2,  p.  293, 
t.  XXIII,  1828,  Paris).  —  Gould,  Birds  or  Europe,  I,  pi.  XXXVIIf.  —  Shelley.  Birds  of  Egypt, 
p.  180  (1872).  —  B.  Sliarpe,  Cat.  of  the  Slriyes  of  ihe  Brit.  Mus.,  t.  II,  p.  24(1875). 

Le  hilidu  (l'Kgyptc  est  connu  dos  habitants  du  Caire  sous  le  nom  do  bouh  '. 

Nous  le  signalons  au  nonil)i'e  desoisoaux  ilc  rKi;'ypte  ancienne,  d'après  on  simple  spécimen 
incomplet,  trouvt^  au  milieu  d'im  i;'i"oupe  de  l'apaces  diurnes  provenant  des  environs  de  Gizé. 
Il  n'a  pas  été  momitié  isolément,  pas  plus  que  les  rapaces  nocturnes  cités  plus  loin.  Ces  noc- 
turnes étaient  disséminés  à  l'intérieur  de  quelques  séries  d'oiseaux  de  proie  diurnes.  Ils  étaient 
tous  en  mauvais  état  de  conservation,  déchirés  et  décapités,  sauf  un  seul,  Asio  hrachyolus, 
dont  le  squelette  complet  a  pu  être  préparé. 

Tarse  épais,  environ  é,i;al  au  doigt  médian  avec  ongle:  emplumé  sur  toute  sa  longueur. 
Doigts  couverts  de  plumes  dessus  seulement,  avec  un  ou  doux  écussons  à  la  base  dos  ongles. 

Faces  supérieures  ])runes  avec  taches  Ijlanches  et  lignes  verticales  noires  ;  faces  infé- 
rieures jaune  clair  coupé  de  lignes  brunes  ondulées  transversalement.  Disques  faciaux 
jaune  clair.  Bec  et  ongles  noirs. 

Longueur  du  ti])ia  :  132  mill.  Longueur  du  tarse  :  75  niiU.  Longueur  du  doigt  médian 
sans  ongio  :  .")!  mill. 

Bubo  ascalaphus  habite  tout  le  nord  et  le  nord-est  de  l'Afrique.  11  est  commun  en  Egypte 
et  en  Nu])io  pendant  l'année  entière.  Le  hibou  égyptien  fréquente  surtout  les  montagnes  et  les 
ruines. 


Savigny,  Description  de  l'Egypte,  p.  207,  vol.  XXI II,  Paris,  1828. 


168  FAUNE   DE   I/AXCIRXXK   EGYPTE 

Ge.\rk    se  UPS,    Saviow 

SCOPS  ALDROVANDI,  'Willughby. 

ScopJi  Aldroi-and!.  Willii-liby,  Ornitli.,  |).  XLI  (1S7Ô).  —  GoiikI,  Birds  of  Europe,  pi.  XLI,  vol.  I  (1837). 
Soop-i  ephialtes,  Savi_tjiiy,  Système  des  oiseaux  de  l'I'jgypte  (Description,  p.  291,  vol.  XX[II,  1828,  Paris. 
Scops  fjiu,  Slielley,    iln-ds  of  Egypt,  p.  178  (1872).  —  B.  Sharpe,  Cat.of  Brit.  Mas.,  p.  47,  vol.  11  (1875). 

Lop  Egyptiens  connaissent  le  petit-duc  sous  le  nom  de  hnuin.  niais,  .suivant  Savigny', 
ce  nom  est  plutôt  générique  que  spécifique. 

Sco]}S  Aldiwandi  est  représenté  par  3  spécimens  tlans  notre  collection  d'oiseaux  momi- 
tlés  :  i  provient  de  Gizé,  2  sont  de  Kôm-Uml)o. 

Bec  épais,  comprimé  latéralement,  incliné  dès  la  l)ase. 

Tarse  de  longueur  moyenne,  l'-gal  à  peu  près  au  doigt  médian  avec  ongle,  emplumé  en 
avant  et  sur  les  côtés,  écailleux  derrière. 

Doigts  nus  avec  quatre  ou  cinq  demi-anneaux  en  arrière  des  ongles. 

Plumage  gris  mêlé  de  roux  avec  taches  vei'ticales  noires  et  fines  stries  horizontales 
jjruncs.  P'aces  inférieures  semblables  aux  faces  supérieures,  mais  un  peu  plus  claires. 

Longueur  du  tibia  :  46  à  49  mill.  Longueur  du  tarse  :  20  à  28  mill.  Longueur  du 
iloigt  médian  sans  onçj'le  :  18  à  19  mill. 

Scojjs  Aldrocandi  se  rcnconhv  dans  le  centre  et  le  sud  de  l'Europe,  dans  le  nord-est  de 
l'Afrique  et  une  partie  de  l'Asie. 

Shelley  dit  qu'on  le  trouve  de  nos  jours  dans  toute  l'Egypte  et  la  Nubie  où  il  vit  gén(''rale- 
mentpar  couples.  Il  est  assez  fréquent  aux  environs  d'Alexandrie  et  du  Caire.  Au  mois  d'oc- 
tobre, Brehm  en  a  vu  des  troupes  sur  les  bords  du  Nil,  effectuant  leurs  migrations. 

Genre   ASIO.    Brisson 

ASIO  OTUS,  Linné. 

Strix  otus,  Linné,   Si/st.  nai. ,  I,  p.  1.32  (ITGG). 

Bubo  olus,  Savigny,  Description  de  l'Egypte.  X.  X.\.III,  p.  2'.)3  (1828). 

Otus  vulgaris,   Gould,  Birds  nf  Europe,  pi.  XXXI.X.,  v.d.  I  (1837). 

Asiootu^-,  Shelley,  Birds  or'  Eyypt,-ç.  178  (1872)   —  D.  Shaipe,  Ca'.  of  Ihe  Brit.   Mus.,  vol.  II,  p.  227  (1875). 

Le  moyen-duc  ou  liil)ou  des  forêts  est  cité  ici  d'après  un  exemplaire  trouve''  à  l'intérieur 
<rnn  groupe  d'oiseaux  de  proie  de  lv(")ni-(Jm])o. 

Disques  faciaux  complets  descendant  plus  Itas  que  le  bout  du  bec.  Aigrettes  frontales 
allongées. 

Bec  long  un  jieu  incliné  dès  la  Ijase. 

Tarse  emplumé,  égal  au  médian  avec  ongle. 

'  Savigny,  Description  de  l'Egypte,  p.  202,  vol.  XXIII,  Pari<,  1828. 


RAPA  CES   NOCTURNES  169 

Doigts  couverts  do  plumos  moins  un  demi- anneau  à  la  liase  des  ongles. 

Plumage  gris  mêli'^  de  roux  avec  taclK^s  verticales  noires  coupées  de  légères  stries  trans- 
versales brunes.  Tarses  et  doigts  jaune  roussàtre.  Bec  et  ongles  bruns.  Longueur  du  tibia: 
77  mill.  Longueur  du  tarse  :  .39  mill.  Longueur  du  doigt  médian  sans  ongle:  29  mill. 

Le  hibou  vulgaire  ou  des  forêts  habite  l'Euro^je,  l'Asie  Centrale,  les  monts  Himalaya,  la 
Chine,  le  Japon  et  la  Sibérie.  Au  sud  on  le  trouve  jusque  dans  les  Indes  et  le  nord-est  de 
l'Afrique.  Heuglin'  et  Taylor  l'ont  observé  en  Egypte  vers  la  fin  de  mai's,  mais  il  y  est 
toujours  rare. 

ASIO  BRACHYOTUS,  Gmelin. 

Stryxbrachyolus,  Gmeliii,  Sijst.   nat.,  I,  p.  289. 
Otus  brac/ii/otus,  Gould,  Birds  of  Europe,  vol.  I,  [jI.  XL  (1837). 

Asio  accipitrinus,  Shellej,  Birds  of  Egypt.  p.  179(1872).  —  B.  Sharpe,  Ca<.  of  thc  BriL  Mus.,  vol.  II,  p.  234 
(1875). 

Le  hil>oii  l)raehyote  ou  des  mai'ais  est  représenté  par  4  spécimens  :  3  sont  des  environs 
de  Gîzé,  i  provient  de  lv("iui-Ombo. 

Disques  fasciaux  complets,  descendant  jusqu'au  bout  du  bec,  aigi'ettes  frontales  courtes. 

Tarse  un  peu  plus  grand  que  le  doigt  ini'dian  avec  ongle. 

Doigts  emplumés  moins  deux  demi-anneaux  en  arrière  des  ongles. 

Plumage  roux  jaunâtre,  larges  taches  verticales  brunes  sur  les  faces  supérieures,  faces 
inférieures  plus  claires  avec  taches  ])runes  verticales  et  étroites.  Tarses  et  doigts  roux  claii'. 
Bec  et  ongles  noirs. 

Longueur  du  tibia:  SO  à  83  mill.  Longueur  du  tarse  :  44  à  45  mill.  Loniiueur  du  doii^t 
médian  sans  ongle  :  30  et  31  mill. 

Le  hibou  des  marais  se,  rencontre  sur  toute  la  surface  de  la  terre,  excepté  en  Australie.  Il 
est  très  commun  dans  les  marais  et  les  tourbières  de  la  Sibérie  et  du  nord  de  l'Europe. 

Jerdon  rapporte  qu'on  le  voit  an-iveraux  Indi^s  tous  les  hivers. 

Dans  l'Egypte  actuelle  on  l'obsei've  également  en  hiver.  Brehm  dit  l'avoir  vu  «  en  grand 
nombre  dans  les  steppes  du  bassin  supérieur  du  Nil-». 


Heuglin,  Ornith.  N.O.  Afr.,  I,  p.  107. 

Brehm,  la  Vie  des  animaux  :  les  oiseaux,  p.  509. 


.\rch.  Mus.  —  t.  VUI. 


ilO  FAUNE    DE    I,' ANCIENNE   ÉGYl'TE 


FAMILLE    DES   STRIGIDÉS 


Genre    STRIX.    Linné 


STRIX  FLAMMEA,  Linné. 


Siri.T  flammea,  Linné,  Sysi.  nat.,  I,  p.  133.  —  Savigny,  Description  de  l'Egypte,  vol.  XXIII,  p.  300  (1828). 

—   Gould,    Birds  of  Europe,  l,])\.  XXXVI  (1837).   —  B.  Sharpe,  Cat.  of  the  Drit.  Mus.,\o\.  II, 

p.  291  (1875). 
Aluco  flammea,  Shelley,  Birds  of  Egypt,p-  176(1872). 

La  cliouette  effi'aye  est  conniu»  des  Egyptiens  du  Caire  et  d'Alexandrie  sous  le  nom  de 
massàçah'.  Elle  est  signalée  ici  au  nombi'e  des  oiseaux  momitiés.  d'après  deux  spécimens 
provenant  de  Gizé. 

Disques  fasciaux  triangulaires,  développés  à  peu  près  également  au-dessus  et  au-dessous 
de  l'œil. 

Tai'ses  grêles,  longs  envir-on  deux  fois  comun'  le  doigt  m(''dian  sans  ongle  légèrement 
emplumés.  Doigts  écailleux  avec  quelques  poils  disséminés  sur  la  face  supérieure  :  interne  et 
médian  égaux  en  longueur.  Bord  interne  de  l'ongle  du  doigt  médian  dentelé. 

Plumage  roux  sur  les  faces  supérieures,  avec  petites  taches  verticales  blanches  et  noires  : 
faces  inférieures  blanches  ou  légèrement  rousses  pai'semées  paifois  de  quelques  points  l)runs. 
Bec  et  doigts  jaunâtres. 

Longueur  du  tibia  :  '.).")  mill.  Longueur  du  tar,se  :  03  mill.  Longueur  du  doigt  médian. 
sans  ongle:  2S  mill. 

Les  chouettes  effrayes  varient  beaucoup  de  plumage  et  de  dimensions.  Elles  sont  répandues 
sur  toute  la  surface  du  globe,  excepté  dans  les  régions  excessivement  froides. 

En  Egypte  Stii'x  flammea  est  assez  fréquente,  on  la  rencontre  généralement  dans  le  \o\- 
sinage  des  r-uines. 

'  Savigny,   .Système  des  oiseaux  de  l'it^ypit  (Description,  \).  301,  roi,  XXIII). 


IBIS 


Genrk    ibis,    Cuvier 

IBIS  AETHIOPICA,  Lath. 

(PI.  VII  et  VIII,  fig.  7i  et  75.) 

Numenius  Ibis,  Cuvier,  Annales  du  Muséum  de  Paris,  p.  116,  pi.  LU,  LTV  (1804),  —  Savigny,  Histoire  natu- 
relle de  VIbis,  p.  15,  pi.  I.  III  (  180.5). 

Ibis  religiosa,  Cuvier,  Régne  animal,  I,  p.  483  (1817).  —  Savigny,  Système  des  oiseaux  de  l'Egypte  ('2)«c^^■/3<^on, 
vol.  XXIII,  p.  397,  pi.  Vil,  fig.  I,  1828). 

Ibis  sethioptca,  Shelley,  Birds  ofEgypt,  p.  261  (1872).  —  B.  Sliarpe,  Cat.  of  the  Brit.  Mus.,  p.  4,  vol.  XXVI, 
(1898). 

Les  momies  d'I]3is  se  trouvent  en  nombre  excessivement  grand  dans  quelques  hypogées 
de  l'ancienne  Egypte,  à  Sakkara  notamment,  mais  elles  y  sont  presque  toujours  incomplètes, 


Fig.  74.  Ibis  xthiopica,  dessiné  d'.ipbès  nature  par  M.  le  professeur  Wai.ter  Innés. 

ou  dans  un  très  mauvais  état  de  conservation  :  elles  tomljent  en  poussière  au  plus  léger  con- 
tact ;  le  plus  souvent  on  ne  reconnaît  l'ibis  que  d'après  quelques  fragments  du  crâne  ou  di^s 


172 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


parties  les  plus  résistantes  du  squelette.  Nous  avons  eu  sous  les  veux  plusieurs  centaines  de 
ces  momies  desquelles  il  a  été  possible  d'extraire  de  nombreux  crânes, 
humérus,  tai-ses  et  ossements  divers  de  l'ibis  sacré,  mais  ce  n'est 
que  très  difficilement  qu'on  est  i)arvenii  à  préserver  cin([  squelettes 
complets  de  cet  oiseau.  L'un  de  ces  squelettes  provient  d'une  momie  de 
ïhèbes,  quatre  sont  de  Rôda. 

Nous  a\'ons  la  ])onne  fortune  de  pouvoir  mettre  à  l'appui  de  la 
description  sommaire  d'Ibis  œfhiojjir/i  un  dessin  de  cet  oiseau  fait 
d'après  nature,  sur  les  bords  même  du  Nil,  à  Fashoda,  par  M.  le 
professeur'  ^\"alter  Innés  du  Caire.  Ce  naturaliste  a  été  frappé  de  ren- 
contrer constamment  l'iljis  sacré  dans  une  attitude  qui  ne  correspond 
pas  du  tout  à  celle  indiquée  par  les  ouvrages  d'histoire  naturelle. 
L'oiseau  n'a  pas,  en  effet,  la  tête  relevée  ouramené(.'  au-dessus  du  corps, 
il  la  porte  toujours  un  peu  en  avant,  le  cou  légèrement  recourbé,  le  bec, 
pres(jue  vertical,  étant  dirigé  vers  le  sol  (fig.  74).  Avec  cet  aspect  l'ibis 
justifie  bien  le  nom  à'ahou-mengel^  qui  signifie  la  faucille  ou,  à  la 
lettre,  le  père  de  la  faucille,  sous  lequel  il  était  connu  en  Egypte  au 
siècle  dernier.  En  Ethiopie  on  le  nomme  ahou  Jiannès. 

Les  principaux  caractères  spécifiques  à' Ibis  œthiopica  sont  les  sui- 
vants : 

Bec  long  et  recour])i''  ;  l'ainure  nasale  se  prolongeant  jusqu'au  ])out 
du  bec. 

Tai'se  un  peu  plus  long  que  le  doigt  médian  avec  ongle,  couvert 
do  nombreuses  écailles  hexagonales  (fig.  75).  Doigts  éeailleux,  ongles 
recourbés. 

Mâle  et  femelle  adultes  :  plmnage  blanc,  extrémités 
des  rémiges  et  scapulaires  noir  Ideuàtre;  tète  et  cou  nus, 
peau  noir  velouté.  Pas  de  plumes  allongées  en  avant  du 
cou. 

Jeunes  :  cou  et  tète  couverts  de  plumes  noires  bordées 
de  blanc  (les  plumes  de  la  tète  et  du  cou  ne  tombent  que 
pendant  la  troisième  année). 

Longueur  du  tarse,  96  à  124  mill.  Longueur  du  doigt 
médian  a\'ec  ongle,  88  à  96  mill.  Du  culmen  au  Jjout  tlu  bec, 
152  à  190  mill. 


Les  mesures  qui  précèdent,  sont  celles  des  ilns  momifiés, 
'^'oici  les  dimensions  relevées  au  Caire  par  ÎNL  ^^'alter  Innés 
et  l'un  de  nous,  sur  quatre  ibis  éthiopiens  modernes  tués, 
au  coui's  de  l'expédition  Jagerslciôld,  sur  le  Nil  Blanc,  de 
100  à  200  milles  au  sud  de  Khartoum. 


Fig.  "j.  —  Ibis  œthiopica. 

JMOMIE  DE  SaKKARA.  PlED  GAUCHE,    (g 


liai.) 


Savigny,  Histoire  naturelle  et  mythologique  de  l'Ibis  p.  13,  Paris,  1805. 


IBIS  173 

N°  1  (fonirlle).  Loiigueui' du  tai'se,  SOniill.  Du  culnu'ii  au  ]iuul  du  liée  MU  iiull. 
N"  2  (femelle).  Lon,<îue\ir  du  tarse,  105  mill.  Du  culmen  au  bout  du  bec,  188  mill. 
N"  3  (jeune).  Longiu'ur  du  tai'se,  91  uiill.  Du  eulineu  au  bout  du  bec,  150  mill. 
N°  4  (mâle).  Longueur  du  tarse.  !)()  mill.  Du  eulmi'u  au  bout  du  bi'c.  101  mill. 

De  plus  M.  le  professeur-  .Jagerskiôld  a  eu  la  yi'ande  oblio'eance  de  l'elevor  pour  nous,  sur 
les  ibis  modernes  conservés  à  Upsala,  les  mensurations  suivantes  : 

Muséum  d'Upsala.  —  N"  1  (femelle)  du  Nil  Blanc.  Longueur  du  tarse  89  mill.  Du  culmen 
au  bout  du  bec,  135  mill. 

N"  2  (femelle)  du  Nil  Blanc.  Longueur  du  tarse  89  mill.  Du  culmen  au  bout  du  bec, 
148  mill. 

N°  3  (jeune)  de  Port-Natal.  Longueur  du  tai'se  9G  mill.  Du  culmen  au  bout  du  bec, 
184  mill. 

Trois  spécimens  modernes  adultes  d'/iw  œfJiiojnca,  de  la  collection  du  Muséum  de  Lyon, 
ont  les  dimensions  suivantes  : 

N"  1  du  Nil  Blanc.  Longueur  du  tarse.  98  mill.  Long,  du  doigt  médian  avec  onde, 
88  mill.  Du  culmen  au  bout  du  bec.  150  mill. 

N"  2  de  Nubie.  Longueur  du  tai'se,  95  mill.  Long,  du  doigt  médian  avec  ongle, 
88  mill.  Du  culmen  au  l)out  du  bec,  108  mill. 

N"  'î  de  Nubie.  Longueiu-  du  tarse,  95  mill.  Long,  du  doigt  médian  avec  ongle, 
87  mill.  Du  culmen  au  bout  du  bec,  L55  mill. 

D'après  ces  diverses  observations,  l'ibis  niomiii(''  aune  taille  sensiblement  plus  forte  que 
l'ibis  blanc  qui  vit  de  nos  jour-s  dans  le  sud  de  la  Nul)ie  et  sur  les  bords  du  Haut  Nil,  au- 
dessus  de  Khartoum.  Pour  celui-ci,  la  longueur  des  tarses  varie,  suivant  Shelley,  .Sharpe'  et 
les  observations  précédentes,  de  80  à  105  millimètres,  alors  qu'elle  atteint  de  96  à  124  milli- 
mètres chez  le  premier.  11  ne  s'agit  point  pourtant  de  formes  difierentes,  cai'  nous  avons  pu 
recueillir,  dans  plusieurs  momies,  des  rémiges  blanches  terminées  par  la  tache  noire  caracté- 
ristique de  l'ibis  ('tliiopien  actuel.  C'est  donc  toujoui's  la  même  espèce,  mais,  dans  la  suite 
des  siècles,  elle  a  probablement  subi  des  modifications  anatomiipies  notables.  Cette  dimi- 
nution des  membres  postérieurs,  chez  un  animal  dont  la  domestication  n'est  pas  certaine, 
est  chose  importante  à  signaler.  Il  est  à  désirer  qu'elle  soit  confii'mée  par  de  nouvelles  et 
nombreuses  observations.  Quelle  peut  en  être  la  cause?  Il  est  difficile  de  l'indiquer  d'une 
manière  positive. 

Peut-être  le  plus  grand  développement  des  memljres  postérimu's  chez  l'ibis  ancien  était-il 
dû  à  l'existence  particulière  de  cet  oiseau  dans  l'Egypte  pharaoni(pie.  D'après  les  récits  des 
historiens,  l'ibis  vivait  alors  respecté  de  tous  les  habitants.  Confiant  dans  la  sécurité  complè'te 
dont  il  jouissait,  ils  s'avançait,  se  multipliait  jusque  dans  les  villes,  se  noin-rissant  sur  le  bord 
des  canaux  et  peut-être  de  quelques  lacs  disparus  depuis.  L'ibis  s'était  peu  à  peu  habitué  à 
cette  vie  au  point  de  rester  en  Egypte,  paraît-il,  dans  un  état  de  demi-domesticité.  Chez  cet 

'  Shelley,  Birds  of  Egijpt,  p.   271,  Londoii,   1872.  —  Sharpe,   Cat.   of  the  Bril.  Mus.,  vol.  XXVI,   p.   6, 
1898. 


174  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

oiseau  pourvu  d'une  nourriture  abondante,  marchant  plus  qu'il  ne  volait,  il  semble  naturel  de 
trou^•el•  les  membres  postérieurs,  et  peut-être  même  le  corps  entier,  plus  développés  que  chez 
les  ibis  actuels  traqués  pai"  les  chasseurs,  obligés  de  se  déplacer  constamment  à  la  recherche  de 
leur  nourriture. 

Suivant  le  zoologiste  Savignv,  l'ibis  descendait  encore,  au  commencement  du  siècle  dernier, 

jusque  dans  la  Basse-Egypte  oi^i  les  Arabes  lui  faisaient  la  chasse  au  moyen  de  tllets.  ((  Pendant 

l'automne,    dit-il.    on  voit    siu*  les  marchés  de  la    Basse-Egypte,    surtout  dans  cidui    de 

Damiette,  quantité  de  ces  ibis  auxquels  on  a  reti'auché  la  tête.  On  m.'a  souvent  apporté  Vibis 

noir  vicant  et  une  seule  fois  l'ibis  blanc  ^.  » 

Quelques  années  plus  tard  l'explorateui' (iailliaud  ne  trouvait  plus  [bis  setldopnca,  Vibis 
blanc  et  noir,  ainsi  qu'il  l'appelle,  que  sur  le  llaut-Nil  :  <(  on  ne  voit  plus,  aflSrme-t-il, 
aujourd'iuii  en  Egypte  aucun  individu  vivant  de  cette  couleur^  ». 

Ibis  xthiopica  se  rencontre  actuellement  eu  Afrique  depuis  Khartoum  jusqu'au  Trans- 
A'aal  et  dans  l'exti'ême  sud  africain,  mais  on  ne  le  trouve  plus  en  Egypte.  Au  dire  des  voya- 
geurs, il  ne  se  montre  que  dans  le  sud  de  la  ^l'ubie,  annonçant  la  crue  du  Nil.  «  Jamais,  dit 
Brehm^,  je  ne  l'ai  rencontré  au-dessous  de  la  ville  de  MuchereiF,  sous  le  18«  degré  de  latitude 
nord,  mais  déjà  quelques  couples  nichent  à  Khartoum  et  il  est  commun  plus  au  sud.  Dans  le 
Soudan,  il  arrive  au  commencement  de  la  saison  des  pluies,  vers  le  milieu  ou  la  tin  de  juillet, 
il  y  niche  et  dispai'ait  avec  ses  petits  au  Iiout  de  trois  ou  quatre  mois,  mais  il  ne  parait  pas 
émigrer  bien  loin. 

«  Dans  im  voyage  au  sein  des  forêts  viei'ges  des  ])ordsdu  Nil  lilcu,  je  renconti'ai.  le  KJ  et 
17  septemlire,  une  telle  quantité  d'ilns  sacrés,  (pi'en  deux  jours  je  pus  en  prendi-e  plus  de 
vingt.  Je  n(>  connus  que  plus  tard  la  cause  de  ce  rasseml dément  d'iltis  :  une  pai-tie  de  la 
foi'êt  était  inondée,  et  ces  prudents  oiseaux  l'avaient  choisie  pour  y  ('■taldii-  leurs  nids. 

«  Quelque  temps  auparavant  j'avais  visit(''  \\\\  pareil  emplacement,  mais  d'un  accès  bien 
plus  facile.  C'était  une  ile  du  Nil  Blanc,  couverte  de  hauts  mimosas,  inondée  par  les  hautes 
eaux  et  assez  pour  qu'on  pût.  du  ])ateau,  monter  sur  les  arbres.  Je  vis  là  que  l'ibis  sacré 
nichait  sur  une  espèce  de  mimosa  appelée  par  les  Aralies  harahsi.  c'est-à-dire  ((  qui  s(>  pro- 
tège »  et  dont  les  branches  épaisses,  entrelacées  et  épineuses  forment  un  fourré  impénétrable. 
Les  nids  étaient  aplatis  et  formés  de  liranches  de  Imnilisl :  l'intérieur'  en  était  tapissé  de  Itrin- 
dilles  et  de  quelques  tiges  d'herbes,  mais  le  tout  était  très  lâchement  construit.  Les  œufs,  au 
nombre  de  trois  ou  quatre  pai'  couvée,  Idancs,  d'un  grain  assez  grossier,  ont  à  peu  près  le 
volume  d'un  œuf  de  poule  ou  de  canard.  » 

A  l'intérieur  (le  quelques  vases  grossiers  en  terre  cuite  rouge,  provenant  des  hypogées  de 
R('ida  et  de  Tonné,  dont  la  plupai't  contenaient  des  momies  et  des  ossements  d'il)is.  nous  avons 
trouvé  des  œufs  en  partie  écrasés,  de  grandes  quantités  de  coquilles.  Ce  sont  très  probablement 
des  œufs  d'ibis.  Ils  se  rapportent  assez  ])ien  à  la  description  de  lîrehm.  Toutefois,  ceux  que 
nous  avons  recueillis  sont  un  peu  moins  volumineux  que  les  œufs  ordinaires  de  poule  ;  ils  ont 
aussi  une  forme  plus  allongée  (grand  diam.  54  mill.  ;  petit  diam.  35  mill.j. 

'  Savigny,  Histoire  nal.  et  mylh.  de  l'ibis,  p.  49  et  50,  Paris,  1805. 
-  Cailliaud,  Voyage  à  Méroé,  au,  fleuve  Blanc,  p.  212,  Paris,  1826. 
•'  Brelim,  la  l'ie  des  animaux  :  les  oiseaux,  p.  619. 


I15IS  175 

Le  squelotto  de  l'iliis  sacré  des  temps  pharaoniques  correspond  parfaitement,  dans  son 
ensemble,  à  celui  à!Ibis  œthiopica  actuel.  Rien  w  parait  lesdistin.i^uer.  Toutes  les  particularités 
morphologiques  de  l'un  se  retrouvent  chez  l'autre.  On  ne  peut  signaler,  dans  les  exemplaires 
momiflés.  que  l'aspect  plus  fort  de  quelques  parties  de  la  charpente  osseuse,  notamment  (hi 
sternum  et  des  meml)res  postérieurs  (pi.  MI),  mais  nous  n'avons  pu  comparer  à  ces  squelettes 
anciens  qu'un  seul  squelette  d'ibis  moderne.  Les  différences  qu'on  remarque  entre  eux  ne  dépas- 
sent peut-être  pas  les  limites  ordinaires  des  variations  individuelles  et  sexuelles.  On  doit  donc 
attendre  que  de  nombreuses  observations  aient  été  faites  sur  l'ibis  éthiopien  actuel,  pour  être 
iixé  sur  la  valeur  des  différences  signalées. 

Le  tableau  sui\-ant  met  en  regard  les  dimensions  du  s({uelette  d'Ibis  œthiopica  relevées 
sur  un  spécimen  momitié  et  sur  un  individu  moderne. 

DIMENSIONS    PRINCIPALES    DU    SQUELETTE 

D'IlilS    .ETinOl'ICA 

Ancien  Moderne 

Longueur  de  la  colonne  vertébrale,  de  la  1"'  vert.  cerv.  à  rextrémité  de  la  queue.  430"""  382""> 

Longueur  totale  de  la  tête  osseuse 250  206 

—  totale  du  frontal  à  l'occiput G4  54 

Largeur  maximum  du  crâne 33  31 

Largeur  interorbitaire 22  22 

Du  culmen  au  bout  du  bec 186  152 

Longueur  du  sternum  (de  l'apophyse  épisternale  au  bord  postérieur) 87  88 

Largeur  du  sternum  en  avant 46  43 

—  —  en  arrière 44  43 

Hauteur  du  bréchet 32  32 

Longueur  du  coracoïdien •     .     .     .       54  52 

—  de  l'omoplate     ...     : 72  67 

—  de  riiumérus 127  124 

—  du   cubilus 146  145 

—  du  métacarpien 71  68 

—  du  doigt  principal 55  53 

—  du  bassin ■ 84  77 

Largeur  antérieure  du  bassin 36  36 

Largeur  du  bassin  en  arrière  des  cavités  cotyloïdes 45  44 

Longueur  des  vertèbres  caudales 41  38 

—  du  fémur 77  71 

—  du  tibia 163  146 

—  du  tarso-mélatarsien 114  98 

Longueur  totale  du  doigt  médian     .           90  87 

—  —  externe 75  73 

—  —  interne 68  66 

—  —       du  pouce 42  41 


170 


FAUNE  DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 


Genre  PLEGADIS.   Kaup 


PLEGADIS  FALCINELLUS,  Linné. 

(Fig.  76.) 

Tantalus  falcineUus ,  Linné,  S;/st.  mit.,  I,  p.  241  (1766). 

Ibis  noir,   Savignj,  Histoire  naturelle  et  myt}iologi<iue  de  l'ihis,  p.  36,  fig.  4  (1805"). 

Jbis  falcineUus,  Gould,  Birds  a f  Europe,  IV,  pi.  GGGI   (1837).  —   Savigny,    Description 
r|_l  de   l'Egypte,   p.    401,   vol.   XX.1I1,  pi.    VIT,   fig.  2  (1828).   —  Shellej,  Birds  of 

f:  Egyi.t.  p.  262  (1872). 

ll4-4  Pleyadis  falcineUus.  Kiup.Nalur.Siysl.,  p.  82  (1829). — B.  Sharpe,  Caï.  oftheBril.  Mus., 

vol.  XXVI,  p.  29  (1898).  " 

Les  Aralies  actuels  désignent  l'iliis  falcinellepai'le  nom  d'e/  hei-eis. 

Nous  avons  remarqué  4  spécimens  de  cet  ibis  :  3  momifiés  isolément 
parmi  L^s  oiseaux  en  pots  des  hypogées  de  Sakkara,  1  à  l'intérieur  d'un 
gi'oupe  d'oiseaux  de  proie  de  K(3m-(_)m]30 .  Tous  les  quatre  ont  été  trouvés 
incomplets  ou  brisés. 


PlegarUs  falri/icliit.s  se  reconnaît  aux  caractères  suivants  :  bec  long  et 
recourlié,  rainure  nasaL?  se  prolongeant  jusqu'au  ])out  du  liée. 

Tarse  grêle,  lieaucoup  plus  long  que  le  doigt  mi'dian  ;  face  antérieure 
du  tarse  couverte  de  larges  écailles  transversales  (fig.  76).  Doigts  écailleux; 
ongles  effilés  et  pointus,  celui  du  doigt  médian  à  peu  près  droit. 

Mâle  et  femelle  adultes  :  plumage  marron  foncé  sur  le  cou,  la  poitrine, 
le  ventre,  les  cuisses  et  la  partie  supérieure  di'S  ailes;  le  sommet  delà  tète, 
le  dos,  les  rémiges  et  les  rectrices  hi'nn  noir  avec  reflets  métalliques  verts  et 
violets. 

Les  jeunes  ont  le  plumage  d'iiiver  des  atlultes,  c'est-à-dire  plumes 
noù'es  bordées  de  blanc  à  la  partie  inférieure  du  cou  ;  dos  couleur  cuivrée 
avec  reflets  verd4tres  ;   ventre  et  poitrine  gris  brun. 

Longueur  du  tarse  :  102  mill.  Longueur  du  doigt  médian  avec  ongle: 
75  mill.  Du  culmen  au  bout  du  ])ec  :  131  millimètres. 


Plcfjadis  falciiicllKs  habite  le  sud  de  l'Europe  et  les  régions  bordant  la 
Méditerranée.  On  le  trouve  aussi,  mais  plus  rarement,  dans  l'Asie  Centrale, 
la  péninsule  Indienn(\  la  Chine  et  le  Siam. 

En  Afrique,  on  le  rencontre  dans  le  noi-d-est  ainsi  que  dans  le  sud. 
Suivant  Slielley  et  Brehm,  il  hal)ite  toute  l'année  l'Egypte  et  la  Nulii(\  on 
le  voit  surtout  aux  abords  des  lacs  et  des  marais.  «  En  Egypte,  dit  Brehm', 
c'est  un  oiseau  sédentaire.  Sur  les  liords  du  lac  Menzaleh,  les  falcinelles  que 
j'ai  eu  l'occasion  d'observer,  quittaient  le  matin  la  plac(>  où  ils  avaient  passé 
la  nuit,  se  rendaient,  en  tenant  le  haut  des  airs,  vers  des  endroits  où  ils  se  trouvaiwit  à 
l'al)ri  des  attaques  de  tout  ennemi  et  d'où  ils  pouvaient  découvrir'  un  vaste  horizon;  ils  res- 


Fig.  76. 

Plegadis  falcineUus 

Momie  de  Sakkara 

Pied  droit. (gr.  nat.) 


'  Brelirn,  les  Oiseaux,  p.  619. 


IBIS  177 

taient  là  toute  la  journée,  puis,  au  crépuscule,  ils  revenaient  pour  dormir  sur  des  ai'l)res,  dans 
des  iles  formées  au  milieu  du  lac  ou  des  mai'ais  avoisinants.  » 

Le  facinelle  fait  son  nid  dans  les  mai^ais  enchevêtrés  de  roseaux  où  se  trouvent  dissé- 
minés quelques  saules.  C'est  sur  ces  arhres,  dans  l'Europe  méridionale,  que  nichent  les  falci- 
nelles,  en  nombre  souvent  considérable.  Ils  s'empai^ent  volontiers,  au  dire  de  Lœbenstein,  des 
nids  de  hérons  abandonnés  et  les  tapissent  avec  des  tiges  de  roseaux.  Les  œufs,  au  nombre 
de  trois  ou  quatre,  ont  à  peu  près  la  grosseur  des  œufs  de  poule.  Ils  sont  allongés,  à  coquille 
épaisse,  d'un  l)eau  vert  bleu,  tirant  parfois  sur  le  vert  clair. 

De  son  côté,  Savigny'  a  rencontré,  en  Egypte,  le  falcinelle  en  grand  nombre.  Il  suppose, 
avec  raison,  que  l'ibis  noir  des  anciens  Égyptiens,  dont  paillent  les  historiens  grecs,  devait  être 
l'ibis  falcinelle.  Pour  justifier  son  opinion,  Savigny  montre  l'ancien  nom  égyptien  de  l'ibis  noir, 
heheras,  d'après  Aristote,  se  retrouvant  presque  sans  altération  dans  le  mot  ai'abe,  elhereis, 
de  l'ibis  falcinelle.  Cette  identité  ne  saurait  fah'e  aucun  doute,  maintenant  que  nous  avons 
trouvé  momifiés  plusieurs  spécimens  de  cette  dernière  espèce. 

'  J.-G.  Savigny,  Histoire  naturelle  et  mythologique  de  l'ihis,  p.  39,  Paris,  1805. 


Arch.  Mus.  t.   VIII  •  23 


OISEAUX    DIVERS 


Genrk    GUGULUS,    Lixné 

GUCULUS  CANORUS,  Linné. 

Cuculus  canorus,  Linné,  Syst.  nat..  I,  p.  168  (176(3).  —  Gould,  Birds  of  Europe,  III,  pi.  CGXL  (1837).  —  Shelley, 
Birds  of  Hgypt.  p.  162  (1872).  —  Shelley,  Cat.  ofthe  Brit.  Mus.,  p.  245,  vol  XIX  (1891). 

A  propos  des  quekpies  espèces  d'oiseaux  divers  citées  ici  au  nomlire  dos  animaux  anciens 
de  l'Egypte,  on  doit  répéter  ce  qui  a  été  dit  relativement  aux  oiseaux  de  proie  nocturnes.  Ceux- 
ci  comme  ceux-là  n'ont  jamais  été  trouvés  momifiés  séparément,  entourés  de  liandelettes,  ils 
étaient  disséminés  avec  de  petits  rongeurs,  des  musaraignes  et  des  dents  de  crocodiles,  à  l'inté- 
rieur de  quelque.s-uns  des  groupes  d'aigles,  faucons,  éperviers,  etc.,  de  Kôm-Ombo  et  de  Gîzé. 
Le  coucou  est  signalé  d'après  deux  individus,  accompagnant  des  séries  d'oiseaux  de  proie  de 
Kôm-Ombo. 

Le  Lee  de  Cuculus  canorus  est  un  peu  plus  court  que  la  tête,  légèrement  arqué  et 
comprimé,  un  peu  plus  large  que  haut  à  la  ])ase.  Narines  arrondies,  un  peu  saillantes. 

Tarses  en  partie  emplumés,  à  peine  plus  longs  que  le  doigt  externe  reversil^le  en  arrière. 

Faces  supérieures  gris  cendré  plus  ou  moins  foncé,  ventre  gris  lilanc  avec  lignes  noii^es 
ondulées  transversalement. 

Longueur  du  ])ec  au  front  :  22  mill.  Longueui'  du  tai'se  :  21  mill.  Longueur  du  doigt 
externe  sans  ongle  :  18  mill. 

Cuculus  canorus  habite  l'Europe,  l'Asie  et  l'Afrique.  C'est  un  oiseau  très  migrateur. 
Shelley  l'a  observé  en  Egypte  à  plusieurs  reprises  dans  diverses  localités.  Il  y  arrive  du  mois 
de  mars  au  mois  de  mai.  et  s'en  retourne  en  août. 


Genrk    CORACLiS,    LixxÉ 

CORACIAS  GARRULA,  Linné. 

Coracias  carrula,  Linné.  Syst.  nal,,  î,  p.  159  (1766).  —  Oould,  Birds  of  Europe,  II,  pi.  LX  (1837).  —  Shelley, 
Birds  of  Egypt,  p.  168(1872).  —  B.  Sharpe,  Cat.  of  tlie  Brit.  Mus.,  p.  15,  vol.  XVII  (1892). 

Lo  roUier  a  été  reconnu  d'après  un  seul  exemplaii'c  parfaitement  conservé  à  l'intéiieur 


OISEAUX   DIVERS  179 

d'une  masse  d'oiseaux  de  proie  de  Kôm-Ombo.  Il  a  (ité  identifié  très  facilement,  le  plumage 
ayant  gai'dé  intactes  presque  toutes  ses  couleurs. 

Bec  rol)uste  à  arête  peu  convexe,  crochu  à  l'extrémité.  Nai'ines  fendues  obliquement, 
ouvertes  à  la  hase  du  hec. 

Tai'se  épais,  plus  court  que  le  doigt  médian,  à  peu  près  égal  au  doigt  externe  sans  ongle. 

Ongles  comprimés  latéralement,  vm  peu  recourbés. 

Couleur  dominante  du  plumage  vert  brillant,  rémiges  bleu  indigo  sur  leur  face  supérieure, 
bleu  azuré  à  la  face  inférieure. 

Le  rollier  a  été  rencontré  dans  la  plupart  des  régions  de  l'Europe  jusqu'au  sud  de  la 
Scandinavie,  mais  il  n'est  commun  que  dans  l'Europe  méridionale  et  orientale,  ainsi  que  dans 
le  nord  de  l'Afrique  et  l'Asie  occidentale . 

Suivant  Shelley,  Coracias  garnila  est  de  passage  en  Egypte  et  en  Nubie  vers  la  fin  du 
mois  d'avril. 

Genre    HIRUNDO,    Linné 

HIRUNDO  RUSTICA,  Linné. 

Hirunilo  rustica,  Linné,  St/sl.  nat.  I,  p.    343  (1766).   —    Gould,  Birds  of  Europe,  II,    pi.  I-IV   (1837).    — 
Shelley,  Dirds  of  Egijpt,  p.  120  (1872).  —  B.  Sharpe  Cal.  of  the  Brit.  Mus.,  p.  128,  vol.  X  (1885). 

Plusieurs  hirondelles  ont  été  trouvées  mêlées  aux  oiseaux  de  proie,  mais  elles  sont,  en 
général,  entièrement  briilées  on  agglutinées  par  le  bitume  et  par  conséquent  indéterminables. 
Une  seule,  mieux  protégée  que  les  autres,  a  pu  être  déterminée.  Par  ses  principaux  caractères 
elle  correspond  à  Hiriindo  rustica.  L.,  l'hirondelle  de  cheminée.  La  couleur  des  faces 
inférieures  n'est  pas  assez  assez  bien  conservée  pour  pouvoir  dire  si  cette  hirondelle  appartient 
en  propi-e  à  la  variété  européenne  ou  si  elli>  se  rapporte  à  la  vai'iété  méridionale  (Hirundo 
Savignyi.  Steph.,  syn.  Hirundo  rahirim.  Licht.),  qui  est  actuellement  plus  commune  en 
Egypte.  De  l'avis  de  la  plupart  des  naturalistes,  les  différences  qui  sépai'ent  ces  hirondelles 
n'ont  pas  une  im]tortance  spécifique,  elles  ne  constituent  cpie  des  variétés  ou  des  races 
locales  de  notre  hirondelle  de  cheminée,  Hirundo  rustica. 

Bec  court,  aplati  et  large  à  la  hase. 

Tai'ses  et    doigts  nus.  Tarse  de  la  longueur  du  doigt  médian  sans  ongle. 

Faces  supérieures  noir  ])li'u.  Front  et  gorge  roux.  A'i.'nti'e  lilanc  (variété  européenne)  ou 
roux  (vai".  nK'ridionale.  Hir.  cahirica).  Queue  profondément  échancrée. 

Longueur  de  tarse  :  il  millimètres. 

L'hirondelle  de  cheminée  habite  tonte  l'Europe  pendant  la  lielle  saison.  En  hiver,  (die  se 
retire  dans  les  régions  chaudes  de  rAft'i(pie  et  de  l'Asie  ;  elle  est  alors  alwndante  sur  le  littoral 
méditerranéen. 


180  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Genre    ŒDICNEMUS,    Temminck 

ŒDICNEMUS  ŒDICNEMUS,  Linné. 

Charadrius  œdicnemus.  Linné,  Syst.  nat.,  I,  p.  255  (1766). 

Œdicnemus  crepitenx,   Gould,  Birds   of  Europe^  IV,  pi.  GGLXXXVIII    (1837).  —  Shelley,  Birds  of  Egypt, 

p.  230(1872). 
Œdicnemus  œdicnemus,  B.  Sharpe,  Cat.  of  Ihe  Brit.  Mus.,  p.  4,  vol.  XXIV  (1896). 

L'œdicnème  criard  n'est  représenté  que  par  une  tête,  en  connexion  avec  quelques  vertè- 
bres du  cou,  trouvée  au  milieu  d'un  groupe  de  rapaces  de  Kôm-Omlio.  La  forme  très  paiii- 
culière  du  liée  et  du  crâne  de  cet  oiseau  ne  laisse  aucun  doute  sur  sa  détermination. 

L'œdicnème  se  rencontre  dans  le  centre  et  le  sud  de  l'Europe,  ainsi  que  dans  l'Asie 
Centrale  et  la  péninsule  Indienne.  Il  est  commun  dans  toutes  les  régions  bordant  la  Méditer- 
ranée. En  Egypte  il  est  assez  fréquent,  on  le  trouve  par  paires  dans  les  parties  broussail- 
leuses de  la  vallée  du  Nil.  Suivant  Brehm  ',  il  se  rencontrerait  même  dans  les  villages,  (c  II 
arrive  en  Egypte,  dit-il.  jusque  dans  l'intérieur  des  villes  et  va  parfois  nicher  sur  le  toit  des 
habitations.  Les  Arabes  m'ont  assuré  que  le  karanan  (nom  qu'ils  donnent  à  l'œdicnème) 
se  tenait  le  jour  sur  le  toit  des  mosquées,  des  bâtiments  où  l'homme  ne  va  à  peu  près  jamais, 
et  y  construisait  même  son  nid  :  C('  que  j'ai  vu  ne  me  permet  pas  de  douter  delà  réalité 
du  fait.  » 

Genre    PTEROGLURUS,    Bonap 

PTEROCLURUS  SENEGALLUS,  Linné. 

Tetrao  Senegallus,  Linné,  Syst.  nat.,  p.  127  (1766). 

Pterocles  Senegallus,  Shelley,   Birds  of  Egypt,  p.  220  (1872). 

Plerocles  guttaius,  Gould,  Birds  of  .Asia,  Vi,  pi.  LXII  (1851). 

Pteroclurus  Senegallus,  0;,^ilvie-Grant,  Cat.  oflhe  Brit.  Mus.,  p.  14,  vol.  XXII  (1893). 

Cette  espèce  est  signalée  d'après  un  individu  incomplet  (la  tète  manque),  trouvé  avec 
des  oiseaux  de  proie  de  Kôm-Ombo. 

Métatai'siens  épais,   courts  et  emplumés,  à  peine  plus  longs   que  le  doigt   médian. 

Doigts  nus  ;  pouce  présent  mais  rudimentaire. 

Deux  plumes  médianes  de  la  queue  allongées  et  pointues.  Ailes  longues. 

Plumage  de  la  gorge,  de  la  poitrine  et  du  ventre  jaune  pâle. 

Longueur  du  tai'se  :  24  mill.  Longueur  du  doigt  médian  avec  ongle  :   23  mill. 

Pteroclurus  Senegallus  habite  le  nord  de  l'Afrique  et  le  sud-est  de  l'Asie  ;  on  le 
rencontre  jusqu'au  sud  du  Sahara  et  au  nord-ouest  de  l'Inde.  Il  est  commun  en  Egypte; 
Shelley  l'a  souvent  remarqué  sur  le  marché  d'Alexandrie. 

'  Brehm,  la  Vie  des  animaux  :  les  oiseaux,  p.  555. 


REPTILES 


Les  reptiles  de  l'ancienne  Egypte  ne  comptent  (prun  nombre  peu  élevé  de  représentants  : 
Quekpies  crocodiles  de  divers  hy^DOgées  et  un  spécimen  momifié  de  naja  haje  sur  lequel  ou  ne 
possède  pas  d'indication  d'origine  précise. 

Outre  ces  deux  espèces  on  doit  citer  un  lézard  de  petite  taille  (Mahuia  quinquetseniata) 
dont  nous  avons  recueilli  des  restes  de  plusieurs  exemplaires  dans  le  tube  digestif  de  certains 
oiseaux  de  proie  momifiés  à  Gîzé. 


CROCODILUS  NILOTICUS.  Laur. 

Crocodilus  nilolicus,  J.  Anderson,  Zoology  of  Egyjit  :  Repl.ilia  and  Balrachia,  p.   10,  pi.  I,  London,  1898. 

La  plupart  des  crocodiles  proviennent  d'Esnè,  l'ancienne  Latopolis;  quelques-uns  ont 
une  origine  inconnue.  Les  crocodiles  d'Esnè  datent  de  l'époque  gréco-romaine,  ils  ont  été 
trouvés  dans  la  plaine  sableuse  à  l'ouest  de  la  ville,  au  pied  de  la  chaine  libyque,  dans  la 
nécropole  bumaine  de  la  dernière  période  ptolémaïque  et  romaine. 

La  longueur  de  ces  animaux  varie  de  30  centimètres  jusqu'à  l'"50  environ,  une  tête  séparée 
mesure  seule  0'"50  de  longueur.  Ils  sont  momifiés  suivant  plusieurs  procédés.  Les  plus  petits 
ont  été  fixés  entre  deux  baguettes  de  palmier,  au  moyen  d'un  fil  qui  i'(''unit  d'abord  les 
màcboires  et  entoure  ensuite  à  la  fois  les  baguettes  et  le  corps  du  jeune  reptile  jusqu'à  l'extré- 
mité de  la  queue.  Ainsi  préparés,  ils  ont  été  plongés  entièrement  dans  le  bitume. 

Quelques-uns  sont  momifiés  avec  beaucoup  plus  de  soins.  Le  crocodile  est  enveloppé  de 
larges  bandes  de  toile,  puis  par-dessus  sont  disposées,  dans  le  sens  de  la  longueur,  de  minces 
baguettes  de  palmier,  qu'on  a  entourées  d'une  seconde  série  de  bandelettes.  Dans  ce  mode  de 
momification  on  ne  remarque  pas  trace  de  liitume.  Le  corps  a  sans  doute  séjourné  d'abord  dans 
un  l)ain  de  natron  de  même  que  les  liandes  de  toile  qui  ont  été,  en  outre,  imbibées  de  substance 
résineuse.  Ces  momies  renferment,  avec  le  même  aspect  extérieur,  tantôt  un  seul  individu  de 
grande  taille  (fig.  77),  tantôt  de  nombreux  crocodiles  récemment  éclos  (fig.  7S). 

Nous  rappellerons  que  le  crocodile  se  trouve  parfois  associé  à  un  autre  animal,  tel  que  le 
bouc,  ainsi  qu'on  l'a  vu  précédemment  dans  une  momie  de  Sakkara. 

Les  caractères   spécifiques  du  crocodile  vulgaire  peuvent  être  ainsi  résumés  :  Museau 


182 


FAUNE   DE   L'ANCIENNE  EGYPTE 


^ 


M 


variable  de  lai'iiciu'  ot  de  lon,i;ueui".  pins  étroit  chez  la 
femelle  ([lie  chez  le  mâle,  coui't  et  laiye  chez  les  indi- 
vidus très  ji'iines.  Surface  supérieui'e  de  la  tète  plus  ou 
moins  rugueuse.  Deux  à  six  plaques  nuquales  antérieures 
disposées  svmétrirpiement  ou  non,  en  deux  séries  d'une 
à  trois  plaques  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne  médiane. 
Dans  cette  rangée  antérieure,  le  nombre  des  plaques  peut 
présenter  les  variations  suivantes  :  1  -+-  1.  2  +  2.  .3  +  2 
ou  3  -h  3. 

<  T('n(''ralement  six  plaques  nuquales  postérieures  : 
quatre  en  avant  et  deux  en  arrière.  Six  rangées  longi- 
tudinales de  plaques  dermiques  sur  le  dos,  quatre  rangées 
dans  la  région  pelvienne.  Les  plaipies  de  la  régioi)  dor- 
sale sont  ordinairement  au  nombre  de  1.5  à  KJ  rangées 
transverses,  suivies  de  17  à  18  rangées  d'écussons  pairs 
sur  une  partie  de  la  queue,  laquelle  se  termine  par  une 
série  de  18  à  20  écussons  impairs. 

Les  dents  sont  au  nombre  de  dix-huit  à  dix-neuf  de 
chaque  côté  de  la  mâchoire  supérieure,  douze  à  quinze  à 
la  nitàchoire  inférieure. 

Pied  postérieur  largement  palmé,  pied  antérieur 
paluK'  à  la  liase  des  doigts  seulement. 

Couleur  générale  verdàtre  ou  vert  l)ronz('',  parsemé 
de  pc^tites  taches  noires.  Surface  inférieure  jaune  ver- 
dàtre. 

Se  basant  sur  certaines  différences  de  proportions 
de  la  tète  et  du  corps,  sur  le  nombre  variable  des  pla- 
ques dermiques  de  la  nuque  et  sur  quelques  caractères 
crâniens,  Geoffroy  Saint-Hilaire^crut  pouvoir  distinguer 
en  l\a'vpte  cinq  espèces  de  crocodiles  :  Crocodilus  vul- 
fjaris.  Cf.  suc/ius,  Cr.  iiKtrginnfus,  Ci-,  lacunosus  et 
Cr.  complanatiis.  Ces  deux  dernières  d'après  des  momies 
proA-enant  de  Thèbes. 

En  possession  d'éléments  de  comparaison  plus  nom- 
breux, les  naturalistes  ont  reconnu  depuis  qu'il  n'existe 
ipTuiK^  seule  espèce  de  crocodile  en  Afrique.  Elle  pré- 
sente toutefois  des  variations  individuelles  et  sexuelles 
assez  étendues  qui  explii]uent  les  distinctions  spécifiques 
préciklentes. 

Crocodilus  iiiloficus  se  troine  dans  la  jilupart  des 
cours  d'eau  des  régions  chaudes  do  l'Afrique.  Il  habite 


'  Geoffroy  Saint-llilaire,  Des  crocodiles  d'Egypte  (Description  de  V Egypte,  t.  XXIV,  p.  401,  1829). 


REPTILES  183 

le  Gabon,  la  Sénégaml)ie  et  le  Niger.  Il  est  commua  dans  le  Haut-Nil  et  ses  affluents,  ainsi 
que  dans  les  grands  lacs  de  l'Afrique  Centrale. 

P^n  Egypte  le  crocodile  a  dispai-u  presque  entièrement,  mais  il  est  encore  fréquent  à  la 
seconde  cataracte,  à  Wady-Halta,  ainsi  ({u'au  Soudan.  Pendant  les  temps  jjharaoniques  il  était 
répandu  dans  le  Nil  tout  entier  jusqu'au  Delta.  Un  l'a  trouvé  momitié  à  Thèbes,  p]snè, 
Maabdé,  etc. 

Le  crocodile  était  sacré  dans  plusieurs  provinces  de  l'ancienne  Egypte.  Un  célébrait  de 
grandes  fêtes  en  son  honneur  à  Coptes  et  à  Umlios'.  Il  était  particulièrement  vénéré  dans  la 
Basse-Egypte  à  Arsinoè  ou  Crocodilopolis.  la  capitale  du  Fayoum.  Là,  nous  dit  Hérodote,  on 
choisissait  un  crocodile  de  grande  taille  que  les  Egyptiens  nourrissaient  après  lui  avoir  appris 
à  manger  dans  la  main.  Ils  lui  mettaient  aux  oreilles  des  anneaux  d'or  ou  de  terre  émailléeet 
des  bracelets  aux  pattes  de  devant.  Strabon  raconte  ainsi  sa  visite  au  crocodile  sacré.  «  Notre 
hôte  prit  des  gâteaux,  du  poisson  grillé  et  une  boisson  préparée  avec  du  miel,  puis  alla  vers  le 
lac  avec  nous.  La  bête  était  couchée  sur  le  bord.  Les  prêtres  vinrent  auprès  d'elle,  deux  d'entre 
eux  lui  ouvrirent  la  gueule,  un  troisième  y  fourra  d'abord  les  gâteaux,  ensuite  le  poisson  frit 
et  finit  parle  bi^euvago,  sur  (juoi  le  crocodile  se  mit  à  l'eau  et  s'alla  poser  sur  l'autre  rive.  » 

A  Umbos  et  dans  le  Fayoum  le  crocodile  était  vénéré  sous  le  nom  de  Sobkou^. 

Dans  d'autres  régions  de  l'Egypte  ancienne,  les  habitants  le  tuaient  et  lui  faisaient  la 
chasse  avec  achai'nement.La  religion  y  enseignait  que  le  génie  du  mal.  Typhon,  sous  les  traits 
du  crododile,  était  sans  cesse  occupé  à  la  poursuite  d'Usiris. 

Le  crocodde  du  Nil  est  représenté  en  bas-relief  et  en  peinture  sui-  plusieurs  monuments 
anciens. 

MABUIA  QUINQUET^NIATA,  Licht. 

Scincus  Savignyi,  Audouin,  Description  de  l'Egypte  :  Reptiles,   Supplément,    vol.  XXIV,  p.  126,  1829,  ]il.  II, 

fig.  3  et  var.  fig.  4. 
Mabiiia  guinquetii'niata,  Boulenixer,  Cat.   of  the  Lizards  in  the  Brit.    iV/«s..  vol.    III,  p.  198.    —  J.  Anderson, 

Zoology  of  Egypl  :  Repliiia  and  Batrachïa,  p.  187,  pi.  XXIV,  flg.  1  à  3,  London,  1898. 

Trois  spécimens  de  ce  lézard  ont  été  trouvés  dans  le  jabot  des  oiseaux  de  proie  momifiés 
à  Gizé.  Ces  restes  sont  incomplets,  mais  on  a  pu  néanmoins  les  déterminer  très  facilement 
grâce  à  la  tête  et  à  ses  plaques  conservées  intactes,  avec  les  membres  et  les  écailles.  Les 
caractères  généraux  de  Mabuia  quinquefceniata  sont  les  suivants  : 

Membres  bien  développés,  cinq  doigts  à  chacun.  Queue  de  longueur  variable,  une  fois  et 
demie  ou  une  fois  et  trois  quarts  la  longueur  de  la  tête  et  du  corps.  Ecailles  dorsales  et  latérales 
plus  ou  moins  fortement  tricai'énées. 

Couleur  générale  Itrune,  (pieue  plus  claire.  Trois  bandes  jaunes  longitudinales  sur  le  dos, 
commencent  derrière  la  tête  et  se  terminent  vers  la  base  de  la  queue.  Deux  autres  bandes  infé- 
rieures partent  des  mâchoires  et  se  prolongent  sur  une  paiiie  de  la  queue.  Gorge  gris  jauncàtre 
chez  la  femelle;  brun  noirâtre  avec  taches  blanches  chez  le  mâle.  Les  pattes  ont  une  couleur 
brun  verdàtre  ou  jaunâtre  ;  le  ventre  est  gris  jaune  clair. 

'  G.   Wilkinson,  the  ancient  Egyptians,  III,  p.  329. 

•  Maspero,  Histoire  ancienne  des  peuples  de  L'Orient  :  les  Origines,  p.  103,   1895. 


& 


184  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Sur  l'un  de  nos  spécimens  anciens,  on  distingue  encore  les  taches  noires  et  Ijlanches  de 
la  gorge,  particulières  au  mâle  de  Mahua  rpiinquelveniata,  ainsi  qu'elles  sont  représentées  sur 
l'exemplaire  de  Wadi  lialfa  figuré  par  Anderson  ',  dans  son  savant  ouvrage  sur  les  reptiles  de 
l'Egypte. 

Ce  lézard  habite  l'Afrique  tropicale,  du  Sénégal  à  l'Abyssinie.  Il  est  commun  non  seule- 
ment en  Egypte,  mais  bien  plus  au  sud  dans  la  plus  grande  partie  do  la  vallée  du  Xil.  On 
le  rencontre  aussi  dans  la  péninsule  du  Sinaï  et  jus({u'en  Syrie. 

NAJA  HAJE.  Linné. 

La  ■Bipère  Uaje,  Is.  Geoffroy-  St-Hilaire,  Description  de  V Egypte,  t.    XXIV,  p.  88,  pi.  VII,   fig.  2,  4  et  5,  1829. 
Naja  Haje,  J.  Anderson,  Zoology  of  Egypt  :  Replilia  and  Batrachia,  p.  312,  pi.  XLIV,  London,  1898. 

Le  Naja  Haje  est  signalé  ici  d'après  un  spécimen  momifié  d'origine  inconnue.  Ce  reptile, 
brisé  en  plusieurs  parties,  était  onrouli''  deux  fois  sur  lui-même,  suivant  un  cercle  de  1.5  centi- 
mètres de  diamètre  environ.  Le  corps,  long  à  peu  près  de  1  mètre,  est  encore,  par  places, 
couvert  de  bitume  auquel  adhèrent  de  rares  lambeaux  de  toile.  Entre  les  mâchoires  on  aperçoit 
les  crochets  à  venin.  Ce  reptile  se  reconnait  aux  caractères  ci-après. 

Dentition  protérogiyphe.  Queue  arrondie,  peu  allongée.  Tête  courte  semblable  à  celle 
des  couleuvres,  recouverte  en  dessus  de  grandes  plaques  avec  un  écusson  central.  Cou  modéré- 
ment dilatable. 

Couleur  du  corps  jaune  paille  en  dessus,  avec  des  taches  rougeàtres  ou  brun  foncé  de 
distance  en  distance;  face  inférieure  plus  claire.  Chez  quelques  individus  le  dessus  du  corps  est 
presque  noir  avec  quelques  taches  jaunes.  L'adulte  atteint  2  mètres  de  longueur. 

Le  Naja  Haje  se  rencontre  de  nos  jours  presque  dans  toute  l'Afrique.  En  Egypte,  on 
le  trouve  surtout  au  voisinage  des  monuments  en  ruines,  dans  les  endroits  humides,  sous  les 
gros  blocs  éboulés  et  notamment  dans  les  plantations  de  cannes  à  suci'e.  Au  Soudan,  il  habite 
les  endroits  ombragés  et  se  loge  entre  les  racines  des  arbres. 

Dans  l'antiquité  ce  reptile  comptait  parmi  les  animaux  sacrés  des  Égyptiens.  Ceux-ci  le 
laissaient  vivre  et  se  reproduire  au  milieu  de  leurs  champs  cidtivés  «  qu'ils  confiaient  à  sa 
surveillance,  ayant  remarqué  que  le  naja  les  débarrassait  des  rats  dont  le  nombre  immense 
produisait  parfois  de  grands  ravages  et  des  disettes  complètes"  ». 

Ce  serpent  était  consacré  à  Chnoumis,  on  l'a  trouvé  embaumé  à  Thèbes^.  Les  historiens 
anciens  l'ont  décrit  sous  le  nom  d'aspic. 

Pendant  la  longue  durée  de  la  civilisation  pharaonique,  le  Naja  ou  Ureeus  constituait 
essentiellement  l'insigne  de  la  puissance  royale  et  divine.  Avec  le  disque  il  formait  le  signe 
des  divinités  solaires.  On  le  voit  figuré  presque  à  cliaque  page  dans  l'ouvrage  de  Mariette  sur 
le  grand  temple  de  Dendérah  *. 

'  .1.  Andersen,  Replilia  and  Batrachia  of  Egypt,  pi.  XXIV,  fig.  1,  1898. 

^  Duméril  et  Bibron,  Erpétologie  générale,  t.  VII,  p.  1283. 

^  Wilkinson,  the  ancient  Egyptians,  vol.  III,  p.  233. 

'  A.  Maritftte-Bey,  Description  générale  du  grand  temple  de  Dendérah,  Paris,  1870-73. 


POISSONS 


Les  anciens  E.ii'vptiens  avaient  la  plus  grande  vénération  pour  ini  superbe  poisson 
sacré  de  la  famille  des  Serranides,  le  Lûtes  niloticus,  qui  habijx'  encore  en  quantités  innom- 
brables les  eaux  du  Xil,  dans  la  haute  et  dans  la  moyenne  l<]gTpte.  Certaines  villes,  entre 
autres  Esnè,  vouaient  un  culfi'  s])éeial  à  cette  espèce;  aussi  cette  cité  célèlire  et  très  populeuse 
dans  l'antiquité  avait-elle  reçu,  depuis  l'occupation  gréco-romaine,  le  nom  de  Latopolis.  Non 
seulement  les  habitants  honoraient  comme  une  divinité  de  premier  ordre  le  poisson  vivant,  mais 
<nicore.  par  d'ingéni(>ux  procédés  de  momitication.  ils  s'efîbrcaient  de  le  préserver  de  toute 
destruction*. 

Ces  momies  ont  été  ensevelies  en  (piantit(''s  }n'odigieuses,  à  une  petite  profondeur,  dans 


/r.  iffi  AMif 


Fig.  79.  —  Momie  du   Lates  niloticus  d'EsnÈ 

la  plaine  sablonneuse  ({ui  s'étend  à  l'ouest  de  la  ville  jusipfaiix  ])r(>niiers  contreforts  delà  chaîne 
libvque.  Toutefois,  les  poissons  se  rencontrent  aussi  en  granihi()ml)re  dans  lanécropole  binnaine 
de  la  dernière  ('[loque  ptolémaïque  et  de  r(''poque  romaine. 

(les  animaux,  ainsi  réduits  à  l'état  de  momies,  sont  entourés  soigneusement  de  ban- 
delettes de  lin,  teintes  en  jaune  clair  par  le  contact  du  liquide  conservateur.  Ils  présentent 
toutes  les  tailles,  depuis  quelques  centimètres  jusqu'à  un  mètre  et  demi  de  longueur  et 
même  plus. 

Ces  animaux  ont  été  entoui'(''s  de  linges,  ficelés  par  des  liens  plus  dii  moins  rapprochés, 
form(''s  quelquefois  par  des  bandelettes  de  toile  déchirées  dans  leui'  longueur  et  ndiées  les  unes 


'  Grâce  à  l'obligeance  de   M.    Maspero,   directeur  des  Antiquite's  éiivptiennes,  des  fouilles  ont  pu   éU'e  faites  à 
notre  intention  dans  les  environs  d'Esné,  afin  de  nous  procurer  en   bon  état  un   certain  nombre  de  Lates  momiliés. 
Arch.  Mus.  —  t.  VIII.  •  21 


186 


FAUNE   DE   L'ANCIENNE   EGYPTE 


aux  antres  par  un  cordon  longitudinal.  D'anli-os  fois,  ce  sont  de  véritables  ficelles  tordues,  en 
feuilles  d;^  palmiei".  on  des  tiLj'es  de  papyrus  enroulées  autour  des  toiles  ([iii  enveloppent 
étroitement  l'animal. 

Lorscpie  ces  momies  sont  dépouillées  de  leurs  linges,  on  peut  constater  que  tous  ces  pois- 
sons, petits  et  grands,  sont  admirablement  conservés.  Beaucoup  même,  lorsqu'ils  ont  été 
nettoyés  de  la  vase  salée  dans  laquelle  ils  ont  été  plongés,  semblent  presque  sortir  de  l'eau, 
les  écailles  présentant  encore  tout  leiu' éclat  et  bien  souvent  même  leurs  vives  couleurs.  Oud- 
quefois,  le  globe  de  l'œil,  presque  intact,  laisse  voir  à  l'intérieur  le  reflet  doré  et  argenté  de 
la  membrane  iridienne.  Tous  les  individus  d'une  taille  un  peu  considérable  montrent,  sur  un 
des  flancs,  une  section  longitudinale,  destinée  à  laisser  pénétrer  à  l'intérieur  de  la  région  abdo- 
minale la  saumure  dans  laquelle  on  devait  les  plonger. 

Un  rencontre  aussi,  placées  à  côté  des  poissons  adultes,  de  singulières  sphères,  d(^  la  grosseur 
des  deux  poings  environ,  foi-mées  de  tiges  de  papyrus  entrelacés  à  des  fragments  de  bande- 
lettes de  linge.  Ces  sphères  sont  creuses  et  renferment  chacune  plusieurs  centaines  d'alevins  de 
Lates,  venant  à  peine  de  sortir  de  l'œuf  et  longs  seulement  de  quelques  millimètres.  Sont-ce  des 


—  Momie  du  Latcs  niloticus  d'EsnÈ. 


offrandes?  Ou  bien  plut(')t  ne  sont-ce  pas  tout  simplement  des  a//iuiaii,r  naissants,  dont  parle 
Hérodote,  (pii  viennent  de  recevoir  des  âmes  humaines  en  voie  d'exécuter  leurs  pérégrinations 
de  trois  mille  ans  dans  les  différentes  espèces  animales  de  la  terre,  di'  l'air  et  des  eaux?  Cer- 
taines de  ces  pelotes  ne  renferment  que  de  grandes  écailles  de  Latcs  adultes.  Ce  sont  peut-être 
les  offrandes  de  malheureux  solliciteurs  de  la  divinité,  n'ayant  pu  se  procurer  les  animaux  com- 
plets, nécessaires  à  leur  acte  de  dévotion.  Ou  l)ien  n'est-ce  pas  là  une  simple  supercherie 
pieuse  semblable  à  celles  que  nous  avons  constatées  à  propos  des  fausses  momies  d'ibis. 

Il  était  intéressant  de  connaître  la  composition  chimi({ue  di^  ce  liquide  conservateur,  si 
haliilement  employé  pour  prései-ver  de  toute  altération  le  corps  d'un  animal  aussi  facilement 
putrescible. 

Les  anciens  Egyptiens  ne  se  sont  jamais  servis  de  leurs  préparations  d'asphalte  pour 
conserver  ces  animaux,  tandis  que  le  bitume  joue  toujours  le  plus  grand  rôle  dans  la  momi- 
fication de  l'homme  et  des  autres  vertébrés. 

Les  analyses  précises  de  M.  Hugounenq,  professeur  à  la  Faculté  di'  médecine  de  Lyon,  ont 
appris  que  les  poissons  subissaient  tout  simplement  une  macération  plus  ou  moins  prolongV'e  dans 
les  eaux  fortement  saumàtres  provenant  des  lacsdenatron.  situés  dans  les  différentes  parl^ies  de 


POISSONS  18 


l'Egypte,  puis  {[ii'ils  ('taif'nt  onsiiite  entourés  d'une  couche  de  vase  cliarg-ée  de  substances  salines, 
maintenue  par  un  bandag-c  habilement  appliqué.  Grâce  à  la  sécheresse  de  l'air  et  à  l'action 
protectrice  d'un  sable  alisobnnent  sec,  chaud  et  presque  toujoiu-s  fortement  salé,  ces  momies  se 
sont  si  bien  conservées,  pendant  vingt-cinq  siècles  au  moins,  que  quelques-unes  d'entre  elles 
paraissent  contenir  encore  presque  autant  de  matières  animales  que  certaines  mofties  ([wi  sont 
débitées  sur  nos  marchés. 

Dans  les  prolbnds  bassins  formés  pai"  les  rochers  de  la  })r-emière  cataracte,  lu  Laies 
niloticiis- RlU^inl  une  taille  considérable;  nous  en  avons  vu  pêcher,  près  d'Assouan.des  individus 
ayant  plus  de  2  mètres  de  longueur.  Aucune  différence  morphologique  ne  les  distingue  de 
ceux  qui  étaient  capturés  par  les  anciens  pêcheurs  d'Esnè. 

Composition  ehin^ique  des  Lates  momitiés'.  —  Ces  poissons  secs,  pulvérisés  et  tamisés, 
fournissent  une  poudre  jaune,  à' odeuv  stn  r/eneris.  qui,  reprise  par  l'eau  bouillante,  abandonne 
à  ce  dissolvant  une  certaine  quantit('>  d'acide  urique. 

Si  l'on  épuise  la  matière  par  de  la  soude  caustiipie.  on  obtient  une  liqueur  alcaline,  noire 
qui.  traitée  par  un  excès  d'acide  chlorhydrique.  aliandonne  aussit("it  une  n''sin(>  lirune  et  laisse 
ensuite  déposer  de  l'acide  urique. 

Un  dosage  d'azote  total  par  la  rniHliode  de  Kjehldal  a  donnt'  le  résultat  suivant  : 

Azote 8,47  pour  100 

ce  qui  correspond  à  : 

MatiiTes  albuiiiinoides .     D2,03  (lOur  100 

en  admettant  (pie  l'azote  total  doive  être  exclusivement  l'apporti'  aux  matières  protéiques,  ce 
qui  n'est  pas  tout  à  fait  exact. 

Quand  on  incinèi-e  la  substance  au  four  à  moufle,  il  reste  34,77  pour  100  de  cendres 
grises,  où  l'on  aperçoit  de  nombreux  grains  de  peroxyde  de  fer.  Ces  cendres  sont  partiellement 
solubles  dans  l'eau  (un  tiers  environ)  ;  la  partie  insoluble  a  pu  être  atta([uée  par  l'acide  chlorhy- 
dri({ue  dilué,  à  l'ébuUition.  Une  poi'tion  ini})ortante  constitue  un  résidu  gris,  formé  de  silice  et 
de  sdicates  divers. 

Yoiei.au  surplus,  l'analyse  giol)ale  des  cendres  : 

Chlorure  de  potassium 2,03  pour  100 

Chlorure  de  todium 23,62  — 

Sulfate  de  soude 8,57  — 

Phosphate  de  chaux  et  de  magné.-ie 5,81  — 

Peroxyde  de  ter 1,31  — 

Argile  et  silicates  diver.'^ 57,93  — 

Non  dosé,  pertes,  etc 0,73  — 

Tutal 100, UO  pour  100 

La  composition  des  cendres,  en  même  temps  que  la  teneur  élevée  des  poissons  en  sels 
minéraux  (3 i, 77  pour  iOl)),  indique  manifestement  que.  pour  assurer  la  conservation  de  ces 
animaux,  les  Egyptiens  les  enroidaient  dans  un  nudanue  d'argil(>  et  de  sable  imprégnés  tl'une 
forte  proportion  de  sels  alcalins  et  particulièrement  de  chlorin-e  de  soilium.  Cette  terre,  natu- 
rellement salée,  }irovenait  vraisenddablement  des  lacs  salés  ou  lacs  de  natron  qid,  desséchés 

'  MM.  Lortet  et  Hugounenq,  professeurs  à  l'Université  de  Lyon,  Comptes  rendus  de  i Iri^d/iit,  1802. 


188 


FAUNE   I)K   LAXCIEXXE   EGYPTE 


sur  leurs  ])ords,  ])ro(luisont  ce  sablo  argileux  chargé  de  sels.  Ce  sont  ces  derniers  qui,  grâce 
à  l'action  adjuvante  d'un  climat  sec,  ont  assuré,  pendant  une  Iouljuc  p(''i'iod(\  la  conservation  si 
remarquable  de  ces  poissons. 

LATES  NILOTICUS,  Cuvier. 

(iMg.  81.) 

Cette  belle  espèce  appartient  à  lafamill(>  des  Serranidae,  voisine  de  celle  des  Percoides. 
La  forme  de  ces  poissons  est  assez  variable.  La  hauteur  du  corps  est  ordinairement  comprise 
2  3/4  à  4  fois  dans  la  longueur  totale;  la  longueur  de  la  tète  est  contenue  de  3  à  3  1/2  fois 
dans  la  longueur  totale  du  corps.  Le  profil  supérieur  est  plus  ou  moins  concave.  Le  diamètre 
de  l'œil  est  égal  ou  un  peu  inférieur  à  la  longueur  du  museau.  La  différence  est  de  1/4  chez 
les  individus  jeunes,  et  de  l/li  chez  les  adultes  de  la  longueur  de  la  tête.  La  mâchoire  inférieiu-e 
est  projetée  en  avant;  les  maxillaires  se  prolongent  jusqu'au  bord  intéro-postérieur  di'  l'orbite. 
Les  pré-  et  sous-orbitaires  sont  linemcnt  dentelés:  la  joue,  l'opercule  et  l'occiput  iiortent  de 


'!'■     Z.-^' 


larges  écailles.  Le  bord  du  pré-operculaire  forme  un  angle  droit;  il  est  finement  strié  sur  sa 
Ijranche  verticale  et  présente  trois  ou  quatre  fortes  épines  sur  son  boi-d  intérieur,  et  une 
robuste  épine  à  son  angle.  L'épine  operculaire  est  aussi  très  développée.  La  première  et  la 
seconde  (''pine  dorsale  sont  courtes,  la  troisième  très  forte  est  la  plus  grantle.  longue  de  2/.5  à 
3  5  de  la  longueur  de  la  tète,  aussi  longue  ou  un  peu  plus  longue  que  les  rayons  mous.  La 
nageoire  pectorale  est  longue  de  la  moitié  de  la  longueur  de  la  tète.  Les  épines  anales  sont 
courtes,  la  seconde  et  la  troisième  d'égales  longueurs:  la  nageoire  caudale  est  arrondie.  La 
ligne  latérale  arrive  jusqu'à  la  base  de  la  caudale. 

Les  dents  sont  veloutées,  mais  la  langue  en  est  dépourvue  :  elle  est  lisse  comme  chez  la 
perche. 

Les  écailles  présentent  une  certaine  rudesse  sur  leurs  bords.  La  ligne  longitudinale  en 
présente  ordinairement  une  soixantaine,  la  ligne  verticale  vingt-deux  dans  la  partie  la  plus 
haute  du  corps.  La  ligne  latérale  est  à  peu  près  parallèle  au  dos  dont  elle  est  distante  en  avant 
du  tiers  de  la  hauteur'.  Elle  s'aperçoit  facilement  à  cause  d'une  tubulure  longue  et  grêle  qui 
se  voit  sur  chaque  écaille. 

'  Cuvier  et  V.ilenciennes,  Histoire  naturelle  des  Poissons,  t.  Il,  p.  05. 


POISSONS 


189 


La  couloui-  (lu  poisson  est  uniformi''inent  bi'une  ou  olivâtre,  argentée  en  dessous.  Les 
jeunes  sont  (piolquetbis  marbrés  de  bi'un. 

Ce  poisson  se  trouve  dans  le  Haut-Nil.  le  lac  du  P'ayoum.  le  l>ahr  Yoiisouf,  le  Niger  et 
le  SénégaL  II  atteint  souvent  des  dimensions  énormes.  J'en  ai  mesuré  un  (pii  avait  été  péché 
sous  nos  yeux  dans  les  rapides  de  la  première  cataracte,  au-dessus  d'Assouan  et  dont  la  lon- 
gueur dépassait  1™85.  Il  est  souvent  et  très  bien  représenté  dans  les  peintures  ou  les  sculptures 
de  l'ancienne  Egypte.  On  peut  le  reconnaître  facilement  dans  les  bandes  de  poissons  qui  rem- 
plissent les  filets  des  liateliers  qui  pèchent  au  milieu  des  lotus  et  des  papyrus.  Il  était  défendu 
de  le  manger  à  Esnè.  mais  il  est  certain  que,  partout  ailleurs,  les  Egyptiens  devaient  faire  une 
grande  consommation  de  ce  magnifique  poisson  tlont  la  cliaii'  fei-me.très  nuti'itive.  exc(dlente, 
se  rapproche  sensiblement  de  celle  du  thon. 

Sonini  '.le  premier,  a  reconnu  que  le  poisson  Latcs  est  le  même  (pie  celui  appelé  ancienne- 
ment Latos  par  les  (Irecs  et  qui  était  considéré  comme  un  animal  sacré  dans  le  nome  deLato- 
polis  où  l'on  s'abstenait  scrupuh'usement  d'(?n   manger.  (]et  animal  est  actuellement  a}»polé 


}.^**mtmmm^- 


Fig.  82.  —  Lates  niloiicus,  extrait  d'une  Momie  d'Esné. 

raroln  par  les  Européens  qui  habitent  le  pays,  et  kesc/ir  par  les  Fellahs.  (Je  mot  hescltr  ou 
hescJicri  signifie  écaille  de  poisson.  A-t-on  donné  ce  nom  à  l'animal  parce  qu'il  est  couvert 
d'un  grand  nombre  d'écaillés?  (3u  bien,  y  a-t-il  quelque  rapport  entre  ce  nom  et  les  sphères 
remplies  d'écaillés  momifiées  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  et  qui  sont  ensevelies  sous  le 
saille  de  la  nécropole  d'Esnè  au  milieu  des  momies  de  Laies?  Il  est  vraiment  extraordinaire 
({ue.  pendant  l'expédition  d'Egypte  de  Pxinapai'te,  les  naturalistes  attachés  à  l'armée  n'aient  pas 
eu  connaissance  de  la  momification  de  cette  espèce,  si  nombreuse  dans  certaines  nécropoles. 

Ja's  Lofes  sont  excessivenK^nt  voraces  et.  dans  cei'taines  parties  du  Nil,  dépeuplent  entière- 
ment les  eaux  des  autres  espèces.  Dans  la  Basse-Egypte,  on  ne  pêche  que  des  Lates  de  petite 
taille  que  l'on  appelle  hemmor. 

Les  anciens  Egyptiens,  comme  ceux  de  nos  jours,  prennent  le  LaUcs  avec  de  grandes  seines 
manœuvrées  par  plusieurs  embarcations.  nuel({uelois  on  le  capturait  avec  une  ligne  armiM'  d'un 
hame(;on  ou  avec  des  fouennes  pourvues  de  deux  harpons.  Le  Laies  de  l'ancienne  Egypte  est 
absolument  le  même  que  celui  qui  vit  actuellement  dans  les  eaux  du  AV/'.  Il  se  présente  aucune 


Sonini.  Voyage  dans  la  Haute  cl  la  Basse  Egyple,  Paris,  an  VIF,  vol.  II,  p.  2U2. 


190  FArXK   DE   LAXCIF.XXK   KC.YPTF. 

(litierciicc  dans  sa  morphologie.  Los  animaux  et  les  jilantes  (jiii  vivent  dan.-;  le^:  eaux  subissent 
toujours  très  lentement  les  modirtcations  ([ue  peuvent  leur  imprimei-  les  influences,  du  milieu 
ambiant. 

Un  auti'e  poisson  des  jilus  intéressants,  YO.riji-rhi/tirhiis,  (Hait  spécialement  vénéré  à 
]>ehnesa.  sur-  le  Haln-  Yousout'.  Mais  comme  nous  n'avons  pu  nous  procurer  aucune  momie  de 
cette  singulière  espèce,  et  pour  rester  fidèle  à  notre  programme,  de  ne  parler  (pie  de  ce  i[ue  nous 
avons  i)u  voir  piU'  nous-mêmes,  nous  l'envoyons  l'(''tude  de  cet  animal  à  ime  procliaine  :;(''rie. 


310LLUSOUES' 


GASTKOPODES 


Genre    MUREX.    Linné 

MUREX  BRANDARIS,  Linné. 

Murex  hrandaris,  Linné,  1707.  Sijsl.  nal.^  éd.  XII,  ]).  121^. 

Un  seul  échantillon  de  taille  assez  petite  qTioifjuc  liien  adulte  ne  uiesurant  i{uc  7\2  luilliiu. 
(le  hauteui-  totale,  à  épines  eourh^s  mai.",  non  mutiipies,  avec  le  test  ibrtement  s.ti-ii''  ti'ansver- 
salenient. 

Nous  ne  connaissons  cette  espèce  que  dans  les  mers  d'Europe,  principalement  dans  la 
Méditerranée  où  elle  est  ti'ès  répandue  sur  toutes  les  côtes,  dans  l'Adriatique  et  dans  la  mer 
Egée.  Elle  passe  dans  l'Atlantique  et  s'étend  depuis  la  péninsule  Ibérique  jusqu'aux  Canaries. 
Le  D""  Arturo  Isstd -'  mentionne  avec  im  point  de  doute  Xi'  Mki'cx  trioicidifs^  dans  la  mer 
Rouge,  sans  faire  mention  du  Mi'rex  hraiularis. 

MUREX  ANGULIFERUS,  de  Lamarck 

Murex  anguliferus,  Lamarck,  1822.  Anim.  s.  ver!.,  ^'il.  p.  17. 

Cinq  échantillons  de  grande  taille,  mesurant  105  à  li"  miUim.  de  hauteur,  et  S~)  à 
100  millim.  de  diamètre;  le  test  est  particulièrement  solide,  épais  et  lourd,  aussi  le-:  iudi- 
vidus  sont-ils  relativement  bien  conservés:  on  distingue  très  nettement  les  petites  costula- 

'  Les  coquilles  marines  qui  ont  été  étudiées  par  notre  éniinent  conchyliologiste,  M.  A.  Locard,  proviennent  toutes 
des  fouilles  exécutées  à  Karnak,  par  M.  Legrain,  inspecteur  des  travaux  ai'chéologiqiies. 

La  |iluparl,  d'après  M.  Legrain,  gisaient  à  un  très  grande  profondeur.  Leur  âge  ne  [leut  être  déterminé 
avec  certitude,  cependant  on  peut  penser  qu'elles  remontent  surtout  à  des  époques  ptolémaïques. 

-  Arturo  Issel,  1869.  Malacologia  del  viar  Rosso,  p.  loCi. 

■'  Murex  Irunculas,  Lin.,  17ôî!.  Sijsl.  nal.,  édit.  X,  \k    •">22. 


192  FAUNE   DE   LAXCIEXNE   EGYPTE 

tionsMécurrentes  qui  oi'iiont  h  test,  sur  tout  le  dcrnifi-  tour-.  Ce  tost  est  d'une  teinte  rousse 
uniforme. 

Cette  espèce  vit  dans  la  mer  Rouge  ;  Savigny  '  en  a  ligure  un  jeune  exemplaire  :  elle  est 
commune  à  Suez  sur  les  bancs  de  Madrépores,  mais  moins  fréquente  dans  le  golfe  d'Akaha. 
Le  type  de  Lamarek  provient  des  côtes  d'Afrique  dans  l'océan  Atlantique:  Paetel  rindi(pii' 
dans  l'océan  Indien. 

Genre  FASCIOLARIA,    de  Lamarck 

FASCIOLARIA  TRAPEZIUM,  Gmelin 

M'A7-cx  Irapezium,  Gmelin,  1789.  Si/sl.  nal.,éà.  XIll,  p.  3552,  n"  99. 
Fasciolaria  trapeziwn.  Lamarck,   1822.  Aniiii.  s.  vert.,  VII,  p.  il'i. 

Un  seul  échantillon  Ijien  typique,  de  belle  tailk',  mesurant  i?.")  millim.  de  hauteur,  pour 
90  millim.  de  diamètre.  D'après  le  ]>''  Kobelt^,  les  plus  grands  individus  ne  dépassent  pas 
180  millim.  de  hauteur.  Sur  le  dernier  tour,  il  existe  neuf  tubercules  saillants,  arrondis, 
bien  distants.  Sur  la  columelle  nous  observons  dans  le  ])as  trois  plis,  le  plus  inférieur  plus 
accusé  que  les  deux  autres,  tous  les  trois  très  immergés.  Le  test  est  solide,  épais,  d'un  roux 
un  peu  rougeàtre. 

Le  type  de  Lamarck  provient  de  l'océan  des  Grandes-Indes.  Le  I)''  Kobelt  l'indique 
à  Suez,  au  Natal,  au  sud  du  Japon  et  en  Nouvelle-Calédonie.  M.  A.  Issel  le  signale  dans 
la  mer  Rouge. 


■o"- 


Genre   STROMBUS,  Linné 

STROMBUS    TRICORNIS,    de   Lamarck 

Strombus  gallas  (non,  Lin.)  Dilwynn,   1817.  Descr.  Cat.,  II.   p.    062. 

—  tricornis,  Lamarck.    1822.  Anim.   s.  vert.,  VII,     ji.    201. 

—  orierdalis,  Duclo-i  in  Chenu,  1843-50.  lU  conch.,  p.  25,  pi.  VL  fij;'.  10-11,  etpl.  XVIII,  fig.  1-2. 

Deux  échantillons  :  le  jilus  petit  ne  mesure  que  70  millim.  de  hauteui' :  le  sommet  est 
brisé  et  les  pointes  sont  écom'tées;  mais  on  distingue  néanmoins  très  nettement  le  mode  d'or- 
nementation dorsale  si  particulièi-ement  caractéristi([U(\  C'est  très  vraisemblablement  la  c(u-.  y 
de  MM.  A.  Issel  et  Tapparone-Canefri  ^  Le  second  échantillon  mesurait  environ  110  millim. 
(le  hauteur:  malheureusement  il  est  incomplet  :  toute  l'ouviM'ture,  à  partir  de  la  première  grande 
saillie  dorsale  fait  défaut;  la  spire  mesure  10  millim.  de  hauteur:  l'intérieur  aiîécte  un  faciès 
et  une  coloration  vieil  ivoire;  l'extérieur  des  deux  échantillons  est  d'un  jaunacé  roux  clair. 
D'après  leur  taille  et  leur  galbe,  il  est  fort  probable  (pie  ees  deux  échantillons  provenaient 
de  deux  stations  différenics. 

'  Savigny.  DescripI .  de  l'Egypte,  Coq.,  pi.  IV,  fig.  23. 
-  Kobelt,  in  Martini  und  Chemnitz,   1878.   Conch.  Cab.,  Mure.v.  p.  131. 

■'  A.  Issel  et  G.  Tapparone-Canel'ri,  1876.  Viai;-gio  nel  mai-  Rosso,  in  Ann.  mus.  civ.  di  St.  Ntit.   di  Genova, 
t.  VIII,  p.  341. 


MOLLUSQUES  193 

MM.  Issel  ot  Tapparone-Canefri  donnent  comme  habitat  à  cette  espèce  les  localités  sui- 
vantes :  mer  Rouge,  ])ai('  d'Annesly,  Kosseir,  golfe  d(^  Suez,  archipel  de  Dalilac.  l)aie 
d'Assab,  Ras  Domeirali.  Akuba  ;  Antilles,  Martinique,  Seychelles,  Amirauté,  Bourbon, 
Philippines. 

Genre    PTEROGERA,    de   Lamarck 

PTEROGERA   LAMBIS,  Linné. 

Cornuta  decumana,  Rumph,  1688.  Amh.  rarit.,  p.  110,  pi.  XXXV,  flg.  D,  et  pi.  XXXVI,  fig.  G. 
Strombus  lambis,  Linné,  1758.   Syst.  nal.,  éd.  X",  p.  743. 
Alala  heptadacti/los,  Marlinu  nul.    Conch.    Cab.,   III,  p.    150,   pi.  LXXXVII,    fig.    855;   pi.   XC,   fig.  884  ; 
pi.  XGI,  fig.  S88-889  ;  pi.  XCII,  fig.  002-903. 
Heptadactylos  marmorala,  Martini.  Loc.  cit.,  p.  154,  pi.  LXXXVII,  fig.  858. 
Strombus  camelus.  Boni,  1780.  Mus.   Caes.    Vindob,  p.  1^73. 

—  camelus,  Chemnitz,  1788.  Conch.  Cab.,  X,  p.  204,  pi.  GLV,  fig.  1473. 

—  icorpîo  de  Blainvilie,  1826.  Man  malac,  p.  414,  pi.  XXV,  fig.  3-4. 
Plerocera  lambis,   Deshayes,  1830.  Encycl.  melh..    Vers,  III,  p.   856. 
Harpago  lambis  H.  et  A.  Adams,  1858.  Gen.  molL,  1,  p.  261. 

Cette  belle  espèce  appartient  à  la  section  des  Hcptadaclylvs  de  Klein  ;  nous  en  avons 
observé  cinq  échantillons  dont  trois  de  très  grande  taille  et  deux  autres  plus  petits.  Les  plus 
grands  ne  mesurent  pas  moins  de  240  millim.  de  hauteur,  pour  un  diamètre  maximum  de 
145  millim.;  ils  sont  assez  bien  conservés;  leur  test  est  lourd  et  épais;  mais  malheureuse- 
ment la  plupart  des  saillies  épineuses,  toujours  fort  délicates,  sont  plus  ou  moins  brisées. 
En  outre,  chez  ces  grands  individus,  les  nodosités  qui  décorent  le  haut  des  deux  derniers  tours 
se  poursuivent  également  dans  la  partie  supérieure  de  la  spire  et  sont  très  nettement  accusées  ; 
nous  ne  retrouvons  pas  ce  môme  caractère  aussi  prononcé  chez  les  sujets  de  taille  moindre. 
L'intérieur  de  l'ouverture  est  encore  naci'i''  ;  l'ensemble  est  d'un  roux  jaunacé,  mais  toutes 
traces  de  coloration  ornementale  ont  disparu. 

On  a  observé  cette  espèce  dans  la  mer  Rouge,  à  Suakin,  où  elle  est  commune,  dans  le  golfe 
d' Akuba  et  aux  environs  de  Massana.  En  dehors  de  ces  régions,  son  extension  géographique  est 
considérable  ;  elle  a  été  signalée  à  Amboine.  auxiles  Banda  et  Frederick,  Batavia,  Giava,  Clina, 
Madagascar,  les  iles  de  la  mer  du  Sud,  Zanzil^ar,  Mozambique,  Maskari,  l'archipel  Indien,  l'ile 
Bom'bon,  Madras,  Gevlan.  Tongatabou,  Vanicoro,  où  elle  est  très  commune,  port  Denison, 
Nouvelle-Hollande  occidentale.  Xouvell('-/(''lande.  Philippines,  iles  de  la  Société.  Nouvelle- 
Guinée,  etc. 

Genre    CASSIS,    de    Lamarck 

CASSIS  GLAUCA,   Linné. 

Buccinum.  glaucum,  Linné,  1758.  Syst.  nat.,  éd.  X,  p.  737. 
Cassidea  glauca,  Bruguiére,  1789.  Diction.,  n"  3. 
Bezoardicavulgaris,  Schumacher,  1817.  Nouv.  syst.  Vers,  p.  248. 
Cassis  glauca,  Lamarck,  1822.  Anim.  s.  vert.,  VU,  p.  221. 

Un  seul  échantillon  en  assez  mauvais  état  de  conservation,  mesurant  55  millimètres  de 

'  Kiener,  1835.  Icon.  coq.  viv.,  Casques,  p.  39. 
Arch.  Mus.  —  t.  VIII.  *'ih 


i9i  FAUNE  DE  L'ANCIENNE   EGYPTE 

hauteur,  proba])loment  encore  un  peujcun<';  lo  tosi  est  mince  et  comme  quadrillé,  ainsi  (fu'on 
l'observe  chez  les  individus  non  adultes  de  cette  espèce,  alors  que  les  adultes  ont,  au  contraire, 
le  test  lisse.  «  Les  jeunes  individus,  dit  Kiener*,  diffèrent  essentiellement  des  adultes  par  des 
plis  transverses  qui  couvrent  toute  la  superficie  du  dernier  tour  et  se  mêlent  à  des  plis  longitu- 
dinaux. »  Il  existe  chez  notre  sujet  un  assez  fort  bourrelet  au  voisinage  de  l'ouverture:  sa  base 
est  en  paiiie  masquée  pai'le  développement  du  bord  columellaire  ;  celui-ci  est  fortement  ridé- 
plissé  dans  le  lias  et  devient  lisse  à  sa  partie  supérieure. 

Le  Cassis  glauca  vit  dans  la  mei-  des  Indes,  aux  Philippines  et  aux  Moluques  ;  on  ne  l'a 
pas  signalé  dans  la  mer  Rouge. 


Gexrk   CYPR.EA.    Linxé 

CYPR^A    PANTHERINA,    Solander. 

Cyprxa  paniherina.  Solander,  m  Dillwyn,  1817.  Bescripl.  Cal.,  I,  p.  440. 

—  gutlala,  Lamarck,  1810.  In  Ann.  Mus.,  p.  458,  n"  16. 

—  ligrina,  Lamarck,  1822,  Anim.  s.  verl .,  VII,  p.  38.'^. 
Luponia  pantherina,  H.  et  A.  Adams,  1858,  Gen.  moll.,\,  p.  267. 
Vulgusella  pantherina,  Jousseaume,  1884,  Fam.  Cyprxidac,  p.  10. 

Un  seul  échantillon  incomplet,  mesurant  78  millimètres  de  hauteur  :  l'ouverture  seule  est 
entière  et  pai'faitement  caractérisée,  mais  sans  trace  de  coloration.  Plusieurs  auteurs  ont 
considéré  cette  forme  comme  simple  vainété  du  Cijpraea  tigris  de  Linné'  :  elle  nous  parait 
suffisamment  distincte  pour  être  maintenue  au  r-ang  d'espèce. 

Nous  retrouvons  cette  même  forme  dans  la  mer  Rouge  ;  elle  est  abondante  dans  le  golfe 
d'Akaba;  on  l'a  signalée  dans  les  stations  suivantes  :  Ras  Mohammed,  Sanakin.  Massana, 
Dahlak,  côtes  Sud  de  l'Arabie  et  golfe  Persique. 

CYPR.S:A  MELANOSTOMA,  Leatss. 

Cyprœa   melanostoma,  Leates,  in  Sow.  1823.  TanhervilVs  Cal.,  app.  p.  XXI.  — In  Zool.  journ.,\\,^.  495, 
pi.  XVIII,  fig.  3-4. 

—  cameleopiardis,  Perry,  in  Gray,  1824.  Descr.  Cal.,  p.  3,  n°  19. 
Vulgusella  melanosloina,io\ii,&ëa\ime,  1884,  Fam.  Cgpri,vdae,ç.  10. 

Un  seul  échantillon,  assez  bien  consei'vé,  mais  de  taille  un  peu  petite,  mesurant  61  milli- 
mètres de  hauteur  pour  41  de  diamètre;  c'est  plutôt  le  galbe  des  figurations  de  Kiener-  que 
celui  de  Weinkauff'^.  Toute  la  coquille  accuse  une  teinte  roux  clair  avec  des  traces  de  roux  un 
peu  ferrugineux  sur  le  dos. 

On  a  signalé  la  présence  de  cette  espèce  dans  la  mer  Rouge  et  dans  l'océan  Indien  ;  golfe 
de  Suez,  Massana.  Dahlak,  îles  Ghagos. 

'  Cypraea  ligris.  Lin.,  1767.  Syst.  nat.,  éd.  XII,  p.  1176. 

■■'  Kiener,  1835.  Icon.  coq.  viv..  Porcelaines,  p.  13,  pi.  XXIX. 

^  Weinkauflf,  in  Martini  und  Ghemnitz,  1881.  Sy^l.  conch.  Cab.,  Cyprxa,  p.  35,  pi.  X,  fig.  6-7, 


MOLLUSQUES  195 


CYPR^A  HISTRIO,    Gmelin. 

Ci/piwa  Jiiilrio,  (imelin,  178!l.  Si/^t.  nal.,  éJ.  XIII.  p.  3463  fea'c/.  si/n.). 

—  arlequina,  Ghemnitz,  1788.  Conch.  Cah.,X,  p.  145,  pi.  GXLV,  fig.  1347-1348. 

—  arabica,  var.  Gray,  1824.  Mon.,  in  Zool.  journ.,  I,  p.  77. 

—  relicula/a,  Sow.,  1842-83.  Thés. Conch.,  pi.  IX,  &'^.  57-58. 
Ariciahistrio,  joa/'s,H.  et  A.  Adaras,  1858.  Gen.  inolL,  I,  p.  265. 
Arahical(isltio,io\iSie3Mm&,  188'i.  Fani.  Cyprxidae,  p.  11. 

Un  échantillon  incomplot  ;  l'ouvci-turo  seule  e«t  complète  et  ])ien  caractérisée  ;  il  mesure 
74  millimètres  de  hauteur  et  48  de  diamètre. 

La  plupart  des  auteurs  ont  signalé  cette  forme  dans  l'océan  Indien;  elle  existerait  égale- 
ment, mais  plus  rare  sur  la  côte  Est  d'Africpie.  Elle  vit  aussi  dans  la  mer  Rouge,  à  Suakin  et 
Massana,  à  Zanziliai',  au  Mozambique  et  dans  les  iles  Mascareignes. 

CYPRJEA    GAPUT-SERPENTIS,    Linné. 

Cyproea  capul-serpenlis,  Linné,  1758.  Sijst.  nal .  édit.  X'',  p.  720. 

—  reticulum,  Gmelin,  1789.  St/st.  nal.,  édit.  XIII.  p.  3407. 
Aricia  caput-serpcnlis,  H.  et  A.  .A.dams,  1858.  Gen.  MolL.,\,  p.  286. 
Erosaria  caput-serpentis,  Jousseaurae,  1884.  Fam.  Cyprxidae,  p.  16. 

Un  échantillon  comph^t,  bien  conservé,  mesurant  34  millimètres  de  hauteur,  21  de  dia- 
mètre et  10  d'épaisseur;  c'est  donc,  comme  on  le  voit,  une  forme  relativement  peu  élevée,  mais 
son  gallîe  et  l'allure  des  caractères  aperturaux  nous  permettent  d'assurei*  notre  dé^termination. 
Le  test,  d'un  roux  clair,  a  conservé  sur  le  dos  une  teinte  acajou  très  pâle. 

L'extension  géographique  de  cette  espèce  est  très  étendue  ;  nous  en  relevons  la  présence 
dans  les  stations  suivantes  :  mer  Rouge.  Su(V,  Massana,  Seychelles,  Zanzibar,  Mozambique, 
Natal,  Réunion,  Maurice,  iles  Chagos,  océan  Indien,  Chine,  Japon,  Nouvelle-Guinée, 
Nouvelle-Galles-du-Sud.  Nouvelle-Hollande.  N(Miv<'lle-Calédoni(\  iles  des  mers  du  Sud,  etc. 


(Ikxre    MELADOMUS,    Swainson. 

MELADOMUS  BOLTENIANUS.  Ghemnitz. 

Heliœ Bolteniana,  Ghemnitz,   1786.  Conch.  Cab.,  IX,  p.  8U,  pi.  GIX,  fig.  921-922. 
C yclostoma  carinata,  Olivier,  1804.  Voy.  emp.  Otiom.,  II,  p.  39,  pi.  XXXI,  fig.  2. 
Lanistes  Olivieri,  Den.  Montfort,  1810.  Conck.  syst.,  p.  122. 
Ampullaria  carinata,  Lamarck,  1822.  Anitn.  s.  vert.,  VI,  II,  p.  17'J. 

—  Bolteniana,  Philippi,  1851.  Mon.  Ampul.,  p,  23.  pi.  VI,  fig.  4-5. 

^■Eyyptiaca,  Erenberg,  in  Jiciieli,  1874.  Mail.  N.-O.  Afrique. 
Meladomus  Boltenianus,  Bourguignat,  1870.  Moll.  Egypte,  Abyss.,  p.  41. 

Deux  échantillons,  le  plus  grand  atteignant  28  millimètres  de  diamètre;  ils  ont  conservé 
une  teinte  jaune  clair,  et  malgré  le  peu  d'épaisseur  de  leur  test,  ils  sont  encore  en  très  bon 
état  et  presque  complets. 

Ce  Meladomus  est,  au  dire  de  itourguignat',  des  {dus  abondants  dans  le  NU  et  dans  tous 

'  J.-R.  Bourguignat,  1889.  Mollusques  de  V Afrique  équaloriale,  p.  179. 


196  FAUNE   DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

les  cours  d'eau  et  marais  de  la  Basse-Egy}iti'  :  il  a  été  également  constaté  depuis  le  lae 
Nvanza,  dans  le  Kordofan,  le  Sennar.  l'Abyssinie  et  la  Nuliic  :  plus  récemment  il  a  été  rap- 
porté. pai'M.  G.  Revoil.  de  l'Ouebi  près  de  Guélidi.  11  est  également  tivs  commun  dans  le 
}sil  Bleu,  ainsi  que  dans  le  lac  Dembea. 


Gknrk  YIYIPARA.  de  Lamarck. 

VIVIPARA  UNICOLOR.   Olivier. 

Cyclostoma  unicolor,  Olivier,  1804.  ^'oy.  Emp.  Ottom.,  III,  p.  68,  pi.  XXXI,  flg.  9. 
Paludina  unicolor,  Deshayes,  1832.  In  JSnci/cl.  metli..  Vers.,  III,  p.  698. 
Vivipara  unicolor.  Bourguignat,  1856.  Amén.  Malac,  I,  p.  182. 

Un  seul  échantillon  h'wn  conservé,  d'un  lilanc  porcelanisé,  de  taille  noi'male  et  bien 
adulte  ;  les  tours  sont  ar-i'ondis,  ce  qui  différencie  cette  espèce  du  Pahidina  biangulata  do 
Kûster'  qui  souvent  vit  avec,  et  peut  être  considérée  au  moins  comme  en  étant  une  variété 
])ien  définie. 

Le  Vicipara  nnicoloi',  comme  l'a  fait  observer  Bourguignat^.  est  une  forme  du  centre 
africain  qui,  par  le  grand  cours  du  Nil,  s'est  acclimatée  dans  toute  l'Egypte.  Il  l'indique,  en 
efïet,  dans  les  eaux  du  canal  d'eau  douce  de  Suez,  du  Nil  jti'ès  Boulalc,  de  Zagazig,  du  canal 
Mahmoudieh  près  Alexandrie,  du  canal  à  Magueret  en  Nouatié  près  Ramlé.  des  déblais  du 
canal  maritime  à  la  haiiteurde  Sérajjéum.  à  15  kilomètres  au  nord  des  Lacs  amers,  de  Medinet, 
au  Fayoum:  enfin  il  s'étend  jusqu'en  Abyssinie  au  lac  Dembea  ou  Tzana. 


LAMELLIBUAACIIES 


Gexrk    TRIDACNA.  P.    Belox. 

TRIDACNA   GIGAS.    de  Lamarck. 

Chania  imbricaia,  Chemnitz,  1784.  Concli.  Cab.,  VII,  p.  122,  pi.  XLIX,  fig.  495. 
Tridacna  gigas,  Lamarck,  1819.  Anim.  s.  vert.,  VI,  I,  p.  105. 

La  détermination  s])écifique  des  'IVidacnes  est  toujours  chose  assez  délicate,  surtout  loi-sque 
les  échantillons  ne  sont  pas  parfaitement  conservés.  Nous  rapportons  au  Tridacna  gi(/a.s  huit 
individus  représentés  cliacun  pai-  une  valve  ;  sur  ces  valves  dont  la  taille  vai'ie  de  lUO  à 
12U  millimètres  de  longueur  transverse,  les  côtes  rayonnantes  sont  arrondies,  mais  les  squa- 

'  Kiister,  1852.  Gail.  PalucL,  p.  25.  pi.  V,  fig.  11-12. 

^  J.-R.  Bourguignat,  1882.  Recens.  Vicip.  si/st.  liurop.,  p.  33. 


MOLLUSQUES  197 

mules  toujours  très  noml)i"euses  et  très  rapprochées  sont  totaleniont  arasées.  Nos  échantillons 
ont  la  plus  grande  analogie  avec  la  figure  1,  G,  de  la  planche  II  do  l'Iconographie  de  Reeve. 

Nous  no  connaissons  cette  espèce  que  dans  l'océan  Indien,  où  elle  atteint  pai^fois,  comme 
on  le  sait,  des  dimensions  considérables.  M.  A.  Issel  n'en  fait  pas  mention  dans  son  Catalogue 
des  molliis([ues  de  la  mer  Rouge. 

TRIDACNA  ELONGATA,  de  Lamarck. 

Tridacna  elongata,  Lamarck,  1819.  Anim.  s.  vert.,  VI,  I,  p.  106. 

L'uni(|ue  échantillon  que  nous  rapportons  à  cette  espèce  est  malheureusement  incomplet  : 
il  mesure  200  millimètres  environ  de  longueur,  pour  100  de  hauteur  et  SO  d'épaisseur  pour 
une  seule  valve.  Il  possède  six  à  sept  côtes  très  fortes  et  surtout  très  saillantes,  bien  espacées 
antérieurement,  plus  rappi'ochées  dans  la  région  postérieure,  élargies  à  la  base  et  étroitement 
arrondies  au  sommet.  Le  test  est  solide,  épais,  orné  de  nombreuses  costulations  rayonnantes, 
petites,  rapprochées,  arrondies,  assez  régulières,  et  de  squamules  saillantes,  un  peu  épaisses, 
distinctes,  irrégulières,  mais  toujours  moins  rapprochées  que  chez  l'espèce  précédente.  Enfin 
la  chai'nière  est  épaissie  et  puissante.  Par-  suite  de  l'allure  pai'ticulière  des  côtes,  très  saillantes 
et  très  étroitemi'ut  arrondies  dans  le  haut,  cette  forme  constitue  au  moins  une  variété  bien 
définie  par  rapport  au  type. 

Comme  la  précédente,  cette  espèce  vit  dans  l'océan  Indien.  M.  A.  Issel  la  signale  dans 
la  rade  de  Suez,  et  dans  le  golfe  d'Akaba;  on  la  retrouverait  également  aux  Philippines. 


Gkxre   PECTUNCULUS.  de  Lamarck. 

PECTUNCULUS   PEGTINIFORMIS,  de  Lamarck. 

Arca  pectunculus,  Linné,  1707.  Syst.  nal.,  éd.  XII,  p.  1142. 
Peclu7iculus  pectiniformis,  Lamarck,  1819,  Anim.  s.  vert.,  VI.  I,  p.  53. 

Une  seule  valve  déjà  bien  roulée  lorsqu'elle  a  dû  être  recueillie  ;  son  galbe  se  rapporte 
très  suffisamment  à  celui  qui  est  figuré  dans  l'Atlas  de  Savigny'  :  on  distingue  encore  à  la 
périphérie  des  traces  assez  fugitives,  il  est  vrai,  de  l'ornementation  si  caractéristique  de  cette 
espèce . 

De  Lamarck  loge  son  type  dans  l'océan  Asiatique  et  Américain.  M.  A.  Issel  signale  cette 
même  forme  dans  la  rade  de  Suez,  dans  le  golfe  d'Akaba  ;  on  l'aurait  égalcuicut  o])servé('  aux 
Philippines. 

'  Savigny,  1804.  Descr.  Egypte.  Coq.,  pi    X,  fig.  2. 


198  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 


Genre   MELEAGRINA,   de   Lam.vrgk. 

MELEAGRINA  MARGARITIFERA,  Linné. 

Mytilus  inargariiiferus,  Linné,  1767.  Syst.  nat.,  édit.,  XII,  p.  1155. 

AvicHla  margarilifera,  Ghemnilz,  1785.  Conch.  Cab.,  VIH,  p.  126,  pi.  LXXX,  lîg.  717-718. 

Margarita  Sinensis,  Leach,  1814.  Zuol.  miscel.,  I,  pi.  XLVIII. 

Avicula  radiata,  Leach,  1814.  Loc.  cit.,  I,  pi.  XLIII. 

Meleagrina  margarilifera.,  Lamarck,  1819.  ^lwi>«.  s.  vert,.,  VI,  I,  p.  151. 

Une  valve  entière  et  un  fragment  ;  forme  normale  bien  caractérisée-;  l'intérieur  est  d'un 
lieau  nacré  carnéolé:  à  l'extérieur,  on  retrouve  des  traces  des  stries  concentriques. 

Cette  coquille,  la  coquille  perlière  par  excellence,  vit  surtout  dans  le  golfe  Persique,  sur 
les  côtes  de  Ceylan,  dans  les  mers  de  la  Nouvelle-Hollande,  dans  le  golfe  du  Mexique.  On  l'a 
également  signalée  dans  les  golfes  de  Suez  et  d'Akaba. 


Genre    OSTREA,    Linné 

OSTREA  PLICATA,  Linné. 

Osirea  pltca,  Linné,  1767.  S(/.':t.  nat.,  édit.  XII,  p.  1145. 

—      plica/ula,  Lamarck,  1819.  Anim.  s.  ver/.,  VI,  I.  p.  211. 

Six  valves  inférieures  et  seulement  une  valve  supérieure.  Nous  distinguerons  deux  formes  : 
le  type,  conforme  à  la  figuration  de  Reeve\  mesurant  de  75  à  90  millimètres  de  hauteur, 
pour  50  à  55  millimètres  de  largeur  transverse,  par  conséquent  d'un  gallie  hautement  allongé, 
avec  les  bords  bien  crénelés,  le  sommet  de  la  valve  inférieure  en  forme  de  triangle  isocèle 
allongé  ;  une  vainété  data  un  peu  plus  large,  plus  subtrigone.  plus  largo  oi  moins  liante, 
également  représentée  par  Reove  (fig.  68,  a). 

Nous  connaissons  cette  espèce  en  Chine  et  dans  l'océan  Indii.'u;  de  Lamarck  l'indi(pie 
également  dans  les  mers  d'Am/'riipie. 


CONCLUSIONS 

En  résuuK',  ci.'tte  faunule  comprend  tm  total  de  dix-sept  espèces,  dont  dix  (gastropodes 
marins,  deux  des  eaux  douces  et  cinq  Lamellibranches  également  marins.  Toutes  ces  coquilles 
sont  de  taille  grande  ou  moyenne,  les  formes  de  moins  d(^  20  millimètres  font  défaut.  Toutes 
sont  dans  un  état  de  demi-fossilisation;  elles  ont  perdu  leurs  riclies  colorations  normales  pour 
revêtir  un  faciès  uniforme  d'un  jaunacé  roux  terne  ;  le  test  chez  la  plupart  d'entre  elles  est 
solide,  épais  et  relativement  assez  bien  conservé. 

'  Reeve,  1871.  Icon.  Conch.,  Osirea,  pi.  XXVII,  fig.  68. 


MOLLUSQUES  199 

Toutes  ces  espèces  ont  une  origine  sensiblement  locale.  Elles  proviennent  soit  des  eaux  du 
Nil  et  des  cours  d'eau  qui  en  dérivent,  soit  de  la  mer  Rouge  ou  de  l'océan  Indien.  Si  nous 
prenons  pour  base  le  catalogue  des  coquilles  marines  de  la  mer  Rouge,  nous  voyons  que,  sauf 
les  Murex  brandaris.  Cassis  ylauca,  Tridacna  (jlgas  et  Ostrea  idicata,  toutes  vi\'ent  actuel- 
lement soit  dans  le  Nil,  soit  dans  la  mer  Rouge  ;  le  Murex  brandaris  seul  fait  partie  de  la 
faune  méditerranéenne,  les  trois  autres  espèces  appai'tiennent  à  la  gi-ande  famille  malacologique 
de  l'océan  Indien. 

Pour  quels  motifs  de  telles  formes  ont-elles  été  ainsi  réunies?  Quelles  vertus  particulières 
les  anciens  Égyptiens  accordaient-ils  à  ces  coquillages?  Nous  l'ignorons:  la  solution  de  tels 
problèmes  malacologiques  n'est  point  encore  paiTenue  jusqu'à  nous,  mais  il  est  différentes 
sortes  de  conjectures  qu'il  est  permis  d'émettre  sur  un  pai'eil  sujet. 

Disons  d'aljord  que  de  tels  amas  ne  sauraient  être  envisagés  comme  de  simples  débris  de 
cuisine  transformés  en  hjoekhenmoedding.  Leur  importance  est  trop  minime,  puis  nous  savons 
que  poissons  et  mollusques  étaient  proscrits  rigoureusement  de  l'alimentation  des  Egyptiens. 
Plutarque.  dans  son  trait(^  de  Iside  et  Oriside,  nous  apprend  que  les  prêtres  égyptiens  avaient 
en  abomination  le  sel  et  tout  ce  qui  touche  à  la  mer  ;  ils  appelaient  le  sel  l'écume  de  Tv^Dhon  : 
ni  le  sel,  ni  les  produits  de  la  mer  ne  devaient  paraître  sur  leur  table.  Sur  la  stèle  du  roi 
éthiopien  Piankhi,  de  la  XXVP  dynastie,  on  lit  que,  lorsque  ce  Pharaon  dévot  aux  dieux  de 
l'Egypte  s'empai-a  du  pays,  un  seul  des  chefs  locaux,  qui  étaient  en  paiiie  Libyens  ou  Sémites, 
eut  accès  dans  le  palais,  parce  qu'il  ne  mangeait  pas  de  poissons  '  :  les  autres  chefs,  ([ui  faisaient 
usage  de  cette  chair  impure,  étaient  impvu-s  eux-mêmes  et  furent  exclus^.  Faut-il  eniin  rappeler 
les  sages  prescriptions  dictées  par  Moïse  aux  Hébreux  dans  son  Lévitique^:  «  Qnidquid  atctem 
pinnulas  et  squamas  non  habct  eorvmqve  in  aqvis  morrutnr  et  civimf,  abominabile  vos 
execrandumque  erit.  » 

D'autre  part,  nous  ne  saurions  voir  dans  cotte  réunion  de  coquilles,  ni  la  collection  d'un 
amateur  naturaliste  de  l'(''poque.  ni  une  n'^union  d'oltjets  ayant  pu  servir  à  la  parure  ou  à  la 
décoration  somptuaire  de  quehjue  grand  chef.  De  tels  exemples  sont  des  plus  ii'(''quents,  non 
seulement  chez  noml)re  do  peuplades  préhistoriques,  mais  encore  de  nos  jours  chez  quantités 
de  races  vivant  encore  à  l'état  sauvage:  M.  de  Rougé'  a  décrit  des  colliers  de  coquillages  qui 
sont  aujourd'hui  en  usage  dans  les  régions  du  Haut-Nil  ;M.  leD'L.  Lortetnous  en  a  également 
montré  plusieurs  qu'il  avait  rapportés  de  ses  voyages.  Mais  tel  ne  saurait  êtr'o  le  cas  qui  nous 
occu2)e.  (Jn  ne  trouve,  en  dlét.  aucune  trace  de  perforations  servant  à  suspendre  nos  coquilles: 
en  outre,  il  faut  ])ien  le  reconnaitre,  ces  grands  Tridacnes,  StromJies  ou  Ptérocères  auraient 
été  bien  lourds  à  porter  au  col  ou  sur  la  poitrine.  C'est  donc,  tout  au  plus,  si  l'on  peut  admettre 
.  que  ces  belles  coquilles  ont  pu  servir  à  pai-er  la  demeure  de  quelque  puissant  monarque  de 
l'époque,  ou  qu'elles  ont  été  rapportées  à  titre  de  trophée  de  quelcjue  lointa.ine  conciuête.  Mais 
alors  que  viennent  donc  iaire  dans  le  nomljre  d'aussi  modestes  coquilles  comme  les  Méladomut 
et  "^^ivipal■ia.  qui  ne  sont  certes  ni  belles,  ni  grosses,  et  ([ui  pullulent  dans  les  petits  et  grands 
cours  d'eau  du  pays. 

'  A.  Locard,  1884.  Histoire  des  mollusques  dans  l'anliquilé,  p.  75. 

-  Jusqu'au  moyen  âo-e  on  a  presque  toujours  confondu  les  o-ollusqucs  avec  les  poissons. 

■'  Leviticus,  cap.  XI,  vers.  10. 

■*   De  Rougé,  Notice  sotnmairc  des  monuments  égyptiens,  p.  79. 


s 


200  FAUNE  DE  L'ANCIENNE  EGYPTE 

Dans  ce  cas,  ne  seiable-il  pas  infiniment  jilus  logique  de  faire  jouci'  aux  coquilles  le  même 
rôle  que  celui  que  les  Egyptiens  faisaient  jouer  à  nombre  d'animaux,  dont  les  précieuses  reliques 
savamment  momifiées  viennent  d'être  mises  à  jour  par  les  soins  de  M.  le  D^  L.  Lortct.  Sans 
doute,  les  Egyptiens  attribuaient  quelques  vertus  symljoliques  aux  mollusques,  comme  ils  se 
plaisaient  à  le  faille  pour  d'autres  animaux.  Lorsque  les  Titans  se  liguèrent  pour  attaquer 
Jupiter,  dieux  et  déesses  s'enfuirent  de  l'Olympe  et  allèrent  se  cacher  en  Egypte,  ne  voyant 
l'ien  de  mieux  à  faire  que  de  pi'endre  les  formes  les  plus  diverses  pour  n'être  pas  reconnus  pai' 
leurs  ennemis.  Pai'mi  les  dieux  de  première  grandeur,  si  Isis  était  représentée  avec  une  tête  de 
vache,  Osiris  avec  celle  d'un  épervier,  Jupiter  Ammon  avec  celle  d'un  bélier,  sans  doute 
quelques  dieux  plus  infimes  ont  pu  adopter  à  leur  tour  quelques-unes  de  nos  belles  coquilles. 
De  tels  exemples  sont  fréquents  lorsque  l'on  étudie  les  religions  de  l'Inde  ancienne  ;  Vishnou, 
Krishna,  Durga,  Ganeça,  Devi,  Sourga,  Nemi  et  bien  d'autres  parmi  les  dieux  portent  la 
conque  sacrée  ;  les  Brahmanes  adorent  la  conque  !  Or,  de  l'Inde  à  l'P^gypte  le  pas  à  franchir 
n'est  pas  ti'ès  grand,  étant  donné  surtout  le  nomlire  d'espèces  malacologiques  communes  à  ces 
deux  régions  que  viennent  baigner  les  mêmes  eaux  de  l'océan  Indien.  C'est  donc  dans  un  tel 
ordre  d'idées  qu'il  convient,  croyons-nous,  de  rechercher  l'explication  de  semJjlaijle  réunion 
de  coquilles  aussi  différentes. 


Archives  du  Muséum  cl  histon-e  naturelle  de  Lyon. 


T.  VIII  -  PL.   I 


% 


;#  J-c  ^*. 


Grandeur  naturelle 


FELIS   MANICULATA,    Cretezschmar 


Archives  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyon. 


T,  VIII  -  PL.  II 


Grandeur  naturelle. 


MILVUS   vEGYPTIUS   Gmelin 


Archives  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyon. 


T.  VIII  -  PL.  m 


Grandeur  nalurelle. 

BUTEO   DESERTORUM    Daudin  dà*.  c  à  s  loou: 
BUTEO    VULGARIS    Linné  (5,9eiii, 


Archives  du  Maseam  d'histoire  nalurûlle  de  Lyon. 


T.  VIII  —  PL.  IV 


f 


Grandeur  naturelle. 


BUTEO   FEROX,    Gmelin 


Archives  du  Muséum  d  histoire  nalurelle  de  Lyon. 


T^  VIII  -  PL.  V 


^7 


/ 


..v^ 


ifcti-J 


Grandeur  nalnrelU 


AÛUILA    MACULATA,    Gmelin 


/rchives  du  Muséum  d'hisloire  nalurolle  de  Lyon. 


T.  VIII  -  FL.  VI 


Grandeur  naturelle. 


FALCO    FELDEGGII,    Schlegel  (de  i  à  s) 
FALCO    BABYLONICUS,    Gurney  (de  a  a  i6) 


Archives  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyon. 


T.  VIll  -  PL.  VII 


Grandeur  naturelie. 


IBIS   vETHIOPlGA,    Lath. 


Archives  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Lyo 


T.  VIII  -  PL.  VLU 


W-  'fi'jjn-x-y- 


-/3  g\:  nat.  environ. 


IBIS    ^THIOPICA,   Lath. 


TABLE   DES   GRAVURES 


\ 

Fig.    1.  Chilien  momilié  de  Roda i 

—  2.  Momie  de  chien  de  Thèbes ~ 

—  3.   Squelette  de  chien  errant  de  Rôda 7 

—  4.  Crâne  de  chien  errant  de  Rôda 8 

—  5  et  6.  Crânes  de  chiens  errants  de  Rôda 9 

—  7.   Squelette  de  chien  égyjitien H 

—  8.  Crâne  de  chien  égyptien 1~ 

—  9.  Squelette  de  lévrier  de  l'ancienne  Egypte 14 

—  10.  Crâne  de  lévrier  de    l'ancienne  Egypte Ic) 

—  11.  Statuette  de  chat  de  Sakkara 20 

— ■  12  et  13.  Momies  de  chat  de  Stabl-Antar 20 

—  14.  Chat  mouiifié  de  Stabl-Antar 21 

—  15.  Momie  de  chat  de  Stabl-Antar 22 

—  16.  Squelette  de  Felis  maniculal a 25 

—  17  et  18.  Crâne  de  Felis  maniculata 20 

—  19.  Squelette  de  Felis  7nanicidata  \ar.  domeslica 28 

—  20  et  21.  Crânes  de  Felis  maniculata  var.  domeslica 30 

— •  22.  Sarcophage  de  musaraigne 33 

— •  23.   Musaraigne  momifiée 34 

—  24.  Sarcophage  de  musaraigne 35 

—  25.  Squelette  de  Bûs  africanns ^'* 

—  20  et  27.   Crâne  de  Bos  africanns,  face  et  profil 45 

—  28.   Sacrum  de  zébu  de  Ceylau 47 

—  29.  Sacmm  i]e  Bos  africanns  momifié 4/ 

—  30.  Squelette  de  i?os  africanns,  Sakkara 49 

—  31.  Crâne  de  Bos  africauus,  l'ace 52 

—  32.  Crâne  de  Bos  africanns ,  profil 53 

—  33  et  34.  Crâne  Aq  Bos  rt/'rîca«î«s,  face  et  profil 54 

—  35.  Tète  de  momie  de  jeune  bœuf  du  Musée  du  Louvre 56 

—  36.  Tète  d'un  bœuf  momifié  d'Abou!-îr 59 

—  37.  Tête  d'un  bœuf  momifié  d'Abousîr GO 

—  38.  Crâne  d'un  bœuf  d'.\bousir 61 

—  39.   Squelette  de  Bubalis  buselaphus 73 

—  40.   Crâne  de  Bubalis  buse/aphus,  face  et  profil "4 

— ■  41.  Crâne  Ae  Bubalis  buselaphus,  face  et  profil 76 

Arch.  Mus.  —  t.   Vlli.  '26 


202  TA15L1-:    DES   GKAVUllES 

Fig.  42.  Momie  de  gazelle  de  Kom-Méreh 78 

—  43.  Gazelle  momifiée  de  Kom-Méreh 79 

—  44  et  45.  Gazelles  momifiées  de  Kôm-Ombo 80 

—  AQ.  Crâne  de  Gazella  ilorcas 83 

—  47.  Crâne  de  Gazella  Isabella     .     .     ■ 85 

—  48.  Cornes  de  Taurolragus  Derbijanus  moderne 90 

—  49.   Plaque  de  scliiste  du  musée  de  Gizé 91 

—  50.  Crâne  de  momie  A' Amniolfugus  tragelaphus 93 

—  51.  Crâne  à'Ovis j^alsfOingyplicus  àQlo\ikh. 93 

—  52.  Crâne  à'Ovis  patyiira,  moderne 95 

—  53.  Crkae  de  Hircus  mambricus,  moderne '    .     .     .  95 

—  54.  Crâne  d'Oris  longipes  du  Maroc 98 

—  55.  Cheville  frontale  d' Antidorcas  ?  Rothii 101 

—  56.  Mouflon  à  manchettes  momifié 103 

—  57.  Momie  de  bouc  de  Sakkara 108 

—  58.  Crâne  de  moxme  de  Hircus  ma^nbricus 110 

—  59  et  60.  Oiseaux  de  proie  momifiés  de  Rôda 114 

—  61  et  62.  Masses  d'oiseaux  de  proie  momifiés 115 

—  63.  Momie  d'ibis  de  Kôm-Ombo 117 

—  04.  Ibis  momifié  de  Kôm-Ombo 117 

—  (j5.  Momie  d'ibis  de  Rôda 118 

—  66.  Pot  renfermant  une  momie  d'ibis,  Sakkara    .     .     • 118 

—  67  à  71.  Momies  d'ibis  de  Sakkara 120 

—  72  et  73.   Vases  renfermant  des  ibis  de  Touné  .     .     .- 121 

—  74.  Ibis  œihiopica,  dessiné  d'après  nature  à  Faschoda 171 

—  75.  Pied  d'Ibis  cethiopica,  momifié 172 

—  76.  Pied  de  Plegadis  falcinelltis ,  momifié 176 

—  77.   Crocodilus  nilotieiis  momifié  d'Esnè 182 

—  78.  Momie  de  petits  crocodiles 182 

— •  79.  '^ioui\e  de  Lates  nilotieus  d'Esnè .  185 

—  80.  M.om.\e  de  Laies  niloticus  d'E?,ne ;  186 

—  81  Lates  nilolicus,  extrait  d'une  momie  d'Esnè ■    .     .  188 

—  82  Laies  «eZo^z'ciw  extrait  d'une  momie  d'Esnè :  189 


TABLE   DES   MATIERES 


INTRODUCTION i  à  viii 

MAMMIFÈRES 1 

CHIENS  ET  CHACALS 1 

Canis  familiaris,  L.,  chien  errant  d'Egypte 5 

—  chien  égyptien 10 

—  lévrier  de  l'ancienne  Egypte 13 

Canis  auveus,    L 17 

CHATS 19 

Felis  maniculata,  Cretzs 23 

—               var.  domestica,  Fitz 27 

INSECTIVORES 32 

Crocidura  gigantea,  Geoff 33 

Crocidura  religiosa,  Geoff 35 

RONGEURS ; 38 

Aconys  cahirimis,  E.  GeofF 38 

Mus  Alexandrinus,  Is.  Geofl' 39 

BOVIDÉS 41 

Bœufs  de  Sakkara 43 

Bos  africaniis,  Rrehm 43 

Bœufs  d'Abodsir 57 

Bos  africanns,  Brehm 58 

Bœufs  d'Héliopolis 64 

Bœufs  ninévis 64 

Race  et  origine  des  bœufs  de  l'ancienne  Egypte 65 

ANTILOPES 72 

Bubalis  buselaphus,  Pallas 72 

GAZELLES 78 

Gaze/la  dorcas,  Linné 82 

Gazella  Isahella,  Graj' 85 

MOUTONS 87 

Oi'islongiges,  Fitz.,  race  palœoaigypticvs 88 

Ovis i}latyura,y\faL<^.,  v&ce.  tegyiiliaca,¥\\.z .     102 


204  TABLE   DES  MATIÈRES 

MOUFLON  A  MANCHETTES 103 

Ammolragus  iragelapliits.    Cuv 103 

CHÈVRES 107 

Hircus  mambriciis ,    Linné 107 

Ilircus  Thebaiciis,  Desni 111 

OISEAUX 113 

Momies    he  rai'aces 114 

Momies  d'ibis 117 

RAPACES  DIURNES 124 

Milviis   œgyptiiis.  Gnielin 124 

Milmis  regalis,  iirisson 129 

Pernis  apii-orus,    L 127 

Elanus    cseruleus,  Desf 129 

Haliaetus  albicillus.  L 131 

BiUeo  desertorum,  Dandin 133 

Buteo  ferox,  Gm 135 

Buteo  vulgaris,  Linné 137 

Circaelus  gallicus,  Gna 138 

Aquila  iniper/alis,  Bechst 140 

Aquila    maculala,   Gm 142 

Aquila    peimata,    Gm 144 

Falco  Feldeggii,   Schl 140 

Falco  babylonicus,  Gurney    .     .     • 150 

Falco  barbarus,  S 151 

Falco   subbuteo,    Linné 152 

Hierofalco  saker,  Gm 154 

Ceivhneis    linnunculus,    L 15() 

Cerchneis  cenchris,  Friscli 157 

Accipiier    nisus,    Linné 158 

Milierax  gabm\  Dandia 160 

Circus  œruginosus,  L 161 

Circus   cyaneus,    L 161 

Circus    niacrouriis,    L 162 

Circus    pygargus,     L 163 

Pandiom  haliaetus,  L 164 

RAPACES  NOCTURNES    167 

Bubo   escntaplius.    Savig 167 

Scops  A/(l,-orandi,  WiUoughby 168 

Asïo  olus,   Linué 168 

Asio    brachyotus,    Graelin 109 

Slrix  flammea,  Linné 170 

IBIS 171 

Ibis  icUdopica,  Latli 171 

Plegadis  falcinellus ,  Linné 175 

OISEAUX  DIVERS 178 

Cuculus  canorus,   Linné 178 

Coracias    garrula,    L 178 

Hirundo  ruslica,  L 179 


TA15LK    DES    MATIERES  205 

Œdiciiemus      œdicnemtis,    L 180 

Pleroclurus  sénégalais,  L 180 

REPTILES 181 

Crocodilus  ailolicus,  Laiu 181 

Mabiiia  quinquelceniala,  Licht 183 

Naja  haje,  Linné 184 

POISSONS 185 

Laies  niloticus 188 

MOLLUSQUES 191 

GASTROPODES 191 

Murex  brandaris,  Linné 191 

Murex  anguli férus,  de  Lam 191 

Fasciolaria  Irapezium,  Gmelin 192 

Strombus  trieornis,  Lans 192 

Pterocera  lambis,  Linné 193 

Cassis  glauca,  Linné 193 

Cyprsia  panlherina,  Soland 194 

Cypriea  melanostoma,  Leates 194 

Cypnea  hislrio,  Gm 195 

Cyprœa  caput  serpenlis,  Linné 195 

Meladomus  bolteniamis,  Chemn 195 

Vivipara  untcolor,  Olivier 196 

LAMELLIBRANCHES 196 

Tridacna  gigas,  Lam 196 

Tridacna  elongala,  Lam 197 

Pecliinculiis  pecliniformis,  Lam 197 

Meleagrina  niargaritif'era,  L 198 

Ostrea  piicala,  Lmné 198 

Conclusions 198 

Table  des  gravures 201 


Lyoa.  —  Iiii|irimerie  A.  REY,  rue  Gentil,  'i.  —  28112. 


i 


HENRI    GEORG,    ÉDITEUR 

LIBBAIRE    DES    FACULTES     DE    LYON 

LYON  GENÈVE  BALE 

36-38,  Passage  de  l'HOlel-Dieu  lO,  Gorraterie  lO.rue  Franche 

KDITIÎUR    DES    PUBLICATIONS    DE    I.A   SOCIÉTK    HELVÉTIQUE   IIES   SCIENCHS   NATUHELLKS,    HK    I.INSTITUT   NATIONAL   GENEVOIS, 

DE    LA    SOCIÉTÉ    BOTANIQUE,    DE   LA    SOCIÉTÉ   DE   OLOCBAPHIE, 

I.K    LA    SOOIÉTÉ    I»R   TOPHORAPIIIE    HISTORIQUE   ET    DO    MUSÉUM    o'hISTOIBK    NATURELLE    DR    LYON,    RTC, 


ARCHIVES  DU  MLISÉCM  D'HISTOIRE  NATURELLE 

DE  LYON 

Grand    in-4<> 

TOME   PREMIER 

Etudes  sur  la  station  préhistorique  de  Solutré  par  MM.  Ducrost  et  Lobtet  (avec  7  planches).  —  Note  sur  les 
brèches  osseuses  des  environs  de  Bastia  (Corse),  par  M.  Locard.  —  Etude  sur  le  Lagomys  corsicanus  de  Bastia, 
par  M.  le  D''  Lortet  (avec  1  planche).  —  Etudes  paléontologiques  dans  le  bassin  du  Bhône,  période  quaternaire, 
par  MM.  Lortet  et  E.  Chantre  (avec  15  planches).  —  Reclierches  sur  les  végétaux  fossiles  de  Meximieux.  par 
MM.  deS.4P0rta  et  .\1arion  (avec  17  planches).  —  Quelques  coupes  des  terrains  tertiaires  et  quaternaires  du 
bassin  du  Rhône,  par  M.  Falsan  (avec  1  tableau  synoptique). 

TOME  SECOND 

Description  de  la  faune  de  la  mollasse  marine  et  d'eau  douce  du  Lyonnais  et  du  Dauphiné,  par  M.  Locard 
(avec  2  planches).  —  Recherclies  sur  les  mastolontes  et  les  faunes  mamraalogi  [ues  qui  les  accompagnent,  par 
MM.  Lortet  et  E.  Chantre  (avec  17  planches). 

TOME  TROISIÈME 

Note  sur  quelques  mammifères  fossiles  de  l'époque  miocène,  par  M.  FrLHOi.  (avec  5  planches).  —  Etude  zoo- 
logique sur  la  faune  du  lac  de  Tibériade,  par  M.  le  U"^  Lortet  (avec  13  planches).  —  Reptiles  de  Syrie  par  M.  le 
D'  Lortet  (avec  1  planche).  —  Malacologie  des  lacs  de  Tibériade,  d'Antioche  et  d'Homs,  par  M.  A.  Locard  (avec 
5  planches) . 

TOME  QUATRIÈME 

Observations  sur  les  tortues  terrestres  et  paludines  du  bassin  de  la  Méditerranée,  par  M.  le  D'  Lortet  (avec 
8  planches  dont  2  en  couleurs).  —  Les  terrains  tertiaires  et  quaternaires  du  promontoire  de  la  Croix- Rousse  (Lyon), 
d'après  M.  JouRDAN,  par  M.  Fontannes  (avec  4  planches).  —  Recherches  sur  la  succession  des  faunes  de  verté- 
brés miocènes  de  la  vallée  du  Rhône,  par  M.  Charles  Depéret  (avec  14  planclies).  —  Note  sur  le  Rhyzoprion 
ôarzensw  de  JoDRDAN,  par  M.  le  D'  Lortet  (avec  2  planches).  —  Contribution  à  la  faune  malacologique  des  ter- 
rains néogènes  delà  Roumanie  par  M.  Fontannes  (avec  2  planches). 

TOME  CINQUIÈME     • 

Les  reptiles  fossiles  du  bassin  du  Rhône,  par  M.  le  D'  Lortet  (avec  12  planches).  —  La  faune  des  mammi- 
fères miocènes  de  la  Grive-Saint- Alban  (Isère)  et  de  quelques  autres  localités  du  bassin  du  Rhône  ;  documents  nou- 
veaux et  revision  générale,  par  M.  le  D'  Charles  Depéret  (avec  4  planches).  —  Contribution  à  l'étude  des  cépha- 
lopodes crétacés  du  Sud -Est  de  la  France,  par  MM.  Sayn  et  Kilian  (avec  1  planche).  —  Sur  quelques  ammonitides, 
par  M.  KiLiAN. 

TOME  SIXIÈME 

Recherches  anthropologiques  dans  l'Asie  occidentale,  missions  scientifiques  en  Transcaucasie,  Asie  Mineure  et 
S.vrie,  1890  et  1894,  par  M.  Ernest  Chantre  (avec  43  planches).  —  Note  sur  quelques  espèces  de  cyprinodons  de 
l'Asie  Mineure  et  de  la  Syrie,  par  M.  Claudius  Gaillard  (avec  12  figures  dans  le  texte).  —  Le  rhinocéros  de  Dusino 
(Rhinocéros  ElruscusJ  par  M.  le  D'  Federico  Sacco  (avec  4  planches).  —  Etudes  sur  quelques  échinodermes  de 
Cirin,  par  M.  P.  de  Loriol  (avec  1  planche  et  1  figure  dans  le  texte). 

TOME  SEPTIÈME 

Conchyliologie  portugaise. —  Les  coquilles  terrestres  des  eaux  douces  et  saumâtres,  par  M.  A.  Locard.  — 
Mammifères  miocènes  nouveaux  ou  peu  connus  de  la  Grive-Saint-Alban  (Isère),  par  M.  Claudius  Gaillard  (avec 
3  planches  et  32  figures  dans  le  texte). 


Lyon.  —  Imprimerie  A.  REY,  4,  rue  GcntiL  —  28112 


DATE  DUE 

mno^^^ 

1 

1 

DEMCO.  INC.  38-2931 

3   2044  072   227   903